[1999/2000] Parlons affaires... [X. McGregor]

La nuit tombait lorsque Heva sortit de sous sa douche. La journée avait pourtant très bien commencé, la jeune femme s'était rendue à un entraînement matinal avec les Harpies et avait enchaîné les buts et les acrobaties aériennes, si bien que même Gwenog, pourtant peu impressionnable lui avait demandé si elle n'avait pas avalé un lion au petit déjeuné. Ensuite, la blonde s'était rendue au Chemin de Traverse où elle avait mangé avec Bill, le patron de la Boutique d’Accessoires de Quidditch, pour une fois de bonne humeur et avait passé son après-midi à signer des autographes et à conseiller les clients de la boutique.

L'heure de la fermeture venant, Heva avait rejoint le Londres moldu où elle habitait à bord de sa voiture, une vieille Alpha-Roméo qu'elle adorait littéralement. Elle lui venait de son père qui la tenait lui même du sien et qui ne l'avait jamais utilisée. La jeune femme avait du bidouiller un peu le moteur pour réussir à la faire démarrer la première fois, et elle roulait maintenant comme une jeunette ! Sa grande joie était d'en changer magiquement la couleur, et ses voisins moldus la regardait toujours avec admiration, elle, à peine sortit de l'adolescence qui possédait déjà plusieurs véhicules ! Ce soir là, l'Alpha était rouge.

Heva avait conduit en chantant à tut-tête les paroles de la dernière chanson des Bizar'Sisters jusqu'à la petite rue aux appartements de briques rouges où elle habitait depuis sa majorité. Et elle était rentré, et cela avait mal tourné. Son père avait eu beaucoup plus d'impôts du ministère que les années précédentes et avait besoin d'un peu d'argent. Sa fille ne lui demandait jamais aucune aide financière, mais elle ne lui en voulait pas de le faire lui. Le problème, c'était elle. D'après ses calculs et avec la saison de Quidditch qui ne reprenait pas, elle ne pourrait plus payer ses factures dans trois mois maximum. Et elle serait obligée de vendre sa voiture ou son appartement pour retourner vivre chez son père. Ce qui était aussi impossible que de lui demander d'arrêter de voler sur son balais.

On ne pouvait pourtant pas dire qu'elle se tournait les pouces toute la journée ! Heva, en plus de son poste de professionnelle chez les Harpies de Holyhead, travaillait à mi-temps avec Bill sur le Chemin de Traverse, écrivait des articles pour la Gazette du Sorcier en tant que co-rédactrice de la rubrique Sport et de temps à autres, acceptait de poser pour certains magazines qui ne craignaient pas trop. Et elle n'arrivait toujours pas à joindre les deux bouts ! Une chance qu'elle ai arrêté ses études, ou elle se serait retrouvée sur la paille...

C'est ainsi, que vêtue d'une courte robe bleue marine, d'une cape noire et d'escarpins en crocodile véritable ~~et on se demande où passe l'argent !~~ Heva attrapa son sac à mains à rayures et transplana. Direction l'Allée des Embrumes. Et le Laughing Inferi. La blondasse ne s'y rendait que très rarement et seulement dans des cas exceptionnels. En fait, soit si elle allait très bien, soit si elle avait des problèmes. Comme ce soir là.

La jeune femme poussa la porte noire du Club et eu, comme à chaque fois, l'impression de changer de monde. Elle huma les roses pourpres de l'entré et avança dans le luxueux cabaret. Elle aperçu le gérant qui se dirigeait vers elle, et sourit un peu. Elle l'adorait. Et c'était réciproque. Heva se porta à sa rencontre en passant devant le Miroir qui ne lui interdit pas de passer. Déjà corrompue.

« Miss Schmit ! Qu'elle bonne surprise ! Je suis heureux de vous revoir ! Est-ce un bon ou un mauvais passage cette fois ci ? »

Forester savait très bien que Heva ne venait jamais le voir sans intérêts, et s'en amusait beaucoup.

« Bonsoir Jack. Moi aussi je suis enchantée de vous voir. Je suis désolée, mais, aujourd'hui, c'est plutôt un mauvais passage... »

Le gentleman la sonda avec une intensité coutumière qui la mit une fois de plus mal à l'aise. Même le raffinement et l'élégance ne pouvait cacher son mystérieux secret. Il fit le tour de la salle de ses yeux pâles, s'arrêta à plusieurs endroits puis reposa son regard sur elle. Il sourit.

« Je vois. Si j'étais à votre place Miss Schmit, j'irais voir Monsieur McGregor, là-bas, côté VIP. Il vient d'arriver, et il se peut qu'il ai besoin de vous comme vous avez besoin de lui. Mais faites attention, il peut être de très méchante humeur certains jours... »

« Merci Jack. Je vous tiendrais au courant. »

« Ce ne sera pas la peine, très chère... »

Et Jack Forester repartit sur un signe de tête. Tout se qu'il lui avait dit depuis la première fois que Heva l'avait rencontré c'était toujours avéré vrai et dans son intérêt à elle. Il devait s'être rendu compte que ce n'était pas les vélanes qui attiraient cette jeune cliente. La blonde regarda vers l'endroit indiqué et se dirigea vers l'alcôve qui s'y trouvait.

Petit à petit, dans la pénombre, elle distingua un homme d'un certain âge très bien habillé qui devait l'avoir remarqué depuis bien longtemps avant qu'elle ne réussisse à y voir clair. Sa vieillesse certaine n'enlevait rien à l'impressionnant charisme qu'il dégageait et Heva sentit un frisson lui parcourir l'échine. Le frisson qui annonçait les affaires pas claires.

La blonde marcha vers l'individu qui la toisait maintenant et se présenta, impatiente d'en savoir plus sur ce personnage curieux.

« Monsieur McGregor ? Excusez moi si je vous importune, je m'appelle Heva Schmit. Il semblerait que j'ai besoin de vous. Et que vous aillez besoin de moi, d'après Monsieur Forester. »

L'allure fière du chef de clan se matérialisa soudain dans l' angle d'une ruelle sombre, son onéreuse et légère cape ondulant derrière lui. La contenance majestueuse du sorcier longea l'interminable mur de briques tapissé de vieilles affiches abîmées, et son imposante silhouette atteint rapidement la double porte feutrée dont l'enseigne était à peine lisible. A peine avait-il pénétré le lieu qu'il connaissait bien, et sans prêté nulle attention au miroir devant lequel il passa d'un pas vif, le directeur de la coopération magique ne ralentit son énergique élancée que pour rendre son salut cordial au gérant du luxueux pub. En client régulier et fort bien habitué aux nombreux privilèges qu'on lui concédait, Xenophius avait directement poursuit sa route jusqu'au coin plus discret du pub, et plus élégant d'ailleurs, pour y retrouver sa table attitrée. Sous son regard impassible, gesticulait une somptueuse créature aux courbes généreusement mises en valeur par une non moins sublime robe au tissu de grande qualité, à ne pas s'y tromper. Lauren, sa vélane favorite l'attendait comme de coutume, allongée sur le canapé en demi cercle derrière la table qui soutenait la carte « réservée » ainsi que deux coupes et une bouteille de rosé dans un seau à glaces.

« Bonsoir Monsieur McGregor » susurra la délicieuse succube, d'une voix cruellement envoûtante.

L'illustre sorcier contourna la petite table, et vint prendre sa place, avant de poser une main impériale sur le genou dénudé de l'hypnotique vélane. « Merci Lauren. Mais je préfère être seul ce soir. Bonsoir. » La sulfureuse blonde ne s'offusqua nullement de la manière dont elle fut congédiée, car ces soirs où Xenophius McGregor éprouvait le besoin d'être seul pour méditer étaient loin d'être rares, et si Lauren tentait souvent d'être une oreille attentive et de panser les maux bien dissimulés du mage noir, en ces occasions, elle se contentait de s'exécuter. Ainsi, se redressa-t-elle avec son incontournable sourire, et elle laissa le puissant homme d'affaires à ses pensées.

Enfin seul, il resta un instant inactif, balayant la salle tamisée de son regard perçant, hochant souvent le menton pour saluer de loin un associé, ou une connaissance, car ici, l'élite magique était réunie, et dans le coin privé, il était bien rare d'y trouver un simple monsieur tout le monde. Attablés avec arrogance, seuls les Grands du monde magique étaient acceptés ici. Des puissants hommes d'affaires, des richissimes héritiers, des politiciens souvent corrompus, des redoutables mafieux... Et puis il y avait Xenophius, qui cumulait ces qualifications, toujours paisiblement installé dans la pénombre, et quotidiennement accueilli par la chaleureuse Lauren.

Avec élégance, le maître McGregor s'empara de la bouteille d'alcool d'une main experte, et se servit une coupe tout en songeant à sa semaine. Elle avait été riche en émotions, c'était certain. Tout d'abord, il y avait eu ce contrat entre WP et « Magicanon », ce magasine de mode en plein essor en France. Puis il y avait eu les nombreuses hautes réunions diplomatiques avec les autres pays concernant la situation actuelle de la politique Anglaise. L'évocation d'une éventuelle mise sous tutelle du sol britannique n'était pas à exclure suite aux récents événements et le responsable de la coopération magique, s'était acharné tout au long des réunions successives avec bien des représentants étrangers à défendre l'Angleterre. Et puis naturellement, il y avait le regrettable incident lors de la fête de commémoration du Phénix. Averti quelques temps avant du projet destructeur du Maître du Jeu, Xenophius avait tout planifié. Il serait bien mal perçu qu'un haut représentant du ministère ne soit pas présent lors d'un aussi important événement, ainsi, le chef de clan avait prévu de se rendre avec sa petite famille en début d'après midi à la Place. Mais un fâcheux imprévu l'avait retenu, et il avait donc été convenu avec son neveu Jason, qu'il servirait d'escorte à Megan jusqu'à ce que lui et son épouse fassent leur arrivée. Mais encore une fois, en plus du fait que la jeune héritière avait réussi à échappé à la vigilance de son cousin, le tireur fou s'était manifesté plus tôt que prévu, et lorsque Xenophius était arrivé sur les lieux, il était inutile de préciser dans quel état de colère il s'était mis quand Jason lui avait avoué à mi voix qu'il ignorait où se trouvait Megan.

Xenophius revoyait dans son esprit avec une parfaite clarté la peur qui avait ombragé le regard de Jason lorsqu'une voix féminine le tira de ses pensées. Relevant le regard sur la jeune perturbatrice, Xenophius la jugea d'abord d'un air sévère, avant d'accueillir ses propos par un sourire amusé. Ainsi pensait-elle lui être d'une quelconque utilité ? Non sans se départir de son amusement, le vieil homme se redressa quelque peu, invitant d'un geste explicite de la main la dénommée Heva à venir siéger à sa table.

« Je vous en prie mademoiselle Schmit, prenez donc vos aises. Je vous sers un verre ? C'est un rosé d'exception, je vous prie d'en croire mon expérience. »

Le sourire amuser que lui lança son interlocuteur rassura Heva qui se détendit imperceptiblement. Elle faisait totalement confiance à Jack Forester, mais se souvenait parfaitement d'un soir où il lui avait fait aborder une espèce de géant accoudé au bar qui, après qu'ils aient échangé quelques mots, lui avait renversé son cocktail sur la tête. La suite en revanche était un peu plus confuse, étant donné que la jeune femme, après s'être un peu énervée, s'était retrouvée une heure plus tard dans les bras du gérant qui lui avait assuré que les intentions du bonhomme étaient on ne peut plus amicales. Mais McGregor avait l'air tout à fait censé, et Heva s'installa à sa table après y avoir été invitée d'un signe.

« Je vous en pris Mademoiselle Schmit, prenez donc vos aises. Je vous sers un verre ? C'est un rosé d'exception, je vous pris d'en croire mon expérience. »

La blonde accepta d'un signe de tête et regarda l'homme verser le liquide rosâtre dans un verre en cristal. À vrai dire, elle n'avait pas vraiment l'habitude de ce genre de boisson, un peu trop distinguée – et trop chère – à son humble goût. Elle avait plutôt coutume de boire au Laughing Inferi le Cauchemar du Lycan, son cocktail favori. Mais puisque ce n'était pas vraiment elle qui avait la main sur cette soirée – comment être sur que son interlocuteur avait besoin d'elle ? -, il était hors de question de refuser. Il lui tendit sa coupe et Heva eut un sourire ambiguë.

« Merci beaucoup. À la votre Monsieur McGregor. Et à ce que l'avenir nous réserve. »

La jeune fille fit tinter son verre contre celui du mystérieux homme et avala une gorgée de rosé. Le vin était merveilleusement bon. Il dégageait une enivrante saveur sucrée et, immédiatement, la blonde se promit intérieurement de ne pas en boire plus de deux verres. Elle tenait bien l'alcool, mais il ne fallait pas abuser. Le pire aurait été qu'elle se retrouve saoul et qu'elle ai l'alcool triste. Elle aurait été capable de se moucher dans la cape du vieil homme et de lui raconter sa vie en détail... Ce qui n'était pas vraiment recommandé.

« Vous n'avez pas menti. Il est exceptionnel... »

Heva reprit une gorgée et jeta un coup d’œil dans la salle. Elle crut apercevoir Forester lui faire un signe de tête engageant, mais ce n'était peut-être pas avec elle qu'il discutait. La jeune femme se rendit compte qu'elle se trouvait à la table la plus discrète et la plus élégante du Cabaret. Son homme devait être un client très important pour avoir le droit au titre tant convoité de VIP... Le regard de la blonde se fit d'acier. Il était sans aucun doute temps de passer aux choses sérieuses. Difficile, surtout pour quelqu'un qui ne savait pas du tout se qu'elle faisait là.

« Monsieur McGregor... Je doit vous avouer que je n'ai l'habitude de travailler que dans mon intérêt personnel. Mais, étrangement, il semblerait que mon intérêt soit de votre côté... Je ne sait que vous dire de plus... »

Et c'était la vérité. Que dire de soi à une personne dont on ne connait que le nom ? Heva ne savait même pas quel métier il exerçait. Cela l'aurait pourtant bien avançé de le savoir. Intérieurement, elle maudit Jack de ne pas lui avoir donner plus d'informations.

[c'est même plus du retard à ce niveau là, mais comme on dit mieux vaut tard que jamais siflote

]

Le vieil homme eut un rire amusé en écoutant la somptueuse jeune femme exprimer à haute voix la raison de sa présence à sa table. Il était d'autant plus amusant pour Xenophius de constater que la dénommée Heva semblait bien peu à l'aise. Quoi de plus normal ? Elle avait été jetée entre les crocs d'un des plus redoutables requins du pays, et à en juger par le contenu bien vague des ses propos, il ne faisait nul doute que cette charmante demoiselle ne se doutait pas un seul instant du sombre personnage qui se dissimulait derrière son interlocuteur. Le directeur de la coopération magique jeta un regard en biais au gérant du club, au loin, qui tout en servant son client, observait la petite scène avec un amusement presque sadique. Lorsque son regard croisa celui du chef de clan, il lui fit un signe de la tête encourageant comme pour lui assurer de la bonne qualité de la main d'oeuvre qu'il lui envoyait. Ce n'était donc pas une infiltrée, il pourrait donc parler sans trop de contraintes. Ah ! Irremplaçable ce Jack, pensa Xenophius en reportant son entière attention sur l'étonnante jeune femme qui lui tenait compagnie.

"Ne vous vexez pas ma chère si je ris, c'est qu'il m'est plaisant de rencontrer des personnes aussi audacieuses que vous. Vous avez du cran, je le reconnais, et j'estime beaucoup cette qualité devenue bien rare chez les personnes de nos jours"

Il n'avait pas menti, et il trouvait réellement charmante cette jeune femme et son culot, car c'était bien de culot qu'il s'agissait ici. Elle ne le connaissait pas, et était venue l'aborder afin de trouver une solution à ses problèmes en assurant sans certitude pourtant, que leurs intérêts pouvaient se joindre. Voilà qui était courageux, et entièrement à son honneur. Agréablement étonné, Xenophius posa sa coupe de champagne sur la table, et croisa les jambes en s'adossant confortablement dans le canapé, avant de sortir un cigare de la poche intérieur de sa veste. D'un geste habituel, il l'alluma à l'aide sa baguette, et tira quelques bouffées avant de reprendre.

"Je ne vous en propose pas, j'ai une sainte horreur des femmes qui fument le cigare. C'est d'un abject, frôlant l'immoral selon moi. J'ai déjà beaucoup de mal à tolérer qu'elles fument la cigarette simple. C'est tellement peu sensuel..."

Macho, Xenophius l'avait toujours été et cela n'était un secret pour personne, et les seules femmes qui fumaient au sein de son clan étaient l'excentrique épouse de Dereck, Léopoldine (qui fumait même le cigare et buvait chaque matin pour se réveiller un verre de whisky pur, accompagné de ses infinis petits cachets multicolores dont elle seule connaissait l'utilité), et son hystérique fille Coleen. Mais comme il s'agissait bien plus de spécimens étranges que de véritables femmes, Xenophius ne s'en offusquait guère.

"Bien, comme je vous l'ai dit, j'apprécie à sa juste valeur votre audace Miss, sachez le. Mais il y a une chose que vous devez savoir, et qui me semble primordial si vous souhaitez unir vos intérêts aux miens. C'est que je peux vous faire gravir des sommets et vous couvrir d'or, mais je possède aussi les moyens de vous priver de tout. Ainsi vous comprendrez que si vous souhaitez m'offrir vos services, c'est un engagement à ne pas prendre à la légère très chère..."

L'avertissement était clair, Xenophius était allé droit au but sans s'encombrer d'artifices et autres sottises. Car le mage noir n'était pas un homme qui passait par quatre chemins. Il tenait en horreur les paroles inutiles...

Heva tressaillit imperceptiblement en entendant son interlocuteur, Monsieur McGregor, rire d'une voix grave. Mine de rien, elle n'aurait pas voulu se retrouver toute seule avec lui. Il se dégageait de sa personne une aura charismatique qui donnait la désagréable impression de n'être pas grand chose. La blonde avait observé avec attention son échange de regard avec Jack, et décida intérieurement que le gérant lui devrait bien un cocktail gratuit si elle sortait indemne de son entretient... Elle sourit néanmoins à l’énoncé de ses qualités, chose qui faisait toujours plaisir. La jeune femme reprit une gorgée de rosé et répondit en riant doucement.

« Je suis contente de savoir que vous voyez cette "audace" de bon œil... Du temps où j'étais à Poudlard, mes professeurs avaient plutôt tendance à trouver que j'étais insolente ! »

Et elle ne mentait pas ! Elle voyait encore clairement le professeurs Rogue, son directeur de maison, la prendre à part dans son bureau – qui ressemblait plus à un cachot – pour lui dire de son ton pervers que "Miss Schmit, si vous étiez aussi habile en confection de potion qu'en commentaires déplacés, vous n'auriez plus besoin de vous présentez à mes cours !" ... Inutile de précisez que cela n'avait rien changé ! Seul le professeur Slughorn l'avait réellement aimé, mais c'était sans doute à cause de Gwenog et dans l'espoir qu'elle lui signe un jour des autographes...

La blonde regarda McGregor sortir un cigare de la poche intérieur de sa veste et l'allumer du bout de sa baguette magique. Il tira quelques bouffées avant que l'odeur ne parvienne à Heva, installée de l'autre côté de la table. Elle fronça légèrement son nez. L'odeur ne la dérangeait pas trop, mais l'idée de fumer elle-même le cigare la réputait et elle hocha la tête après les quelques mots de l'homme aux cheveux argentés.

« Vous avez tout à fait raison ! On ne peu guère faire moins féminin... »

La jeune femme croisa les jambes. Lorsque son interlocuteur commença sa tirade, elle était prête. Et elle écouta jusqu'à la fin en gardant un visage impassible, malgré l'éclat métallique qu'avaient pris ses yeux argentés. Grand bien lui en pris, car la menace, derrière l'avertissement, était à peine voilée. Heva prit le temps de réfléchir à ces importantes paroles. Prise d'une bouffée de chaleur, elle ôta sa cape noire, dévoilant ses épaules blanches. Un sourire naquit sur son visage et elle répondit à McGregor, qu'elle commençait à apprécier. Elle avait toujours aimé les hommes qui savaient où ils allaient, à défaut qu'elle-même le sache.

« Eh bien, Monsieur McGregor... La première partie de votre offre m’intéresse grandement ! Quant à la seconde... Je suppose qu'elle garantie que le travail soit bien fait ! »

La perspective d'être privée de tout était forcément peu engageante, mais elle apportait à Heva la dose d'adrénaline qui lui fallait pour être parfaitement heureuse. Elle n'était pas folle, ou alors juste un peu, mais elle aimait le goût du risque, et au fil du temps, elle ne le trouvait plus en montant sur un balais. Elle aimait toujours le Quidditch, évidemment, mais il lui manquait quelque chose.

Entortillant une mèche de cheveux blonds autour de son index, la jeune femme posa la question qui, finalement, était la plus importante à ses yeux.

« Mais, dîtes moi... De quoi avez-vous besoin ? Et comment puis-je vous être utile ? »

Cette Heva Schmit était une jeune femme intelligente songea Xenophius, et l'intérêt couvait dans cette façon presque discourtoise de scruter adroitement chacune des réactions de la sorcière. Elle pouvait se montrer utile en effet. Les qualités d'une femme n'étaient pas négligeables, et surtout pas dans ce domaine empli de renards qu'était la Mafia. On ne soupçonnait que trop peu une créature féminine. On ne se méfiait pas de la belle et fragile gazelle. La plupart des hommes se laissaient plutôt fasciner, obséder par la beauté et le charme, s'abandonnant à leur odieuse et irrationnelle prise de pouvoir sur leur misérable et entière existence. Il se trouvait alors que Miss Schmit possédait ce genre de charisme aux multiples facettes, et qu'elle semblait suffisamment impressionnée par Xenophius pour se montrer conciliante et fidèle. C'était exactement ce qu'il fallait au chef de clan. Une personne avec du cran, qui n'avait pas froid aux yeux, sachant user de son charme avec la gent masculine, mais ayant suffisamment de conscience et de raison pour ne pas outrepasser les limites et garder sa place dans la hiérarchie.

Amusé par les répliques de sa jeune interlocutrice, le vieil homme s'égara quelques instants dans le flot tortueux de ses vieux souvenirs. Il fut inéluctablement ramené quelques années en arrière lorsque sa chère et démoniaque jeune nièce s'était présentée à lui pour lui offrir ses loyaux services. Le personnage était totalement différent de Heva certes, mais l'audace dont elle faisait preuve lui rappelait le culot non dissimulé de son excentrique nièce. Les dernières interrogations de la jolie blonde firent sourire Xenophius.

"Grâce à votre audace ma chère. J'ai pu noter également que vous êtes extrêmement douée dans l'art de conserver votre sang froid, et pour rien ne vous cacher, j'ai besoin de qualités comme celles-ci."

Oui, quelqu'un qui savait garder son calme en toute circonstance, qui ne laissait presque rien paraître et dont les quelques émotions dévoilées ne l'étaient que par la grande expérience et perspicacité de son interlocuteur, comme c'était le cas ici, avait le mérite d'entrer dans l'estime de Xenophius. Durant presque toute l'intense formation de Megan qu'il avait supervisé, il s'était adonné corps et âme afin qu'elle parvienne à maîtriser ses émotions. Au final, il n'était pas peu fier de sa progéniture puisqu'elle avait atteint le niveau qu'il avait fixé. En y pensant, même si beaucoup murmuraient qu'il avait engendré un monstre de cruauté et dépourvue d'empathie, il voyait en elle l'avenir de son clan sans aucun doute possible.

Laissant de côté ses considérations, il fit apparaître d'un geste de la main un épais dossier papier qu'il posa lourdement sur la table entre la jeune femme et lui. Il laissa un moment le mystère planer au-dessus du porte document, avant de s'expliquer.

"Igor Strovosky. Géant du proxénétisme en Russie, et puissant diplomate. Il est représentant de son pays à l'Ambassade en France. Je ne vous informe en rien en vous précisant que c'est un homme de pouvoir très influant dans le Monde. Bref, entrons dans le vif du sujet. Depuis quelques temps je vois mes commandes de vélanes de l'Est me passer sous le nez au profit de ce maudit Strovosky à cause de cette misérable solidarité slave ! Je pourrais entrer dans une guerre contre l'Est mais ce ne serait pas dans mes intérêts pour le moment."

En effet il n'était ni dans ses intérets, ni dans les leurs d'entrer en guerre. Les temps n'y étaient pas encore propices, et mieux valait se concentrer sur une unique cible : Strovosky. Il faudrait donc être fin stratège, jouer la partie avec ruse et discrétion. Faire tomber habilement le géant russe sans entraîner de conflit de représailles par la suite.

"Vous comprenez donc que si je ne peux attaquer de front, il me faut user de tactiques plus subtiles et le faire tomber socialement. C'est là que vos compétences entrent en jeu ma chère. Infiltrée dans son organisation, vous devrez vous rapprocher de lui, effleurer sa confiance afin d'y soustraire des informations, vous faufiler dans son bureau pour voler des documents, absolument tout ce qui peut constituer un solide dossier de preuves contre Igor Strovosky, et ruiner sa carrière politique et son image social. Et par conséquent... son portefeuille."

C'était simple, Xenophius lui proposait un poste de taupe. Une infiltrée chez ses ennemis. Ce serait une tâche rude évidemment, et il y aurait bon nombre de victimes accusées à tord... ou à juste prix. Le chef de clan se redressa et fixa dans les yeux sur un air des plus sérieux mais aussi terrifiant la jeune femme.

"Je ne vous cache pas que c'est une mission risquée, et en intégrant une telle organisation vous serez amenée à voir des choses terribles. Si vous êtes démasquée il faut aussi vous attendre à subir des tortures sans égales. Mais il y a une règle dans ce monde qui préconise le silence, car vous comprendrez aussi que si vous tombez, il est totalement exclu que vous m'entraîniez dans votre chute."

Un sourire naquit sur les lèvres d'Heva et ses yeux brillèrent avec espièglerie. Garder son sang froid. Ce n'était habituellement pas le genre de qualité auquel on l'associait. Comme quoi, les gens se trompaient peut-être. Ok, elle avait tendance à provoquer avec insolence la colère de ceux qui lui déplaisaient, mais c'était purement intentionnel. Là, elle était comme une gamine démunie devant cet homme qui l'impressionnait et la terrifiait en même temps. Et pourtant, elle la jouait décontracté et sûre d'elle-même ! Des sentiments qu'elle était loin d'éprouver réellement... Mais finalement, si McGregor pouvait, à défaut d'être trompé – il ne fallait pas non plus le prendre pour un idiot, voir qu'elle savait garder la face en toutes circonstances, c'était le plus important.

Et il fut manifestement convaincu, puisque dans la seconde qui suivit, il fit apparaître d'un signe de la main un épais dossier entre eux deux. La jeune femme observa ce qui contenait dorénavant l'objet de son travail et attendit avec plus ou moins d’impatience que son interlocuteur lui donne quelques indications. Et lorsqu'elles virent, Heva comprit que son nouveau boss n'était pas n'importe qui.

Grâce à cette qualité qui la caractérisait maintenant, la blonde réussi à empêcher sa mâchoire de tomber. Un trafic de Vélanes ! Ce n'était pas rien. Et la suite le confirma un peu plus. Voilà comment, en quelques instants, elle venait de passer du statut de Joueuse de Quidditch professionnelle à celui de Joueuse de Quidditch professionnelle au service de la Mafia... Parce que c'était bien de la Mafia qu'il s'agissait. Pas besoin de papiers pour savoir que le trafic de créatures magiques n'était pas une activité légale ! Sans compter que, d'après ses dires, Xénophius McGregor pouvait déclencher une guerre contre l'Est...

Cessant de chercher intérieurement des informations sur l'organisation dans laquelle elle entrait, Heva se fit plus attentive. Elle allait devoir faire tomber socialement un ambassadeur russe, ce qui ne se faisait pas forcément en un claquement de doigts, alors autant écouter les consignes et détails qu'on lui donnait sur son enquête.

La jeune femme avait bien comprit ce qu'on lui demandait. Gagner la confiance du fameux Igor Strovosky pour ensuite trouver des preuves qui ruineraient son commerce... Un petit rire la secoua devant la taille de la tâche qu'on lui donnait puis, mécaniquement, elle retrouva son sérieux.

La vie, c'était comme un match de Quidditch. Heva savait analyser en quelques fractions de secondes la trajectoire d'un Cognard, la courbe d'un lancer de Souaffle en fonction du vent et la positions des Poursuiveurs et Batteurs adverses en fonction de ses propres coéquipières. Cette enquête, c'était la même chose. Analyser, jouer en fonction des autres, marquer, gagner. Pas de problèmes. Un frisson parcourut son échine, le même que celui qui la traversait lorsqu'elle était sur le terrain, en plus marqué cette fois. Il fallait bien avouer que les risques n'étaient pas les mêmes...

Ce que s'empressa de lui rappeler McGregor. La loi du silence. L'omerta. Si elle tombait, personne ne serait là pour la rattraper, et elle ne ferait tomber personne avec elle. Très bien... Ses yeux prirent des reflets métalliques et elle commença à parler.

« Je connais l'omerta, et je m'y plierais, évidemment. En revanche, je préférerais que vous soyez le seul à savoir que je travaille pour vous, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Par "je", j’entends "Heva Schmit"... Vous pouvez le comprendre, je ne tiens pas à faire tomber ma carrière de Quidditch. Je ne pense d'ailleurs pas qu'elle soit un handicape pour cette enquête... Je ne suis pas assez célèbre pour être reconnue en France ou en Russie, et au cas où mon nom me trahirait, le préfère en changer. »

C'était en effet plus prudent. Car en cas de réussite, il était fort probable que l'histoire fasse des remous. Et si elle survivait à la Mafia, elle trouvait dommage de se faire tuer à coups de batte de Quidditch par Gwenog Jones, son capitaine et accessoirement sa meilleure amie, qui risquerait de mal le prendre s'il y avait des conséquences sur les Harpies de Holyhead... De très mal le prendre.

Heureusement pour Heva, puisque les autres joueuses de l'équipe avaient une vie de famille en dehors du jeu, la blonde n'était tenue d'être présente qu'aux matchs, et les entraînements se faisaient de plus en plus rares ses derniers temps. Son père n'avait aucune autorité sur elle, cela faisait un ans qu'elle n'avait pas vu sa mère et elle n'allait pas à l'Université. Aucune entrave qui pourrait la gêner dans les prochains mois...

La jeune femme sortit sa baguette et protégea le dossier avant de le faire disparaître.

« Je l'étudierais, je suppose qu'il répondra à toutes mes questions... En attendant, voyons les questions pratiques... Quand voulez-vous que je commence ? Et comment vous contacterais-je ? »