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 Détention provisoire [Terminé]
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  • Torin Bower
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MessageSujet: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyVen 29 Mar - 1:04:45

Dans ce sombre moment, Torin n'avait pas compris, sa légilimencie n'avait plus d'effet sur son frère et cela semblait même le pousser à s'acharner. L'adolescent avait donc beaucoup plus évolué que ce qu'il s'attendait à voir. Il avait été persuadé qu'un simple tour de passe-passe dans la tête du jeune homme lui suffirait à le rendre doux comme un agneau et à le faire lâcher prise. Il s'agirait là de son ultime erreur puisque Aïlin semblait définitivement déterminé à le tuer. Et lorsqu'il lui disait se tromper à l'évocation de leur ressemblance, il n'avait finalement pas tord car lui qui avait le titre familial et une réputation dans sa profession était prêt à faire ces sacrifices pour prendre une seule et unique vie. Torin qui était parfaitement raisonné et conscient de ses actes se savait considéré comme fou par certains, mais il n'en était rien... Contrairement à son frère : l'autre différence majeure entre les deux homme était que le plus sociable était aussi le plus fou des deux. Car avant l'avènement du Seigneur des Ténèbres, Torin, lui, avait toujours pris soin de régler ses litiges dans le plus grand secret. Même lorsque les mangemorts régnaient, ils restaient masqués lors des situations dangereuses. Si il était aujourd'hui démasqué, c'est parce Lynn avait su s'entourer correctement pour déjouer ses tentatives de meurtre. Et parce qu'il n'avait pas pu continuer de façonner l'esprit de Aïlin correctement. Au fond c'était de sa faute si le jeune homme était devenu pareil traumatisé, il n'est jamais bon de laisser un travail inachevé en circulation libre. Même s'il savait que son frère n'écouterait jamais ses conseils, il lui avait bien dit que le meurtre ne réglerait pas le problème, puis il avait vu dans la réponse meurtrière le signe indéniable de folie.

Ses mains, comme atteintes prématurément d'un rigidité cadavérique, restaient machinalement agrippées au cou de son assaillant. Il assistait en acteur à sa propre mort et entendait dans le lointain Aïlin le lui rappeler. Le manque d'air était tel qu'il avait encore à peine conscience de son corps et de sa blessure. Peut-être l'anti-douleur contenu dans la potion le faisait-il aussi planer un peu. Tout devenait lointain autour de lui et la sensation du manque d'air se dissipait aussi vite que sa conscience, laissant rapidement place à un étrange vide. Même si ses yeux étaient encore grand ouverts, il ne pouvoir plus regarder, il voyait simplement un long tunnel lumineux face à lui. Même si ses oreilles ne pouvaient plus écouter ce qui se passait autour de lui, il entendait un lointain bourdonnement, comme des chuchotements indéchiffrables. Même s'il ne ressentait plus la douleur, il avait une impression de légèreté.
Il était en train de traverser une épreuve fantastique. Il rencontrait enfin celle qu'il avait étudié de si près : la mort. Il allait enfin pouvoir découvrir tout ce qu'il avait voulu savoir sur cet étrange état, transition de la vie au néant. Mais une silhouette se dressa face à lui puis le frappa violemment au torse. Drôle de manière de souhaiter la bienvenue : il fut violemment propulsé en arrière et le tunnel s'assombrit. Le murmure de cette ombre pris cependant le soin de lui murmurer une seule chose : « pas encore... »

Ses yeux se rouvrirent lentement tandis que sa bouche aspirait un maximum d'air. Ses sens revinrent peu à peu. Le goût du sang dans sa bouche, l'odeur de ce même sang, la douleur dans son abdomen, la vue d'une baguette pointée sur lui, puis l'ouïe : des mouvements ainsi qu'une voix qui tutoyait son frère et lui disait d'arrêter. La conscience enfin lui revint : sa vie, il la devait à Aïlin alors que ce dernier avait essayé de la prendre. Car si l'individu le tutoyait, c'est qu'il le connaissait et désirait probablement l'empêcher d'être envoyé à Azkaban pour meurtre.

***

Torin avait eu confirmation : c'est un auror qui l'avait arrêté. S'il le revoyait, il pourrait le féliciter de sa prise : un mangemort à moitié... Mort. Mais ces deux-là n'avaient pas pu faire plus ample connaissance car les urgences de Ste Mangouste avaient récupéré les restes. Il avait été traité d'une manière étonnante : il n'avait montré aucun signe d'agressivité et les médicomages s'étaient comporté comme avec n'importe quel patient. On ne pouvait pas en dire autant de son auror de compagnie qui ne lui répondait même pas lorsqu'il le saluait le matin. Ce retour à la civilisation -et à la vie- aurait pu être parfait si l'infirmière à qui il avait demandé un rasoir -puisque sa baguette était confisquée- avec un clin d'oeil ne le lui avait pas refusé. Ce n'était pas comme si il était en mesure d'égorger toute une aile de l’hôpital dans son état actuel. Hélas ce petit bout de rêve pris fin trop rapidement : la médecine soignait les patients à une vitesse folle de nos jours. Le même auror qui le collait jusque dans la salle de bain l'accompagnait en détention provisoire au sein même du Ministère car les médicomages avaient jugé sa blessure à l'abdomen suffisamment refermée. Ceci dit, il souffrait toujours lorsqu'il faisait des mouvements brusques, gage qu'il ne ferait pas une tentative folle de s'évader en agressant quelqu'un.

Cette petite virée entre ex mangemort et auror prit fin à l'entrée d'une cellule placée dans le département de ces braves gens. Il était écrit « détention provisoire » à l'entrée du couloir carcéral. Torin n'eut pas la joie de voir quelques uns de ses camarades, qui eux, ses trouvaient déjà à Azkaban.
Une fois installé derrière les barreaux, après avoir dit au revoir à son auror de service (sans que ce dernier ne réponde), il consentit enfin à regarder si oui ou non il avait un voisin. On peut dire que sur ce coup-ci, il avait touché le jackpot. Il lança donc un mince sourire à son frère, l'air étonnamment serein.


« Bonjour. »

Torin était vivant et c'est tout ce qui comptait. Ce qu'il avait vécu récemment calmait ses ambitions. Car s'il se trouvait ici, c'est que plus rien n'était envisageable pour le moment, si ce n'est une incarcération à perpétuité. A moins qu'ils n'aient conservé un détraqueur, auquel cas l'ex mangemort préférerait se battre jusqu'à ce que mort s'en suive réellement, plutôt que d’errer sans âme. Il réfléchissait déjà à une solution. Il avait connu des gens aux département de la justice, il s'était entretenu avec plusieurs membres du Magenmagot avant le retour du Seigneur des Ténèbres, il avait été apprécié de tous pour son professionnalisme et ses manières. Il n'y avait qu'une tâche sur le tableau. Mais quelles preuves à part des témoignages pourraient jouer en son défaveur ? N'était-ce pas lui le mourant qui gisait au milieu de l'Allée des Embrumes ?
Il alla s'asseoir sur la banquette de son lit en prenant soin de décortiquer ses gestes pour ne pas avoir mal puis adressa un nouveau regard à Aïlin, tout en conservant cet air serein.


« C'est mon procès ou le tien qui s'ouvrira en premier ? »

Une pointe d'ironie se faisait sentir dans sa voix. Il avait finalement gagné leur duel : quelqu'un de propre sur lui allait avoir les mains sales.


Dernière édition par Torin Bower le Lun 8 Avr - 22:59:34, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyVen 29 Mar - 3:27:54

L'hôpital, une chambre gardée. Des infirmiers qui s'activaient autour de lui, ses doigts que l'on ressoudait brutalement, lui arrachant un cri, et des potions qu'on lui faisait ingurgiter. Parmi l'une d'elle, Aïlin reconnu celle très caractéristique d'un calmant. Un calmant si puissant qu'en l'espace de quelques minutes, il se sentait soudé à son lit, incapable de la moindre réflexion cohérente. Il aurait pu se demander s'il avait l'air si fou, pour qu'on lui administre un traitement pareil, mais il n'avait plus la présence d'esprit pour se poser une telle question.

« Vous pouvez l'emmener, il peut très bien finir de se remettre en cellule. Nous ne pouvons rien de plus pour lui. »

Entendit-il derrière la porte entrebâillée de sa chambre, après une éternité où tout lui avait parut vide, tranquille. Quoi qu'encore dans les brumes de la potion calmante, Aïlin se redressa pour affronter dignement les questions qu'il aurait certainement à subir. Tout se passa très vite dans son esprit et les mots « légitime défense » s'imposèrent automatiquement à son esprit. Il ne risquait pas grand chose, lui, jeune homme respectable, face à un ignoble criminel. On n'insisterait pas trop sur le cas Aïlin, déjà bienheureux d'obtenir la tête du frère aîné. ...À moins que la sombre réputation des Bower ne ressuscite et que l'on se mette à estimer judicieux d'envoyer le dernier mâle de la lignée derrière les barreaux, pour être sûr que celui-là non plus ne se mettrait pas à faire de remous. Il y avait des témoins pour attester qu'il avait utilisé un sortilège impardonnable sur Torin. Rien n'excusait une telle transgression de la loi. On ne lançait pas un endoloris pour mettre une personne hors d'état de nuire. Il lui fallait trouver les meilleurs arguments, et vite.

L'auror qui entra dans la chambre n'était autre que Connor, le petit ami de sa sœur. Il avait l'air accablé, et semblait le voir pour la première fois. Un vertige soudain fit tourner la tête d'Aïlin. Et s'il n'avait eu qu'une hallucination ? Et si cet homme qu'il avait agressé n'avait pas été Torin ? S'il devenait tout simplement fou, tout comme l'était devenu son père ? Son esprit se rebellait tout à coup contre la terrible évidence. Mais pourtant, il savait que cette inquiétude n'était, elle, que pur délire. Il n'avait pas rêvé la légilimencie, et encore moins ce que lui avait révélé Torin sur sa soit-disant mort. Un frémissement de colère traversa sur son corps lorsqu'il se rappela la vision du cadavre décomposé de son père.

« Aïlin. »
Non, Torin était bien en vie. Il devait se résigner à la triste réalité. Torin était bien en vie, et il avait échoué à le tuer, à cause de ce vaillant défenseur de la Justice, qui se tenait à présent devant lui. Pourquoi Connor et son équipière n'avaient-ils pas débarqués quelques minutes plus tard ? Le temps suffisant pour que Bower trouve la force d'achever son frère, et, dans le pire des cas, qu'il puisse raconter par le menu une tragique histoire d'agression, arrosée des violons de son enfance ?
« Aïlin ! »

Ses pensées coupèrent court lorsque l'interpelé leva les yeux vers Connor.
« J'ai peu de temps pour te parler. On m'a retiré l'affaire car je suis trop impliqué vis-à-vis de toi. Qu'est-ce qu'il s'est passé, Aïlin ? Qui est cet homme ?
— Est-ce que je dois te répondre que je ne parlerai qu'en présence de mon avocat ? »
Aïlin ne sut d'où lui vint la force de jouer au cynique. Cependant, cela fit mouche et Matthew eut l'air froissé.
« Tu trouves ça drôle ? On a un témoin qui déclare t'avoir vu utiliser un sortilège de magie noire et tu fais de l'esprit ? Tu as pensé à Lynn ? Qu'est-ce que je vais devoir lui dire ? Que j'ai arrêté son frère pour tentative de meurtre en pleine allée des Embrumes ? Par Merlin, Aïlin, dis-moi que ce n'est pas ça !
— L'homme, c'est Torin. »

Ce fut tout ce que Connor put tirer de son ami. Si Matthew parla et questionna beaucoup, Aïlin n'en entendit rien. Il ne voulait pas écouter ou s'expliquer. Et il voulait encore moins se laisser aller à penser à sa cadette, à la façon dont son monde s'effondrerait lorsqu'elle apprendrait la vérité. Résigné, Matthew consentit à laisser la place à ses collègues.

« Ils vont te mettre en détention provisoire. De là, ils t'interrogeront autant qu'ils le jugeront nécessaire. Si je peux te donner un conseil, c'est de te montrer coopératif. Je vais rejoindre Lynn. Je doute qu'elle puisse te rendre visite d'ici un petit moment. Si tu veux lui passer un message... »

Aïlin hésita l'espace d'une seconde. Le seul message qu'il aurait voulu transmettre à sa sœur l'aurait compromis. Si Matthew était un ami, il demeurait être un auror. Des créatures dont Aïlin, de part son passé, se méfiait instinctivement. Il remercia le jeune homme et le laissa quitter la pièce tandis que ses amis du Ministère venaient cueillir un alchimiste à la mine sombre et au pantalon maculé de sang. Et ce fut le début de longues heures de paperasses et de dépositions, puis, enfin, on le jeta dans une cellule, dans laquelle il ne put que se contenter de compter les heures entre deux interrogatoires.

Lorsqu'on fut lasse de l'entendre répéter imperturbablement la même rengaine, on le laissa dans son trou en lui promettant de l'en ressortir seulement lorsqu'on auraient d'autres informations. Impossible de payer la moindre caution, bien qu'aucune charge concrète et vérifiable – si l'on excluait la tentative de strangulation – n'avait été trouvée contre lui. L'insécurité dans les rues de Londres avaient, semblait-il, rendue la Justice plus sévère.

Il fallait prendre son mal en patience. Il était seul. C'était le moment de réfléchir, au calme, sans perturbation extérieure. Aïlin ne s'inquiétait pas pour lui. Il savait pouvoir compter sur assez de monde au sein même du Ministère, ainsi qu'à l'extérieur, pour savoir qu'aucune charge ne serait retenue contre lui. On s'excuserait pitoyablement en mettant la faute sur les mesures de routine, et sa vie reprendrait son cours. Ou presque, car il demeurait le facteur Torin.
Il ne pouvait plus espérer l'avoir de nouveau entre ses mains, à présent que le Ministère avait posé la main sur lui. Dans le meilleur des cas, son aîné ferait un aller simple en prison. Pouvait-il imaginer une autre possibilité ? Était-il probable, même de façon infime, que le mage noir puisse échapper à cette sentence ?

C'était alors qu'il était en train de se poser cette question qu'une porte s'ouvrit quelques mètres plus loin. Nonchalamment assis sur ce qui lui servait de lit, Aïlin ne tourna la tête que lorsqu'il sentit un regard sur lui. La providence s'acharnait.


« Bonjour. »

Ce seul mot sembla lui arracher les tripes, tant adresser la parole à Torin lui était pénible. Pourtant, il devait bien s'y efforcer. L'aîné se serait amusé de son silence obstiné, pareil à la bouderie d'un enfant qui n'avait pas obtenu ce qu'il désirait. Le mieux était de conserver l'attitude la plus normale possible. Il bouillait toujours autant de haine vis-à-vis de son frère, mais il avait au moins retrouvé la raison, assez pour ravaler ses derniers relents de bile et comprimer bien au fond de lui la brûlure de ses émotions. Un sourire cynique passa sur les lèvres d'Aïlin, lorsqu'il entendit la pique de son frère.

« Malheureusement, je crains qu'ils n'expédient ton cas plus vite que le mien. Après tout, les aurors se frottent les mains lorsqu'ils tombent sur un criminel de guerre. Il ne leur reste plus qu'à ajouter l'exhumation de cadavre, la fausse mort et la fuite sur ton dossier et qui sait, mettre la main sur un détraqueur qui te gratifiera de son baiser ? Il me semble que c'était à cela, n'est-ce pas, que tu avais été condamné ? »

Son regard railleur se leva de nouveau vers Torin. Et il ajouta, d'une voix plus basse :

« Je me demande comment un sorcier tel que toi, qui se pensait si intelligent, a bien pu prendre la fuite à causes de simples témoignages... »
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  • Torin Bower
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyVen 29 Mar - 5:19:02

Tout à coup la prison semblait bien plus distrayante qu'on ne l'imaginait. Être à côté de Aïlin et imaginer la frustration qu'il pouvait ressentir à le voir en vie sans pouvoir l'achever amusait Torin. Il avait passé deux longues années à l'écart de la civilisation et le simple fait de pouvoir communiquer le distrayait. Lui qui n'avait fait que de très rares rencontres en Transylvanie ne s'était pas mis à parler aux animaux et aux arbres comme ces vieux ermites devenus fous. Il avait réservé ses pensées pour lui, sa bouche ne s'animant que pour se nourrir. Il s'était concentré sur la magie et ne laissait que très peu de place à la réflexion. Peut-être quelquefois avait-il songé au manoir Bower et à l'état dans lequel il devait se trouver, ou encore aux mangemorts et à la manière dont ils auraient potentiellement pu fuir. Mais jamais il n'avait prolongé ses songe, il se contentait d'effacer tout état d'âme pour se pas sombrer dans la folie.
Folie qui l'avait en un sens rattrapé puisqu'il s'était jeté à corps perdu dans la gueule du loup. Cette absence de réflexion l'avait sauvé un temps, pour ensuite lui faire perdre conscience des réalités. Aïlin était là pour les lui rappeler avec cynisme. Il s'était attendu à ce que sa provocation ne reste pas sans réponse.

Cette réponse était d'ailleurs plus que pertinente. En certains points. La justice s'empresserait effectivement de s'affairer sur son cas au plus vite pour se faire un peu de publicité et satisfaire les foules : il ne savait hélas que trop bien comment cela fonctionnait. Il se berçait encore d'illusions en imaginant sa défense calme et honnête, esquivant comme le serpent qui se faufile les questions épineuse, mais il fallait se rendre à l'évidence : il était désormais le gibier dont on raffolait, espèce en voie d'extinction puisque d'après quelques informations obtenues récemment, beaucoup de mangemorts avaient été assassinés dans le dos de la justice. Il en venait même à se demander si son frère n'avait pas un lien avec cette histoire, mais cela ne tenait pas debout car le mangemort qu'il haïssait le plus était censé reposer six pieds sous terre.
En revanche, même s'il l'avait vu, Aïlin ne pourrait pas utiliser l'exhumation contre Torin, à moins que l'acte ne soit commis une seconde fois. Mais les question concernant son cadavre bel et bien matérialisé seraient un sujet sensible. L'ex mangemort planchait encore sur la question : devait-il être honnête et révéler qu'il disposait d'un savoir dont seraient très friands les langues de plomb si d'aventure on lui octroyait le droit de poursuivre ses recherches même enchaîné ? Il ne fallait pas être trop gourmand et il aurait le temps d'y réfléchir lorsque son dossier lui serait présenté. Mais la dernière phrase de son frère lui rafraîchit la mémoire quant à ses risques : Torin hocha la tête et baissa les yeux lorsque son frère lui rappelait qu'il avait effectivement été condamné au baiser du détraqueur.


« Cela même. »

La faute à qui ? À une bande de gamins ? Aïlin semblait se faire un malin plaisir à le lui rappeler. Il cherchait à le piquer sous ses airs railleurs en lui faisant comprendre que sa fuite avait peut-être été une stupide erreur. Cela faisait trop d'erreurs et il refusait d'ajouter celle-ci à la liste. Il était enfin confronté aux faits : il pouvait enfin se permettre de réfléchir avec le recul nécessaire. Il n'avait plus de fierté à arborer ni de masque à porter, il pouvait afficher la vérité, à lui même comme aux autres.
Il se revoyait un bref instant prendre la fuite lorsque le Seigneur des Ténèbres était tombé, il manquait encore d'une certaine maturité et il avait agît sous le coup de la peur, tout comme lorsqu'il s'était caché les premiers mois, lisant la Gazette pour y voir de nouvelles têtes tomber chaque jour, attendant son tour lorsque ses yeux se posaient sur l'avis de recherche au dessus duquel était affichée sa photo. C'est à cet instant précis qu'il avait failli sombrer dans la folie, ne sachant rien des preuves que l'on détenait contre lui si ce n'est des témoignages. A aucun moment il n'avait été question de se rendre pour tenter de se défendre. Alors il avait simplement fini par orchestrer sa mort pour fuir et laisser reposer son esprit. Il avait alors espéré trouver une quête qui le motiverait à continuer. Mais cette quête était vaine s'il n'avait pas accès à la civilisation et à la culture. Et l'absence d'un but dans la vie ne pouvait être une résolution. Il avait eu besoin d'aller de l'avant à n'importe quel prix, même s'il s'était imaginé bien des illusions en revenant ici. Alors oui, il allait offrir à son frère la vérité, sur un plateau d'argent.

Il daigna enfin relever les yeux vers Aïlin, un air nostalgique sur son visage qui jurait étrangement avec ses yeux d'acier. Le ton de sa voix restait serein, sans aucune agressivité face à la provocation.


« La peur. N'importe qui aurait fait la même chose, et je ne dis pas ça pour me justifier. Si j'étais resté j'aurais été condamné, comme tu dis, au baiser du détraqueur. Sans procès équitable. Et ne fait pas le malin car à l'époque, si le ministère avait su que tu étais le bourreau de ton père, ils t'auraient envoyé à Azkaban. Ils devaient faire tomber un maximum de têtes au plus vite et je suis persuadé qu'il y a eu des erreurs de faites. J'ai étudié l'histoire de la justice magique et ce n'est pas la première fois qu'un régime comme celui-ci tombe. Seulement les bavures ne sont pas rendues publiques, pour ça il faut avoir accès aux archives. »

Même si ce qu'il disait était vrai, il ne savait pas s'il s'agissait d'un argument recevable par le tribunal. Il avait eu vent d'informations controversées lorsqu'il avait commencé à travailler au sein du même département où il était retenu captif. Et si d'aventure il répondait à son procès en attaquant la justice elle-même à son talon d’Achille, il risquait de se mettre à dos plus d'une personne encore capable d'alléger sa peine... Dire qu'il avait misé sa propre carrière sur la justice magique pour être justement capable d'empêcher une telle situation. Mais Voldemort était tombé bien trop vite, avant même qu'il n'ait obtenu un poste suffisamment confortable pour assurer ses arrières.

Torin ne souhaitait pas traiter de ce sujet plus longtemps, même s'il se doutait que Aïlin puisse le relancer à un moment ou un autre. Il préférait aborder un thème bien différent qui pouvait être facilement comparé à de la provocation. Mais il s'agissait en réalité de curiosité, aussi arborait-il un mince sourire lorsqu'il posa la question:


« Comment vont tes sœurs ? Que devenez-vous? »

A croire qu'il s'en souciait. Mais son seul désir était d'obtenir quelques informations, utiles ou pas. C'était aussi l'occasion d'évoquer Lynn, de caresser l'espoir fou qu'elle ait entre temps quitté ce monde.
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyVen 29 Mar - 11:42:28

Ce qui était paradoxal, dans toute cette histoire, c'était qu'Aïlin avait, un jour, admiré son frère aîné. D'une certaine manière, il l'avait également aimé, bien que Torin n'ait jamais rien fait pour que cette chose étrange, impensable, ne survienne.
Leur enfance n'avait certes pas été commune à n'importe quels autres jeunes sorciers, mais ils n'avaient, finalement, pas été si malheureux qu'Aïlin avait voulu le croire. Oh, bien sûr, il n'avait pas été rare de voir Bronach s'étaler face contre terre sous la main leste de Devin, mais l'ire de leur père les avait souvent épargné.

Torin avait déjà dix ou onze ans quand son plus jeune frère avait commencé à être capable d'analyser son environnement, et de jauger les autres membres de la fratrie. Six ans d'écart les séparaient, et pourtant, c'était de Torin qu'Aïlin s'était toujours senti le plus proche. Pas de son grand frère âgé de seulement deux ans de plus que lui, non, de l'aîné, qui opposait une farouche distance avec les autres enfants, comme pour se protéger d'eux et des liens qui pourraient les unir. Torin ne pensait certainement pas comme cela, à l'époque, bien qu'une grande intelligence se reflétait déjà dans ses yeux gris. Comme tout garçon qui avait vécu les premières années de sa vie en tant qu'enfant unique, Torin avait certainement rejeté ses frères par crainte d'eux. Ils avaient fait intrusion dans sa vie déjà bien cadrée, avaient jeté aux ordures sont statut de privilégié, faisant de lui un garçon parmi d'autres, qui ne pouvait plus même se consoler dans les rares attentions de leur père, puisqu'ils étaient maintenant trois à quémander sa bienveillance. Trois garçons sous la gouverne d'un despote dont chacun attendait un regard ou une marque de fierté, rare privilège que Devin leur offrait au compte-goutte.
Ultan s'était illustré par sa turbulence et sa mesquinerie mais Torin, lui, était demeuré l'enfant modèle, bien élevé et toujours bien mis, digne d'être l'héritier de la famille. De même qu'Aïlin avait toujours recherché l'amour de son père, il avait aussi recherché celui de son frère aîné avec lequel il partageait de nombreux points communs. Dès son plus jeune âge, Aïlin s'était intéressé à tout ce qui était susceptible d'être appris. Les lettres, la magie, les arts, tout le fascinait à cette époque. Il voulait tout apprendre, tout savoir, et Torin était le mentor idéal, en contrepartie d'un père souvent absent et d'une mère enfermée dans sa chambre tout au long du jour. Il savait plus que lui, mieux que lui, alors que l'héritier s'apprêtait à rejoindre Poudlard et Aïlin, avant son départ, n'avait pas hésité à se coller dans les jambes de son frère pour lui voler un peu de son savoir avant que lui aussi ne disparaisse du manoir et qu'Aïlin se retrouve seul avec Ultan et Lynn.

Alors oui, Aïlin avait un jour aimé son frère. Les liens du sang étant ce qu'ils étaient, cela avait été même la chose la plus naturelle et la plus facile pour un enfant de quatre ans. C'était peut-être d'ailleurs pour cette raison, qu'aujourd'hui, il parvenait à éprouver une haine aussi féroce vis-à-vis de Torin. Cette haine s'extirpait des liens les plus forts, les plus inébranlables que l'on connaissait sur Terre : les liens du sang. Ces mêmes liens qui le torturaient tant en lui faisant regretter le meurtre de leur père le conduisait aux sentiments les plus féroces vis-à-vis de son frère. Des sentiments que Torin n'éprouvait peut-être pas, de son côté. Tout était différent pour lui, puisqu'après tout, le mage noir n'était capable d'éprouver de sentiments que pour lui-même.

La question d'Aïlin avait l'apparence d'une marque de mépris, mais elle n'était pas que cela, en réalité. Il attendait une vraie réponse, bien qu'il doutait franchement de l'obtenir. Torin n'était pas du genre à consentir à des aveux ou des confessions, dans les souvenirs de son cadet. Aussi fut-il particulièrement surpris d'entendre, pour la première fois de sa vie, une parole sincère sortir de la bouche de son aîné. Si Aïlin avait été d'humeur à faire un peu d'humour, il se serait amusé à penser que le jour où il rejetait ce frère qu'il avait tant cherché, il se retrouvait enfin affublé de l'égard qu'il avait espéré, à l'époque où tous deux étaient encore des enfants innocents.
Torin avait raison. Le pari de se laisser prendre pour affronter son procès et espérer le gagner aurait été d'un culot incroyable. Pure folie, également. Qu'aurait fait Aïlin, à la place de Torin ? La grande différence entre les deux jeunes hommes, c'était qu'Aïlin acceptait les mains tendues, et en cela, n'aurait pas été seul. Comme il savait ne pas être seul, à l'heure actuelle. Il ne doutait pas une seconde qu'à l'extérieur, Lynn se battait comme une lionne pour faire sortir au plus vite son frère des geôles du Ministère.

Et pour sa part, aurait-il vendu son frère, à l'époque ? Aurait-il témoigné pour se débarrasser définitivement de son emprise et récupérer héritage, manoir et terres ? Aïlin prit le temps de réfléchir à cette question, car la réponse n'était pas si évidente.
Il s'était comporté en véritable agneau, à cette époque. L'époque même où il avait commencé à se droguer pour supporter la vie à Poudlard, et le double jeu dans lequel il s'était retrouvé piégé. Il avait été préfet, puis destitué de son titre à la fin de la guerre pour des raisons assez évidentes. Il aurait été intolérable de laisser un rang à part à un sang-pur frère de mangemort. Un frère de Mangemort qui avait fait, dans l'ombre, sans jamais se faire prendre, de nombreuses choses sur la demande de ce dernier, pour éviter les endoloris et autres traitements de faveur... Pour avoir la paix, en somme. C'était du moins ce qu'il pensait désirer.
Alors, aurait-il vendu son frère si Lynn ne l'avait pas fait ? Cette paix, il l'aurait eue une fois Torin dépossédé de son âme. Mais non, il n'aurait certainement pas vendu l'âme de Torin. Pour la simple raison qu'il avait toujours appris que ce qu'il se passait au Manoir, aussi horrible cela pouvait-il être, restait au Manoir. Peut-être aurait-il témoigné en sa faveur, si Torin le lui avait demandé. Il était, à cette époque, son dernier lien avec sa famille alors que Lynn avait fui le manoir en emportant Léan loin d'eux. Il était d'ailleurs furieux contre sa soeur, fureur que Torin avait pris soin d'entretenir.
À cette époque, Aïlin n'aurait jamais imaginé qu'il puisse lui être possible de devenir le nouveau lord Bower et le monde avait basculé le jour où il avait hérité de toute la fortune familiale. Peu importait, avoir été le simple spectateur – amusé, il fallait le dire – de la chute de son frère lui convenait très bien.

Et Torin, pourquoi ne l'avait-il pas laissé croupir à Azkaban, le jour où il avait eu l'occasion de le faire ? Peut-être parce qu'il aurait été forcément impliqué, lui aussi. Il aurait très bien pu empêcher son jeune frère de tuer Devin sous ses yeux, mais pourtant, il lui aurait suffit de transplaner hors de manoir et laisser seuls Lynn et Aïlin se faire cueillir par les aurors. Son frère était au moins autant un paradoxe que lui-même.

« Comment vont tes sœurs ? Que devenez-vous ? »
La question, inattendue, coupa court aux réminiscences du jeune homme. Aïlin tourna un regard enflammé à Torin, et cette fois, ce fut le souvenir de ce que le mage noir avait fait à sa sœur qui se rappela à son esprit. Aïlin serra les dents.


« Quoi que tu puisses en penser, ce sont aussi les tiennes. Tout comme je suis ton frère. C'est bien là une chose contre laquelle tu ne pourras jamais rien faire. Elles s'en sortent certainement mieux que nous, puisqu'elles ne sont pas enfermées dans une geôle au beau milieu du Ministère. »

Rétorqua Aïlin en fixant droit dans les yeux son aîné. Soudain, la question qui le torturait depuis tellement d'années survint. C'était l'occasion ou jamais d'espérer obtenir une réponse. Une réponse qu'il n'avait jamais pu obtenir, qu'il pensait ne jamais pouvoir obtenir, car il avait cru mettre à mort la seule personne qui aurait pu lui répondre.

« Pourquoi lui as-tu fait ça ? Comment as-tu pu laisser ce magistrat abuser de ta propre sœur sans éprouver le moindre scrupule ? Et que devrais-je dire de père, dont tu n'as pas hésité à te débarrasser à la première occasion ? Tu as fait, de ceux qui auraient pu être tes meilleurs alliés, tes pires ennemis. »

Aïlin s'étonnait du ton calme avec lequel il s'était exprimé. Il ne s'en serait jamais cru capable et pourtant, voilà qu'il conversait de cela avec presque autant de sérénité que s'ils avaient parlé de la pluie et du beau temps. Être coincé avec son frère entre deux barreaux, emprisonné dans cette allée sombre et silencieuse, avait peu être du bon, finalement.
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyVen 29 Mar - 19:35:00

La réponse de Torin avait semble-t-il fait réfléchir Aïlin. L'ex mangemort aurait très bien pu être rabaissé ou se faire rire au nez lorsqu'il avait évoqué ce sentiment si primitif qu'était la peur. Mais non, pas une pique à ce sujet, pas un mot sur l'arroseur arrosé. Le fait de parler à un homme et non plus à un garçon semblait bien plus intéressant au final. Peut-être aussi avait-il évité une réplique cinglante en évoquant le fait que lui aussi ait un témoignage compromettant à fournir. Lors du procès, devrait-il cracher tout le venin dont il disposait ou compter sur une certaine collaboration, aussi infime soit-elle ? Car en un sens, tout le monde était coupable de quelque chose. Le chaos qui régnait durant la prise de pouvoir de Voldemort avait appelé à des mesures quasi désespérées dans les deux camps. Ce n'était selon lui pas la culpabilité, mais le degré d'innocence qui devait être mesuré : s'il arrivait à manipuler le tribunal pour penser ainsi, il pourrait détourner leur regard des faits les plus accablants. Surtout s'il arrivait à faire marcher Aïlin dans ce sens.

Bien loin de lui l'idée d’amadouer Aïlin (quoiqu'il y ait pensé) en évoquant leurs sœurs, Torin venait de piquer à vif en cherchant à prendre de leurs nouvelles et la réaction se fit sentir. Si ses mots avaient été choisis et qu'il n'avait pas emprunté le terme « nos sœurs », cela lui était clairement reproché. Non pas qu'il les renie mais l'une était un parasite dérangeant et l'autre était bien trop jeune pour qu'il puisse en sonder la personnalité. En clair, il ne se sentait absolument pas proche de ces deux filles, contrairement à Aïlin qui à l'époque semblait prendre parti pour Lynn. Et le jeune homme s'était tout aussi senti exclu, rappelant qu'il était son frère.


« Ainsi qu'Ultan. »

Le tir était corrigé. Rappelons nous la grande et belle famille que nous étions quand le lait coulait encore du sein de notre mère. Rien n'y ferait car effectivement les liens du sang ne se rompaient pas aussi facilement qu'une simple amitié. C'est bien pour ça que les hommes s'entretuaient depuis la nuit des temps, entre autres raisons. Remus et Romulus formaient un très bel exemple lorsque la famille devenait un obstacle.

Hélas Torin apprenait que Lynn était en vie et qu'elle ne se portait pas si mal que ça si elle était logée à meilleure enseigne que la prison. Et à la manière dont Aïlin le fixait, l'ex mangemort eut envie de lui rétorquer qu'on ne pouvait pas en dire autant d'Ultan qui lui gisait réellement au fond d'une tombe. Mais ça aurait été une réplique bien trop basse et hypocrite que de rejeter le tord à bien plus innocent que lui.
Il avait lui-même assisté à l'exécution de son premier frère durant la bataille de Poudlard. Le seul à partager les mêmes idéaux et à se démener pour la Sainte Cause. Même si Torin n'avait jamais été très proche de Ultan, le considérant comme spirituellement inférieur, il avait eu une étrange réaction. En voyant le corps de la brute tomber inanimé, ses jambes avait exécuté sans le moindre contrôle un mouvement en direction du défunt. Puis il avait du s'en détourner, agressé par un auror, tandis qu'il lançai de bref regards vers la scène du crime entre deux sorts. Ce qu'il avait senti était étrange, une sorte de colère indescriptible : il n'avait pas ressenti ça lorsqu'il avait poussé Aïlin à tuer leur père. Alors peut-être était-ce parce qu'il n'avait pas choisi lui-même de voir le jeune mangemort mourir en ce jour, peut-être était-ce parce que la considération qu'il portait à sa famille était existante et complexe quand il croyait n'en avoir aucune. Une possessivité perverse caractérisée par une main mise sur la tête de chacun. Tenter de contrôler leur destin pour servir le sien. Voilà quelle était la réponse à la dernière question de Aïlin.

Il était d'ailleurs légitime qu'il veuille savoir la vérité, la réclamant même avec un calme étonnant. Mais que pouvait bien dire Torin ? Qu'il n'éprouvait aucun remord car il en était tout bonnement incapable ? Que même son premier souvenir d'enfance lui montrait un homme qui lui expliquait comment les femmes se devaient d'être méprisées ? -Il fronça nettement les sourcils à cette pensée- Il ne souhaitait plus penser à cela, il avait tiré une croix sur le passé en achevant sa formation à la légilimencie. Tout ce qui était issu de leur père était mauvais. Mais il était le seul à le savoir car il avait été l'unique témoin des erreurs qu'un père ne commet qu'avec son premier enfant. L'éducation des suivants n'avait été que mensonges et fantaisies. Lynn elle-même avait été traitée avec hypocrisie. Aucun d'entre eux n'avait connu Bronach, leur mère, « avant ».

Torin passa sa main sur son visage en soupirant, comme s'il était compliqué pour lui de ressasser des souvenirs difficiles, occultés longtemps, erronés avec l'âge. Quant à Lynn, il l'avait inexplicablement méprisée dès son premier cri, il se fichait bien de ce que Carpenter pouvait en faire tant que sa carrière progressait. De plus, ce n'était pas lui le criminel dans l'histoire. Non, le criminel était justement un homme de loi, considéré de tous et très influent. Au cas où Aïlin ne l'avait pas encore compris, il n'y avait pas de vrai justice, si ce n'est celle du sang. Torin fixa donc son cadet avec un sourire plein de désillusion.


« Bienvenue dans le monde réel. »

Cela ne constituait pas une réponse pertinente mais il s'agissait du seul commentaire qu'il avait à faire sur le cas Lynn. En revanche, l'évocation de la mort de leur père et la morale si naïve sur les alliés devenu ennemis le fit éclater d'une rire malsain. Il dut même se tenir le ventre pour éviter d'en faire ressortir la douleur. Puis, d'un coup, il regagna son sérieux, prenant un air mauvais pour fixer son frère droit dans les yeux.

« Des alliés ? Je n'ai jamais cherché à tuer père, quelqu'un en qui j'aurai pu croire s'en est chargé pour moi. Libre à chacun d'avoir son opinion sur la question, mais pour ma part, ma vrai famille est morte. Le seul homme qui m’aie jamais évoqué une figure paternelle et qui se soit un jour soucié de mon éducation, de mon avenir et de mon bien-être est mort Aïlin ! Et il ne portait pas le nom d'un imbécile aux mains aussi sales que sa conscience ! Alors ne me dis pas ça ! Ne me dis pas qu'on ait une seule fois eu la chance d'être une famille heureuse et soudée ! Et ne me fait surtout pas croire qu'il aurait pu en être autrement après ce qui vient de se passer ! Après avoir poussé des aurors à me sauver la vie, pfff... »

La voix du mage noir montait en crescendo au fur et à mesure, mettant l'accent sur les mots les plus significatifs, ses mains illustrant ses paroles par des gestes secs. Mais à l'évocation des aurors, le ton s'était calmé, son regard plein de dédain s'était détourné vers des barreaux à l'opposé de sa cellule. Il prenait peu à peu conscience qu'il était enfermé, pris au piège dans cette prison et l'idée d'être privé de liberté à jamais se présentait à lui, lui donnant la sensation d'être plus que jamais une victime.
Aussi ses pensée allèrent à la communauté mangemort. Un groupe de personnes respectables unis par l'honnêteté et la réalité de leurs actes. Voldemort les avait menés, puis guidés vers la victoire. Ils avaient marché comme un seul homme sur le Ministère à l'époque en place. La cohésion, la volonté puis la passion avec lesquelles les opérations étaient menées demeuraient spectaculaires. Et pourtant, la chute d'un seul homme avait suffi à anéantir un rêve qui se matérialisait. Comment cela était-il possible ? Ses meilleurs alliés, Torin les avait vu chuter un à un et, même s'il était dénué de sentiments, il avait vu la femme la plus digne de porter le nom et les héritiers Bower se faire arracher à sa main par les aurors. Il se devait de l'admettre, il avait pendant une courte période découvert la joie et l'insouciance, à la manière d'enfant. On lui avait arraché tout cela. On lui avait arraché la famille qu'il s'était choisie pour renier l'originale. Il ne s'attendait pas à ce que cette dernière ne l'accueille de nouveau non plus.
Alors il baissa les yeux vers ses pieds et posa l'ultime question à son frère, l'air résolu.


« Tu veux toujours en finir, n'est-ce pas? »
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyVen 29 Mar - 21:19:27

Aïlin avait-il eu l'espoir un peu fou de croire que Torin allait lui fournir une véritable réponse ? Peut-être, car le choc qu'engendra la répartie du mangemort se manifesta physiquement dans son estomac. C'était comme un bloc de glace qui tombait lourdement, au point de lui enserrer la gorge. Ses yeux, grands ouverts, fixèrent le mage noir avec incrédulité. Comment pouvait-il dire une chose pareille ? Comment pouvait-il être si peu pourvu de scrupule ? De son adolescence, Aïlin se souvenait clairement d'une chose. Le seul homme qu'il avait un jour véritablement respecté, au manoir, avait été Torin. Qu'importait les regrets qu'il ressentait aujourd'hui et lui faisait croire qu'il avait éprouvé ce même respect pour son père. Il le respectait à présent qu'il était mort, et ne pouvait, clairement, plus jamais se représenter devant lui. Il avait craint son père, comme il avait craint Torin. Mais il avait clairement désobéi en tous points à l'un, se moquant souvent, intérieurement, de pouvoir le duper aussi aisément, alors qu'il avait respecté Torin et ses recommandations, même les plus sordides.
Il se souvint, tout à coup, de leur rencontre à la Tête de Sanglier, alors qu'Aïlin n'avait que quatorze ans. Il se rappelait encore ce qu'il ressentait devant son frère, la façon dont il s'adressait à lui, le front affaissé, mais sans hypocrisie.
Il avait toujours, au fond, cherché un modèle. Torin était ce qui s'en était le plus approché, bien qu'il le niait, particulièrement dans les dernières années où les deux frères s'étaient retrouvés seuls au manoir. Qu'il l'ait choisi ou non, Torin avait grandement influencé Aïlin, et leur cohabitation plus ou moins forcé avait laissé ses marques dans la personnalité et la vision du plus jeune.
Mais son modèle n'était rien d'autre qu'un fou, sans scrupule, sans cœur, sans capacité d'éprouver le moindre sentiment. Il avait tantôt cru devenir comme Torin, puis, de nouveau seul au manoir, sans plus un seul membre de sa fratrie auprès de lui, avait cru sombrer dans la même folie désespérée que son père. Cette folie dans laquelle il s'était plongé à corps perdu, lorsqu'il était tombé, par hasard, sur le carnet du patriarche.

Torin était comme un miroir, au fond. Un miroir qui surgissait soudain pour l'interroger, à présent qu'il perdait, lentement, irrémédiablement, tout ce qu'il avait. Il ne doutait pas, d'ailleurs, que leurs frasques dans l'Allée des Embrumes allaient mettre un coup au prestige qu'il avait su obtenir dans la bonne société, pour ne rien arranger à sa situation intime, devenue complètement chaotique.
Qui était-il ? Il n'eut pas le temps de se poser la question, car Torin entra dans une diatribe qui coupa le souffle au jeune lord. Ils avait songé qu'aucun mot de Torin ne lui ferait de mal. Pourtant, il s'était levé, plus capable de rester sagement immobile, et sa respiration se comprimait sous un mélange de colère, de frustration et d'un miasme indescriptible de douleur, de rébellion et de peine. Pourquoi de la peine ? Aïlin n'attendait plus rien. Pourtant, constater d'à quel point son aîné était irrécupérable, s'était gâché dans une quête aussi absurde qu’inaccessible lui faisait mal. Peut-être parce que Torin lui renvoyait, aujourd'hui, le profil d'un homme qu'il craignait par-dessus tout de devenir, demain. Un homme sur lequel la réalité n'avait plus aucune prise, perdu dans un délire qui ne prendrait fin qu'avec sa mort.

Comment Torin pouvait imaginer une seule seconde que le Seigneur des Ténèbres se soit vraiment soucié de lui ? La colère ébranlait le cœur d'Aïlin, qui battait frénétiquement dans sa poitrine, et pourtant, il ressentit, quelque part au fond de lui, un soupçon de pitié pour Torin. Cette répartie était finalement une réponse. Peu à peu, le jour se levait sur l'obscurité de Torin. Aïlin entrevoyait maintenant les nœuds hautement complexe de sa personnalité. Tout comme lui, il avait cherché une figure paternelle. Et il s'était lourdement trompé.
Aïlin arpentait maintenant sa cage, la respiration haletante. Il s'arrêta devant les portes de sa geôle en prenant une inspiration, cherchant ainsi à atténuer le tumulte de ses émotions. Ses doigts caressèrent le verrou de sa cellule, puis glissa sur les barreaux avant de retomber sèchement contre son flanc. Il n'arrivait pas à éteindre le feu en lui, même en fermant les yeux et en tentant de faire le vide. Alors, inévitablement, la colère jaillit. Il se retourna brusquement et, en un éclair, se trouva devant les barreaux qui l'empêchaient d'atteindre son frère.


« Tu as vraiment cru que le Seigneur des Ténèbres se souciait de toi, alors ? Tu as vraiment cru qu'il serait le père que nous n'avons jamais eu ? Tu as tout faux, Torin. Tu t'es laissé manipuler par Voldemort comme moi je me suis laissé manipuler par toi ! Il t'aurait tué sans le moindre remord pour servir ses intérêts, il se fichait de ta vie comme de ta mort. Cet homme que tu admires n'était rien d'autre qu'un tyran capable de te donner l'illusion dont tu avais besoin, et tu t'es laissé berné comme un gamin, un misérable orphelin qui cherchait désespérément une illusion pour vivre. Car au fond, c'est tout ce que nous cherchons, n'est-ce pas ? L'illusion qui nous fera croire que notre vie vaut quelque chose. Regarde ce qu'il a fait de toi. C'était cela, que tu voulais ? Toi... L'ambitieux aîné qui visait l'un des plus haut postes du Ministère. Le pire, c'est que tu aurais pu y parvenir. Quel gâchis. »

Aïlin ignorait pourquoi il s'épuisait à parler aussi ouvertement et sincèrement au frère qu'il avait désiré tuer de ses mains quelques jours plus tôt, mais étrangement, cela avait quelque chose de libérateur. Ses pensées s'éclaircissaient, et il se sentait plus au clair avec lui-même, ou du moins, avec le rapport nébuleux et vicieux qu'il avait entretenu vis-à-vis de sa fratrie, même au-delà de leur mort.

« Au fond, Torin, tu me fais pitié. »

La sentence claqua sèchement alors que son regard se braqua, dépourvu de la moindre tolérance, sur son frère. Lorsque Torin baissa le regard et lui posa l'ultime question, le silence reprit ses droits dans les geôles. Un silence chargé, pesant. Puis, soudain, Aïlin s'entendit répondre avant même qu'il n'en eu conscience. Sa voix était agressive, mais d'une agressivité froide et sourde, tout à l'inverse de celle qu'il avait exprimée un instant plus tôt.

« Tu peux te flatter d'avoir fait de moi ce que je suis devenu, en grande partie. Tu dois connaître la réponse. Après tout, tu l'as dit toi même. Nous sommes pareils, toi et moi. »

L'avant bras relevé au-dessus de sa tête, appuyé sur un barreau de sa cellule, Aïlin fixa son frère en attendant que son regard d'acier se relève enfin dans le sien, où flambait clairement un cynisme sournois.
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptySam 30 Mar - 1:10:09

L'ex mangemort avait quelque part apprécié de voir son frère réagir et se lever lors de son petit discours, allant même jusqu'à lui faire face au plus près des barreaux. Cela voulait peut-être dire qu'il n'y était pas insensible. Et pourtant sa réponse fut sans appel. Il remettait en doute les intentions du Seigneur des Ténèbres lui même. Pourtant, même Ultan avait suivi cette voix et en avait semblé ravi : il avait eu la chance de tomber au combat et de ne pas connaître la terrible défaite, ce qui était tout à son honneur. C'est d'ailleurs pour cela que Torin n'avait pas choisi sa dépouille pour le rituel : il n'était pas utile de profaner la tombe d'un guerrier tant qu'il y avait d'autres corps à disposition. Et Aïlin osait parler sans savoir, lui qui n'avait jamais consenti à rejoindre la Sainte Cause comme on le lui recommandait. S'il avait connu le Seigneur des Ténèbres il aurait lui aussi une certaine amertume à le savoir trépassé.
Le poing de Torin s'était resserré pour ne pas répondre à un tel affront. Pour avoir, comme cela était si bien dit, lui même manipulé, il savait qu'il n'avait pas été manipulé. Il n'y avait aucun intérêt à manipuler une personne déjà fortement engagé dans la Cause. Ses convictions étaient inébranlable et il savait pertinemment que Voldemort l'avait soutenu et encouragé dans ses ambitions. Il l'avait même autorisé à tuer son père qui était à l'époque espion pour la Sainte Cause. Aïlin se méprenait sur toute la ligne, certainement à cause du bourrage de crâne. Tous ceux qui ne connaissaient pas le Seigneur des Ténèbres parlaient de lui comme un monstre car ils ne soutenaient pas les mêmes idéaux. Et pourtant il avait un honneur, sinon personne ne l'aurait suivi.

L'ancien Serdaigle tentait même de le rabaisser pour appuyer ses dires. Il comparait cette dévotion à la Sainte Cause à du gâchis. Il y avait effectivement eu gâchis, lorsque Potter avait vaincu Voldemort. Car la carrière de Torin, elle, battait son plein, il suivait une rapide ascension, il avait le respect de tous et ne lui manquait que l'expérience pour gravir les échelons. Et il était hors de question de croire qu'il avait misé sur le mauvais cheval, il avait naturellement suivi ses convictions et peu en importait le prix. La cause de sa déchéance n'était donc pas liée à ses idéaux, mais uniquement à ses ennemis. Aïlin n'avait peut-être finalement pas assez mûri pour être ainsi borné et ne pas voir la vérité en face. Il semblait encore croire que le monde était composé de gentils et de méchants, et que tout était toujours la faute des méchants. Pourtant, les supposés gentils n'allaient même pas en prison pour leurs crimes, les méchants y allaient pour trois fois moins.

Il achevait en disant que Torin lui faisait pitié, ce qui fit rire ce dernier intérieurement. La seule chose pitoyable, c'était de se retrouver ainsi en prison côte à côte à cause, en réalité, de ce maudit Potter. Et l'ex mangemort n'avait rien à prouver à son frère car il n'était pas pitoyable mais bel et bel noble de rester fidèle à ses convictions. Aussi désespérée que soit la cause.

Enfin, Torin avait implicitement demandé à son frère s'il désirait toujours l'achever. La réponse avait été vague mais Aïlin admettait avoir été influencé ou au moins marqué par son aîné, il reconnaissait enfin leurs similarités.
Torin avait-il besoin de lui demander de développer la question ? Pas vraiment, cela aurait été une marque de faiblesse. Il n'avait jamais cherché à le tuer de son côté mais il se savait détesté. Et quand lui-même détestait quelqu'un, il mettait tout en œuvre pour l'éliminer. La réponse était plus claire qu'elle ne l'avait semblé avant d'y réfléchir : Aïlin s'attendrait toujours à ce qu'il périsse, pensait-il. Alors il daigna enfin relever la tête vers son interlocuteur pour l'observer avec un sourire étrange.


« Il n'y a pas de quoi être flatté à ce que je vois. Hélas tu as échoué lors de ton unique occasion. Maintenant je suis sous la protection des aurors, donc à moins de me suivre à Azkaban... »

Torin se leva lentement, une main plaquée sur l'abdomen, sans quitter son frère du regard. Il n'avait nul besoin de terminer sa phrase pour se faire entendre. S'il s'était senti comme une victime précédemment, Aïlin avait ravivé la flamme en lui avouant que Torin avait marqué sa personnalité. L'ex mangemort sentait renaître cette sensation de toute-puissance autrefois omniprésente en son être. Celle qui lui avait permis d'être suffisamment à l'aise avec n'importe qui pour s'emparer de l’âme qui lui faisait face et l'émietter entre ses doigts. Rester loin de la civilisation lui avait fait perdre conscience de certaines notions, mais aussi de certains plaisirs. Comment avait-il oublié que les mots seuls servaient à créer toute une palette de réactions chez l'autre ? Il devait encore réapprendre à les manier comme par le passé, car pour l'instant il ne s'était pas franchement bien débrouillé. Mais une phrase inachevée, elle, avait la particularité de pouvoir déclencher toute une palette de réactions, ce qui était plus amusant.

Cependant, l'espoir que Aïlin se laisse ainsi taquiner était bien maigre, aussi s'approcha-t-il des barreaux sans être à portée de main. Maintenant, il souhaitait simplement l'énerver, ou encore l'intriguer, il ignorait encore ce que cela donnerait.


« Bien que l'idée de séjourner là bas me déplaise, tu comprends. Je suis revenu ici pour finaliser une partie de mes recherches car ma plus grande ambition, contrairement à ce que tu crois, n'est pas peine perdue. Ne pas confondre passion et travail. Et ce que je cherche à faire pourrait au final plaire à beaucoup de monde... »
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyDim 31 Mar - 13:58:18

« Il n'y a pas de quoi être flatté à ce que je vois. Hélas tu as échoué lors de ton unique occasion. Maintenant je suis sous la protection des aurors, donc à moins de me suivre à Azkaban... »
Aïlin renvoya à son frère le sourire que celui-ci lui adressait. Son regard l'étudia tandis qu'il se levait pour s'approcher de lui. Il remarqua, non sans s'en flatter, que Torin avait fait le choix de rester à une distance respectable de son cadet. Craignait-il, au fond de lui, qu'Aïlin ne tente de l'agresser à travers les barreaux, le pensait-il assez fou pour commettre un tel acte alors que des aurors n'étaient qu'à deux pas, comme l'aîné le lui rappelait ? Leurs cellules concomitantes n'étaient peut-être pas un hasard. Peut-être les « justiciers » attendaient-ils d'en apprendre plus sur les deux frères en les plaçant si proches l'un de l'autre. Aïlin ne demeurait pas emprisonné pour rien. Il se ferait certainement interroger à nouveau d'ici quelques heures, demain au plus tard, et les aurors étudieraient le moindre de ses gestes, pour découvrir ce que cette confrontation entre Bower avait donné, tant dans le discours que dans l'attitude du jeune homme. Aïlin n'était pas sot, il savait que les aurors attendaient avec une impatience frétillante de les cueillir séparément, voir, peut-être, l'un avec l'autre.
Se détournant de ces pensées, Aïlin baissa les yeux en direction du ventre de Torin, que celui-ci tenait d'une main. Souffrait-il encore ? Certainement, compte tenu des précautions qu'il avait pris pour se lever et se déplacer. Une noire satisfaction gonfla le cœur du jeune lord. Bien qu'il ait échoué à le tuer, Aïlin n'était pas peu fier de la façon dont il avait mis Torin à terre.

Bower ne bougea pas d'un pouce. Seuls ses yeux suivaient le mouvement de son frère, sans que ce sourire un peu morbide ne quitte son visage. En vérité, voulait-il encore sa mort ? Le temps le dirait. Pour l'instant, la réponse demeurait assez claire. Oui, il la désirait, car il ne comptait pas, de toute façon, partager quoi que ce soit avec son aîné. Le manoir et la fortune familiale étaient désormais siens, et il ne rendrait pas sa place dans la société sans se battre. Il allait de même pour sa place dans la famille. Aucune cohabitation n'était possible entre les deux frères, à moins que ceux-ci ne parviennent à un statu-quo, à se tolérer pour éviter toute vengeance meurtrière. Aïlin n'était plus cet enfant qui se laissait, tête baissée, ramener à son rang de cadet à qui l'on ne devait rien. Il avait découvert les joies de la prise de contrôle, et y avait pris goût.
Torin était un adversaire de taille. Il ne pouvait pas être aisément manipulé et contrôlé, à l'inverse de Lynn. Il n'y avait nul amour à entretenir, à sublimer, à utiliser en outil, voir en arme dévastatrice. Si Torin sortait de sa cage, c'était une guerre sanglante qui leur était promise. Aïlin était certain de ne plus pouvoir aimer ni admirer cet homme qui avait détruit le peu que le lord avait possédé.

La réponse que lui retourna Torin témoignait de cela. Il semblait, enfin, reprendre ses vieilles habitudes. Les phrases en suspens étaient sa spécialité, car il savait que son jeune frère tombait toujours dans le panneau. Le pouvoir qu'Aïlin lui avait accordé, par sa phrase irréfléchie, n'y était peut-être pas pour rien. Pouvait-il, de son côté, retourner l'arme de Torin contre celui-ci ? Il ne pouvait pas le dire, pour le moment. Dans quel but, d'ailleurs ? Torin était fini. Mort ou pas, il n'était plus un danger. Quoi que le jeune homme pensait, au fond de lui, que Torin demeurerait toujours un danger tant qu'il gardait la vie sauve. Merlin seul savait quels coups retors il pouvait user afin de retomber sur ses pieds. Torin avait raison. Le fait qu'il soit sous la protection des aurors était une défaite. Aïlin ne pouvait, pour l'instant, plus l'atteindre, si ce n'était par les mots.
Un rire étouffé échappa au jeune lord, tandis qu'il réfléchissait à la meilleure attitude à adopter. « Bien que l'idée de séjourner là bas me déplaise, tu comprends. » Cette phrase de Torin revint à l'esprit du plus jeune et ses pensées s'emballèrent. L'esprit manipulateur du jeune frère s'était définitivement réveillé.

Encore ici, Aïlin avait un pouvoir sur son frère. Finalement, seul lui avait les moyens de faire sortir son frère de sa geôle. Il avait des contacts, des gens capables de corrompre et de détruire toute les charges que l'on maintenait à l'encontre de son frère. Car, au fond, quelles preuves matérielles pouvaient-on rassembler contre Torin ? Les témoignages ne demeuraient être que la parole d'autrui. Toute parole pouvait être achetée. Si Aïlin donnait l'ordre à Lynn de revenir sur sa déposition, elle le ferait. Avait-il un intérêt, cependant, à agir de la sorte ? Comme il le pensait plus tôt, il n'y en avait à priori aucun. D'autant que, maintenant que la Justice savait Torin en vie, il devenait beaucoup plus risqué de le mettre à mort, à moins de se créer un alibi particulièrement solide. Aïlin savait bien que, s'il faisait sortir son frère de prison pour mieux l'éliminer, les soupçons se tourneraient immédiatement vers lui. Il avait le mobile, et avait démontré, dans cette allée, qu'il en était capable. Néanmoins, il y avait peut-être quelque chose à tirer du pouvoir qu'il avait entre les mains.


« Tu sais, Torin, je ne m'inquiète pas pour mon avenir proche. Je sortirai d'ici, sans tâche. Ou pas assez, du moins, pour compromettre ma carrière. Je pourrais te faire sortir d'ici, toi aussi. Mes amis seraient capable de faire en sorte qu'aucune preuve ne puisse te définir comme coupable des actes que l'on te prête. Nous pourrions sortir, tous deux, avec, au plus, une petite amende à payer et les excuses de nos bons amis de la Justice. Néanmoins, je ne vois pas encore en quoi il me serait profitable de le faire... »

Cette fois, Aïlin posa son front contre l'un des barreaux, pour s'approcher au maximum de Torin.

« Mais je pourrais le faire... À toi de m'en convaincre. Après tout, je ne peux plus t'éliminer aussi facilement maintenant que tout le monde sait que tu es en vie. Quelle pourrait être ma motivation ? »
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyDim 31 Mar - 18:28:23

Les plus grands ouvrages de nécromancie avaient été traqués puis brûlés ou jalousement conservés à l'abri des regards. Qui en ce monde pouvait bien se vanter de posséder un tel manuel et d'en maîtriser le savoir ? Personne, sinon des anonymes non désireux de faire connaître cette noble magie au grand jour. Les airs profanateurs d'une telle pratique avaient poussé la Confédération Internationale à en faire un sujet tabou et illégal. Mais qu'en était-il si des corps n'étaient pas insultés lors de rituels ? Pouvait-on considérer les tableaux des défunts comme une forme de nécromancie car ils permettaient de communiquer avec les morts ? La frontière entre le légal et l'illégal était si floue et l'ex mangemort avait passé beaucoup de temps à s'imaginer comment il pourrait la décaler légèrement afin de publier un art (presque) nouveau au grand public. Et de se faire ainsi connaître comme un grand érudit.
Car si pour le moment rien de ce qu'il n'avait fait était légal -puisqu'il avait profané des cadavres- son but ultime n'était pas d'animer les corps comme il le faisait pour l'instant. Non, il voulait en premier lieu élaborer un rituel stable pour donner aux corps la force de se mouvoir, même sans âme. Une fois le mystère percé, il pourrait alors s'attaquer au plus difficile : réveiller une âme. Car si le corps était fait d'une chair au pouvoir de se mouvoir, l'âme, elle, était faite de souvenirs et de magie. La théorie selon laquelle les possessions les plus chères au défunt s'imprégnaient de son âme tout au long de sa vie était très complexe mais plausible. Torin avait eu pour premier métier enchanteur d'objets, il pensait donc en savoir quelque chose. Il avait constaté que les articles qu'il fabriquait ne tiraient pas seulement leur pouvoir des enchantements appliqués, mais aussi de ses états d'âme lorsqu'il les enchantait. Il avait par exemple vendu deux coffrets censés attaquer toute autre personne que son propriétaire au même homme et celui-ci lui avait rapporté que l'un se montrait menaçant à l'approche d'un étranger, tandis que l'autre attaquait l'inconnu sans prévenir. Pourtant les deux objets avaient subi exactement le même rituel d'enchantement, mais à deux périodes complètement différentes dans la vie de leur créateur.

Alors oui, il pensait qu'il existait un lien logique entre les possessions chères à un être perdu et la possibilité de communiquer au moins un bref instant avec son âme, sans même parler d'horcruxe. Et c'est en cela qu'il pensait ses travaux d'une importance capitale pour l'intégralité de la communauté sorcière. Car si le but semblait égoïste et maléfique, il pouvait aussi être perçu comme un outil révolutionnaire en matière de justice. Tous les meurtres pourraient être résolus si la victime avait vu la tête de son bourreau et était capable de donner un nom, enfin seulement si les enquêteurs arrivaient à mettre la main sur un objet suffisamment cher à son âme.
Mais cela, il ne pouvait pas en parler à Aïlin, ce projet si grandiose était trop compromettant pour un ex mangemort. Pourtant son cadet lui donnait quelque part l'eau à la bouche en lui disant qu'il était capable de le faire libérer. Une telle chose s'avérait-elle de bonne augure ? Comme il le disait si bien, qu'y gagnerait-il ? Ou était-ce simplement un subterfuge, soit pour le narguer inutilement, soit pour le faire exécuter par une main mystérieuse à qui il ne serait jamais relié ?

Torin restait sceptique, son regard confronté à celui de son frère qui s'était approché au maximum. Il fronçait légèrement les sourcils, caressant l'envie d'utiliser la légilimencie, bien que celle-ci ne semble pas commode en cet instant. Il essayait donc de comprendre par lui-même au point de retourner la question à Aïlin : quelles pourraient être ses motivation pour le faire libérer?


« Je me le demande aussi. »

On semblait lui tendre une carotte, mais à quelles fins ? Son désir de liberté était-il suffisamment grand pour laisser sa vie entre les mains de celui qui venait d'essayer de le tuer ? Il ne pouvait pas se permettre d'user d'une fierté dont il se trouvait dépossédé en déclinant simplement l'offre. Quelle que soit l'issue du procès, sa vie était compromise. Et par vie, il entendait avenir, recherches et aspirations. Existait-il encore un moyen viable de retourner à la civilisation ? Toutes ces questions devenaient trop pour lui. Si son frère avait cherché à semer le trouble dans ses pensées, c'était réussi et il l'admettait volontiers.

Torin soupira puis leva les yeux au ciel. Il avait de plus en plus de mal à se retenir, il voulait entrer dans la tête de son frère pour voir ce qui s'y tramait et il avait rompu le contact visuel pour éviter que ses réflexes ne prennent le dessus. Il devait rester maître de lui-même et ne pas utiliser une dangereuse facilité, leçon qu'il avait retenue suite à un entretien avec le Seigneur des Ténèbres. Les réponses son bien plus intéressantes lorsqu'elles sont obtenues naturellement et sans une agressivité qui pourrait être mal perçue lorsqu'on lui tendait peut-être la main.
Mais ç'en était trop, s'il voulait découvrir les intentions de Aïlin, il devait d'abord lui révéler les siennes et instaurer un semblant de confiance entre les deux frères. Car il comprenait que le plus jeune rivalisait désormais d'ingéniosité tout autant que lui.

Il passa sa main sur son front puis la laissa glisser dans ses cheveux jusqu'à ce qu'elle vienne soutenir la base de son crane. Il ferma un bref instant ses yeux d'acier pour les rouvrir en direction de son cadet.


« Je ne sais pas ce que tu cherches à faire. C'est à toi de me le dire, pas à moi d'aller chercher la réponse dans ta tête. Je ne vois pas pourquoi tu me ferai libérer... A moins que tu ne me crois capable de rectifier les torts que j'ai commis? »

Incorrigible. A croire que ni l'un ni l'autre n'était capable d'exprimer franchement son idée. Torin, pour sa part, ne posait pas vraiment une question, il cherchait à insinuer d'une manière mystérieuse qu'il avait quelque chose à offrir contre sa liberté. Mais un je-ne-sais-quoi le retenait d'en dire plus. L'excitation à l'idée qu'il ait une chance de reprendre ses travaux se mêlait à la crainte des conséquences que cela pourrait engendrer. Et si un jour il arrivait réellement à entrer en contact avec l'au-delà ? Et si le moment venu les morts ne lui disaient pas ce qu'il voulait entendre ?
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyDim 31 Mar - 23:33:22

Dur dilemme, qu'offrait Aïlin à son frère. Le lord voyait les rouages de son intelligence fonctionner à toute allure à travers l'acier miroitant de Torin. Celui-ci lui répondit en avouant ne posséder aucun argument qui pourrait aller en faveur du pardon. Que cherchait exactement Aïlin ? Il ne le savait pas exactement, pour l'instant. Semer le trouble dans l'esprit de son frère, cela était certain, mais dans quel but ? En apprendre davantage, pousser son frère dans les tréfonds de son âme, avec les armes qu'il avait en sa possession. En apprendre, peut-être, plus sur ce fameux projet dont lui avait parlé Torin, l'air de ne pas y toucher. Lui donner une motivation pour se révéler, voir, aussi, jusqu'où il était prêt à repousser son orgueil pour éviter la prison à vie. Peut-être qu'ainsi, Aïlin saurait à quoi s'attendre dans les semaines qui allaient suivre.

Torin leva les yeux, coupant court à leur échange de regard. Son geste de la main, qu'Aïlin attribua à de la lassitude, n'échappa pas au plus jeune des frères, mais il se garda bien d'ajouter quoi que ce soit, laissant la possibilité à Torin de s'exprimer davantage. Ce qu'il fit bientôt, en braquant de nouveau les yeux en direction de son cadet.
Aïlin se déconcertait lui-même. Torin avait une influence étrange sur lui, malgré lui. Le concerné n'en avait certainement pas conscience, et pourtant. Pourtant, voilà qu'il pensait à d'autres alternatives que le meurtre, voilà qu'il cherchait réellement à savoir ce qui pourrait le motiver à laisser une chance à son mangemort de frère. Qu'est-ce qui motivait un tel retournement de situation ? Aïlin savait qu'en ce moment même, Torin ne le manipulait pas. S'il essayait, il n'y parvenait pas. L'alchimiste maîtrisait la situation et se sortait très honorablement de leur joute verbale. C'était lui qui pensait ainsi, c'était lui qui s'imaginait une autre façon de se venger de son frère. Une vengeance peut-être plus sournoise, dont Torin n'aurait peut-être pas conscience. Ou pas entièrement. Un acte de mansuétude, prétexter le pardon pour assoir son pouvoir, était bien plus retors que de se laisser aller à toute sa haine. Que Torin lui soit redevable serait, en un sens, le soumettre. C'était là un jeu particulièrement dangereux. Celui qu'Aïlin voulait maîtriser n'était pas n'importe quel sorcier. C'était un mage noir, intelligent, pervers, imprévisible.
Quel était l'intérêt, réellement, de se mettre ainsi en danger ? Torin refusait d'aller chercher la réponse dans l'esprit de son frère, et celui-ci se doutait d'ailleurs qu'il n'aurait pas trouvé de réponse, même s'il l'avait essayé. Car Aïlin lui-même ne la possédait pas. Il nageait en plein paradoxe, navigant entre son envie de se débarrasser définitivement du mage noir et de lui montrer à quel point il avait grandi, gagné en puissance. Si l'alchimiste avait pris du recul sur ses émotions, il aurait fini avec une horrible migraine, sans l'ombre d'un doute. Mais à l'heure actuelle, il agissait à l'instinct, ressentant, au fond de lui, le plaisir d'un prédateur traquant sa proie.

Le lord se redressa de toute sa hauteur en se reculant d'un pas, puis de deux. Il glissa les mains dans les poches de son pantalon de costume, encore tâché du sang de Torin. Croyait-il, en effet, Torin capable de réparer ses fautes ?


« Il y a bien trop de choses que tu ne puisses réparer. Mais... peut-être... Cela ne dépend pas de moi, ni de ce que je pense. »

Aïlin sembla soudain se désintéresser complètement de Torin, bien qu'en réalité, rien n'était plus faux. Il fit quelques pas à travers sa cellule, puis balaya du regard le couloir vide et terne qui s'étalait devant eux.
Pour le moment, Aïlin n'était plus certain de ce qu'il désirait, mais il savait que, bientôt, il devrait faire un choix vis-à-vis de Torin. Quoi qu'il puisse dire, quelle qu'était sa haine et sa rancoeur vis-à-vis de lui, il demeurait être son frère. Un frère qui était en train d’entacher sévèrement sa réputation en se rappelant à la mémoire collective. Il tourna complètement le dos à Torin et baissa la tête, pour prendre une goulée d'air froid.


« Une chose est sûre, cela dit. Si je changeai d'avis à ton sujet, je ferai en sorte que tu ne puisse plus jamais faire le moindre mal à notre famille, ainsi qu'à ceux qui me sont proches. Je resterai le lord Bower, car de toute façon, tu n'as aucun intérêt à porter le titre d'un père que tu méprises. Et... la moindre tâche que tu feras à notre nom, je te le ferai payer au centuple. Moi aussi j'ai de grands projets, qui apporteraient beaucoup au monde sorcier. Je ne laisserai personne s'interposer entre moi et mon but. »

Il était clairement présomptueux, et jouait de cela. Son arrogance allait certainement heurter Torin et avec un peu de chance, le pousser dans ses derniers retranchements. Finalement, cette sorte de vengeance était bien plus jouissive encore qu'avoir Torin à la merci de sa baguette. L'idée de le mettre à terre, de l'obliger à se traîner à ses pieds pour s'en sortir, était un plaisir d'une saveur inégalée. Il comprenait, à présent, pourquoi le mage noir en avait tant profité. Il avait aussi eu aussi peu de scrupules avec autrui qu'Aïlin en avait aujourd'hui avec lui, et rien ne l'avait retenu d'user de ce pouvoir fascinant. Le pouvoir de la manipulation. Il avait eu l'avenir devant lui, tout lui réussissait, son maître gouvernait le monde magique. Il n'avait eu aucune entrave, et en avait certainement été grisé. Aïlin fit face à son frère, les sourcils haussés, comme s'il espérait quelque chose de particulier de la part de son frère.

« Si je n'ai pas pu te tuer comme je le voulais, peut-être est-ce le destin qui t'offre une chance de te racheter. De rééquilibrer la balance, au moins entre nous. Cela dit... je ne suis pas sûr que Lynn te pardonne, elle. Il me faudrait une sacré motivation pour la convaincre du bien fondé de la chose. Si je devais te reprocher une seule chose, ce serait d'avoir mis le viol de Lynn sur le dos de Père pour me pousser à le tuer. Dis moi, qu'est-ce que tu peux faire, pour réparer ça ? »

Aïlin s'approcha de nouveau du mur de barreaux qui les séparait et jaugea son frère. La réponse lui semblait évidente. Il n'y avait rien que pouvait faire Torin contre la mort de leur père. Rien qui puisse réparer le fait que l'âme de son frère ait été souillée par le meurtre. Il tenait à l'entendre dire, à voir Torin sans le moindre argument. À découvrir si un homme comme son frère était capable de demander le pardon pour sauver sa peau.
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyLun 1 Avr - 1:45:42

Certes, l'ex mangemort ne pouvait pas réparer tous les préjudices comme le lui rappelait Aïlin. Mais de là dire que cela ne dépendait pas de lui... Parlait-il de Lynn ? Torin voulait bien faire quelques efforts s'il gagnait sa liberté en contrepartie. Puisse-t-il réellement l'obtenir ? A quel prix ? Son jeune frère avait-il comme idée de le jeter en pâture, ligoté, à leur sœur ? Payer plus que le prix qu'il n'était prêt à donner, cela reviendrait-il à ne pas être libre du tout ? Il lui fallait prendre des précautions avant de se lancer dans une telle entreprise car quelque chose lui disait qu'il ne serait pas au bout de ses surprises. Pour le moment, rien n'était fait, les mots n'avaient aucune importance tant qu'ils n'étaient pas associés aux actes, alors il pouvaient bien discuter autant qu'ils le souhaitaient.

Aïlin avait détourné son attention, faisant quelques pas dans sa cellule tandis que Torin en profitait pour laisser tomber la main posée derrière son crane. Il n'était pas totalement remis de ses blessures et rester debout -malgré la crédibilité qu'une attitude donnait à une discussion- lui en coûtait, aussi retourna-t-il s'asseoir sur son banc en maintenant toujours et encore son abdomen. Il continuait cependant d'observer son frère, bien que ce dernier lui tourne le dos.

Torin était-il en train de rêver ou son cadet négociait en cet instant même les termes d'une éventuelle libération ? Il se demandait si le tour de légilimencie effectué lors de leur combat n'avait pas eu plus d'effet qu'il n'y avait paru. Il lui avait fait entendre qu'il ne ferait que se rabaisser à son niveau si d'aventure il le tuait. Alors était-ce là un moyen de se démarquer ?
Dans tous les cas, ses propos étaient clairs. Il voulait être le maître de leur petit jeu. Une manière d'inverser les rôles du passé, peut-être. Le Torin digne et fier d'autrefois lui aurait d'ailleurs ri au nez d'une manière cinglante en entendant ces propos. Mais le Torin d'aujourd'hui, que voyait-il ? Déjà, il n'était plus en position de faire souffrir qui que ce soit, son âme blessée depuis la chute du Seigneur des Ténèbres, il n'en avait peut-être même plus la force. Renoncer à son titre ? N'était-ce pas déjà le cas depuis plus de deux ans ? Quant au fait de tâcher leur nom, comment le pourrait-il ? Si par miracle il échappait à la prison, il ne serait pas assez fou pour s'y condamner d'une manière concrète et irrévocable. Il n'irait pas non plus s'acoquiner d'une femme au sang impur. Même s'il avait toujours haï leur père, il n'avait jamais sali son nom puisqu'il avait œuvré tout comme lui pour Voldemort. Torin se permit d'ailleurs un sourire puisque c'était Aïlin lui-même qui salissait ce à quoi aspirait leur nom, cependant il était inutile de lui en faire part dans la situation actuelle.

Et enfin, celui qui se faisait appeler « Lord » lâchait le morceau sur sa profession. Torin devait-il se montrer compréhensif ? Lui dire que tous deux avaient d'aussi grands projets, qu'ensemble ils révolutionnerait le monde des sorciers, que rien ni personne ne les arrêterait ? Non mais vraiment, était-on toujours dans ce pseudo conte de fée où le méchant frère finit par se repentir pour qu'ils puissent à nouveau former une grande et heureuse famille ? La situation se faisait de plus en plus ironique. Mais la curiosité du mage noir avait été éveillée. Qu’est-ce que son simple frère pouvait bien entreprendre qui soit encore plus grandiose que de raviver les morts ? Non pas qu'il le sous-estime, mais sa foi en la nécromancie était telle qu'elle projetait l'ombre sur toute autre magie. Alors le doute s'installa. Torin pensait avoir brûlé toutes ses recherches au manoir. Se pouvait-il qu'Aïlin ait trouvé le moyen de mettre la main sur ses travaux ? Qu'était donc ce fameux but ?
Rien qu'à l'idée que son frère ait pu lui voler son art, la rage se mit à bouillonner dans son sang. Il aurait voulu bondir sur les barreaux pour tenter de le saisir mais sa blessure l'en empêchait. Alors il se contenta de fusiller le « Lord » du regard en empruntant un ton des plus agressif.


« Qu'est-ce que tu mijotes!? »

Mais son frère n'en avait pas fini, il s'était enfin retourné pour lui faire face et poursuivre. Il parlait à présent de destin, une chose nébuleuse à laquelle il était impossible de se fier. En revanche, Torin était effectivement en vie là où beaucoup avaient trépassé. D'ici là à associer cela à Dame Fortune lui donnant sa seconde chance... Autant se conforter dans l'idée que ce puisse être cela, même si l'ex mangemort se complaisait davantage à penser qu'il ne devait sa survie qu'à lui même et à son avenir peut-être plus prometteur qu'une prison aussi sordide qu'Azkaban. Il pouvait donc envisage de faire quelques concessions pour Aïlin... Si ce dernier n'était pas un aspirant nécromancien et que son but était à la hauteur de ses dires. Torin n'avait rien contre l'ambition, bien au contraire, ceux de son sang, s'il n'étaient pas voués à mourir dans l'ombre, se devaient de prouver leur grandeur.

Mais -et cela avait été si prévisible- la question de Lynn était officiellement abordée. En plus de la colère, Torin commençait à ressentir du dégoût. S'il avait répondu la première chose qui lui passait par la tête, ça aurait donné « Qu'importe ce que cette chose écœurante puisse ressentir. Dis-moi, qu'est-ce que tu peux faire, pour réparer la perte du Seigneur des Ténèbres ? » mais il se retint. Le monde avait bien plus souffert lorsque Voldemort s'était éteint. Stupide sentimentalisme. Comment expliquer qu'au fond, Lynn avait pris part à un plan mille fois plus important qu'elle ? Comment expliquer que le Maître exigeait de Torin qu'il prenne une place d'espion aussi importante -voir plus- que celle de leur père au sein du Ministère pour être autorisé à le tuer, et que par conséquent... Il devait faire d'une pierre trois coups en corrompant Carpenter à l'aide du corps de Lynn pour gravir plus vite les échelons, et dans un même temps, utiliser la légilimencie pour modifier les mémoires afin de faire soupçonner Devin Bower par Lynn et Aïlin pour que ce dernier le tue et que Torin ne se salisse pas les mains. En repensant à ce coup de maître, l'ex mangemort songeait qu'il était un grand génie, et qu'en tant que tel, il se devait de continuer d'utiliser sa meilleure arme : son esprit.

Pour mettre Aïlin en confiance -ce dernier ayant aussi révélé qu'il avait des grand projets- il devait finalement lui avouer une partie de ses travaux. Il espérait toujours que son frère ne soit pas lui aussi nécromancien, ou au moins pas aussi avancé. Il tenait dans le creux de sa main la voie de la rédemption, aussi hypocrite soit-elle. La petite pleurnicharde devait être réconfortée même après tant de temps ? Soit, il lui ferait cette faveur pour la « remercier » en quelque sorte d'avoir été la pièce centrale de son plan victorieux.
Torin tenta donc de calmer la colère qu'il conservait en lui. Il fronça les sourcils, mais davantage comme synonyme d'une réflexion intense. Sa liberté coutait-elle plus chère que le secret de ses travaux et sa fierté?


« Je n'ai jamais compris pourquoi elle n'a pas voulu d'un sortilège d'amnésie. Je me doutais qu'un jour ou l'autre, vous seriez au courant de cette fâcheuse vérité... Une idée du chef. Irréparable, mais si cela peut apaiser les consciences, il existe un moyen pour vous mettre en communication avec l'âme -intacte- de Père. »

Il avait pris soin d'utiliser le mot « chef » pour désigner le Seigneur des Ténèbres. Il était même prêt à légèrement tâcher sa mémoire en modifiant l'exactitude des faits pour passer, comme le lui avait reproché Aïlin, pour un pion complètement manipulé. Puis, il avait partiellemnt révélé ce qu'il manigançait avec la nécromancie, il s'imaginait que Aïlin serait ravi d'être au courant. Peut-être même n'attendait-il que ça, et Torin cédait, lui laissant en apparence la victoire.
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyLun 1 Avr - 21:03:23

Aïlin s'était attendu à déclencher la colère de Torin, et n'en était pas déstabilisé. Au contraire, cela l'avait amusé. En revanche, s'il y avait une chose qu'il n'avait pas envisagé, c'était que son frère puisse trouver quoi répondre à sa pseudo question. Quelque chose qui figea Aïlin de stupeur, sans qu'il ne puisse empêcher l'incrédulité d'apparaître sur son visage. Entrer en contact avec l'âme de son défunt père... Rien que cela. Une seconde de silence passa, avant qu'Aïlin ne reprenne la parole.

« Quelle magie pourrait... ? »

Le jeune lord ne termina pas sa question. Une hypothèse venait d'émerger de son esprit, hypothèse qui lui serait apparue hautement improbable si Aïlin ne connaissait pas si bien son frère. Il y avait bien une forme de magie qui permettait de réveiller les morts. Une magie taboue, crainte par la grande majorité de la population sorcière, rejetée au rang de sorcellerie immorale et particulièrement noire. La nécromancie. Se pouvait-il que Torin ce soit intéressé à cette branche obscure et méconnue ? La réponse venait d'elle-même. Oui. Cela surprenait Aïlin malgré tout. Pourquoi le mage noir se serait-il tourné vers cette pratique ? Il n'en avait pas la moindre idée. Sa fascination pour la mort, peut-être. Cela était probable. Aïlin lui-même éprouvait de la fascination pour la mort et ses mystères. Torin avait toujours été ambitieux. Qu'y avait-il de plus glorifiant que de se passionner pour une magie aussi puissante et dangereuse que la nécromancie ?

Cela ne pouvait bien n'être que des paroles en l'air. Aïlin sonda le regard de son frère, sans y trouver, pour autant, la moindre trace de mensonge. Cela ne signifiait rien pour autant, car Torin était passé maître dans l'art de tromper. Le croire sur parole aurait été d'une grande stupidité, et pourtant, quelque chose disait à Aïlin que son frère n'était peut-être pas en train de bluffer. D'ailleurs, la réponse était venue trop vite, trop naturellement, pour qu'elle soit fausse. L'alchimiste doutait que son aîné ait pu envisager la culpabilité de son frère et ainsi, préparer une réponse susceptible de motiver Aïlin à le sauver d'Azkaban. Il n'avait pas eu l'occasion d'aller si loin dans son esprit, lors de leur affrontement. Il semblait bien que les deux frères aient, chacun de leur côté, éprouvé une attirance pour des arts marginaux et puissants, deux arts parfaitement opposés et, en un sens, aussi complémentaires que l'étaient le jour et la nuit. Drôle d'ironie...


« La nécromancie, c'est ça ? Comme quoi, même sans le savoir, il faut que nous nous opposions dans nos arts... »

Commenta Aïlin, sans plus aucune trace d'arrogance. Il réfléchissait maintenant, pesait le pour ou le contre, sentant ses convictions s'effondrer les unes après les autres, à son plus grand désarroi. Torin pouvait-il réellement faire ce qu'il venait de proposer ? Y avait-il réellement un moyen de faire revenir l'âme d'un mort ? Aïlin croyait en la survivance de l'âme, cependant, il ignorait comment cela se produisait, et ce qu'il restait de l'identité du sorcier dans l'âme séparé du corps. C'était, à son sens, encore qu'une hypothèse, à laquelle il ne pouvait apporter aucune preuve tangible. Nul ne savait ce que devenait une âme qui passait le fameux tunnel, car les seuls trépassés qui pouvaient témoigner de leur mort ne l'avaient justement pas passé. Ils étaient restés coincés dans le monde matériel, errant à tout jamais dans un même endroit, comme les fantômes de Poudlard.

« Comment pourrait-on rappeler l'âme d'un mort sans la coincer à tout jamais dans ce monde, à l'instar des fantômes ? »

Aïlin n'était pas certain d'obtenir une réponse de son frère, et d'ailleurs, il s'exprimait plutôt pour lui-même, tentant d'éclaircir ses pensées. Une autre pensée eut le malheur de surgir dans l'esprit de l'alchimiste, mais celui-ci la repoussa avec répugnance, comme si elle ne venait pas de lui ou, du moins, était trop amorale pour être réellement envisagée. Si Torin était capable de forcer une âme à faire le chemin inverse, pouvait-il, lui, Aïlin, l'intégrer à un corps par le biais de l'alchimie ? Ressusciter son père était une idée complètement folle, et il s'écoeurait à l'envisager. C'était un acte contre nature, plus encore que de ramener une âme de l'au-delà, car cela aurait été irréversible, qu'elles qu'étaient les conséquences. Et celles-ci pouvaient être terribles.

« Et à quel prix un tel acte pourrait être perpétré... ? »

Aïlin passa ses mains sur ses tempes et se détourna de Torin. Il alla pour s'installer à son tour sur ce qui lui servait de lit, mais s'immobilisa lorsque des portes claquèrent dans le lointain, puis que des pas retentirent dans le couloir. L'alchimiste jeta un regard par-delà les barreaux de sa prison. Quelqu'un venait, les deux frères devraient certainement reprendre cette conversation plus tard. Pour le moment, Aïlin prenait la décision de rester sur la version qu'il avait déjà raconté aux aurors, si tenté que c'était lui que l'on venait chercher pour l'interroger encore. Il n'agirait pas sur un coup de tête, les risques étaient trop grands.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyMar 2 Avr - 11:24:45

Spoiler:


Lynn s’affairait à son atelier, profitant qu'aucun client ne traînait dans la boutique. La journée avait été chargée et elle était bien contente d'avoir un peu de répit pour s'occuper de ses dernières commandes.
Ces dernières semaines avaient vraiment été éprouvantes. La tentative de suicide d'Aïlin et le départ de Clarisse avaient plongé les survivants Bower dans le chaos. La jeune enchanteresse prenait beaucoup sur elle pour aider son frère un maximum. Il semblait aller un peu mieux, mais elle ne pouvait s'empêcher de l'observer avec inquiétude à chaque fois que ses yeux se posaient sur lui. N'attendait-il pas simplement une nouvelle opportunité ? Une occasion de réitérer son geste sans risque d'échec? Lynn dormait mal au manoir. Aux aguets du moindre bruit en provenance de la chambre de son frère, elle se réveillait souvent en sursaut et se levait plusieurs fois par nuit pour aller vérifier qu'il respirait toujours. Elle était moralement épuisée et cherchait des signes d'amélioration dans chaque parole ou action de son frère, mais ce dernier était depuis bien longtemps devenu un maître de la manipulation. Elle se sentait désormais incapable de lire son cœur ou de comprendre son âme. Il lui était tout à fait imperméable et lorsqu'il se forçait à lui sourire, elle ne savait dire ce qu'il ressentait réellement.
La clochette de la porte retentit et Lynn leva les yeux pour apercevoir son petit ami. Agréablement surprise, elle se leva pour le rejoindre.

- Matt ! Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t-elle en l'embrassant.
Son air lugubre l'inquiéta et elle perdit son sourire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Tu peux fermer un peu plus tôt ?
Prise de cours, elle acquiesça alors qu'il retournait le panneau "Ouvert" pour empêcher l'arrivée de nouveaux clients.
- Oui, oui, bien sûr, pourquoi ?
- Il faut que je te parle, allons chez toi.
Sa voix était pressante et Lynn fronça les sourcils. Elle n'aimait pas ça.
- Matthew, tu me fais peur. Dis-moi ce qu'il se passe. C'est Aïlin, c'est ça ?
Elle s'imaginait déjà le pire. Avait-il fait une nouvelle tentative de suicide, cette fois loin de tout témoin pour être sûr que personne ne le sauverait ? Avait-on retrouvé son corps froid et sans vie dans une quelconque ruelle sordide ?
- S'il te plaît, Lynn.
- Non ! Dis-moi ce qu'il se passe ! Maintenant !
L'Auror passa ses mains sur son visage, comme s'il cherchait ses mots. Hésitant, il la prit par les épaules et l'obligea à s'asseoir.
- Aïlin a été arrêté.
Pendant un instant, pendant une poignée de secondes, le soulagement fut si fort qu'elle en aurait presque rit.
Mais cette sensation fut de courte durée face au visage grave de Matthew. L'estomac noué par l'appréhension elle demanda prudemment:

- Arrêté pour quoi ?
- Agression et tentative de meurtre.
Les yeux de Lynn s'agrandirent d'incrédulité.
- C'est ridicule, Matt. Jamais Aïlin ne ferait une chose pareille.
A moins qu'il ne soit sous l'influence de la drogue, mais ça ne pouvait pas être le cas. Il allait mieux, ou du moins avait-elle été persuadée que c'était le cas... elle ne pouvait pas être constamment sur son dos, elle lui faisait confiance, il avait trop souffert du manque pour retomber dans ses vieux travers... c'est en tout cas ce qu'elle voulait désespérément croire.
- On l'a trouvé au beau milieu de l'allée des embrumes. J'étais là. Il était à deux doigts d'achever son adversaire...
La boule d'angoisse dans son estomac se resserra et comprit que la réponse à sa prochaine question serait déterminante.
- Qui était-ce ?
Elle vit dans le regard de l'auror que cela n'allait pas lui plaire, mais elle n'imaginait pas à quel point.
- C'était Torin, Lynn. Il est en vie.
La jeune femme eut l'impression qu'un violent coup à l'abdomen avait vidé tout l'air de ses poumons et elle s'attrapa la gorge douloureusement comme pour chercher un peu d'air.
- Non... C'est impossible...
Elle s'agrippa à lui et lui jeta un regard suppliant.
- C'est impossible, Matt...
Mais au fond, elle savait déjà que ça ne l'était pas. Il n'y avait que Torin pour pouvoir amener Aïlin dans ses retranchements et le pousser à de telles extrémités. Et au fond, elle avait toujours trouvé la mort de Torin trop simple, trop facile pour un monstre tel que lui… mais elle avait tellement, tellement voulu que ce soit vrai !
Elle était reconnaissante à Matthew de l'avoir faire asseoir car elle n'était pas sûre que ses jambes auraient pu la porter.
Elle se concentra sur son bouclier d'occlumens avec plus de force qu'elle ne l'avait fait au cours de ces deux dernières années. Elle devait rester maîtresse d'elle-même, à tout prix, même si elle avait l'impression que son monde s'effondrait à nouveau et qu'il ne faudrait pas grand chose pour qu'elle perde pied. Elle ferma les yeux quelques instants pour essayer de reprendre son souffle et calmer ses angoisses. Elle aurait voulu lui poser des tonnes de questions, mais pour l'instant, une seule avait de l'importance.

- Où est Aïlin ? Comment va-t-il ? Il est blessé ?
- Il est à Sainte Mangouste, ils s'occupent de lui. Il va.. plutôt bien vu les circonstances..Ils l'enverront en détention provisoire d'ici un jour ou deux. Je lui ai conseillé de coopérer mais...
Il grimaça, lui faisait comprendre que le Lord n'avait pas été très réceptif.
Le découragement qu'elle sentait dans sa voix ne fit qu'accentuer le sien.
Il ne fallait pas qu'elle se laisse aller, il ne fallait surtout pas qu'elle repense à tout ce que Torin lui avait fait. Pas maintenant. Elle ne pouvait pas perdre ses moyens, elle ne pouvait pas laisser tomber Aïlin. Il fallait qu'elle l'aide et pour ça elle devait en savoir davantage.

- Que s'est-il passé?
- On a reçu un appel signalant un affrontement sanglant dans l'allée des embrumes... quand on est arrivé ils étaient tous les deux à bout de force mais aucun ne semblait vouloir abandonner. Déclara Matthew. Je n'avais jamais vu ton frère comme ça... J'ai même eu du mal à le maîtriser...
Lynn frissonna. Elle imaginait très bien la scène. Une fois dans sa vie elle avait vu Aïlin ainsi, les traits défigurés par la haine, ivre de colère et de vengeance... lorsqu'il avait tué leur père... Au souvenir de ce jour-là, son cœur se serra. Aïlin ne méritait pas de revivre tout ça... aucun d'eux ne le méritait.
- Ça n'a aucun sens... c'est de Torin qu'on parle. Un ex-mangemort psychopathe ! Ils ne peuvent pas reprocher à Aïlin d'avoir essayé de se débarrasser de lui alors qu'il était censé être déjà mort !
- Des témoins l'ont vu lancer un sortilège impardonnable, Lynn, il risque de gros ennuis.
Lynn ferma les yeux et appuya la paume de ses mains contre ses paupières. Sa tête la lançait douloureusement et elle se sentait nauséeuse. Il fallait qu'elle se concentre, il ne fallait pas qu'elle se laisse aller. Elle ne laisserait pas tomber Aïlin, elle ne laisserait pas Torin gâcher leur vie une énième fois. Elle mettrait tout en œuvre pour l'empêcher de refaire du mal à quiconque.
- Si seulement on avait mis quelques minutes de plus à arriver... soupira Matthew, amer. Juste quelques minutes auraient suffit.
Elle releva les yeux vers lui et se redressa pour l'enlacer, cherchant à lui communiquer un peu de réconfort tout en en puisant elle aussi. Il y avait en lui le même désespoir de savoir l'ancien Mangemort en vie. Après tout, Torin avait tué sa petite sœur... son cœur aussi criait vengeance, seulement Matthew ne pourrait jamais se résigner à supplanter la justice telle qu'il la percevait. Pas comme Aïlin, ou elle... s'il avait accepté et comprit le meurtre de Carpenter, elle doutait qu'il soit jamais capable de la même chose. Elle eut l'impression qu'un fossé était soudain apparu entre eux et elle eut envie de pleurer. Au lieu de ça, elle essaya de se concentrer sur son frère et sur ce qu'elle pouvait faire pour lui. Elle quitta la chaleur de ses bras et plongea son regard d'acier dans les prunelles de l'Auror.
- Il faut que je vois Aïlin.
- Tu ne peux pas, personne n'est autorisé à lui rendre visite pour l'instant.
- Tu ne comprends pas, il faut que je le vois, il faut absolument que je lui parle ! Tu dois m'aider !
- Je ne peux rien faire, je suis trop impliqué, ils ne me laisseront pas l'approcher.
- Alors trouve un moyen ! S'écria-t-elle si violemment qu'elle le vit réprimer un mouvement de recul.
Elle mit une main devant sa bouche et lui jeta un regard terrorisé alors qu'elle sentait les mots s'étrangler dans sa gorge:

- Pardon... excuse-moi...
Elle se sentait terriblement vulnérable, vacillant entre la peur, la colère et la tristesse.
Les vannes cédèrent et Lynn fut incapable d'empêcher les larmes de rouler sur ses joues.

- Tu ne lui seras d'aucune utilité dans cet état, Lynn… il faut que tu te reposes, il faut que tu te calmes… murmura-t-il d'une voix douce et posant ses mains sur ses épaules avant de l'attirer contre lui.
- J'ai lutté… tellement fort, pour surmonter tout ça… sanglota-t-elle contre son torse. Je ne peux pas revivre ça ! Je ne peux pas revivre constamment dans la peur, je ne peux pas ! Je ne peux plus !
Matthew sentit les larmes lui monter aux yeux, impuissant face à la détresse de la jeune femme. Doucement, il lui caressa le dos d'un geste apaisant tandis que son corps frêle était secoué par de douloureux sanglots.
- Je ne peux plus, Matthew… je n'y arriverai pas… je croyais avoir dépassé tout ça, mais si Torin est encore en vie…
C'était comme si elle devait tout recommencer, comme si tout ça n'avait servi à rien. Elle s'était reconstruite en croyant Torin enterré, en étant persuadée qu'il existait finalement une quelconque justice divine pour les victimes de monstres comme lui et que la mort l'avait vengée. Mais s'il était toujours en vie, si sa mort n'était qu'une manipulation de plus… tout ce qu'elle avait construit depuis se basait sur des mensonges. Tout allait s'effondrer, tout allait disparaître…
Elle avait l'impression de sombrer dans l'obscurité sans pouvoir s'accrocher à quoi que ce soit. Il n'y avait pas de justice, pas de répit. Elle savait déjà que la mort de Torin ne la soulagerait pas. La peur disparaîtrait peut-être, mais pas le reste. La vengeance serait amère, incomplète. Une partie d'elle était morte lorsqu'elle avait achevé Carpenter, elle ne pouvait pas recommencer au risque de se perdre définitivement elle-même. Et pourtant… quelle autre solution restait-il ? Si sa mort ne la soulageait pas, pourrait-elle finalement un jour être libre de ses démons ? N'avait-elle pas eu tort depuis le début ?
Ses pensées revinrent à Aïlin et ses sanglots redoublèrent tandis qu'elle se blottissait contre Matthew sans même être réellement consciente de sa présence. Aïlin devait être dans un état effroyable… avoir eu Torin à sa merci et ne pas avoir pu l'achever devait le rendre fou ! Elle ne désirait qu'une chose, être seule et pleurer tout son saoul en espérant un quelconque soulagement. Mais elle ne pouvait pas se laisser aller maintenant, il fallait d'abord qu'elle s'occupe de ses frères.

- Il faut que je le sorte de là… murmura-t-elle soudain en se reculant pour sécher ses larmes. Il faut que je contacte son avocat, qu'on mette au point une stratégie de défense… il faut que…
- Lynn, tu n'es pas en état et tu ne pourras rien faire à cette heure-ci. Je vais te ramener chez toi.
- Non ! Il faut que je retourne au manoir…il faut que je fasse quelque chose ! Je ne peux pas le laisser tout seul là-bas…
- Il ne risque rien, il est sous la protection des Aurors.
- Non, tu ne comprends pas... Aïlin ne s'arrêtera pas. Personne, pas même toi ou moi, ne pourra l'empêcher de tuer Torin... Il faut absolument que je le sorte de là avant qu'il n'arrive à ses fins devant témoins.
S'il avait pu tuer Torin avant l'arrivée des Aurors, Lynn était persuadée que l'alchimiste aurait eu le temps de mettre au point une histoire suffisamment convaincante pour s'en sortir. Avoir été attrapé en flagrant délit allait rendre les choses beaucoup plus difficiles pour lui, surtout si quelqu'un l'avait effectivement vu utiliser la magie noire. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une réelle satisfaction de savoir que l'ex-mangemort avait été torturé par son frère. Si elle l'avait eu devant elle, nul doute qu'elle aurait fait la même chose.
Maintenant il fallait qu'elle fasse sortir Aïlin, qu'ils prouvent son innocence et qu'ils s'occupent ensuite de Torin pour s'assurer qu'il serait mis hors d'état de nuire, tout ça sans que personne ne puisse remonter jusqu'à eux. Ils l'avaient déjà fait, ils pouvaient recommencer. La seule réelle question était de savoir si elle se sentait capable de le faire. Quoi qu'ils décident, les connaissances d'Aïlin allaient leurs êtres très utiles.

- Il ne pourra rien faire tant qu'il sera en cellule. Protesta encore Matthew.
- Non, Matt. Insista-t-elle en secouant la tête, attrapant sa manche. Tu n'as aucune idée de ce dont Aïlin est capable. Il fera n'importe quoi pour y arriver, même si c'est la dernière chose qu'il doit faire de son vivant.
Elle savait en prononçant ces mots qu'elle disait vrai, aussi certainement qu'elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser faire. Elle ne pouvait pas se résigner à le perdre maintenant, pas après tout ce qu'elle avait traversé. Le retour de Torin était l'épreuve de trop... sans Aïlin à ses côtés, elle ne s'en remettrait jamais.
- Je ne peux pas laisser faire ça. Il faut que je protège Aïlin. Et je tuerai moi-même Torin ou quiconque se mettra en travers de son chemin, s'il le faut !
- Lynn, est-ce que tu t'entends parler ? Tu ne peux pas me dire ça, je suis Auror !
- Tu ne peux pas comprendre, Matthew, jamais tu ne pourras comprendre ce qu'Aïlin et moi avons subit ! Torin ne mérite pas de vivre !
- Cesse de me dire que je ne comprends pas ! Tu ne crois pas que moi aussi je préférais le savoir mort ? Que je voudrais pouvoir le tuer de mes propres mains ? Mais je ne peux pas faire ça, Lynn ! C'est contraire à tout ce en quoi je crois !
Elle lui jeta un regard indéchiffrable et recula de quelques pas, les yeux rougis mais sec, comme son cœur.
- Et bien moi, je ne crois plus en rien depuis longtemps...
- Alors crois en moi, Lynn ! S'exclama-t-il avec la force du désespoir, revenant vers elle pour prendre ses mains dans les siennes. Je sais que tu ne veux pas avoir à faire ça...
- Torin nous a volé notre enfance... Il a fait de notre vie un enfer ! Est-ce qu'on a pas le droit de trouver enfin la paix ?
- Tu ne la trouveras pas en le tuant.
- Tu n'en sais rien !
- Tu ne peux pas faire ça.
- Tu sais que je l'ai déjà fait... répondit-elle férocement. Tu sais tout de moi, tout de mes crimes, de la noirceur de mon âme ! Je t'ai tout raconté ! Je n'ai plus rien d'une innocente !
Matthew sembla prit de court, il secoua la tête, l'air perdu.
- Ça n'a rien à voir.
- Ha vraiment ? J'ai déjà tué une fois, pourquoi est- ce que je ne recommencerai pas ?
- Ça te détruira, si tu le fais.
Il avait raison.
- Je sais. Mais peu importe. Je n'ai pas le choix, quel que soit le prix à payer, pour Aïlin, je le ferai.
- Est-ce que tu réalises ce que tu es en train de me dire ? Par Merlin, Lynn, tu ne peux penser ce que tu dis !
- Je te l'ai dit… je ne peux pas le perdre, je ne supporterais pas de perdre encore qui que ce soit !
Elle en avait assez. Elle était au point de non retour, elle le sentait. Si la vie devait encore lui arracher la moindre personne chère, elle ne jurait plus de rien.
- Je sais que ça a toujours été toi et Aïlin contre le reste du monde, mais je suis là, maintenant ! Tu ne peux pas m'écarter de ta vie ! Tu ne peux pas prendre cette décision seule ! Je t'aime ! Est-ce que ça ne compte pas à tes yeux ? S'écria-t-il, la voix rauque.
Elle prit son visage entre ses mains et l'embrassa avec force.

- Tu sais que je t'aime, Matthew… murmura-t-elle contre ses lèvres. Mais plutôt mourir que de vivre comme ça…
- Ne dis pas des choses pareilles ! Répliqua-t-il avec colère en la prenant par les poignets. Je t'interdis de dire ça !
Elle secoua doucement la tête et se libéra de sa poigne en reculant. La tristesse et la colère s'étaient envolées, du moins pour l'instant. Lynn était lasse, épuisée, elle ne pouvait pas gérer les sentiments contradictoires de l'auror en plus des siens. Elle avait besoin d'air, elle avait besoin d'être loin de lui pour réfléchir.
- Tu devrais rentrer chez toi.
Elle vit dans son regard à quel point elle le blessait et il serra les dents et les poings:
- Tu ne peux pas me renvoyer comme on renvoi un chien à sa niche ! Je suis ton petit-ami, bon sang !
La colère et l'incompréhension luttaient dans son regard et Lynn eu toutes les difficultés du monde à aller jusqu'au bout de sa démarche.
- Je ne peux pas être avec toi pour l'instant. Il ne faut pas que tu te mêles de tout ça ou tu t'attireras des ennuis. Il vaut mieux que tu restes loin de moi et de ma famille quelques temps.
- Lynn, ne fais pas ça.
- Il faut que tu t'en ailles, insista-t-elle, le regard embué mais déterminé. Va-t'en. S'il te plaît.
L'Auror sembla sur le point d'ajouter quelque chose mais se ravisa et après un dernier regard à l'enchanteresse, il se retourna et quitta la boutique en claquant violemment la porte.
Lynn resta figée quelques instants, en proie au doute. Avait-elle prit la bonne décision en le repoussant ? Ne venait-elle pas de signer la fin de leur histoire ? Elle priait pour qu'il n'en soit rien, mais elle n'était pas sûr qu'il reviendrait après ce qu'elle venait de lui faire… elle choisissait ouvertement Aïlin au détriment de son compagnon. Elle soupira, essayant de mettre ses incertitudes de côté. D'un coup de baguette, elle ferma la boutique à clé et après s'être assuré que tout était protégé, elle transplana au Manoir.

- Erycius ! Appela-t-elle, aussitôt dans le hall.
- Miss Bower ? S'inquiéta le vieil homme en la rejoignant pour lui prendre sa cape.
- Appelez Maître Lowsley, s'il vous plaît.
- A cette heure-ci, Miss Bower ?
- Je dois m'entretenir avec lui immédiatement.
- Mais, Miss…
- Immédiatement ! Répéta-t-elle avec plus de force. Réveillez-le s'il le faut, je n'en ai cure ! Mon frère le paye bien assez gracieusement pour qu'il soit à sa disposition jour et nuit !
- Bien, Miss.
Lynn alla faire les cents pas au salon en attendant l'arrivée de l’avocat. Elle avait beaucoup de choses à régler avant que son esprit ne puisse s'égarer dans les méandres du sommeil. Elle doutait que cela lui soit d'un quelconque réconfort de toute façon. Elle savait déjà que ses rêves ne lui laisseraient aucun répit. Il était bien plus facile de se plonger dans les aspects pratiques de la captivité de son frère. Adam Lowsley était un excellent avocat, avec lui Aïlin serait très vite dehors. Du moins l'espérait-t-elle...


- Non mais vous avez vu ce torchon ? ! S'écria Lynn en jetant la Gazette sur le bureau de Lowsley. Comment avez-vous pu laisser publier une chose pareille ! Je croyais que l'incident avait été tenu secret !
L'avocat ne fut nullement perturbé par l'intervention tempétueuse de l'enchanteresse et il lu calmement l'article auquel elle faisait référence.
- Et bien, il y avait des témoins, répondit-il tranquillement, nous ne pouvons faire taire toutes les personnes qui ont assisté au règlement compte de vos frères.
- Je veux que vous portiez plainte pour diffamation ! C'est un tissu de mensonge !
- Vraiment ?
Le regard innocent de l'avocat ne plût pas du tout à Lynn qui lui lança un regard outré:
- Ce sont des affaires privées ! Faites donc votre travail et sortez mon frère de là !
- Je m'y emploi, Miss Bower. Néanmoins on ne plaisante pas avec l'usage de la magie noire…
- Il n'y a aucune preuve !
- Ce témoin..
- … n'est rien d'autre qu'un représentant de la vermine qui pullule dans l'allée des embrumes ! L'interrompit Lynn avec agacement. Mon frère est un Lord respecté ! Comment peut-on porter foi à ces accusations ?
Elle se rendit soudain compte de ses paroles et frissonna. Elle ne se reconnaissait pas. Sûrement le manque de sommeil embrumait-il davantage son esprit que ce qu'elle avait cru.
Elle se massa les tempes quelques instants et regrettant son comportement capricieux, elle se radoucit.

- Je vous en prie, Maître, ne peut-on rien faire pour accélérer la procédure ?
- J'ai contacté un ami procureur, d'ici un jour ou deux, nous pourrons probablement faire sortir Lord Bower, moyennant une caution conséquente.
- Tout ce qu'il faudra. Et concernant… Torin ?
- Il est, sans surprise, bien plus facile de prolonger la captivité de votre aîné que de faire sortir notre cher Lord. Nous aurons un délai supplémentaire pour nous occuper de lui.
- Bien. Très bien.
- Vous devriez aller vous reposer, Miss Bower.
Elle acquiesça et quitta le bureau, consciente que le sommeil continuerait à la fuir tant qu'elle aurait peur de ce qu'elle y trouverait.


Lynn avait tout de même fini par s'assoupir après presque 72 heures de veille à ruminer ses pensées. Comme elle s’y attendait, le sommeil ne lui avait procuré aucun soulagement et avait été peuplé de cauchemars plus horribles les uns que les autres. Elle s’était réveillée en sursaut, trempée de sueur et les traits tirés quand Erycius avait frappé à sa porte pour lui annoncer que Lowsley avait enfin réussi à trouver un accord pour la libération d’Aïlin. Elle n’avait aucune idée du jour ou de l’heure qu’il était. Après une douche rapide et un minimum de préparation pour camoufler ses cernes et remettre un peu de couleurs sur son visage blême, Lynn rejoignit Lowsley.
- Vous avez réussi ? Demanda-t-elle en le rejoignant au salon.
- Vous en doutiez ?
- Je dois vous avouer que je commençais à me demander si vous méritiez le salaire exorbitant que vous paye mon frère… répliqua-t-elle avec un sourire entendu.
Il lui rendit son sourire et lui proposa son bras :

- Et si nous allions le libérer pour lui demander son avis?
Ils transplanèrent au ministère et rejoignirent le bureau des Aurors où Matthew les attendait. Leurs regards se croisèrent et Lynn sentit son cœur se serrer.
Elle n’avait pas eu de nouvelles de lui depuis trois jours, comme elle lui avait demandé, mais par Merlin comme elle avait envie de se jeter dans ses bras. Elle n’eut pas besoin de se torturer cela dit, car c’est lui qui s’approcha et la serra contre lui sans un mot. Il lui pressa doucement la main en se détachant d’elle.

- Matthew, je…
- Va t’occuper de ton frère. Nous parlerons plus tard.
Sa voix était douce mais Lynn sentait qu’il n’avait pas encore digéré leur dispute. Elle aurait voulu qu’il reste avec elle, qu’il l’accompagne pour dissiper la peur qu’elle sentait suinter de tous les pores de sa peau.
- Tu ne viens pas ?
- Je ne peux pas, désolé.
Il se détourna et Lynn le regarda s’éloigner, essayant de reprendre constance.
- Miss Bower ? Intervint Lowsley. Êtes-vous prête ?
- Oui. Allons-y.
Un Auror les accompagna jusqu’au quartier de détentions provisoires et tandis qu’ils avançaient au travers du dédale, laissant de nombreuses portes et sortilèges de protection derrière eux, Lynn ne put s’empêcher de trouver l’endroit lugubre. Un long frisson lui parcourut l’échine tandis qu’ils passaient le dernier contrôle de sécurité et elle suivit le gardien et l’avocat pour se trouver devant les cellules.
- Bower ! Appela le gardien en s’approchant pour ouvrir.
Lynn vit enfin Aïlin et constater qu’il était en vie lui ôta un poids considérable. Elle avait été morte d’inquiète pour lui.
Puis le gardien tourna les yeux vers la cellule adjacente et Lynn suivit son regard. Son sang se glaça alors qu’elle croisait les yeux de Torin pour la première fois depuis des années. Depuis combien de temps était-il là ? Quel poison avait-il put à nouveau instiller dans l’esprit de son frère ? La peur qu’elle avait tant cherché à maîtriser revint au galop et elle sentit les battements de son cœur s’affoler. Elle s’astreignit au calme. Elle ne voulait pas lui montrer sa peur. Elle préférait nettement qu’il voie sa colère.

- Le Lord, pas toi. Toi tu vas rester encore un peu en notre compagnie. Sourit méchamment l’Auror avant de se tourner vers Aïlin. Vous êtes libre de partir.
Lynn se força à détourner le regard pour se concentrer sur l’alchimiste. Elle s’approcha de lui et l’enlaça brièvement, ne souhaitant pas donner à Torin la moindre occasion de s’adresser encore à eux :
- Tu vas bien ? Murmura-t-elle, essayant de minimiser l’inquiétude dans sa voix.
Elle voulut poser une main apaisante sur la joue du Lord mais se ravisa, hésitante, et lui prit discrètement la main à la place. Elle voulait partir d’ici au plus vite, être dans le même espace que Torin lui était intolérable.
Aïlin n’avait pas l’air d’aller bien, mais elle ne pouvait pas l’en blâmer. Merlin seul savait les dégâts qu’avait déjà pu faire l’ex-Mangemort dans l’esprit du Lord.
Elle le prit par le bras, autant pour l’accompagner que pour se soutenir. Elle sentait ses jambes trembler et ne se faisait pas confiance. Elle ferma les yeux quelques secondes et quand elle les rouvrit, Torin la regardait.
Elle sentit la colère gronder dans ses entrailles et effacer, pour un temps, la peur et la tristesse. Elle serra les dents. Elle ne lui ferait pas le plaisir de s’adresser à lui. Raffermissant sa prise sur le bras d’Aïlin, elle se tourna vers lui et plongea son regard d’acier dans les océans bleus de son frère. Elle sut qu’il y verrait le trouble qui l’habitait malgré les efforts qu’elle faisait pour rester impassible, mais mieux valait que ce soit lui qui voit ses faiblesses plutôt que Torin. Pendant un instant, elle se demanda qui elle allait retrouver en face d’elle et à quel point le retour de leur frère l’avait affecté. A quel point cela allait bouleverser leur vie. Elle l’ignorait, mais elle savait déjà à quel point cela serait mauvais.

- Rentrons à la maison.
C’était la seule chose à faire. Ils s’occuperaient de tout une fois au manoir. En attendant, tout ce qu’elle voulait c’était quitter cet endroit, et vite.


Dernière édition par Lynn Bower le Jeu 4 Avr - 9:05:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyMer 3 Avr - 21:39:59

Même si la nécessité de révéler ses entreprises à son jeune frère ressemblait à une défaite, la réaction de Aïlin n'avait pas de prix aux yeux de Torin. L'effet de surprise avait été des plus grands tant la nouvelle pouvait étonner. Il espérait bien être pris au sérieux -puisqu'il l'était- et ne pas passer pour un menteur : s'il pouvait être un maître dans l'art de la manipulation, il savait user de sincérité lorsque cela s'imposait.
Il ne répondit rien à son frère et le laissa méditer un moment afin de voir s'il était assez malin pour deviner sur quoi se fondaient ses propos. C'est sans surprise que le mot nécromancie fut d'ailleurs trouvé puisque ce noble art était le seul à pouvoir embrasser la mort de si près, selon Torin. Il laissa d'ailleurs un petit sourire apparaître lorsque le mot fut prononcé. Mais la suite l'intrigua. Aïlin semblait dire que leurs arts s'opposaient, mais en quoi ? Il avait évoqué plus tôt ses grands projets. L'ex mangemort ne laissa paraître aucun signe de réaction même si tout à coup, il avait envie d'en savoir plus. Ce qui s'opposait à la nécromancie pouvait être la médicomagie, par exemple. Il décida donc de patienter sans rien dire pour voir si des explications allaient suivre.

Hélas Torin n'eut aucune information supplémentaire sur la profession de son cadet. Il avait semble-t-il trop attiré la curiosité sur ses propres travaux et naturellement la question de la pratique se posa. La première partie de cette question pouvait se poser sans étonnement, comment faisait-on pour contacter une âme ? Mais la deuxième partie... Il n'y avait que l'esprit tordu de Aïlin pour ses soucier du devenir de l'âme. L'idée qu'il puisse créer un fantôme ne lui avait même pas effleuré l'esprit à vrai dire. C'était une réflexion acceptable, mais le rituel qu'il avait étudié ne laissait présager que l'éphémère de par sa complexité et la pérennité des ingrédients de la potion qu'il était en train de mettre au point. Cela dit, s'il s'aventurait à l'aveuglette et prenait le risque de coincer un fantôme gênant dans ce monde, il devrait y réfléchir à deux fois. Bien que cela soit quasi improbable selon son diagnostic préliminaire.

Il continua de fixer Aïlin qui semblait chercher lui-même des réponses sans probablement connaître quoi que ce soit au noble art de la nécromancie. Et le jeune homme posa une ultime question qui encore une fois était toute à son image. Il demandait quel était le prix à payer pour entrer en contact avec une âme. Le mage noir hésita à lui demander mille gallions et sept mornilles ainsi qu'un laisser passer international mais cela n'aurait été -encore une fois- que pure provocation car il entendait bien ce que voulait réellement dire son frère. Le prix était majoritairement moral, même s'il fallait probablement sacrifier un sombral pour en extraire l’œil de la mort. Et le rituel s'achèverait aussi certainement par la destruction de l'objet utilisé pour contacter l'âme.

Torin était donc resté muet depuis sa révélation, face aux questions de son cadet. Il souhaitait laisser planer un peu le doute, profitant du silence pour bien choisir ses mots et ne pas trop en dire. Il le regarda s'installer sur la couchette de fortune et s’apprêtait à lui répondre par énigme lorsqu'un bruit de portes puis de pas le stoppa net. Parfait.


« J'imagine que tu obtiendras tes réponses en temps voulu. »

Le message était clair. Il ne dirait rien s'il n'avait aucune chance d'être libéré. Il avait détruit tout les documents traitant de nécromancie sur son chemin, y compris ceux du manoir.

Torin s'adossa au mur, toujours assis sur la banquette vétuste et attendit patiemment que les nouveaux arrivants fassent leur apparition. Était-ce un nouveau détenu ou bien une visite ?
La réponse ne se fit pas attendre car un auror et un homme accompagnés d'une jeune femme s'arrêtèrent au niveau des deux cellules. L'ex mangemort observa la demoiselle. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus été en douce compagnie, aussi détailla-t-il la silhouette de la sorcière avant de finir sur son visage. Tout pensée impure -entendre non chaste- le quitta très vite lorsqu'il eut reconnu cette tête familière, Lynn...

Il entendit alors son nom prononcé et haussa les sourcils d'un air interrogateur avant de réaliser qu'ils étaient trois à s'appeler Bower. Bien évidemment cet idiot d'auror n'avait pas pu résister et lui avait fait une blague des plus stupides en lui disant qu'il ne s'adressait pas à lui mais au « Lord ». Si Torin avait eu une baguette il aurait tué l'individu sans plus de cérémonie pour son manque cruel de goût en matière d'humour. Mais il lui était impossible de réagir, il devait garder une apparence docile. Aussi se mit-il à fixer Lynn avec un mince sourire en coin, tranquillement installé au fond de sa cellule tel un simple spectateur de la libération de son frère.

Effectivement les procédures de libération allaient vite pour un « Lord ». Il serait bientôt temps de voir si ses révélations provoquaient le même effet pour un ex mangemort. Mais en attendant, il n'avait d'autre choix que d'assister à une scène pathétique, les retrouvailles des deux « enfants prodiges » de la famille. Son petit instant de triomphe à lui ne tarda pas alors que Lynn avait fait l'erreur de croiser son regard. Cette pauvre créature était toujours aussi divertissante car jamais il ne la laissait de marbre : un simple regard et elle devenait toute chose bien qu'elle tente désespérément de le cacher. Rien n'échappait à l’œil du mage noir. Pas même une main qui se crispe. Son sourire s'agrandissait sans qu'il ne s'en rende compte. Hélas ce petit plaisir ne serait que de courte durée car la pauvre chose affolée demandait à leur frère de partir. Même pas un petit mot d'amour à celui qui lui avait certainement tant manqué durant ces deux années... Navrant. Mais cela n'arrêta pas Torin. Ils se reverraient, il le savait, même si c'était à son procès. Alors c'est avec un ton des plus enjoué qu'il lança -surtout à l'adresse de Lynn- une petite formule de politesse.


« À Bientôt. »

Il ajouta un petit clin d’œil toujours à Lynn. Il savait qu'il était censé se montrer froid et impassible pour que rien de louche ne soit noté sur son comportement en détention provisoire, mais il n'avait pu contenir sa réaction face au divertissement. Il n'adressa en revanche aucun regard à Aïlin, souhaitant le laisser réfléchir à leur conversation.
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MessageSujet: Re: Détention provisoire [Terminé]   Détention provisoire [Terminé] EmptyVen 5 Avr - 14:15:23

L'unique réponse de Torin aurait frustré n'importe qui et le lord n'échappa pas à cette règle. Le mage noir n'avait rien perdu de son bon sens. En laissant Aïlin sur sa faim, il le forçait à douter, à éprouver de la curiosité. Une curiosité dangereuse, malsaine... et déterminante. Car c'était d'elle que découlerait le choix de l'alchimiste et l'avenir de son frère aîné. S'il voulait des réponses, Aïlin n'aurait pas le choix. Il devrait libérer son frère, ou rester dans l'ignorance pour le reste de ses jours. Car Aïlin savait avoir trop à faire pour avoir le loisir de se pencher vers un nouvel art, tout aussi profond et complexe que le sien. Seul, il ne pouvait s'improviser nécromancien pour se confronter une dernière fois à l'âme de son père. Mais le voulait-il vraiment ? La question resta en suspens, car la silhouette reconnaissable de sa sœur apparut derrière les barreaux de sa prison.

Absorbé par ses pensées, il n'adressa à la jeune femme qu'un regard fermé, sans d'abord réagir à la porte que l'on ouvrait. Il n'entendit pas non plus la remarque désobligeante du geôlier. En revanche, la déclaration qui suivit ramena en partie Aïlin sur terre. Il était déjà libre, et pour un peu, il en aurait éprouvé de la déception. Sa liberté signifiait qu'il n'avait plus la moindre chance de tirer plus d'informations de la bouche de Torin. Résigné, il s'approcha d'un pas lent de la porte, tandis que Lynn parcourait l'espace qui les séparaient pour s'approcher de lui. Il sentit les cheveux de la jeune femme caresser brièvement sa joue, mais ne fit pas un geste en retour, trop absorbé par le grondement hypnotique des rouages de son esprit.


« Je vais bien. »

Déclara Aïlin par automatisme, avant de s'engager hors de sa cellule. Son regard se tourna vers son avocat, demeuré en retrait, et il salua le Maître d'un signe de tête. La vue de Lowsley lui tira une pensée désagréable. L'alchimiste avait peu de temps pour prendre sa décision. Bientôt, les aurors se chargeraient d'interroger longuement Torin, sans qu'Aïlin ne puisse savoir ce que l'ancien mangemort allait répondre à leurs accusations. Si le lord faisait le choix de libérer son frère, il devait les prendre de vitesse, avant que toute possibilité d'être en adéquation avec Torin ne s'effondre. Aïlin ne pouvait pas, en effet, monter une défense sans savoir ce que Torin dirait. Cruel dilemme duquel le lord devait se débarrasser au plus vite.

Sa sœur à son bras, Aïlin passa devant la cellule de Torin, puis s'immobilisa lorsqu'il entendit le son suave de sa voix résonner dans la pièce. D'un geste, le jeune homme écarta sa cadette de son bras et se tourna vers le mangemort, pour s'approcher de lui. L'auror, demeuré en arrière, eut un mouvement pour l'en empêcher, avant de s'astreindre au calme. Aïlin sentait le regard méfiant de l'officier sur lui, et il sentit que c'était l'occasion d'engager un premier pas vers Torin, devant témoins. Quelle qu'était sa décision finale, tout se jouait déjà.


« La vérité doit enfin éclater. Si elle est bien celle que tu m'as énoncée, alors je ferai en sorte qu'elle soit entendue par tous. »

Déclara-t-il d'une voix grave, avant de jeter un rapide regard à l'auror, qui l'observait maintenant d'un œil à la fois suspicieux et interdit. Pour sa part, Aïlin en avait fini, ici. Il se détourna sans plus un regard pour personne et s'éloigna d'un pas vif, non sans entraîner Lynn à sa suite en posant une main dans son dos.

« Quelle est la suite des évènements ? »

Demanda Aïlin d'une voix détachée, alors qu'ils laissaient Torin derrière eux.
« Pour vous, il n'y a pas de suite. Aucune charge n'est retenue contre vous. Il semblerait que notre témoin vous ai, en réalité, confondu avec votre frère. Votre baguette étant hors d'usage, il nous est impossible de prouver matériellement ses allégations, comme nous l'a si bien rappelé le procureur. » répliqua l'auror, non sans contenir un soupir et jeter un regard rancunier à Maître Lowsley. « En revanche, celle de votre aîné a bel et bien lancé un doloris. »

Aïlin avait finalement eu beaucoup de chance de voir sa baguette détruite, même si cela avait été, d'abord, un fâcheux accident. Le cœur mort et le bois fendu, son arme n'était plus capable de réagir à la magie, et encore moins de transmettre sa mémoire. C'était, du moins, ce que devaient penser les aurors, après s'y être essayé sans succès. Néanmoins, l'ambre qui parcourait la garde de sa baguette pouvait encore libérer ses secrets. Aussi, alors que les portes se fermaient derrière eux et que les sortilèges retombaient derrière Aïlin, le jeune homme se tourna vers leur accompagnateur.

« Puisque vous n'avez plus d'utilité à la garder encore, j'aimerais récupérer les restes de ma baguette, s'il-vous-plaît. Elle a été une compagne fidèle et loyale, et je ne tiens pas à ce qu'elle soit détruite dans vos locaux comme n'importe quel bibelot sans la moindre importance. »

On y consentit, puis on lâcha les deux Bower hors du département, en compagnie de leur avocat. Les trois sorciers s'acheminèrent jusqu'à l'atrium, où, Aïlin en premier, ils s'engouffrèrent dans l'une des cheminées pour parvenir jusqu'au manoir.
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