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 Les ombres du passé [Terminé]
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  • Torin Bower
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MessageSujet: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyLun 25 Mar - 19:53:07

Ces heures passées à étudier la nécromancie, un art si raffiné, subtile et délicat. La vie ne devenait plus que suggestion, et la mort réalité. Même si le temps était à l'avènement du Seigneur des Ténèbres, Torin Bower trouvait toujours quelques heures libres pour comprendre les rouages de la chair inanimée que l'on enchante. Ses travaux n'avaient rien donné de concret, personne dans ce pays ne pratiquant cette forme de magie à un niveau élevé. Et le Lord, en tant que chef incontesté, ne dévoilerait sûrement jamais les secrets de la réussite. Mais bientôt les temps s'assombrirent et le rêve prit fin, Potter avait triomphé, les Mangemorts étaient tombés et la vie de Torin avait été sévèrement menacée...

Mais le serpent sait se faufiler, créature d'instinct il sent le danger, il sait se replier et réfléchir à un plan. Seulement, c'était sans compter sur sa chère famille et sa tendre petite sœur qui n'hésita pas à donner son nom aux aurors. Il ne lui en voulait pas au fond, si ce n'était pas elle, quelqu'un d'autre l'aurait dénoncé, même ses propres confrères et leur lâcheté sans limite l'auraient fait pour conserver leur âme. Torin, lui n'avait aucune chance d'échapper au baiser du détraqueur, il avait commis tellement de crimes, une nécessité pour gravir les échelons rapidement à son jeune âge, pour obtenir les plus grandes faveurs du Lord.
Mais comment échapper aux aurors qui le chercheraient sans relâche ? Il ne pourrait plus jamais vivre sereinement, ce à moins que le Seigneur des Ténèbres ne ressuscite, chose impensable. Sa vie -s'il la conservait- ne se résumerait plus qu'à la fuite. Cela lui semblait stupide, lui qui voulait atteindre les plus hautes sphères de la société, comment pourrait-il y parvenir sous l'image d'un grand criminel de guerre ? Ne lui restait plus qu'une solution pour avoir la paix le temps de réfléchir à un plan : mettre en scène sa propre mort. Quoi de plus logique pour un homme condamné à perdre son âme que de préférer mettre fin à sa vie, l'acte serait pertinent.

S'il n'avait que quelques bases rudimentaires en terme de nécromancie, cela lui suffirait pour créer une diversion. Il avait en tête le rituel des trois corps, qui permettait de donner une apparence différente à un cadavre durant quelques semaines, temps qui suffisait à inhumer le défunt. Pour cela, il avait besoin du corps d'un être du même sang (son père), d'un cadavre frais de moins de 24h et de son sang. La personne sacrifiée deviendrait alors le « vecteur » : le rituel consistait à créer un polynectar amélioré dans lequel était versé le sang de Torin, l'on y ajoutait la graine d'une ronce particulière ainsi qu'un cheveu de chacun des deux défunts : la cause du décès (Torin avait choisi d'empoisonner violemment sa victime afin que le produit masque les traces de la potion) ainsi que la fraîcheur du corps récemment tué étaient transmises par la ronce à l'autre qui, à travers le lien du sang, prenait l'apparence de Torin. Il s'agissait sans doutes ici de la seule découverte majeure de ses recherches, le seul élément de nécromancie « viable » que Torin ait jamais pu exploiter. Cette magie -la plus grande de toutes selon lui- allait sauver sa peau.
Ne lui restait plus qu'à installer le corps de sa récente victime maintenant dans un état de décomposition très avancé dans la sépulture familiale, à la place de son père. Quant à « son » cadavre, il serait retrouvé rapidement et Torin savait que Lynn et Aïlin se feraient une joie de s'en débarrasser au plus vite, histoire « d'enterrer » un sombre passé.

C'est ainsi que Torin Bower quitta définitivement la demeure familiale, songeant un bref instant à ce qu'aurait été l'avenir si Voldemort avait triomphé. Ultan ne serait pas mort, même s'il était loin d'être la perte la plus déplorable en ces temps. L'ex Mangemort décida enfin de s'exiler en Transylvanie, la rumeur voulant que de meilleures pistes sur la nécromancie subsistent en ces lieux. Ces terres étaient couvertes de vastes forêts qui lui permettraient de se cacher en attendant d'être hébergé par quelques partisans...

Il y passa peut-être deux ans, se tenant informé de la situation au Royaume-Uni, déplorant la nomination se Shacklebolt à la tête du Ministère... Mais un jour, la situation changea, un petit vent lui soufflait qu'il avait fui trop longtemps et qu'il était temps de revenir au pays après la nomination d'un nouveau ministre, ce même s'il n'avait pas trouvé l'eldorado d'informations qu'il cherchait sur la nécromancie, seulement quelques ouvrages d'un intérêt moyen.

Il ignorait ce qu'il allait retrouver à son retour, il n'avait gardé de contact avec personne, pour sa propre sécurité. Il se demandait s'il existait encore une société secrète de Mangemorts, ou si tout avait disparu comme sa grande carrière promise au sein du Ministère... Sa carrière... Si seulement il pouvait revenir en arrière et tuer frère, sœur et traîtres, s'en sortir avec un statut indemne et poursuivre le rêve de devenir un jour ministre de la magie. Mais aucun objet sur Terre n'était assez puissant pour parvenir à créer une telle fracture temporelle, la durée de retour dans le temps record ne devait pas passer le mois. Alors il faudrait qu'il revienne dans le plus grand secret, s'assurer que personne ne le démasque, user de la manipulation pour se créer des alliés, faire courir une rumeur, les laisser penser qu'un retour à la belle époque était possible même sans Voldemort, la perte de ce dernier en ayant définitivement découragé plus d'un.

Cependant il ne pourrait espérer parvenir à ses fins dès son retour, il lui faudrait d'abord être hébergé par une personne de confiance, être mis en relation avec des personnes influentes, des personnes qui feraient avaler au grand public qu'il avait depuis toujours agi sous l'effet de l'imperium et qu'il avait du mettre en scène sa propre mort par crainte des représailles d'actes qu'ils n'avait pas commis « de son plein grès ». Ou bien capturer une personne haut placée et utiliser du polynectar pour en prendre l'apparence durant le temps qu'il faudrait avant qu'il ne puisse faire son retour officiel...

Plusieurs idées, mais aucune ne pouvait se concrétiser dans l'immédiat. C'est pourquoi Torin avait choisi de se diriger en premier lieu vers l'Allée des Embrumes. Ici il pourrait passer la journée à écouter les ragots sans se faire remarquer, vêtu d'une épaisse cape noire usée, la capuche recouvrant complètement son visage, le dos légèrement voûté afin de passer pour un vieillard errant, il serait sûr de ne pas avoir l'air suspect.

Ses oreilles se mirent à traîner à l’affût d'une conversation intéressante. Il cherchait des alliés, il ne les trouverait qu'ici... Ou il trouverait autre chose car s'il existait un lieu dans ce pays où les conversations se déroulaient sans tabous, c'était bel et bien l'Allée des Embrumes et ses ruelles étroites.


Dernière édition par Torin Bower le Sam 30 Mar - 21:17:24, édité 1 fois
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyMer 27 Mar - 15:58:09

Aïlin s'avançait dans l'allée des Embrumes, aux côtés d'un homme encagoulé, avec lequel il était en grande conversation. Sa cape noire voletait derrière lui, laissant voir le costume impeccable qu'il portait et qui contrastait tant avec l'accoutrement de la faune locale. Son regard vif, pressé, balaya les environs sans voir personne, puis retourna à l'homme qui lui dictait, tout bas, les consignes de Murray.
« Vous savez, j'ai très peu de temps pour d'autres travaux, ces derniers temps. Cela dit, puisqu'il s'agit de Monsieur Murray, je veux bien accéder à sa requête. Une légère amélioration des produits sera facilement réalisable, et je pense pouvoir lui fournir cela en un mois. Est-ce que cela conviendrait à votre patron ?
L'homme fit la moue sous sa capuche.
— Disons plutôt quinze jours. C'est urgent, vous comprenez ? Le marché évolue vite, et...
— Ce qui coure actuellement sur le marché, ce sont mes créations, non ?
— Oui, mais il y a déjà des petits malins en manque d'imagination qui tentent de nous plagier. Il faut leur montrer que rien ne vaut la main du maître.
Aïlin s'arrêta pour faire face à son interlocuteur.
— Quinze jours, c'est bien trop court. L'alchimie n'est pas miraculeuse et je n'ai pas encore trouvé comment sortir une recette toute faite de mon chapeau. Trois semaines minimum.
Un sourire amusé passa sur les lèvres de l'intermédiaire. Il alla pour répliquer, mais son regard glissa pour s'arrêter par-dessus l'épaule d'Aïlin.
— Trois semaines, consentit-il finalement. Il ne s'agit que d'une simple « retouche », si je peux dire. Mon patron n'acceptera certainement pas un jour de plus. Si vous respectez votre engagement, nous saurons vous récompenser et vous rendre la pareille le jour où vous en éprouverez le besoin. À ce propos... puis-je vous poser une question, Monsieur Bower ?
— Je sais déjà ce que vous allez me demander.
— Et quelle est votre réponse ?
— Faites savoir à Monsieur Murray que j'ai énormément de plaisir à collaborer avec lui, et que je serai heureux de recevoir de lui de nouvelles commandes. Cependant, je... »
Aïlin s'arrêta dans sa phrase et fronça les sourcils.
« Dites-moi, que regardez vous comme ça ?
— Il y a un type, à trois mètres derrière vous, qui vous observe. Ce n'est peut-être rien, compte tenu du nombre de toqués dans cette ruelle, mais il m'a l'air louche. »

Aïlin se retourna et son regard tomba directement sur l'homme dont parlait l'envoyé de Murray. Il fronça les sourcils, un peu perplexe. Un étrange frisson lui parcourut l'échine, sans qu'il ne put dire pourquoi. Le lord détourna finalement le regard, et sa main vint chercher discrètement sa baguette magique.

« Nous ne sommes jamais assez prudent ici, n'est-ce pas ? Nous devrions reprendre cette conversation plus tard, et dans un endroit moins malfamé qu'ici serait l'idéal.
— Vous voulez que je vous raccompagne ? Mon patron serait fort mécontent si son meilleur alchimiste venait à se faire agresser après mon départ, vous comprenez ? ricana l'homme.
— Ca ira, merci. Je ne pense pas avoir grand chose à craindre d'un clochard. » rit à son tour Aïlin.

Les deux hommes se séparèrent et Aïlin reprit lentement sa route, non sans hésiter, cependant. Le plus avisé était peut-être d'aller à la rencontre de celui qui l'épiait, afin d'avoir le cœur net quant à ses intentions. Dans le meilleur des cas, Aïlin n'aurait qu'à lui rappeler les bonnes manières et rentrer au manoir. Qui, de toute façon, pouvait bien avoir intérêt à le surveiller ? Plusieurs réponses s'imposèrent à son esprit. Des hommes de Dmitriev ou de McGregor, probablement. Si une alliance maintenait la paix entre les trois clans mafieux, il n'était pas dit pour autant qu'ils ne s'espionnaient pas l'un l'autre. Cela aurait été bien la première fois, cependant, qu'Aïlin aurait remarqué un tel agissement. Il ne doutait pas de la capacité des mafieux à avoir vent de ses déplacements, cependant, il estimait que les hommes de Dmitriev et McGregor étaient plus doués que cela pour l'espionnage. Ils n'auraient, sinon, plus qu'à changer d'activité.
Qui, alors ? Un simple toqué, comme l'avait dit l'autre sorcier, qui avait remarqué son allure noble et avait peut-être dans l'idée de le détrousser. Aïlin eut un sourire pour lui-même et s'arrêta au milieu de l'allée. Sa main droite, qui tenait sa baguette, s'écarta lentement de son flanc. S'il ne s'agissait que de ça – et il ne pouvait s'agir d'autre chose, finalement – autant donner une bonne raison à l'individu de le laisser en paix. Dans un brusque demi-tour, Aïlin braqua son arme en direction du sorcier encagoulé et informula un sortilège dont l'éclat rouge frappa le pavé à quelques centimètres des pieds de l'inconnu.


« Je te conseillerais de passer ton chemin, avant que je ne m'énerve. »

Ce n'était vraiment pas la période pour l'indisposer, et Aïlin sentait qu'à la moindre réplique de l'individu, il n'hésiterait pas à lui mettre son compte. L'idée de passer impunément ses nerfs à vif sur un inconnu en pleine allée des embrumes ne l'inquiétait pas, bien au contraire. Depuis le départ de Clarisse et la résurgence de ses souvenirs d'enfance, Aïlin sentait une colère noire bouillonner en lui. Une colère que rien n'était susceptible de calmer, car l'auteur de cette hargne gisait six-pieds sous terre.
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  • Torin Bower
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyMer 27 Mar - 17:47:32

A se retrouver ainsi, errant comme une âme perdue à travers les sombres ruelles, Torin se demanda l'espace d'un instant s'il n'était pas condamné à subir un sort égal au baiser du détraqueur. Son esprit,vif et aiguisé lorsque Voldemort était au sommet, s'était affaibli lors de la disparition du Seigneur des Ténèbres. Il avait été si ambitieux, avait secrètement chéri le désir de dépasser son maître et de prendre sa place, son jeune âge lui donnant la fougue de nourrir de tels desseins. Cependant, le triomphe de Potter avait fait vieillir l'esprit du mangemort de plusieurs années en seulement quelques mois. Ce qui avait toujours semblé invincible et surpuissant à ses yeux se trouvait réduit à néant par un simple adolescent.
Il n'avait pas eu la force de réagir, marqué par la défaite. Il n'avait su que fuir comme le loup traqué par les bergers, après avoir massacré nombre de brebis égarées. Mais il avait fini par trouver la force de se raccrocher à ce qu'il pouvait. Obsédé par la connaissance des magies les plus obscures de ce monde, il avait senti son cœur battre à nouveau lorsqu'il avait accompli avec succès un rituel de nécromancie. Il n'avait certes pas retrouvé la force de ses ambitions passées, mais il avait découvert le baume qui panserait les plaies de son âme. Lui restait encore à recouvrir la raison, car désormais, quelles forces pouvaient encore le motiver à aller de l'avant ? Finir de massacrer sa famille ? Cela n'était pas une fin en soi, c'était un bonus et le mot bonus n'avait aucun sens tant qu'il n'y avait pas d'objectif premier...

Le temps passé dans les vastes forêts de Transylvanie lui avait permis de se débarrasser du fardeau qui l’encombrait : la fuite. Ici il se sentait en sécurité, le poids des événements récents s’allégeait, il recommençait à penser comme le jeune homme qu'il était, avide d'un savoir particulier, du pouvoir que cela lui procurerait un jour, de la main qui pourrait écraser ses ennemis.
Il avait croisé licornes, dragons et géants parmi tant d'autres, il avait appris de leur observation, il avait même pu se délecter de la mort à nouveau. De la mort à des fins justifiées : il avait récolté de précieux ingrédients, il avait expérimenté de nouveaux rituels, il avait exploré ses propres pouvoirs pour en décortiquer l'essence magique. Il avait tué de petites créatures non magiques, leur avait fait boire du sang de licorne et les avait enchantées pour plier leur défunt corps à sa volonté. Mais cela n'avait jamais tenu très longtemps, il ne savait pas si c'était dû au manque de magie dans leur corps ou à la vitesse de décomposition du système nerveux. Ses recherches auraient pu faire un prodigieux bond en avant, s'il avait trouvé là clé manquante à l'énigme.

Il avait été si près du but, son âme s'était remise à rayonner d'un sentiment de toute-puissance démesurée lorsqu'il avait effleuré ses objectifs du bout des doigts... Mais cette lueur ne perdurait pas, lorsque l'échec se faisait sentir, tout redevenait sombre, si flou... Était-il encore quelqu'un ? Vivait-il toujours vraiment ou avait-il été tué par un auror pour à jamais hanter cette forêt ? La notion du temps était elle aussi devenu subjective et seule la douleur physique lui rappelait qu'il était vivant. Il n'était simplement plus que l'ombre du noble mangemort qu'il fut autrefois, l'homme toujours propre et maniéré en apparence. Son intérieur avait fini par prendre le dessus pour des questions de survie : sa peau salie et mal entretenue à l'image de la noirceur de son âme, une barbe qui n'avait plus été rasée et une chevelure ni coiffée ni coupée à l'image de la sauvagerie dont il était capable. Son corps s'était asséché puis taillé à l'image de la rigueur des forces qu'il déployait pour survire... Pour vivre, plus exactement.

Car la rage de vaincre lui revenait inexplicablement, conscient qu'il n'avait rien de plus à faire ici, mais aussi grâce à quelques Gazettes qu'il avait pu se procurer. L'avènement d'un parti conservateur, mais aussi autre chose, quelque chose qui pourrait être la clé manquante à ses recherches. Il avait peut-être sous ses yeux le moyen d'utiliser la nécromancie à de grandes fins et ce simplement en lisant un article publicitaire... Les morts et les cracmols n'étaient pas si différents au fond, ils manquaient simplement d'un petit coup de pouce magique...


***

Jusqu'à présent, rien de ce qu'il ne pouvait observer ou entendre ne lui faisait penser qu'il y ait une quelconque personne susceptible d'accueillir le retour d'un mangemort. Cette idée de revenir ainsi avait peut-être été un coup de tête mal réfléchi, mais Torin avait besoin de se sentir vivre et exister. Il aurait tout aussi bien pu faire irruption dans une ville moldue et massacrer ces immondices en masse pour faire savoir au monde que la Sainte Cause n'était pas perdue et qu'il était temps de se remettre des plaies du passé pour s'élever sous un nouvel ordre. Seulement, c'est une armée d'aurors à ses trousses et une condamnation à perpétuité qu'il aurait gagné à agir si inconsciemment. Il se devait de saisir une opportunité, n'importe laquelle, il ne devait pas être acteur sous peine de se faire repérer, il devait être simplement chef d'orchestre. Et, bien conscient qu'aucun sorcier ne lui prêterai sa main pour agir sans qu'il n'ai pu prouver la pertinence de ses projets, il devrait d'abord trouver le moyen de faire agir des corps inanimés à sa place... Si encore il pouvait se procurer du Vitmagic et faire fonctionner le rituel avec ce qu'il pensait être la partie manquante du puzzle.

Il commençait alors à imaginer un plan pour en dérober lorsque tout à coup une conversation attira ses oreilles. L'ex mangemort ignorait ce qui l'avait le plus marqué : l'évocation de créations et d'alchimie, ou cette voix... Elle n'était que trop familière, mais aussi étrangère en un sens, car c'est un homme adulte qu'il entendait parler.
Il s'approcha tout en restant à une distance respectueuse, en retrait, pour ne pas se faire repérer : deux homme, l'un de dos, l'autre cagoulé. Celui dont il ne voyait pas encore le visage semblait faire partie de la noblesse, il arborait le genre de tenue que Torin lui-même aurait été susceptible de porter il y a plus de deux ans. Et c'est avec un goût amer -repensant à tout ce qu'il avait perdu comme son cher titre de Lord- qu'il écouta la suite...

« Monsieur Bower »... Non, non, non, c'était impossible ! Comment son plus jeune frère pouvait-il se retrouver ainsi vêtu, négociant quelque chose dans ces lieux, comme s'il était un seigneur local ? Tous les meurtriers ne recevaient pas le même traitement et si Torin avait caressé l'espoir de rallier le jeune homme à sa cause il y a bien longtemps, il regrettait aujourd'hui de ne pas avoir de preuves qu'Aïlin avait tué leur père, car ce qu'il voyait lui était insupportable, son idiot de frère en liberté, propre sur lui, apparemment réputé dans sa profession... Pendant que l’aîné des Bower, lui, se traînait dans l'ombre, la saleté et le déshonneur. Quelle injustice !

C'est alors que son observation suspecte ne passa pas inaperçue : Torin cru voir le fantôme de son propre père lorsque son jeune frère tourna la tête vers lui. L'adolescent était devenu un homme, une sorte de copie altérée de Devin. Mais il ne céda pas à l'envie de réagir à cette vision, il garda son calme en se contentant de serrer dents et poings. Les deux interlocuteurs se séparant d'ailleurs rapidement, comme s'ils avaient craint d'être observés ainsi par ce qui ressemblait à une vieille vermine. Tant mieux : Aïlin hors de son champs de vision, Torin ne serait plus tenté d'agir de manière irréfléchie. Mais la situation n'en devint que plus alarmante lorsque le jeune homme eut la mauvaise idée de faire volte face, pire même, jeter un sort aux pieds du sombre mage, le provoquer sans même savoir qui se cachait sous ces guenilles. Et il se montrait beaucoup trop agressif pour que la morsure du serpent ne soit réprimée plus longtemps...

Aïlin venait d'enflammer une couverture parfaite, Torin avait désormais le choix d'éteindre ou d'attiser les flammes. Il avait attendu trop longtemps. Il voulait se sentir vivre à nouveau, se battre, violenter, semer la panique, tuer... Et peu importe qui prenait car il réalisait maintenant que la dénonciation de Lynn l'affectait plus qu'il ne l'imaginait, sa soif de vengeance éveillée : cette famille, il aurait dut entièrement la supprimer quand il en avait encore l'occasion mais il était trop jeune et inconscient pour préférer l'élimination au plaisir de les voir souffrir. Amère erreur de jugement pour laquelle il payait un lourd tribut.

Il hésita encore un moment sur la manière de procéder, comme si le temps s'était figé quelques secondes. Et, comme hypnotisé par une douce soif de souffrance, il pinça le bord de sa capuche pour révéler son visage jusqu'au front. Ces traits parfaits de jeune premier avaient laissé place à des marques de fatigue et d'usure, cette gueule d'ange qu'on aurait cru imberbe se retrouvait couverte d'une pilosité non entretenue, mais ce regard, forgé dans l'acier et l'argent n'avait pas changé : il avait évolué comme si du mithril avait été coulé dans l'alliage, synonyme d'une rudesse mystique et d'une âme solidifiée, inébranlable, que rien ne puisse traverser mais qui au contraire semblait pouvoir transpercer votre être avec plus de simplicité que n'importe quelle lame forgée de la main des gobelins.

C'est ce regard qui vint traverser les yeux du jeune frère : celui-ci s'était montré si confiant lorsqu'il avait proféré ses menaces, il méritait qu'on lui insuffle le doute, le déséquilibre et la crainte. Peut-être s'était-il senti pousser des aile en croyant son aîné mort ? Alors il était temps de les lui arracher, tout comme l'espoir d'une paix durable. Torin comprenait enfin comment se bâtissait un monde grâce au yeux de son frère : l'espoir était la force de l'humanité, que ce soit l'espoir d'une douce vie ou l'espoir d'une vengeance inassouvie. La seule manière de s'élever au dessus des autres était ainsi de briser leur espoir. Et si un obscur sorcier venait à tuer en plein cœur de Londres alors la paix en laquelle tous croyaient serait éclaboussée de sang et l'espoir de ceux qui avaient un jour cru en la Sainte Cause réapparaîtrait peut-être.


« Bonjour... Aïlin. »

Torin avait rompu le regard qu'il appuyait sur les émotions de son frère pour lui rendre son libre arbitre et se délecter de la réaction qu'un homme pouvait avoir en voyant un mort tomber de son placard. Il ignorait si sa voix plus murmurante que par le passé combinée au souvenir de son regard pénétrant suffiraient à le démasquer entièrement. Il ne s'attendait pas à ce que le jeune Lord doute, mais il avait envie de jouer avec cette proie. Traquer des créatures magiques en forêt, leur faire lentement sentir qu'il n'y avait plus aucune issue jusqu'au lent et douloureux dernier souffle n'était rien, comparé à la jouissance éprouvée lorsque la proie était humaine. Il n'avait certes que peu de temps avant qu'une alerte soit lancée lorsqu'il serait démasqué mais il voulait en profiter au maximum avant d'achever une petite vengeance. Il empoigna donc sa baguette et en fit couler un liquide noir comme le pétrole aux pied d'Aïlin, le produit l'encerclant bientôt pour dégager de minuscules flammes verdâtres sous le regard amusé de l'ex mangemort. Il restait cependant sur ses gardes car il ne s'attendait pas à ce que sa victime se laisse faire.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyMer 27 Mar - 19:15:52

Il se passa une seconde, chargée de tension. Instinctivement, Aïlin avait resserré sa prise sur sa baguette, alors que le monde autour de lui semblait ralentir. L'homme s'était redressé, et s'il ne voyait pas son visage, son instinct lui soufflait qu'il devait se préparer à des représailles. Si tel n'avait pas été le cas, le sorcier aurait déjà prit la fuite.
Qui était donc ce malfrat ? Que lui voulait-il ? Les réponses à ces questions étaient vaines, ici. Il n'était pas rare qu'une rixe éclate entre deux sorciers parce que l'un avait eu le malheur d'en regarder un autre. Tout était prétexte pour se battre, dans l'allée des Embrumes, et personne n'y voyait d'inconvénient. Ce qu'il se passait ici sortait rarement de la ruelle, et si jamais les aurors venaient à débarquer à cause d'un duel qui tournait mal, personne, jamais, n'avait vu ou entendu quoi que ce soit. Les langues étaient fermement maintenues dans les bouches par une chape de plomb, et chacun avançait avec des oeillères devant les yeux pour ne rien voir des choses qui pouvaient se produire à quelques pas d'eux. C'était ainsi, d'ailleurs, qu'Aïlin s'était retrouvé à devoir sauver des griffes d'un truand une jeune élève de Poudlard, une semaine plus tôt.

Soudain, le masque tomba. L'inconnu avait relevé sa capuche, permettant à Aïlin de voir le visage de celui qui l'avait scruté un peu trop longtemps. Le temps s'arrêta définitivement et le lord eut un haut-le-corps. Son regard agrandit de stupeur s'était arrêté sur la première chose, dans le visage du sorcier, qui avait marqué l'alchimiste. Le regard, ce regard d'acier, dur, froid, impénétrable. Ce regard qui resurgissait d'outre-tombe, plus glaçant, plus sombre que dans ses plus pénibles souvenirs. Un regard d'une couleur très semblable à celui de Lynn, à celui de son défunt père.
Non, c'était impossible. Aïlin ne reconnaissait pas le visage de cet homme là, cet homme détruit, décharné, sale, aux cheveux emmêlés pendant misérablement sur ses joues émaciées. Derrière sa barbe négligé, Aïlin reconnu pourtant le pli mesquin des lèvres de Torin. La voix de son frère, plus caressante encore qu'autrefois, frappa ses oreilles. Il aurait reconnu cette voix entre mille, même si elle s'était altérée, et même si ce visage n'avait plus rien de ce qu'avait été son frère, deux ans auparavant.
Quelque chose se figea en l'alchimiste. Immobile et stupéfait, il sentit cette chose glacée se briser, se répandre comme des morceaux de verre dans son âme. C'était impossible et pourtant, il était là, devant lui, bien en vie bien qu'il ne fut plus que l'ombre de lui-même. Son frère, celui-là même qu'il avait enterré en 1998, cette ordure infâme qui avait largement contribué à faire de sa vie un enfer, ainsi que celle de sa sœur. Celui qui avait vendu celle-ci, d'ailleurs, dans le seul but de soudoyer un magistrat capable de lui faire grimper les échelons du Ministère plus rapidement que n'importe qui. Il s'était vengé de tout le mal qui croupissait en lui sur Carpenter, regrettant de n'avoir pu tuer de ses mains Torin, de n'avoir pu le faire souffrir, physiquement et mentalement, comme Torin l'avait fait souffrir lui. Et maintenant, il était là, devant lui. Misérable, pareil à un pouilleux, démuni, dépourvu de son titre et de son héritage qui était tout naturellement revenu à lui, Aïlin, le cadet, celui qui n'avait jamais mérité autre chose que le mépris de ses frères. Ce simple fait, en soi, était déjà une douce vengeance sur le mage noir.

Cette vengeance, il ne la devait cependant qu'aux actes seuls de Torin. Il s'était conduit lui-même à la déchéance la plus sordide. Il récoltait là, tout simplement, ce qu'il avait semé. Ce n'était pas suffisant. C'était très loin d'être suffisant. Les morceaux de verre qui entaillaient douloureusement son âme se transformèrent en un feu intense, une fureur qui explosa et lui monta à la tête avec la violence d'une montée de drogue. S'il n'avait pas été en pleine rue, il aurait certainement hurlé de fureur avant de se jeter sur le mangemort, et il peinait d'ailleurs à contrôler la folie qui était sur le point de le submerger, et qui faisait palpiter frénétiquement la veine de sa tempe.
S'il ne pouvait pas le croire, s'il était sous le choc, il entrevoyait déjà l'occasion d'obtenir enfin ce dont il avait toujours rêvé. Détruire Torin comme celui-ci avait tenté de le détruire, s'opposer enfin à lui dans un unique dessein. Celui de le tuer avant que la société ne se rende compte que le criminel de guerre avait orchestré sa mort.

Sa baguette se tendit vers le poitrail de son frère, à l'instant même où celui-ci faisait couler un étrange sortilège de la sienne. Il observa du coin de l'oeil, alerte, l'étrange texture l'entourer pour s'embraser de flammèches verdâtres. Un rire aigre, incontrôlé, échappa au jeune lord tandis que la foule faisait un écart autour d'eux, ralentissant le pas pour ne pas perdre une miette du spectacle qui s'ouvrait au beau milieu de l'allée. S'il devait mourir dans cette ruelle sordide, peu lui important. Tant qu'il emportait Torin avec lui.
La prudence aurait voulu qu'Aïlin tente immédiatement de fuir ou de prévenir les forces de l'Ordre, mais cette prudence n'était plus de mise. Elle n'existait plus. Elle n'avait, d'ailleurs, jamais existé. Les Bower avaient toujours fait leur propre justice, dans l'ombre, loin de la bureaucratie et des petits avocats. Azkaban n'était pour eux qu'une alternative inintéressante. Ce qui importait, c'était que le châtiment vienne de la main de celui qui le réclamait. Avec un sourire mauvais, Aïlin contra le mystérieux sortilège de son frère. D'un mouvement de baguette, le feu se transmuta en charbon inoffensif. Alors, il bondit en avant, une haine pure dans les yeux tandis que son arme libérait un jet de lumière noire, qui fusa droit sur Torin pour lacérer ce visage honni.
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyMer 27 Mar - 21:41:37

L'ex mangemort avait appris à déceler les faiblesses de son adversaire : touchez la corde sensible et vous déstabiliseriez n'importe lequel d'entre eux à terre, certes pas sans une défense acharnée, mais une défense troublée par la rage et la colère. Il avait quand à lui exploré les fin fonds de son âme pour découvrir que lorsque vous tombiez au plus bas, c'est un sol moelleux et très rebondissant qui vous attendait. Le fait de voir tout ce à quoi l'on tenait anéanti, le fait de ne plus rien avoir, pas même encore une « vie », eh bien, c'est en cela que résidait la plus grande puissance de l'âme, ce vide ravageait toute forme de peur et d'émotion pour vous libérer de tout ce qui affaiblit les humains. Et il pensait avoir atteint ce stade, il se croyait supérieur à son jeune frère, qui lui avait probablement une vie, un statut tout du moins si l'on en croyait sa tenue et sa précédente conversation, en bref quelque chose qui pourrait l'affaiblir ou le déstabiliser.

Il n'irait pour le moment pas chercher dans la tête du jeune homme ce qui pourrait le déstabiliser et l’amener à commettre une erreur. Il préférait au moins pour le début du combat observer la manière dont avait évolué son petit frère avec l'age. Et la première réaction se montra bientôt alors que Torin avait lancé un sort d'acide. Aïlin avait éclaté d'un rire singulier que son aîné n'avait jamais encore entendu de mémoire. Était-il devenu aussi fou que le reste de la famille ? Ou était-ce nerveux ? Ou bien encore ce rire avait-il éclaté pour une autre raison ?
Peu importe, Torin se plaisait à penser que quelques années auparavant, lui-même aurait ri de la sorte, mais seulement dans une situation où il s'apprêtait à triompher. Et c'est cela qui l'inquiétait, si son frère riait ainsi, était-ce parce qu'il lui tendait un piège et que l'ex mangemort mettait les pieds en plein dedans ? Avait-il bien fait de réagir et de se montrer ? Le doute le saisit un instant, il n'aimait pas cela et comprenait pour la première fois dans sa vie ce que pouvait ressentir quelqu'un lorsqu'on lui riait au nez comme cela. Il n'avait plus le droit au doute, cela lui était désormais interdit, il avait choisi d'être ici et sa seule option était de croire à une tentative d'intimidation. Qu'importe si ce n'était pas le cas ? Il n'avait plus peur de l'avenir ni de la mort, il considérait même cette dernière avec un grand respect, un cadeau tout aussi précieux que la vie, ce même si il préférait en être le père et non la victime.

Il n'eut pas le temps de douter plus longtemps car Aïlin contrait le sort d'acidité, transformant peu à peu le puissant liquide en charbon d'obsidienne sans qu'il n'ait le temps d'atteindre ses pieds. L'instant d'après l'assaut était lancé avec une détermination impressionnante : le garçon qu'il avait connu avait laissé place à l'homme, ce qui était d'autant plus intéressant car le combat promettait d'être à sa hauteur.
Torin, durant la bataille de Poudlard avait été confronté à des sorciers d'expérience égale et de plus anciens. La cohésion entre mangemorts lui avait permis de s'en sortir indemne au prix que quelques vies adverses, mais aussi de celle de camarades utilisés comme bouclier. Il avait été un fin duelliste à Poudlard mais cela n'empêchait pas que lorsque des sorts mortels pouvaient surgir à n'importe quel moment, il fallait user de la ruse. De plus, l’aîné des Bower n'avait jamais pris l'habitude de passer par le chemin le plus court, une mise à mort n'était rien sans la souffrance qui la précédait. Alors, lorsqu'il vit la baguette de son frère s'éclairer d'une leur sombre, il imprononça un Avis. Un nuée de plumes mêlées au sang s’échappa du groupe de merles, n'en épargnant pas un seul. Et si la fureur rayonnait sur le visage d'Ailin lorsqu'il avait lancé l'obscur sort, Torin ne pouvait que se délecter de la manière dont il l'imaginait réagir en voyant un sort de magie noire contré avec un sort de débutant lancé par un ex mangemort. Il était si bon d'agir ainsi, de jouer, d'humilier, de se sentir renaître. Et cela ne faisait que commencer car aussitôt les oiseaux tombés, ce fut au tour de Torin d'imprononcer un maléfice à la lueur blanche teintée d'un bleu très pâle : il s'agissait d'un sort de glaciation, censé refroidir l'ennemi et ralentir ses mouvements.

Puis, sans attendre de savoir si sont sort prenait effet, il joua aussitôt un gros coup de poker. Ce qu'il allait faire comptait pour quitte ou double mais il était trop plein d'une assurance et d'une fougue jusqu'alors éteintes et qui n'auraient jamais dû refaire surface lors d'un duel aussi crucial. Cependant, si cela fonctionnait, tous les observateurs qui s'étaient mis en retrait la verraient et seraient impressionnés d'une telle prouesse... Si cela fonctionnait, car ce puissant sortilège de nécromancie se trouvait être d'un complexité déroutante à incanter. Torin pointa donc sa baguette vers le tas de merles morts et les fixa avec une grande concentration, son visage demeurant impassible depuis le début du duel.


« ERRRÊCTO MÖRRRTIS. »

Selon un très vieux grimoire abîmé, ce sort aurait été utilisé par un nécromancien romain pour transférer pendant un moment un peu de sa magie aux morts afin qu'ils se relèvent et se plient à sa volonté. L'opportunité avait été trop grande pour faire un essai et Torin n'y était pas allé de « main morte ». Si cela marchait, il va sans nul doute que les oiseaux de malheur s'acharneraient sur Aïlin, mais s'il échouait, la prochaine attaque de son frère lui coûterait cher...
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyMer 27 Mar - 22:42:47

Le jet de lumière noire frappa sans atteindre Torin, réduisant en petits tas de chair et d'os sanguinolents les oiseaux avec lesquels avait paré l'aîné Bower. Dans d'autres circonstances, Aïlin aurait rit d'une telle riposte, digne d'un élève de Poudlard. Une riposte qui demeurait efficace, et qui permit au mage noir de répliquer par un sort de gel qu'Aïlin évita in extremis. Il devait garder ses distances, plutôt que de se jeter à corps perdu sur Torin, et ainsi, s'exposer plus qu'il ne l'était nécessaire.
Maintenant que le duel s'engageait, une part de son sang-froid lui revenait, ou du moins, de son instinct de duelliste. En digne Bower, Aïlin n'avait pas omis d'apprendre à se servir de sa baguette contre un autre sorcier. Il savait que de son arme dépendait sa survie, et pour cette fois, son frère avait été un bon exemple de l'intérêt de savoir se battre. Si Torin lui avait inculqué une chose, c'était de se donner les moyens de ne plus jamais être vulnérable, et de se battre jusqu'à la mort s'il le fallait plutôt que de se rendre.
Il le ferait douter, il lui ferait prendre peur, il le torturait dans cette ruelle si un combat ne suffisait pas, mais il détruirait Torin quoi qu'il put lui en coûter. Il voulait voir son sang se répandre, profiter de cet instant crucial, jouissif, où Torin serait enfin à la place de l'adolescent qu'Aïlin avait été autrefois, piégé, prisonnier de l'esprit machiavélique du criminel. Et cette rage de vaincre, de prendre sa revanche, plutôt que de l'affaiblir, ne l'en rendait que plus fort, plus obstiné. Il ignorait l'issue de ce duel, mais il ne craignait plus ni la douleur, ni la mort. Cet affrontement était devenu, tout à coup, sa raison de vivre. Oh ! il le haïssait comme jamais il n'haïrait plus quiconque.

Le sort que prononça Torin était inconnu d'Aïlin. Il aurait pu appréhender son effet, mais il se sentit seulement impatient de voir ce que son frère lui réservait. Il était comme un animal excité par une faim inextinguible.
Les moineaux qui avaient subi le sortilège de lacération rassemblèrent soudain leurs morceaux sanguinolents, et une masse de volatiles morbides s'éleva entre les deux Bower, pour fuser en direction d'Aïlin. Celui-ci bondit en arrière tout en élevant sa baguette, alors que les badauds autour d'eux s'éloignaient vivement, certains en criant, d'autres en s'extasiant du spectacle morbide.


« Duro ! »

S'écria-t-il, et les oiseaux se métamorphosèrent instantanément en pierres qui s'écroulèrent lourdement sur le pavé. Bower apprécia l'ironie qui se dégageait de cet acte. Si son aîné l'avait tantôt paré d'un sortilège simpliste, c'était maintenant son tour. Manifestement, Torin n'avait pas été capable de mettre toute la puissance escomptée dans son maléfice, car il ne doutait pas que de telles créatures, relevées d'entre les morts, auraient été beaucoup plus coriaces. Torin s'essayait à des magies inquiétantes, mais qu'il ne maîtrisait heureusement pas. C'était son genre, que de vouloir impressionner par des formules complexes et obscures, d'instiller autant la surprise que la peur à son adversaire, mais il venait seulement de révéler sa faiblesse, pour cette fois.
Aïlin ne doutait pas que les prochains coups de Torin se montrerait plus rapides et efficaces, après ce cuisant échec. Il ne referait pas deux fois la même erreur, et son cadet devait s'attendre à voir son ennemi diversifier les tactiques. C'était à lui d'être le plus rapide et le plus incisif. Il ne devait surtout pas se laisser mettre sur la défensive, car c'était très certainement ce qu'aurait attendu Torin de l'Aïlin d'autrefois. Ou alors... C'était peut-être l'occasion ou jamais d'en jouer.

Les morceaux de charbon qui traînaient à ses pieds s'animèrent, pour se transformer en poudre qui fondit en direction de Torin. Aïlin doutait que le mage noir s'en laisserait recouvrir au risque d'y perdre la vision, mais ce n'était là qu'une diversion. Son but n'était pas de piéger Torin dans un sortilège défensif, mais de le piéger en retenant son attention sur celui-ci.
En un instant, la poudre de charbon s'était massée devant Aïlin pour filer en direction de Torin, mais l'alchimiste fit un écart et visa au moment opportun. Un rictus véritablement mauvais barra les lèvres d'Aïlin et il informula un sortilège de confringo en pointant le tronc de son opposant, impatient de voir quel effet aurait un sortilège d'explosion sur la chair tendre et périssable d'un abdomen.
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyJeu 28 Mar - 0:14:01

Torin eut à peine le temps de voir son jeune frère esquiver le sortilège de givre qu'un spectacle bien plus étonnant se livra à ses yeux. Tel un balai morbide, les oiseaux reprenaient vie sous les yeux émerveillés et passagèrement affaiblis de leur maître. Cela lui en coûtait une certaine énergie mais ça en valait la peine, il avait réussi, il avait soumis les cadavres de volatiles à sa volonté et pouvait sentir le battement de leurs ailes comme celui de son propre cœur. Un sourire admiratif s'était dessiné sur ses lèvres, et, ses oreilles pouvaient entendre les réactions des curieux : malgré la tradition qui voulait que ce qui se passe dans l'Allée des Embrumes y reste, il espérait voir la rumeur se répandre car même si cela n'était pas grand chose, il s'agissait tout de même d'un message : tout n'était pas aussi mort qu'on pouvait le croire.

Trêve de rêverie, l'ex mangemort employa son énergie à faire déferler les oiseaux sur son frère, visant plus particulièrement les yeux. Il arrivait en se concentrant à se sentir dans la peau de l'un de ses sbires, se rapprochant de son objectif lorsque...


« NON! »

Un simple sortilège venait d'abattre tous ses efforts, encore une fois il échouait alors qu'il était sur le point de réussir. C'était impossible, comment ces marionnettes de chair et de plumes pouvaient être si fragiles ? Fallait-il qu'il essaye avec des reptiles à la peau plus épaisse ? Il n'avait pas le temps de se morfondre sur cet échec cuisant : lui aussi avait été affaibli dans l'affaire car les réserves de magie et d'énergie déployées n'étaient pas infinies, sa condition physique ne faisant rien non plus à l'affaire. Il ne devait pas montrer cela à son frère, il prit une profonde inspiration pour reprendre un air impassible, bien que quelques traits de son visages restèrent tirés en guise de déception.

Et, alors qu'il s’apprêtait à riposter, les charbons qui furent auparavant de l'acide devinrent maintenant poudre. Qu'est-ce que Aïlin pouvait bien essayer de faire en utilisant cette poudre ? Le prenait-il pour un bleu ? Il lui suffisait de se recouvrir de sa cape entièrement et de la jeter aussitôt la poudre reçue, ou plus simple : un sortilège de courant d'air faisait l'affaire. Seulement le sombre sorcier n'était pas dupe et comprenait qu'à son tour le plus jeune de deux utilisait la diversion. Torin devait choisir avec précaution ses gestes et se préparer à essuyer deux assauts de suite.
Lorsque son frère lui envoya le nuage à la figure, il exécuta un mouvement de poignet vers quelques observateurs de la scène, leur envoyant la poudre noire en un coup de vent, mais...

S'il avait ressenti une légère fatigue après l’échec de son sort nécromancien, il se sentait à présent beaucoup plus fatigué, se remémorant avoir entendu un étrange bruit fusant lorsqu'il avait évacué la poudre. Il avait vu Aïlin lui jeter un sort alors que lui même achevait son mouvement de poignet, il n'avait pas eu la vivacité nécessaire pour réagir à temps et se retrouva projeté au sol avec une vive douleur émanant de son ventre. Une douleur énervante qui lui faisait froncer les sourcils mais dont il n'avait guère le temps de se soucier sinon cela pourrait lui coûter la vie. Il en profita donc, toujours à terre, pour relever sa tête non sans réprimer un cri de douleur et pointer sa baguette vers son frère.


« Endoloris! »

Le sort avait été prononcé sur un ton d'une violence extrême et Torin plongea sa main libre dans une sacoche accrochée à sa ceinture pour en sortir une fiole dont il arracha le capuchon à l'aide de ses dents. Il cracha l'objet de liège puis ingéra l'intégralité de cette fiole de premiers soins qu'il conservait toujours à ses côtés, au cas où.
Tout cela était allé très vite et dans un soucis de survie, sans même attendre de voir si le doloris avait atteint son objectif, il informula un lourd sort de bélier en direction du poignet armé de Aïlin. Si l'un était gravement blessé et l'autre désarmé, ils se trouveraient sur un pied d'égalité.

Mais à peine ce dernier sort lancé, une douleur plus vive rappela Torin à la réalité et là seulement, ses yeux se posèrent sur son abdomen : les guenilles qu'il portait avaient été arrachées et sa peau n'était plus distincte, maculée de sang et de lambeaux de chair. La douleur qui le foudroyait lorsqu'il tentait de lever davantage la tête l'empêchait de mieux voir l'étendue des dégâts. Le seul diagnostic était qu'il ne pourrait certainement pas se relever tant que toute menace ne serait pas écartée. En espérant que les aurors ne débarquent pas avant, mais ils n'avaient aucune raison de savoir le fugitif vivant et présent... Si Aïlin n'avait pas trouvé le moyen de les contacter discrètement.
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyJeu 28 Mar - 1:21:05

Déçu, Torin ? Si le mage noir était passé maître dans l'art de cacher ses rares émotions, Aïlin avait clairement entendu le cri incrédule qui s'était échappé de sa gorge, et trouvait en cela une intense satisfaction. Malgré qu'il se savait en danger de mort, le cadet se sentait sûr de lui, plus ambitieux que jamais. Il avait un pouvoir sur Torin. Celui-ci l'avait quitté alors qu'il n'était qu'un adolescent. Aïlin était maintenant un homme duquel son frère ignorait beaucoup de choses. Mieux encore, Torin avait beaucoup perdu de sa superbe, et s'interrogeait peut-être davantage que son jeune frère, qui lui, n'avait qu'une seule et unique idée en tête.

Rapide et déterminé, Aïlin exécuta son assaut et fit mouche. Il vit, devant lui, Torin être projeté dans les airs et s'écraser brutalement sur le sol inégal de l'allée, alors que l'explosion l'avait heurté de plein fouet. Sous les cris de la foule, du sang, des vêtements et peut-être un peu de chair avaient giclé, laissant une belle plaie béante sur l'abdomen de son frère. D'ici, Aïlin n'avait malheureusement pas le loisir d'observer l'étendue de sa réussite, et n'en eut de toute façon pas le temps. Coriace, Torin s'était déjà redressé pour lancer le maléfice qu'Aïlin s'était attendu, d'un moment à l'autre, à voir surgir de la baguette de son frère.
Aïlin était néanmoins en position de force et pu voir le sortilège venir. Il bondit de côté en lançant un sortilège de bouclier, et l'endoloris ricocha pour se perdre contre un mur, dont la pierre brunit sous l'impact du sort. Néanmoins, la puissance de l'endoloris avait été telle qu'Aïlin avait été projeté sur le flanc lorsque le sort avait heurté son bouclier. Il se redressa cependant, sans prendre garde à son bras endolori d'une rencontre brutale avec le trottoir, et se retrouva, pour un instant, dans le plus parfait chaos.

Les piétons couraient en tous sens pour fuir cette partie de l'allée. L'amusement et la curiosité avaient définitivement disparut au moment où l'endoloris avait manqué de frapper un sorcier dans la foule. Agacé par les gêneurs, Aïlin en stupéfixia deux pour se rapprocher à nouveau de son frère et revenir à son assaut. C'était du temps qu'il perdait, un temps qui permit à Torin de lui asséner un sort qui lui brisa littéralement deux doigts en faisant valdinguer sa baguette. Une douleur électrique lui parcourut tout le bras, et il sentit, étrangement, que cette sensation n'était pas seulement dû à l'impact qu'avait eu le sort sur les os de sa main. Il n'en comprit pas immédiatement la raison. Il ne chercha pas même à comprendre, et se jeta sur sa baguette qui avait atterrit non loin de là, profitant que Torin demeurait toujours à terre.
Son arme dans la main gauche, il courut vers son frère et se jeta sur lui. Son genou vint s'enfoncer dans la plaie béante de son ventre, et la pointe de sa baguette se planta dans la joue de l'aîné déchu. Son regard, fou de fureur, rencontra celui de Torin, et les dents du cadet se découvrirent en un sourire macabre, empreint d'une sombre victoire. Il ne ressentait plus rien d'autre que la danse folle de sa haine, triomphante, reine incontestée de son esprit, allant jusqu'à tuer dans l'oeuf la douleur qu'Aïlin aurait dû éprouver dans sa main.


« Dis-moi, Torin, qu'est-ce que ça fait d'être à la merci de son propre sang ? »

Il aurait pu le tuer, là, tout de suite. Ne pas attendre que son aîné trouve le temps de pointer sa baguette sur lui, pour en finir et disparaître de cette ruelle. Mais Aïlin voulait voir Torin souffrir. Le tuer si vite aurait été un innommable gâchis, après toutes ces années où il avait fantasmé ce moment.
Alors, le lord se contenta de désarmer son adversaire, puis, plaquant cette fois son arme sur sa glotte, prononça avec une froideur saisissante les trois syllabes qu'il avait toujours rêvé de prononcer à l'encontre de son frère :


« Endoloris. »

Le lord voulait lui instiller, en douleurs, toute la profondeur de sa haine. Il voulait qu'il ressente dans chaque parcelle de son corps, dans chaque muscle, chaque veine, le venin ardent du dégoût que son frère lui inspirait, et qu'importait les conséquences que cela pourrait avoir. S'il passait sa vie en prison en sachant Torin mort de sa main après une longue agonie, il en serait heureux.
Son arme vibra sous ses doigts, de plus en plus fort à mesure qu'Aïlin renforçait le sortilège. Et, contre toute attente, une secousse éjecta Aïlin, qui vit le bois de son arme se fendre, au point d'ouvrir la baguette en deux jusqu'à la garde. Stupéfait, Bower sentit l'énergie de son arme s'éteindre, alors que son cœur, noirci par le mauvais traitement, pendait tristement entre deux morceaux de bois.

Ce fut seulement à ce moment qu'il comprit l'origine de la sensation étrange qui avait engourdit les muscles de ses bras. La force du sortilège envoyé par Torin avait réussi à affaiblir sa baguette magique, qui n'avait pas eu le temps de se remettre du mauvais traitement. Le sortilège de magie noire, violent, destructeur, avait fini de l'achever.
Il était désarmé. Par chance, Torin aussi. Et grâce à la ruse dont Aïlin avait fait preuve, le mage noir avait également une belle plaie dans le ventre. Il ne serait certainement pas difficile de l'étrangler jusqu'à ce qu'il expire un dernier râle d'agonie. Sa fureur lui donnait toute sa force, et c'est avec elle qu'il se jeta de nouveau en avant, les mains tendues vers la gorge de son frère.
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyJeu 28 Mar - 4:41:33

Pourquoi son doloris s'était-il perdu, pourquoi ? Il était son unique moyen de mettre Aïlin à terre pour l'exécuter tranquillement. Un second échec cuisant même si le maléfice avait au moins eu pour effet de propulser le jeune homme plus loin en laissant à Torin le temps d’exécuter avec succès un sort suffisamment rapide à lancer. Il avait désarmé sa cible, mais ainsi allongé et condamné à souffrir s'il bougeait trop, son champs d'action restait limité. Il tenta bien de lancer un autre sort mais n'arrivait plus à viser correctement. Alors ce qui devait arriver arriva, Aïlin avait repris possession de sa baguette et s'avançait vers lui à vive allure.
Avant de comprendre ce qui venait de se produire, Torin sentit un puissant cri émaner de sa gorge, puis, ses yeux se révulser pour se fermer un instant tandis que sa main droite laissait échapper sa baguette. Son souffle s'était finalement coupé en provoquant un long râle et une sensation de douleur intense irradiait de ses entrailles. Comme si un poison de flammes s'écoulait dans ses veine, brûlant tout sur son chemin... Comme s'il revivait son intronisation au sein des mangemorts...

L'image du Seigneur des Ténèbres pointant sa baguette sur lui lui apparut, comme une impulsion, un souvenir qui lui faisait enfin réaliser pourquoi les jeunes mangemorts avaient été ainsi torturés avant d'être admis dans la communauté. Voldemort n'avait pas fait ça par plaisir de soumettre les siens. Il avait agi par altruisme, comme s'il savait que tôt ou tard ses novices seraient confrontés à la torture. Ce qu'ils avaient tant fait subir aux autres, ils devaient le connaître un jour car tout le monde paye pour ses actes. Et celui que Torin rêvait à l'époque de surpasser était un homme encore plus digne et respectable qu'il ne l'avait imaginé. Il était un sauveur et aujourd'hui, même à titre posthume, il venait d'éviter à Torin de se faire abattre sans pouvoir se défendre, car au lieu de simplement tourner de l'oeil, il avait puisé la force nécessaire pour rester conscient sous le coup de la douleur. Il avait réussi durant le faire au rituel d'initiation, par volonté. Et aujourd'hui il le faisait, pour l'honneur d'un grand homme. Non sans cracher une gerbe de sang en sentant la pression se maintenir en bas de ses côtes.
Lorsque le sensations revinrent avec une longue inspiration, il pût sentir la baguette de se frère contre sa joue, l'arme fut-elle encore utile alors qu'il le tenait déjà à sa merci. Torin, trop absorbé à lutter contre la douleur avait du mal à rassembler ses pensées, comme si l'air lui montait plus difficilement à la tête. Son regard troublé se concentra sur le visage de son frère. L'autrefois adolescent était devenu méconnaissable, des traits similaires à ceux que Torin lui-même arborait lorsqu'il était sur le point de massacrer quelqu'un, un vrai miroir. Mais cette fois-ci, le sombre sorcier était à la place de la victime, ce qui aurait pu lui sembler ironique s'il avait eu le temps de songer à la situation. Sauf qu'en cet instant il faisait face au visage de la mort et c'était de son propre devenir qu'il se préoccupait : il ne savait comment accueillir la dame noire, il ne s'était jamais préparé à cela et en cet instant, il ne la trouvait que douloureuse. Était-ce normal ? N'aurait-il pas dû être effrayé et supplier ? Au fond, n'était-il pas venu ici pour que cela s'achève ainsi, sans en avoir conscience ?

La voix d'Aïlin vint interrompre cette brève réflexion tandis que les trait de Torin demeuraient déformés par la douleur. Les mots résonnaient avec un léger bourdonnement dans sa tête. Il aurait voulu lui retourner la question par pure provocation, mais n'avait pas l'envie de gaspiller le peu d'énergie qu'il lui restait pour trouver une échappatoire. De plus, il sentait que le jeune homme avait besoin d'une réponse pour attiser sa haine, devenir plus violent et le justifier par les provocations de sa proie. Il avait déjà été à sa place... De nombreuses fois. Il ne lui offrirait jamais un tel plaisir, il voulait qu'il comprenne que seuls les tueurs nés trouvent de la satisfaction à commettre un crime. Et comme il sentait sa mort proche, il voulait faire une dernière tentative. C'est à ce moment-là qu'il réalisa ne plus être en possession de sa baguette, que sa main droite cherchait activement à tâtons. Mais avait qu'il ne la retrouve, Aïlin la lui confisquait. C'était probablement la fin. Torin cherchait à voir cela comme un jeu auquel il aurait perdu et, d'un air déçu, prononça ceux qu'il pensait être ses derniers mots.


« Vas-y. »

Mais ce ne furent pas les deux mots auxquels il s'attendait. Il sentit quelque chose le saisir à la gorge, puis très vite au travers de tout son être. Ses paupières écarquillées venaient de se refermer comme compressées par un étau, il en allait de même pour ses poings et sa mâchoire... Juste avant qu'elle ne s'ouvre béante pour lâcher un hurlement retentissant, teinté d'éclaboussures de sang, qui semblait se prolonger dans la durée. Quelques secondes métamorphosées en une éternité.
Le Seigneur des Ténèbres lui avait également fait subir ce sortilège durant le rite d'initiation mais en cet instant, le souvenir semblait bien moins douloureux et Torin ne savait pas si c'était parce qu'il était déjà très affaibli ou si c'était parce que le maléfice avait été lancé avec une bien plus grande détermination.
Il revivait son rite d'initiation dans une version bien plus violente et se demandait si cela signifiait la fin d'une ère. Il n'avait jamais supplié Voldemort de mettre un terme à la cérémonie. Il ne supplierai pas davantage en ce jour, sachant qu'il trouverai son salut au bout du chemin. Il ne donnerai pas cette satisfaction car au contraire, c'était aussi un peu lui le tortionnaire, dans le sens où il ne donnait pas à son jeune frère ce qu'il désirait probablement le plus en cet instant : se faire supplier. Pour se l'interdire, il referma sa mâchoire et serra aussi fort qu'il le pouvait, le son de ses cris continuant d'émaner de sa gorge. Il ne devait pas céder, mais la douleur augmentait à chaque seconde, la rendant bientôt plus qu'insupportable. Demander ne changerait rien à la donne, peut-être cela rendrait-il les choses en pires car il exciterai davantage Aïlin. Son corps était parcouru de spasme et de convulsions de plus en plus frénétiques. Ç'en était trop. Ses yeux se rouvrirent, laissant échapper des larmes incontrôlées, tandis que ses joues viraient au rouge vif, presque au mauve. Ses yeux dont l'acier semblait fondu plongèrent dans ceux de son frère, son regard pourvu d'un expression complètement indescriptible. Il fallait qu'il plonge dans l'océan qui lui faisait face. Il fallait qu'il lui ordonne de cesser cela immédiatement. Mais la douleur l'empêchait de se concentrer, il lui était impossible d'utiliser son don si précieux, seul salut possible...

C'est alors que contre toute attente l'ex mangemort se trouva désensorcelé tandis que la baguette éclatait sous ses yeux. Son corps captura par réflexe une grande bouffée d'air alors qu'Aïlin avait été expulsé de même coup. Une sensation de liberté envahit peu à peu tout son être et sa conscience se libérait. La potion commençait à faire effet, limitant légèrement la douleur qui émanait de son ventre. Et si cette épreuve semblable à celle que lui avait fait passer Voldemort ne représentait pas la fin d'une ère comme il l'avait cru plus tôt ? Et si au contraire, cela marquait le début d'une nouvelle ère ? Torin n'était pas sorti d'affaire et ne voulait pas tirer de conclusion hâtive, aussi préféra-t-il conserver l'apparence de semi-mort qu'il arborait depuis quelques minutes. Son regard n'en disant pas plus qu'avant, observant simplement les mouvements de son adversaire. Et la charge ne tarda pas.
Torin, laissant échapper malgré lui cri et larme, comprima ses abdominaux déjà bien abîmés, afin de concentrer la douleur pour la limiter lorsque son frère bondit sur lui. Il vit les mains adverses se poser sur sa gorge et, à croire qu'il ait eu la même idée au même instant, ses propres mains vinrent s'agripper au cou de son frère, un pouce sur sa jugulaire. Son visage changea enfin, malgré quelques traits trahissant encore la douleur, il inspirait désormais la colère.


« Tu ne comprends... »

Il toussa légèrement, laissant quelques goûtes de son sang éclabousser le visage de son frère. Sa voix n'était plus qu'un râle mais ses mots restaient clairs.

« Rien. »

L'air avait eu le temps de remonter à son crâne avant qu'il ne se retrouve ainsi strangulé, le laissant voir plus clair dans ses idées... Le laissant voir plus nettement les yeux de son frère. C'était le moment ou jamais d'agir, dans peu de temps il n'aurait plus la clarté d'esprit nécessaire, alors il plongea. Il s'enfonça dans la tête de son frère. Il lui montra d'abord ses propres mémoires : la tête de Voldemort face à lui, lui infligeant pareil sort qu'il venait de recevoir. Il lui renvoya ensuite sa propre image alors qu'il torturait Torin. Après quoi il exécuta un magnifique transition en renvoyant au jeune sorcier ses propres souvenirs, le visage de Torin pareil au sien lorsqu'il l'avait dolorisé. Vint ensuite l'image d'un Aïlin adolescent tuant leur père. Puis le coup de grâce, un souvenir tout aussi réel issu de Torin : l'image du macchabée desséché de leur père prenant peu à peu l'apparence du cadavre frais de Torin. Ne restait alors plus qu'à lui expliquer la fin du raisonnement, une phrase prononcée par la pensée pour économiser ses réserves.

*Tu vois, nous sommes pareil.*

Il profita de ses rares forces restantes pour s'emparer des dernières mémoires le plus troublantes de son frère. Il se délecta avec triomphe de ces visions. Une addiction à la drogue, puis une tentative de suicide. Il existait bel et bien une différence entre eux deux : l'un était faible, l'autre un battant. Aussi un ignoble sourire se dessina-t-il sur le visage du sombre sorcier.

*Ma mort ne t'apportera rien de ce que la tienne ou la drogue puisse t'offrir : la paix.*

Il aurait pu pousser le vice jusqu'à lui dire que le laisser vivre apaiserait davantage son âme mais cela aurait davantage tenu de la demande ou du conseil et il en était hors de question. Le pire dans cette histoire c'est que Torin pensait réellement ce qu'il disait et c'était cela qui le faisait sourire. Cependant la réalité le rappela bientôt à elle. Il recommençait à manquer d'air et son visage ne perdait pas ses couleurs inquiétantes. Alors son sourire sadique s'éteint, tout comme le contact entre les deux âmes s'affaiblissait, non sans laisser une onde de doute envahir les pensées de son frère. Lui aussi avait un jour eu un semblant d'innocence, il n'avait pas tué Aïlin car il avait une certaine considération pour le garçon. Il voyait en lui un semblable tout comme un opposé, une personnalité étrange, qui n'avait hérité que d'une différence : la capacité d'aimer.

Ses mains ne tiendraient pas beaucoup plus longtemps tendues vers le haut, il n'aurait probablement pas la force d'étrangler son frère jusqu'à ce que mort s'en suive, il s'agirait probablement même de l'inverse si sa force de persuasion n'avait pas l'effet escompté. Sa bouche restait ouverte pour chercher l'air, ses traits gonflés par l'afflux de sang dans sa tête. C'est seulement à ce moment-là que son regarde d'acier liquide commença à interroger Aïlin.
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé [Terminé]   Les ombres du passé [Terminé] EmptyJeu 28 Mar - 21:58:29

Était-ce ce à quoi c'était attendu Torin, après l'avoir enjoint à commettre l'acte qu'Aïlin s'apprêtait à faire ? Ou l'avait-il pensé assez clément pour abréger si tôt ses souffrances ? Non, sa vengeance avait besoin de nourriture. L'endoloris avait été le plat de résistance. La mort de Torin, sans qu'il n'ait assez souffert, n'aurait été qu'un dessert amené trop tôt, qui n'aurait que laissé un goût fade en bouche. Qu'importait qu'il n'ait pas supplié. Qu'importait, car Aïlin savait ce que cela était d'être dans cette position. Lui-même avait refusé de faire ce plaisir au mage noir, quand il en avait été la victime. Il n'attendait pas de prières, car il savait que tous deux étaient trop fiers pour s'abaisser à de tels bassesses.

Assis sur le torse de ce frère ennemi, son genou bien appuyé sur la blessure qui creusait son abdomen, Aïlin avait encore le souvenir des larmes et des hurlements de Torin en tête, comme une symphonie qui sonnait voluptueusement dans son âme. Il en était grisé, comme l'on sortait grisé d'un concert prodigieux, ayant apporté à l'âme un quelque chose de magique et qui maintenait le spectateur en-dehors de la réalité. Réalité lointaine, illusoire, incapable d'accrocher de ses griffes l'homme qui avait été projeté dans un autre monde, plus doux, plus vrai que l'existence même. Mais il n'y avait nulle douceur, nulle paix dans ce qui agitait l'âme du jeune Bower. Ce cœur là battait en répandant une liqueur noire dans ses veines, la liqueur empoisonnée de la haine et de la mort, qui ne fit que s'épaissir lorsque la voix de son frère s'éleva de nouveau et que des gouttes de sang – de son sang – venaient éclabousser son visage rouge de rage.

S'il sentait les doigts de Torin autour de sa gorge, il n'en avait cure. Oh, il peinait à respirer, et le pouce du mage noir sur sa jugulaire formait une pression assez conséquente pour qu'il ait l'impression que son sang peinait à monter jusqu'à son cerveau. Mais il pouvait tenir, il le savait. Il tiendrait plus longtemps que Torin. Ou peut-être étoufferait-il en même temps que lui, mais alors, cela n'aurait pas d'importance. Avait-il, de toute façon, encore d'autres raisons de vivre ? Lynn comprendrait qu'il ait choisi de mourir pour une juste cause. Il avait attenté lui-même à sa vie, et une voix en lui lui disait qu'il avait échoué car le destin avait décidé bien avant du chemin qu'il devait prendre, de la façon dont il devait s'accomplir avant d'expirer. Et là, il aurait accompli le seul but qui l'animait à présent.
Torin aurait eu mille fois l'occasion de tuer son frère. Il avait certainement été trop lâche, puisqu'il n'était jamais passé à l'acte. Ce n'était pas le cas d'Aïlin. Sa prise s'affermit au détriment de son index et son majeur brisés, forçant Torin à râler la fin de sa phrase.
Il se fichait de ce que l'ancien mangemort lui disait. Cette phrase, il l'avait trop entendue pour s'en soucier encore. Elle était l'ultime argument de celui qui n'en possèdait plus aucun. La mort par étouffement était, paraissait-il, une mort terrible, lente et douloureuse. Elle était parfaite pour Torin. Parfaite pour lui-même, aussi, car la souffrance qu'il commençait nettement à ressentir ne faisait qu'enflammer sa motivation.

Son regard d'azur s'enfonça dans celui de son frère. Il voulait voir la flamme dans ses yeux s'éteindre. Il voulait voir l'acier perdre son éclat et se transformer en plomb, inerte, fade. Pendant une seconde, il avait sous-estimé son frère, l'imaginant incapable de légilimencie alors qu'il approchait dangereusement de la mort. Son erreur permit au mage noir de s'imposer dans son esprit, d'y pénétrer comme il l'avait déjà fait dans le passé. Des images qui ne lui appartenaient pas surgirent brutalement dans le brouillard carmin de son esprit, mais au lieu de s'en sentir violé et humilié comme lorsqu'il n'avait été qu'un adolescent, Aïlin les accueillit, sans même opposer de résistance. Un dernier dialogue, d'âme à âme, avant que son aîné ne trépasse enfin. Une parole, qu'au fond, Aïlin voulait entendre.

Le visage terrible du Seigneur des Ténèbres tira un frémissement au jeune lord. Il ignorait ce que cette vision signifiait. Torin, en position de faiblesse, soumis, subissant la torture de la main de son maître. Était-ce une façon de se racheter, de s'excuser ? Qu'est-ce que Torin pouvait bien chercher à lui faire comprendre ? Qu'il avait eu l'égard de se comporter vis-à-vis de son frère comme l'avait fait Voldemort à son égard ? Mentor attentionné, pourvu, dans sa perversité, de la plus élevée des bienveillances ? Non, Aïlin n'était pas dupe. Il ne se laisserait plus manipuler ainsi. Il n'avait jamais consentit à ce traitement, à l'inverse de Torin. Et ce qu'il était devenu, s'il le devait à son frère, il le rejetait avec violence. Il ne voulait pas devenir comme lui. Il ne voulait pas être cet homme froid, dépourvu du moindre scrupule, capable de tuer père et mère pour obtenir ce qu'il pensait lui être dû.
Il n'eut guère le temps d'analyser davantage cette vision, car Torin lui montra ce qu'il voyait déjà de ses propres yeux. Lui, au-dessus de son aîné, impliquant toute sa volonté dans l'acte mortel. Pourtant, c'était comme s'il ne le voyait plus de ses yeux, mais de ceux d'un autre, de ceux de Torin. La sensation que cela lui prodigua était étrange, indescriptible. L'image s'évanouit, et le visage d'Aïlin, son visage, se métamorphosa en celui de Torin, alors que lui, adolescent, se trouvait échoué sur le sol, en proie à la plus infâme des douleurs. Cette image humiliante resta dans sa tête même alors que Torin lui en imposait une nouvelle. Mais, lorsque cette dernière devint nette, lorsqu'il se vit, pauvre gamin de quinze ans dominant son père pour le tuer dans un cri de rage, ce souvenir, atroce, honteux, ce moment du passé qui avait fait basculer sa vie entière, cette seconde qui l'avait transformé en meurtrier... tout ce qu'Aïlin avait vu jusqu'alors disparut. Un regret atroce, qui lui fit couler des larmes, lui empoigna le cœur.


*Ça suffit !*

Pensa Aïlin avec rage, mais cela fut vint. Ce qu'il vit alors atteignait l'impensable, ébranlant jusqu'aux tréfonds de son âme. Comment Torin avait-il osé ? Comment avait-il pu ainsi bafouer la dépouille de leur père pour servir ses desseins ? Sa poigne se raffermit sur la gorge de Torin, comme s'il désirait transpercer sa chair pour atteindre directement son œsophage.
« Tu vois, nous sommes pareil. »
Cette phrase fit trembler Aïlin. Il étouffait, chaque inspiration était pénible et ne lui apportait que trop peu d'air, laissant une âpre douleur dans ses poumons. Pourtant, il hurla, s'appuyant de tout son poids sur la gorge de son aîné pour le secouer, comme s'il voulait, par ce geste, lui retirer ces mots qu'il avait pensé, rejeter hors de lui son esprit, qu'il était incapable de contrer.

« NON ! »

Râla-t-il avec mille douleurs. Il vit malgré tout ses récents souvenirs défiler sans qu'il ne put rien contre l'art retors du mage noir. Il se fichait bien, après tout, que Torin découvre ses faiblesses. Qu'importait qu'il le sache ancien drogué, qu'importait qu'il sache qu'Aïlin ait désiré mettre fin à ses jours. Désir qui ne s'était manifesté que lorsqu'enfin, il avait retrouvé les véritables souvenirs que Torin avait enfermé en lui. Il lui avait volé la clef de sa propre mémoire. L'impact de Torin avait été tel, dans sa vie, qu'il en expérimentait encore les conséquences. Mais il ne ferait pas le plaisir à Torin de le lui confesser, tout comme lui avait gardé la mâchoire serrée pour ne pas crier et supplier. Cela aurait été admettre ce qu'Aïlin refusait de penser. Qu'il était tout comme son frère et que seul le violent antagonisme qu'ils ressentaient l'un vis-à-vis de l'autre les opposait.

« Tu te trompes... Torin... »

Murmura Aïlin, les sourcils froncés, le visage violacé et marqué par le manque d'oxygène. Le doute le submergea pourtant, mais l'alchimiste le chassa en s'accrochant à la sensation de la gorge compressée de Torin entre ses doigts.
Non, cette expérience là valait toutes les drogues qu'Aïlin avait pu expérimenter. Jamais il n'avait désiré autant la mort d'un autre, et jamais rien ne l'avait tant fait jouir que de voir Torin perdre lentement pied sous ses yeux. Car il le voyait bien, à présent. Le sourire du mage noir s'était éteint sous les torsions désespérées de sa bouche pour chercher de l'air.


« Rien... n'est plus beau que... ce moment... »

Les yeux du mage noir l'interrogèrent, tandis que son emprise sur sa gorge tremblait, prête à lâcher. Aïlin gagnait. Il allait peut-être vivre, finalement. Pas Torin, cependant. Une dose d'oxygène plus conséquente passa dans ses poumons et un vertige prit Aïlin, qui aspira goulûment un peu d'air fétide de l'allée des Embrumes. Il se sentait, lui aussi, au bord de l'évanouissement, et ses tempes pulsaient affreusement de part et d'autre de son crâne. Il avait l'impression que sa tête allait exploser. Et pourtant, il jouissait de ce moment comme d'aucun autre. Il sentait la vie fourmiller en lui comme jamais il ne l'avait jusqu'alors ressenti. Aïlin, sentait émerger l'extase à laquelle allait suivre, il le savait, cette paix dont lui avait parlé Torin. Cette paix qu'il avait tant cherchée, et qui n'était plus qu'à deux doigts de l'enserrer de ses bras apaisants.

« Je la sens déjà approcher... »

Aïlin n'avait presque plus de réserves d'oxygène, malgré l'inspiration qu'il avait pu prendre. Il se sentit défaillir, et s'écroula littéralement sur son frère. Qu'importait, tant que ses mains restait bien accrochées à la gorge de Torin, et tant qu'il avait encore la force de maintenir la pression ; c'était tout ce qui importait. Mais les doigts du mage noir semblaient desserrer leur étreinte, et les siens également. Il cherchait, pourtant, à continuer de s’agripper comme s'il s'agrippait à sa propre envie, et c'était d'ailleurs le cas. Les forces venaient cependant à lui manquer.
Sa main toute entière pulsait d'une douleur brûlante, à l'instar de sa gorge. C'était à peine, à cet instant, s'il avait la force d'éprouver encore la fureur qui l'avait animé. Haletant, les yeux clos, tout s'effondrait autour de lui. Sa haine, éreintée de ce combat, ses désirs, sa vie. Il sombrait, ne sentant plus rien d'autre que sa respiration et la souffrance qu'elle instillait en lui. Ce n'était pas la paix.
Dans le lointain, il entendit des voix crier, mais il ne les comprit pas et s'en fichait bien. Ce fut seulement lorsqu'il se sentit propulsé de côté que la réalité lui retomba brusquement sur les épaules. Trop faible pour réagir, Aïlin n'eut que le temps de comprendre qu'on lui attrapait les bras pour lui ligaturer les mains derrière le dos. Un grondement de douleur lui échappa lorsque les doigts de l'individu effleurèrent son poignet, bleu et gonflé.
Les aurors. Des aurors avaient été alertés, et on était en train de l'embarquer comme le dernier des criminels. Son regard, trouble, se tourna en direction de Torin, duquel on l'éloignait.
Tout revint tout à coup et un flot de colère se déversa dans l'organisme d'Aïlin. Il se rebella contre ses liens, mais une poigne ferme le retint sans qu'il ne put faire quoi que ce soit pour repartir à l'assaut de Torin.


« Aïlin, arrête ! »
Aïlin reconnut la voix de Matthew Connor, mais au lieu de l'apaiser, cela ne fit que l'enrager davantage. Il aurait été le premier qui aurait dû avoir le bon sens de le relâcher pour le laisser exterminer Torin. Il avait été à deux doigts. Quelques secondes auraient certainement suffit pour qu'Aïlin ait le privilège de voir son aîné passer de vie à trépas. S'il n'avait pas lâché, et si les aurors n'étaient pas intervenus. Les muscles tendus et le souffle encore court, il ne lâcha pas Torin du regard, comme s'il cherchait encore le moment propice pour se débarrasser de ses liens et se jeter sur lui, bien qu'il savait cela vain. Une voix, au fin fond de lui, lui murmurait qu'il en était incapable, et qu'il était plus sage de se laisser entraîner, mais cette voix était bien trop faible face à la marée de sa colère et de sa frustration.
C'était pourtant trop tard. Aïlin tenait à peine sur ses jambes, et il savait qu'il avait manqué de peu l'occasion d'aller jusqu'au bout de sa vengeance. Torin était entre les mains des forces de l'ordre. Encore une fois, il l'avait laissé s'échapper.
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