-Je sors, je vais voir la boutique d’une amie. Nous connaissant, je rentrerais probablement tard donc ne m’attend pas pour le dîner. Fais la bise à Tomas de ma part et aux autres aussi si vous les croisez.

Un assentiment monosyllabique s’éleva du bureau de Maureen, endroit où l’Irlandaise était plongée dans la lecture d’un livre d’Alchimie, tentant apparemment d’en découvrir plus par elle-même que le petit aperçu de la matière qu’ils avaient eu pendant le cours de Magie Fondamentale. Lavande eut un sourire amusé face à la concentration dont sa colocataire pouvait faire preuve lorsqu’elle était intéressée par ce qu’elle faisait, attrapa son sac à main et sortit de la chambre qu’elle partageait toutes deux en faisant attention à ne pas claquer la porte derrière elle.

Elle monta ensuite un étage et frappa à la porte de la chambre occupée par Kael. Ne recevant aucune réponse, elle sortit un bout de parchemin de son sac et y gribouilla trois phrases pour le prévenir de son départ de l’université pour le restant de l’après-midi où cas où il la chercherait pour qu’il ne perde pas son temps. Elle redescendit ensuite jusqu’au rez-de-chaussée et prit la direction de la plateforme de transplanage du campus sans croiser aucune autre tête connue. De là, le temps d’un voyage inconfortable d’une demi-seconde et elle se retrouvait au beau milieu du Chemin de Traverse.

Comme tout samedi après-midi, les lieux étaient bondés de sorciers et sorcières de tous âges en train de faire leurs emplettes. Elle se fraya donc un chemin parmi les passants jusqu’à la plus récente des devantures du coin, à savoir celle de la toute nouvelle boutique joliment prénommée « Lady Bower ». Un sourire fier se dessina sur ses lèvres en arrivant devant la vitrine, Lynn avait fait un travail impeccable, l’endroit donnait vraiment envie de s’y aventurer, surtout lorsqu’on pouvait voir la propriétaire des lieux s’afférer sur son établi depuis l’extérieur. Elle poussa donc la porte, faisant retentir la petite clochette qui était accrochée et fut immédiatement accueillie par son amie.

-Tu as pu venir ! Je suis contente de te voir... Tu es superbe !
-Evidemment que j’ai pu venir, je tiens toujours mes promesses tu devrais le savoir ! Et je te renvoie le compliment, te lancer dans entrepreneuriat te réussit, tu rayonnes ma belle.

Sur ce, elles s’embrassèrent chaleureusement avant que Lynn ne lui désigne fièrement le fruit de son travail. Lavande sentit alors son sourire s’agrandir en remarquant la lueur satisfaite et excitée qui brillait dans le regard de son amie. Oui, définitivement, Lynn avait le bon choix en ouvrant cette boutique plutôt que de se lancer dans les études universitaires. Elle semblait heureuse et à sa place, que demander de plus ?

-C’est encore plus beau que ce que j’imaginais. Vraiment, tu as fait un travail de pro en organisant l’intérieur. Et le petit plus qui fait qu’on te voit de l’extérieur c’est vraiment bien pensé. J’ai vu plus d’une personne s’arrêter pour te regarder travailler en venant ici. Au début, je n’avais pas réalisé pourquoi ils s’arrêtaient jusqu’à me trouver devant la devanture. C’est un incroyable spectacle de te voir bosser, sans compter que comme tu es jolie à regarder ça ne gâche pas la vue, la taquina-t-elle. Enfin, j’imagine que c’est une bonne façon de te faire de la publicité sans trop te fatiguer puisque les gens peuvent voir d’eux-mêmes ton travail. D’ailleurs, les débuts commencent bien, pas trop difficile de s’installer sur le marché ?

Citation :

D’ailleurs, les débuts commencent bien, pas trop difficile de s’installer sur le marché ?

Ah ! On pouvait toujours compter sur Aïlin pour aider sa petite sœur. Lavande n’était pas sûre de comprendre toutes les subtilités du travail fourni par l’actuel Lord Bower mais, en tous les cas, elle lui en était grandement reconnaissante car il était clair qu’il avait contribué à faire connaître la boutique de Lynn. A tous les coups, avoir des contacts dans la haute société était utile au moment de trouver des clients potentiels pour un magasin du type de celui de l’ancienne Gryffondor. Car qui mieux qu’une femme d’aristocrate pour désirer un bijou amulette, par exemple ? Et si les premiers clients étaient satisfaits, ensuite tout le monde savait que la meilleure façon de faire marcher un commerce était le bouche-à-oreille. Or, d’après ce que Lynn semblait dire, ce dernier avait l’air bien parti. Lavande lui sourit donc et la rassura.

-Je doute fortement qu’il s’agisse d’un effet de mode. La qualité n’est jamais passée de mode. Il y aura forcément des périodes de creux dans les mois et/ou années à venir mais je doute que tu te retrouves sans client de sitôt.

Elle se laissa ensuite entraîner vers la vitrine de droite et put y admirer la fameuse « collection Lavande » dont elle avait tant entendu parler. Sans qu’elle ne s’en rende seulement compte, les larmes lui montèrent aux yeux et elle dut les essuyer discrètement avec le coin de sa manche. C’est qu’elle ne voulait pas paraître trop sensible mais c’était juste tellement beau. Et savoir qu’elle était l’inspiration de cette exposition la faisait se sentir importante, réellement importante. Après tout, elle ne pouvait pas être si inutile que ça si elle était à l’origine de pareilles œuvres d’art.

Ses yeux parcouraient les présentoirs sans savoir où donner de la tête. Tout était si merveilleux. Tous types de bijoux se succédaient les uns aux autres en rivalisant de beauté entre eux. Colliers, bagues, bracelets, gourmettes, boucles d’oreilles, … tout y était et même plus. C’était tout bonnement incroyable. Et ce qui finit par mettre la cerise sur le gâteau fut le cadeau que Lynn lui mit ensuite dans les mains. Les yeux encore embués, elle l’ouvrit et lorsqu’elle vit son contenu et écouta les explications de Lynn, elle ne peut plus retenir les larmes. Elle attrapa donc son amie et la serra dans ses bras, un sourire d’oreille à oreille plaqué sur son visage.

-Je ne sais même pas quoi dire si ce n’est dire que c’est superbe. Merci mille fois. Tu ne peux même pas imaginer à quel point ça me touche. Tant le collier que voir la collection réalisée. C’est la première fois que j’inspire quoi que ce soit et, crois-moi, je ne suis pas prête de l’oublier.

Elle déposa ensuite délicatement le collier dans les mains de son amie, retira celui qu’elle portait sur le moment autour du cou ainsi que son manteau et tourna le dos à Lynn.

-Tu veux bien me le mettre ? Je veux absolument voir comment il me va.

Elle fut bien contente de ne pas avoir de chaussures à talon ce jour-là, étant plus petite que Lynn, ça rendrait l’opération plus facile. Et, en effet, Lynn lui attacha sans difficulté son œuvre d’art autour du cou. Une légère vague de chaleur s’empara alors de la jeune femme et elle conclut qu’il devait s’agir de l’effet du charme du collier qui s’était activé. Elle ne savait pas encore de quelle sorte de charme il s’agissait mais si ça lui procurait cette sensation de chaleur douce en permanence, elle n’avait rien à y redire.

Elle se dirigea ensuite vers le miroir placé au milieu de la boutique pour s’y observer et un sourire plus que ravi s’empara de ses traits en croisant le regard de son reflet. Le collier lui allait comme un gant ! Qui plus est, le bleu clair de son chemisier s’alliait à merveille avec les tons du collier.

-Je l’adore. Tu aurais voulu me faire le meilleur des cadeaux que tu ne t’y serais pas pris autrement. Vraiment. Mais, j’y pense, curiosité naturelle oblige, je peux savoir quel est ce fameux enchantement que tu as rajouté ? Si j’ai le droit bien sûr, si ça doit rester un secret, je m’en conformerais promis, rajouta-t-elle avec malice.

Après tout, le principal c’était de savoir que Lynn y avait mis tout son cœur, le reste n’était qu’une question de curiosité un peu trop développée.

Citation :

-Je l’adore. Tu aurais voulu me faire le meilleur des cadeaux que tu ne t’y serais pas pris autrement. Vraiment. Mais, j’y pense, curiosité naturelle oblige, je peux savoir quel est ce fameux enchantement que tu as rajouté ? Si j’ai le droit bien sûr, si ça doit rester un secret, je m’en conformerais promis

Si elle avait eu besoin d’une preuve de plus que Lynn la connaissait comme personne, la réponse que la jeune femme lui fournit concernant le charme qu’elle avait inclus dans son collier fit parfaitement l’affaire. La confiance était en effet ce dont elle pouvait sérieusement manquer selon les situations. Car, malgré son tempérament de Gryffondor convaincue qui l’amenait à se lancer à cœur perdu dans les projets qui lui tenaient à cœur, la peur de décevoir son entourage ne la quittait jamais. Jusqu’à tel point qu’elle s’attendait un peu trop souvent au pire, incapable d’accepter l’idée que quelqu’un puisse la choisir aux dépens de quelqu’un d’autre. C’était d’ailleurs ce qui lui faisait encore parfois douter de mériter Kael. Heureusement, ses inquiétudes disparaissaient aussi vite qu’elles étaient apparues lorsqu’elle lisait l’affection que le garçon lui portait dans les yeux de ce dernier. L’émotion y était trop forte pour être feinte. Sans compter que, si elle s’arrêtait pour y réfléchir rationnellement deux minutes, il n’avait rien à gagner à faire semblant de l’aimer. Elle se contentait donc de plus en plus de simplement profiter de ce cadeau du ciel qu’était sa relation avec le blond. Surtout lorsqu’elle voyait que tout le monde n’avait pas sa chance, Alan et Lynn en premier lieu.

D’ailleurs, en parlant du loup, son amie lui demanda alors des nouvelles du brun. Un instant, elle se sentit mal à l’aise de discuter de cela, comme si elle trahissait Alan en parlant derrière son dos avec celle qui l’avait volontairement plaquée, même si ses raisons étaient compréhensibles. Mais, ce sentiment ne dura pas longtemps et elle se rappela qu’Alan semblait s’être remis des évènements traumatiques de ces derniers mois et qu’elle ne pouvait pas séparer indéfiniment deux personnes aussi importantes dans sa vie. A un moment ou à un autre, leurs chemins étaient forcés de se croiser et tenter artificiellement de dessiner une ligne infranchissable entre la Lavande d’Alan et celle de Lynn était complètement inutile. Pour ne pas dire insultant vis-à-vis de ses amis. Car n’était-ce pas une façon de les considérer incapables d’accepter que la vie de l’autre continuait malgré leur séparation ? Elle s’apprêtait donc à raconter les évènements les plus marquants de ces derniers mois mais Lynn fut plus rapide.

-A propos d'Alan... il y a quelque chose qu'il faut que je te dise... Enfin ça ne concerne pas vraiment Alan mais je ne sais pas comment te le dire, alors je vais juste me lancer, d'accord ? J'ai... rencontré quelqu'un.

Wow. Ça c’était de la nouvelle de taille. Et dire qu’elle s’y était attendue aurait été complètement faux. Après tout, ce n’était pas comme si Lynn n’avait rompu avec Alan que parce qu’elle ne ressentait rien pour lui. Dans ses souvenirs, elle lui avait clairement dit que c’était parce qu’elle ne se sentait pas prête à partager ses secrets les plus sombres avec un homme. Ou bien est-ce que cela ne s’appliquait qu’à Alan ? Dans les deux cas, Lavande sentit une certaine colère s’emparer d’elle. De quel droit Lynn pouvait-elle prétendre avoir de nouveau trouvé quelqu’un après seulement quelques mois de lui avoir expliqué préférer être seule car son passé était trop lourd ? Tout cela n’avait-il été qu’une bonne excuse pour se débarrasser gentiment d’Alan ? Non, elle refusait d’y croire, elle avait une bien meilleure opinion de son amie et jamais cette dernière ne se serait abaissée à pareille combine. Elle écouta donc la suite de ses explications et comprit que, non, Lynn n’avait rien préparé, c’était encore le destin qui avait fait des siennes. Car qui pouvait imaginer qu’un moldu attaquerait Pré-au-Lard et que l’actuel petit ami de Lynn serait touché devant elle ? Néanmoins, l’ancienne Gryffondor, tout en étant sincèrement heureuse pour son amie, ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine amertume pour le bien de son meilleur ami.

C’était injuste. Lynn n’avait rien demandé à personne et, après tout ce qu’elle avait vécu, Lavande savait mieux que personne qu’elle méritait d’être heureuse, mais la même chose pouvait être dite d’Alan et, pourtant, ce dernier était encore seul. Son cœur était donc coupé en deux, une partie soutenant Alan et l’autre se réjouissant pour Lynn. Elle finit donc par adresser un petit sourire à la dernière des Bower.

-Je suis contente pour toi.

Elle-même se rendait compte que son ton contredisait ses paroles. La part de tristesse qu’elle ressentait pour Alan s’entendait trop. Pourtant, elle le pensait. Elle était vraiment heureuse pour Lynn. C’était seulement qu’elle aurait voulu pouvoir être heureuse pour elle ET Alan. Elle reprit donc la parole.

-Je pense juste qu’il va me falloir un peu de temps pour assimiler l’information. Mais, je te promets que je me ferais un plaisir de le rencontrer une prochaine fois, dit-elle avec un sourire un peu plus affirmé cette fois-ci. Mais, rassure-moi, il va mieux maintenant ? Et toi, tu n’as pas été blessée ?

Ça lui semblait en effet le plus important pour le moment : s’assurer que tout le monde allait bien. Elle gèrerait les implications émotionnelles de tout cela plus tard. Pour le moment, déjà, elle voulait être sûr que son amie et celui que le cœur de celle-ci avait élu étaient tous deux sains et saufs.

Spoiler:

Il était évident que sa réaction pour le moins mitigée avait quelque peu refroidie l’ambiance. La pauvre Lynn semblait ne plus savoir sur quel pied danser et Lavande s’en voulait légèrement de causer ainsi du désarroi à son amie. Néanmoins, elle était tout aussi incapable de se réjouir pleinement du bonheur de sa cadette que d’être en paix avec elle-même après lui avoir causé de la peine. Elle se contenta donc d’écouter en silence son amie s’extasier sur les qualités de son nouveau petit ami, un sourire compréhensif sur le visage malgré un pincement au cœur à la pensée de son meilleur ami de nouveau seul après encore un autre échec amoureux. Heureusement qu’il avait ramené une bonne amie dans ses bagages américains. En effet, Elena semblait capable de lui tirer un sourire mi amusé-mi exaspéré en quasiment toute situation et, pour cette raison, Lavande lui était infiniment reconnaissante. Alan avait définitivement besoin de plus de joie dans sa vie après les malheurs qui s’entêtaient à le suivre comme son ombre.

-Je sais que je ne le mérite pas, mais ....

Ah non, ça, elle ne pouvait pas le laisser passer. Il était temps que Lynn se rende compte d’une bonne fois pour toutes qu’elle méritait ce qu’il y avait de mieux sur cette Terre. Et si elle était déçue que ce ne fût pas Alan, cela ne voulait pas pour autant dire qu’elle voulait voir son amie seule et désespérée. Alors si ce Matthew la rendait heureuse, tant mieux, elle passerait outre ses sentiments au plus vite pour leur donner sa bénédiction. Elle prit donc la parole, choisissant de pendre la situation avec humour.

-Continue à te dénigrer comme ça et je vais devoir te rendre ton collier pour que tu profites un peu de ton propre charme de confiance, Miss.

A partir de là, leur complicité habituelle se réinstalla naturellement et la mauvaise passe entre elle fut bien vite oubliée entre les rires et autres confidences de vieilles amies. Lavande se fit même la remarque que, si ce fameux Matthew était capable de rendre ainsi sa joie de vivre à Lynn, elle était prête à lui pardonner toute offense, même celle d’avoir remplacé son frère de cœur. Elle avait même hâte de le rencontrer. C’est que Lynn l’avait décrit comme ni plus ni moins que le prince charmant, alors forcément sa curiosité était piquée au vif ! Qui était cet homme parfait dont elle n’avait jamais entendu parler ? Même Aïlin avait donné son accord à sa relation avec Lynn, ça prouvait bien que ce n’était pas n’importe qui ! Car l’ancien Serdaigle avait toujours été légèrement surprotecteur avec sa petite sœur et, depuis qu’il était devenu Lord, Lav’ avait bien l’impression que ça n’avait fait qu’empirer. Enfin, tant qu’il n’étouffait pas Lynn, c’était tout ce qu’elle lui demandait, le reste ne la concernait pas, c’étaient des affaires familiales et elle avait appris par la force de ne pas se mêler de celles des Bower sauf cas de force majeure. Par contre, si jamais Aïlin outrepassait ses droits d’aîné, peu importât qu’il fût désormais un Lord, elle lui dirait ses quatre vérités. Si elle avait survécu -par pure chance mais on n’allait pas s’attarder sur les détails non plus hein …- à une rencontre ave Torin, une discussion avec Aïlin, pour aussi échauffée qu’elle fût, ne la tuerait pas, non ?

D’ailleurs, en parlant -ou en l’occurrence pensant au- loup, ce dernier fit soudain son apparition dans la boutique après que la clochette de la porte d’entrée ne l’annonce. Lavande ne put retenir un sourire devant l’ironie de la situation. Elle s’approcha donc pour faire la bise à l’ancien Serdaigle et lui répondit, amusée.

-J’ai non seulement pu les admirer mais j’ai déjà commencé à en faire la publicité comme tu peux le voir, dit-elle en montrant son collier. Mais, je plussoie ton opinion, Lynn n’aurait pas pu mieux s’y prendre pour rendre cet endroit accueillant pour le client quoi qu’elle eût fait. C’est vraiment une perle digne d’être découverte du grand public et, dès que je serais rentrée, je vais m’empresser d’en faire les louanges à l’UMA. Tu ne vas plus savoir où donner la tête sous les commandes, termina-t-elle en se tournant de nouveau vers son amie.

Puis, elle remarqua la boîte de chocolats posée sur la table par le jeune Lord et déclara, avec un sourire radieux.

-Ah, toi au moins, tu sais comment traiter les jeunes femmes, j’en connais plus d’un qui gagnerait à apprendre de tes bonnes manières Aïlin.

Quoi, comment ça elle pensait à Alan ? Mais pas du tout ! Mensonges ! Je dirais même plus calomnies ! Ou peut-être pas tant que ça en fait …