Les VIP ont la dalle {Akiko}

Parce qu'il était préfet, il avait le droit de se balader la nuit. Et ca, c'était un truc de fou pour Caleb. Depuis cette année, monsieur avait le droit de se pavaner dans les couloirs et de chercher des noises a ceux qui n'était pas au lit. Pire, il avait le droit de coller une punition a ceux qui enfreignait le règlement. Il avait même le droit d'enlever 5 points. Enfin ca, il n'en était pas sur, il aurait fallu qu'il se renseigne mieux. Tout allait sans dire qu'il était quand même un ultra privilégié. Le service VIP de Poudlard, évidemment. Il fallait représenter Poufsouffle d'une manière distinguée. Enfin, lui même n'était pas très distingué mais son badge jaune orné d'un blaireau et la lettre P l'était tout à fait. Pour le reste, rien ne l'empêchait d'être coiffé bizarrement, d'avoir le calebute a l'air ou bien la cravate de travers. Il fallait tout de même choquer les fillettes.

Alors quand il s'agissait d'assouvir ses desseins personnels, par toujours très honorables, Cal' n'hésitait pas a abuser (un peu) de son pouvoir pour justement aller vagabonder dans le château. Si on lui disait quelque chose, il pouvait toujours prétendre patrouiller pour aller sauver la veuve et l'orphelin. Mieux encore, Rusard ne lui faisait plus peur. Et vlan, dans les dents. Caleb avait toujours un rêve à réaliser, celui de donner un bon coup de pied dans le derrière de Miss Teigne, contre qui il gardait une rancœur personnelle. Il n'avait pas encore réussi à la coincer, et d'ailleurs, il la soupçonnait de quelque chose. Comment ce faisait-il que ce chat n'était pas encore mort ? Depuis le temps qu'il était la. Cal' soupçonnait plutôt Rusard de la gaver de revitalisant pour chat afin de la garder alerte le plus longtemps possible. Cal' aurait bien aimé connaitre l'âge de cette bestiole moisie...

C'était plongé dans les pensées ci dessus et dans un état de rêverie avancée que se trouvait l'adolescent rebelle lorsqu'il se rendit compte que ses pas l'avaient mené jusqu'aux cuisines. Tiens, il avait faim, il se serait bien fait une petite tarte à la mélasse, une bierraubeurre et quelques truffes en chocolat.

Caleb gratouilla la poire à droite du tableau, cette dernière gloussa, révélant l'entrée de la caverne d'Ali Baba. Les elfes étaient déjà allés nettoyer le château, il devait être plus tard qu'il l'imaginait. Profitant du fait qu'il soit seul, Caleb commença à fouiller les placards avec entrain lorsqu'il sentit une présence derrière son dos. N'était-il pas seul ? Avait-il été suivi jusque dans son domaine de prédilection ?
Silencieusement, Cal' saisit sa baguette et se retourna rapidement.

- Que personne ne bouge ! Je vous fais sauter le citron !

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit une fille de Serdaigle, qui était préfète elle aussi. Elle s'appelait... Aki... Un nom bizarre qu'il n'avait pas retenu mais il allait faire comme si.

- Oh, désolé, j'avais pas vu que c'était toi. Bon, moi c'est Caleb tu me connais je pense... Toi c'est Akino, c'est ca ? T'as faim ? Va falloir cuisiner, y'a rien de prêt.

Il y a des fois où Akiko détestait son chat, Salem. Réellement. Pourtant, vous allez me dire, à normalement trois ans, le maudit félin aurait du se calmer non ? Et bien non. S'il était légèrement plus obéissant et légèrement plus calme, il n'avait pas cessé ses mauvaises habitudes pour autant. Et, plus encore depuis que la demoiselle était devenue la préfète de la maison du savoir, la troisième année commençait à en devenir franchement exaspérée. Surtout que le concierge, monsieur Rusard, assisté par sa démone compagne de chat, Miss Teigne, avait l'usage de la magie depuis l'invention du "Vit-Magic" et rendait les "excursions nocturnes" des plus difficiles pour les explorateurs téméraires de la nuit des couloirs...

Akiko en avait été une, contre son grès ou de sa propre volonté, depuis sa première année. En première année, elle avait en effet fait partie du "Club d'exploration" secret de Pouldard, réunissant Alexie Montgommery, Sandro Britto, Rupert Turner des rouges et or, et John Tatcher et elle-même des bleus et bronze. Mais ce dernier groupe, avec les années, s'était dissolu en deuxième année. En effet, ni Rupert ni elle depuis leurs ennuis ne s'étaient sentis d'humeur à en faire partie. Et petit à petit, elle s'était un peu éloignée d'eux, involontairement... sans doute devenue un peu trop sérieuse pour ce genre de bêtises désormais.

Enfin, là n'était pas le sujet. Et, en dépit de l'heure tardive, la petite aiglonne n'était pas dans son dortoir. Précisément, elle venait tout juste de terminer une de ses rondes hebdomadaires en compagnie de l'un de ses collègues préfets, et s'était rendu compte que son démon de félin avait une fois de plus pris la poudre d'escampette. Un peu inquiète de tomber sur Rusard - enfin maintenant elle était un peu mieux protégée avec son statut de préfète depuis l'année dernière - elle y allait silencieusement, frémissante cependant en se rendant compte qu'elle avait descendu les sept étages depuis la Tour de Serdaigle et se trouvait dans les cachots/sous-sols de l"école. Elle pria en silence pour ne tomber ni sur Nikolaï, ni sur Ange et encore moins sur le préfet en chef issu des verts et argent, silencieuse comme la nymphe écho et glissant comme une ombre dans les ténèbres. Sa baguette magique, assez petite et fine, était tendue, prudente, émettant une légère lueur bleutée pour éclairer son chemin alors qu'elle arpentait d'un pas aussi silencieux que possible les couloirs. Brr, il faisait froid par ici... elle préférait nettement la chaleur de sa Salle Commune, ou mieux encore celle de ses draps et de ses couvertures ! Maudit Salem !

Elle en était arrivée au niveau des cuisines, pistant avec habileté son maudit chat, quand elle se rendit compte que quelqu'un était déjà là. Comment ? Très simple : les gestes, la porte entrouverte. Elle se figea, se plaquant derrière l'une des nombreuses armures dispersées dans les couloirs de l'école, bloquant sa respiration. Murmurant un léger "Nox" pour éteindre sa magie de lumière, curieuse elle tendit l'oreille, essayant d'identifier la voix : un garçon. Pas très vieux, ni jeune non plus. Plus vieux qu'elle sans nul doute, et pas de ses connaissance proches. Ni de sa maison, elle l'aurait reconnu ! Un Serpentard ? Un Poufsouffle ? Elle ne saurait le dire. Dans un grand silence, baguette tendue, elle s'approcha à pas de loups. Il n'était pas très grand de dos, pas bien plus grand qu'elle. Et avait une étonnante coiffure à la "punk" d'un blond vénitien, très visible. Visiblement victime de fringale nocturne. Mais elle se fit repérer, comme il se retournait vivement, baguette tendue vers elle :

"Que personne ne bouge ! Je vous fais sauter le citron !"

Akiko sursauta brutalement, tendant par réflexe sa baguette magique, tendue et prête à esquiver ou réfléchir le moindre sort qui lui serait lancé si injustement. Et c'est alors qu'elle reconnut son "agresseur" = Caleb ! Un noir et or, collègue de sa proche amie Ambrine Illunia. Tout aussi surprise que son interlocuteur, la jeune troisième année rougit légèrement au vu de la situation dans laquelle elle se trouvait, avant de murmurer à voix basse, de sa tonalité toujours douce et calme, jetant un regard nerveux derrière elle et la porte refermée avant avec discrétion :

- Oh là, doucement ! Je... je ne suis pas là pour causer du mal, je te le promets ! Je... je cherchais juste quelque chose... Edwin Caleb, je me trompe ?

Visiblement, il était aussi surpris qu'elle, au vu de sa tête. Elle baissa lentement sa baguette magique, reprenant son souffle lentement, sans pour autant la ranger dans son fourreau de cuir présent à sa ceinture. Décidément, les préfets des blaireaux étaient bien nerveux ces derniers temps, d'abord Ambrine puis Caleb, envers les aiglons ! Prudente, elle le laissa reprendre la parole, observant en bas le chat qui s'était replié un peu plus loin :

"Oh, désolé, j'avais pas vu que c'était toi. Bon, moi c'est Caleb tu me connais je pense... Toi c'est Akino, c'est ça ? T'as faim ? Va falloir cuisiner, y'a rien de prêt."

Elle eut un léger sourire amusé. La gourmandise de Caleb lui rappelait un peu les impressionnants petits-déjeuners que pouvait engloutir son meilleur ami des verts et argents, Nikolaï. Lui faisant un léger signe d'attendre, l'aiglonne pointa sa baguette magique vers quelque chose juste en bas à droite du blaireau et murmura avec conviction le sortilège de déplacement qu'elle avait maîtrisé depuis l'année dernière, faisant venir par magie à elle un chat se débattant furieusement, et le faisant arriver dans ses bras. Elle le piégea à l'intérieur de ses bras, et sourit doucement à son interlocuteur, avec un léger rire gêné :

- Ce n'est pas grave, je suis juste surprise de trouver quelqu'un ici à cette heure du soir ! Pourtant, ce n'était pas ton tour de ronde, je me trompe ? Ce n'est pas très prudent tu sais, avec Rusard et son 'Vitmagic"... Non, je n'ai pas faim, merci. Je cherchais juste ce démon qui me sert de chat avant qu'il n'aille embêter Miss Teigne. Non, je ne suis pas Akino, mais Akiko. Akiko Velon... tu dois avoir une de ces fringales pour te risquer à cette heure...

Aie, il avait été un peu brusque avec la préfète des aigles et il s'en rendait compte maintenant. La pauvre, ce n'était pas de sa faute, apparemment elle cherchait juste son chat et Caleb avait du lui faire peur. Le truc c'était qu'avec tous ces Serpentards dans le coin, il valait mieux être agressif avant tout. La meilleure défense c'était l'attaque, sans aucun doute ! En tout cas, il fallait être très réactif. D'ailleurs Caleb n'avait même pas remarqué qu'il y avait un chat avec lui. Guidé par son légendaire estomac, sa faim lui faisait tout oublier. Le garçon était sportif mais avait un appétit gargantuesque. Il adorait le fromage, les saucisses et toutes les choses grasses. Il était le meilleur pote de tous les elfes de maison de la cuisine et réussissait même à se faire apporter un snack le soir dans son lit tous les samedis. En même temps, il devait être un des rares a leur parler et a ne pas les mépriser. Ils étaient même marrants quand ils n'essayaient pas de se punir pour un rien.

Oups, encore une bourde, il avait maintenant écorché le prénom de la Serdaigle. Heureusement, elle n'avait pas l'air de lui en tenir rigueur. D'ailleurs, c'était un prénom original, Caleb se demandait d'ou cela pouvait venir. Il n'avait jamais trop parlé à cette préfète mais c'était l'occasion de commencer. Et si elle n'avait pas faim, il allait lui donner faim, ca oui.

Caleb était un excellent cuisiner. Sa mère était deux fois championne de pâtisserie de la région et elle était même une petite célébrité locale si bien que ses parents avaient fini par ouvrir une petite boutique de produits maisons dans leur ferme. Cela leur permettait de mettre du beurre dans les épinards. Caleb avait donc appris auprès de sa mère, façon moldue évidemment. Il avait depuis adapté un peu la pratique à la magie mais il aimait faire des gâteaux d'une façon traditionnelle.

- Tu avais perdu ton chat ? Désolé d'avoir écorché ton prénom, il est joli en tout cas. Il vient d'ou ? Et puis, tu sais, je suis un peu agressif mais je me suis déjà fait choper par des Serpentards ici.

Caleb sourit en sortant un saladier et tout le nécessaire pour faire un gâteau.

- Je vais faire un gâteau au chocolat, ca te tente ?

Prudente, Akiko dévisageait avec attention et en restant sur ses gardes le préfet lui faisant face. Si elle était un peu plus sage que sa jeune camarade de première année, Charlotte Irronberry, n'avait été face à Ambrine Illunia, l'autre préfète des noirs et or et une de ses bonnes amies, elle ne tenait pas plus que cela à engager le combat inutilement ou se retrouver tout aussi vainement à l'infirmerie, dans le bureau de Rusard ou pire remarquée par des préfets des verts et argent. Pas envie de nuire à sa réputation d'excellente élève presque modèle ou que Nikolaï la surprenne ainsi ! Non de non de non, cela ne se pourrait se faire, ce serait carrément trop la honte pour l'aiglonne !

"Tu avais perdu ton chat ? Désolé d'avoir écorché ton prénom, il est joli en tout cas. Il vient d'ou ? Et puis, tu sais, je suis un peu agressif mais je me suis déjà fait choper par des Serpentards ici."

Doucement, la petite troisième année d'à peine un mètre quarante hocha légèrement de la tête en signe d'approbation, bien que le masque serein de calme restait bien présent sur son visage. Rangeant d'une main sa baguette magique dans le fourreau de cuir se trouvant à sa ceinture, la petite demoiselle osa un mince sourire plein de gentillesse, et répondit de sa voix douce et posée, tenant toujours fermement Salem d'un bras et flattant ce dernier de sa main libre:

- Oui... Salem adore s'enfuir du dortoir. Cela fait bien presque trois ans que j'essaye de corriger ce vilain défaut. Encore, s'il n'était pas farceur et provocateur, je le laisserais faire. Mais il a la fâcheuse tendance à aller embêter Miss-Teigne et énerver du coup le concierge. Maintenant je suis inquiète, je ne voudrais pas que Rusard puisse lui faire du mal comme il a accès à la magie... Salem n'est pas méchant, il est juste un peu joueur et il a sa fierté... mais en dehors de Miss Teigne, il ne ferait pas de mal à une mouche, je te le promets ! Je ne sais ce qu'il a contre elle, ou ce qu'elle lui a fait pour qu'il se comporte ainsi... cela fait trois ans que je lui courre après certains soirs, j'ai eu de la chance de n'être jamais repérée, et jamais attrapée...

Honteuse, elle baissa légèrement les yeux. Akiko n'était jamais très fière de cette performance de sa part, elle aurait nettement préféré n'avoir jamais à sortir du dortoir des aigles après le couvre-feu, surtout avant qu'elle ne soit nommée préfète de la maison du Savoir. Certes, ainsi elle avait fait de superbes rencontrer, comme Tyler chez les serpents, ou encore Hayden et James Mac Lewis, tous deux aînés de sa maison en cinquième année présentement, auxquels elle avait respectivement tenu compagnie, assisté et venu en aide dans le dernier cas. Inspirant profondément pour reprendre sa constance et son calme, avec ce joli sourire si lumineux lui étant naturel et éclairant son visage et ses prunelles argentées, elle reprit d'un ton rassurant :

- Il n'y a pas de mal. Akino, de plus, c'est moins pire que Akuko ! Ne t'en fais pas, j'ai entendu de bien pires déformations, je suis habituée. Pour te répondre, c'est un prénom d'origine japonaise. Non, je viens pas du Japon, et ma famille n'est pas d'origine japonaise non plus mais... ma mère adore la culture extrême-orientale, et elle est tombée sous le charme du prénom. Ma mère est une moldue française et mon... père est un sorcier de sang pur anglais. Ils sont... divorcés si on veut. Je ne suis arrivée sur le territoire anglo-saxon que lors de ma première année. Mais merci du compliment, c'est très gentil !

Une fois de plus, et avec un léger rire, elle hocha négativement la tête, s'assurant d'un coup d'oeil que le verrou des cuisines était bien fermé, avant de se concentrer sur son interlocuteur et de répondre à sa troisième et dernière question-remarque :

- Je t'en prie, c'est normal. J'étais nerveuse moi aussi, d'ordinaire Salem ne s'aventure pas jusque là... du moins je l'attrape normalement avant qu'il n'arrive là. Je n'avais pas envie de me faire remarquer par Ange ou l'un des préfets en chef. Ou même, j'aurais été très ennuyée et honteuse si Ambrine ou Nikolaï me remarquaient ici. Ou que tu réagisses... différemment. Je ne cherchais pas à mal en plus mais... disons... que j'ai un peu peur de Rusard encore... et je n'ai pas envie que mon... dossier n'en pâtisse. J'essaye de rester sage et bonne élève comme je l'ai promis à ma mère et aux Turner. Puis parce que je suis préfète aussi Razz

!

La proposition suivante de Caleb, es dire de cuisiner un gâteau au chocolat, retint l'attention de la Serdaigle qui médita sur la question. Oui ou Non ? Si cruel dilemme... en même temps, elle ferait mieux de ne pas trop s'attarder, au cas où Rusard serait dans les parages ou un autre préfet nettement moins compréhensif. Elle n'avait pas très faim, mais comment dire non à une douceur aussi tentante et lui rappelant tant de bons souvenirs de France et de la région du Midi, ou plutôt même Provence-Alpes-Côtes- D'Azur , P.A.C.A pour les intimes. Et puis... elle ne ferait rien de mal, n'est-ce pas ? Incertaine, elle demanda d'une voix douce et tranquille :

- Et bien... pourquoi pas. Mais tu es sûr que l'on en a le droit ? Imagine que Rusard ou un autre préfet passent par là... mais si tu le dis qu'on ne risque rien ou pas grand chose, alors je ne suis pas contre l'idée. On verra si tu fais mieux que le gâteau au chocolat de ma mère titeuple

!

Caleb était content que la petite préfète des Serdaigles d'ordinaire si sage soit convaincue par son idée de gâteau. Elle était sympathique et elle parlait pas mal. Elle avait l'air d'une fille très calme et assez sage. D'ailleurs, elle avait mentionné qu'elle avait toujours un peu peur de Rusard malgré le fait que son statut de préfète la protégeait tout de même contre ce dernier. Caleb n'avait plus du tout peur de Rusard, même si il avait appris à faire de la magie par quelconque procédé étrange. Le pire, c'était le chat. Même si d'ordinaire Cal' aimait les animaux, il haïssait cette boule de poils dressée à appeler son maitre a la moindre occasion. D'ailleurs, Caleb avait une théorie sur l'âge du chat. Il pensait que celle ci était la depuis trop longtemps pour être complètement naturelle. Surement une potion magique la rendait vivace.

- Moi je pense que Miss Teigne est conservée avec une potion magique. Ce machin est plus vieux que Rusard lui même. C'est pas naturel, je te le dis.

Caleb avait trouvé ce qui lui fallait dans le placard. C'était un pro en cuisine. Il avait participé au concours de cuisine lors de la commémoration du Phénix l'année dernière. Bref c'était un amateur passionné et il ne se débrouillait plutôt pas trop mal d'ailleurs. Le garçon sortit deux saladiers et des cuillères en bois. Un fouet et une dosette en verre. Maintenant il fallait des ingrédients. Pour cela il fallait chercher dans le garde-manger qui était derrière la porte au fond des cuisines.

- Akiko, il faut aller chercher les ingrédients. Ils sont dans le garde-manger.

Caleb pointa sa baguette vers la porte en bois massif au fond de la grande cuisine. Il fit signe a Akiko de le suivre et lança un "Alohomora" sur le battant. La porte céda et les deux comparses purent pénétrer dans le plus beau garde-manger du monde. La pièce était presque aussi grande que la cuisine et très haute de plafond. Comme dans une bibliothèque, des échelles qui glissaient le long d'une tringle permettaient d'atteindre les vivres les plus hauts placés. Caleb adorait cette pièce. C'était peut-être la pièce la meilleure à Poudlard. Les étagères étaient remplies de nourriture diverses et variées. Les jambons de porc et les saucissons pendaient du plafond, les fromages énormes étaient bien alignés, les bocaux de confitures et de miel pouvaient contenir au moins deux litres de liquide.

L'étagère réfrigérée par magie était étincelante et une fine pellicule blanche, comme de la glace, l'entourait. Caleb savait que l'on pouvait passer sa main au travers sans aucun problème, il faisait juste très froid dans cette zone. C'était la que la viande, le poisson, les œufs et toutes les denrées conservées au frais étaient entreposées.

- Regarde ! Ca c'est l'étagère réfrigérée ! Comme un frigo de moldu on va dire ! Bon, il nous faut du chocolat à pâtisser, du sucre, des œufs, du beurre et un peu de cannelle !

Caleb repéra le pot à sucre en haut d'une étagère, il fit glisser l'échelle et hop, il était en haut ! Il surplombait tout, c'était magique !

- Je vois les œufs dans l'étagère réfrigérée. Prends une petite boite de quatre ! Il va falloir que tu grimpes aussi !

"Moi je pense que Miss Teigne est conservée avec une potion magique. Ce machin est plus vieux que Rusard lui même. C'est pas naturel, je te le dis."

Akiko étouffa un léger éclat de rire derrière l'une de ses fines et petites mains, par correction et délicatesse lui étant toutes naturelles. A vrai dire, elle n'avait pas réfléchit à la question sur cette angle là, en dépit de tous les bruits qui courraient dans la Salle Commune des Aigles, les quelques fois où son avis ou celui de Thymoty avaient été demandés concernant bien trop souvent des premières à troisième années. Donc, le plus souvent le sien, comme son collègue préfet de cinquième année gérait le plus souvent les années supérieures, es dire de quatre à sept années. Même si, en règle générale, ils agissaient de pair et Akiko n'hésitait pas, si la situation l'exigeait vraiment, à punir à contrecœur certains de sa maison s'il y avait exagération. Mais depuis ses débuts de préfète, tout en restant sérieuse, elle s'était néanmoins juste assouplie comme il fallait dans son autorité.

Elle cherchait après tout moins le rôle de 'contre-maître' de l'école punissant aux infractions causées que celui de responsable et représentante de la Maison du Savoir de l'école de magie écossaise. Quitte au besoin de défendre ses camarades si la situation en valait la peine, la cause méritait d'être défendue auprès des professeurs, ou du directeur de maison dans les problèmes plus sérieux. Heureusement, cela n'arrivait pas souvent jusqu'à ce niveau là. Et en silence la préfète préférait effectuer des patrouilles sans rien à signaler que de devoir être obligée de sévir et d'ôter des points aux élèves irrespectueux des règles. Elle aimait sa maison et ses pairs, aiglonne de la tête au pied, du cerveau jusque dans le coeur. Très fière de représenter les aigles. Aussi était-elle contente de ne pas faire perdre de points en pensée à sa maison, bien qu'elle sache que son statut de préfet normalement la protégeait des mauvaises surprises. Néanmoins, elle ne voulait pas abuser de son statut et donner ainsi un mauvais exemple aux plus jeunes ou même à ceux de sa génération ou au dessus. Elle voulait vraiment être une bonne préfète. Mais rester une élève douce, sage, sérieuse, posée et respectueuse comme elle avait le mérite de l'être. Souriante, elle répliqua donc une fois son calme repris d'une voix douce et calme :

- Je suis un peu d'accord. Normalement un chat, ça a une espérance de vie de vingt ou trente ans maximum. Il doit y avoir de la magie dans l'air. Plus vieux que Rusard, j'en doute, mais sans doute très, très, voire trop âgé. Surtout au vu de son apparence rachitique et son air mauvais et sournois... brr... elle ferait presque concurrence à Peeves dans ses pires jours.

Elle regarda son collègue préfet des noirs et or, décidément aussi peu sérieux qu'elle - et la conduisant tout droit vers l'horrible tentation de profiter un peu des cuisines - apprêter leur matériel pour le gâteau au chocolat. Si Caleb se disait bon, voire très bon, elle même n'était pas si mauvaise cuisinière que cela. A ses yeux, elle avait apprit de la meilleure, est-ce dire de sa mère fin cordon bleu. Et un péché mignon de l'aiglonne était présentement le chocolat. Elle savait ainsi bien faire les cookies, fondants au chocolat et moelleux au chocolat maison. Bien que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas mis la main à la pâte, depuis son retour de chez les Turner d'ailleurs. Bien que souvent la mère de ce dernier s'occupait du repas, parfois Akiko avait eu l'occasion de cuisiner avec son aide quelques douceurs pour Rupert et les siens, dans la joie et la bonne humeur d'une ambiance conviviale, presque familiale. De toute façon, les Turner étaient presque une deuxième famille, famille de coeur pour elle. Donc au fond...

"Akiko, il faut aller chercher les ingrédients. Ils sont dans le garde-manger."

La petite fille de treize ans se retourna vivement, sursautant devant ce rappel à la réalité, et approuva vivement pour cacher son embarras soudain. Ingrédients, ingrédients... heu... où dans ces cuisines immenses ? Elle n'était après tout jamais venue ici auparavant... les joues encore roses de gêne, elle observa ses alentours avec attention, désireuse de trouver par elle-même la réponse à sa question. Mais Caleb vint bientôt à son secours, elle le suivit et il lui ouvrit. Les yeux ronds de stupeur émerveillée devant l'immensité des lieux, elle songea avec amusement de la tête que pourraient tirer Nikolaï et Ambrine devant un tel spectacle, une telle corne d'abondance question culinaire. Mais peut-être étaient-ils déjà venus ici... non, cela ne leur ressemblerait pas... du moins pas son meilleur ami des serpents... n'est-ce pas ? Elle en restait sans voix, bien que partisane elle de l'appétit d'oiseau, elle savait apprécier à la vue les bonnes choses. Secouant sa tête pour se tirer de sa fascination, elle demanda alors :

- Heu... si je me souviens bien : des oeufs, de la farine, du beurre, du lait, du chocolat à pâtisser, du sucre... ma mère ajoutait de la vanille pure aussi, fais-tu de même ?

Sans doute ses amis seraient-ils surpris s'ils la surprenaient en pareille situation. Quoi ? La sérieuse, irréprochable ou presque préfète des bleus et bronze, loin de sa salle commune après le couvre-feu et après sa ronde quotidienne ? Akiko, même pas paniquée, acceptant de prendre le risque de se faire surprendre... tout cela pour faire un gâteau au chocolat en compagnie du préfet des noirs et or ? Elle ne saurait dire si Rupert serait amusé, ennuyé ou quelque peu fier en quelque sorte qu'elle se décoince légèrement. Sans doute serait-elle sermonnée un peu. Mais il était trop tard pour reculer, à moins de revenir sur une parole donnée. Ce que n'avais jamais fait, ne faisait et ne ferait jamais la petite aiglonne tout droit venue de France. La réponse de Caleb lui vint bientôt :

"Regarde ! Ça c'est l'étagère réfrigérée ! Comme un frigo de moldu on va dire ! Bon, il nous faut du chocolat à pâtisser, du sucre, des œufs, du beurre et un peu de cannelle !"

Intriguée devant la différence légère des deux recettes, elle approuva néanmoins et prit la direction de la fameuse étagère réfrigérée, toujours aussi muette de stupéfaction émerveillée et de peur muette de se faire prendre. Elle prit donc ce que Caleb lui avait demandé, avant de lui poser elle-même une question étonnée de jeune demoiselle curieuse en cuisine :

- Chocolat... sucre... oeufs, quatre ... beurre... ah attends, tu oublies la farine, nous n'irions guère loin sans elle je crois. Le gâteau ne gonflerait pas sinon, me disait ma mère. Tu ne mets pas de lait non plus ? D'après maman, un verre de lait dans le mélange, au début de la recette, donne un gâteau au chocolat plus fondant. Et voilà la cannelle... j'ai tout et toi ?

Elle essayait de ne pas regarder en bas. Toujours le vertige... et elle avait souvent beaucoup de malchance avec les escaliers, échelles et autres escabeaux. C'est pour cela que par prudence, elle murmura un sortilège de déplacement pour déplacer en sécurité les ingrédients relevés par elle selon la recette de Caleb droit vers la table de préparation. Une fois que tout fut en sécurité, elle se tint fermement à l'échelle dans un équilibre précaire avec ses sandales noires de cours. Oh... si haut... ne pas regarder. Elle resta un temps ainsi, attendant la réponse du noir et or concernant le lait. Bien qu'elle fut sûre et certaine, se connaissant assez, qu'elle finirait bien par tomber de son perchoir une fois l'étagère réfrigérée refermée et qu'elle devrait redescendre...