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 Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]
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  • Kilian Doyle
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MessageSujet: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyLun 3 Déc - 20:58:19

Kilian Doyle était un crétin. Il n'y avait pas d'autres explications à ce qu'il faisait maintenant depuis quelques temps dans les sous-sols du Grizz'light.
Lui qui avait mis tant d'années à maîtriser ses pulsions de colère, à réfréner sa violence, voilà qu'il y laissait cours sans plus aucune retenue deux fois par semaines. Sauf que maintenant, ce n'était plus des murs qui subissaient son courroux, mais des êtres humains.

Il n'avait rien retenu. Retour à la case départ.

Combattre était grisant. Il retrouvait ces sensations qu'il avait tant cherché à faire taire, cette satisfaction brute, immédiate, salvatrice. Il n'avait pas eu conscience de tout ce qu'il contenait avant d'avoir donné son premier coup de poing dans l'arène. C'était comme s'il avait libéré la bête et que plus rien ne pouvait désormais étancher sa soif de sang.
Le problème c'est que c'en devenait presque une drogue. Il sentait son sang bouillir entre deux combats, ses poings le démangeaient, ses mâchoires se serraient. Il était entré dans un engrenage difficile à stopper. Mais pour l'instant, rien ne le poussait à arrêter. Que ce soit à mains nues ou en duel de sortilèges, Kilian avait du succès. Il gagnait pas mal d'argent grâce à ces combats, même s'il n'en avait pour le moment aucune utilité.
Entre les soirées à la Tanière et celles au Grizz, il était bien occupé, suffisamment pour ne pas avoir à penser à quel point tout lui semblait vide de sens.
Il se sentait vide. Se battre et baiser, voilà les seules choses qui lui donnaient encore l'impression d'être en vie.
Il ne savait pas comment il en était arrivé là. Quelques mois auparavant, au tout début de l'été, à peine diplômé de Poudlard, il avait eu l'impression d'avoir le monde à ses pieds et la vie devant lui. Il croyait avoir enfin réussi à surmonter son passé, accepté son histoire et être prêt à construire quelque chose d'autre. Mais tout s'était effondré et il avait regardé ses espoirs glisser entre ses doigts. Que c'était-il passé ? Etait-ce cette énième discussion houleuse avec son père et son demi-frère ? Etait-ce la peur de se tromper de voie ? Ou bien simplement le fait de savoir qu'il ne serait jamais à la hauteur ?
Kilian avait fait des efforts pourtant, il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour s'intégrer à la famille de son père et faire ses preuves. Il croyait y être parvenu. Il était devenu proche de Caitlin et Abby, avait réussi ses ASPICS, faisait des petits boulots pour mettre de l'argent de côté. Mais tout ça ne servait à rien. Son père ne le considèrerait jamais comme autre chose qu'un moins que rien, son demi-frère aurait toujours mille raisons de le prendre de haut. Il continuait à rêver de la guerre, à chercher le visage de Lily dans chaque inconnue blonde aux yeux clairs, il continuait à se sentir misérable, incapable de trouver sa place. Une erreur, voilà ce qu'il était. Une embarra, un fardeau.

Il avait mis sa vie et son avenir entre parenthèse, incapable de se projeter à aucun niveau. Le job de barman avait été une opportunité pour faire quelque chose, car il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait. Il aimait son boulot, il gagnait bien sa vie, faisait la fête tous les soirs, pouvait avoir autant de filles et d'alcools qu'il le voulait. Mais bien qu'il sache que cela ne pouvait pas durer, il n'arrivait pas à imaginer la suite. Il avançait sans but, à l'aveuglette, suivant son instinct qui lui avait pourtant prouvé plus d'une fois qu'il était à chier.

Quand Lev Karkoff lui avait fait découvrir la Tanière et son système de combats clandestins, Kilian avait été enthousiasmé. Quelque chose s'était réveillée en lui et avait grandi au premier nez brisé, au premier sang versé, au premier abandon face à lui et à chaque nouvelle étape franchie. Il frappait si fort que ses phalanges étaient encore plus abimées qu'à une époque lointaine où c'était les murs qu'il cognait. Ses sortilèges informulés étaient pleins de rage et même s'il ne gagnait pas à chaque fois et qu'il lui arrivait d'être ramassé comme une loque par les médicomages, cela n'avait pas d'importance. Lors de chacun de ces moments, il avait l'impression de vivre.
Tout comme lorsqu'il était dans les bras de ces filles sans visages, qu'il traitait toujours bien mais qui ne lui inspiraient pas grand-chose.
Un nouveau combat, une nouvelle fille. Il avançait sans rien voir de précis. Mais cela lui était égal, il continuait ainsi tel un somnambule. Tant qu'il ne se réveillait pas, tout irait bien. La souffrance et le plaisir physiques étaient tout ce qu'il lui restait. Il ne voulait plus souffrir, il ne voulait plus avoir peur, il ne voulait plus rien ressentir.
Aimer ne lui avait jamais réussi. Espérer non plus. Il était plus facile d'éteindre cette partie de sa personnalité qui cherchait désespérément à se rebeller. Il préférait être insensible. Il préférait jouer la comédie. Combattre jusqu'à ce que la douleur l'emporte, baiser jusqu'à ce que le plaisir l'emporte, boire jusqu'à ce que l'alcool l'emporte. Tout pour ne plus penser. Tout pour ne plus rien ressentir.

Comme à cet instant précis, sur le Ring. Ses prestations avaient nettement contribué à redonner ses lettres de noblesse à la "méthode moldue" plus spectaculaire, plus physique.
Et Kilian jouait des poings comme personne. Même si l'adversaire devant lui devait bien faire 20 livres de plus que lui, il était plus rapide et plus entraîné. Cela dit, il lui donnait tout de même du fil à retordre. Le sale enfoiré le prit à revers et le plaqua sur le sol, faisant pleuvoir les coups sur son visage. Il en para quelques uns mais cela ne suffit pas. Il entendit son nez se briser dans un craquement grotesque juste avant que la douleur ne lui obscurcisse la vue pendant quelques instants. Il sentit le sang dans sa bouche et une vague de rage s'empara de lui. Il repoussa brutalement l'autre combattant et s'acharna sur lui jusqu'à ce qu'il soit méconnaissable et que l'arbitre le force à arrêter avant de lever son bras en signe de victoire.
Kilian cracha un mélange de sang et de salive et quitta l'arène en se tenant le torse.
Tandis qu'il marchait vers les vestiaires, il fit rapidement l'inventaire de ses blessures. Outre son nez cassé, il avait également l'arcade sourcière éclatée, la lèvre fendue, une côté fêlée ou peut-être bien cassée, et il avait prit un mauvais coup à l'épaule gauche.
Quand le médicomage de service s'approcha de lui, Kilian le repoussa:


- Ca va, c'est rien…

- Laisse-moi au moins m'occuper de ton nez.

Le barman n'eut pas le temps de protester qu'un nouveau craquement lui fit jeter un chapelet d'injures. Il menaça le mec de lui refaire le portrait s'il le touchait encore et se dirigea vers la sortie.
La douleur ne le dérangeait pas. Au contraire, elle permettait de tenir à distance les pensées les plus difficiles à supporter. Se concentrer sur la douleur l'aiderait à passer la nuit, même si elle ne serait pas bonne. Une autre nuit à chasser ses pensées les plus sombres. C'était un combat de chaque jour.
Il encaissa son argent et sortit dans la fraîcheur de la nuit. Il s'adossa au mur quelques instants, peu soucieux de son visage et de ses vêtements pleins de sangs. Mais ce n'était rien à côté de ce que l'autre avait subi. Il en aurait presque rit si cela n'avait pas été aussi pathétique. Il avait cru être un homme bien à une époque, mais il n'était plus sûr à présent.
Même s'il ne retirait aucune réelle satisfaction à avoir démoli son adversaire –si ce n'était celle de la douleur lancinante dans tout son corps- il ne pouvait s'empêcher, comme à chaque fois, de ressentir les prémices de la culpabilité. Il allait devoir noyer ça, et vite.


- J'ai besoin d'une bière… marmonna-t-il en se frottant le visage avec lassitude.

Et de dormir. Bordel qu'est-ce qu'il voulait dormir... avec cette petite pensée sournoise, à chaque fois, cet espoir macabre que peut-être cette fois il ne se réveillerait pas... n'était-ce pas au fond la raison pour laquelle il se battait ? Affronter la mort, de plus près chaque fois, en sachant qu'à la fin, elle finissait toujours par gagner ? Ho par Merlin, parfois il espérait juste qu'elle gagnerait vite...


Dernière édition par Kilian Doyle le Mar 19 Fév - 20:10:10, édité 1 fois
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  • Liliana Vanloock
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyLun 3 Déc - 22:04:38

Liliana était horrifiée. Debout au milieu de la foule, les mains moites et serrées contre sa poitrine, elle ne pouvait détacher son regard de l'horrible combat qui se déroulait sur le ring. Et surtout, elle ne pouvait pas croire que c'était Kilian, là, juste devant elle, qui recevait une salve de coups et en renvoyait avec une rage redoublée sur son adversaire. Par Merlin, que s'était-il passé pendant ses deux ans d'absence ? Elle ne le reconnaissait pas. Ni son impressionnante musculature, ni cet éclat féroce qu'elle lisait dans ses yeux et qui s'imprimait sur son visage lorsqu'elle arrivait à discerner autre chose que des éclaboussures de sang et des poings qui fusaient.

Elle aurait dû partir au moment même où Morisson – celui qui l'avait introduite ici – lui avait conseillé de parier sur ce petit jeune plein de promesses, ce Doyle, qui se préparait à côté du ring. Sur le coup, Liliana avait été si ébranlée qu'elle avait cru s'évanouir. Ses mains s'étaient mises à trembler nerveusement et Morisson lui avait demandé si elle le connaissait. Elle avait répondu par la négative, et avait parié sans réfléchir, et une belle somme. Elle avait besoin d'argent. Bien sûr, sa sang-de-bourbe de mère lui avait donné un coffre plein de gallions sonnants et trébuchants afin qu'elle parte sans se retourner, mais Liliana savait qu'elle ne pourrait pas continuer de vivre sur ses réserves bien longtemps. L'université était un investissement. Elle devrait acheter beaucoup de livres, d'objets magiques, régler sa chambre et ses repas. Comme elle ne trouvait pas le sommeil, depuis la rentrée, Liliana avait donc fait ses comptes pour se vider l'esprit de tous les souvenirs et les regrets qui l'assaillaient depuis qu'elle avait reposé le pied sur le sol anglais. Le résultat final avait été accablant. Il fallait qu'elle trouve une source de revenus si elle ne voulait pas vivre en se serrant la ceinture. Auquel cas, elle aurait à peine de quoi terminer son année et absolument rien pour se payer un logement une fois les vacances venues.
Il fallait donc commencer maintenant, mais voilà, Liliana n'avait aucune idée de quoi faire. Travailler était encore au-dessus de ses forces. C'était à peine si elle se sentait capable d'assumer ses études. C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée à prendre contact avec un de ces personnages louches qui avaient entouré Rodolphus Lestrange.

Et voilà où elle était, maintenant. Dans un véritable cauchemar. Un petit cri lui échappa lorsque Kilian fut projeté au sol par son adversaire, et elle eut envie de se cacher les yeux comme une enfant de cinq ans. De la violence, elle en avait pourtant vu. Elle en avait même vécu. Mais voir son ancien ami dans une telle situation, avec un tel comportement, lui donnait tout simplement envie de vomir. Parfois, elle se mettait à penser que ce n'était un rêve, qu'elle allait s'éveiller subitement dans sa chambre au deuxième étage de l'Université. Mais non, quand elle fermait les yeux et les rouvrait, elle avait toujours la même chose devant les yeux.
Les gens criaient autour d'elle comme des animaux, et Liliana eut la vision de porcs s'égosillant, d'êtres misérables et sans dignité, des déchets qui auraient mérité de mourir pendant la guerre. Elle avait été bien stupide d'accepter une telle façon de se faire de l'argent, c'était écoeurant et pour rien au monde la Vanloock désirait être associée à ces écervelés qui semblaient jouir du spectacle. Le combat à la moldue n'avait aucune distinction, aucun code, si ce n'était d'être le plus chargé de testostérones possible.

Doyle reprit le dessus. Incrédule, Liliana l'observa démolir le portrait de son adversaire jusqu'à ce que l'arbitre fusse obligé de s'interposer. On brandit le poing du héros du jour, et Liliana se détourna, écoeurée.


« Je voudrais mon argent, s'il-vous-plaît. Vanloock, j'ai parié 100 gallions sur Doyle. »

Demanda-t-elle d'une voix glacée au bookmaker, lorsque la file d'attente devant elle disparut. Elle prit son argent, compta à l'aide d'un sortilège, le rangea dans la poche de son sac à main et chercha Kilian du regard. Disparu. Elle tourna dans la salle, en vain. Elle n'était de toute façon plus aussi sûre de vouloir lui faire face, finalement. Et s'il la reconnaissait malgré la potion qu'elle avait prise ? Et s'il était furieux, et se montrait violent ? Liliana ne donnait pas cher de sa peau face aux poings destructeurs de l'ancien Serpentard. Oh, en revanche, elle ne le craignait pas si elle avait le temps de sortir sa baguette. Le garçon ne connaissait peut-être pas un quart des sortilèges de magie noire qu'elle connaissait, mais c'était bien là son seul avantage. Car, au fond, elle n'était pas certaine qu'elle se défendrait.

Un vent léger fit voleter quelques mèches de ses cheveux bouclées, qui s'étaient échappées de son chignon serré. Malgré son long manteau, Liliana frissonna. Il avait fait chaud à l'intérieur de la Tanière, avec tous ces corps agglutinés, et l'air lui semblait glacial, en comparaison. Elle prit sa baguette en main en se promettant de prendre une bonne douche en rentrant, persuadée de sentir l'odeur du sang et de la transpiration sur elle. Mais au lieu de transplaner, elle se figea en attendant une voix masculine qu'elle reconnu entre mille. Son ventre fit le grand-huit, comme jamais, encore, il ne l'avait fait. S'en était douloureux, et pour peu, elle se serait pliée en deux et aurait vomi sur le pavé régulier du trottoir.
Elle avait pris cette potion qu'elle avait pris l'habitude, pendant deux ans, de préparer pour Rodolphus afin que celui-ci puisse sortir de leur refuge sans être embarqué par les aurors français. Si Kilian pouvait voir son visage, la potion accentuait assez les changements qui s'étaient opérés sur son faciès pour qu'il ne parvienne pas à mettre de nom sur sa personne. Elle avait respiré les vapeurs de la potion car elle n'avait pas désiré qu'on la reconnaisse dans un endroit aussi sordide, mais à présent, elle était bien heureuse de pouvoir se réfugier derrière un air de parfaite inconnue. Il ne la reconnaitrait pas, pensa-t-elle de toutes ses forces, paniquée. Elle pouvait même passer à côté de lui, voir même lui parler, sans le moindre risque.
Liliana fit quelques pas, et son cœur s'accéléra douloureusement dans sa poitrine. Elle avait désiré le revoir. Elle s'était promis qu'elle le retrouverait, en découvrant qu'il ne figurait pas parmi les étudiants de l'UMA. Il était son dernier, son seul ami. Pourquoi était-elle aussi terrifiée, maintenant qu'elle n'était qu'à quelques pas de lui ? Pourquoi voulait-elle partir sans lui adresser un regard ?
C'était trop tard, de toute façon : elle le regardait déjà, avec un œil de gamine apeurée. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle se recomposa un visage altier, qui ne le fut qu'à moitié. Elle passa devant lui. Et s'arrêta. Elle prit une longue inspiration et lui fit face. Apparemment, il ne la reconnaissait effectivement pas. Cela allait être un sacré handicap, même si, sur le coup, elle en était soulagée. Ou peut-être pas. Peut-être pouvait-elle ainsi jauger l'homme qu'il était devenu, peut-être pourrait-elle préparer le terrain pour que son retour ne soit pas un choc. Car il en serait certainement un, après tout ce temps. Ou alors, si Kilian était devenu tel qu'il paraissait l'être quand il était sur le ring, elle pourrait passer son chemin sans se révéler. Elle n'avait pas quitté un démon pour en retrouver un autre.
Mais que dire, que faire, quand un garçon que nous avions toujours connu nous voyait comme une étrangère ? Elle se sentit rougir quand il posa son regard sur elle. Il valait mieux qu'elle ouvre la bouche avant de passer pour une illuminée, ou elle ne savait quoi encore.


« Je comprends. Tu... vous êtes dans un vilain état. Je... Je ne bois pas d'alcool, pour ma part mais... je pourrais peut-être vous offrir cette bière ? Quoi que dans votre état, ce serait des soins, qu'il vous faudrait. Je peux aussi m'en occuper, et... »

Et tu parles trop, tais-toi, Liliana ! Pour qui allait-il la prendre ? Mère Thérésa ? L'étudiante se racla la gorge en baissant les yeux, regrettant son empressement. Il allait trouver ça louche, c'était sûr !

« Enfin, vous devez avoir l'habitude. Ça fait longtemps, que vous vous battez comme ça ? Il n'y a pas de médicomages là-dedans ? »

Liliana tritura nerveusement sa baguette et cilla de nouveau. Elle sursauta tout à coup et la rangea rapidement dans son sac. Kilian connaissait sa baguette. Après toutes ces années, il ne la reconnaîtrait peut-être pas, mais elle était assez identifiable avec son éraflure tout du long malgré son bois rutilant. Il ne valait mieux pas tenter Grindelwald.
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  • Kilian Doyle
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMar 4 Déc - 15:19:46

Kilian releva les yeux vers la voix qui s'adressait à lui, légèrement surpris. D'habitude on évitait de lui parler après ses combats ce qui lui convenait très bien et n'avait rien d'anormal. Il faisait sûrement preuve à voir.
Il fut d'autant plus étonné que la voix appartenait à une jolie blonde racée qui n'avait pas grand-chose à voir avec son public habituel.
Qu'est-ce qu'elle faisait là ?
Kilian tiqua : Elle voulait lui offrir sa bière ?
Encore une qui recherchait le grand frisson avec la bête de foire qu'il était devenu ?
Il retint un soupir las.
Heureusement que la clientèle du Grizz ne fréquentait généralement pas la Tanière, il aurait eu du mal à être crédible dans son rôle de barman charmeur si on l'avait vu se battre avec tant de violence dans les sous-sols. Putain qu'est-ce qu'il avait mal au crâne…
Et voilà qu'elle voulait jouer l'infirmière ?Elle était pas nette ou quoi ?
Il ne répondit rien, préférant faire comme si elle n'était pas là. Elle finirait bien par s'en aller s'il l'ignorait.
Mais la jeune femme semblait incapable de s'arrêter de parler.
Il braqua ses yeux sur elle et la dévisagea longuement, retenant de justesse un "qu'est-ce que ça peut te foutre?" acerbe. Mais quelque chose dans la façon dont elle rangea nerveusement sa baguette, comme si elle craignait qu'il s'imagine quelque chose, le dissuada et il consentit à répondre, d'une voix rauque et basse:


- Pas très longtemps, non. Et si, il y en a. Mais je suis un grand garçon… et puis, souffrir c'est la preuve qu'on est en vie, pas vrai ?

Pourquoi est-ce qu'il lui disait cela ? C'était le genre de pensées qu'on ne déversait pas à tort et à travers de peur de passer pour un fou. Lui-même se demandait s'il n'était pas tout bonnement en train de perdre la tête, ce qui expliquerait beaucoup de choses. Mais à priori, quand on pensait être fou, on en l'était pas…Pourquoi est-ce qu'il ne déguerpissait pas tout simplement pour aller vider une bière et dormir ?
Il fronça les sourcils, légèrement troublé et sans la quitter des yeux, demanda :


- On se connaît ?

Il se secoua mentalement. Non bien sûr que non il ne la connaissait pas. Il avait encore les idées embrouillées par le combat, voilà tout. Il ne sut pas pourquoi, mais il s'adoucit.

- Ecoute, c'est sympa pour la bière, mais je pense qu'avec ma tête aucun bar n'acceptera de me laisser rentrer. J'habite juste au-dessus de toute façon.

Il hésita un instant, ne sachant pas ce qui le poussait à se comporter comme un être humain civilisé.

- Mais… j'aime pas boire seul. Je t'en offre une ?

Un peu de compagnie, même celle d'une complète étrangère, ne pouvait pas lui faire de mal. Bien au contraire. Le pire tête-à-tête était celui entre lui et lui-même.

- Et puis, il vaut mieux que je ne dorme pas tout de suite, au cas où j'ai une commotion cérébrale…
déclara-t-il avec un sourire amusé.

Bon il ne plaisantait qu'à moitié, ça lui était déjà arrivé deux fois. Il avait une potion à prendre avant d'aller se coucher normalement, juste au cas où.

Il se décida enfin à se redresser et grimaça en se tenant les côtes. Puis il se dirigea vers une porte un peu plus loin, essayant de rester droit et fier. Il devait avoir l'air pitoyable…


Il se tourna vers l'inconnue:


- Tu viens ? Je vais pas t'agresser, promis. Et puis t'as vu l'état dans lequel je suis ? Je suis pratiquement inoffensif.


Une fois dans l'appartement il enleva son tee-shirt ensanglanté et le jeta dans un coin, puis il sortit deux bières et en tendit une à la jeune femme avant d'aller se laisser choir dans le canapé avec un grognement.

Il leva sa bouteille à l'attention de la blonde et en but une gorgée.
Ho Merlin, que ça faisait du bien.
Il ferma les yeux un instant et se laissa aller contre le dossier du canapé. Il était épuisé, aussi bien physiquement que mentalement. Il voulait se reposer, juste quelques secondes.


- Alors, finit-il par demander après un long silence, les yeux toujours clos, qu'est-ce qu'une fille comme toi fait dans un trou comme celui-là ?

Il rouvrit les yeux et plongea son regard dans celui de la jeune femme. Il était temps d'en apprendre plus sur cette inconnue un peu trop téméraire.
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  • Liliana Vanloock
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMar 4 Déc - 16:46:19

Bon. C'était clair et net, Liliana était clairement en train de passer pour une illuminée. Quelle idée, aussi, d'aborder Kilian de cette façon. N'avait-elle pas pu réfléchir un tant soit peu, histoire d'avoir l'air à peu près normale ? Non, Vanloock n'était plus en état de réfléchir. La panique prenait lentement le dessus, et elle sentit clairement un goût de bile lui remonter à la bouche.
Finalement, il daigna lui réponde. Liliana ne l'espérait plus, compte tenu de la façon dont il l'avait regardée. Sa phrase, en revanche, la fit tiquer. Bien qu'elle ne bougea pas, elle sembla reculer comme si elle venait de se prendre un électrochoc. Ses yeux, plus que sa physionomie, donnaient cette étrange impression.


« Vous n'avez manifestement pas encore assez souffert. »

Rétorqua-t-elle d'une voix blanche, avant même de réfléchir à la sentence qu'elle prononçait.
Alors, c'était donc cette méthode qu'employait Kilian pour se sentir vivre ? Ce n'était pas très glorieux. Mais que pouvait-elle en dire, elle ? Elle était bien pire, bien plus méprisable que l'homme qu'elle avait devant les yeux. Aussitôt cette pensée formulée, elle s'en voulu de le juger si abruptement.
« On se connaît ? »
Liliana se sentit pâlir et ses mains devinrent moites. Ça y était, il l'avait reconnue ! Non, ce n'était pas possible. Elle avait pris une potion qu'elle avait conçue elle-même, et elle était certaine de ses capacités en la matière. Elle avait confectionné cette mixture pendant assez d'années pour la composer en fermant les yeux. Il ne pouvait pas la reconnaître, du moins, pas tant qu'elle ne lui donnait pas son identité complète. Mais par Merlin, que pouvait-elle bien répondre à cette question ? Elle ouvrit la bouche, puis la referma en hochant la tête en signe de négative.


« Excusez-moi, j'ai été un peu abrupte. Je pensais néanmoins que l'on sentait de façon plus vive notre propre mort plutôt que notre vie, à travers la souffrance. C'est du moins ainsi que je le ressens, pour ma part. »

Elle arrivait enfin à s'exprimer un peu normalement. Et elle était parvenue à éluder la question. Un joli point pour elle, bien qu'elle n'en menait pas assez large pour en éprouver une quelconque fierté. Berner Kilian lui était particulièrement pénible, d'ailleurs. Mais elle ne pouvait pas débarquer comme ça, et lui donner son identité sans même l'y préparer. Autant profiter des effets de la potion. Il était assez amoché comme cela, inutile d'en rajouter avec un second choc.
Quand il lui répondit, Liliana s'attendit à se faire gentiment saluer par le garçon, qui n'avait manifestement pas envie de bavarder. Son visage se décomposa, alors qu'elle prononçait un petit
« Ah, dommage... » qui voulait à la fois rien et tout dire.

Son cœur battait à tout rompre. Elle brûlait d'envie de se jeter dans ses bras en pleurant, et pourtant, elle restait bêtement immobile, à le toiser comme la dernière des imbéciles. Heureusement, Kilian brisa le silence oppressant qui les opposait, en lui proposant de partager une bière avec elle.
On avançait, finalement ! Heureusement que Kilian avait décidé de se montrer un tantinet sociable, car sinon, elle n'aurait jamais su comment le rattraper, sans passer, cette fois, définitivement pour une allumée. Un petit sourire se ficha sur ses lèvres, forcé.


« Si c'est proposé si gentiment... »

Rétorqua-t-elle en lui emboitant le pas. Sa nervosité lui donnait des crampes d'estomac tandis qu'elle s'approchait, ne trouvant même aucun trait d'esprit à répondre aux vannes de l'ancien Serpentard. Ces mêmes crampes ne l'avaient pas quittées lorsqu'elle eut gravit les escaliers et que la porte de l'appartement s'était refermée sur elle. Elle se sentait piégée, et ne savait pas du tout comment elle allait s'y prendre pour la suite. Elle avait retourné leurs retrouvailles dans tous les sens, avait imaginé toutes les situations, mais celle-ci ne figurait pas dans la liste de tout ce qu'elle s'était représenté. Elle non plus n'y était pas préparée, finalement. Elle n'aurait jamais pensé le trouver dans un endroit aussi sordide.

Kilian jeta à bas son tee-shirt et Liliana détourna les yeux en rosissant. Il s'était sacrément étoffé, le garçon. De près, c'était autrement plus impressionnant qu'à quelques mètres de distance, particulièrement avec tous ces bleus et ce sang qui le couvraient. À le voir comme ça, ce qu'il restait de la Liliana qu'il avait connue avait envie de se réveiller et de le sermonner en bonne et due forme. Au lieu de quoi, elle resta planté au milieu de la salle de séjour, à observer Kilian sortir des bières.


« Oh, je prendrai juste... »

Bon, autant pour le jus de citrouille, maintenant qu'elle avait une bière collée entre les mains. Après tout, ça ne lui ferait peut-être pas tant de mal. Il lui faudrait au moins cela pour gérer la situation. Car, compte tenu de l'humeur sordide de Doyle, elle sentait que cela allait être corsé de l'amener sur le terrain où elle voulait arriver.

« Merci. »

Lâcha-t-elle, sans oser s'assoir à ses côtés. De toute façon, Kilian, fidèle à lui-même (on lui reconnaissait au moins ça, son impertinence), ne lui prêtait plus la moindre attention. Il restait affalé sur le canapé, les yeux fermé, et l'espace d'un instant, Liliana cru qu'il s'était carrément endormi. Non, franchement. Liliana était vraiment mal à l'aise. Elle aurait imaginé tout autre chose, et l'attitude du brun autant que le contexte lui déplaisaient particulièrement. Elle ne se sentait déjà plus aucune force.
Cela ne pouvait plus durer comme ça. L'ancienne Serpentard n'avait aucune idée de la façon dont lui dire les choses. Autant prendre le taureau par les cornes, et être sincère avec lui. Cela était inutile de tourner autour du pot. Peut-être même s'en sentirait-il trompé, et lui en voudrait de l'avoir plus ou moins fait tourner en bourrique. Elle alla pour parler, mais Doyle fut plus rapide. Liliana se figea, tournant sept fois sa langue dans sa bouche tandis que le regard du garçon se braquait de nouveau sur elle. Pour se donner du courage, elle avala une lampée de bière. Elle grimaça aussitôt, n'ayant pas l'habitude de l'amertume du breuvage. Comment pouvait-on boire cette chose infâme ?


« L'argent. » rétorqua-t-elle de but en blanc. « Je viens de revenir en Angleterre et je suis plutôt... disons, démunie. Je n'ai pas de famille, pas d'ami... et peu d'argent. » sourit-elle. « Pour être tout à fait pragmatique, la première nécessité reste l'argent, car je dois financer mes études à l'UMA. J'essaie de refaire ma vie, en somme. Et quoi de mieux pour ça que de commencer par fréquenter des trous, comme tu le dis si bien ? »

Elle hésita, puis s'installa finalement à côté de Kilian. Sa proximité lui fit quelque chose d'étrange, quelque chose qui ressemblait à du remord, mais elle tenta d'en faire abstraction pour se concentrer sur sa petite introduction. Elle tentait, doucement, de le mettre sur la piste.

« En fait, c'est un contact pas très fréquentable qui m'a indiqué la Tanière. J'y suis venue pour parier, et peut-être, aussi, avec l'idée de faire quelques combats, si cela me semblait possible. Je ne me débrouille pas trop mal avec ma baguette. Néanmoins, je ne m'attendais pas à tomber sur... ça. »

Pour le coup, elle parlait autant de Kilian que du genre de combat qui avait été pratiqué ce soir là. Elle secoua légèrement la tête, et se força à reprendre une gorgée de bière, seulement par politesse vis-à-vis de son hôte.

« Tu as dû me prendre pour une fille bien bizarre, à venir t'aborder comme je l'ai fait. Les parieurs ne doivent pas remercier souvent les combattants, dans cette gargote. »
L'étudiante releva les yeux vers le garçon, et elle se trouva fort petite à côté de lui. Elle n'avait pas souvenir qu'il fut aussi grand, deux ans auparavant. Au moins, maintenant que la glace était brisée, elle se sentait légèrement plus à l'aise, bien que dire qu'elle fut détendu aurait été aller trop vite en besogne. Son regard s'abaissa sur ses mains, et elle grimaça.
« Tu ne veux vraiment pas que je fasse au moins quelque chose pour tes mains ? »
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMar 4 Déc - 19:01:43

Sentir la mort à travers la souffrance ? Oui, probablement… mais c'était la conscience d'une fin inéluctable qui donnait son sens à la vie.
Il se contenta d'un sourire désabusé et ne répondit rien, préférant revenir sur sa proposition.
Cette fille était vraiment bizarre, mais il y avait quelque chose chez elle qui l'intriguait alors il l'invita à partager sa bière. Il la sentait nerveuse et essaya de la dérider un peu mais sans succès. A priori, Potroski ne s'était pas contenté de lui péter le nez, il avait aussi endommagé son sens de l'humour… merde !

L'appartement était relativement bien rangé, mais il n'y passait pas beaucoup de temps alors ça n'avait rien d'étonnant. Au moins ne finirait-il pas de traumatiser la demoiselle avec ses manières de gueux.
Il lui tendit une bière et s'accorda quelques secondes de repos avant de lui demander ce qu'elle faisait là. Sa réponse le fit sourire malgré lui. Là où d'autres se seraient contenter d'un mot, la demoiselle lui donnait une partie de son CV. Et dire qu'il aurait pu la croiser à l'UMA si les choses avaient été différentes. Comment une fille aussi jolie, qui, une fois la première impression passée, semblait gentille, cultivée et saine d'esprit se retrouvait sans amis et sans famille ? C'était d'une tristesse…
La dernière phrase lui arracha un rire et il acquiesça gravement:


- Tu as raison… c'est l'endroit idéal.

Elle n'avait même pas à se salir les mains pour ça. Lui en revanche… c'était une autre histoire.
Semblant un peu moins inquiète, elle vint le rejoindre sur le canapé et continua sa petite histoire. Il se sentit un peu con quand elle lui expliqua maladroitement qu'elle ne s'attendait pas à ça. Elle avait été secouée apparemment. Qui était le crétin qui l'avait invitée à la Tanière ? Ce n'était pas un endroit pour une jolie fille.


- Ha c'était ton premier pari ? Tout s'explique… Les combats à mains nues ne représentent qu'une partie du spectacle. Il y a des duels sorciers dans l'une des autres salles. Je touche un peu aux deux selon la demande. Et il y a aussi les combats de créatures fantastiques, mais il y en a moins souvent.

Il passa une main dans ses cheveux, un peu embarrassé, une vieille habitude de son enfance dont il ne s'était pas encore débarrassé et grimaça sous l'effort. Il essaya de prendre un air rassurant, adouci:

- C'est assez impressionnant, mais ça a l'air plus moche que ça ne l'est. La magie fait des miracles, on ne risque pas nos vies.

Enfin, en théorie.
Il n'aimait pas l'idée de la voir dans la Cage. Il se décomposa rien qu'à l'idée de l'avoir pour adversaire. Il n'en était pas encore réduit à se défouler sur des femmes, ça non !


- Si tu as besoin d'argent, le Grizz recherche toujours des extras le week-end. Ça paye moins bien, c'est sûr, mais c'est moins dangereux, et généralement moins salissant… une fois rentrée là-dedans, c'est difficile d'en sortir.


Et si on s'en sortait, ce n'était généralement pas indemne, que ce soit physiquement ou psychologiquement.

- Bizarre ? Non… folle à lier, peut-être, mais je ne m'arrête pas à ce genre de considération, répondit-il avec un petit sourire. J'imagine que toi non plus, sinon tu ne m'aurais jamais adressé la parole !

Amusé, il secoua la tête et répondit à sa phrase suivante :


- Non, on ne vient pas me remercier souvent, on aurait plutôt tendance à vouloir venir m'achever quand je perds, mais.. c'est agréable pour changer, je suis content si j'ai pu te faire gagner un peu d'argent.

Il posa sa bouteille sur la table basse et laissa échapper un gémissement en se redressant. Il se prit le visage entre les mains pour se frotter les yeux et les tempes avant de se redresser et de faire jouer machinalement ses phalanges. Bordel, ce qu'il avait mal. Il espérait que l'exercice apaiserait un peu les crampes et le feu des entailles. Il avait encore de l'essence de murlap dans la salle de bain, pour quand la douleur devenait vraiment insoutenable mais ce n'était pas encore le cas. Juste particulièrement désagréable, mais pas encore insoutenable.
La jeune femme se tourna vers lui et grimaça en regardant ses mains. Sa proposition le prit au dépourvu et il croisa son regard, les sourcils froncés. Pourquoi s'occupait-elle de lui ? Qu'avait-elle vue en lui qui mérite qu'on s'y intéresse.

- S'il n'y a que ça pour te faire plaisir… dit-il en lui ouvrant ses paumes. Je ne suis pas sûr qu'il y ait grand-chose à faire cela dit.

Et ce n'était pas la partie la plus douloureuse de son anatomie, loin de là. Il se demandait si sa côte brisée n'avait pas perforé quelque chose tant respirer et bouger lui semblait difficile. Mais il était bien trop fier pour dire quoi que ce soit. Il la regarda silencieusement s'occuper patiemment de ses mains et finir par les bander.

- Merci,
souffla-t-il, peu habitué à la délicatesse dont elle avait fait preuve. Ça va déjà mieux.

Il voulu se lever mais la douleur le cloua sur place et il jura en retombant sur le canapé. Il se mit à tousser et cracha un peu de sang.

- Et merde…

Il protesta quand elle voulu l'aider, sauf que cette fois elle semblait avoir pris assez d'assurance pour ne pas accepter un non pour réponse.

- Putain, ça fait mal ! S'écria-t-il quand elle toucha un point particulièrement douloureux.

Il était à deux doigts de la foutre dehors tant la douleur était insupportable mais soudain elle lança un sortilège et la terrible douleur qui lui étreignait la poitrine disparue. Il prit une grande inspiration en se palpant le torse et jeta un regard admirateur à la demoiselle:


- Wow… et si je t'embauchais plutôt comme infirmière personnelle ? Plaisanta-t-il. Bon ok, exceptionnellement, je veux bien que tu regardes mes autres blessures…

La disparition de douleur n'était pas si mal quand il avait de la compagnie pour le distraire d'une autre façon.
Alors qu'elle était penchée vers lui pour regarder ses blessures, il ne put détourner son regard de son visage. Bon sang, pourquoi cette impression de la connaître ne le quittait pas ?
Doucement, il approcha sa main de son visage et glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, lui caressant la joue par la même occasion.
Pourquoi son cœur battait-il si fort sans qu'il en comprenne la raison ?
Pourquoi par Merlin avait-il l'impression que quelque chose lui échappait ?
Pourquoi... ?
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMar 4 Déc - 20:46:19

Liliana ne put retenir un sourire, sentant son cœur se serrer de nouveau, lorsqu'elle vit Kilian passer sa main dans ses cheveux, comme elle l'avait si souvent vu faire à Poudlard. Bien entendu, elle n'avait pas écouté le quart de ce qu'il lui racontait. Avait-elle été stupide de craindre qu'il soit devenu un abruti il en était déjà un violent. Elle s'en sentait honteuse à présent, néanmoins elle s'excusait en mettant cette crainte sur le compte de la terrible appréhension, celle-là même qui lui crispait encore et toujours le ventre. Car c'était une teigne, celle-là. Elle était bien installée, ici, et n'avait pas envie de partir tout de suite.

« Les duels de sorciers m'impressionnent moins. Peut-être parce que j'en ai déjà vu quelques-uns, et que moi-même je me défends bien à ce niveau. »

Commenta-t-elle pour ne pas rester silencieuse, pour ne pas se laisser happer de nouveau par ses peurs et ses angoisses. Elle pouvait faire tous les efforts du monde, elle n'arrivait pas à se défaire du sentiment d'irréalité qui la submergeait, ne parvenait pas à se secouer assez pour se faire croire que tout cela était normal. Non, il n'était absolument pas « normal » de ne pas se faire reconnaître par son ami d'enfance et ne rien lui en dire. Et cela planait, sans cesse, dans son esprit.
Liliana tenta de se focaliser sur la conversation de Kilian. Ce n'était pas facile, surtout pas de réagir aux propos qu'il lui tenait. Elle secoua la tête, forçant une grimace, quand il lui parla de faire des extras.

« Je me vois mieux sur le ring que derrière le bar. » ricana-t-elle nerveusement, en glissant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Quel danger y a-t-il, si on ne risque pas sa vie ? »

Commenta-t-elle. Elle voulu se donner un petit air malicieux pour donner le change, mais cela échoua lamentablement dès qu'elle reposa son regard sur Doyle. Et, au lieu de quoi, elle le dévorait du regard, sans se douter que l'éclat qui se reflétait dans ses iris aurait pu prêter à confusion.
Gênée, elle cilla et parcourut la pièce des yeux, en retenant un soupir. Elle enchaîna, relevant elle-même la façon bien étrange qu'elle avait eu de l'aborder, peut-être pour en venir au fait, ou peut-être, seulement, pour finir de détendre l'atmosphère. Au moins, l'atmosphère sembla se détendre pour Doyle, car celui-ci n'hésita pas à se moquer d'elle, et elle ne pu s'empêcher de sourire.
Pendant deux ans, Liliana avait quelques fois pensé à lui, mais jamais elle ne s'était rendu compte à quel point le garçon lui avait manqué. Maintenant qu'elle l'entendait faire l'imbécile, c'était comme si quelque chose en elle s'éveillait. Quelque chose qu'elle avait cru mort, et qui maintenant, lui donnait envie de pleurer. Elle n'en fit rien, cependant. Rodolphus lui avait appris à contrôler ce genre d'émotion. Il avait horreur du laisser aller, et c'était devenu un automatisme, chez Liliana. Les larmes n'avaient guère le temps de poindre dans ses yeux que déjà, elles s'étaient taries. Aussi baissa-t-elle le menton quand il parla des clients qui désiraient l'achever quand il perdait, s'efforçant de ne pas imaginer la vision pour le moins morbide de Kilian au sol, dans un état semblable à celui dans lequel il avait mis son adversaire, une demi-heure auparavant. Comme il l'avait dit lui-même, il était un grand garçon, mais Liliana ne pouvait s'empêcher d'être horrifiée à la seule image qui s'était imposée à son esprit.
Mieux valait ne pas se concentrer sur cela pour le moment. Non, mieux valait s'intéresser à ses blessures, et ce qu'elle pourrait soigner ce soir, avec ses quelques moyens. Ils étaient limités, Liliana n'étant pas versée en médicomagie pure et dure, mais elle avait appris quelques astuces qu'elle avait pu mettre en pratique plusieurs fois.

Faire quelque chose qu'elle maîtrisait l'aidait à se sentir plus sûre d'elle. Aussi, bien que l'idée de toucher Kilian l'effrayait au plus haut point, elle se maîtrisa. Elle posa son sac à main sur le sol, l'ouvrit et en sortit sa baguette magique ainsi qu'une fiole de potion, avec laquelle elle commença par désinfecter les blessures. Un sortilège de soin mineur referma quasiment les plaies, mais elle prit néanmoins le soin de les bander en faisant sortir de sa baguette une étoffe de lin. Elle noua avec une infinie délicatesse les bords de la bande, et releva un regard interrogateur sur Doyle.


« C'est mieux comme ça, non ? »

Apparemment non. À peine l'eut-il remerciée et avait-il tenté de se lever qu'il se mit à tousser et à cracher du sang. Les yeux de l'ancienne Serpentard s'arrondirent, inquiet. À n'en pas douter, il s'était fait casser une côte. Elle avait bien remarqué la façon dont il s'était plié, et le sang qu'il venait de cracher n'augurait rien de bon. Si Doyle avait des lésions internes, elle ne pouvait pas y faire grand chose. Ses connaissances en matière de soins avaient leurs limites.

« Laisse-moi regarder ça. »

Déclara-t-elle cependant sur un ton qui ne demandait aucune réplique. Et, comme elle avait deviné la source du problème, elle toucha pile à l'endroit où cela faisait mal. L'espace d'une seconde, Liliana eut l'impression que Kilian allait lui coller son poing bandé dans la figure, aussi se dépêcha-t-elle de pointer sa baguette sur le torse du garçon et d'incanter un sortilège informulé. Elle n'était pas certaine que cela suffise à réparer totalement les dégâts, mais au moins la douleur s'en verrait atténuée. Si quelque chose avait été perforé, en revanche, elle ne s'en irait pas complètement tant que de véritables médicomages ne se seraient pas penchés sur son cas.
À son grand soulagement, Doyle sembla ne plus ressentir la moindre douleur. Liliana poussa un soupir satisfait, et l'ombre d'un sourire passa sur son visage. Avec tout ça, elle avait même oublié qu'il n'avait pas la moindre idée de qui elle était. Elle avait tellement l'impression de revenir quelques années en arrière, dans un passé qui lui semblait révolu à jamais, qu'elle avait momentanément oublié sa première mission. Un rire léger s'échappa de sa gorge lorsque l'ex Serpentard lui proposa de l'embaucher, et elle s'approcha encore un peu plus de lui, pour jeter, là où cela semblait nécessaire, des sorts mineurs ou appliquer quelques gouttes de potion.


« Oh, je ne ferai pas une médicomage si extraordinaire... Je suis bien plus redoutable dans d'autres domaines... »

Rétorqua-t-elle en reposant le flacon, dont elle n'avait plus besoin.

« C'est une sale marque que tu as là, Kilian. Tu risques d'avoir un hématome si je ne... »

Liliana se tut et se crispa. La main de Kilian venait de la toucher, et elle sentit une mèche de cheveux se faire rabattre derrière son oreille. Son cœur s'emballa, et elle osa à peine lever les yeux sur Doyle. Elle le fit pourtant, avec une lenteur exacerbée, et quand leur regard se rencontra, elle crut qu'elle allait défaillir. Son corps entier frissonna alors que sa gorge se nouait douloureusement. Par Merlin, elle venait en plus de se griller lamentablement.

« Si je ne... fais rien. Curo. »

Le sort jaillit une dernière fois de sa baguette, et Liliana se recula vivement pour poser cette dernière sur la table. Sans regarder Kilian, elle passa une main dans ses cheveux tout en baissant le menton.

« Je ne savais pas comment t'aborder. Et je sais encore moins comment t'annoncer ce que je suis venue te dire. »
Finit-elle par lâcher dans un murmure douloureux.
« J'ai peur de te faire un choc. Après tout ce temps... À dire vrai je pensais te trouver dans les rangs de l'UMA plutôt que dans cet endroit sordide. J'avais imaginé bien des situations pour te retrouver et renouer avec toi, des situations parfaites où je maîtrisais les évènements, mais je n'ai décidément aucun contrôle sur ceux-ci, ces derniers temps... On se connait, oui. Plutôt bien, même. »

Liliana ferma les yeux et prit une inspiration. Elle lâcha dans un souffle :

« Je suis Liliana Vanloock. »
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMar 4 Déc - 21:47:37

Il y eut un instant de flottement et le barman releva la tête pour croiser le regard de la demoiselle qui le regardait avec inquiétude.
Son sang se glaça.
Ne venait-elle pas de l'appeler "Kilian" ? Comment pouvait-elle connaître son prénom ?
Le sortilège de soin fit son œuvre, mais il ne sentait plus rien. C'était comme si son corps était anesthésié tant son esprit était en ébullition, luttant pour faire éclater la vérité.

Il fronça les sourcils et il secoua la tête avec incompréhension:


- Comment tu connais mon nom… ? J'avais raison, c'est ça ? On se connaît ?


Bon sang, mais qui était-elle ? Et pourquoi avait-il l'horrible impression que la réponse n'allait pas lui plaire ?
Il regarda la jeune femme reculer et passer une main nerveuse dans ses cheveux d'une manière curieusement familière.
Les mots qu'elle prononça ensuite formèrent bien des phrases mais il n'était pas certain d'en comprendre le sens, ou de vouloir comprendre alors que la lumière semblait peu à peu faire jour dans son esprit torturé.

- Qu'est-ce que tu racontes? Qui es-tu ? Demanda-t-il en se levant.

Citation :
« Je suis Liliana Vanloock. »

Le choc lui coupa le souffle. Pendant quelques instants il resta à la fixer, immobile, les yeux écarquillés. Et soudain ce n'était plus cette étrangère si curieusement familière devant lui, mais sa Lily. La nuance exacte du bleu de ses yeux, le doré de sa chevelure, les traits si fin de son visage, pourtant plus amaigri que dans son souvenir.

- Non…

Sous le choc, il recula, renversant au passage la lampe posée sur le guéridon près du canapé.

- C'est impossible… ça ne peut pas être toi… tu es morte ! Protesta-t-il d'une voix étranglée, comme pour se convaincre lui-même.

Ce n'était pas possible. Potroski avait tapé trop fort, il avait bien une commotion cérébrale. Ca et le fait qu'il avait trop bu, et qu'il était déjà à deux doigts de la folie, ou probablement les trois à la fois puisqu'il était en train d'halluciner et de voir le fantôme de la tyrannique vipère dont il avait été amoureux.
Que tout ça lui paraissait loin et pourtant si proche. Pendant combien de mois avait-il espéré, chaque heure de chaque jour, qu'elle lui enverrait un signe pour lui faire comprendre qu'elle allait bien ? Pendant combien de temps avait-il espéré la voir réapparaître comme si de rien n'était ? Combien de fois s'était-il sentit coupable de ne pas avoir été là, de ne pas savoir ? Il avait fallu se résigner à sa mort pourtant… et il l'avait fait. Cela avait été si long et si douloureux qu'il avait cru mourir lui aussi. S'il n'avait pas eu la douceur de sa petite sœur pour l'accompagner dans ce moment difficile, il aurait probablement été dans un état pire que la loque qu'il était aujourd'hui.

Non, ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas être là, pas après tout ce temps, pas après tout ce qu'il avait traversé !


- Ca ne peut pas être toi…
murmura-t-il avec difficultés.

Ses yeux s'embuèrent et il se rendit compte avec horreur qu'il était sur le point de pleurer. C'était forcément encore l'un de ces affreux cauchemars dont il allait se réveiller en nage et en larmes sans pouvoir refermer l'œil de la nuit.

Il se prit la tête entre les mains et pressa ses paumes contre ses yeux, comme pour essayer de résonner son esprit malade mais elle était toujours là.


- Regarde-moi… Regarde-moi ! S'écria-t-il. Tu ne peux pas être là !

Pourtant elle y était.
Son cœur battait si fort qu'il avait l'impression qu'il était sur le point d'exploser. Sa respiration était laborieuse, haletante et il avait des sueurs froides.
Il ne savait pas comment réagir, il ne savait pas quoi dire, il ne savait pas quoi faire.
Il n'arrivait tout bonnement pas à le croire. Il aurait voulu se précipiter pour la serrer dans ses bras en riant, il aurait voulu lui tordre le cou tant la douleur était insupportable, il aurait voulu se mettre à pleurer comme un enfant. Peur, tristesse, colère, soulagement. Plus rien n'était clair. Il ne comprenait plus rien.

Il serra les poings pour essayer de maîtriser ce tumulte de sentiments et repousser les larmes qui menaçaient de céder.

Il n'arrivait pas à détacher son regard d'elle. Elle devait vraiment le prendre pour le roi des crétins !
Comment avait-il pu ne pas la reconnaître ? Alors qu'il avait cherché son visage si souvent ces deux dernières années ? Alors qu'il avait rêvé d'elle, si souvent ?
Pourquoi ressentait-il ce vide glacial alors qu'il avait espéré si longtemps son retour ?


Lentement, il se fit violence pour se rapprocher d'elle, pour essayer de se convaincre que ses sens lui jouaient des tours. Il fallait qu'il prouve à son esprit malade que tout ça n'était qu'un cauchemar, que rien de tout ça n'était possible !

Il s'avança jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres d'elle. Il sentait son souffle irrégulier, la chaleur qui émanait de son corps, la tension qui remplissait tout l'appartement.

Il fallait qu'il la touche, il fallait qu'il vérifie, qu'il soit sûr. Avec une douceur presque douloureuse, ses doigts revinrent caresser la joue de ce visage qu'il avait tant chéri.
Il cligna des yeux, comme pour se convaincre qu'il ne rêvait pas et quelques larmes s'échappèrent malgré lui.

Des milliers de questions se bousculèrent dans son esprit. Comment ? Pourquoi ? Quand ? Pourquoi ?! Où ? Pourquoi ?!? Mais un seul mot réussit à franchir ses lèvres:


- Lily…
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMar 4 Déc - 23:43:55

Liliana rouvrit les yeux et une lueur de détermination passa dans son regard. Voilà, c'était dit, et le simple fait de prononcer son nom l'avait comme soulagée d'un poids immense. Et pourtant, quand elle vit la façon dont Kilian la regardait maintenant, elle sentait qu'elle n'avait peut-être pas fait la moitié du chemin pour lui faire accepter la réalité. Il avait l'air complètement désemparé, si bien qu'il s'était levé et avait renversé une lampe sur son passage. Elle allait bien finir par s'y habituer, aux réactions qu'elle suscitait. Sa mère, lorsqu'elle lui avait ouvert, était restée figée pendant deux minutes, avant d'aller s'effondrer sur le sofa. Liliana avait parlé longuement, bien que cela lui avait été pénible, et pour toute réponse, Jane lui avait sommé de partir. Son père, quant à lui, avait fait un geste pour la prendre dans ses bras, mais Jane l'en avait empêché en se réfugiant contre le torse de son mari avant que Liliana ne put faire un pas vers lui. Et Jane s'était mise à hurler, vomissant des insanités odieuses dont sa fille se souvenait chaque syllabe. Elle n'avait retenu que le pire du discours que Liliana lui avait donné, et cette dernière avait dû se résoudre à battre en retraite, incrédule et sous le choc. La porte s'était claquée dans son dos avant même que Vincent ne puisse réagir à quoi que ce soit. Liliana avait été si effondrée qu'elle était restée assise sur le lit de sa chambre pendant le reste de la soirée, statufiée. Puis elle avait prit la résolution de ne plus jamais remettre les pieds au loft. Ses parents étaient indignes d'elle, Rodolphus le lui avait répété, et elle en avait la confirmation ferme et définitive.
Son dernier espoir de renouer avec son ancienne vie n'était plus que Kilian. Mais elle n'appréhendait plus sa réaction. Elle était prête à l'affronter, maintenant que le moment était venu. Elle dû se faire violence, cependant, pour rester stoïque face aux mots que lui adressa Kilian, comme un reproche. Avait-elle l'air morte ? Qu'est-ce qui avait bien pu leur faire croire cela, alors même qu'on n'avait jamais retrouvé son corps ? Après tout, pourquoi personne n'était parti à sa recherche ? Pourquoi n'était-on pas venu la sauver de cet enfer ? Liliana se crispa imperceptiblement.


« Non, Kilian. Je ne suis pas morte. »

Murmura-t-elle, essayant de faire sa voix la plus douce possible. Elle le laissa parler, figée sur son fauteuil, les mains serrées sur sa baguette, elle-même posée sur ses cuisses. Cela ne servait à rien de répondre quoi que ce soit alors qu'il se trouvait dans un tel état. Il ne l'écouterait pas. Elle se contenta donc de braquer son regard d'azur dans les yeux de l'ex Serpentard. Ses sourcils tremblaient, ainsi que ses mains, mais elle inspira profondément pour chasser l'angoisse qui refluait.
Vanloock se leva doucement lorsque Doyle s'approcha, laissant sur le canapé sa baguette. Elle leva les yeux sur lui et tenta un sourire tandis que son cœur s'emballait dans sa poitrine. Il commençait à y croire, enfin. Elle se laissa toucher, fermant seulement un instant les yeux à ce contact. Et puis cela fut plus fort qu'elle. Elle se mit à rire, d'un rire nerveux, un peu hystérique, et se réfugia dans les bras du garçon pour l'étreindre de toute sa force. Elle ne faisait même pas le tour de son buste, ainsi, et ce détail fit redoubler son rire, qui atteignit des aigus intolérables.


« Tu m'as manqué ! »

Lâcha-t-elle entre deux soubresauts, mais elle se reprit bien vite, rattrapée par le formatage qu'elle avait subi trois ans auprès de Lestrange. Elle sursauta et se recula en essuyant des larmes qui lui avait échappées.

« Je suis tellement désolée... Tu étais la deuxième personne que je souhaitais revoir, après mes parents, mais je ne pensais pas tomber sur toi dans un endroit comme la Tanière. Je pensais retrouver ton adresse et t'écrire une lettre, afin que la nouvelle ne soit pas trop... violente. Je comprends qu'après tout ce temps... enfin... Je ne veux pas venir ébranler ta vie comme ça, même si le mal est fait. Je n'avais même pas imaginé qu'on m'aurait pensé morte, en réalité. »

C'était la triste réalité. Quel choc cela avait été d'entre le mot « morte » dans la bouche de ses parents. Elle ne s'était rien imaginé, d'ailleurs. C'était à peine si elle revenait à la réalité.

« Même si ça a bien faillit être le cas plus d'une fois, finalement... »

Elle avait envie de tout déballer, mais elle doutait que Kilian soit prêt à entendre grand chose de ce qu'elle avait vécu pendant deux ans. Il valait peut-être mieux, d'ailleurs, qu'il n'en sache rien. Elle s'éloigna et ramassa la lampe qui gisait sur le sol, pour la remettre à sa place, puis se laissa tomber dans le fauteuil, dans lequel elle se lova. Elle était totalement épuisée, tout à coup. Elle se frotta le visage et massa ses tempes, et avant même qu'elle ne se rendre compte de ce qu'il lui arrivait, elle éclata littéralement en sanglots.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMer 5 Déc - 9:51:24

Tout ça lui semblait irréel. Pourtant c’était bien sa peau qu’il caressait et il comprenait mieux cet instinct bizarre qui l’avait poussé à la laisser approcher. Son corps et son esprit l’avaient reconnue, même si ses yeux n’avaient pas pu voir immédiatement la vérité.
Son rire la prit par surprise et il se laissa enlacer sans bouger. Après quelques secondes de tétanie, il l’entoura à son tour de ses bras, incertain encore, inquiet à l’idée qu’elle pourrait finir par disparaître. Elle était si petite dans ses bras et elle avait l’air tellement fragile.


- C’est toi… murmura-t-il, un sourire incrédule sur les lèvres. C’est vraiment toi…

Il n’avait plus osé espérer son retour mais il réalisait, au poids incroyable qui s’était soudain envolé de ses épaules, à quel point elle lui avait manqué. Et cela était réciproque à ce qu’elle lui disait.

- J’arrive pas à croire que tu sois là.

Non, il n’était pas encore certain d’y croire. C’était trop soudain, trop inattendu.
Il se sentit vide quand elle quitta la chaleur de ses bras pour reculer et essuyer ses larmes. Il aurait voulu rester comme ça pendant des heures, jusqu’à ce que son cerveau accepte enfin la réalité de son retour. Mille et une questions se bousculaient toujours sous son crâne et il fut presque soulagé qu’elle prenne la parole.
Ses excuses l’apaisèrent légèrement, tout comme le fait qu’elle avait souhaité le revoir. Mais il fut presque choqué qu’elle ne comprenne pas qu’on la croit morte. Elle avait disparue depuis plus de deux ans ! Comment pouvait-elle imaginer qu’il en soit autrement ?


Citation :
« Même si ça a bien faillit être le cas plus d'une fois, finalement... »

Ces mots lui firent mal, sans doute à cause de l’horreur qu’ils impliquaient et qu’il n’était pas certain d’être prêt à entendre.

- Qu’est-ce qui s’est passé… ? Qu’est-ce que… ?

Alors qu’il aurait voulu parler, lui poser des questions, l’aider à faire cette confession si difficile dont elle semblait avoir besoin, elle s’éloigna de lui. Il la regarda se laisser tomber dans le fauteuil et ses masser les tempes, l’air épuisé. Et avant qu’il ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, elle éclata en sanglots.
Le cœur de Kilian se serra et il la rejoignit, s’agenouillant à ses pieds :


- Lily… murmura-t-il d’une voix douce, remettant à nouveau une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

Il lutta contre l’envie de la serrer contre lui et, à la place, prit doucement ses mains dans les siennes :


- Regarde-moi… Tout va bien. Tu es revenue. Tout va bien se passer.

Par Merlin, que lui était-il arrivé pendant tout ce temps ? Elle avait l’air brisée, complètement à bout.
Il se força à être doux pour essayer de la rassurer et caressa doucement sa paume en faisant des petits cercles avec son pouce.


- Raconte-moi… Qu’est-ce qui t’es arrivé, Lily ? Où est-ce que tu étais… ?
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyVen 7 Déc - 18:54:05

Secouée par de gros sanglots, Liliana ne parvenait même plus à former une pensée cohérente. Ce n'était pas les petites larmes, qui assaillaient les yeux de l'ancienne Serpentard, mais de véritables sanglots, qui faisaient tressauter ses épaules et rendait sa tête et ses poumons douloureux. Elle suffoquait à demi, en proie à une véritable crise d'angoisse, et dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à inspirer correctement. Ses nerfs avaient lâchés, et elle pleurait comme elle n'avait plus pleuré depuis plusieurs mois. La seule fois où cela lui était arrivé était un épisode particulièrement noir de son existence avec Rodolphus, dont elle n'éprouvait pas la moindre envie de se souvenir.
Malgré la main de Kilian sur la sienne, malgré ses questions, elle ne parvint pas à reprendre son calme avant de longues minutes. Le visage enfoui dans son bras, elle pleurait à chaudes larmes, et cela la torturait davantage que cela ne la soulageait. Elle avait honte de ses larmes, honte que Lestrange était parvenu à lui inculquer, et dont elle ne parvenait plus à se défaire malgré sa mort.
Lorsqu'enfin, elle fut trop épuisée pour continuer à pleurer, elle resta immobile, la tête enfouie dans le creux de son bras et le front appuyé sur l'accoudoir du canapé. Sa main demeurait molle entre les doigts de Kilian, comme si toute vie avait quitté son corps. Seul son dos se soulevait et s'abaissait au rythme de sa respiration, d'abord chaotique, puis de plus en plus calme. Liliana fronça les sourcils, alors qu'elle rassemblait son courage pour répondre enfin aux questions que lui posait Kilian.


« J'ai... J'étais en France... Mon oncle nous a d'abord accueilli... puis nous... nous sommes réfugiés dans une maison dont nous avons tué les propriétaires. Des... des moldus... »

Elle se crispa quand les images du meurtre sauvage auquel s'était prêté Rodolphus revint à sa mémoire. Il y avait eu du sang partout, et les voir se faire endoloriser jusqu'à perdre raison avait été un des moments les plus éprouvants de son existence. Elle poussa un gros soupir en chassant la vision du couple qui se tordait de douleur dans leur salon.

« Il m'a fait participer à la bataille... Je veux dire, Rodolphus. Il a réussi à me trouver, et... quand c'était fini, quand le Seigneur des Ténèbres n'était plus, il... il m'a pris par le bras, et nous avons... nous avons fui Poudlard. J'étais très blessée mais... mais tu comprends, je ne voulais pas mourir. L'idée de mon propre corps sans vie était insupportable. Et lui, il était fou de rage. Il nous a amené chez lui, dans son manoir, et il a commencé à rassembler des affaires pour fuir. Puis il a... il a décidé qu'il valait mieux mourir en martyr. Il voulait attendre les... les aurors et en tuer autant que possible... avant que nous rendions l'âme. »

Liliana se redressa finalement. Elle ne ressemblait plus à elle-même. Le visage blême, parsemé de tâches rouges et boursoufflées sur le contour de ses yeux noircis par le maquillage qui avait dégouliné, elle était triste à voir. Son chignon était à moitié défait, et elle acheva de l'enlever en passant une main dans ses cheveux. Ceux-ci tombèrent en cascade sur ses épaules, et elle se massa les tempes tandis que les battements d'une migraine commençaient à se manifester. Doucement, la nausée lui revenait. Elle se força cependant à continuer.

« J'ai réussi à le convaincre que mon oncle nous accueillerait. Il a accepté de quitter l'Angleterre avec moi avant que les aurors ne nous mettent la main dessus. Je ne voulais pas le laisser tomber. De toute façon, si je l'avais voulu, je n'aurai pas pu. Il ne m'aurait jamais laissé partir, il m'aurait tuée si j'avais tenté de fuir le manoir sans lui. »

Elle ne l'aurait jamais voulu, de toute façon. À ce moment, Liliana n'avait eu d'yeux que pour Rodolphus, et le sens de son existence n'avait dépendu que de l'attention qu'il lui portait. Il l'avait cadrée, l'avait éduquée, l'avait épargnée, et la reconnaissance qu'elle lui portait en retour était au-delà des mots. Elle s'était damnée pour lui, parce qu'il avait été le seul adulte à lui porter de l'affection, même si celle-ci avait été feinte en grande partie. Oh, il l'avait apprécié, il s'était accommodé d'elle. Du moins, c'était ce qu'elle aimait se dire encore aujourd'hui, car accepter l'inverse l'aurait menée à la folie.

« Il a fait de moi la femme que je suis devenue. Jamais je n'aurai pu le trahir ! » lâcha-t-elle soudain avec ferveur. « Mes propres parents ne se préoccupaient même pas de moi, alors que j'avais d'abord agi pour les protéger ! »
Sa voix s'élevait, se faisant crachante, comme si elle retenait avec peine une haine viscérale.
« J'avais besoin de lui, alors je suis restée. J'avais besoin de son regard, de sa présence. Je l'aimais. Je l'aimais tellement... Mais lui... je n'étais rien pour lui, j'étais indigne, quoi que je fasse, car je ne suis qu'une horrible sang-mêlée. J'ai tellement honte... Quand j'ai compris que jamais je ne pourrai changer ça, que jamais il ne me regarderai autrement... »

Elle se tut et son regard se vida. Elle porta ses mains à ses joues et ses ongles semblèrent s'enfoncer dans sa chair, alors que doucement, elle se balançait d'avant en arrière, comme pour se bercer, pour apaiser son âme déchirée par l'aveu qu'elle allait faire. Liliana ferma les yeux, pour murmurer d'une voix sifflante :

« Il était la dernière personne qui me restait... Et je l'ai assassiné. Je l'ai empoisonné jusqu'à ce qu'il crève sous mes yeux. »
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyDim 9 Déc - 9:21:37

Kilian laissa la jeune femme pleurer sans bouger, presque choqué de la voir dans un tel état. Il lutta contre l'envie de l'enfermer entre ses bras dans une étreinte rassurante, comprenant que cela ne l'aiderait pas. Alors il resta à ses pieds, sa main sur la sienne, présence silencieuse et compréhensive. La voir dans cet état lui faisait un mal de chien et cela lui sembla durer une éternité. Une éternité pendant laquelle les pires scénarios se formèrent dans l'esprit de l'ex serpentard. Enlèvement, séquestration, tortures ? Qu'avait-elle vécu pendant si longtemps pour n'être plus que l'ombre d'elle-même ?
Il se força au calme quand elle se mit à suffoquer et murmura des mots apaisants qu'elle ne semblait pas entendre jusqu'à ce que sa respiration reprenne un rythme moins affolant. Kilian ne l'avait jamais vu dans un état pareil.
Lorsqu'elle réussit à reprendre ses esprits, elle commença à raconter son histoire.
Il se raidit des les premières phrases, n'ayant pas besoin de plus d'une seconde de réflexion pour comprendre à qui ce "nous" faisait référence. Lestrange…
Sa mâchoire se serra douloureusement alors qu'il la laissait parler de la bataille de Poudlard, son propre souvenir de ces évènements se mêlant à ce qu'elle racontait. Il l'avait cherché partout, il avait passé des heures à arpenter les décombres et à appeler son nom. Il avait fallu des jours avant qu'il soit certain qu'elle ne faisait pas partie des victimes mais le soulagement n'avait été que de courte durée quand il avait constaté qu'elle était introuvable. Au moins avait-il essayé de se rassurer en se disant qu'elle était forcément en vie, qu'elle avait du prendre la fuite et qu'elle reviendrait dès qu'elle apprendrait la défaite du Seigneur des Ténèbres. Il n'avait pas pensé à Lestrange. Pas une seconde, il n'avait imaginé qu'elle ait pu disparaître avec ce monstre.
Mais le temps était passé et elle n'était pas réapparue... alors il s'était forcé à faire son deuil, sans jamais y parvenir complètement.

La jeune femme se redressa péniblement, dans un triste état, lâchant la main de Kilian. Elle défit ses cheveux et se massa les tempes. Elle avait l'air de souffrir, mais le barman savait qu'il ne s'agissait pas seulement d'une migraine. Se remémorer tout ça était difficile et il lui était reconnaissant qu'elle le fasse pour lui. Il en avait besoin.
Pourtant la suite de ses propos lui laissa un goût acide dans la bouche. Son estomac se révulsa lorsqu'elle avoua avoir été amoureuse du mangemort et il se crispa à nouveau.
Comment une telle chose était-elle possible ? Comment avait-elle pu ressentir quoi que ce soit pour ce monstre ? Pourquoi avait-elle aimé cet homme fou à lier et pas lui ? Pourquoi n'avait-elle pas vu à quel point il l'aimait ? Il aurait fait n'importe quoi pour elle… Par merlin s'il avait su tout cela avant, il aurait fait tout son possible pour la sortir de là ! Sûrement n'aurait-il rencontré que la mort et l'incompréhension, mais même aujourd'hui, après tout ça, malgré la colère et le sentiment de trahison qu'il repoussait avec force, il ne supportait pas de la voir se dénigrer ainsi. Elle n'avait rien d'indigne, elle n'était pas qu'une horrible sang-mêlée… Mais il comprenait l'impensable… le fait qu'avec Lestrange elle s'était sentie exister… tout comme lui vivait à travers le sang, le sexe et l'alcool…
Même si les confessions de sa plus vieille amie étaient difficiles à entendre, il continuait à l'écouter attentivement, bien décidé à la laisser aller jusqu'au bout.
Elle se tut soudain et son regard se perdit dans le vide. Le visage entre ses mains crispées, elle ferma les yeux et murmura ce qui semblait être les mots les plus difficiles qu'elle ait jamais eu à prononcer.


Citation :
« Il était la dernière personne qui me restait... Et je l'ai assassiné. Je l'ai empoisonné jusqu'à ce qu'il crève sous mes yeux. »

Kilian ressentit un affreux sentiment de soulagement à le savoir mort. Mais cette sensation se transforma vite en culpabilité à l'idée de ce qu'elle avait subi pour en arriver là. Il lui prit doucement les mains pour l'empêcher de se griffer et les posa sur ses genoux, tout en cherchant ses mots:

- Liliana… tu as fait ce qu'il fallait pour t'en sortir. Tu n'avais pas le choix. C'était le seul moyen pour que tu retrouves ta liberté.

Et par liberté, il entendait libre de son emprise malsaine, qu'elle soit physique ou psychologique. Il lui faudrait du temps pour s'en remettre. Il attendit qu'elle relève les yeux vers lui et murmura d'une voix chaude, calme et rassurante, vibrante de sincérité :


- Mais tu n'es pas toute seule… je suis encore là, moi…

Alors peut-être n'était-il plus que l'ombre de lui-même, un moins que rien sans valeur, un pauvre barman dérangé qui se battait clandestinement pour de l'argent, mais cela ne changeait rien à ce qu'il était prêt à faire pour elle… même s'il avait mal, même s'il avait envie de hurler sa rage et sa tristesse, il était prêt à mettre tout ça sous silence juste pour qu'elle aille mieux.
Et à cet instant précis, bien que son esprit ne soit pas encore tout à fait sûr que tout cela soit réel, tout ce qu'il voulait c'était qu'elle aille mieux.


- Lily… je ne te laisserai pas, d'accord ? Je t'aiderai, et tu t'en sortiras, tu iras mieux, je te le promets.
Déclara-t-il d'une voix convaincue, pleine d'une assurance qu'il ne ressentait qu'à moitié.

Il ne se sentait pas à la hauteur, mais il fallait qu'il le soit. Ce n'était pas auprès de ses parents qu'elle trouverait du soutien, ni du gouvernement qui, s'il fermait les yeux sur le passé des élèves pendant la guerre, ne prenait pas la peine d'offrir un soutien et des soins adaptés à toutes ses victimes. Combien d'élèves avait-il vu complètement rongés par ce qu'ils avaient fait ? Liliana lui rappelait ces gamins. Perdue, sans repère dans un monde qui ne veut pas voir ses cicatrices. Avant d'oublier il fallait accepter et pouvoir pardonner.


- Tu es vivante et tu es revenue… tu as fait le plus dur.


Oui elle était là, en vie, et au fond, c'était tout ce qui comptait.
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  • Liliana Vanloock
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyDim 16 Déc - 17:13:46

Les mots apaisant n'y faisaient rien. Il n'y avait dans l'esprit de Liliana que l'horreur et le désespoir. Une solitude sans nom, sans borne, que rien ne semblait pouvoir combler. Elle se sentait toute seule, rongée par sa culpabilité et le remord, malgré Kilian qui lui assurait être présent pour elle. Était-il prêt à honorer une telle promesse ? Se rendait-il au moins compte de ce qu'il disait ? Il avait toujours été tellement irresponsable, parfois cruel avec elle, de part son impétuosité et sa jeunesse, que Liliana peinait à le croire en le voyant si sérieux et mature. Elle ne le connaissait pas comme ça. Elle ne le connaissait plus, d'ailleurs. Ils étaient deux inconnus l'un pour l'autre, à présent. Chacun ayant traversé un chemin épineux qui les avait laissé marqués, qui les avait transformés.
Liliana ne pouvait plus rester assise et prostrée. Cela devenait intenable. Elle se leva brusquement, en essuyant le maquillage qui lui irritait les yeux, et marcha de long en large dans le petit salon.


« Aller mieux... »

Murmura-t-elle sans vraiment s'adresser à son ami.

« Le pire, c'est que je regrette d'avoir fait ça ! Je n'arrive même pas à croire que j'ai pu élaborer un plan aussi horrible, l'avoir empoisonné à petit feu de sang-froid. Qu'est-ce que je suis devenue, Kilian ? Comment je pourrais aller mieux un jour ? Je ne sais même plus qui je suis. »

Liliana se prit la tête dans les mains, désemparée. Elle se rendait compte qu'elle n'avait pas imaginé pouvoir se confier à ce point jusqu'à présent, et cela l'étonnait, sans pour autant la soulager complètement. C'était comme s'il manquait quelque chose, comme si quelque chose n'avait pas été dit, quelque chose qu'elle même ignorait et qu'elle désespérait de trouver. Une chose oppressante, qu'elle effleurait du bout des doigts, sans jamais pouvoir la saisir. C'était une véritable torture, que ce monstre qui rugissait en ne demandant qu'à sortir, mais qui ne trouvait jamais l'issue qui les sauverait tous deux de cette pression, cette angoisse qui les tenaillaient.

« J'ai tout gâché... J'étais tellement persuadée que je l'aimais, tellement persuadée qu'un jour, il m'aimerait aussi. J'étais prête à tout pour ça... Et aujourd'hui... Je... »

Aujourd'hui, elle se rendait compte qu'elle s'était seulement construit un jardin imaginaire dans lequel elle avait placé un futur meilleur, ensemencé par ses espérances et son désir de ne pas être seule, abandonnée. Sa vie n'avait jamais été qu'un désert pendant trois longues années, où l'amour, la tendresse, l'amitié, avaient été des choses inexistantes. Mais le dire était au delà de ses forces. Elle ne pouvait formuler cette pensée à haute voix sans en détruire son essence, sans la faire sonner faux.

« Il faut que je me rafraîchisse... »

Soupira-t-elle finalement. Elle se baissa pour s'emparer de son sac à main et se dirigea jusqu'à la salle de bain, lorsque Kilian la lui indiqua. Elle ferma la porte derrière elle et alla s'appuyer contre le lavabo, frissonnant sous l'agitation qui excitait le moindre de ses nerfs. La jeune femme ouvrit finalement le robinet et recueillit de l'eau dans ses mains, qu'elle s'appliqua longuement sur le visage. Elle ne réfléchissait même plus à ce qu'elle faisait, agissant par automatisme pour se préserver des émotions qui se battaient en elle. Il aurait été honteux de flancher complètement, de se laisser aller à l'hystérie. Cela aurait été aussi peu supportable pour elle que pour Kilian. Alors, au lieu de se mettre à crier et à hurler comme elle en éprouvait le besoin, elle ouvrit son sac et en sortit sa trousse à maquillage, pour se recomposer un visage. Lorsqu'elle s'eut remaquillée et recoiffée, elle observa longuement ses yeux rougis dans le tain de la glace et poussa un soupir. Comme elle l'avait fait lorsque Rodolphus la poussait dans ses dernières retranchements, elle contrôla sa respiration, de sorte à évacuer tous les sentiments négatifs qui lui crispaient l'estomac, et ne cessa que lorsque ceux-ci se dissipèrent assez pour qu'elle put réfléchir un peu plus posément. Et, derrière ces émotions noires qui la rongeaient, elle trouva enfin le soulagement, intense et bienfaisant, de savoir qu'au moins une personne ne l'avait pas repoussée. Qu'il restait une personne en Angleterre qui ne lui en voulait pas, et qui était même près à l'épauler.
Un rire étranglé échappa à Liliana. Bien des années auparavant, elle n'aurait pas imaginé une seule seconde que cette personne qui lui resterait aurait été Kilian. Kilian qui lui avait causé bien des malheurs, en la quittant comme une malpropre et en la considérant avec colère et mépris. Qui l'avait poussé à bout en se moquant d'elle et en s'affichant avec la fille pour laquelle il l'avait laissée tomber, et qui avait refusé son aide quand elle avait voulu la lui offrir. Jusqu'à ce que les années et la maturité aidant, il se pose en confident et en ami fiable. Oh, bien sûr, un ami qui avait tenté de la séduire à nouveau, quelques fois, mais Liliana n'avait pas été dupe. Elle savait que cela n'avait jamais été qu'un jeu pour le garçon, et qu'il n'éprouvait pas de sentiments autres que de l'amitié et de la compassion pour elle. Naïvement, elle était encore persuadée, ce soir, que c'était cette amitié là qui avait fait que Kilian ne l'avait pas rejetée malgré les confessions qu'elle venait de lui faire. L'ambiguité qui avait demeuré entre eux avant qu'elle ne disparaisse n'avait été que les conséquences d'un jeu, à ses yeux. Elle n'avait certainement pas meilleur ami que lui, et elle était contente de le retrouver enfin, après tout ce temps, malgré la douleur que ses aveux engendraient.

Liliana revint dans le salon, l'air plus serein – mais aussi plus fermé – que tout à l'heure. Elle se força à adresser un sourire à Kilian, sans pour autant se laisser le droit de lui donner une autre preuve de tendresse. Si elle aurait voulu venir lui prendre la main, où l'étreindre, quelque chose en elle le lui interdisait, au point que la perspective la répugnait.


« Je te remercie de m'avoir écoutée. Tout le monde n'a pas eu l'envie de le faire. Après la façon dont j'ai été accueillie par mes parents, j'appréhendais la manière dont toi, tu me recevrais. Je suis revenue ici pour refaire ma vie. Je veux essayer d'oublier, de continuer. À moins de me jeter dans la Tamise, je n'ai pas le choix, de toute façon. Je ne suis pas venue ce soir pour m'imposer dans ta vie alors que j'ai disparu sans un au revoir, je ne veux pas non plus que tu te sentes responsable de moi, d'une façon ou d'une autre. Je trouvais juste malhonnête de me cacher, en plus d'être absurde. Tu aurais eu vent de mon retour un jour ou l'autre, et il valait mieux que ce soit moi qui te l'apprenne. Je ne t'oblige à rien à mon égard, sache-le. »
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  • Kilian Doyle
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyLun 17 Déc - 19:02:29

Kilian avait l'impression de parler dans le vide. La douleur de Liliana, invisible, insidieuse, l'empêchait sûrement de croire un mot de ce qu'il disait. Elle ne savait pas ce qu'il avait traversé, elle ne savait pas ce qu'il ressentait encore.

Elle se leva brusquement et Kilian la laissa faire, se redressant alors qu'elle faisait les cent pas dans son appartement. Cette vision était tout bonnement irréelle.
Ses paroles étaient pleines de détresse mais il ne savait pas quoi faire pour l'apaiser.


Citation :
Qu'est-ce que je suis devenue, Kilian ? Comment je pourrais aller mieux un jour ? Je ne sais même plus qui je suis.

- Tu es une battante ! Tu as fait ce qu'il fallait pour survivre... même si c'était horrible, tu n'avais pas le choix. Laisse-toi du temps. Bien sûr que tu finiras par aller mieux.

Il n'était même pas sûr qu'elle l'entendait. La tête entre les mains, elle semblait ruminer chaque pensée, chaque acte qui avait mené à sa libération. Il ne savait pas quoi faire. Il ne pouvait pas lui dire à quel point il était satisfait de le savoir mort, encore qu'il aurait préféré que ce soit de ses mains. Elle ne comprendrait pas. Au pire passerait-il pour le monstre qu'elle avait sûrement entraperçu sur le Ring. Par Merlin, il était écœuré à l'idée qu'elle l'ait vu là en bas dans toute la splendeur décadente de ce qu'il y avait de pire en lui.
Les informations pénétraient lentement son cerveau, comme s'il essayait désespérément de se protéger de ce qu'elle disait. Car elle avait aimé Lestrange. Vraiment. Ou du moins l'avait-elle cru, ce qui était presque pire. Elle avait dû vivre l'enfer. Et lui se dégoutait d'être jaloux d'un connard décédé.


- Liliana... commença-t-il, cherchant ses mots.

Mais elle ne lui laissa pas l'occasion d'en dire plus. Essayant de se reprendre, elle déclara avoir besoin de se rafraîchir.

- Oui bien sûr... la salle de bain est juste là. Dit-il en montrant une porte.

Il la regarda disparaître à l'intérieur et entendit l'eau couler. Il poussa un long soupir et se massa le visage et les tempes, encore engourdi par le combat et par la soudaine réapparition de la jeune femme.
Il ne s'attendait pas à ça. Il n'avait plus espéré la revoir depuis longtemps. Quelque part il s'en voulait de ne pas avoir pensé à une autre alternative. Mais il n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu être vivante et ne pas prévenir qui que ce soit. En même temps, du peu de souvenirs qu'il avait de Lestrange, celui-ci c'était sûrement débrouillé pour que Liliana lui soit docile et elle n'avait du être épargnée par aucune torture, qu'elles soient physiques ou psychologiques. Par Merlin c'était un miracle qu'elle ait trouvé assez de cran pour se soulever contre lui et se libérer de son emprise. Ça n'avait rien d'étonnant qu'elle soit une véritable épave. Kilian sentit son estomac se soulever à la simple idée de la jeune femme entre les mains de l'abjecte Mangemort. Que lui avait-il donc fait ? Le saurait-il jamais ?
Les pires scénarios étaient déjà en train de se former dans son esprit. Avait-il abusé d'elle ? Avait-il utilisé le sortilège doloris sur elle ? Que diable l'avait-il obligé à faire ?
C'était un miracle qu'elle soit encore en vie.
Rongé par toutes ces questions sans réponses et sentant la colère et la frustration gronder en lui, il vida sa bière d'un trait et en ouvrit une deuxième en s'asseyant sur le canapé avant de se relever presque aussitôt, posant la bouteille sur la table basse avant de se mettre à tourner comme un hypogriffe en cage. Il n'arrivait pas à croire que ça lui arrivait. Qu'allait-il faire ? Qu'allait-elle faire surtout ? Son état montrait bien qu'elle n'était pas prête à affronter toutes les implications de son retour. Comment pouvait-il l'aider ?
Il se prit la tête entre les mains, s'agrippant les cheveux, comme si cela allait lui être d'une aide quelconque.
Il se retourna brusquement quand il entendit la porte s'ouvrir et la regarda lui sourire avec un air plus calme. Il se doutait pourtant que cela ne devait être qu'une façade. Il comprenait et respectait le fait qu'elle ne veuille pas craquer davantage devant lui. Il lui en était presque reconnaissant même, car s'il avait su lui même garder un calme apparent, il n'était pas assez sûr de ses émotions pour prédire avec exactitude quelle réaction il pourrait avoir. Et surtout, il ne voulait pas se mettre à pleurer devant elle.
Il l'écouta attentivement. Dire qu'il était surpris par la réaction de ses parents aurait été un mensonge éhonté. Il n'avait jamais porté les Vanloock dans son cœur et le fait qu'ils n'aient pas accueilli leur fille unique à bras ouvert après plus de deux ans d'absence achevait de le convaincre qu'ils n'étaient pas digne d'elle.
Il grimaça lorsqu'elle évoqua le fait de se jeter dans la Tamise et acquiesça doucement lorsqu'elle lui assura ne pas être venue pour s'imposer dans sa vie. Alors c'était ce qu'elle croyait ? Qu'il se sentait redevable ? Qu'il avait l'impression de lui devoir quelque chose ? Alors là, elle se trompait lourdement. Dans le pire des scénarios, c'était plutôt elle qui lui devait quelque chose. Sa présence ici, le fait qu'elle le prévienne de son retour, c'était la moindre des choses après le calvaire qu'il avait vécu. Il n'aurait certainement pas supporté de l'apprendre autrement que par elle. Et seule l'intolérable perspective de ce qu'elle avait vécu l'avait empêché jusque là de laisser libre cours à sa colère, sa frustration et ce terrible sentiment de trahison et d'abandon qu'il ressentait injustement.
Refoulant encore ces états d'âmes, il eut un sourire amusé.

- Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais je n'ai jamais été très doué pour faire ce dont je n'avais pas envie... et ça n'a pas changé. Si je te propose mon aide, c'est parce que je le veux bien.


Il ramassa les trois bouteilles de bière et alla les poser dans l'évier puis il ramassa le tee-shirt qu'il avait envoyé dans un coin un peu plus tôt pour aller le jeter dans la corbeille à linge. Il ne supportait plus de rester sans rien faire.
Il se dirigea vers la chambre et demanda :


- Combien tu t'es fait ce soir ?

Dans la chambre, il enfila un tee-shirt propre puis s'empara d'une bourse en cuir dans un tiroir et revint au salon.


- Prends ça ! Dit-il d'un ton qui ne souffrait aucune contradiction en lui envoyant la bourse pleine de gallions. Ça devrait te dépanner pour un moment.

Il savait bien qu'elle allait protester alors il la prit de vitesse :

- Ne dis pas non. Tu as besoin d'argent et j'en ai. Je me fais l'équivalent de ce qu'il y a là-dedans à chaque combat, parfois le double. Et j'ai un job avec de bons pourboires. Je préfère qu'il te serve.

Il la dévisagea, le regard perçant:

- Mais promets-moi que tu ne retourneras plus à la Tanière.

Il perdrait tout ses moyens s'il la savait spectatrice là-bas pendant qu'il combattait. Et puis, ce n'était pas un endroit recommandable, il se ferait un sang d'encre si elle traînait dans le coin. Les gens qui rôdaient là-bas n'avaient rien de bien fréquentable mais ça n'avait rien d'étonnant vu les activités qui y avaient lieu.

- Il faut que je sache que tu viendras me voir si tu as des problèmes. Si tu as besoin de quoi que ce soit, un endroit où dormir, de l'argent ou juste de quelqu'un à qui parler, je suis ton homme. Ne l'oublie pas. Mais je t'en prie, s'il te plaît, ne mets plus les pieds là-bas.

C'était un environnement très masculin et elle finirait par attirer l'attention et les ennuis qui allaient avec.
Il passa une main dans ses cheveux, incertain. Et maintenant ?
Il entendit son ventre gargouiller et le massa en se rendant compte qu'il n'avait rien avalé depuis le midi. Voilà déjà une première piste. Chaque chose en son temps.


- J'ai la dalle... tu te joins à moi ? J'en ai pour deux minutes !

Il se dirigea vers la cuisine ouverte en sortant sa baguette de sa poche et d'un geste étudié sortit quelques casseroles et ingrédients tout en allumant le feu. Il ne fallu pas longtemps pour qu'une bonne odeur emplisse la pièce. C'était presque davantage l'heure du petit-déjeuner, mais ça n'avait pas d'importance. Il mit la table sur le comptoir et lui fit signe de s'asseoir:


- Spaghetti à la Kilian, un peu de tomate, beaucoup de viande et beaucoup de fromage ! Déclara-t-il, fanfaron en remplissant leurs assiettes.

Il prit une bouchée et soupira d'aise. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas mangé correctement. Son régime actuel se composait principalement d'alcool et de fast-food. Bon sang, que c'était bon ! Et d'une simplicité à toute épreuve... il fallait vraiment qu'il reprenne sa vie en main...
Cette pensée l'amusa et il eut un petit rire.

- Te revoilà à peine revenue que je commence à ranger derrière moi et à faire la cuisine... j'ai toujours dit que tu avais une influence néfaste sur moi ! Plaisanta-t-il.

Et il devait être un peu maso car il avait vraiment envie que ça dure.

Quand il reposa ses couverts sur son assiette, il prit encore quelques minutes pour la regarder. Elle était plus belle que dans son souvenir, mais également plus mince, un peu trop même, et maintenant qu'il connaissait une partie de l'histoire, il lui semblait voir en elle des choses qu'il n'avait pas deviné plus tôt.
Alors qu'il avait désespérément voulu rester léger, il ne put s'empêcher de poser sa main doucement sur la sienne et de lui demander, d'une voix qu'il aurait voulu indifférente mais qui sonnait terriblement sérieuse:

- Ne me laisse pas... sans nouvelles je veux dire... se reprit-il un peu tard, se maudissant de perdre ses mots. Si tu dois repartir, enfin... je sais que tu as dis que tu allais rester mais... si tu t'en vas... ne me laisse pas sans nouvelles, d'accord ? Maintenant que tu es revenue, je supporterais pas de te perdre encore.

La vie lui serait plus tolérable maintenant qu'il la savait vivante, mais il ne voulait pas se contenter de la laisser partir alors qu'elle semblait si fragile. Il voulait être là pour elle. Quand elle irait mieux, il se résoudrait probablement à la laisser partir vivre sa vie loin de lui, mais pas tout de suite, pas alors qu'il venait juste de la retrouver.

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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptySam 12 Jan - 0:29:51

Un soupir, vaguement amusé, franchit les lèvres de Liliana. Oh, elle se souvenait parfaitement bien que Kilian était une vraie tête de mule, que rien ne pouvait faire flancher lorsqu'il avait une idée dans la tête. C'était, d'ailleurs, autant une admirable qualité qu'un défaut exaspérant. Une petite bribe de son passé lui revint et, l'espace d'une seconde, elle sentit resurgir toute la tendresse qu'elle avait ressenti pour son incorrigible vaurien. Cela apaisa quelque peu son mal être, bien que cela n'était pas encore suffisant pour la faire sourire franchement.

« Comment aurais-je pu l'oublier ? »

Murmura-t-elle, non sans nostalgie. Elle se garda, cependant, d'ajouter que son aide était la bienvenue. Liliana ne le savait pas encore. Elle était encore trop perturbée, trop perdue pour savoir ce qu'elle désirait ou pour se projeter dans le futur. Elle se contentait, pour le moment, de vivre l'instant présent, de reconstruire bout par bout ce qu'il y avait à reconstruire, lorsque l'occasion se présentait. C'était déjà, en soi, un travail assez minutieux et douloureux pour ne pas regarder à plus loin.

Lorsque Kilian lui demanda combien elle avait touché en pariant sur lui, Liliana se sentit rougir. Elle détourna le visage en cherchant ses mots, bien heureuse que le jeune homme se soit isolé dans la chambre. Elle pouvait, ainsi, se refaire une contenance avant qu'il ne reparaisse. Cela n'était pas très correct de parier sur un ami, et l'argent qu'elle avait obtenu, à ses yeux, était de l'argent sale. Mais elle ne pouvait pas cracher sur la moindre source de revenu, et elle ne s'était pas senti le choix. Néanmoins, il demeurait qu'elle n'avait pas vraiment envie de répondre à la question.


« Assez pour te prouver que j'ai une confiance absolue en tes talents de boxeur. »

Rétorqua-t-elle alors que Doyle revenait. Elle le vit lui lancer une bourse de cuir et l'attrapa par réflexe, avec une moue de surprise. Qu'est-ce que c'était que ça ? Un bruit de pièces s'entrechoquant parvint à son ouïe, et ses joues rosirent de nouveau. De l'argent ! Kilian lui offrait de l'argent ! Gênée, Liliana alla pour refuser, mais son ami ne lui en laissa pas l'occasion.

« Et bien... Je suppose que ce serait de la fierté mal placée que de refuser... Je... Merci. »

Il devait être étrange pour Kilian de voir Liliana opposer si peu de résistance. Cependant, la situation s'y prêtait, et la jeune femme avait grandement muri depuis les années qui les séparaient tous deux. Elle avait conscience, à présent, qu'il était absurde de résister à la moindre chose qu'on lui recommandait, ou qu'on lui ordonnait tout simplement, et qu'il fallait savoir accepter de n'avoir pas toujours le dernier mot. Une leçon qu'elle avait appris à ses dépens, mais qui était peut-être la plus importante de son existence. C'était, du moins, ainsi qu'elle le ressentait.
L'injonction de Kilian à propos de la Tanière lui fit cependant relever les yeux. Cela, c'était du chantage ou elle ne s'y connaissait pas. Néanmoins, Liliana voulait bien lui pardonner pour cette fois. Elle même n'avait aucune envie de retourner à la Tanière. Surtout pas en spectatrice. Ce genre de divertissements ne lui plaisaient absolument pas, et si elle se décidait un jour à combattre dans un pareil endroit, c'était parce qu'elle n'aurait pas d'autres choix. Heureusement, la contingence lui en avait proposé de nouveaux. Elle savait qu'elle n'aurait aucune pitié pour son opposant, elle ne craignait pas les coups, mais l'ambiance la dégoutait.


« J'aimerais te demander la même chose... Toi non plus, tu n'as rien à faire dans un endroit pareil. D'ailleurs, je ne sais pas qui est présent à ce moment là, mais j'ai l'impression que c'est une personne bien différente que celle que tu es, Kilian... »

Lâcha-t-elle avec une pointe d'hésitation dans la voix. Liliana ne se sentait pas de lui faire une leçon de morale, et ce n'était d'ailleurs pas son but. Néanmoins, le Kilian qu'elle avait vu sur le ring l'inquiétait au plus haut point. Elle se souvenait si parfaitement du malaise qu'elle avait vécu en le voyant combattre que le simple fait de se le remémorer lui faisait le sentir à nouveau.
Kilian ne sembla pas disposé à lui répondre, cependant, et se contenta d'éluder sa remarque en se mettant à parler cuisine. Liliana haussa les sourcils, surprise. Elle vivait tant dans sa bulle, ces derniers temps, qu'un sujet si terre à terre lui sembla surgir de nul part. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas nourrie ? Elle l'ignorait, mais présentement, la faim ne la tenaillait pas. Lorsque cela lui arrivait, elle se contentait de penser à autre chose, et les sujets ne manquait pas pour la distraire des grondements de son ventre. Le simple fait de s'imaginer manger la fatiguait, comme si cela était une activité particulièrement pénible et insurmontable. Cela l'ennuyait, tout simplement.


« Je dois dire que je n'ai pas très... »

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Kilian était déjà derrière les fourneaux, en parfait petit homme d'intérieur. C'était étrange de le voir ainsi, comme si elle le découvrait sous un tout autre visage. Poudlard était si loin.

« Bon. »

Un petit sourire passa sur ses lèvres, et elle s'installa docilement à la table. Son estomac ne tarda pas à s'éveiller lorsque l'odeur de sauce et de viande parfuma l'air, mais sa gorge, elle, se révulsa. L'idée de la première bouchée était la plus effrayante, et pourtant, elle savait d'instinct qu'elle mangerait d'appétit si elle faisait l'effort de la passer. Liliana ne se sentait pourtant pas la force d'affronter ce paradoxe, même s'il le faudrait bien. Aussi s'efforça-t-elle de lui sourire lorsque Kilian lui présenta le plat hautement gastronomique qu'il venait de mijoter. L'ancienne Serpentard baissa les yeux sur son assiette, pour constater que de surcroit, Doyle n'y avait pas été de main morte sur les quantités. Il devait avoir un appétit de loup-garou après la soirée qu'il avait passé, mais malgré son estomac qui lui priait d'avaler l'assiette entière, Liliana se sentait bien seule devant la montagne de spaghettis, de viande et de parmesan que contenait son assiette. Aussi se contenta-t-elle, dans un premier temps, de le regarder manger, comme si elle ignorait tout de cette activité. Un petit rire lui échappa lorsque Kilian lui fit remarquer les efforts que sa simple présence lui faisait faire.

« Ce n'est pas gentil de dire ça ! Je suis si terrible que cela ? »

Rétorqua-t-elle. Elle se sentait, petit à petit, plus à l'aise. Les affres des retrouvailles passées, les automatismes revenaient doucement, sans même qu'elle n'en prenne réellement conscience. Cependant, le réconfort, lui, était bien perceptible par la jeune femme, et ce fut à son tour de soupirer d'aise, ou plutôt, de soulagement. Elle alla pour prendre sa fourchette en main, mais celle de Kilian se posa sur celle-ci au même instant, et elle releva les yeux, troublée par ce contact inattendu. Ses doigts relâchèrent doucement l'ustensile quand les mots sortirent d'entre les lèvres du garçon. Prenant son courage à deux mains, elle se décida à l'observer dans les yeux.

« Tu sais, je n'ai pas eu le choix... s'efforça-t-elle de dire. L'angoisse du souvenir de sa réclusion lui revenait dès lors qu'elle en reparlait, mais elle tenta d'en faire fi. Si je l'avais pu, je ne t'aurais pas laissé sans nouvelles. Je te le jure. Je ne serais pas là ce soir si je t'avais oublié, tu ne crois pas ? Tu as été mon seul ami... Je ne voulais pas te faire de mal, et je ne souhaite pas t'en faire encore. C'est bien pour ça que je te disais tout à l'heure que tu n'étais pas obligé de m'offrir ton aide, tu as été adorable avec moi, quand nous étions encore à Poudlard. »

Liliana n'avait pas l'habitude de se confier autant, mais elle désirait absolument le rassurer quant à ses intentions. Peut-être se sentait-il trahit, et cette perspective ne l'enchantait guère. Elle ressentait même un besoin nouveau et pressant. Celui d'être sûre que Kilian savait bien toute la considération qu'elle lui portait, tout le respect qu'elle avait pour lui.

« Tu aurais eu mille raisons de me tourner le dos, mais tu ne l'as jamais fait. Si je suis revenue ici, c'est un peu grâce à toi. Tu me crois, n'est-ce pas ? Tu sais bien que tu comptes pour moi ? »
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptySam 19 Jan - 17:12:23

Kilian jeta un regard entendu à la jeune femme qui accepta son argent sans faire d'histoire. C'était inhabituel pour l'adolescente dont il se souvenait mais probablement moins pour la jeune femme qui lui faisait face. Elle en avait bavé… et cela l'avait changé… en profondeur.

Il lui sourit tendrement lorsqu'elle le remercia et en profita pour lui demander de ne pas retourner à la Tanière. Elle releva les yeux, légèrement surprise et Kilian crut qu'elle allait protester. Mais la remarque qu'elle lui fit alors lui fit froncer les sourcils. Comment pouvait-elle savoir qu'il n'avait rien à faire là-bas ? Parfois il avait plutôt l'impression du contraire, que c'était la seule chose qu'il pouvait faire, le seul endroit auquel il pouvait appartenir. Ce n'était que ce qu'il méritait.


Citation :
D'ailleurs, je ne sais pas qui est présent à ce moment là, mais j'ai l'impression que c'est une personne bien différente que celle que tu es, Kilian...

L'intéressé s'assombrit. Il trouvait sa réflexion déplacé. Elle ne savait pas qui il était. Si elle l'avait sût un jour, il avait depuis bien changé. Tout comme elle, finalement. Ils n'étaient plus que deux étrangers l'un pour l'autre. Même si la revoir réveillait en lui des émotions qu'il croyait mortes à jamais, cela ne voulait rien dire. Il avait été amoureux d'elle à l'époque. Il fallait absolument qu'il évite de ressentir ça à nouveau, pas alors qu'elle n'avait plus rien de celle qu'elle était quelques années auparavant. Ils devaient réapprendre à ce connaître, même si son instinct lui criait que peu importe leurs histoires respectives, elle était toujours sa Lily. Sa tête s'efforçait encore d'assimiler son retour et son cœur pour l'instant, ne savait que penser. Mais il ne pouvait s'empêcher de la trouver belle, bien qu'un peu trop maigre, et son estomac se serrait d'angoisse rien qu'à la regarder.
Il préféra ne pas répondre et proposa de manger quelque chose avant de se mettre à la cuisine sans attendre de réponse de sa part.

Son estomac grogna de satisfaction quand il enfourna quelques bouchées et il s'amusa des efforts qu'il faisait déjà inconsciemment à cause d'elle.


Citation :
« Ce n'est pas gentil de dire ça ! Je suis si terrible que cela ? »

- Tu es un vrai tyran ! La taquina-t-il avec un clin d'œil. Tu l'as toujours été ! Mais, je crois que j'aime ça, au fond !

Il s'interrompit soudain de manger pour la regarder. Et quelque chose se réveilla en lui, cette peur irrationnelle qu'elle disparaisse à nouveau. Sa main se posa machinalement sur la sienne et les mots sortirent, maladroits. Il croisa son regard et il sût qu'il en avait trop dit. Pendant un instant, il cru qu'elle allait prendre peur, s'enfuir, s'énerver, mais au lieu de ça, elle lui raconta qu'elle ne l'avait pas volontairement fait souffrir, qu'elle ne l'avait jamais voulu et qu'il avait été son seul ami.
Oui. Son ami. Il avait oublié ce petit détail. Il avait oublié qu'elle n'avait jamais rien su des sentiments qu'il nourrissait pour elle avant sa disparition. Pourtant ces mots le rassuraient. Ils lui faisaient du bien, l'apaisaient.

Citation :

« Tu aurais eu mille raisons de me tourner le dos, mais tu ne l'as jamais fait. Si je suis revenue ici, c'est un peu grâce à toi. Tu me crois, n'est-ce pas ? Tu sais bien que tu comptes pour moi ? »

Il la dévisagea quelques secondes et finit par lui sourire, de ce sourire craquant dont il n'avait même pas conscience, timide et légèrement embarrassé. Il acquiesça et reprit vite contenance, venant déposer un léger baiser sur les doigts de la demoiselle:

- Oui, je le sais, Lily. Bien sûr que je te crois… Je suis content que tu sois là… Bienvenue chez toi.


Il marqua une pause et un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres, contrastant avec son air sérieux d'une minute auparavant :

- Maintenant, mange !


Il alla reprendre une bière et s'adossa au mur un peu plus loin pour l'observer. Il n'était pas encore tout à fait certain de ne pas rêver. Mais si c'était le cas, il ne voulait surtout pas se réveiller.

Quand il comprit qu'elle n'avalerait plus une bouchée de plus –bien avant ce qu'il avait espéré- il nettoya et rangea rapidement la vaisselle et passa une main fatiguée sur son visage.


- Il est tard. Et si tu dormais là ? Je te laisse le lit. Sinon je vais être obligé de te raccompagner jusqu'à l'UMA, ajouta-t-il en grimaçant.

Il faisait encore sûrement peur à voir et il était épuisé, son corps ne désirait plus qu'une bonne nuit de sommeil. Mais il était hors de question qu'il la mette dehors au beau milieu de la nuit, seule qui plus est.
Il se dirigea vers l'entrée de la chambre où d'un coup de baguette il changea les draps, puis il se tourna vers elle avec son air le plus innocent:


- Le chambre de mademoiselle est avancée !
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyLun 18 Fév - 13:27:57

Liliana fut soulagée d'entendre Kilian dire qu'il croyait en ce qu'elle venait de lui dire, et mieux encore, qu'il avait l'air sincère. Kilian et elle s'étaient dit nombre de choses, par le passé. Beaucoup de choses qu'ils ne pensaient pas, et encore plus de choses qu'ils ne s'étaient jamais dit et qui pourtant, leur avait parfois brûlé les lèvres. Leur relation avait, toujours, été plus ou moins chaotique, et dotée d'une dynamique à en épuiser plus d'un. Ils se chamaillaient, se taquinaient, se disputaient aussi, parfois, sans que jamais cela ne remette en cause l'attachement profond qu'ils avaient l'un pour l'autre, et qu'ils ne s'étaient jamais avoué depuis leur deuxième année. Tous deux possédaient une épaisse carapace pour se protéger des autres, de l'autre, et de soi-même. C'était peut-être la raison pour laquelle, malgré leurs différences et leurs désaccords, ils s'entendaient et se comprenaient si bien. Ils se protégeaient exactement de la même manière, en marquant une distance vis-à-vis de l'autre et en n'avouant jamais ce qui leur tenait le plus à cœur, de peur, certainement, d'une déconvenue. Mais à force de temps passé ensemble, ils savaient tous deux comme l'un était important pour l'autre, si bien qu'il n'y avait, au final, plus vraiment besoin de le dire. Jusqu'à ce soir, tout du moins.
Ils avaient grandi, ils avaient mûri, et la vie ne leur avait pas fait de cadeaux, à l'un comme à l'autre. Liliana ne doutait pas de l'effet qu'avait pu avoir sa soit-disant mort sur Kilian. Lui aussi avait été bien seul, et la jeune femme se demandait comment son ami d'enfance avait vécu le reste de sa scolarité. Pas très bien, certainement, s'il en était venu à aller se défouler sauvagement sur un ring. Elle ne savait rien de ce qui avait pu lui arriver, de ce qu'il avait vécu et ressenti. Mais quelque chose lui disait, intuitivement, qu'il y avait eu beaucoup de choses qui s'étaient bousculées dans la vie de Doyle. Cela se voyait dans ses prunelles noisettes, un peu perdues, déboussolées. Oh, bien sûr, elle pouvait envisager que c'était son retour qui lui faisait cet effet, mais elle sentait, dans l'attitude et le regard de Kilian, d'autres choses, plus anciennes. Il avait ce regard, cette gestuelle, assez reconnaissables, de celui qui a été forcé de mûrir rapidement, sans même s'en rendre compte.

Absorbée par ses réflexions, Liliana en oubliait de s'essayer à manger, prise par l'envie de lui demander ce qui avait bien pu se passer dans sa vie, quelles avaient été ses joies et ses peines. Elle n'en eut pas l'occasion, cependant, car l'instant d'après, Kilian lui ordonnait de manger. Son regard rêveur se dissipa et elle obtempéra à contrecoeur, tandis que l'ancien Serpentard allait se chercher une énième bière. Son regard, un peu réprobateur, passa rapidement sur la bouteille, mais elle ne prononça pas un mot de ce qu'elle pensait. C'était son affaire, pas la sienne.

Passé le quart de son assiette, l'estomac de la nouvelle étudiante n'en put plus. Écoeurée, elle reposa ses couverts, avec la sensation qu'une bouchée de plus lui ferait faire un aller direct aux toilettes, pour tout régurgiter. Cette sensation l'accompagnait depuis des semaines, et quelque chose lui disait qu'il se passerait du temps encore, avant qu'elle ne retrouve un appétit normal. Elle fut reconnaissante à Kilian de ne pas en prendre ombrage, et de ne faire aucune remarque. Cependant, la proposition du jeune homme la fit tiquer.
Dormir ici ? Et pourquoi donc ? L'idée lui paressait saugrenue, déplacée. Elle ne se sentait pas franchement prête à passer la nuit ici, et encore moins dans le même appartement qu'un autre homme, sur son territoire, quand bien même était-ce un garçon de confiance. Une petite voix insidieuse lui chuchotait, d'ailleurs, qu'aucun homme n'était digne de confiance lorsque le soleil s'éclipsait derrière les étoiles. Non, elle préférait largement sa petite bulle d'intimité, sécurisante, dans sa chambre d'hôtel. Pour penser, réfléchir, revivre les instants surréalistes de ses retrouvailles avec Kilian, avant de se faire happer par le sommeil, s'il voulait bien d'elle pour cette nuit.


« Non. »

Déclara-t-elle, sur un ton catégorique. Mais Kilian, déjà, s'amusait à lancer des sortilèges pour préparer le lit, et déclama, tout jouasse, sa chambre prête. À croire qu'il ne l'avait pas entendue, ou qu'il était, plus probable, toujours aussi borné. Avec un soupir, Liliana se leva de table et hocha la tête.

« Non, je ne préfère pas. Ne t'en fais pas pour moi. Je sais me défendre, et qui plus est, je n'ai qu'à transplaner. Je te remercie pour ta proposition, mais je crois que tu as plus besoin d'un lit confortable que moi. »

Liliana fit un effort pour ne pas paraître froide et distante, bien que cela était un exercice difficile. Elle n'avait vraiment aucune envie de dormir chez Kilian, et elle voulait qu'il comprenne qu'il ne valait mieux pas insister.

« Et puis, je n'ai aucune affaire de rechange sur moi. »

Lâcha-t-elle pour couper court à toute tentative d'argumentation. Ce n'était pas contre Kilian, mais l'idée de laisser quelqu'un entrer dans sa bulle d'intimité lui était insupportable. Elle n'y était tout simplement pas prête. C'était s'exposer, et malgré qu'ils aient déjà dormi ensemble par le passé, cela ne lui paraissait plus envisageable aujourd'hui. Ce n'était pas correct, à son âge, d'accepter de passer la nuit chez un garçon, fusse-t-il son ami. Pour toutes ces raisons et bien d'autres, Liliana attrapa son sac à main et s'approcha de Kilian, qu'elle embrassa rapidement sur la joue.

« Merci pour tout. Je ne te laisserai pas sans nouvelle. Et j'espère que tu m'en donneras, toi aussi. Tu sais où tu peux me joindre, maintenant. Bonne nuit, Kilian. »

Après un dernier sourire, Liliana prit sa baguette magique et transplana.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~]   Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? [Liliana ~Terminé~] EmptyMar 19 Fév - 20:09:33

Kilian prenait rarement un "non" pour une réponse, c'est pourquoi il ne fit pas particulièrement attention à la jeune femme. Mais elle insista et il finit par acquiescer, conscient que la garder là n'était pas vraiment envisageable. Au fond, il aurait aimé qu'elle reste, mais il n'était pas étonné qu'elle refuse.

- Au moins je dormirai dans des draps propres, ça faisait longtemps, plaisanta-t-il.

Il l'observa refuser son invitation avec le plus de tact possible mais quelque chose dans son regard contredisait ses excuses pour ne pas rester. La vérité c'est qu'elle ne voulait pas rester. Peut-être même avait-elle peur de rester. Il était seulement en train de comprendre que son retour n'impliquait pas automatiquement le retour de leur relation passée. Ils avaient tout deux changés et il avait finalement beaucoup de chance qu'elle n'ait pas pris la fuite en découvrant ce qu'il était devenu. Il se fit honte à cet instant, se voyant à travers les yeux de la blonde qui l'avait rendu et le rendait encore fou. Un rustre, sans manière, violent, suivant ses plus bas instincts... jamais il ne pourrait espérer être proche d'elle à nouveau en étant ce qu'il était actuellement. S'il voulait ne pas la perdre à nouveau, il allait devoir changer. Encore. En bien, peut-être, cette fois. En tout cas, il ne la laisserait pas disparaître de sa vie sans rien faire ni dire cette fois.
Il la laissa récupérer ses affaires et ne broncha pas quand elle déposa un léger baiser sur sa joue.

Il acquiesça, se forçant à sourire lors qu'elle lui promis de ne pas le laisser sans nouvelles et lui demandant de lui en donner également.

- Bonne nuit, Lily...

Elle lui sourit et disparu, le laissant encore plus seul qu'avant son arrivée.
Il retint un soupir. Au moins n'était-elle pas partie en courant.

Se sentant tout à coup particulièrement seul, comme cela lui arrivait souvent, il lutta contre la tentation de resortir pour lever la première fille qui voudrait bien de lui. Il n'était pas en état, il faisait peur à voir... et puis de toute façon, il n'en avait pas vraiment envie...
Sa vie lui parraissait misérable et vide de sens, lui qui arrivait pourtant encore à se convaincre parfois qu'il était parfaitement à sa place et qu'il faisait exactement ce à quoi il était destiné. Foutaises.

Il retira son tee-shirt et s'apprêtait à le jeter dans un coin mais il fit un détour par la salle de bain pour le mettre dans la corbeille avec le reste de ses vêtements. Puis il alla s'effondrer dans ses draps propres et regarda le plafond, essayantde remettre de l'ordre dans les évènements de la soirée. Il n'était pas encore tout à fait certain que cela n'était pas un vilain tour de son esprit malade... mais il était épuisé et il se poserait la question le lendemain.
La dernière pensée qu'il eut avant de s'endormir fut pour la jolie blonde qui l'avait retrouvé et malgré toute la tristesse et la colère qu'il avait ressenti, et ressentait peut-être encore, ce fut avec un léger sourire qu'il se laissa sombrer.

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