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 Même pas mal ! [Terminé]
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  • Natalee Shevelin
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    Natalee Shevelin
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MessageSujet: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptySam 5 Mai - 17:00:42

Une pâle lumière s'infiltrait dans la chambre d'hôpital et caressait le visage de Natalee qui, doucement, s'éveillait. Pour la première fois depuis des jours, son esprit lui semblait à peu près clair, tandis que sa conscience émergeait de sa longue léthargie. Elle avait passé ces derniers jours à dormir et, lorsqu'elle s'éveillait pour subir les soins désagréables des médicomages ou déguster un repas qui lui semblait toujours fade, cela avait toujours été dans un état nébuleux, à demi conscient. Elle avait pris, docile, les remèdes qu'on lui avait administré, et avait le vague souvenir d'une opération qui lui laissait encore quelques douleurs dans le ventre. Par réflexe, la lycane posa sa main sur son abdomen, et découvrit non sans plaisir que les bandages qui lui avaient tant gêné la respiration avaient disparu. Elle se redressa prudemment contre les gros oreillers de son lit et poussa un soupir rauque lorsqu'elle sentit ses muscles encore endormis gémir sous l'effort. Son regard se perdit au-delà de la fenêtre, pour observer les nuages se mouvoir paresseusement sur un ciel un peu gris. Il était difficile de savoir quelle heure il était. Elle n'avait, d'ailleurs, aucune idée du jour, ni de combien de temps elle avait passé dans son état de convalescence. Tout ce dont elle se rendait compte, c'était que ses os ne semblaient plus prêts à se briser au moindre mouvement, que ses pensées étaient étrangement calmes, nullement secouées par les cauchemars qui l'avaient parfois réveillée au beau milieu de la nuit. Elle ne gardait de ces épisodes qu'un souvenir imprécis, comme, d'ailleurs, des évènements qui l'avaient amenée à se trouver dans ce lit d'hôpital. Quant aux visites qu'elle avait déjà reçu, elle ne gardait que l'image de visages mais aucune conversation, aucun élément ne revenaient à son souvenir. Elle se sentait presque sereine, dans cet étrange oubli qui l'emportait sur les derniers jours de sa vie.
Natalee s'étira et ses jambes s'éveillèrent douloureusement. Elle n'avait certainement plus posé le pied à terre depuis des jours, et elle sentait qu'il serait difficile de s'y réessayer. Elle n'était pas très sûre de pouvoir déjà tenir debout. Elle avait l'impression d'aller bien, mais la force lui manquait. Résolue à ne pas bouger sans assistance de peur de s'étaler le nez par terre, Natalee profita d'être éveillée pour observer l'endroit où elle se trouvait, et qui avait été jusqu'alors le dernier de ses soucis.
C'était assez cossu, pour une chambre d'hôpital. Le décor était plus sympa que toutes les chambres qu'elle avait connu à Sainte Mangouste. Un canapé attendait que les visiteurs viennent s'y reposer, à quelques pas du lit, une petite table permettait de prendre ses repas sans avoir à batailler avec un plateau au-dessus des couvertures. Seule l'odeur des potions et autres parfums médicaux rappelaient qu'elle ne se trouvait pas dans une douillette petite chambre d'hôtel. Soit elle avait besoin d'y séjourner plus longtemps que prévu, et on l'avait alors mise dans une pièce assez sympa pour reculer à quelques jours ses sempiternelles tentatives de fugue, soit l'Ordre de Merlin donnait des avantages à son possesseur. Peut-être un peu des deux. Tandis qu'elle souriait à cette réflexion, la porte s'ouvrit sur une infirmière qui lui apportait un déjeuner succin, entouré par de trop nombreuses fioles de potions au goût de Natalee. La lycane grimaça tandis qu'un goût affreusement amer lui venait à la bouche.

« Oh, mais vous avez l'air bien réveillée aujourd'hui, miss Shevelin ! Vous avez de la ressource, car après le traitement que vous avez reçu, vous auriez dû être dans un état second pendant encore deux jours au moins.
— Ouais... Il paraît que je me remets vite », marmonna Natalee d'une voix qui lui semblait bien basse.
L'infirmière posa son plateau sur la table, avant d'indiquer d'un geste de la main le chevet de la lycane, qui croulait sous des objets divers et variés.

« Vos amis sont souvent venus vous voir, ils vous ont tellement laissé de choses en cadeau qu'on ne trouve plus de place pour installer notre matériel. » ricana-t-elle.
Natalee tourna la tête et découvrit avec surprise sa table de chevet. Elle ne l'avait pas remarqué auparavant, et se demanda si elle allait aussi bien qu'elle le croyait, pour louper quelque chose d'aussi peu discret. Il y avait tout et n'importe quoi. Des chocolats, sa radio magique du QG, un magazine de mots fléchés qu'elle sut immédiatement apporté par le gentil Collins, une peluche en forme de loup, une carte de prompts rétablissement, un canard vibrant, les journaux des derniers jours, une photo de Tétanos (le chat de Jared, pas la maladie, d'ailleurs Natalee se demanda s'il croyait toujours que Tétanos était un dieu romain), une figurine de dragon rose fuschia qui voletait au-dessus du reste en miaulant, un livre de recettes spécialisées dans les diverses méthodes pour cuisiner le bœuf, un rubik's cub qui n'avait que des carreaux de couleurs différentes, et tout un tas de merdes qu'elle ne voyait pas encore dans tout ce fatras de gadgets. Un rire échappa à la lycane ; elle attrapa la peluche qui se mit à gigoter entre ses doigts, puis la carte de rétablissement. La médicomage eut la gentillesse de ne pas se manifester tandis qu'elle lisait les nombreux mots de ses collègues et amis, un sourire aux lèvres. Par ici un « on a remplacé ton punching ball en salle d'entraînement par un dragon afin que tu reprenne du poil de la bête. », par là un « Je me pisse encore dessus de rire après ton histoire sur les botrucs qui faisaient voler ton lit. J'ai voulu te piquer un peu de ce qu'ils mettaient dans ton eau, ils ont pas voulu. J'espère que tu en ramèneras au bercail », et, parfois, quelques mots plus sérieux, mais toujours pourvus d'un fond de légèreté. Enfin, un dernier mot signé Benson racontait comment Natalee avait pris sa filleule pour un lutin de Cournouaille dans un délire dû à ses calmants, mais qui la rassurait cependant en lui disant que la plupart du temps, elle n'avait pas trop raconté de conneries. Rassurant.
Natalee reposa la carte avec un peu d'angoisse, en se demandant ce qu'elle avait bien pu raconter à tout le monde, et si les objets qu'on lui avait rapporté avait un quelconque rapport avec ce qu'elle avait pu dire. Son regard se posa sur la photo de Tétanos qui miaulait dans sa direction, et elle crut se rappeler un moment où elle avait demandé à Jared de le ramener à l'hôpital parce qu'elle s'ennuyait.

« Alors, comment vous sentez-vous aujourd'hui ? demanda la vieille femme en interrompant par la même occasion ce début de souvenir.
— J'ai soif, j'ai mal partout, mais ça va. Je peux me lever ?
— Ce n'est pas vraiment conseillé, vous risqueriez d'avoir encore des vertiges. Mais si vous vous en sentez la force, plus vite vous remarcherez, plus vite ces vertiges passeront !
— Je ne me souviens plus de grand chose... marmonna Natalee, emportée par le fil de ses impressions au sujet d'elle-même.
— C'est normal. Vous aviez été empoisonnée par une substance particulièrement puissante. Il nous a fallut utiliser un remède assez violent pour contrer les effets que cela aurait pu avoir sur votre mental. Il vous faudra encore quelques heures, ou quelques jours selon la façon dont vous assimilez le traitement, pour vous rappeler petit à petit des évènements. C'est pourquoi vous devez rester encore en observation. Je ne veux pas vous faire peur, mais le retour à la réalité risque d'être rude, après ce que vous avez traversé.
Bizarrement, cette information ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle devait également être sous calmants.
— J'ai juste envie de prendre une douche, ou un bain... N'importe quoi mais qui détende ces saloperies d'ankyloses que je me coltine.
— Et bien, je vous aiderai volontiers à aller jusqu'à la salle de bain quand vous aurez mangé votre déjeuner et pris vos médicaments ! Tenez !
L'infirmière posa un plateau sur les cuisses de Natalee, qui réceptionna le tout avec un grognement de douleur. S'il y avait bien quelque chose qu'elle n'avait pas rêvé lors de ces derniers jours, c'était bien l'aspect absolument dégueulasse de la bouffe. Natalee avala les potions infectes puis son repas à contrecoeur. L'avantage, c'était qu'après les substances amères qu'elle venait d'ingérer, la nourriture semblait presque bonne. Elle repoussa le plateau sans avoir terminé, la médicomage la força à finir comme si elle avait affaire à une enfant récalcitrante, puis elle fut guidée jusqu'à la salle de bain. Ses jambes, plus vraiment habituées à supporter le poids de son corps, flageolaient.
« Putain, j'ai l'impression d'avoir 90 ans.
— Ne vous en faites pas, ça va passer. » la rassura la vieille femme, avant de lui demander si elle avait besoin d'aide pour ses ablutions. Natalee la vira sans ménagement avec un « ça va pas la tête, j'ai pas sept ans ! » et le regretta cinq minutes plus tard, lorsqu'il fallut tenir debout sous la douche tout en se savonnant. Natalee ressortit, emmitouflée dans une serviette, accrochée au battant de la porte et attendit que le vertige qui faisait danser son environnement cesse. Avoir basculé la tête en avant pour se sécher les cheveux avait manifestement été une très mauvaise idée, qui lui avait non seulement fait mal à la nuque, mais qui maintenant lui donnait la gerbe.
« Eh bien, trois quarts d'heure seulement pour arriver à vos fins ! Bon début ! » ricana l'infirmière, qui avait apparemment le sens de l'humour.
Natalee eut envie de lui claquer le nez, mais s'abstint de toute tentative. Elle irait vomir pour de bon, sinon, et elle préférait éviter alors qu'elle s'était brossée les dents à l'instant.

« Votre frère vous a rapporté des vêtements de rechange. Ils sont dans cette armoire. Je vous conseille d'éviter vos jeans affreusement serrés et toutes autres coutures, vos blessures ne sont pas encore complètement cicatrisées et vous risqueriez de les rouvrir. En plus, des gambettes comme les vôtres, ça se met en valeur. »
Sur ces mots, la médicomage alla elle-même à l'armoire et lui apporta une petite robe en coton noir, que son frère avait eu le bon soin de mettre parmi ses affaires. Natalee la réceptionna avec un soupçon d'incrédulité.
« Excusez-moi, mais... Vous êtes ma mère ?
— C'est un peu le cas depuis une semaine, oui, quand la vôtre n'est pas à votre chevet. Votre frère m'a bien conseillé de ne pas vous laisser le temps de réagir pour obtenir quelque chose de vous.
— Ma mère est venue ?
— Oh, très souvent. Pauvre femme, elle était toute chamboulée. Heureusement que vos collègues lui ont remonté le moral.
— Bordel de chiotte, maugréa Natalee en imaginant sa mère au milieu de toute son équipe de débiles mentaux aux bras chargés de conneries en tout genre. Malgré l'état comateux de sa fille, maman Fergesson avait dû avoir un bien bel aperçu de ce qu'était son quotidien. Elle fila – enfin, progressa tant bien que mal – jusqu'à la salle de bain et s'habilla, en essayant de chasser l'image de sa mère, de Rosebury et de son jargon encore plus fleurit que celui de la lycane, rassemblés dans une même pièce.
Une fois présentable, Natalee se laissa entraîner par la médicomage et se laissa ausculter, tandis qu'on lui expliquait les lésions qu'elle avait subi. Commotion cérébrale, trois côtes et une clavicule brisées, un nerf sévèrement abimé après le coup de couteau qu'elle avait reçu, liaisons nerveuses suite à un endoloris, une perte de sang considérable... À la fin de ce récit, Natalee se demanda si la femme n'aurait pas mieux fait de lui faire la liste des traumas qu'elle n'avait pas subi. Ou ne rien lui dire du tout. Malgré les calmants, elle se sentit mal face à cette énonciation et au ton grave de l'employée, qui lui avouait qu'elle revenait de très loin.

— On a dû vous administrer un traitement lourd et des calmants, et vous devrez continuer à les prendre lorsque vous sortirez. Sinon, vos maux de tête et les cauchemars que vous avez fait pendant votre séjour risquent de vous reprendre.
— Je sors quand ?
— Nous verrons, nous ne le savons pas encore. Tout dépend de la façon dont vous réagirez au retour de votre mémoire. C'est l'heure des visites, je vais vous laisser. N'hésitez pas à utiliser le bouton d'urgence si vous avez besoin de quelque chose.
Sur ces mots, l'infirmière rangea son matériel et s'éclipsa.
Natalee s'installa contre ses oreillers et releva ses genoux sous son menton, tandis qu'une vague de panique frôlait son esprit à l'idée de recouvrer la mémoire. Elle n'était pas certaine d'en avoir bien envie. La seule information qui l'intéressait était de savoir Valère sur une table d'autopsie. Le reste, elle préférait le garder loin de sa conscience.


Dernière édition par Natalee Shevelin le Mer 26 Sep - 1:33:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptySam 5 Mai - 21:51:14

-Non, monsieur Grant, je ne signerai pas ce papier, répéta le médicomage.

Il souriait, mais le ton de sa voix était ferme, et Jared rangea son papier sans insister. Depuis sa sortie de Sainte-Mangouste, il venait, chaque jour ou presque, brandir sous les yeux de son médicomage-référent ce fameux papier bleu clair. Un certificat d'aptitude à la reprise du travail que l'homme devrait signer lorsqu'il estimerait que l'Auror Grant serait parfaitement remis.

-Vous devriez déjà vous estimer heureux que je vous aie laissé sortir si vite. Pour le moment, vous n'êtes pas capable de reprendre votre travail, même si vous avez l'impression contraire. Vous avez subi un choc important, et on ne s'en remet pas d'un claquement de doigts.
-Mais je m'ennuie, chez moi, grogna Jared.
-Je sais bien, monsieur Grant. C'est le problème de tous les Aurors, lorsqu'on doit les immobiliser pour une durée assez longue. Toutefois, vous devez absolument prendre le temps de vous refaire une santé... De toute façon, vous ne reprendrez pas le travail avant que je l'aie décidé, même si vous venez me harceler vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Autant en prendre votre parti et vous trouver des occupations, quelque chose qui vous change les idées.
-Avec une séance chez le psychomage tous les deux jours, ça va être difficile de me changer les idées.
-Bientôt, si vous progressez bien, nous pourrons espacer les séances. Où en êtes-vous de votre traitement ? Avez-vous commencé à diminuer les doses ?

Confus, Jared marmonna quelque chose, et le médicomage reprit, sur un ton bienveillant :

-Pas encore ? Oh, ça ne m'étonne pas que vous en ayez encore besoin. Continuez de les prendre tant que vous ne vous sentez pas parfaitement prêt à arrêter. Et n'ayez pas honte, ajouta le médicomage qui savait à quelle mauvaise tête il avait affaire. Il n'y a rien d honteux à avoir besoin d'un traitement après cela. Ce n'est pas une preuve de faiblesse, c'est bien compris ?

Jared ne répondit pas, et le médicomage posa la main sur son épaule sans s'appesantir sur le sujet.

-Alors, c'est entendu, monsieur Grant ? Vous arrêtez de venir me mettre ce papier sous le nez, sinon je prolonge votre période d'arrêt. Tâchez de vous changer les idées, c'est un ordre. Et si vous vous ennuyez trop, vous pouvez toujours ramener quelques cookies. Ils ont été très appréciés, en salle de repos, acheva le médicomage en souriant.

L'avant-veille, le convalescent, qui tuait le temps en cuisinant, avait fait bénéficier le personnel de Sainte-Mangouste du résultat de ce passe-temps ; il avait apporté une cargaison de cookies, et les infirmières avaient depuis pour lui les yeux de Chimène. Un homme capable à la fois d'étendre un mage noir et de se débrouiller aux fourneaux, ça ne courait pas les rues... Le médicomage consulta sa grosse montre à chaîne, et reprit :

-Il est bientôt l'heure des visites, monsieur Grant. Car je suppose que ce n'est pas moi que vous veniez voir, mais Miss Shevelin... Elle devrait être dans les vapes pour encore quarante-huit heures au minimum, mais les visites lui font du bien. Que lui avez-vous apporté, aujourd'hui ?

Un concours de cadeaux idiots s'était instauré entre les Aurors, et les guérisseurs de Sainte-Mangouste suivaient tout cela de très près. Ils n'avaient pas tous les jours l'occasion de s'amuser, et il fallait bien avouer qu'avec les ados attardés du Bureau des Aurors, ils passaient de bons moments. Un sourire aux lèvres, Jared tira de la poche de son blouson le cadeau le plus idiot qu'il ait jamais fait à quiconque et le tendit au médicomage.

-Une boîte à meuh ? C'est vrai que ça sert toujours, dans un lit d'hôpital, commenta l'homme en retournant l'objet qui émit son bruit nasillard.

L'Auror récupéra son cadeau idiot, donna un coup de baguette dessus pour l'emballer de papier jaune et noir, et le remisa dans sa poche. Il aurait aimé lui offrir autre chose, un vrai cadeau, plus personnel, plus sérieux, mais il n'osait pas ; tout le QG se serait fichu de lui – déjà que ces macaques n'attendaient qu'une occasion pour commenter le baiser qu'ils avaient surpris dans l'antre de Valère... Jusque-là, ils n'avaient rien dit, mais il y avait des ébauches de sourires qui ne trompaient pas. Ils devaient juste attendre que Natalee sorte de sa torpeur pour se mettre à balancer...

Car la lycane avait passé les quelques jours précédents dans un bien triste état, et n'aurait pas été réceptive aux vannes de ses collègues. Entre les fois où elle délirait sévère et celles où elle dormait aux trois quarts, il aurait fallu viser pour placer la moquerie à l'instant propice. C'était trop demander aux Aurors, qui avaient préféré attendre qu'elle soit en état d'entendre leurs quolibets... et peut-être aussi qu'elle quitte l'hôpital, car le personnel soignant n'aurait certainement pas apprécié qu'une malade fasse l'objet de moqueries.

Le médicomage accompagna Jared jusqu'à l'étage où se trouvait Natalee, mais il n'entra pas dans la chambre, affirmant avoir à faire ailleurs.

-Et rangez-moi ce papier, rappela-t-il fermement en serrant la main de Jared avant de s'éloigner.

L'Auror obéit à contrecoeur, et glissa la feuille dans la poche intérieure de son blouson – un vieux blouson noir qu'il ne portait plus guère, et qu'il avait dû ressortir puisque son préféré était désormais hors d'usage.

Comme à son habitude, il toqua très légèrement à la porte de la suite royale de Miss Shevelin – lui n'avait pas eu une chambre aussi classieuse, il y avait vraiment deux poids et deux mesures – et entra sans attendre de réponse. Les trois quarts du temps, Lee n'était tout simplement pas en état de répondre tellement on la bourrait de remèdes divers. Il s'attendait à la trouver, comme toujours, en chemise de nuit, complètement ensuquée, bavant sur ses oreillers, et il marqua un temps d'arrêt en la découvrant habillée, plus assise que couchée. Pour une nana censée être dans les vapes, elle s'en tirait plutôt bien... Jared s'approcha, un peu incommodé par l'odeur de médicaments et de bouffe rance propre à l'hôpital, mais hésita à prendre sa place habituelle – assis sur le lit, à côté de Nat. Tant qu'elle roupillait paisiblement, cela ne lui posait aucun problème, mais aujourd'hui...

-Salut, Lee, fit-il, debout devant le lit, en se penchant pour un baiser sur la joue. Tu vas mieux, à ce que je vois... Tiens, j'ai pensé que ceci te serait d'un grand usage, ironisa-t-il en lui remettant le paquet aux couleurs de Poufsouffle.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyDim 6 Mai - 11:05:31

« Miaouu... Maowww... »
Difficile de se concentrer sur des pensées un peu noires lorsqu'un dragon rose fuschia miaulait en faisant le tour d'une montagne de cadeaux débiles. Natalee fixa la figurine virevolter joyeusement, impuissante. Sans baguette, impossible de lancer ne serait-ce qu'un silencio à cette créature infernale qui n'avait de cesse de la narguer. Exaspérée par ces miaulements intempestifs, Natalee attrapa un des magazines de mots fléchés qui attendaient sur la table. Quelqu'un avait eu l'intelligente attention de laisser un crayon à côté. Comme quoi, son équipe n'avait pas encore perdu le sens pratique depuis qu'elle gisait dans ce lit d'hôpital. Merci Merlin. Elle ouvrit les pages et feuilleta l'ouvrage, avant de le refermer et de le jeter de côté, lasse. Elle avait reconnue, inondant les grilles de son précieux jeu, l'écriture de Jared, qui comblait les carreaux avec des fautes à faire pleurer un aveugle. C'était foutu pour cette maigre source de divertissement. La lycane chercha dans le fouillis de jouets et de gadgets inutiles qui formaient une montagne sur sa table de chevet, sans trouver quoi que ce soit qui puisse la divertir un tant soit peu. Elle se cala contre les coussins, morose. Il lui tardait de recevoir une visite. Les secondes passaient, semblables à des minutes, et les minutes pareilles à des heures. La seule chose qui l'occupa un instant fut de se faire un chignon, qu'elle noua à l'aide d'une mèche de cheveux à l'arrière de son crâne. Puis de regarder les nuages, qui prenaient des formes abstraites à travers les vitres. Bon Dieu qu'elle se faisait chier. Maintenant qu'elle était bien éveillée, elle ne rêvait plus que d'une seule chose, partir d'ici au plus vite. Peu importait qu'elle tenait encore à peine sur ses jambes, elle serait tout aussi bien ailleurs qu'ici.
« Maww mawww !
— Frrrt ! »
Maintenant, la photographie de Tétanos répondait aux provocations du dragon. Fatiguée par ce faible remue-ménage, elle tenta l'extrême. Se lever seule pour aller chercher sa radio, qui était posée un peu à l'écart du reste. Elle l'enclencha, et le dernier air qu'elle avait écouté résonna dans la chambre. Jailhouse Rock. Fort à propos, pensa-t-elle avec aigreur. L'appareil contre sa poitrine, elle resta prostrée contre le cadre de son lit, tandis que le loup en peluche dormait lové contre ses pieds nus. Bien sûr, elle aurait pu se laisser emporter encore par le sommeil, mais à présent qu'elle s'était douchée, ses dernières vagues de torpeur s'étaient évadées. Oh, elle se sentait légèrement planer avec l'effet des calmants, mais ils étaient assez soft pour ne pas la faire baver comme une droguée en plein trip. Compte tenu du peu de souvenirs qu'elle conservait de ces derniers jours, elle imaginait qu'on lui avait certainement changé son traitement maintenant qu'elle semblait plus éveillée. Elle ne s'imaginait même pas, d'ailleurs, la différence frappante qui la séparait d'hier et d'aujourd'hui.
Ce fut seulement lorsqu'elle envisagea de compter les minutes s'écoulant en dessinant des traits sur les murs que la porte s'ouvrit, et qu'elle détourna la tête des nuages pour observer d'un air curieux la personne qui lui rendait visite. Aucune surprise ne passa dans son regard, cependant, lorsqu'elle reconnut Jared se figer sur le pas de la porte. Elle avait le vague souvenir, mais elle n'en était pas certaine, de l'avoir toujours vu à ses côtés avant les autres, lorsqu'elle s'éveillait. Elle vit, sans être sûre qu'il s'agissait de la réalité, l'auror assit près de sa tête, sa main sur la cuisse de son ami. Une vague gêne s'empara d'elle à cette pensée intrusive, qu'elle chassa par un sourire à l'adresse de son ami. Gêne qui s'accrut lorsque Jared s'approcha d'elle pour la saluer et déposer un baiser sur sa joue. Des pensées, aussi peu tangibles que de l'eau entre ses doigts, lui revinrent de façon trop fugace pour qu'elle en saisisse l'essence.


« Salut. »
Murmura-t-elle en posant sa radio de côté.
« D'après ce que j'ai lu sur la carte, il semblerait bien, oui. »
S'amusa-t-elle à son tour, honteuse, cependant, à l'idée de toutes les conneries qu'elle avait bien pu lui raconter lors d'un potentiel état second. Si elle avait raconté à Heathcliff que son lit volait, elle ne s'imaginait pas toutes les inepties qu'elle avait pu proférer sous l'effet des médicaments. Plutôt que de s'apitoyer sur son sort, elle attrapa le cadeau que lui offrait Jared, et le soupesa d'un air presque curieux. Elle jeta un regard à son collègue et vit, dans son regard, que cela allait encore être une connerie à ajouter à son lot déjà conséquent. Elle ignorait de quel délire la grande famille des aurors s'étaient encore épris, mais elle imaginait sans mal leur mine réjouie à chaque fois qu'ils avaient apporté quelque chose. Et, compte tenu de l'ampleur du désastre, cela devait être à chaque fois. Un sourire amusé passa sur le coin de ses lèvres tandis qu'elle ouvrait le paquet, subtilement décoré aux couleurs de son ancienne Maison. Qu'est-ce que Jared avait bien pu trouver de pire qu'un dragon qui fait miaou ? Natalee leva l'objet au niveau de ses yeux et le retourna... Un meuglement particulièrement réaliste s'échappa de la boite à meuh, et Natalee pouffa.

«Pff, dire que c'est moi qui suis sensée être sous médocs... Ma convalescence ne vous réussit pas. »

Elle releva les yeux sur Jared, s'imaginant sans mal que tous ces présents plus absurdes les uns que les autres étaient bel et bien une preuve de l'amitié que ses équipiers éprouvaient pour elle, alliés à leur désir de dédramatiser la situation. Elle préférait les savoir rire à son chevet de shootée aux potions plutôt que de les imaginer, le visage livide et triste, à attendre à son chevet qu'elle daigne recouvrer ses esprits. L'idée qu'on s'apitoie sur son sort lui était insupportable. Elle était trop heureuse d'être en vie.

« Mais merci, je te promets d'en faire le meilleur usage. »
Elle tira légèrement son bras pour qu'il se baisse à nouveau et l'embrassa sur la joue, pour l'étreindre ensuite avec douceur.
« J'ai l'impression de sortir d'hibernation. » ricana-t-elle à son oreille, avant de relâcher son étreinte.
L'arrivée de Jared avait éveillée une foule de questions dans son esprit, mais elle n'avait pas le courage de les formuler à haute voix. Elle n'avait pas envie, pour l'instant, d'entendre les vérités que les substances qu'elle ingurgitait lui cachaient. C'était bien mieux comme ça. Elle se souvenait qu'elle s'était retrouvée face à Valère, et que par un petit miracle dont elle ne connaissait pas la cause, son ami l'avait retrouvée à temps et avait mis fin aux jours du criminel. Le reste n'était que du détail dont elle ne gagnerait rien à se rappeler. La grande question était de savoir comment Jared l'avait retrouvée, mais elle n'avait pas envie d'en discuter. Elle sentait, au fond d'elle, qu'elle mettrait bien du temps avant d'avoir la force d'aborder le sujet. Sauf que, de fait, elle ne trouvait pas les mots pour s'adresser à lui. Elle n'aurait pas imaginé qu'un jour, elle serait gênée par la simple présence de Jared, par le silence qui s'écoulait entre eux, plus précisément. Ils s'étaient sauvé la vie mutuellement de nombreuses fois, mais elle avait conscience que celle-ci était bien différente. Elle avait eu le temps de craindre véritablement pour sa vie, elle avait eu peur comme jamais elle n'en avait eu l'occasion. La plupart du temps, il ne s'était s'agit que de gestes salvateurs, qui avaient évité à l'autre de se prendre un sort grave ou mortel, mais cette fois-ci, c'était contre sa vie, véritablement, qu'on s'en était pris. Rien, malgré sa formation d'auror, ne l'avait jamais préparée à cela.


« Viens, assied-toi... marmonna-t-elle pour conjurer le silence. Attends, je te fais de la place. »

Elle se décala de sorte à ce que Jared puisse s'installer confortablement et lui laissa, généreuse, un oreiller afin qu'il puisse caler son dos ailleurs que sur les barreaux glacés du lit. Ce n'était pas parce qu'il tenait sur ses jambes qu'il devait se la péter !
Il n'y avait rien à faire, tous les mots qu'elle envisageait d'adresser à Jared lui semblaient affreusement conventionnels ou stupides. Que pouvait-elle lui dire ? Coucou, merci de m'avoir sauvé la vie ? Bien sûr, elle ne pensait qu'à cela, mais aborder le sujet était trop pénible. Natalee se cala contre son oreiller de sorte à être tournée vers son visiteur, auquel elle s'efforça d'adresser un sourire.


« Comment tu te sens ? Tu as pu reprendre ton poste ? »

Elle en doutait, il devait certainement y avoir une enquête pour savoir ce qu'il s'était réellement passé avant de remettre Grant au travail, surtout pour un dossier de cette ampleur. Mais elle préférait savoir comment son ami se sentait, non seulement parce qu'elle s'inquiétait pour lui, mais aussi parce que cela lui évitait d'avoir à parler d'elle.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyDim 6 Mai - 22:28:54

Pour la première fois depuis des jours, Jared prenait pleinement conscience qu'on lui avait dit la vérité : Natalee était hors de danger. Bien sûr, on l'avait rassuré sur ce point dès qu'il s'était réveillé, et que son premier réflexe avait été de demander des nouvelles de sa collègue (et de son chat, bien entendu – mais nous ne dirons pas dans quel ordre). Bien sûr, il savait que les meilleurs médicomages se relayaient à son chevet, et que tout était mis en œuvre pour la sauver ; bien sûr, il l'avait vue, ces derniers jours, recouvrer lentement la santé, avait suivi chaque progrès, frémi à chaque bonne nouvelle donnée par les infirmières... Mais rien n'aurait pu mieux le rassurer que de la voir telle qu'il la voyait à ce moment, assise sur son lit, le regard enfin sorti du vague, habillée et coiffée. Elle ressemblait à Natalee, à ce moment, et non à la malade qu'il avait veillée des jours durant. Il lui adressa un sourire radieux en s'approchant, plus heureux qu'il n'aurait su le dire de la savoir enfin, réellement, tirée d'affaire.

Il y avait quelque chose de changé entre eux, à présent qu'elle était bien réveillée. Les jours précédents, ils n'avaient pas eu de réel contact ; Natalee était trop étourdie par son traitement pour qu'une conversation sérieuse fût possible. Elle avait été très bavarde, certes, lors des longs moments que Jared avait passés près d'elle ; à plusieurs reprises, elle s'était plainte que son lit volait, avait exposé une curieuse théorie selon laquelle des champignons bleus avaient poussé sur ses coudes, et, comme un leitmotiv, avait demandé à Jared, au moins dix fois par jour, de la faire sortir de « cet hosto de merde »... Mais maintenant que venait le temps des vraies conversations, tous deux étaient mal à l'aise. Ils savaient qu'ils ne pourraient pas échapper à des phrases très formelles, à des remerciements, voire à des effusions, et tous deux avaient peur de cela. Ils se ressemblaient : l'un comme l'autre rechignaient à s'épancher, préférant généralement s'abriter derrière un masque d'ironie bourrue. Tant que Natalee avait été dans les vapes, le moment des grands débordements de sentiments avait été retardé ; il était venu, à présent, et tous deux se sentaient bien gauche. En lui tendant son cadeau, Jared songea qu'il était finalement plus facile d'étaler un mage noir que de parler à cœur ouvert avec une personne chère... La boîte à meuh, objet idiot s'il en était, avait la vertu d'éloigner cette conversation, mais il y aurait bien un moment où les masques devraient tomber. Le plus tard possible, c'était tout ce que l'Auror demandait ; il avait eu largement le temps de réfléchir à ce qu'il pourrait bien lui dire, mais à présent, il estimait indispensable d'avoir encore quelques instants avant de se lancer...

Quelques paroles sans importance, pour commencer. Un remerciement pour le cadeau idiot, un chaste bisou comme ils en avaient tant échangé, rien qui pût être embarrassant. Natalee avait visiblement un peu de mal à rassembler ses idées, et elle confia qu'elle avait l'impression de sortir d'hibernation. L'Ecossais répondit avec un sourire :

-C'était presque ça, en fait. Si je te disais qu'on pouvait te faire répéter « Poufsouffle c'est de la merde » sans que tu réagisses... Mais moi, je ne l'ai pas fait, hein ! précisa-t-il aussitôt. C'est Heathcliff et Rosebury qui ont trouvé ça très drôle.

Il ôta son blouson et le jeta sur le canapé pour venir s'installer sur le lit. Depuis qu'il fréquentait cette chambre, il avait fini par prendre ses habitudes... D'ordinaire, il ne s'allongeait pas sur le lit ; il s'asseyait, à peu près à la hauteur de la taille de sa collègue, et il attendait qu'elle s'éveille. Parfois, elle avait – dans son sommeil, ou faisait-elle semblant de dormir ? - posé sa main sur la cuisse de son ami, et ce geste avait meublé les moments d'attente ; la mine grave, Jared avait réfléchi à ce baiser qu'elle lui avait donné dans le souterrain, à la façon dont elle s'était accrochée à lui, et à quelques petites choses qu'elles lui avait dites dans un état de semi-conscience... Quelle était la part de vérité dans tout cela ? Il n'avait pu le déterminer, et savait qu'il lui serait difficile d'aborder la question. Les relations sentimentales étaient une terre presque inconnue pour lui...
Il s'installa près de Natalee, mi-assis, mi-couché, la tête sur l'oreiller qu'elle lui avait donné ; la position n'était pas ce qui se faisait de plus confortable, mais elle avait le gros avantage d'éviter le contact visuel. Il serait plus aisé de se parler de choses sérieuses, si on n'avait pas besoin de se regarder. Les yeux au plafond, Grant répondit à la question de sa collègue :

-Non, je n'ai pas repris... Le médicomage refuse de me signer l'attestation, et en plus l'enquête n'est pas terminée. Ils ne m'ont même pas rendu ma baguette, j'ai dû en trouver une autre...

Il se mordit les doigts d'avoir parlé de cela. La baguette de Natalee avait été retrouvée brisée, et les débris figuraient eux aussi parmi le matériel de l'enquête. Quel besoin avait-il eu d'évoquer ce sujet ? Pour en changer, il reprit aussitôt :

-Tiens, à propos, ton cher James est sorti de l'hôpital avant-hier. Il était pas mal amoché, le pauvre diable, mais ils l'ont bien remis sur pied... Je l'ai croisé, il devrait passer te voir un de ces quatre.

Il préféra ne pas parler du doigt recousu de Kirkby : Natalee se souvenait-elle qu'un des doigts de ce type avait été sectionné par Valère et lui avait été envoyé par hibou ? Dans le doute, mieux valait s'abstenir. L'Auror poursuivit :

-En attendant de pouvoir reprendre le boulot, ils m'ont collé un nombre incalculable de séances chez le psychomage. Tu y auras certainement droit aussi, quand tu iras mieux... Il paraît qu'on a dans le cerveau des images assez glauques, ajouta-t-il sur un ton évasif.

Les infirmières lui avaient expliqué que Natalee n'avait qu'une mémoire partielle des événements, et qu'il ne fallait pas la brusquer... Cela reviendrait en son temps, et il valait mieux laisser le traitement tenir à l'écart la hideuse réalité. Lorsqu'elle saurait, ce serait probablement un choc important pour la lycane.

-Et toi, comment tu te sens ? demanda Jared en se levant pour aller récupérer dans la poche de son blouson un gros sac de confiseries de chez Honeydukes qu'il plaça entre eux deux en se recouchant. Mieux, on dirait. En tout cas, c'est sympa de te voir habillée. Ces chemises de nuit ne t'allaient pas du tout, si tu veux mon avis.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyLun 7 Mai - 17:51:37

Un sourire s'était perché sur les lèvres de Natalee lorsque Jared lui appris quel genre de sévices affreux elle avait subi pendant sa période de planage total. On ne s'était manifestement pas privé pour se foutre de sa gueule, pensa-t-elle sans rancoeur. Elle se jura, cependant, de trouver un moyen de leur rendre la monnaie de leur pièce lorsqu'elle quitterait ce lit d'hôpital.
La joie de voir arriver son collègue retomba bien vite cependant, surtout lorsque, à défaut de trouver autre chose à dire, Natalee s'intéressa à ce qu'il était arrivé à Jared pendant tout le temps où elle n'avait pas été en état de converser sérieusement. Comme elle s'en était douté, l'auror n'avait pas pu reprendre son poste et s'était résigné – ou presque, puisque l'amertume avec laquelle il lui parla en disait long – à prendre son mal en patience. La mention de sa baguette confisquée assombrit le regard de la lycane. Elle comprenait aisément la difficulté de vivre sans baguette magique, puisqu'elle même en était privée. Jared, lui, la retrouverait. Pas elle. Elle se souvenait bien que sa baguette était brisée, cet événement l'avait trop marquée pour qu'elle l'oublie, malgré la potion qui l'avait rendue presque amnésique. Elle ne se souvenait pas du détail, néanmoins. Si, elle s'en souvenait. Dans un flash, elle vit les deux mains de Valère se serrer contre son arme et la briser en deux comme il l'aurait fait avec une simple brindille. La seconde d'après, elle sentit une douleur fulgurante dans sa poitrine, et sa main se souleva pour se crisper contre ses côtes. Elle ne poussa pas un cri, elle ne montra rien de ce qu'elle avait ressentit. Elle s'était seulement raidie pendant un instant, la respiration coupée nette. L'image d'un sort qui volait dans sa direction plana dans son esprit, mais elle le chassa en relâchant le souffle qu'elle retenait dans ses poumons.
Jared, à côté d'elle, continuait à parler comme s'il n'avait rien remarqué, et elle en fut soulagée. Natalee n'avait aucune envie qu'il s'interroge, qu'il s'inquiète, surtout si cela devait la mener à des explications. Non, elle ne voulait pas en parler. Elle risquerait, sinon, de se souvenir davantage de cet épisode plutôt désagréable où sa baguette ainsi que trois de ses côtes avaient été brisées.


« Ah ? James va bien ? »

Marmonna-t-elle tandis qu'elle reprenait difficilement le fil de la discussion. Qu'avait-il à voir là-dedans, encore ? Tandis que Jared parlait de ses séances avec le psychomage, Natalee chercha à rassembler le peu d'informations qu'elle avait encore. Le mot « glauque » lui rappela l'image de James, tout ensanglanté, ficelé sur un fauteuil de son propre salon. Sa respiration se hacha, tandis que la situation se clarifiait dans son esprit.

« Ah oui... Je crois me souvenir... » Murmura-t-elle tout haut, sans vraiment s'en rendre compte. « James avait été pris en otage et je... »
Natalee se tut en se rendant compte qu'elle parlait à voix haute et tourna un regard à l'adresse de son ami.
« Et j'ai fait mon travail. Je ne vois pas pourquoi je devrais aller voir un psychomage pour ça. Ils sont chiants avec leur procédure à la con. »

Mauvaise foi absolue, tout le monde en convient, même Natalee. Néamoins, l'idée de devoir raconter ce qu'il s'était passé à un professionnel de la santé mentale lui plaisait autant que d'aller se promener toute nue près d'une tanière d'acromantules.

« M'en fous, j'irais pas. »

Grogna-t-elle en grimaçant. Plutôt que de chercher à raisonner une blessée qui, déjà en temps normal, était dotée d'une tête de mule, Jared eut le bon sens de ne pas insister et d'aller chercher quelque chose dans la poche de son blouson. Natalee le suivit du regard, curieuse. C'était fou ce que tout pouvait être divertissant, même le plus banal des gestes, lorsqu'on savait qu'on risquerait de se faire chier pour les douze prochaines heures qui suivraient. Un éclat gourmand passa dans les yeux de la lycane lorsqu'elle aperçut le sac de confiserie. Le déjeuner tout fade qu'on lui avait servi n'avait pas vraiment comblé son estomac, et avait carrément échoué à produire la moindre excitation au niveau de ses papilles. Un bon truc calorique à souhait ne risquait pas de lui faire de mal. Néanmoins, cette phase de réjouissance mourut bien vite, lorsque la question qui tue tomba. Elle laissa Jared se rassoir en lui adressant un sourire aussi fade que l'était la bouffe de l'hôpital, et tripota nerveusement la boite à meuh qu'elle tenait encore entre ses mains. Comment se sentait-elle ? Elle n'en avait aucune idée. Son corps était encore tendu, fragile. Elle se sentait malhabile, gênée par les fourmillements qui élançaient encore légèrement ses membres. Mais ce n'était certainement pas pour cela que s'inquiétait Jared ou du moins, pas seulement. Alors, comment se sentait-elle ? Natalee ne le savait pas elle-même et n'avait de toute façon aucune envie de répondre à la question de façon honnête. Alors, comme lorsqu'elle cherchait à se préserver d'une discussion qui promettait d'être difficile, ou de ses propres sentiments, elle choisit de faire l'imbécile. Elle lança un regard insolent à Jared, et retourna la boite qu'elle tenait entre les mains.
Meuuuuhh.
Un petit sourire mutin éclaira son visage, mais Jared y fut insensible : il lui attrapa la boite à meuh des mains comme on confisque un jouet à une enfant dissipée. Soit, elle devait bien se résoudre à être sérieuse et à se comporter en adulte responsable.


« Que veux-tu que je te dise... Les médicomages ne savent pas quand ils me laisseront ressortir, et je ne sais même pas si je serais capable de reprendre le travail un jour. »
Lâcha-t-elle de but en blanc, sans plus regarder son équipier.
« J'ai encore le goût de la mort dans la bouche et ma mémoire menace à présent de prendre le dessus sur l'oubli. L'infirmière a dit que d'ici quelques heures, ou quelques jours, selon la façon dont je me remet, les souvenirs reviendront. Et ce sera brutal. Je commence déjà à entrevoir des choses, mais je n'en suis pas vraiment sûre, c'est comme si j'avais rêvé tout ça. Plus vite je me souviendrais, plus vite je sortirais, mais en même temps, je ne suis pas sûre de vouloir me rappeler la façon dont j'ai été... »
Elle poussa un soupir en détournant le regard en direction de la fenêtre.
« ...torturée. Enfin, peu importe, ça fait plaisir de pouvoir mettre autre chose que des chemises de nuit pourries. Je n'ai juste pas le droit de mettre de pantalon, il paraît que ça risquerait de rouvrir les cicatrices. »

Inévitablement, il avait fallut qu'elle dédramatise pour évacuer l'angoisse que suscitait le mot qu'elle avait prononcé. Torture. Oui, elle avait été torturée. Elle ne se souvenait plus des sorts qu'elle avait subi, ni même à quel moment elle avait ingurgité le poison dont on avait dû la soigner, mais peu à peu, les émotions revenaient. L'angoisse, la peur, le soulagement, les pensées qu'elle avait adressé à chacun de ses proches, à Jared. Elle n'osait plus lui adresser un regard, mais elle se força néanmoins, malgré ce qu'il lui en coûtait.

« Je... »
Prononça-t-elle, sans être sûre de ce qu'elle voulait lui dire.
« Je ne sais pas comment tu as pu me retrouver, j'ai du mal à réaliser ce qu'il s'est passé, mais je ne me sens pas la force d'en parler maintenant. Quand je pense aux seules images qu'il me reste, j'ai juste envie de me jeter du lit et de me casser une patte sur le carrelage. »
Sourit-elle.
Ce n'était pas du tout ce qu'elle avait eu envie de dire, au final. Elle aurait voulu trouver une façon de lui exprimer sa reconnaissance, un bon mot qui les sortent de cette situation embarrassante où les non-dits pesaient sur leur cœur. Mais comment dire à une personne toute l'affection qu'on lui portait, comment exprimer ce que l'on ressentait pour l'autre depuis des mois, des sentiments qu'on avait combattu avant de se rendre compte, vaincu, qu'on ne pouvait rien y faire, sans tomber dans un triste mélodrame qui ne leur ressemblait pas ? Pourtant, maintenant qu'elle avait passé le cap le plus difficile, elle aurait voulu lâcher un peu la bride à ses émotions, en toute confiance. La dernière fois qu'elle l'avait fait, elle s'était pris une gifle monumentale. Cela remontait à l'époque où elle avait été mordue, et qu'elle avait avoué, en larmes, à son ami de l'époque ce qu'elle avait vécu. Le type avait pris ses clics et ses clacs, effrayé à l'idée que celle à laquelle il avait offert un temps son cœur soit devenue une loup-garou sanguinaire. Depuis, Natalee préférait collectionner les histoires sans lendemain plutôt que de prendre le risque de montrer qui elle était. Jared, lui, le savait, mais c'était bien pour cela qu'ils demeuraient amis. Cela semblait clair dans l'esprit de la lycane. C'était du moins ce qu'elle se forçait à se dire maintenant qu'elle n'était plus à deux doigts de mourir noyée dans son propre sang.


« Au fait... J'espère que je ne t'ai pas raconté trop de conneries cette semaine, malgré tous les propos délirants qu'on me rapporte ? »
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyDim 13 Mai - 12:35:58

Les infirmières n'auraient certainement pas approuvé le passage en contrebande d'un sachet de bonbons suffisant pour rassasier toute une classe de collégiens, mais Jared s'en contrefichait. Quel était le risque ? Même si quelqu'un s'apercevait qu'il incitait Natalee à faire une entorse – voire une fracture – au régime qu'on lui imposait, personne ne lui ferait la moindre remontrance. On ne réprimande pas un convalescent, parce que c'est mauvais pour sa santé, et on ne réprimande pas un héros, parce que ces petites choses-là sont susceptibles. Double position de force dont l'Ecossais ne trouvait pas déplaisant de profiter. C'était bien la première fois qu'on usait d'autant d'égards en s'adressant à lui que s'il avait été Sa Majesté soi-même la reine d'Angleterre, et le moins que l'on pût dire était que cela changeait : d'habitude, comme tout lieutenant chez les Aurors, il était aux premières loges pour les engueulades. Ainsi le voulait la hiérarchie : du ministre au dernier gratte-papier du Ministère, chacun soufflait consciencieusement dans les bronches du gonze situé juste au-dessous de lui dans l'organigramme, et la grosse machine administrative fonctionnait ainsi. Les lieutenants des Aurors étaient un rouage essentiel de cette grande chaîne de soufflons, car il était rare qu'on n'eût pas quelque chose à reprocher à leurs ouailles – Emmerson avait même trouvé le moyen de dire, avait-on rapporté à Jared, qu'il aurait pu éviter d'éborgner Valère Araley car cela rendait le cadavre absolument impossible à présenter à la presse. Cet abruti lui en voulait toujours, et d'autant plus qu'il n'était plus question d'offenser le héros du moment en le convoquant à un conseil de discipline. Grant eut un petit sourire en pensant à tout cela, tandis qu'il déroulait patiemment un paquet de ficelles à la pomme : Natalee n'était pas au courant de ces péripéties, il y aurait probablement de quoi l'amuser en les lui racontant. À condition qu'elle commence par répondre aux questions, évidemment. Elle avait commencé à se rembrunir dès que son ami avait commencé à évoquer ce que l'on désignait, entre Aurors, sous le nom de code de « cousinade ». La lycane était vraiment à côté de la plaque : elle ne semblait pas se souvenir que Kirkby avait eu la joie de servir d'appât dans cette sale histoire, et qu'il s'en était tiré dans un état qui laissait croire qu'il avait servi d'animal de laboratoire. Jared s'était joint au groupe d'Aurors qui était allé interroger le repenti sur son lit d'hôpital ; lui n'avait pas perdu la mémoire, et avait raconté avec force détails comment Araley était venu le cueillir chez Ollivander, comment il l'avait forcé à confectionner une baguette magique pour sa fille – mauvaise nouvelle – et comment, ceci fait, il s'était mis à le torturer en lui expliquant que cette fois, « la louve » ne trouverait pas de moyen de lui échapper. Les souvenirs de James étaient d'une précision étonnante, et les médicomages devaient l'assommer à coups de potions pour qu'il puisse fermer l'oeil ; malheureusement, lorsque la mémoire reviendrait à Natalee, elle aussi devrait affronter des images insoutenables.

En attendant, sa technique de diversion était pitoyable. Un meuh prolongé avait répondu à la question de Jared, comme si Natalee pouvait croire qu'il allait s'en contenter. Mais il en avait fait parler de plus coriaces qu'elle... Il lui confisqua l'objet, avec un soupir excédé, et le posa sur la table de nuit. Comme il accomplissait ce geste, le dragon fondit sur sa main pour essayer de lui mordre les doigts. La photographie de Tétanos se déchaîna et se mit à feuler furieusement pour protester contre l'agression de la main nourricière. L'Auror ôta sans mal le dragon qui s'accrochait mais n'avait ni dents ni griffes, et le balança avec force contre le mur. C'était la seule façon d'avoir la paix, avec ces trucs-là. Le geste semblait burlesque, alors que Natalee répondait enfin, sur un ton lourd. Grant tourna la tête vers elle, et lui adressa un sourire :

-Bien sûr que tu vas reprendre le boulot...Tout le monde compte sur toi. Et moi le premier.

Néanmoins, il comprenait son inquiétude. Lui aussi avait été tourmenté par des souvenirs assez indigestes, et il lui arrivait encore de se réveiller, la nuit, en entendant le cri de douleur de Valère. L'odeur du sang lui était devenue insupportable, au point que le simple fait d'entrer chez son boucher préféré avait failli le faire vomir... La perspective de se farcir un rumsteck de quatre centimètres d'épaisseur, après les mixtures infâmes de l'hôpital, était pourtant enthousiasmante, mais la vue de toute cette barbaque sanguinolente avait donné la nausée à Jared. Les souvenirs tendaient cependant à se faire moins envahissants, à mesure – même s'il lui en coûtait de l'avouer – que les séances chez le psychomage faisaient leur effet. Il murmura donc, pour rassurer sa collègue :

-Tu sais, le psychomage, c'est chiant mais ça permet quand même de se libérer l'esprit. Moi aussi, au début, je ne voulais pas penser à tout ça... mais les images étaient bien là, et ça m'empêchait de dormir. Maintenant, je dors mieux, et je vais bientôt arrêter les potions. Tu devrais réfléchir avant de faire ton caprice et de dire que tu veux pas aller chez le psy.

Il eut un sourire dubitatif sur le mot « réfléchir », comme l'expression d'un doute infime sur la capacité de Natalee à mettre ce verbe en pratique, juste pour la faire rager. Il fallait qu'elle reprenne l'habitude des petites moqueries qui faisaient le quotidien des Aurors ;Jared était convaincu que cela l'aiderait à surmonter le traumatisme, en renouant avec le fonctionnement usuel du QG. Elle avait déjà sa pile de cadeaux idiots, au cas où elle viendrait à oublier qu'elle travaillait avec une bande de débiles profonds ; les médicomages avaient encouragé ce déferlement de conneries en tout genre, affirmant que l'idéal pour la convalescente serait de retrouver au plus vite son cadre de vie habituel. Et lorsqu'on travaillait chez les Aurors, le cadre de vie habituel, c'était tout un poème, comme on n'avait pas tardé à le voir avec l'irruption de tous ces objets plus ou moins adaptés à la situation.

Natalee continuait de parler, expliquait qu'elle n'avait pas le droit de porter de pantalons. Jared se souleva à demi pour la regarder, et lança :

-Elle te va bien, cette robe... Je ne l'avais jamais vue avant. Finalement c'est pas mal qu'on t'interdise les pantalons !

Quelle hardiesse le prenait de s'aventurer à de tels compliments ! Jamais, auparavant, il n'avait risqué la moindre sortie sur ce terrain hautement périlleux, même les fois où Lee portait des fringues du tonnerre (oui, oui, ça arrivait). Il se contentait d'un regard appréciateur et s'interdisait d'aller plus loin, comme si une simple phrase allait le conduire à la perdition – d'ailleurs, les gars veillaient au grain, dans leur désir de marier les deux lieutenants, et le moindre mot aurait eu des conséquences incalculables.

L'Auror faisait éclater l'emballage d'une Chocogrenouille lorsque Natalee lui demanda si elle n'avait pas dit trop de bêtises les jours précédents. Il éclata de rire et répliqua :

-Tu as dit ton quota, mais je ne vais pas tout te répéter... Tu m'as demandé au moins vingt fois de t'aider à t'enfuir, et puis... ah oui... il y a Emmerson qui est venu te voir, je ne sais pas pourquoi, et tu as dit qu'il y avait un petit lutin velu à côté de ton lit et qu'il fallait le faire partir. C'était le jour des lutins, remarque, juste après tu as dit que la fille Benson était un lutin de Cornouailles... Oh, regarde, j'ai eu ta carte de Chocogrenouille... Natalee Shevelin, spécialiste des lutins en milieu hospitalier... poursuivit-il en lui tendant une carte représentant non pas sa collègue, mais Dumbledore.

Il se leva précipitamment pour échapper aux représailles, et reprit :

-En parlant d'Emmerson, tu es au courant qu'il voulait me passer en conseil de discipline ? Je l'ai traité de tous les noms et je lui ai dit que j'allais lui faire une tête s'il continuait à nous les râper... Il n'a pas aimé. Manque de bol, ça s'est passé l'après-midi juste avant... Bref, le temps qu'il ponde son rapport, il n'était plus question de m'emmerder avec un conseil de discipline.

Comme quoi Valère Araley avait pu servir à quelque chose au moins une fois dans sa misérable existence...
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyLun 21 Mai - 19:43:00

Un élan de culpabilité et de malaise envahit Natalee lorsque Jared lui retourna un regard rassurant, ponctué d'un sourire. Bien sûr qu'elle reprendrait le travail, assurait-il. Tout le monde comptait sur elle. Il comptait sur elle. Natalee détourna furtivement le regard alors qu'elle se rendait compte que son ami ne l'avait pas du tout comprise. Bien sûr qu'elle se remettrait assez physiquement pour reprendre le travail, et, selon lui, mentalement aussi. Mais ce n'était pas du tout de cela qu'elle parlait. Natalee n'était plus sûre de trouver la force en elle pour continuer son métier d'auror, ni le frisson qui évacuait la peur de risquer sa vie chaque jour. L'idée de ne pas sortir entière d'une mission et de mourir avant même d'avoir véritablement vécu la hantait depuis la fin de la guerre. Elle essayait, tant bien que mal, de prendre davantage plaisir aux moments qu'elle passait hors du QG, elle invitait plus souvent des amis à dîner, ou à prendre un verre. Parfois, même, elle trouvait plaisir à crapahuter dans les rues de Londres à la recherche d'une tenue plus ou moins décente à se mettre sur le dos. Mais ce n'était pas suffisant, et elle ne trouvait jamais assez de temps pour se vider totalement l'esprit. Ophelia avait déjà une famille alors qu'elle était plus jeune qu'elle, elle nageait dans le bonheur malgré ses hautes responsabilités. Est-ce que le problème venait véritablement du travail ? Elle l'ignorait, mais avant que Valère ne débarque dans sa vie, elle avait déjà rédigé sa lettre de démission. Ce malheureux contretemps lui avait fait remettre à plus tard cette lourde décision, et elle n'y avait plus pensé lorsque, des mois durant, elle s'était usé la santé sur le cas Araley. Mais à présent que c'était terminé, maintenant qu'elle avait frôlé de peu une mort terrible, les questions resurgissaient, plus vives que jamais. Mais voilà, Natalee ne s'était jamais confiée à ce sujet, pas même à son plus proche ami. À vrai dire, elle se rendait compte qu'elle ne s'était quasiment jamais confiée à personne. Jared, même s'il pressentait beaucoup de chose grâce au lien fort qui les unissait, n'avait pas plein accès à ses doutes, à ses craintes et aux tribulations complexes de ses pensées. Il n'avait même pas conscience des sentiments qu'elle nourrissait à son égard. Un monde séparait la Natalee intérieure de celle qu'elle laissait apercevoir aux autres. C'était peut-être cela, plus que son travail prenant, qui la faisait se sentir irrémédiablement seule, et sa vie semblable à un néant total. Elle n'était pas de ces filles à se laisser aller aux larmes, ni de celles à partager de menus secrets dans l'intimité d'un salon. Elle se rendit compte, avec un peu de désespoir, qu'elle n'offrait rien d'elle aux autres, fussent-ils chers à son cœur.
Un sourire dépité passa sur ses lèvres, mais la lycane ne prononça pas un mot. Elle sentait son humeur virer à la morosité tandis que Jared reprenait la parole, pour lui conseiller de réfléchir davantage à l'aide d'un psychomage. Sa petite pique la fit à peine réagir, mais, lorsque Jared lui confia les effets bénéfiques que la thérapie avait sur lui, elle lui rendit son regard, une lueur d'inquiétude au fond de ses yeux d'ambre. Elle avait bien songé que son coéquipier devait être ébranlé par sa confrontation avec Valère, mais elle n'aurait jamais imaginé que ce salaud de mage noir, même mort, viendrait hanter ses nuits. Elle l'avait peut-être imaginé plus fort qu'il ne l'était, comme elle le pensait souvent des autres, en s'imaginant, alors, devoir se montrer plus solide encore. Mais Jared aussi avait ses faiblesses, et tuer un homme, fusse-t-il le plus impitoyable criminel d'Angleterre, n'était pas un acte anodin. Natalee tenta de lui adresser un regard rassurant et lui prit la main, qu'elle serra un court instant.


« Tu sais bien que je finis toujours par suivre tes sages conseils. Laisse-moi donc le plaisir de profiter de ma convalescence pour faire mon immature, tu sais bien que c'est mon activité préférée. »

Natalee lâcha la main de Jared, n'osant prolonger ce contact qui évoquait d'autres choses dans son esprit et qui la gênait passablement. Et, alors qu'elle se faisait cette réflexion, Jared eut la sournoiserie de lui adresser un compliment sur sa tenue, non sans laisser aller son regard sur son corps. Diantre ! Elle baissa les yeux sur ses jambes nues, et, instinctivement, les redressa dans un geste avorté pour se recroqueviller. Pourtant, son sourire s'était élargi et ses joues, jusqu'alors bien pâles, avaient légèrement rosies. Elle se sentait comme une gamine devant son premier amoureux, et en cela, elle se jugeait parfaitement ridicule.

« Qui sait, peut-être que j'y prendrais goût... »

Susurra-t-elle néanmoins, en rassemblant toute la hardiesse dont elle était capable. Son regard amusé captura celui de Jared, mais, la force d'aller plus loin lui manqua. Plutôt que de mettre en mots le fond de sa pensée, elle changea de sujet, faisant mine de s'intéresser aux propos absurdes qu'elle avait pu tenir pendant le reste de la semaine. Ce qu'elle appris lui fit aussitôt oublier son malaise. Elle éclata littéralement de rire lorsque Jared lui narra l'épisode avec Emmerson et quand il en rajouta une couche en se moquant d'elle, elle était trop hilare pour engager les moindre représailles contre lui. Son rire réveilla néanmoins ses douleurs, et il s'acheva dans une grimace tandis que sa main allait se poser contre ses côtes.

« Pauvre Emmerson, pour une fois qu'il fait preuve d'un peu de compassion pour son prochain... Mais avoue que ça lui va bien. Je me le suis souvent imaginé en lutin poilu lorsqu'il me pompait trop l'air... Je parie qu'il est parti en faisant la gueule, ce type n'a aucun humour ! »

Une expression un peu mesquine passa sur son visage, bien vite évacuée par la surprise lorsque Jared surenchérit à propos de ce gratte-papier d'Emmerson. Ainsi, il avait tenté de faire virer un des meilleurs aurors du Ministère ? Ce type était véritablement un fieffé connard.

« Ce mec est du genre a avoir manqué de pains dans la gueule, dans sa vie. Tu n'aurais pas eu à t'inquiéter de toute façon, tu fais du trop bon boulot pour qu'on t'emmerde avec un conseil de discipline. D'autant plus que tout le monde connait le larron, à force. »

Ce n'était pas totalement vrai, mais Natalee préférait renvoyer le compliment à son coéquipier plutôt que de rester dans la stricte réalité des faits. Si on se replaçait dans le contexte, il y aurait eu effectivement peu de chance pour que Jared réchappe à un conseil de discipline, d'autant plus que les politiciens n'attendaient qu'une occasion pour épingler les aurors, qui fournissaient trop peu de résultats à leur goût. La cavale de Valère, doublée ensuite par le cambriolage de Gringott's, les avaient tous mis dans une très mauvaise posture. Ils étaient ceux sur qui toutes les critiques retombaient et Natalee se souvenait que trop bien de toutes les fois où elle avait dû se résigner à se taire face aux remarques les plus acerbes. Le rôle de lieutenant était le plus ingrat parmi la hiérarchie des aurors, un genre de cadre qui se faisait cracher dessus par ceux venant du haut autant que du bas. Une chance que Jared et elle maîtrisaient leur équipe et celle du copain, autrement, ils se seraient certainement résolus à se cacher dans un trou en attendant qu'orage se passe.

« Mais si je peux te donner un conseil, permets-moi de te recommander de calmer ta joie. Tu vas finir comme moi, autrement. » Déclara-t-elle en adressant un regard malicieux à son ami. « Et Emmerson ne supportera jamais deux grandes gueules affublées de l'Ordre de Merlin... »

Sur ces mots, elle se redressa, lasse de demeurer allongée alors que Jared, lui, faisait le malin sur ses deux jambes. Ses pieds effleurèrent le carrelage impeccable de la chambre d'hôpital, et ses yeux, plein de défi, se posèrent dans ceux de Jared.

« Au fait, je ne t'ai pas dit, je tiens à peu près debout. ...Enfin, je crois. »

La mine concentrée, Natalee s'appuya du plat des mains sur le matelas et se leva tant bien que mal. Elle réprima une grimace lorsque ses jambes protestèrent et se redressa complètement, malgré les fourmis qui recommençaient à danser la gigue dans ses mollets. Elle se rattrapa néanmoins au mur, puis aux épaules de Jared, autant par nécessité que par envie.

« Alors, c'est qui le spécialiste des lutins maintenant ? »

Elle referma ses bras autour de la nuque de Jared et s'appuya le plus légèrement possible sur lui, puis glissa son visage dans son cou avec un naturel qui la déconcerta elle-même. Sa bouche bifurqua jusqu'à son oreille, tandis qu'un sourire s'y dessinait.

« Alors, tu m'aides à m'enfuir, oui ou non ? »

C'était un peu minable, mais c'était sa façon à elle de dire ce merci qu'elle ne pouvait prononcer sans se sentir ridicule. Les belles paroles n'étaient pas dans ses compétences, elle préférait largement le contact, et ce qu'il impliquait, sans qu'il ne soit besoin de mots.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyVen 1 Juin - 20:59:43

Eh bien, c'était quoi, cette tête ? La moue de Natalee, lorsqu'il avait parlé de reprendre le travail, n'avait pas échappé à Jared, mais il était bien loin de se douter de ce qui la motivait. Il croyait, tout bonnement, qu'elle doutait de ses capacités à retrouver assez de forme autant morale que physique pour revenir au QG... Une force de la nature comme elle, c'était absurde. Elle s'en remettrait, comme elle s'était toujours remise de toutes les péripéties, comme tous les Aurors s'en remettaient. Il n'y avait pas de doute à avoir sur ce point... Il fallait parfois un peu de temps après une mission musclée, mais chacun finissait par réintégrer le bureau des Aurors, et en état de marche ! Jared, d'ailleurs, espérait que son tour viendrait bientôt, tant sa petite bande de bras cassés lui manquait. Il avait été content, les premiers jours, d'avoir enfin le temps de faire certaines choses sans cesse repoussées – aussi diverses que confectionner un moka, aller chez le coiffeur ou réparer enfin le lave-vaisselle qui fuyait – mais à force, il devait bien s'avouer qu'il s'ennuyait ferme. Entre les rendez-vous chez le psychomage, les visites à Natalee et les train-train d'une vie d'homme au foyer, les journées filaient toutes pareilles. Parfois, son équipe, le prenant en pitié, s'incrustait chez lui pour le tenir au courant des dernières nouvelles, ou le conviait à assister à quelque interrogatoire, comme celui de James Kirkby qui avait eu lieu à Sainte-Mangouste. Il n'était pas censé participer à l'enquête, mais serait devenu fou s'il n'avait pu au moins être au courant de l'avancée des investigations. Son boulot était presque un sacerdoce pour lui (même si, curieusement, ça ne consolait pas M'man qu'il n'ait jamais voulu entendre parler de devenir prêtre) ; il n'aurait jamais envisagé de l'abandonner, alors qu'il était parfaitement conscient que ce boulot de con était largement responsable de son célibat tardif (encore un sujet de désarroi pour M'man, trente-trois ans et toujours pas de bague au doigt).

L'ignorance étant encore la meilleure façon de ne pas mettre ses grands pieds dans le plat, Jared ne s'appesantit donc pas sur la moue de Natalee, puisqu'il n'en décelait pas les véritables tenants et aboutissants. Elle était en convalescence, elle était fatiguée, elle doutait d'elle-même, c'était normal, point. Rien d'autre à signaler. L'Ecossais fit passer à sa collègue une dragée surprise de Bertie Crochue qu'il soupçonnait d'être au whisky (la version adulte des dragées surprise était fort sympathique) et lui adressa son regard n° 1 de collègue-raisonnable-qui-joue-au-papa :

-C'est vrai que pour faire l'immature, tu te défends... t'es désespérante, même. Un jour, il faudra sortir de l'âge bête, tu sais...

On était bien loin de sortir de l'âge bête et des émois adolescents, à en juger par le fard que piqua la lycane lorsqu'il osa un compliment sur ses vêtements. Lui-même s'était senti rougir un peu en prononçant cette phrase si terriblement osée – attendez, c'était aussi audacieux, à ses chastes yeux, que de lui proposer le gazon là sur le lit d'hôpital – et il jugea préférable de passer à autre chose. Emmerson. Natalee accueillit les révélations de son collègue d'un grand éclat de rire, qui s'acheva pitoyablement dans une grimace de douleur ; elle n'aimait pas plus Emmerson que Jared lui-même, mais la vérité devait être rétablie :

-Non, il n'est même pas parti. Il a appelé une infirmière pour dire qu'on te shootait trop, et il nous a tenu tout un discours sur les dangers des calmants trop dosés, comme quoi son grand-oncle avait failli se défenestrer en prenant sa perfusion pour un balai... Et il t'a même apporté un cadeau. C'était... sa main plana au-dessus du petit tas de présents débiles, et il en tira délibérément le sextoy canard en disant : ceci. Ah non, au temps pour moi, c'était ça, corrigea-t-il en prenant une sage boîte de chocolats que personne n'avait voulu ouvrir, au cas où, craignant que le félon n'ait empoisonné les confiseries.

L'évocation du conseil de discipline fit légèrement sourire Jared. Il l'avait échappé belle, tiens. Il songeait parfois à ce qui se serait passé si l'ami Valère n'avait eu la brillante idée d'essayer sa batterie de cuisine sur Natalee. Convocation, audience, mise à pied, voire licenciement. Un putain de bordel, évité grâce au pire criminel d'Angleterre (ouais parce que si on dit de Grande-Bretagne, il va prendre le melon, et dans son état ce ne serait pas bon).Ne résistant pas au plaisir de dire une bêtise, il murmura :

-Ouais... enfin, je crois que je dois une fière chandelle à ton cher cousin. Sinon, à l'heure qu'il est, je serais en train d'élever des escargots quelque part dans les Highlands...

La perspective d'être décoré, en revanche, le fit grimacer. Il avait oublié cette guignolade d'Ordre de Merlin... mais il faudrait y passer, on le lui avait certifié. Faire risette au Ministre, serrer des mains par paquets de douze, et avoir sa bobine dans la Gazette. La classe. Il se demanda un instant s'il oserait se pointer à la cérémonie en kilt, et se promit de consulter Natalee sur ce point essentiel. Pouvait-on exhiber ses mollets poilus dans une cérémonie officielle ? Les bonnes manières le permettaient-elles ? Natalee n'était peut-être pas une experte en belle éducation, mais au moins, ça pourrait les faire marrer cinq minutes. Et il avait terriblement envie de rire avec elle, il s'en rendait compte à présent.

Voilà, à présent, qu'elle voulait se lever. Elle avait un petit air de Bambi lorsqu'elle y parvint, et il s'approcha vivement, juste à temps pour qu'elle se rattrape à ses épaules. Il resta une seconde les bras ballants, ne sachant pas, en toute honnêteté, où poser ses mains, puis il se décida. Natalee avait entouré sa nuque de ses bras ; lui joignit ses mains derrière le dos de sa collègue, en les posant sur sa chute de reins. Ils avaient tout partagé depuis des années, comme un frère et une sœur, et la nouveauté de ce contact le fit frissonner. Cela avait quelque chose d'incestueux, mais il ne détestait pas le souffle de Natalee dans son cou, et ses cheveux sur son visage. Si quelqu'un venait à entrer à cet instant, on pouvait être certain que les Aurors s'empresseraient de publier les bans, alors même qu'il ne se passait rien de tendancieux entre les deux lieutenants, absolument rien, qu'on se le dise ! On a bien le droit, entre amis, de s'enlacer et de se murmurer des trucs à l'oreille en frémissant comme deux adolescents prépubères, sans que cela signifie forcément quelque chose, non ? Les yeux mi-clos, Jared écouta sa collègue – une simple collègue, oui, en tout bien tout honneur – parler encore d'évasion, et il répliqua dans un murmure :

-Non, je ne t'aide pas... Si tu crois que j'ai envie que tu reviennes squatter mon canapé, tu te mets le doigt dans l'oeil... et puis de nous deux, c'est moi qui suis censé être le plus raisonnable, tu te souviens ?

Il eut un petit rire à ces mots, et ajouta :

-Même que ta mère l'a dit à la mienne... Elles se sont croisées à l'hosto, et ta mère a dit que j'avais une bonne influence sur toi... c'est ton frère qui me l'a dit, il en rit encore, ce pourri... Et ça m'ennuierait que Madame ta mère perde cette bonne opinion de moi...

Tandis qu'il parlait, l'une de ses mains avait quitté le bas du dos de Natalee pour venir se poser sur sa nuque. Et soudain, mû par une inspiration soudaine, Jared Grant se laissa aller, en tout bien tout honneur, à poser ses lèvres sur celle de sa collègue. Une simple collègue, soyons clairs. Il n'y avait rien entre les deux lieutenants, et ce n'était pas demain la veille.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptySam 2 Juin - 18:55:36

Pauvre Emmerson. Personne ne l'aimait au QG, mais ce que lui avouait Jared réveillait le côté mère poule de Natalee – si on pouvait dire cela ainsi – qui eut pitié du pauvre diable. Elle rit, sourit devant la boîte de chocolats que le sous-secrétaire lui avait apporté, en pensant qu'il était peut-être un peu moins con qu'il le paraissait. Après tout, les aurors ne faisaient rien pour accepter les membres qui ne faisaient pas parti de leur institution. C'était une famille fermée, dans laquelle on entrait difficilement, et il fallait un habile sens de la diplomatie allié à une vraie connaissance de la nature humaine pour s'intégrer et travailler en harmonie avec des gens comme eux. Les aurors risquaient leur vie chaque jour, c'était des gens durs, qui n'aimaient pas recevoir de leçons de gens qui passaient leur semaine derrière un bureau. Leur engagement allait au-delà de leur contrat de travail, et c'était cet engagement qui les rendait si différents des autres employés du Ministère, qui les faisait apparaître à des années lumières du monde connu pour un gratte-papiers tel qu'Emmerson. En d'autres termes, Natalee était assez touchée du souci qu'il s'était fait pour elle, et qui lui conférait cette part d'humanité qui semblait tant lui manquer – mais qui était pourtant ô combien présente à ce moment là – lorsqu'il tournait comme un vautour affamé autour du QG. Il ne faisait que son métier, et son métier n'avait absolument rien de facile, lorsqu'on était confronté à la fois aux pires têtes de mule du Ministère et aux grands pontes de la politique.

« En fait, c'est peut-être pas un pain dans la gueule dont il a besoin... »

Murmura Natalee, avant d'adresser un regard complice à son collègue.

« Quand je sortirais de cet hôpital, je trouverai un moyen comme un autre de lui déchirer tellement la gueule qu'il ne saura plus comment il s'appelle. M'est avis que ça lui fera le plus grand bien ! »

Ricana-t-elle, juste avant que Jared ne fasse son trait d'humour à propos de feu le cousin Valère. Natalee lui renvoya un regard ambigu, où la réprobation se mêlait à un amusement forcé. Parler de son cousin ne la faisait pas du tout rire. Le souvenir nébuleux de Valère lui revint et elle frissonna. Elle savait néanmoins que Jared n'avait pas cherché autre chose qu'à faire de l'humour et elle passa outre. C'était inscrit dans les gênes des mâles que de faire des bourdes plus grosse que Big Ben. Alors, au lieu d'envoyer une mandale dans la gueule à son ami en criant « prescription ! » elle enchaîna elle aussi sur un trait d'humour pour lui rendre – à peu près – la pareille. À la grimace que fit Jared, elle sut qu'elle avait fait mouche. Un petit ricanement moqueur lui échappa, tandis qu'elle l'imaginait, tout comme elle deux ans plus tôt, passer à la casserole au milieu de tous ces grands bonhommes qui feignaient de l'admirer. La remise de l'Ordre avait été un grand moment de solitude pour elle. Se tenir droit, sourire, avoir l'air humble, grave, respecter les codes de la bienséance (et donc troquer le jean à trous pour la robe de cocktail), avaient été autant de détails qui avaient emmerdé Natalee. D'autant plus qu'elle savait recevoir l'Ordre non pas parce que c'était elle, mais seulement parce qu'elle avait fait parti de la rébellion. En somme, si elle avait agit seule dans son coin, jamais on ne lui aurait montré ne serait-ce qu'une once de reconnaissance. Cela n'avait donc pas d'importance pour elle. Mais si Jared recevait l'Ordre de Merlin, et ce serait sûrement le cas, il serait peut-être le seul médaillé à la cérémonie. Tous les regards seraient braqués sur lui.

« Ne t'inquiète pas, va. Je serai là pour te soutenir... »

Susurra-t-elle en lui adressant un clin d'oeil.
Et sur ces mots, Natalee décida de se lever, toute fière de montrer à son collègue qu'enfin, elle était assez en état pour tenir à peu près sur ses guibolles. Non, ceci n'avait pas été une excuse pour se prendre au cou de son collègue. Ou presque pas. Natalee savait bien qu'il n'y aurait rien entre eux de plus que ce qu'ils partageaient déjà. Elle ne se faisait pas d'illusions. Ou si peu. Ses mains s'accrochèrent autour de sa nuque, et les mains de Jared, elles, vinrent se poser sur la chute de ses reins. Elle se sentit frémir à ce contact si étrange, si nouveau. Tandis qu'elle chuchotait à son oreille, elle ne put s'empêcher de s'approcher davantage, pour mieux sentir le corps de son ami contre le sien, pour mieux profiter de cet instant d'amitié, ou d'autre chose, qui faisait battre son cœur avec plus de force. Elle envoya un regard de biche à son collègue, un regard de pur chantage affectif, lorsqu'il refusa sa proposition malhonnête, arguant qu'il ne désirait pas la revoir investir son canapé, sous le seul prétexte qu'il était le plus raisonnable des deux. Une réplique, un peu osée, lui vint à l'esprit, mais elle n'osa que se taire. Un sourire ponctué de sous-entendu se ficha néanmoins sur ses lèvres, mais elle se rattrapa aussitôt et baissa le regard. Non, Jared n'était qu'un ami. Qui pouvait désirer plus d'une fille comme elle ? Une lycane, qui se transformait en bête sauvage à chaque pleine lune ? C'était inimaginable. Personne ne voulait vivre cela. Personne n'avait envie d'aimer une femme avec laquelle il était impossible de fonder une véritable famille, parce qu'elle n'était rien d'autre qu'une malédiction ambulante. Jared méritait bien mieux qu'elle, même si elle savait qu'elle ne supporterait pas une seule seconde de le voir pendu aux lèvres d'une autre et que la tentation de squatter près de la porte de la belle un soir de pleine lune serait des plus tentantes.
Mais alors qu'elle se faisait ces considérations, alors que Jared lui racontait dans un murmure la rencontre de leur mère respective, la main de celui-ci remonta du bas de son dos jusqu'à sa nuque, et elle se sentit frissonner comme une adolescente en émoi. Un petit sourire, un peu timide, ponctua les derniers mots de son ami, mais elle n'eut pas le temps de lui répondre. Avant qu'elle n'ait le temps de se rendre compte de ce qu'il se passait, elle sentit un contact chaud et humide contre ses lèvres. Par réflexe, elle ferma les yeux, mais son esprit, lui, analysait tout surpris la situation. Elle était en train d'halluciner. En fait, les calmants n'avaient pas fini de faire leur effet psychotrope. Jared n'était pas en train de l'embrasser. Si ? Si. Elle sentait sa main caresser sa nuque, leurs lèvres se joindre, s'effleurer, elle sentait le parfum de sa bouche l'envahir, le souffle tiède de sa respiration l'effleurer. Alors, les questions, les doutes qu'elle se posait, les réserves auxquelles elle se résignait, s'effondrèrent. L'une de ses mains glissa dans les cheveux de Jared, tandis que l'autre, en douceur, glissait dans l'échancrure de son cou, pour venir caresser son épaule. Elle prolongea ce baiser, vint chercher avec plus d'ardeur sa bouche, sa langue, comme si elle craignait qu'il puisse être le dernier. Elle n'avait aucune envie que cela s'arrête, et tout son corps parlait pour elle. L'une de ses jambes s'éleva légèrement, venant effleurer celle de Jared, tandis que l'émotion et le désir la submergeait. Alors, lorsque cela en devint intolérable, et lorsqu'elle se souvint qu'ils étaient dans une chambre d'hôpital, elle rompit leur baiser en reculant légèrement la tête.


« Raisonnable, disais-tu ? Que dirait ma mère si elle te voyait profiter de la faiblesse de sa pauvre fille blessée... »

Susurra-t-elle, non sans penser que sa mère, en réalité, sauterait au plafond. Ce que Natalee, d'ailleurs, avait bien envie de faire à l'instant. Mais au lieu de quoi, elle vint chercher à son tour la bouche de Jared et l'embrassa de plus belle, grisée par le premier contact et laissant, enfin, libre court aux sentiments qu'elle lui portait.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyMar 12 Juin - 21:25:56

-Jared, mon garçon, tu dérailles méchamment, déclara, l'air revêche, le petit ange en kilt posté près de l'oreille droite de l'Auror. On était bien d'accord, Natalee est une amie, seulement une amie.
-Une amie ! ricana le petit démon, en kilt aussi, qui se prélassait nonchalamment sur l'épaule gauche de l'Ecossais. Comme si on pouvait être ami avec une femme ! L'amitié entre homme et femme, ça n'existe pas, tous les bons magazines féminins te le diront.
-Tu ne t'es pas demandé si elle avait envie d'être plus qu'une amie, renchérit l'ange.
-Allez, tu ne vas tout de même pas pas l'engueuler, pour une fois qu'il prend une initiative ! railla le démon. Et en plus, elle n'a pas l'air de détester ça.
-Je te l'accorde. Mais justement ! Elle sera très malheureuse, après ça, si vous revenez sur la saine voie de l'amitié. Tu lui donnes des illusions, et ce n'est vraiment pas honnête de ta part.
-Pas honnête ? Et pourquoi, je vous prie ?
-Parce que tu sais très bien que tu n'es pas mûr pour vivre avec une femme, pour avoir une histoire d'amour. Tu as toujours fui les histoires d'amour. Pour ma part, tout ange gardien que je sois, j'ai toujours pensé que tu finirais vieux garçon. Et puis, sois franc, tu te sens prêt à vivre ta première vraie histoire avec une lycane ?

Jared eut envie d'étrangler l'ange avec son auréole. Pour un coup bas, c'était un fameux coup bas. Heureusement, le démon riposta :

-S'il ne le voulait pas, tu crois qu'il l'aurait embrassée ? Il n'était pas obligé, tu sais... Entre nous, ça fait des années qu'il a compris que ce serait elle. Il faut vraiment être bigleux comme un petit ange à moitié déplumé pour ne pas s'en rendre compte. Jared, mon bonhomme, je suis fier de toi !

Le débat menaçait de s'éterniser, en pure perte. Jared tenta de virer les deux petits voyeurs, en fermant les yeux, en se concentrant sur ce qu'il éprouvait. Il tenta de profiter de chaque infime sensation – leurs souffles se répondant, les lèvres de Natalee s'imposant sur les siennes, sa main parcourant sa peau... Mais l'ange reprit de plus belle :

-Tu fais une belle connerie, Grant. Tu n'as pas fini de regretter.
-Je ne vois pas en quoi ça te gêne qu'il trouve enfin une fille bien,
répliqua le démon avec à-propos. Lycane ou pas, on s'en fout. Continue, Jared, fonce, je me charge de l'emplumé !
Et le démon, joignant le geste à la parole, attrapa l'ange par la peau du kilt (Fou) pour le forcer à abandonner la partie. Jared eut encore le temps de voir le démon lui adresser un clin d’œil, le pouce levé, puis plus rien – plus rien, hormis la certitude qu'il était en train de faire ce qu'il fallait. Natalee avait rompu le baiser, juste le temps de lui demander ce que sa mère penserait de son attitude de vil séducteur, puis elle se remit à l'embrasser. Elle y mettait une fougue qui le surprenait ; c'était la première fois que quelqu'un l'embrassait de la sorte, comme s'il était quelqu'un d'important, quelqu'un de vraiment désirable. À vrai dire, personne ne l'avait embrassé depuis ses dix-huit ans – depuis la douloureuse histoire, puis la non moins douloureuse rupture avec une jeune mégère, qui l'avait tant rabaissé qu'il avait fini par intégrer l'idée qu'il n'avait rien à attendre des filles, et qu'il ne méritait de toute façon pas leur attention. Il avait alors commencé à fuir les histoires un brin sérieuses, comme il le faisait encore jusqu'à aujourd'hui, et s'était contenté de coups d'un soir, avec le confort qu'apportait la certitude de ne jamais se revoir.

Mais avec Natalee, c'était différent. Car ils se reverraient, et elle pourrait alors lui jeter à la face tous ses défauts, comme l'avait fait cette fille lorsqu'il avait dix-huit ans. C'était proprement terrifiant. Embrasser une fille, la baratiner, coucher avec elle, c'était facile tant que c'était sans lendemain... Si l'on envisageait quelque chose de plus long que quelques heures, cela devenait vertigineux. Et pourquoi pas des mois, des années, aussi ? Pourquoi pas éprouver autre chose qu'une bestiale envie de baiser, pourquoi pas avoir juste envie de passer du temps avec elle... C'était ridicule, décréta-t-il – en s'abandonnant tout de même au baiser de Natalee.

Elle avait paru surprise de son initiative, mais à présent, elle n'était pas en reste – voire, elle menait la danse. Il se rappela une blague qui courait le QG, qui consistait à surnommer Natalee – en son absence – « la femelle alpha », et il eut envie de sourire. Peut-être, après tout, ces idiots d'Aurors n'avaient pas eu tort... Sa main se perdit dans les cheveux de la jeune femme, et l'autre, après une hésitation, descendit un peu pour se poser sur ses fesses. C'est qu'il commençait à avoir envie de plus que d'un baiser, si passionné fût-il – mais ils étaient à l'hôpital, et elle était encore convalescente... Un léger bruit, du côté de la porte, les fit sursauter, et ils se séparèrent prestement, comme s'ils craignaient d'être surpris ; mais personne n'entra, et ils se détendirent doucement. Jared esquissa un sourire, et, un peu à retardement, répondit à la vanne de Natalee, en venant parler tout près de son oreille :

-Ta maman devrait savoir que les Ecossais sont des êtres sans foi ni loi... des suborneurs qui profitent de la faiblesse des jeunes et pures demoiselles pour attenter à leur vertu...

Sa langue s'égara sur le lobe de l'oreille de Natalee, et il ajouta dans un souffle :

-Mais il y a des jeunes filles qui ne détestent pas les hommes sans manières... et de toute façon, nos mères sont déjà en train de fixer la date de notre mariage. Je m'en voudrais de les décevoir...

Une demande en mariage ? Presque. Une première tentative d'approche, juste pour voir... Car une vraie demande viendrait, Jared en était certain à présent – mais dans un cadre un peu plus chouette qu'une chambre d'hôpital, avec le grand jeu, le genou en terre, la bague de fiançailles... et le courage d'envisager le mariage autrement qu'en manière de plaisanterie. Finalement, cela risquait d'être le plus compliqué de toute cette affaire.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyLun 25 Juin - 15:04:07

[Hj : Désolée pour la taille et la qualité, comme tu le sais j'essaie de m'y remettre après toutes ces "petites" contrariétés...]


Bon Dieu de merde, et en plus, il embrassait foutrement bien.
Toute trace de doute et de crainte était maintenant passée, comme si ce qu'il se produisait était tout simplement la suite logique de la relation que Natalee entretenait avec Jared. Et pourtant, était-ce bien normal de s'embraser fougueusement lorsqu'une minute auparavant, on était que de simples amis et collègues ? Que l'on se connaissait depuis des années, que l'on avait vécu ensemble quelques mois, sans qu'il ne se passe jamais rien ? Mais, jamais rien vraiment ? Les blagues qu'ils s'étaient lancés, s'imaginant vivre ensemble, les rires qui s'étaient transformés en regard que l'on détourne, gênés à l'idée de l'envisager sérieusement, au fond de soi, n'étaient-ils pas la preuve qu'ils se considéraient depuis longtemps autrement que comme de simples amis le font ?
Non, c'était inévitable, et c'était heureux. Jared avait toujours été le seul à apprécier Natalee telle qu'elle était, avec sa montagne de défauts sous lesquels il voyait, malgré tout, ses qualités alors qu'elle même n'en était pas capable. Il ne l'avait pas repoussée, ni ne s'était éloigné, le jour où il avait appris qu'elle avait été mordue. Il avait même été là pour lui payer des verres lorsqu'elle lui avait raconté la façon dont elle s'était fait mettre à la porte par le gars avec qui elle projetait d'emménager définitivement. Aucun de ses collègues, ni de ses amis, n'avait géré la nouvelle aussi bien que lui. Il y avait eu des moments de froid, de gêne, des regards fuyants, avant que l'on se rende compte qu'elle prenait toutes les précautions pour ne pas mettre en danger la vie d'autrui, avant qu'on se rapproche à nouveau d'elle lorsqu'on remarqua qu'elle était au bord du gouffre et qu'elle se punissait bien assez elle-même de l'imprudence qui l'avait conduite à la malédiction. Elle avait protégé la vie d'un enfant de six ans, elle s'était sacrifiée pour éviter un sort atroce à un innocent, et c'était bien ce pourquoi on avait finalement décidé de faire preuve d'ouverture d'esprit. Le temps avait joué pour beaucoup, aussi, car de tous ceux qui n'avaient jamais accepté d'avoir une collègue lycane, la plupart avaient pris leur retraite ou était morts en mission ou pendant la guerre. Et, bien sûr, l'Ordre de Merlin qu'elle avait obtenu avait fini de lisser ses relations avec les autres. Cela n'avait jamais été le cas avec Jared. Peut-être parce qu'il avait moins de préjugés que les sang-purs ou les sorciers venus de familles entièrement composée de sorciers.

La main que posa Jared sur ses fesses la tira définitivement de ces sortes de considérations. Ce n'était pas bien. Pas bien du tout. Ils étaient à l'hôpital, et ils risquaient de se faire surprendre à chaque seconde. Il suffisait qu'une infirmière pénètre dans la chambre pour s'enquérir de l'état de sa patiente, ou pire, que sa mère débarque, ou bien plus atroce, que leur bande de chiens galeux d'officiers fassent irruption au beau milieu de leur étreinte et s'en serait fini de leurs langoureux échanges. Natalee sursauta lorsque quelque chose ou quelqu'un fit du bruit près de la porte et fut rassurée de constater qu'il ne s'agissait que d'une fausse alerte. Néanmoins, cela sonnait comme un avertissement. Ils ne pouvaient pas céder complètement à leurs pulsions au beau milieu d'un espace public, si ? Jared ne semblait pas vraiment l'entendre de cette oreille, à la façon dont il vint susurrer des choses à son oreille d'une voix enjôleuse. Natalee ne put réprimer un soupir lascif ainsi qu'un frémissement, lorsqu'elle sentit les lèvres puis la langue de l'auror effleurer le lobe de son oreille. Il avait certainement décidé de la torturer, elle ne voyait pas d'autres explications. Un léger rire lui échappa pourtant lorsque Jared parla de mariage, et elle recula légèrement la tête pour le regarder dans les yeux.


« Si un scélérat d'Écossais attente à ma vertu, je serai bien obligée d'accepter sa main... Mais ne crois pas que je sois le genre de fille dont tu parles, ce n'est pas du tout mon genre... »

Un sourire plein de promesses glissa sur ses lèvres, et ses mains demeurées jusqu'alors autour du cou de Jared se laissèrent lentement choir sur ses épaules, puis sur son torse. Le désir qu'elle ressentait lui avait apparemment fait oublier sa faiblesse, car lorsque ses doigts s'accrochèrent à la ceinture de Jared, elle demeura parfaitement droite, les pieds fermement ancrés sur le sol. Un petit éclair de défi brilla dans ses yeux d'ambre lorsqu'elle recula en le tirant à elle, jusqu'à rencontrer le rebord du lit. Le soulagement qu'elle ressentit à s'assoir sur le matelas lui sembla très lointain, à des kilomètres derrière sa libido titillée par les manières indécentes de Jared. Natalee se redressa pour venir effleurer les lèvres du sorcier tandis que ses jambes venaient piéger les hanches de Jared tout contre les siennes.

« Ou si peu... » Continua-t-elle, en passant sans vergogne ses mains sous le tee-shirt du lieutenant. « Tu auras peut-être ta réponse si tu fermes cette porte... »

Convalescente ? Et alors ? Natalee n'avait jamais été raisonnable, surtout lorsqu'on la cherchait. Et Jared s'était montré particulièrement audacieux. Elle avait déjà assez de mal à se retenir de le jeter sur le lit après des mois à s'être retenue, elle n'allait tout de même pas ignorer le désir qu'elle sentait croître en Jared en faisant écho au sien. Ç'aurait été criminel.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyMer 11 Juil - 20:47:20

Depuis combien de temps étaient-ils sur ce lit, simplement allongés l'un contre l'autre, immobiles, silencieux ? Les secondes filaient avec la lenteur des moments de grâce, et aucun des deux Aurors n'osait esquisser le moindre mouvement, de peur de rompre cette harmonie. Ils avaient oublié l'odeur écoeurante de l'hôpital, un mélange de potions et de propre excessif, ils avaient oublié les bruits du couloir. Jared avait verrouillé la porte avec un sourire de défi, un siècle auparavant, lorsque Natalee le lui avait suggéré en caressant son torse sous son T-shirt ; pour faire bonne mesure, il avait ajouté un petit sort d'insonorisation, et ils n'avaient plus eu qu'à espérer que personne ne vienne frapper...

Mais personne n'était venu, et personne ne semblait vouloir venir. Tout l'hôpital respectait leur bien-être, leur attention à prolonger ce moment... Aucune infirmière n'avait tenté d'entrer, la mère de Natalee demeurait absente, de même que leurs bras cassés de collègues. Que n'importe laquelle de ces personnes entre à cet instant, et ce serait l'apocalypse. L'infirmière serait outrée qu'une convalescente se prête à de telles acrobaties, tout à fait déconseillées à une personne encore couturée de partout. La mère de Natalee tomberait dans les pommes, et les autres Aurors pousseraient des hurlements de triomphe en voyant Shevelin, la tête au creux de l'épaule nue de Grant, ses doigts jouant avec ses cheveux. Dans tous les cas, la publicité serait suffisante pour que tout le monde magique soit au courant qu'entre les deux lieutenants, il y avait un peu plus que de la simple estime. Jared savait qu'il faudrait que les gens sachent tôt ou tard, mais il n'avait pas envie que cela arrive si vite. Il voulait pouvoir profiter de moments de ce genre-là en compagnie de Natalee, humer en silence l'odeur de sa chevelure, laisser le bout de ses doigts tracer la courbe de sa nuque... Ensuite, lorsqu'il aurait fait le plein de ces sensations, il pourrait affronter le reste : les reproches des médecins, le harcèlement de sa mère, les railleries de ses collègues, les regards de travers aussi – car il était certain qu'il y en aurait : d'aucuns, au Ministère, ne voyaient en Natalee qu'un dangereux hybride, un être contre-nature dont on tolérait la présence, mais qui n'avait pas tout à fait les mêmes droits que le commun des mortels. S'afficher avec elle reviendrait à accepter de subir les mêmes regards qu'elle, porter une part de son fardeau. Il le savait, mais il aurait besoin d'un peu de temps pour oser assumer ce qu'il ne parvenait même pas, à cet instant, à s'avouer à lui-même : il l'aimait. Le mot sonnait étrangement niais, et il se sentit rougir lorsqu'il s'en rendit compte ; ce fut comme un signal, et il se décida enfin à bouger. Délicatement, il repoussa la tête de Natalee, et quitta le lit ; en vitesse, il enfila ses vêtements et ses chaussures, et remit de l'ordre dans ses cheveux, pour éviter de donner des soupçons aux personnes qui pourraient entrer. Car le calme ne pouvait pas durer éternellement, il s'en rendait bien compte...

La robe de Natalee avait échoué en boule sur le sol. Il la ramassa, la défroissa tant bien que mal, et revint vers sa collègue (il s'obstinait à penser à elle comme à une collègue, bien que depuis une heure, ce ne fût plus le cas) en lui murmurant :


-Lee... Il va falloir remettre ça... On va se faire joliment engueuler, sinon...


Les guérisseurs n'approuveraient certainement pas leur comportement. Il lui semblait déjà les entendre, ces braves gens : inconscients ! Vous voulez rouvrir ses plaies ! Vous ne pouvez donc pas vous retenir ? Vous êtes donc pires que des bêtes ? Non, ils n'avaient pas pu. Même elle, avec ses blessures encore à vif, et qui la faisaient manifestement souffrir par moments. Les gens sensés ne pouvaient pas se rendre compte, avec leurs conseils raisonnables et leurs principes... Ils n'avaient pas pu se retenir et pourtant, il n'y avait rien eu de bestial. Jared n'avait jamais rien vécu d'aussi beau, d'aussi pur que ce moment d'abandon. Il aida Natalee à enfiler sa robe, lui donna un dernier baiser, et se rassit sagement sur son coin de lit, comme un visiteur normal, avant de lever les sorts qui les avaient protégés. Le sachet de bonbons avait été opportunément abandonné sur la table de nuit ; Grant le plaça entre eux et y piocha quelques confiseries tout en demandant :

-Ça va, tout ça ?


Il avait fait un vague geste vers les blessures de Natalee, ne pouvant se résoudre à prononcer le mot « plaies » à ce moment-là. Inutile de redescendre trop vite en rappelant la triste réalité – à commencer par ces blessures qui allaient certainement valoir à la lycane quelques jours supplémentaires à l'hôpital. Jared recracha une Dragée surprise de Bertie Crochue au goût de foie, la jeta adroitement dans la corbeille (il était le meilleur de son équipe pour marquer des paniers, au QG) et fit sur un ton malicieux :

-Dire que ce n'était pas ton genre de céder à un scélérat d'Écossais... Les pures jeunes filles ne sont plus ce qu'elles étaient, on dirait. Et c'est pas plus mal, d'ailleurs,
conclut-il dans un murmure à l'oreille de Natalee.
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MessageSujet: Re: Même pas mal ! [Terminé]   Même pas mal ! [Terminé] EmptyMer 26 Sep - 1:33:11

La mine paisible, les yeux clos, Natalee planait d'une toute autre façon que celle des derniers jours. Le sentiment de béatitude qui l'avait envahit n'avait plus rien à voir avec les potions qu'elle était forcée d'ingurgiter chaque jour, ni avec les calmants que lui avait donné un peu plus tôt – soit une éternité auparavant – l'infirmière. Le front calé contre l'épaule de Jared, elle se sentait bien. Le calme avait repris ses droits sur les émotions variées et intenses qui avaient traversé la lycane.
Un mois plus tôt, elle aurait eu du mal à croire qu'elle envisageait même l'éventualité d'avoir des rapports plus qu'amicaux avec Jared. À présent, cela lui apparaissait comme une évidence, et elle acceptait la situation avec autant de sang-froid que lorsqu'elle avait combattu ces dragons, à Gringott's. Un sang-froid que Natalee gardait pour les moments où elle risquait sa peau mais qu'elle ne parvenait jamais à retrouver lorsqu'il s'agissait de sentiments. Du moins, jusqu'à aujourd'hui. Il avait seulement suffit d'un peu d'audace. Et le monde entier – ou du moins l'hôpital – semblait respecter l'élan de courage et de sincérité des deux aurors et leur offrait, en guise d'hommage, un moment de tranquillité et de silence bienvenu.
Elle ne pouvait plus douter qu'elle l'aimait et son intellect, vaincu, se laissait assaillir par les sentiments qu'elle éprouvait, contemplant avec fascination ces émotions nouvelles qui emménageait en elle avec autant de sûreté que si elles avaient toujours connu cet endroit là. Ce cœur qui battait, résolument en vie malgré tout ce qu'il avait traversé.

Faire l'amour avec Jared était au-delà de tout ce qu'elle aurait pu s'imaginer. Malgré ses blessures et ses douleurs, le simple fait de sentir la peau de Jared contre la sienne, de voir leur corps s'épouser, avait comblé un manque qu'elle s'était cru, jusqu'alors, résignée à dédaigner. Celui de se sentir aimée, d'être l'objet de gestes tendres et de désirs. Après tout, elle aussi y avait un peu le droit, n'est-ce pas ? Elle avait le droit d'aimer et d'attendre de l'être, car c'était tout ce à quoi l'humain aspirait. Et malgré sa malédiction, malgré sa réticence à s'imaginer en couple, Natalee était tout ce qu'il y avait de plus humaine. Ses doigts glissèrent en douceur sur la peau nue de Jared et elle soupira, sentant l'apathie s'associer au sentiment de quiétude qu'elle ressentait. Le moment qu'ils venaient de partager, en plus des potions qu'elle avait pris un peu plus tôt, faisaient leur petit effet. Elle sentait le sommeil proche de la gagner, et elle n'avait pas tant envie de résister. Elle pressentait qu'il serait bien agréable de s'endormir entre les bras de Jared.

Mais tandis qu'elle se faisait cette réflexion, un sursaut de ce dernier la sortit quelque peu de sa torpeur. Elle redressa légèrement la tête, qui sembla tout à coup peser une tonne, et adressa un regard ensuqué à son ami – qui était, désormais, un petit peu plus que cela. Quand il sauta hors du lit comme si un doxy l'avait piqué pour remettre ses vêtements, la lycane se redressa et lui jeta un regard interloqué, ou palpitait derrière l'éclat d'ambre de ses iris un soupçon de crainte.
Quoi ? Regrettait-il déjà de s'être livré à ses passions avec son amie ? Venait-il soudain de réaliser qu'il avait couché avec une lycane, collègue de surcroît ? Difficile de revenir en arrière, à présent que le mal était fait, mais il était facile de se trouver des excuses. Natalee lui en trouvait déjà une bonne dizaine, sans même y réfléchir. La joie de la retrouver dans un état autre qu'en planage total, leur sentiment commun de solitude, la fin d'une affaire qui avait pris la tournure d'une histoire digne d'un film d'aventures, l'ambiguité dans laquelle les moqueries perpétuels de leurs collègues les plongeaient, forçant les deux lieutenants à s'imaginer des sentiments que l'un d'eux, peut-être, ne ressentait pas. Je vous passe le reste, car la liste est longue.
Et merde. Boulet. Un sentiment de malaise la submergea, mais il fut heureusement vite balayé. Déjà, Jared revenait vers elle et lui présentait sa robe en lui offrant un conseil plutôt avisé : il était temps de se rhabiller, et reprendre le rôle qu'ils jouaient, tels des acteurs géniaux, depuis quelques temps déjà. Celui de bons amis et collègues qui n'avaient absolument pas fait de galipettes dix minutes auparavant. Un sourire se ficha sur les lèvres de la lycane tandis qu'elle lui prenait la robe des mains. Il avait raison, c'était en effet plus sage. Pour l'heure, Natalee ne se sentait pas la force de savourer les fins quolibets made in Aurors.

Elle se laissa aider par Jared avec plaisir, savourant une dernière fois le contact de ses mains sur sa peau dénudée et glissant les siennes dans le cou de Jared lorsque celui-ci lui offrit un baiser. Merlin merci, son délire de tout à l'heure n'avait été que la preuve ultime de sa tendance à la paranoïa. Elle se serait mordu les doigts de le voir partir comme un voleur, et elle ne doutait pas qu'elle aurait encore été assez bonne poire pour ne pas le lui reprocher et l'accepter avec résignation. D'entre ces deux scénarios, Natalee préférait largement celui où Jared n'éprouvait pas le moindre regret.

Ses dernières et viles inquiétudes passées, Natalee le laissa reprendre sa place habituelle, et piocha elle-même dans le sachet de bonbons une fraise au cœur de suçacide dont la saveur piquante la fit frissonner. La vache, elle avait oublié à quel point ça déchirait, ce machin là. Une grimace au bord des lèvres, elle avala tout rond ce bonbon du Diable tandis que Jared, de son côté, recrachait sa dragée au foie. Lorsque le goût relevé de la friandise s'adoucit, elle daigna répondre à la question de son collègue.


« Assez pour ne rien regretter. »

Rétorqua-t-elle avec une lueur amusée dans le regard. En vérité, ses plaies l'élançaient mais elle n'y prêtait plus la moindre attention. Pour l'instant, elle s'en fichait bien. Natalee avait assez souffert de blessures en tout genre pour parvenir à faire abstraction des égratignures qui lui restaient. Aussi grosses étaient-elles, ces égratignures.
Un rire contenu lui échappa à la remarque taquine que chuchota Jared dans son oreille.


« En revanche, les écossais demeurent fidèles à leur réputation... pour mon plus grand plaisir. »

Les deux aurors échangèrent un long regard, qu'elle allait ponctuer d'un dernier baiser quand la porte s'ouvrit sans qu'on ne prenne la peine de frapper. La lycane se recula et détourna les yeux, mais le petit sourire qui flottait sur ses lèvres la trahissait. Fort heureusement, l'équipe de larrons qui débarqua avec ses gros sabots étaient trop occupée à faire une entrée bruyante et stupide à coups de « Surpriiiiise ! » et autres salutations fort à propos dans une chambre d'hôpital pour le remarquer. Lee haussa imperceptiblement les épaules en relevant un regard enthousiaste en direction de son équipe au grand complet. Bah, tout moment de paix avait une fin. Puis, il fallait bien l'avouer, ces corniauds d'aurors lui avaient manquée.
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