Prise de tête et de coeur [Akiko] [T]

Les vacances de Noël s’étaient plutôt bien passées, en tout cas selon les critères de Nikolaï. A savoir qu’Alekseï avait été trop occupé à essayer sa nouvelle batte de pro pour s’occuper de lui et que son père était étrangement heureux. Certes Mikhaïl n’avait jamais été d’un naturel renfrogné, au contraire c’était même un bon vivant mais force avait été de constater que durant la durée des vacances il rayonnait. Son plus jeune fils avait rapidement déduit que les affaires devaient marcher comme il le voulait car le patriarche de la famille s’absentait de plus en plus souvent et pour des périodes de temps extrêmement longues. A vrai dire, la famille ne se réunissait au complet que pour les repas et encore chacun s’empressait de retourner vaquer à ses affaires dès le dessert terminé. Mikhaïl et Lev s’enfermaient dans le bureau du premier, Natalia s’en allait préparer sa prochaine réception pour le réveillon, Alekseï retournait s’entraîner et Nikolaï, lui, se rendait dans sa chambre où l’attendaient Cendres et une nouvelle catastrophe en perspective.

Le réveillon néanmoins avait été des plus pesants. En effet, Natalia avait invité tout le gratin russe à passer la soirée et grâce aux joies du transplanage rares étaient ceux qui avaient refusé. Et, bien évidemment, ils étaient tous venus avec leurs fils et bien plus problématique leurs filles. Or, si Alekseï avait pris un malin plaisir à jouer les Casanova avec les plus âgées, Nikolaï s’était senti extrêmement mal à l’aise. En particulier lorsque l’une d’entre elles, un an plus âgée que lui et drôlement entreprenante, fille du principal promoteur immobilier de Moscou avait commencé à lui faire du rentre-dedans. Il avait bien tenté de lui expliquer qu’il n’était pas intéressé mais rien à faire, elle s’accrochait. Et, pendant ce temps, lui ne pouvait que se figurer le pétillement du lilas des yeux d’Ara. Il avait d’ailleurs fini par dire à la sangsue qu’il était casé, ce qui n’avait pas eu l’air de la refroidir plus que ça -elle avait même semblée d’autant plus intéressée, autant vous dire que le Serpentard avait vu la fin de la soirée et le départ de la demoiselle arriver avec soulagement-, mais qui, par contre, lui avait fait ressentir à lui un million de papillons dans le ventre. Après tout, on ne pouvait pas décemment dire qu’il était casé. A vrai dire, il ne savait pas trop où il en était avec la jolie Gryffondor. Il était assez clair qu’il éprouvait plus que de l’amitié pour sa partenaire de Potions mais de là à dire qu’il l’aimait, il y avait un monde. Il s’était donc promis d’interroger la seule personne en qui il avait confiance pour ce genre de questions, à savoir Akiko. Il avait bien pensé un instant questionner Isaac puis s’était dit qu’il s’agissait d’une très mauvaise idée, il n’était pas prêt à entendre les conseils que risquait fort de lui donner son ami.

C’est ainsi que quelques jours après la rentrée, alors qu’ils étaient assis à un bord de la table des Serdaigle, profitant du fait qu’ils n’avaient pas Métamorphoses pour cause d’absence du prof, l’adolescent avait pris son courage à deux mains et avait posé la question fatidique.

-Dis comment tu as su que Rupert c’était le bon ? Que ce que tu ressentais pour lui c’était plus que de l’amitié ?

Oh Merlin ce qu’il se sentait idiot à poser pareille question ! S’il avait su comment faire, il aurait bien lancé un sort d’insonorisation autour d’eux pour s’assurer que personne ne suivrait leur conversation, mais c’était bien au-dessus de ses capacités magiques. Heureusement qu’à cette heure du matin, la Grande Salle était plutôt vide. Enfin, quoiqu’il en soit, il fallait qu’il ait sa réponse parce que ça n’allait plus des derniers temps. La question le travaillait en permanence. Lorsqu’il n’était pas en train de courir après Cendres, il s’interrogeait sur ses sentiments pour Ara. Et ça en devenait vraiment handicapant. Parce que s’il lorsqu’il avait acheté son cadeau de Noël, il savait parfaitement qu’elle avait une place à part dans son cœur, il ne s’était pas interrogé plus au-delà sur ses motivations. C’était une super amie et il avait voulu lui faire un super cadeau, sauf que maintenant il commençait à douter de ses motivations. Ne cherchait-il pas plus et surtout, bien plus inquiétant, était-il le seul à le chercher ou bien la jolie griffonne partageait-elle ses sentiments ? Parce que c’était bien joli de se prendre la tête sur ce qu’il ressentait pour elle mais, si c’était à sens unique, il préférait tout oublier avant qu’il ne soit trop tard pour faire demi-tour. Après tout, les couples griffon/serpent ne courraient pas les couloirs alors il ne voulait pas s’amouracher d’elle si c’était pour se faire renvoyer ses sentiments à la figure par quelque personne mal intentionnée. A savoir qu’il pourrait sans problème faire face aux idiots de ce genre s’il se savait épaulé par Arabella mais si elle était d’un avis différent du sien, c’était une toute autre histoire. Sauf que la question à mille gallions c’était : « Est-ce qu’il n’était pas déjà trop tard pour vouloir ne pas s’amouracher de la Rouge-et-Or ? ».

Akiko avait pu noter quelques faits différents à la rentrée de ces vacances de Noël, qu'elle avait passé à Poudlard comme l'année précédente avec son cher petit ami Rupert Turner, en profitant un maximum pour partager ce temps précieux avec lui qu'ils n'arrivaient pas toujours à mettre en place en raison de leurs cours très différents question horaires - le lion était en quatrième année, elle seulement en deuxième année - et la petite Serdaigle avait tout pour dire qu'elle avait passé de très bonnes vacances, loin de la pression familiale paternelle, à l'abri des murs infranchissables de l'école de sorcellerie écossaise, parmi les autres élèves, au sein de son second foyer, bien que l'absence de son meilleur ami se soit fait un peu sentir. Mais bon, Rupert en profitait bien lui aussi - elle avait maintenant conscience du malaise présent entre les deux jeunes gens au delà des rancœurs de leurs maisons - et donc la petite demoiselle avait tout pour être heureuse. Elle filait le bonheur absolu avec Rupert - bien que leur relation reste très romantique en raison de leur jeunesse assez remarquable, un amour vraiment pur, originel et platonicien en ce sens - et avait été enchantée en découvrant ses présents sous le sapin de sa maison. Autant le dire franchement, elle avait été aussi stupéfaite que ravie extrêmement touchée par l'attention de ses amis, connaissances et parents "adoptifs de coeur", et avait croisé les doigts pour que ceux qu'elle avait envoyé à ces derniers puissent leur plaire tout autant. Le courrier de Arabella Waldon en particulier lui avait extrêmement plu car très inattendu - les deux jeunes demoiselles ne se connaissaient guère en dehors d'être deux amies communes de Nikolaï M; Dmitriev, son meilleur ami d'origine russe - et Akiko s'était promit de renvoyer un présent à la griffonne dès que possible. Son meilleur ami aussi avait été très original, et l’œuvre d'art de glace enchantée trônait fièrement sur sa table basse, hors de portée de la folie de son chat noir, Salem, et protégée par des enchantements que les aînées avaient gentiment performé pour elle - pour une fois qu'ils prenaient conscience de son existence en dehors des repas du soir, du Quidditch et de la fin d'année à l'annonce des meilleurs scores - donc à l'abri de tout accident possible. Elle avait reçu aussi un joli bonnet et paire de gants de sa "grande soeur de coeur" Lavande, ce qui l'avait drôlement enchanté. Bref, tout cela pour dire... "a really good and fantastic merry christmas !"

Elle n'avait sinon rien fait de spectaculaire - sinon dépenser son temps libre avec Rupert dès que possible, passer un peu de temps avec ses rares amies et amis présents sur l'école dans la période de vacances, s'entraîner avec acharnement au Quidditch - vu la détermination de sa collègue noir et jaune et amie Ambrine Illunia, elle devait mettre les bouchées doubles pour ne pas décevoir les autres membres plus âgés des aigles de l'école - et la plupart de temps, faire une activité guère surprenante de la part de Miss Akiko Velon, deuxième année chez les bleus et bronze... BOSSER. Bah oui. On ne changerait jamais une Akiko Velon sur ce point !

Elle était donc d'excellente humeur quand ~~la bise~~ la rentrée fut venue écourter ces quelques jours de pur bonheur bien enneigé et fut surprise de voir la perplexité continuelle de son meilleure ami, qui semblait très troublé. Naturellement, elle s'était fait du souci pour lui, et l'avait prié de lui dire ce qui n'allait pas. Au début, il niait le fait, mais - avec une parfaite inversion des rôles vis à vis de la discussion d'Octobre - Akiko avait réussi à lui faire comprendre qu'il devrait lui en parler, qu'il pouvait lui faire confiance. Je ne sais pas moi, elle se serait attendue à un truc du genre la famille, le frangin, des choses de ce genre... tout, mais certainement pas à cette question !

- "Dis comment tu as su que Rupert c’était le bon ? Que ce que tu ressentais pour lui c’était plus que de l’amitié ?"

Ouh là, rembobinez un peu la bande en arrière là ! Avait-elle bien entendu ce qu'elle venait d'entendre ? N'était-ce qu'un effet de son imagination certes aussi fertile que son intelligence ? Non... Non ? Nikolaï lui cacherait quelque chose ! La petite française eut des yeux argentés stupéfaits devant cette question, alors qu'ils étaient assis à la grande table des Serdaigle déserte de la Grande Salle pas très pleine à cette heure là - cours annulé pour eux, donc - et elle mit quelque temps à se remettre de la question surprise, voyant que son meilleur ami était sérieux, avant de reprendre la parole rapidement pour le rassurer , la voix un peu hésitantes et les joues légèrement roses alors qu'elle évoquait son petit ami :

- "Heu... c'est une drôle de question que tu me poses là ! Et bien... tu vois... après qu'il m'ait proposé de devenir sa cavalière pour le bal de Noël de l'an passé, on s'est drôlement rapprochés avant que je te connaisse. On était de très bons amis pendant un moment, il me rendait le sourire et j'appréciais sa présence. Il m'a beaucoup aidée et... mais je crois... que le bal en question fut l'élément déclencheur. Quand on a dansé. On a tous deux ressenti quelque chose de différent à ce moment là. Quelque chose qu'on ne comprenait pas. On a eu un peu peur, et Rupert m'a longtemps évitée sans raison, je n'ai pas bien compris pourquoi mais... je me doutais que quelque chose d'infime n'était pas habituel avec moi. Son absence me paraissait beaucoup pesante que d'ordinaire. Après... on s'est retrouvés par hasard dans la salle des trophées de l'école - il avait un exposé à faire sur les préfets historiques de l'école, moi je voulais juste aller voir à quoi ressemblait la salle - et... on s'est sentis encore plus mal à l'aise, heureux de se revoir, mais... étranges. C'était la première fois que je ressentais cela pour un garçon et j'étais profondément troublée, même en cours. Je le cachais mieux que lui, il n'était pas aussi assuré que d'habitude, et moi non plus. Je l'ai aidé pour ses recherches, il n'était pas du tout concentré, moi si pour rester maitresse de mes émotions encore diffuses à ce moment là. J'ai alors senti qu'un truc n'était pas normal entre nous et que cela parasitait notre amitié de base. J'ai horreur du contact physique mais là... les fois où il m'avait prise dans ses bras pour me consoler, je... je ne me suis pas débattue. En fait, étrangement, j'étais bien là. Sereine, en paix. On a essayé de nier tout cela un bon moment, mais ce jour là... tout s'est concrétisé ce jour là. Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question, ce n'est pas facile à répondre ! "

Consciente d'avoir parlé plus que coutume; la petite bronze et bleue s'empourpra légèrement de gêne et de sentiments pleins d'amour vers le griffon de son coeur - absent du moment, mais présent dans son coeur - avant de se pencher vers son meilleur ami avec une lueur curieuse et pleine de vivacité dans son regard perlé, un léger sourire aux lèvres :

- "Je suis étonnée que tu me poses cette question toutefois Nikolaï ! Tu m'aurais caché quelque chose ces derniers temps ? Si j'avais peur de ne pas trop m'avancer, je dirais que tu es dans le même état que moi l'an passé ! C'est vrai ? Allez, dis-moi tout, tu peux me faire confiance, je te promets que je ne dirais rien, pas même à Rupert ! C'est qui ? Hum... laisse moi deviner... ne serait-ce pas une certaine griffonne qui vient souvent aux mêmes cours que nous ? N'est ce pas ? Allez quoi, je suis ta meilleure amie quand même !"

Elle rit légèrement sous cape de la tête tirée par Nikolaï, avant de lui jeter un regard malicieux du genre tu-ne-sais-pas-comment-j'ai-eu-des-soupçons-et-je-ne-te-le-dirais-pas-de-mon-plein-grès-na-na-na-na-nèreeeeeuh ! Sauf si bien sûr c'était le cas et que le damoiseau lui posait la question. Certes, Akiko était observatrice, mais surtout elle avait indirectement et inconsciemment été aidée par l'un de ses éléments des cadeaux de Noël qu'elle avait reçu...

La tronche ahurie qu’Akiko lui servit et le silence pour le moins éloquent qui suivit sa question amenèrent Nikolaï à vouloir s’enterrer six pieds sous terre. Mais qu’est-ce qui lui avait pris de poser pareille question ? C’était indiscret au possible et particulièrement maladroit. Deux choses qu’il se gorgeait de ne pas être et pourtant il venait de prouver le contraire de manière éclatante. Il voulut lui dire de tout oublier, qu’il s’agissait d’une remarque sans importance, histoire de faire la conversation, mais les mots refusaient de sortir. Il était tout simplement mortifié d’avoir osé demander un truc pareil et ne put que baisser les yeux pour ne pas devoir continuer à affronter l’expression de surprise de son amie.

Pourtant à son grand étonnement, Akiko prit le temps de lui répondre et il se surprit à écouter son récit avec attention. A vrai dire, il s’était toujours interrogé sur comment Rupert et elle s’étaient mis ensemble. Car s’ils formaient sans doute aucun un couple parfait, ils étaient loin de se ressembler et le Serpentard s’était demandé plus d’une fois comment ils avaient pu finir dans les bras l’un de l’autre. Il but ainsi littéralement les paroles de son amie, retenant chaque détail et le comparant mentalement à sa propre expérience. Ara et lui étaient en effet également assez différents, pourtant ils s’entendaient à merveille. Il adorait sa bonne humeur perpétuelle et cette façon qu’elle avait d’envisager le futur avec optimisme, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Sans compter que sa maladresse et la façon qu’elle avait de rougir lorsqu’elle était gênée étaient positivement adorables. Il eut ainsi un flash-back de cette soirée passée à ses côtés dans les couloirs de l’école à faire plus ample connaissance. Il ne s’était jamais senti si vite en confiance avec quelqu’un, Akiko mis à part. Avec elle, il n’avait pas besoin de se préoccuper de la façon dont il réagissait, il pouvait être lui-même ça suffisait. Posé, narquois, secret, ironique, quel qu’il soit elle semblait ne pas en être spécialement affectée.

Les souvenirs lui tirèrent l’ombre d’un sourire, en particulier le moment où il l’avait découverte aux prises avec l’armure. Elle ne s’était pas prise au sérieux et avait ri de sa propre situation, il avait aimé cela. Mais, engoncé dans ses pensées, il ne se rendit qu’à moitié compte qu’Akiko en avait terminé avec son récit et qu’elle s’intéressait désormais à lui. Ce n’est que lorsqu’il remarqua son regard inquisiteur tout proche du sien et qu’il enregistra les questions qu’elle lui posait qu’il se rendit compte de ce qui se passait. Il était coincé, il ne pouvait plus reculer maintenant. La Bleue-et-Bronze ne le lâcherait plus jusqu’à ce qu’il lui donne ce qu’elle désirait. Et dire qu’il s’était fourré dans pareil merdier tout seul, comme un grand !

Gêné, il rougit légèrement ce qui, sur sa peau blafarde, se remarqua tout de même pas mal et se mit à fixer le bout de ses chaussures. Il était clair qu’Akiko l’avait percé à jour, cependant il ne savait pas trop quoi lui dire. S’il avait entamé cette discussion c’était bien parce qu’il ne savait pas où il en était, sinon il n’aurait pas eu tous ces problèmes. S’il avait été certain de ses sentiments, il serait allé se déclarer et puis basta. Quoique non, jamais il n’aurait osé faire un truc pareil. En fait, il se rendait compte que même s’il concluait qu’Ara lui plaisait réellement -et vu la direction que prenaient les choses, on s’y dirigeait lentement mais sûrement-, il ne serait pas sorti des ennuis pour autant. Enfin, il fallait qu’il fasse les choses les unes à la suite des autres, il aurait bien le temps de se préoccuper de comment tout déballer à Ara le moment venu, pour l’instant encore fallait-il qu’il soit sûr de n’être pas juste trompé par son propre cœur. Après tout, avant ce jour, il n’avait jamais porté d’intérêt particulier aux filles, alors il ne pouvait pas savoir s’il était vraiment amoureux, il savait juste qu’Ara lui faisait un effet que les autres filles non.

-C’est-à-dire que je sais pas trop, c’est bien le problème. Je suis bien obligé de reconnaître qu’elle ne me laisse pas indifférent mais c’est à peu près tout ce dont je suis sûr. Et puis, j’ai pas la moindre idée de ce qu’elle pense de moi, alors bon je veux pas me faire des films tout seul non plus, tu comprends ? Après tout, ça fait juste quatre mois et quelques qu’on se connaît, c’est pas comme si je savais tout d’elle. A vrai dire, si on s’était pas mis ensemble en Potions, je l’aurais peut-être même pas remarquée, tu sais comment je suis avec les gens. Il m’en faut beaucoup pour que quelqu’un retienne mon attention. Alors bon, je sais pas si c’est pas juste les circonstances qui font que … Bref, je suis paumé quoi.

Voilà il l’avait dit, trois mots qui résumaient parfaitement sa situation actuelle : « je suis paumé ». Il était un novice total dans les affaires de cœur et il avait bien peur que ça ne soit un peu trop compliqué pour lui. Alors, pour compenser le manque de maîtrise qu’il ressentait sur le moment, il se mit à jouer avec une mornille qui traînait dans le fond d’une des poches de son uniforme, la faisant tourner entre ses doigts avec dextérité. Il avait des années d’entraînement derrière lui, des années passées à écouter des gens faire des discours interminables aux réceptions auxquelles sa famille était systématiquement invitée avant leur départ précipité pour la patrie de Shakespeare et de la guerre des Deux Roses.

"C’est-à-dire que je sais pas trop, c’est bien le problème. Je suis bien obligé de reconnaître qu’elle ne me laisse pas indifférent mais c’est à peu près tout ce dont je suis sûr. Et puis, j’ai pas la moindre idée de ce qu’elle pense de moi, alors bon je veux pas me faire des films tout seul non plus, tu comprends ? Après tout, ça fait juste quatre mois et quelques qu’on se connaît, c’est pas comme si je savais tout d’elle. A vrai dire, si on s’était pas mis ensemble en Potions, je l’aurais peut-être même pas remarquée, tu sais comment je suis avec les gens. Il m’en faut beaucoup pour que quelqu’un retienne mon attention. Alors bon, je sais pas si c’est pas juste les circonstances qui font que … Bref, je suis paumé quoi."

Oh là, on parlait de la tête d'ahurie sortie par Akiko au début de l'échange mais celle de Nikolaï par la suite valait aussi son pesant d'or Douce et bienveillante, la petite aiglonne écouta avec un vif intérêt la réponse de son meilleur ami, poussant parfois ce dernier à continuer son propos avec gentillesse. Ah, le profil de la soupirée lui apparut petit à petit, confirmant son impression première qu'il puisse s'agir de Arabella Waldon, dit "Ara" pour les familiers. Elle eut un sourire de plus en plus prononcé, captivée par les paroles du serpy, amusée que ce soit lui qui lui demande des conseils et pas l'inverse comme d'habitude ces derniers temps avant de répondre avec patience et gentillesse, très intéressée par le sujet :

- "Qu'elle ne te laisse pas indifférent, c'est déjà quelque chose ! Tu devrais demander si c'est le cas de son côté, te fier à ton instinct et essayer de t'informer par tes moyens ! Mais je comprend ta réserve, toutefois, comme dit le célèbre adage français, qui n'essaye rien n'a rien ! Oh excuse moi, je te le traduis, c'est que quand je suis passionnée, le français revient me contaminer ! So... heu... Someone who never try wont' get anything ! Cela doit donner un truc comme cela je pense ! Puis vous faites franchement un super bon groupe en potions, vous allez trop bien ensembles ! Puis Quatre mois ! Attends quatre mois c'est quand même pas mal ! Quand on sait..."

La petite bleue et bronze se recula légèrement, les yeux d'argent perdus un moment dans ses pensées alors qu'elle calculait mentalement quelque chose, aussi avec ses doigts, avant de s'exclamer avec une mine réjouie et les joues légèrement rosies par les bons souvenirs alors rappelés à sa mémoire :

- "Tu vois... moi je ne connaissais Rupert que depuis trois mois quand on a décidé de sortir ensembles, alors... je pense que tu comprends ! Puis je ne connais pas Ara mais elle a tout l'air d'une fille bien à ce que j'ai pu voir et entendre sur elle ! Et tellement intelligente, je l'envies à bien des occasions ! Oh je suis ravie d'entendre cela, tu as très bien fait de m'en parler Nikolaï, tu as tout mon soutien ! Mais je pense sincèrement que tu devrais tenter ta chance ! Tu n'as rien à perdre, tout à gagner, et si tu laisses passer l'occasion, tu pourrais le regretter à jamais. Ce serait moche vraiment... et je n'ai pas envie de te voir triste, au contraire, tu es mon meilleur ami ! Et puis... si tu rêves trop en cours, je perdrais mon meilleur ennemi dans la chasse aux points ! Quoiqu'il arrive, je serais là si tu en as le besoin... c'est le rôle d'une amie, pas vrai ?"

Akiko émit alors un de ses si rares légers rires sincères, sauf en présence de ses plus proches amis où elle riait plus volontiers, avant de se reprendre et de darder un regard gris d'argent vif et étincelant sur celui de son meilleur ami. Elle voulait tout savoir maintenant - Grande Soeur Lavande avait du trop l'influencer en ce domaine - et demanda avec l'espoir d'en savoir plus tout en aidant de son mieux Nikolaï :

- "Tu as fais la connaissance de Ara quand en dehors des cours ? C'est depuis combien de temps que tu te poses la question ? En rapport avec quelque chose advenu durant les vacances de Noël ? Elle m'a envoyé un présent aussi, j'étais surprise ! Une photo super sympa, je pourrais te montrer tout à l'heure si tu veux ! Oh, cela me fait penser - avant de revenir sur le sujet de la question amoureuse te concernant - j'espère que... tu n'es pas trop déçu par ce que je t'ai envoyé. J'ai pris des risques, j'en suis consciente, mais je... j'espère que cela t'a fait plaisir quand même..."

Qui ne tente rien n’a rien ? Mouais et celui qui tente quelque chose a une chance monumentale de se ramasser le râteau du siècle. Or, au risque de vous choquer, Nikolaï préférait éviter d’en passer par la case « râteau », question d’ego si vous voyez ce que je veux dire. Non pas qu’il ait peur qu’Ara se révèle méchante ou désagréable, loin de là, il savait qu’elle n’était pas ce genre de personne mais il craignait par-dessus tout de voir son regard désolé si elle venait à refuser. Il avait horreur qu’on le prenne en pitié, c’était humiliant et bien plus difficile à surmonter que de la haine ou du mépris. On peut oublier les émotions négatives que les autres vous renvoient mais la pitié, elle s’accroche, se cache dans chaque sourire gêné, chaque regard fuyant qu’on vous lance. Quand les gens vous prennent en pitié, ils ne vous voient plus que comme un handicapé, quelqu’un à manipuler avec précaution, de peur de le briser, mais c’est justement ce comportement qui est le plus blessant. Il bousille toute une relation. Or, l’adolescent préférait largement en rester à son amitié présente avec Ara qui le comblait parfaitement plutôt que de risquer de tout faire capoter en faisant une demande qui, de toute façon, le gênait, mine de rien, atrocement.

Mais, d’un autre côté, certaines des paroles d’Akiko refusaient de s’effacer de son esprit. Elle trouvait qu’ils faisaient un bon duo en Potions, c’était bien la preuve qu’il n’inventait pas leur complicité, que les autres la voyaient aussi non ? Et puis grâce à elle, il se ridiculisait de moins en moins dans le cours du professeur Byrne, leurs potions étaient chaque semaine plus réussies. Sans compter, cette soirée passée en la compagnie de la jolie lionne, jamais il n’aurait pensé que le temps passerait si vite. Quand ils avaient regardé l’heure, le couvre-feu était passé depuis fort longtemps et devoir rentrer sans se faire attraper n’avait que renforcer leur relation. Et puis, il y avait eu le fameux réveillon. Ce fut enfin lorsqu’Akiko lui fit malicieusement remarquer qu’il était un peu absent en cours ces derniers temps qu’il finit par reconnaître qu’il était définitivement sous le charme de la Rouge-et-Or. Restait à savoir ce qu’il allait faire de cette information, parce que, très franchement, il se voyait mal retenir Ara à la sortie d’un cours pour lui balancer : « Au fait, depuis quelques temps je pense à toi super souvent, je crois que je suis probablement amoureux, ça te dit de sortir ensemble ? ». Et l’idée d’une demande romantique le mettait encore plus mal à l’aise. La seule chose qu’il maîtrisait c’était l’étiquette surannée et surfaite de la haute société, la meilleure façon d’inviter une fille à sortir il était loin de la connaître. Sans compter qu’il n’avait jamais embrassé personne lui et que l’idée de se ridiculiser le traumatisait pas mal vu qu’il était fort probable qu’Ara ait déjà eu un petit ami. Après tout, elle était mignonne et sociable, or, il en fallait moins à beaucoup de garçons pour se déclarer.

Il en était là de ses déprimantes pensées lorsqu’Akiko le fit rougir brutalement en lui demandant des détails sur ses sentiments. Il n’aurait jamais pensé une seule seconde qu’Akiko lui poserait ce genre de questions ! Il avait parfois tendance à oublier qu’elle était après tout une fille comme les autres et que les filles raffolent des histoires d’amour, encore plus lorsqu’elles sont contrariées. Sauf que lui n’avait aucune envie de s’appesantir sur le sujet, il avait réglé ses doutes, maintenant il devait se concentrer sur comment être fixé sur les sentiments d’Ara, un point c’est tout. C’était apparemment sans compter sur la curiosité de sa meilleure amie. Heureusement pour lui, elle lui tendit une perche qu’il s’empressa de prendre en relançant la discussion sur les cadeaux de Noël. Il sourit donc en repensant à son terrible chaton.

-Ecoute, je dois avouer que j’ai été surpris en ouvrant ton cadeau mais je ne le regrette pas du tout. Quand il m’a regardé, j’ai craqué. D’ailleurs, heureusement qu’il est adorable parce qu’il en a bien besoin pour se faire pardonner toutes les conneries qu’il fait. C’est dingue, il ne s’arrête jamais ! Je le lâche des yeux vingt secondes et il a déjà cassé un objet ou dérangé des papiers ou je ne sais pas trop quoi encore. Je n’ai jamais autant pratiqué le Reparo que depuis Noël. Ah au fait, je ne t’ai même pas dit, je l’ai appelé Cendres. Je sais c’est pas très original mais il avait l’air content donc ça m’a suffi.

Enfin, en réalité ça ne s’était pas vraiment passé comme ça. Il eut alors un flash-back de la soirée qu’il avait passée à essayer de nommer son nouveau compagnon et se souvint de toutes les sortes de noms débiles qui y étaient passés sans que le principal intéressé n’ait jamais l’air de se sentir concerné par la question. Jusqu’au moment où, à court d’idées, Niko avait proposé tout simplement Cendres et, là, le félin s’était retourné et, sans lâcher son nouveau maître des yeux, avait commencé à se nettoyer consciencieusement le corps, comme s’il assentissait enfin. Le Serpentard l’avait donc officiellement nommé ainsi.

-Et sinon, tu disais qu’Ara t’avait envoyé une photo, je peux la voir, ça m’intrigue, je ne savais pas qu’elle faisait de la photo. Pourtant, on s’est déjà raconté nos hobbies, c’est bizarre qu’elle ne m’ait rien dit.

En prononçant cette phrase il se rendit compte qu’il venait de faire preuve d’une jalousie assez flagrante. Et bah ça commençait mal cette histoire, s’il en était déjà à la phase « jalousie » alors qu’il ne s’était même pas déclaré, il était mal parti s’il comptait sortir un jour avec le griffonne. Oh mais pourquoi le simple fait de s’imaginer avec elle le faisait rougir ? C’était un comportement de fille ça m*** à la fin !

"Ecoute, je dois avouer que j’ai été surpris en ouvrant ton cadeau mais je ne le regrette pas du tout. Quand il m’a regardé, j’ai craqué. D’ailleurs, heureusement qu’il est adorable parce qu’il en a bien besoin pour se faire pardonner toutes les conneries qu’il fait. C’est dingue, il ne s’arrête jamais ! Je le lâche des yeux vingt secondes et il a déjà cassé un objet ou dérangé des papiers ou je ne sais pas trop quoi encore. Je n’ai jamais autant pratiqué le Reparo que depuis Noël. Ah au fait, je ne t’ai même pas dit, je l’ai appelé Cendres. Je sais c’est pas très original mais il avait l’air content donc ça m’a suffi."

Akiko eut un léger sourire amusé aux lèvres, alors qu'elle se souvenait de la journée durant laquelle elle avait été choisir le petit monstre, en compagnie de Rupert - comme souvent durant ces vacances d'hiver - et n'avait elle-même pas pu résister aux yeux que faisait le petit félin à son passage. Elle l'avait observé avec ses congénères, puis choisit car de meilleur caractère, et surtout dynamique à souhait ce qui allait mettre un peu de peps dans la vie de son meilleur ami. Un animal de compagnie était toujours de plaisante compagnie, et puis un félin, c'est beaucoup plus personnel et affectueux à ses yeux qu'un hibou, un crapaud, une souris ou encore une salamandre. La petite demoiselle était donc ravie d'apprendre que cela avait effectivement plut au vert et argent, et répliqua avec un rare entrain :

- "Je savais qu'il te plairait, mais cela me rassure de l'entendre de ta bouche ! J'espère que tes amis de dortoirs l'ont adopté s'il est aussi turbulent, je sais que j'ai eu des ennuis avec Salem sur ce point en première année. Mais je te rassure, normalement, ils se calment après quelques mois. C'est encore un enfant dans sa tête, sois patient et tiens bon en attendant. Cendres ? C'est assez original comme nom, simple mais original... tu verras on s'attache vite à ces petites bêtes là !"

Mais son regard d'argent montrait qu'elle n'avait pas totalement abandonné le précédent sujet, bien qu'elle n'en pipasse mot, elle attendait simplement que le vert et argent revienne dessus de lui-même. Ce qui ne tarda pas à advenir quand ils en revinrent à ses cadeaux de Noël à elle, et à celui que Arabella lui avait envoyé à sa grande surprise à elle, et visiblement à celle de Nikolaï. Toutefois le ton de ce dernier inquiéta un peu la petite française, qui hésita, restant silencieuse, interdite, avant de se reprendre avec une esquisse de sourire :

- "Et bien... ne t'en fâche pas ! Tu es donc bien amoureux d'elle à t'entendre... et bien, c'est son frère actuellement qui a prit la photo et Ara qui me l'a envoyée, j'étais extrêmement touchée. Si tu tiens tant à la voir... attends, je dois l'avoir sur moi... voilà !"

La petite demoiselle des bleus et bronze sortit alors de son sac d'école en bandoulière une photographie soigneusement protégée, qui témoignait d"une scène fort rare pour l'éternité. Un moment où, dans Poudlard, ils étaient en train de rire aux éclats, Akiko, Nikolaï et Rupert. De quoi, la française ne se souvenait plus, mais la photo lui avait fait chaud au coeur. Elle y tenait beaucoup, surtout quand on savait les tensions présentes entre le vert et argent qui était son meilleur ami et le rouge et or qui était son petit ami. Et au milieu de tout cela... elle, avec sa frêle silhouette. Parfois tirée entre les deux, et essayant de lier les deux bouts...

-L’adopter ? Avec sa bouille à croquer, il a totalement conquis le cœur d’Alix, quant à Isaac, il serait prêt à me le voler si jamais je voulais m’en débarrasser. Il a parfaitement su reconnaître le bon partenaire de méfaits. Le pire c’est que je ne suis probablement pas si loin de la vérité parce qu’en retour Cendres a l’air de l’apprécier pas mal. C’est peut-être aussi parce que, comparé à moi, Isaac ne lui gueule jamais dessus, qui sait ? Quoiqu’il en soit, je n’ai pas eu trop d’ennuis de ce côté-là. Même s’il m’a fait quelques frayeurs en traînant dans les affaires de Jason l’autre jour. Heureusement que je suis arrivé avant la catastrophe, parce que s’il avait bousillé un de ses cours de préparation aux Aspics, à mon avis il n’aurait pas spécialement apprécié …

Parce que s’il ne connaissait en réalité pas bien le septième année avec qui il partageait son dortoir, Nikolaï ne doutait pas une seconde que ce dernier devait tenir à la réussite de ses Aspics. Et souvent pour arriver à ce but, avoir des cours en un seul morceau était un plus. Certes un Reparo peut régler bien des problèmes, mais, par précaution, le troisième année préférait ne pas tenter le diable tout court. D’où la nécessité d’enfermer le petit monstre à poils dans une cage de transport lorsqu’il était en cours. Sans compter qu’il devait l’emmener se dégourdir les pattes dans le Parc le plus souvent possible. Comme quoi, contrairement à ce que tout le monde vous disait, les chats c’est aussi du travail. En tout cas à l’âge de Cendres. Parce qu’Akiko l’avait bien résumé, son chaton était juste un gosse avec un peu trop d’énergie à dépenser. Mais, il oublia bien vite tous ces détails pratiques lorsque la conversation revint sur Ara et qu’il fit une magnifique démonstration de jalousie.

Alors qu’Akiko restait silencieuse, il se traita de tous les noms dans sa tête. Ce n’était pas cette impression qu’il voulait donner de lui à sa meilleure amie. Maintenant elle allait croire qu’il était obsédé ! Mais, il était désormais trop tard pour se lamenter sur son attitude. Il n’avait pas su contrôler son cri du cœur, il n’avait plus qu’à assumer. Alors lorsqu’elle reprit la parole, il se contint pour ne pas rougir sous la constatation irréfutable : « Tu es donc bien amoureux d’elle ». Effectivement, il était un peu tard pour tenter de convaincre qui que ce soit -lui le premier- du contraire. Il se contenta de lui adresser un léger sourire d’excuse de lui être ainsi sauté à la gorge et s’empara de la photo avec curiosité.

Il fut surpris du degré de naturalité qui ressortait du cliché. Le photographe, le frère d’Ara apparemment -ça lui faisait d’ailleurs bien trop chaud au cœur pour que ce soit innocent de constater qu’elle ne lui avait pas caché une de ses passions, qu’il s’agissait du hobby de son frère-, avait un talent certain. Surtout pour avoir réussi à figer un instant aussi rare et éphémère qu’un fou rire entre Rupert, Akiko et lui-même. Si ses relations avec Rupert s’étaient un peu améliorées avec le temps, une certaine animosité qu’aucun des deux ne pouvait vraiment rationnellement expliquer s’était néanmoins durablement installée entre eux. Ils ne se détestaient pas, loin de là, mais ils ne s’appréciaient pas non plus. Ils ne faisaient que se tolérer pour le bien d’Akiko. Mais, de temps à autres, des moments comme celui représenté sur la photo avaient lieu, pour le plus grand plaisir de la jolie Serdaigle. D’ailleurs, il aurait été bien incapable de dire ce qui avait provoqué cette hilarité générale, mais finalement c’était encore mieux. C’était un de ces moments anodins qui faisaient le sel de la vie, un instant parmi d’autres mais qui se révèle particulièrement précieux pour un détail incongru. Un sourire presque attendri vint d’ailleurs se peindre sur les lèvres du Vert-et-Argent alors qu’il rendait la photo à sa légitime propriétaire.

-Elle est magnifique, je comprends qu’elle t’ait fait particulièrement plaisir. En tout cas, je suis agréablement surpris qu’Ara t’ait inclue sur ta liste de cadeaux. Mais, il faut dire qu’elle ne fait pas les choses à moitié. Je ne te raconte pas la surprise en tombant sur ses cadeaux le 25. J’avouerais que j’espérais bien recevoir quelque chose, surtout que sinon j’aurais eu l’air fin à lui offrir un cadeau si elle n’avait pas fait de même -j’aurais eu l’air bien trop impliqué dans notre amitié-, mais de là à imaginer tout ce qu’elle m’a envoyé, il y a un monde. J’ai eu droit à une boîte à musique russe magnifique avec à l’intérieur une superbe montre gravée de runes.

Il rougit un instant.

-Je ne la quitte plus à vrai dire.

Il montra alors son poignet pour confirmer ses dires.

-En fait, heureusement que mon cadeau a été à la hauteur en fait, maintenant que j’y repense.

Il se dit d’ailleurs que son cadeau était bien plus explicite concernant ses sentiments que ses paroles. On offre rarement un collier serti d’une semi-pierre précieuse à n’importe quelle fille. Inconsciemment, il avait déjà commencé à la regarder différemment au moment de ses achats d Noël. Enfin, ce n’était peut-être pas à sens unique ; après tout, il se souvenait mot pour mot de la lettre qui avait accompagné les cadeaux qu’elle lui avait envoyés -il l’avait lue un nombre de fois qu’il préférait ne pas ébruiter- et elle disait textuellement : « Bon ben... j'espère que ça montre que j't'aime bien? Beaucoup même. ». Ça voulait bien dire quelque chose non ? Ou alors il se faisait des films.

Akiko rit doucement au commentaire de son meilleur ami - elle imaginait trèèèèès bien la scène comme une grande - avant de répliquer d'une voix joyeuse et de bonne humeur, tout de suite plus à l'aise quand ses pairs bleus et bronze des années supérieures n'étaient pas là :

- "Ce sont les folies de la jeunesse ! Tu verras, il sera plus calme ! S'il s'ennuie vraiment, si tu veux, je pourrais voir si Salem peut lui tenir compagnie. Il n'est pas un ange, mais il s'est beaucoup calmé depuis l'an passé ! Oh t'inquiète, je ne pense pas que Cendres sera aussi terrible que lui, lui qui repoussait même miss Teigne, l'avait traumatisée ! Tiens, j'ai du lui courir après tant de nuits après le couvre-feu quand le tableau du Chevalier de Catogan ne faisait pas attention ! Une fois, cela aurait même put très mal se finir, Rusard rôdait, j'ai failli me faire prendre !"

Elle se souvint de sa terreur passée du moment, avant de reprendre en confiant cet épisode dont elle n'était pas très fière à son meilleur ami :

- "Et en filant Salem, pas loin de la salle de sortilèges, j'ai croisé un aîné de ma maison, James, qui est en quatrième année maintenant ! Lui voulait rendre un devoir qu'il avait oublié de rendre... qu'est ce qu'on a couru et qu'on a paniqué ! Surtout qu'à un moment il s'est tordu la cheville, je n'ai pas pu le laisser derrière, et il a détourné l'attention de Rusard pour que nous puissions ensemble prendre la fuite alors que j'étais terrifiée ! A cause de Salem.... mais je me suis fait un ami comme cela !"

Elle sourit légèrement tout en récupérant la photo, un peu de mélancolie dans son regard alors que les vacances étaient finies. Rupert et elle auraient moins de temps à passer ensemble, en raison de leurs cours respectifs... mais elle chassa rapidement cette pensée pour revenir sur les paroles du vert et argent. Elle eut un sourire malicieux en constatant la valeur des cadeaux, et rit doucement avant de commenter avec enthousiasme :

- "Ah là là, Nikolaï, des fois je me demande qui est le plus ignorant de ces choses de nous deux ! Et même devant de tels signes tu hésites encore... mais tu devrais justement foncer, moi cela me semble pourtant clair comme réponse, pas toi ? Réciproquement, on ne s'offre pas de tels cadeaux hors famille... sinon qu'on a une relation privilégiée ou qui va au delà de l'amitié, qui du moins en a le potentiel ! Tu réfléchis trop des fois, tu sais ?"

Bon d'accord, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité là, mais on s'en fiche, là on parlait de son meilleur ami, pas d'elle d'abord, nah !

-Ah là là, Nikolaï, des fois je me demande qui est le plus ignorant de ces choses de nous deux !

Bah c’était lui, aucun doute là-dessus. Elle sortait avec Rupert depuis presque un an, il n’avait jamais embrassé une fille, le calcul n’était pas très difficile à faire. A vrai dire, il se rendait même chaque jour un peu plus compte de sa déprimante ignorance en la matière désormais qu’il avait commencé à regarder les membres de la gente féminine comme autre chose que des êtres humains plus portés à la papote qu’à la bagarre. Maintenant qu’il constatait qu’elles avaient un corps fort différent de celui des garçons, un corps qui dans le cas de l’une d’entre elles en particulier était loin de le laisser indifférent, et bien tout changeait. Plus rien n’était simple, chaque parole, chaque geste prenait une dimension nouvelle et particulièrement stressante. Il avait la constante impression de marcher sur des œufs pour ne pas faire d’erreur et se présenter sous son meilleur jour devant Ara.

-Et même devant de tels signes tu hésites encore... mais tu devrais justement foncer, moi cela me semble pourtant clair comme réponse, pas toi ?

Si ça lui avait semblé clair, il n’aurait pas lancé toute cette discussion, elle ne pensait pas ? C’était son manque de confiance qui avait amené toutes ses embarrassantes confidences. Néanmoins, le fait qu’elle lui dise que les signes qu’il avait cru percevoir étaient réels lui réchauffa le cœur. Il n’était pas le seul à voir de possibles sous-entendus dans les cadeaux d’Ara, c’était rassurant. Car l’idée de se faire des films était particulièrement inquiétante. Il ne voulait pas souffrir en voyant une possibilité là où il n’y en avait pas pour ensuite voir ses espoirs réduits à néant. La suite des paroles de la Bleue-et-Bronze finirent donc de lui remonter le moral.

-Réciproquement, on ne s'offre pas de tels cadeaux hors famille... sinon qu'on a une relation privilégiée ou qui va au-delà de l'amitié, qui du moins en a le potentiel ! Tu réfléchis trop des fois, tu sais ?

Il sourit en entendant ces deniers mots. C’était vrai qu’il avait tendance à toujours à rejouer un scénario mille fois dans sa tête avant de le mettre à l’œuvre. Foncer sans réfléchir c’était loin d’être son style. Il avait toujours besoin d’être sûr qu’il ne risquait rien en se lançant dans une action. Cela l’avait même amené à louper quelques occasions mais il préférait encore cela à se retrouver dans une situation imprévue par manque de préparation. C’était l’héritage familial : on lui avait tellement inculqué de toujours avoir un coup d’avance sur ses adversaires qu’il prévoyait le moindre de ses gestes. Le risque étant parfois d’en être paralysé. Il répondit donc, quelque peu tranquillisé.

-Tu n’as pas tort sur ce coup-là. Je me lancerais donc la prochaine fois que je la vois. Mais on ne change pas un homme du jour au lendemain alors il va me falloir un plan sinon je sens que je vais perdre tous mes moyens. Déjà, même avec un plan ce n’est pas dit que je ne les perde pas alors sans, je préfère ne pas y penser. A ton avis, où est-ce qu’il vaudrait mieux que je lui demande ? Seuls c’est mieux ça c’est sûr, tant pour une question d’intimité que de sécurité, mais où précisément ? Je ne veux pas que tout le château soit au courant surtout si jamais elle me rejette et je ne veux pas non plus que la pression des autres autour d’elle la force à une réponse qu’elle n’aurait pas dite si on était en face à face. Mais bon je ne veux pas non plus créer artificiellement une atmosphère tu vois. A la sortie du cours de Potions ça pourrait le faire ? Après tout, c’est l’endroit où on s’est connus en premier et en même temps ce n’est pas trop surfait, t’en penses quoi ?

Et puis, bien qu’il ne l’ait pas dit à voix haute, il lui serait plus simple de rassembler son courage après un cours de potions à ses côtés. La complicité du cours serait encore présente et au pire, si jamais il se prenait un râteau, il pourrait prétexter un truc à aller chercher dans son dortoir avant le cours suivant pour fuir le malaise entre eux. Et après, quand il reviendrait, il aurait fait le tri dans ses sentiments et pourrait revenir vers elle comme si de rien n’était, comme s’il n’avait jamais posé la question. Parce que s’il y avait bien une chose qu’il voulait éviter à tout prix c’était qu’un malaise durable s’installe entre eux et qu’elle préfère s’éloigner de lui. Il était prêt à se contenter de son amitié, mais il ne voulait la perdre complètement, ça non.

"Tu n’as pas tort sur ce coup-là. Je me lancerais donc la prochaine fois que je la vois. Mais on ne change pas un homme du jour au lendemain alors il va me falloir un plan sinon je sens que je vais perdre tous mes moyens. Déjà, même avec un plan ce n’est pas dit que je ne les perde pas alors sans, je préfère ne pas y penser. A ton avis, où est-ce qu’il vaudrait mieux que je lui demande ? Seuls c’est mieux ça c’est sûr, tant pour une question d’intimité que de sécurité, mais où précisément ? Je ne veux pas que tout le château soit au courant surtout si jamais elle me rejette et je ne veux pas non plus que la pression des autres autour d’elle la force à une réponse qu’elle n’aurait pas dite si on était en face à face. Mais bon je ne veux pas non plus créer artificiellement une atmosphère tu vois. A la sortie du cours de Potions ça pourrait le faire ? Après tout, c’est l’endroit où on s’est connus en premier et en même temps ce n’est pas trop surfait, t’en penses quoi ? "

Il était assez amusant de voir combien les rôles étaient inversés dans ce domaine là, que celui de l'Amour. Il faut dire qu'avec sa romance platonicienne avec Rupert et les nombreuses discussions par lettre avec la spécialiste du genre, feu Miss Lavande Brown, elle connaissait aussi bien son sujet que ses cours de métamorphoses, c'est dire si elle était calée ! Ravie de pouvoir conseiller son meilleur ami de vert et argent, la bleue et bronze l'écouta avec attention avant de rire de nouveau et de répondre, totalement amusée par la situation :

- "Que de questions pour un petit détail ! Et bien... pour le lieu, c'est toi qui décide en fonction de celui qui te convient le mieux. Rupert et moi cela s'est fait un peu à l'improviste, mais si tu veux des endroits calmes, il n'en manque pas dans l'école ! Après ton idée n'est pas trop mal, mais tu sais, au fond le lieu importe moins que la manière dont tu t'y prends ! Vu les objectifs que tu te proposes, ce que tu m'as indiqué me semble assez judicieux. Dis, promets moi, je ne veux pas faire ma "Peeping Tom" mais tu pourras me tenir au courant de l'avancée des choses ? Je n'en parlerais à personne, promis, mais seulement... comprends que je sois soucieuse sur la façon dont vont se passer les choses... après tout tu es mon meilleur ami, donc..."

Très gênée, la petite demoiselle des aigles baissa le regard sur le bois de la table, avant de l'élever vers le plafond étoilé et changeant de la Grande Salle, qui l'avait toujours fasciné. Une fois qu'elle eut reprit son masque de calme et de maitrise, elle eut un grand sourire angélique qu'elle laissa glisser sur ses lèvres quand le regard argenté se posa de nouveau sur son meilleur ami, et pour une fois depuis longtemps, elle posa très brièvement sa main sur l'avant bras de son meilleur ami, l'espace de quelques secondes, pour lui indiquer son perpétuel soutien, avant de lancer en riant :

- "Je pense qu'on a encore assez de temps libre avant le prochain cours... une petite virée dehors, sous la neige, cela ne te tente pas ? Une petite course de vitesse entre amis histoire de nous réchauffer et de nous amuser un peu après une discussion aussi sérieuse ?"

(Tu peux finir là dessus si tu peux ! HJ =) )