Incroyable, c’était tout bonnement incroyable ! Cette goule enrhumée d’Alekseï avait retapé ! Après avoir passé son année à dire qu’il était au-dessus de tout cela, trop occupé par les rapports que Mikhaïl lui envoyait en vue de sa prochaine entrée dans l’empire Dmitriev, et qu’il se débrouillerait bien le moment venu cet idiot de Grapcorne boiteux avait foiré ses ASPICs ! Tout ça, parce que ce fils de Nundu se trouvait trop bien pour s’abaisser à travailler la Botanique et qu’il avait obtenu un Troll dans cette matière, ce qui avait fini de bousiller sa moyenne. S’il avait fait ne serait-ce qu’un minimum d’efforts, il serait passé au ras des pâquerettes, mais il serait passé quand même mais non il avait fallu qu’il se foire et qu’il soit obligé de revenir à Poudlard pour une année de plus, bousillant ainsi tous les espoirs de tranquillités que Nikolaï avait accumulés au cours de l’année précédente.

La cadet Dmitriev avait été tellement dépité lorsque les résultats de son frère étaient arrivés au manoir durant le courant du mois de juillet que même le savon mémorable que leur père avait passé à Alekseï ne lui avait pas remonté le moral. Surtout, que pour compenser que, pour la première fois depuis bien longtemps, Mikhaïl avait usé de la violence sur son fils aîné pour lui rappeler qu’un Dmitriev ne s’humilie pas à redoubler, Alekseï avait ensuite passé le reste de l’été a ventiler ses frustrations sur Nikolaï. Et comme il avait désormais le droit d’user de magie en dehors de Poudlard, autant dire que Nikolaï avait passé un été déplorable, passant le plus clair de son temps à tenter d’échapper à l’humeur massacrante d’Alekseï.

En effet, Mikhaïl s’était montré glacial envers son aîné durant toute la durée des vacances, et inversement n’avait pas tari d’éloges sur son cadet qui avait eu une année tout à fait honorable et avait mis le nom des Dmitriev à l’honneur lors de la soirée de commémoration de fin d’année. Nikolaï avait apprécié le changement d’attitude de son père, même s’il était encore étonné de l’entendre le complimenter, mais il regrettait néanmoins amèrement l’époque où Alekseï était le petit favori car, alors, son frangin était d’humeur plus conciliante.

Ainsi, au début des vacances, il avait bien tenté de s’enfermer dans sa chambre pour échapper aux griffes d’Alekseï mais étant donné que celui-ci se baladait constamment avec sa baguette, le simple verrou de sa porte n’avait pas fait long feu. Avaient alors commencés deux mois de torture physique et psychologique pour le jeune Russe car il n’avait personne à qui reporter le traitement que lui faisait subir son frère. Si son père venait à l’apprendre, au lieu de faire quoique ce soit, il l’engueulerait très probablement de ne pas être capable de se défendre tout seul. Quant à sa mère il était tout simplement hors de question de la mettre au courant, apprendre l’inimitié féroce entre ses deux fils lui briserait le cœur et Nikolaï ne se sentait pas le cœur de détruire ainsi la vie de la seule personne encore naïve dans sa famille. Il ne restait donc plus que Lev, le bras droit de son père que les fils Dmitriev considéraient comme leur oncle, mais le géant n’avait fait que de brèves apparitions au manoir durant les vacances, constamment occupé ailleurs avec les affaires de la famille. Autant dire qu’il ne restait plus à Niko qu’à compter les jours avant la rentrée car au moins au château il pourrait mettre une certaine distance avec son frère. Il retrouverait aussi Fritz et sa bande de trolls des montagnes mais depuis le dernier cours d’histoire de la Magie et la façon dont McGregor les avait remis à leur place, il se sentait parfaitement capable de leur faire face. Qu’étaient une bande de pré-ados boutonneux en comparaison avec le traitement que lui faisait subir en permanence Alekseï ?

Mais, bien évidemment une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule et, à la fin des vacances, le jour où Natalia Dmitriev accompagna ses fils sur le Chemin de Traverse pour faire leurs courses de rentrée, Nikolaï apprit avec horreur que non seulement son frère avait redoublé mais que le plus crétin de toute la petite troupe de toutous obéissants qu’il avait formée l’année précédente également. Willson retapait aussi ! Il était d’autant plus énervé qu’il aurait dû s’en douter, comment un idiot de la catégorie de Willson aurait-il pu avoir ses ASPICs du premier coup ? Certainement pas à force de travail vu comment ce simple mot semblait lui donner de l’urticaire, c’était à se demander comment il était arrivé jusqu’en septième année.

Quoiqu’il en soit, Alekseï abandonna bien vite sa mère et son frère pour rejoindre son fidèle bras droit au magasin de Quidditch. Ce fut ensuite au tour de Natalia d’abandonner Nikolaï car elle voulait faire un tour chez Tissard et Brodette pour commander une robe pour le mariage de sa petite cousine le mois prochain. Le futur troisième année se dirigea donc seul vers la libraire magique pour acheter son nouveau set de livres. Il se fraya un chemin sans grand mal parmi la foule de futurs élèves qui observaient les étagères avec de grands yeux ébahis et s’empara au passage de ce qu’il était venu chercher. Mais alors qu’il tentait de prendre possession du manuel de Métmorphose de troisième année, il fut bousculé et ressentit une vive douleur au bras droit. Il hissa de douleur et sa massa doucement le bras, l’inconnu qui venait de lui rentrer dedans l’avait frappé pile poil à l’endroit où quelques jours auparavant Alekseï s’était exercé au sortilège de Découpe, lui laissant une cicatrice bien visible et fort douloureuse. Il s’apprêtait donc à remettre le malotru à sa place, peu enclin à pardonner étant donné son humeur lorsqu’il reconnut son interlocuteur.

Turner ! Le griffon qui sortait avec Akiko et qui clairement ne l’avait pas spécialement à la bonne –jalousie refoulée ou autre raison il ne savait pas vraiment et s’en contrefoutait royalement, il était ami avec l’aiglonne que ça plaise au lion ou pas- s’excusa alors, de manière assez pitoyable soi-dit en passant. Le Serpentard lui jeta un regard peu amène mais accepta tout de même ses excuses, il n'avait pas envie de se mettre totalement à dos celui avec qui Akiko passait le plus clair de son temps.

-Pas grave, ya du monde je peux comprendre que t’ait trébuché.

A vrai dire rien ne lui disait que le blond ait trébuché, mais en mettant ainsi clairement la faute –même involontaire- sur le Rouge et Or il se sentait légèrement mieux. Il s’empara ensuite du bouquin qui avait causé leur collision, puis attrapa le manuel de quatrième année et le tendit à Rupert, en une offrande de paix. Il ne rajouta néanmoins aucune parole, peu enclin à lancer la discussion avec un gars à qui il n’avait rien à dire alors qu’ils étaient clairement tous deux de fort méchante humeur, car non il n’avait pas loupé le regard noir que le Gryffondor lui avait lancé avant de lui adresser la parole, ni la froideur dans ses paroles.

-Merci, mais je suis encore capable de me débrouiller seul. Je n'ai ni l'envie ni le besoin de serviteurs.

Nan mais qu’est-ce qui lui prenait au griffon ? Quelle mouche l’avait piquée ? Nikolaï savait pertinemment que Rupert ne le portait pas dans son cœur mais de là à envoyer une tentative d’apaisement de situation en l’air, il y avait un pas, et même un gouffre. Il reconnaissait que sa propre remarque n’était pas des plus appropriées mais vu que le Gryffondor n’avait rien répondu, le Serpentard avait cru qu’ils pourraient en rester là. Mais non, môsieur était d’humeur belliqueuse et se croyait mieux que tout le monde ! Et surtout il savait parfaitement là où frapper pour faire mal : s’il y avait une chose qui faisait démarrer Nikolaï au quart de tour, c’était bien la moindre référence à sa famille et ça, c’était de notoriété commune. Le Russe répondit donc du tac au tac, de plus ne plus échauffé.

-T’as peut-être pas besoin de serviteurs mais d’une leçon de bonnes manières ça c’est sûr ! Tu crois peut-être que j’ai pris ton bouquin pour tes beaux yeux, ça s’appelle de la politesse mais apparemment il ne vous apprenne pas ça par chez toi. Pour ça, je préfère encore mon éducation à la tienne.

Son regard lançait des étincelles et il sentit chez Turner la même envie d’en découdre qu’il ressentait actuellement en lui-même. Il ne savait pas ce qui avait mis le futur quatrième année dans cet état et il s’en contrefichait, mais il avait bien l’intention de profiter enfin de cette occasion pour régler leurs différents. Il allait lui dire ses quatre vérités et sur le champ ! Ras le bol que des gars qui ne le connaissaient même pas se permettent de le juger ! Certes il avait des serviteurs mais pas parce qu’il avait choisi, il était né dans ce milieu un point c’est tout ! Et à vrai dire, il aurait donné cher pour en sortir de ce fameux milieu qui l’étouffait chaque jour un peu plus. Il reprit donc la parole, sans laisser le temps au lion de répliquer.

-Et puis tandis qu’on y est, je peux savoir ce que sa gracieuse majesté me reproche, outre le fait apparent que tu ne digères pas mon appartenance sociale. Bonjour la tolérance légendaire des Gryffondors ! On ne t’a jamais dit qu’on ne choisit pas sa famille ?

Sinon, Merlin savait qu’il aurait choisi n’importe laquelle sauf la sienne. Qui diable voudrait d’un psychopathe pour frère et d’un mafieux ayant plusieurs morts sur la conscience comme père ? A côté de sa vie de famille, celle de Turner devait ressembler à un paradis.

-A moins que tu n’aies un problème avec ma relation avec Akiko ? Parce que si c’est le cas, j’ai envie de te dire que c’est pas prêt de s’arranger. Tant qu’elle voudra de moi comme ami, je n’ai aucune intention de la laisser tomber sous prétexte que tu ne m’apprécie pas.

Une fois sa tirade terminée, il lança un regard noir à son aîné. Ca lui apprendrait à lancer une discussion alors qu’il venait de vivre deux mois de m***.

-J'en ...

Bah ça commençait bien question répartie ! Turner devrait peut-être envisager de prendre des cours d’éloquence parce que là c’était franchement pathétique. Néanmoins, il se reprit assez vite et faillit franchir une ligne en s’attaquant à la mère de Nikolaï, mais alors que le Russe commençait déjà à voir rouge, et serrait les poings à s’en blanchir les jointures, le Gryffondor s’arrêta. Cela ne calma pas pour autant Nikolaï, mais au moins, il réussit à se contrôler et à ne pas sauter au cou de son aîné : une bagarre avant même la rentrée en plein milieu d’une boutique remplie d’élèves et de futurs élèves de Poudlard, ça aurait fait tâche. Sans compter qu’il aurait eu à faire face à la colère de son père pour s’être ainsi affiché en public et ça il n’y était absolument pas prêt. Il subirait sans broncher les pires insultes de la part de Turner avant que de risquer de s’attirer les foudres de son paternel.

Cependant, les paroles suivantes de Rupert ne furent pas du tout celles auxquelles il pouvait décemment s’attendre. Au lieu de renchérir dans les phrases mesquines, le Rouge-et-Or se lança sur une tirade concernant l’injustice de la vie qui laissa le Serpentard pour le moins perplexe. De quoi pouvait bien parler le griffon ? Le Russe ne comprenait pas pourquoi il s’était soudain mis à parler de faire souffrir sa famille et ses amis et lorsque le futur quatrième année l’accula contre une bibliothèque, il sentit un malaise commencer à l’envahir. Le ton de Rupert s’était fait glacial et son regard ne ressemblait plus en rien à celui dont il se souvenait de l’année précédente. Non pas qu’il ait particulièrement observé le petit ami d’Akiko durant l’année écoulée, mais il était certain qu’il aurait remarqué si le gars avait eu cette lueur … sauvage, animale dirait-il, dans le regard. Ne serait-ce que pour prévenir Akiko de se méfier.

Les paroles qui suivirent ne firent d’ailleurs rien pour le rassurer. Rupert se mit soudain à dire qu’il était à même de tuer qui que ce soit et ce sans même le vouloir. Nikolaï se demanda un instant si le lion n’avait pas perdu l’esprit pendant les vacances, mais d’un autre côté quelque chose lui disait que les paroles de Rupert avaient le ton de la vérité. Bien que cela semblât tout à fait absurde, lorsque le brun lui dit qu’il pouvait en finir avec la vie de quiconque se mettrait en travers de son chemin au mauvais moment, il sut presque instinctivement que c’était vrai. Il eut envie de s’échapper de là au plus vite, la proximité de Turner lui était hautement inconfortable, comme si quelque chose lui hurlait de s’éloigner au plus vite du garçon pour une raison inconnue, mais le Lion ne lui laissait aucune échappatoire. Il choisit donc d’embrayer sur les dernières paroles de celui-ci pour essayer d’apaiser quelque peu la situation qui avait pris des proportions qu’il n’avait clairement pas envisagées en entamant les hostilités. Il s’était préparé à un échange de paroles blessantes mais certainement pas à l’attitude de Rupert, il voulait donc tenter de désamorcer les choses avant d’en pâtir.

-Euh tu sais, entre Akiko et moi c’est purement amical. Je sais pas ce que tu as pu t’imaginer mais ya rien d’autre, alors t’inquiètes pas mais je vais pas te la piquer. Et puis franchement, j’suis pas expert en la question loin de là, mais elle a l’air très heureuse avec toi, donc pas la peine de te faire du mouron, elle va pas te larguer.

Il avait du mal à croire qu’il était en train de parler avec Turner de son couple avec Akiko, mais il ne voyait pas d’autre moyen de détendre le Rouge-et-Or, or il était convaincu que s’il n’y arrivait pas il allait en faire les frais. Il y avait un truc de pas net avec Turner ce jour-là, il en était convaincu : quoi, il n’en avait pas la moindre idée mais cela ne changeait en rien sa certitude. Il essaya d’ailleurs de se dégager lentement de l’étau du Gryffondor, mais sa tentative fut un lamentable échec car il cogna contre la bibliothèque derrière lui et certains livres qui étaient en équilibre instable depuis qu’il avait récupéré son manuel et celui de Rupert leur tombèrent dessus. Merveilleuse façon d’arranger la situation ...

[Hj : Enfin trouvé le temps de finir ma réponse ! Au fait, je ne parle pas du formulaire de Beauxbâtons, parce qu'il me semblait cohérent que Niko ne le remarque pas, pas parce que moi je n'y ai pas fait attention ^^]

Nikolaï aimait lire, il aimait même beaucoup cela, par conséquent plus un bouquin était gros, plus il était heureux en le commençant car cela signifiait que la lecture en serait conséquente également. Cependant, lorsque la série complète des œuvres de Rosy Green –grande auteur de littérature jeunesse sorcière- lui tomba sur la tête, il regretta amèrement la prolificité de Mrs Green. Car, un bouquin de 500 pages qui vous tombe sur la nuque, ça a tendance à vous assommer légèrement. Et, lorsque pour ne rien arranger, le mec qui vous a collé de force contre la bibliothèque vous lance un regard à en stupéfixier un Détraqueur, vous vous dites que franchement votre journée aurait pu mieux se dérouler.

Heureusement pour sa pomme, Akiko fit alors une apparition providentielle. En effet, bien que trop occupé à se protéger des aventures de Gobil l’elfe de maison, il n’avait pas vu le rappel à l’ordre que la Serdaigle avait prodigué à son petit ami sous la forme d’un coup de livre sur la tête, le fait de la voir s’immiscer dans leur dispute lui fit tout de même l’effet d’un baume au cœur. Avec l’aiglonne dans les parages, Turner serait bien obligé de se calmer et de le laisser respirer : hip hip hourra pour Akiko ! Il était d’ailleurs en train de profiter de sa liberté retrouvée pour se masser vigoureusement la nuque lorsque la Française s’adressa à lui.

-Salut Nikolaï... été difficile toi aussi ? Je te prie d'excuser Rupert, l'été a été assez difficile pour nous deux... quoi de neuf ?

Ramassant les livres éparpillés parterre –aucune envie que le gérant de la boutique découvre le foutoir qu’ils avaient mis partout avec leurs conneries de gamins immatures-, il lui adressa un sourire honteux qu’elle les ait surpris dans une telle position –bah oui, il se faisait un peu complètement dominer par Rupert quand elle était intervenue, ce qui était loin d’être glorieux.

-Oui, on peut dire ça comme ça. Alekseï retape.

Il ne rajouta rien car il ne voulait surtout pas passer pour une victime sans défense devant Turner, et il savait qu’Akiko comprendrait sa détresse. Il ne lui avait raconté qu’une partie de sa vie familiale mais elle en savait suffisamment pour savoir que le retour de l’aîné Dmitriev à Poudlard ne pouvait être synonyme que d’ennuis à gogo pour le cadet. Il changea donc rapidement de sujet en les interrogeant sur un détail qui l’avait surpris dans ce qu’il venait d’entendre.

-Tu veux dire que vous avez passé l’été ensemble ?

Non pas que le fait qu’un couple se voit pendant les vacances le surprenne plus que cela, mais d’après ce qu’il avait compris Akiko devait passer l’été en compagnie de son père aux idées sur l’importance du sang et de la famille plus que marquées, il avait donc du mal à comprendre comment un tel homme aurait pu autoriser sa fille à rendre visite à un Né-Moldu tel que Rupert. A moins que finalement, la Française n’ait découvert que son père n’était pas aussi terrible qu’elle se l’était imaginé. Peu probable néanmoins, tout d’abord car Nikolaï n’avait aucune foi en la race humaine et deuxièmement car Akiko venait de dire que leur été avait été difficile. Quoiqu’il en soit, il se tourna ensuite vers Turner et entreprit de s’excuser de sa conduite précédente, ils avaient tous les deux perdus le contrôle de leurs nerfs et il était aussi fautif que le griffon.

-Désolé pour mon comportement, j’ai tendance à réagir sans réfléchir quand je suis sous tension, sans forcément penser que les autres peuvent aussi être sous tension.

Plus il ne pouvait pas faire, il avait fait le premier pas, à Turner de faire le suivant. Déjà, s’excuser lui avait coûté suffisamment et sans l’intervention d’Akiko, sa relation avec le Rouge-et-Or se serait peut-être encore empirée, alors il considérait qu’il avait déjà fait un gros effort. Après tout, puisqu’Akiko avait l’air heureuse avec le blond, il pouvait essayer de s’entendre avec le garçon même s’ils étaient aussi différents que le jour et la nuit, qui sait il découvrirait peut-être des choses intéressantes auxquelles il ne s’attendait pas à son contact ? Alors qu’il se faisait cette remarque, son regard s’attarda une seconde sur la façon dont le couple se tenait fortement par la main comme s’ils se donnaient mutuellement de la force et il ressentit une violente bouffée de jalousie. Alors qu’à Durmstrang, les filles lui semblaient être une espèce à part et sans intérêt particulier, mais, depuis son transfert à Poudlard, il commençait à éprouver un certain intérêt pour la gente féminine et il se sentit soudain bien seul an observant le couple parfait que semblait constituer Akiko et Rupert. Il aurait bien voulu avoir quelqu’un à qui se confier sans retenue lui aussi, quelqu’un qui puisse le comprendre sans le juger. Non pas qu’Akiko ne soit pas qualifiée, mais il voulait quelqu’un juste pour lui, pas quelqu’un à partager avec un ou une autre. Pendant une brève seconde, le visage d’une petite albinos surexcitée lui traversa l’esprit mais il le rejeta bien vite dans les limbes de son esprit.

En voyant Akiko rougir violemment Nikolaï se sentit comme le dernier des idiots. Voilà qu’avec sa question indiscrète sur les vacances du couple il avait mis mal à l’aise son amie [ouais ouais parce que le Niko il a pas du tout capté qu’elle rougissait à cause des papiers de Beauxbâtons, l’a pas été placé chez les aigles je vous rappelle ]. Enfin, il était trop tard pour se rattraper maintenant. Il crut d’ailleurs que l’aiglonne allait délibérément laisser sa question de côté lorsqu’elle commença à parler de la vie familiale du Russe. Il se rendit ensuite compte qu’elle ne faisait que répondre à ses remarques dans l’ordre. Il eut une moue des plus cyniques lorsque la Bleu-et-Bronze dit que les Dmitriev avaient l’air stricts vu de l’extérieur, le mot ne couvrait même pas un dixième de la réalité mais mieux valait que la jeune fille ne le sache pas. Il se contenta donc d’insister sur le côté positif de son année qui était que, comme elle l’avait fait remarquer, contrairement à Alekseï, il avait ramené un bulletin quasiment irréprochable ce qui avait grandement plu à son père.

-Effectivement, cet été j’ai pris du galon aux yeux de mon père en comparaison avec Alekseï. Disons simplement que le problème vient plutôt du fait que mon frère supporte mal la compétition, surtout quand il perd.

Il eut un sourire extrêmement amer en se remémorant les paroles qu’Alekseï lui avait répétées encore et encore tandis qu’il se défoulait sur lui pendant l’été : « Alors Kolia, sous prétexte qu’on a fait mumuse sur la scène on se prend pour une star maintenant ? Tu crois que père va te préférer à moi désormais ? T’as oublié que tu n’étais qu’une lopette incapable de faire quoique ce soit ? Ne t’inquiète donc pas, ton grand-frère adoré est là pour te le rappeler ». Et ça pour le lui rappeler, il le lui avait rappelé ! Son corps meurtri de toutes parts en portait encore les marques les plus fraîches. Heureusement qu’avec le retour à Poudlard il allait retrouver une certaine tranquillité, même s’il devrait continuer d’éviter le duo Alekseï-Willson.

Il sortit néanmoins de ses pensées lorsqu’Akiko confirma ses craintes concernant son père, le type n’avait pas manqué à sa réputation et avait pourri l’été de sa fille. La seule différence entre la Française et Nikolaï était que la première avait eu le courage de quitter le domicile familial et qu’elle avait été recueillie par les Turner. En entendant cela, la jalousie de l'adolescent ne fit qu’augmenter d’un cran. Il se trouvait stupide car il voyait bien que l’été d’Akiko était loin d’être enviable, mais elle au moins elle avait trouvé un havre de paix chez les Turner. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour avoir un endroit similaire ! Enfin, ce n’était pas la peine de rêver, tant qu’il ne serait pas majeur aux yeux de la loi, il n’aurait probablement pas d’autre choix que de supporter en silence les brimades de son frère en continuant à faire de son mieux pour atteindre les critères fixés par son père. Mais bon, déjà, lorsqu’Alekseï se déciderait d’une fois pour toutes à avoir ses ASPICs et commencerait à bosser, les choses iraient mieux. Plus qu’un an ! Il fallait qu’il tienne jusque-là car il était sûr que son frère ne raterait pas deux fois de suite ses ASPICs, pas après les conséquences de son premier échec.

Enfin, il parvint tout de même à contrôler son accès enfantin de jalousie et sourit, compatissant à son amie. Puis il se tourna vers Turner pour s’excuser de son comportement précédent. Le Rouge-et-Or était clairement sous tension à cause de la situation avec Akiko d’où son humeur, or comme un idiot il n’avait fait qu’envenimer la situation Au lieu d’essayer d’apaiser les tensions. Certes, il était lui-même énervé mais ce n’était pas une raison. Il était temps qu’il mûrisse un peu lui aussi. Seulement la réaction de Rupert le prit au dépourvu.

-Arrête de faire l'abruti.

Pardon ? Lui il s’excusait et c’était tout ce que le Gryffondor trouvait à lui dire ? Il pensait peut-être que s’excuser était facile ?

-T'y es pour rien, et tu le sais bien. C'est moi qui ai tout provoqué.

Hein ? Le retournement de situation laissa le Serpentard muet de stupéfaction. Il écouta ensuite le blond faire son autocritique avec des mots extrêmement durs, comme si tout était de sa faute. Une fois que le garçon eut fini, Nikolaï reprit ses esprits et mit les choses au clair parce qu’il n’avait aucune envie que le futur quatrième année lui fasse une crise de remords aiguë alors qu’il n’y avait pas lieu de la faire.

-T’y vas un peu fort là. T’as peut-être commencé, mais je me suis pas fait prier pour continuer, donc bon pas la peine d’épiloguer sur le mode « c’est ma faute, c’est ta faute », on est tous les deux désolés et on fera plus attention la prochaine fois, fin de l’histoire.

Il tendit ensuite la main au Lion en signe de réconciliation finale, mais avant que le griffon n’ait le temps de réagir d’une façon ou d’une autre, Akiko qui était montée sur un escabeau pour finir de ranger le bordel que les deux garçons avait créé [tss d’ailleurs c’est encore une fille qui fait le ménage derrière les mecs honteux ! ] trébucha et tomba parterre en poussant un cri. Nikolaï oublia donc momentanément Rupert, se tourna vers elle, s’accroupit à ses côtés et s’informa de son état de santé.

-Ça va, tu t’es fait mal quelque part ?

-Ne t'en fais pas, Nikolaï, mon père était bien plus dur qu'une chute de ce genre

La phrase normalement destinée à rassurer le jeune Russe eut en réalité l’effet inverse. Qu’Akiko compare sa chute à son géniteur eut un arrière-goût amer dans la bouche du slave. Comparait-elle les deux évènements à cause du facteur commun douleur physique ou bien utilisait-elle le terme « dur » comme une métaphore pour le comportement froid et hautain de l’homme à son égard ? Il espéra de toute son âme que Monsieur Velon n’ait pas levé la main sur sa fille, elle avait déjà assez à faire d’une mère qui sous le coup de la folie l’avait attaqué, pas la peine de lui ajouter en plus un père brutal au tableau familial. Il tenta donc de se rassurer en se disant que si Akiko avait été maltraitée physiquement par son père, elle aurait eu une réticence bien plus forte au contact physique avec les gens, or la façon qu’elle avait eu d’enlacer la main de Turner était une preuve suffisante que le contact avec un autre être humain n’était pas quelque chose qu’elle fuyait comme lui avait pu le faire avant d’arriver à Poudlard. Il resta néanmoins sur ses gardes et se promit de vérifier le futur comportement de son amie lors de l’année à venir, à la recherche d’éventuels signes de mauvais traitements durant l’été. Il était un spécialiste pour les remarquer puisque lui-même était un expert de la question.

Il laissa néanmoins ses inquiétudes de côté lorsque la Bleu-et-Bronze relança la discussion sur un thème bien plus léger, à savoir leurs résolutions pour la nouvelle année scolaire. Elle leur exposa d’ailleurs les siennes et le Serpentard ne put cacher un sourire amusé en écoutant la promesse de sa jeune amie de se tenir à carreaux en Histoire de la Magie, c’était si inhabituel d’entendre Akiko se plaindre d’un prof. Il rajouta donc, avec sa moue ironique habituelle :

-Personnellement j’espère que tu ne t’amélioreras pas trop en pratique comme tu dis si bien, sinon j’en connais un qui va en faire les frais en cours de Duel.

Il lui fit alors un clin d’œil provocateur tandis que Rupert annonçait ses propres résolutions pour l’année. En les écoutant, Nikolaï ne put s’empêcher de se sentir interpelé, pas provoqué ni insulté mais juste concerné. Il répondit donc avec une lueur de défi brillant au fond de son regard bleuté :

-Eh bien j’espère que tu as l’intention de te tuer à la tâche parce qu’il est hors de question qu’on se laisse piquer la coupe si facilement. D’après ce que j’ai compris l’année dernière en écoutant Ange, la coupe est verte depuis trois ans et personnellement je trouve ça très bien. Alors bon, même si je dois avouer que je n’avais pas particulièrement de résolutions, je pense que s’assurer que la coupe reste aux couleurs de Serpentard me semble une bonne idée.

Son esprit de compétition légèrement surdéveloppé venait d’être titillé avec cette conversation, il décida par conséquent de pimenter quelque peu les choses en proposant un pari. Surtout qu’en plus, ce serait l’occasion de commencer sur de nouvelles bases avec Rupert sans pour autant oublier complètement les tensions qui ne manqueraient pas de ressurgir à un moment donné au vu de leurs nombreuses différences, mais en les calmant par une compétition saine. Il dit alors avec un sourire de défi :

-D'ailleurs, je propose de rendre la compétition un peu plus intéressante en instaurant un prix en plus de la gloire d’avoir obtenu ou gardé la coupe : celui qui gagne la coupe cette année a le droit de demander un service ou une faveur à chacun des deux autres. Vous êtes partants ou vous avez trop peur de vous ridiculisez ?

Il se permit cette provocation car il pensait désormais qu’il pouvait employer ce genre de phrases provocantes sans s’attirer les foudres de Rupert, le Gryffondor avait dû comprendre que c’était juste sa manière d’être. Il était cynique et provocant pour compenser son manque patent de confiance en lui, pas pour le plaisir d’enfoncer les autres.