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 James Kirkby - Occlumens (Terminé !)
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  • James Kirkby
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    James Kirkby
MessageSujet: James Kirkby - Occlumens (Terminé !)   James Kirkby - Occlumens (Terminé !) EmptyMer 29 Juin - 19:24:48

Prénom et Nom: James Kirkby
Age de votre personnage : 22 ans
Maison/Formation/ Profession : Mafieux Cool
Que don voulez vous acquérir ? (Animagus, legilimens, occlumens, loup-garou) : Occlumens
Motivation : James a le désir d'apprendre l'occlumancie depuis plusieurs années ; ses motivations sont diverses, et l'on peut distinguer des motivations immédiates et d'autres plus profondes. Commençons par les motifs profonds qui le poussent vers cette discipline... L'occlumancie est une branche obscure de la magie, profondément mystérieuse, et c'est ce qui suscite l'intérêt du jeune homme. Comprendre le fonctionnement de l'esprit humain, son organisation, la manière dont on peut le défendre le fascine. Lorsqu'il étudiait à l'UMA, il avait d'ailleurs pour but d'intégrer le Département des Mystères, pour y avoir accès au savoir le plus complet sur le sujet.
Passons aux motivations immédiates, aux diverses péripéties de l'existence qui peuvent rendre indispensable la maîtrise de l'occlumancie. Deux périodes peuvent être distinguées dans l'apprentissage de James : lors de sa première tentative, en 1996, il désire devenir occlumens pour pouvoir cacher son allégeance au Seigneur des ténèbres : le jeune Mangemort suscite certains soupçons à l'université, il souhaite se prémunir contre d'éventuelles enquêtes menées par Légilimancie. Cette tentative se solde par un échec et un abandon de l'occlumancie, durant plusieurs mois.
Sa deuxième tentative, en 1998, est à relier directement à son appartenance à la mafia magique. James travaille pour Xenophius McGregor, et un mystérieux "Maître du jeu" lui ordonne d'espionner son parrain, en utilisant les services d'une Légilimens pour lui tirer les vers du nez. Sur l'ordre de Xenophius, James reprend alors l'étude de l'occlumancie, pour pouvoir garder les informations confidentielles dont il pourrait être le dépositaire.

Lien vers deux topics :
-Cottage de Grim Wolkoff : première évocation de l'occlumancie en compagnie de Grim (la nature de leur relation devant rester inconnue de la famille de James)
-Papy fait de la résistance : topic où Xenophius donne l'ordre à James d'apprendre l'occlumancie


Dernière édition par James Kirkby le Mer 3 Aoû - 19:42:43, édité 1 fois
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: James Kirkby - Occlumens (Terminé !)   James Kirkby - Occlumens (Terminé !) EmptyMer 29 Juin - 19:37:10

Part one : 1996


-Toi, occlumens ?

Le rire acide de Peter Kirkby s'éleva dans l'austère bureau, s'amplifia, devenant durant quelques secondes presque incontrôlable – puis, soudain, le vieux sorcier se calma, retrouva son visage de marbre, et se remit à observer James en se caressant le menton. Occlumens, ce garçon-là ? Le vieillard considérait l'hypothèse, entre amusement et réprobation. Il n'avait jamais eu une très haute opinion du benjamin de ses petits-fils ; le gamin était certes de bonne volonté, raisonnablement doué pour la magie, mais Lord Kirkby estimait qu'il manquait des qualités essentielles d'un grand sorcier. Il n'était bon qu'à étudier, à avaler des grimoires, ou à travailler en silence à des préparations de potions ; il montrait des dispositions pour divers domaines du savoir magique, autant que ses deux frères, mais il n'avait pas aucun charisme, aucune ambition... George avait l'autorité de l'héritier légitime, Edward l'avidité de pouvoir de celui qui se sait capable ; James était effacé, naturellement docile et conciliant. L'étude de l'occlumancie lui demanderait un très gros travail sur lui-même ; il devrait apprendre à s'affirmer, à avoir sa propre volonté, et Lord Kirkby doutait fort qu'il en fût capable. Il avait lui-même étouffé avec méthode toutes les velléités de rébellion de son petit-fils, l'avait personnellement formé pour en faire un garçon soumis, incapable de faire de l'ombre à ses frères ; il connaissait trop sa créature pour se faire des illusions. Lord Kirkby avait déjà son opinion, avant même de prendre une décision : l'esprit de ce garçon n'était pas assez fort pour qu'il puisse devenir un occlumens accompli.
Bien sûr, James avait déjà surpris sa famille en manifestant une indépendance insoupçonnée. Les exemples étaient rares, mais bien réels. À l'âge de dix-sept ans, il avait fui l'autorité paternelle, en fuguant de la maison. Avec une audace incroyable, il avait transplané sans permis, et essayé de se cacher à Londres... Il avait été proprement récupéré par son dévoué parrain, Xenophius McGregor, et suffisamment châtié pour regretter d'avoir osé s'opposer à son père. Quelques années plus tard, il s'était illustré de manière beaucoup plus noble, en s'engageant dans les rangs des serviteurs de Lord Voldemort... Sans même demander la permission du chef de famille, comme aurait dû le faire un garçon vraiment déférent, il avait choisi, en son âme et conscience, de devenir Mangemort – et, chose vraiment extraordinaire, le mage noir l'avait admis parmi ses sbires... Mis dans la confidence, son grand-père avait été médusé par ce comportement. Il avait toujours travaillé pour que le plus jeune de ses petits-fils n'ait aucune volonté, au point de ne pouvoir se passer d'un guide... et voilà que le gamin lui prouvait qu'il avait échoué. Sa soumission n'avait été qu'une façade, destinée à éviter les coups... Il avait compris ce qu'on attendait de lui, et avait joué le rôle d'enfant obéissant qu'on lui avait réservé, mais il n'était pas définitivement vaincu... Il conservait une certaine autonomie, un esprit de contradiction, qu'il faudrait cultiver pour en faire un occlumens – et cela, le vieux sorcier n'était pas certain de le vouloir. Avant tout, il devait s'assurer de la validité de ses motivations, vérifier qu'il avait bien réfléchi. D'une voix basse et grave, son regard bleu fiché dans celui de son petit-fils, Peter Kirkby demanda :


-Mais pour quelles raisons veux-tu étudier l'occlumancie ? Pourquoi viens-tu, soudain, me demander de t'apprendre à fermer ton esprit ?

Le jeune homme ne répondit pas tout de suite. Il connaissait par coeur son grand-père, et était conscient de l'enjeu de leur discussion. De sa réponse dépendrait la décision du vieillard, il devait réfléchir avant de parler s'il voulait obtenir gain de cause. Lentement, il expliqua :

-Eh bien... Vous savez, grand-père, quel engagement important j'ai contracté il y a quelques mois...

Il massa machinalement son avant-bras gauche, et le vieux sorcier lui fit signe de poursuivre. Sur le même ton, le garçon reprit :

-En jurant fidélité au Seigneur des Ténèbres, j'ai endossé une lourde responsabilité. Je veux que personne, fût-il légilimens, ne puisse m'extorquer la moindre information au sujet de mon maître... Je le trahirais, si je n'étais pas capable de résister à une attaque de légilimancie.

Lord Kirkby hocha la tête en silence, le visage fermé, et James acheva :

-Bien sûr, je ne me servirai pas de l'occlumancie contre le Seigneur des Ténèbres – de toute façon, je ne le pourrais pas... Je veux seulement être capable de défendre toutes les informations que je pourrais détenir.

Lord Kirkby répondit d'un simple grognement, l'esprit assailli de mille pensées. Devait-il, en partisan convaincu du Seigneur des Ténèbres, accéder à la requête de son petit-fils, et lui enseigner l'occlumancie ? Le gamin pouvait-il être le dépositaire de secrets si importants qu'il soit nécessaire de l'aider à renforcer son esprit, au risque de lui donner des armes contre l'autorité familiale ? S'il devenait occlumens, il pourrait fermer son esprit aux intrusions de son propre grand-père – et il prendrait probablement goût à cette indépendance... Le débat intérieur du vieillard dura quelques instants, durant lesquels son petit-fils observa attentivement son visage, à la recherche du moindre indice ; mais rien, pas le moindre frémissement, ne put le renseigner sur l'opinion de son grand-père. Lord Kirkby avait toujours une expression impénétrable lorsqu'il communiqua enfin sa décision :

-Très bien... Je ne saurais m'opposer aux intérêts du Seigneur des Ténèbres. Je vais donc essayer de t'enseigner l'occlumancie, mais je te préviens, ce sera très difficile. Ne me remercie pas, fit-il sèchement en voyant le garçon s'avancer vers lui, le sourire aux lèvres. Je te le répète, ce ne sera pas une partie de plaisir.

La gorge nouée, James acquiesça. Avec son grand-père, rien n'était facile ou agréable – question de caractère – mais lorsque lui-même annonçait la couleur, il fallait s'attendre au pire. Il appliquait généralement une pédagogie radicale, plus fondée sur la sanction que sur la récompense, et son futur élève comprenait qu'il allait apprendre l'occlumancie dans la douleur. Il ne faudrait attendre aucune patience, aucune compréhension ; Peter était trop brillant pour être un bon professeur. Les choses étaient évidentes pour lui, et il acceptait mal que d'autres aient du mal à apprendre. Il laissa encore passer quelques instants, jaugeant son petit-fils en silence, comme s'il se réservait le droit de changer d'avis, puis se leva et s'avança vers sa bibliothèque.


-Tiens, fit-il après une brève recherche. Commence par lire ce livre, par t'en imprégner... Tu dois presque être capable de le réciter par coeur. Assure-toi que tu comprends tout, prends des notes, et reviens me voir lorsque tu maîtriseras parfaitement le contenu de ce livre.

James prit le grimoire que lui tendait le vieillard, et déchiffra le titre : Mystères de l'esprit humain. Une introduction à l'occlumancie, par Eusèbe Wigodric. L'introduction en question devait bien faire trois cents pages, écrites serré en caractères démodés. Il y avait là, selon Peter, de quoi saisir dans son intégralité la théorie du fonctionnement de l'esprit humain. Pour la pratique, on verrait plus tard.

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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: James Kirkby - Occlumens (Terminé !)   James Kirkby - Occlumens (Terminé !) EmptyMer 29 Juin - 19:50:39


L'aspirant occlumens eut besoin de plusieurs journées de travail pour lire entièrement le vieux livre, prendre en notes l'essentiel de son contenu, rechercher des compléments d'informations sur ce qu'il ne comprenait pas, et finalement condenser encore et encore ses notes, au point de pouvoir les réciter de mémoire. Durant une bonne semaine, à grand renfort de cigarettes et de café, il avala l'aride prose, en oubliant au passage d'assister à ses cours à l'université. Plusieurs fois, il fut tenté d'abandonner, découragé par l'ampleur de la tâche et par la complexité de cette lecture, mais il se força à poursuivre son étude ; maintenant qu'il avait obtenu que son grand-père lui enseigne l'occlumancie, il ne pouvait plus reculer. Le vieil homme serait certainement très mécontent s'il déclarait forfait, surtout s'il s'avouait vaincu dès la première étape.
Il persista donc, bénissant sa scolarité à Serdaigle qui l'avait conditionné à pouvoir étudier n'importe quel pensum. Il se souvenait en avoir lu de pires, durant ses années d'études ; il avait acquis, à la bibliothèque de Poudlard, une faculté de concentration étonnante. Il lui fallait bien cela pour digérer le grimoire de son grand-père, et parvenir, au terme de plusieurs jours, à en extraire une mince liasse de notes et quelques schémas. Lorsqu'il se présenta à nouveau devant Peter, il estimait avoir tout compris, en théorie.
Le vieux sorcier était occupé à rédiger une lettre lorsque son petit-fils demanda à le voir, mais il interrompit immédiatement sa tâche. Il avait hâte de voir jusqu'à quel point son élève avait réussi cette première partie de l'épreuve.


-Eh bien, mon garçon, as-tu lu le livre que je t'ai prêté ?

James acquiesça d'un signe de tête – ce gamin avait toujours préféré se taire, surtout en présence de son grand-père. Peter eut un sourire narquois, et reprit sur un ton plus sec :

-Il est temps pour moi de m'assurer de ce que tu as compris.

Il se cala confortablement dans son fauteuil et, vingt minutes durant, posa des questions. Qu'est-ce que l'esprit humain ? Quelle en est la structure ? Comment connaît-on son organisation ? Par quelles voies un Légilimens peut-il le pénétrer ? Comment peut-on mettre en place une défense de l'esprit par l'occlumancie ? Que dit Wigodric au sujet de la défense magique de l'esprit ? À chaque question, James répondit, d'une voix incertaine d'abord, puis en prenant une assurance de plus en plus remarquable. Peter s'amusa à sonder l'étendue de ses connaissances par des questions pointues, et il fut satisfait du résultat ; son petit-fils n'avait pas chômé – mais ce n'était pas étonnant ; cette partie de l'apprentissage était la plus facile, pour cet ancien disciple de Rowena. La suite, en revanche, serait plus ardue, et Peter l'annonça sans ambages :

-Très bien ! Tu as accompli environ... un dixième du travail. Tu maîtrises la théorie, c'est indispensable pour réussir, mais tu t'apercevras bientôt que c'est loin d'être suffisant. Lève-toi, nous allons commencer.

Le coeur battant, James s'exécuta, en se demandant pourquoi il avait fait appel à son grand-père pour apprendre l'occlumancie. Le vieux chameau allait accéder à son esprit, avec une facilité écoeurante, et pourrait y rechercher tout ce qu'il voudrait... Il avait toujours affirmé haut et fort que son petit-fils était un être faible, et il ne pourrait qu'être conforté dans cette idée après une incursion dans ses pensées les plus intimes. Il verrait en lui la crainte, le doute, les idées audacieuses mortes sitôt formulées, par peur de déplaire... Il comprendrait peut-être comment ses principes d'éducation sévère, et ceux de son fils, avaient fait d'un gamin impressionnable un jeune homme veule et taciturne... Mais il ne comprendrait pas que c'était par sa faute, en grande partie, si son petit-fils était ce qu'il appelait un faible. Il verrait dans l'esprit de James ce qu'il voudrait y voir – d'ailleurs, cette vision biaisée était probablement, selon le jeune homme, la plus grande faiblesse de la Légilimancie : il fallait avoir une puissance hors du commun pour se mouvoir à son aise dans l'esprit d'un autre homme, pour y voir ce que l'on ne cherchait pas... Bien peu de légilimens possédaient une telle maîtrise, à supposer que certains l'aient réellement...

-As-tu déjà subi une attaque de légilimancie, James ?

Peter s'était levé, et il tournait autour de son élève en jouant avec sa baguette magique. Sur un signe négatif de son petit-fils, il reprit :

-Très bien... Avant tout, je pense qu'il est bon que tu saches ce que cela fait. Je vais pénétrer ton esprit, sans insister trop. Pour cette fois, je veux que tu te laisses faire... Essaie simplement d'observer ce qui se passe, de comprendre comment je procède, et de relier tout ce que tu pourras analyser à ce que tu as lu dans le livre de Wigodric. Tu es prêt ?
-Je suis prêt, grand-père,
répondit James plus tendu que jamais, en se crispant un peu.
-Regarde-moi... tâche de ne pas fermer les yeux ou tourner la tête, cela t'évitera de faire les frais d'une attaque trop puissante... Le contact visuel facilite le travail du légilimens, tu l'as lu dans le livre d'Eusèbe. Si tu fermes les yeux, je serai obligé d'être plus intrusif...

Rongé par l'appréhension, le jeune homme dut se faire violence pour soutenir le regard de son grand-père. D'ordinaire, en de telles circonstances, il s'empressait de baisser la tête pour se soustraire à ce regard impérieux... Le vieil homme eut un bref sourire en voyant les efforts du gamin ; pour une fois, il faisait preuve de volonté, cela méritait d'être signalé. Peter s'arrêta derrière son petit-fils et posa ses deux mains à plat sur ses épaules, en susurrant :

-Détends-toi, mon garçon... Tu n'as rien à craindre. Je ne m'attarderai pas, je veux simplement te montrer ce que tu cherches à combattre.

Il contourna son élève et vint se camper face à lui, la baguette à demi levée.

-Prêt ? Légilimens !

James s'obligea à fixer son grand-père tandis qu'il prononçait la formule, et une étrange sensation s'empara de lui. Des pensées défilaient dans son esprit sans qu'il puisse ni les susciter, ni les retenir... Les images se succédaient au gré de la volonté de Peter, revenaient parfois, se télescopaient dans un ballet étourdissant. Il comprit avec difficulté que le vieux sorcier recherchait des images de plus en plus anciennes, de plus en plus enfouies dans son esprit ; cela expliquait probablement l'espèce de tension qui enserrait son crâne...

La Marque qui se gravait sur son bras. L'UMA. Les ASPIC, la fugue de ses dix-sept ans. Poudlard, les cours, les rares copains, les filles faciles qu'il fréquentait. La première année d'école, l'admiration immédiate pour Rogue, la déception de ne pas être à Serpentard. Le départ d'Edward pour Poudlard, les longues journées seul à la maison, les moments passés à dévorer n'importe quels grimoires dans la bibliothèque de son père... Tout cela remonta à la surface, pour finir par un très vieux souvenir, que James ignorait même porter en lui, celui de la dernière visite d'un vieil ami de Peter, lorsqu'il avait environ trois ans... Le sorcier, décédé peu après, avait offert à chacun des enfants un petit jeu de figurines animées, rapporté d'Amérique où il vivait... Longtemps, James avait joué avec ces petits bonshommes, sans se souvenir de leur origine. À présent, il se rappelait que chaque visite de celui qu'ils appelait oncle Darius était une véritable fête pour ses frères et lui, car il ne venait jamais sans un petit quelque chose pour eux...

Peter s'attarda encore quelques secondes, mais il avait visiblement atteint les souvenirs les plus anciens de son petit-fils, et il renonça. Lorsqu'il abaissa sa baguette, James se sentait aussi épuisé que s'il venait de courir une longue distance ; le coeur battant à tout rompre, il se détendit légèrement, fit jouer les muscles de son cou, étourdi par cette étrange sensation. Son grand-père lui laissa quelques instants, puis il prit la parole, d'une voix posée :


-J'ai circulé dans tes souvenirs, et seulement dans tes souvenirs, mon garçon. Je n'ai pas exploré tes pensées les plus intimes, ou simplement tes sensations, mais j'aurais pu... Je ne le ferai pas, du moins pas aujourd'hui. Tu es déjà suffisamment tendu comme ça. Bien... As-tu pu comprendre de quelle manière je procédais ?

Encore un peu secoué, James fit non de la tête. Il avait essayé de suivre le cheminement de son grand-père dans son esprit, mais il ne maîtrisait pas suffisamment ses pensées pour pouvoir analyser correctement l'intrusion. Le vieil homme le laissa réfléchir quelques secondes, avouer son ignorance, puis l'invita à formuler des hypothèses. D'une voix lente, le garçon répondit :[/i]

-Eh bien... vous avez suscité d'abord les souvenirs les plus récents... les plus accessibles, je suppose... et vous êtes remonté vers les plus anciens. Vous êtes arrivé à des images si anciennes que je les avais oubliées moi-même... Ce que je comprends mal, c'est comment vous y êtes arrivé. J'imagine que c'est de cela que parle Wigodric lorsqu'il évoque la sédimentation de l'esprit ? Des couches de plus en plus profondes qui communiquent plus ou moins entre elles ?

Peter eut un vague geste d'approbation, et James poursuivit :

-Vous avez procédé, je crois, en m'imposant votre volonté. J'ai senti une volonté extérieure gouverner mes pensées, et je n'ai pu me soustraire à sa puissance... Lorsque j'ai voulu retenir une pensée, je n'ai pas pu le faire, parce que vous passiez à autre chose, et que votre volonté primait sur la mienne.
-Exactement,
approuva Peter en s'asseyant sur son bureau, dans une pose décontractée que James ne lui connaissait pas. L'occlumancie, c'est avant tout une affaire de volonté. Pour m'empêcher de m'introduire et de circuler à ma guise dans ton esprit, tu dois repousser ma volonté. Cela peut être terriblement difficile, particulièrement si le légilimens a quelque ascendant sur toi, si tu le crains ou si tu le respectes. Il est souvent plus facile de se protéger contre un inconnu...

Le vieil homme se releva, et se mit à faire les cent pas en expliquant :

-Nous allons commencer ton apprentissage proprement dit. Tout d'abord, tu dois t'efforcer d'oublier qui je suis. Je sais que ce n'est pas facile, mais si cela peut te rassurer, tu as ma parole que rien de ce que nous pourrons faire ou voir ne sortira de ce bureau. Je souhaite sincèrement t'aider, pas te punir d'avoir voulu t'améliorer... N'hésite donc pas à riposter à mes attaques comme bon te semblera, tu as ma permission. Prends ta baguette.

Ce préambule acheva de glacer James. Son grand-père mesurait l'étendue de son malaise, tâchait d'y remédier, mais le garçon se sentait encore plus anéanti... Comment pourrait-il oublier qui se tenait en face de lui ? Comment pourrait-il oser riposter, contre un homme qui avait sur lui pleine autorité ? Il acquiesça néanmoins, la bouche sèche, et pointa vaguement sa baguette vers les tibias de son grand-père. Le vieil homme tournait autour de lui, rectifiait une position incorrecte, tout en donnant des conseils :

-Détends-toi, relâche les épaules. Lève ta baguette, comme en combat. Ferme les yeux, à présent... Essaie de vider ton esprit, de ne penser à rien. Concentre-toi, prends ton temps... Je lancerai l'attaque quand tu me feras signe. À ce moment, ton travail consistera à essayer de me repousser, de n'importe quelle manière... Fais-moi un signe de la main lorsque tu te jugeras prêt.

James laissa passer quelques instants, s'efforçant de vider son esprit comme le lui avait conseillé son grand-père, mais sans y parvenir. Les mêmes pensées revenaient sans cesse, les mêmes appréhensions et, finalement, une véritable rage commençait à prendre possession du jeune homme ; excédé de ne pas pouvoir contrôler son esprit, il se sentait frémir de rage... et il savait pertinemment qu'il se rendait plus vulnérable aux attaques du légilimens. Il se força à respirer profondément, plusieurs fois, puis à faire enfin le signe que Peter attendait. Aussitôt, il éprouva une étrange sensation, comme si on enserrait son crâne dans un étau, et une myriade d'images défila à une vitesse étourdissante, avant de s'arrêter sur un souvenir en particulier. Peter devait le trouver intéressant, et il profitait de la situation pour l'explorer à son aise.
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MessageSujet: Re: James Kirkby - Occlumens (Terminé !)   James Kirkby - Occlumens (Terminé !) EmptyMer 29 Juin - 20:00:52

James avait dix-sept ans depuis quelques jours, et il venait de recevoir les résultats des ASPIC... Moins bons que ceux de ses frères, mais honorables tout de même. Un Optimal en potions, un autre en étude des Runes, sept ASPIC au total...

-Tu peux t'inscrire à l'université avec ces résultats, commenta son père satisfait en lui tendant – enfin – son relevé de notes.

L'adolescent parcourut rapidementle parchemin puis, d'une voix incertaine, répondit :


-Ce... ce n'était pas mon intention, père.

À ces mots, Thomas fronça les sourcils. Ne venait-il pas de formuler un ordre – poli, certes, mais un ordre indiscutable ?

-Et quelle était ton intention, mon garçon ?

James chercha du regard le soutien des autres membres de la famille, mais chacun semblait absorbé à une tâche passionnante, et il dut se jeter à l'eau dans un silence de mort :

-J'espérais... devenir fabricant de baguettes magiques, balbutia-t-il.

Son père devint si rouge qu'il sembla sur le point d'exploser. Son fils, fabricant de baguettes magiques ? Alors que depuis trois générations, tous les efforts de la famille avaient précisément eu pour but de s'extraire de ce prolétariat sorcier qui devait travailler de ses mains et brader sa magie ?


-Il n'en est pas question, trancha Thomas d'une voix glaciale. Je ne veux plus jamais entendre parler de cette lubie. Tu t'inscriras à l'université, pour te préparer à une carrière au Ministère. Et ne t'avise pas de discuter, ajouta-t-il en voyant son benjamin tout prêt à répliquer.

Le gamin ravala ses protestations, demanda à mi-voix la permission de se retirer, et fila dans sa chambre ; son père oublia l'incident et la révolte avortée, jusqu'au moment où l'elfe de maison vint lui annoncer d'une voix paniquée :


-Maître... Le jeune maître James a quitté la maison...
-Comment cela ? Tu l'as vu ?
-Il a pris un sac et a transplané, Maître.


À cet instant, James foulait le pavé londonien, encore grisé de sa propre audace. Il avait quitté la maison paternelle, et n'y retournerait plus jamais ! Il était majeur, après tout, et n'avait plus de comptes à rendre à personne. S'il voulait fabriquer des baguettes magiques, c'était bien son droit... Il avait été si humilié à Poudlard, en entendant ses camarades parler de leurs projets professionnels. ! Chacun avait une idée bien précise de ce qu'il allait faire, mais lui était suspendu à la décision de son père. Il savait qu'on ne lui permettrait pas d'embrasser la carrière qu'il souhaitait, et il répondait vaguement aux questions des autres élèves, en se donnant l'air nonchalant pour ne pas perdre la face.

La plongée dans le Londres moldu était pour le moins éprouvante – il ne prêtait aucune attention aux feux de signalisation et manqua plusieurs fois de se faire écraser – et James se sentit soulagé d'arriver au Chaudron Baveur, porte d'entrée du Chemin de Traverse. Il irait voir Ollivander, le fabricant de baguettes, et lui demanderait de le prendre comme apprenti...

Cette fois-là, il vit à peine les premières boutiques du Chemin. Il n'avait fait guère plus de dix pas que quelqu'un transplana pile devant lui, signant la fin de cette fugue insensée. Le visage fermé, Xenophius McGregor serra le bras de son filleul d'une poigne de fer, et, sans un mot, transplana avec lui...


* *
*

James subissait ce souvenir, incapable de le faire cesser, et une angoisse lui serrait la gorge à mesure que les images se déroulaient. Il ne voulait pas revivre ce qui avait suivi l'intervention de Xenophius – le retour à la maison avait été particulièrement douloureux, et les représailles s'étaient étalées sur une partie de l'été.
Sa première réaction de défense fut de fermer les yeux ; par réflexe, il crispa les doigts sur sa baguette, la leva un peu plus, mais sans lancer de sort. Il secouait doucement la tête, comme un homme pris de délire, et se mit à répéter “non... non...” Tout cela entravait la progression de Peter, mais ne l'empêchait pas ; par saccades, le souvenir avait progressé, et James se voyait à présent sur le seuil de la maison, traîné par le col par Xenophius qui marchait d'un pas vif...


-NON !

Il avait crié cette fois, en prenant sa tête dans ses mains. Il ne voulait pas revoir cela, ces moments durant lesquels il avait compris que son propre père serait capable de le tuer de ses mains s'il le jugeait nécessaire...

-Je ne veux pas en voir davantage, pensa-t-il, appuyant avec force ses paumes sur ses tempes.

Le souvenir s'estompa, éclatant en d'étranges carrés de couleur, et James rouvrit les yeux. Il tenait à genoux sur le sol du bureau, la tête entre les mains, et une nausée irrépressible lui nouait les tripes... De là où il se trouvait, il voyait les pieds de son grand-père, mais il n'osait lever les yeux, de peur de croiser le regard du vieux sorcier. Il avait été pitoyable, il le savait...


-Relève-toi, James. Tu as mis du temps à comprendre... C'est par ta volonté que tu me repousseras. Tu m'as laissé aller loin, parce que tu as perdu du temps à avoir peur de ce que tu allais revivre... La peur te prive de toute faculté de résistance. J'ai délibérément choisi un souvenir que je savais pénible... et tu m'as laissé le parcourir à ma guise. Tu t'es laissé paralyser par la peur de ce que recèle ton propre esprit. Et tu n'avais même pas peur que j'accède à tes pensées, mais que je te force à revivre un souvenirdésagréable... Reprenons, à présent.

À nouveau, James ferma les yeux, et leva sa baguette sans vraiment comprendre à quoi elle pourrait bien lui servir. Son grand-père lui expliquait que son unique souci devrait être d'imposer sa volonté... d'empêcher la peur de le rendre vulnérable...

* *
*

Peter avait répété vingt fois ses conseils, et sa patience commençait à faiblir. Depuis plusieurs semaines à présent, il recevait régulièrement son petit-fils pour lui enseigner l'occlumancie, et il ne constatait guère de progrès. Le garçon était pourtant de bonne volonté ; il faisait preuve de sérieux, de concentration, et réalisait scrupuleusement les exercices d'entraînement prescrits... Mais après des débuts prometteurs, il piétinait, et Peter sentait qu'il avait épuisé toutes ses qualités pédagogiques. Son ton se faisait plus sec, souvent cassant, et chaque leçon devenait une épreuve. Il ne supportait plus ce gamin incapable du moindre progrès – et James, de son côté, redoutait toujours plus les tête-à-tête stériles avec son grand-père...
Ce soir-là, il se présenta à l'heure habituelle, la boule au ventre. Son esprit ne serait, une fois de plus, qu'un livre ouvert que Peter pourrait feuilleter à sa guise pour en extraire ce qui lui plairait...


-Inutile de sortir ta baguette, mon garçon, annonça le vieux sorcier sans autre préambule. Assieds-toi.

James obéit, l'estomac noué, appréhendant la suite. Son grand-père avait le visage fermé, et il parlait d'une voix froide, un peu inquiétante.

-Ecoute, James. Il faut voir les choses en face : tu n'y arriveras pas. Pas avec moi, du moins, tempéra le vieil homme en voyant la mine défaite du garçon. Nous avons passé je ne sais combien de semaines à travailler, et pour quel résultat ? Nous perdons notre temps. Je ne tiens pas à poursuivre l'expérience. Tu peux toujours essayer de te trouver un autre maître, mais je n'y crois pas beaucoup, dans ton cas.

La gorge nouée, James acquiesça, un peu secoué par la brutalité des propos de son grand-père. Lord Kirkby parlait avec une condescendance profondément humiliante, sans vraiment se soucier de l'effet que ses paroles auraient sur son petit-fils. Le garçon avait échoué, il ne méritait aucun égard...

-Laisse-moi travailler, à présent.


[4475 mots]
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: James Kirkby - Occlumens (Terminé !)   James Kirkby - Occlumens (Terminé !) EmptyMer 3 Aoû - 16:03:18

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Les doigts du jeune homme couraient sur les étagères de chêne, à la recherche d'un livre. Rien n'avait changé de place depuis la mort de Peter Kirkby, hormis les papiers du vieux sorcier relégués sans ménagement au fond d'un tiroir. James avait conservé l'agencement des lieux, et les rayonnages de livres montant jusqu'au plafond qui couraient tout le tour de la pièce. Le bureau, désormais, lui appartenait. George et Edward avaient salement fait la tronche en voyant leur cadet prendre possession du saint des saints, mais aucun des deux n'avait les moyens de s'opposer à un ordre direct du nouveau chef de famille désigné par le testament de Peter – son vieil ami McGregor. Xenophius entendait que son filleul occupe la pièce, pour y travailler à son aise et surtout en sécurité ; le bureau de Peter était protégé de sorts qui le garantissaient contre les regards trop curieux, et assuraient la confidentialité des informations qui pouvaient s'y trouver... et la confidentialité était indispensable, dans le genre d'affaires que traitait James. Des dizaines de milliers de Gallions passaient entre ses mains, et lui donnaient une sensation de puissance enivrante qu'il n'avait encore jamais connue. Une bonne part de ces affaires était franchement illégale – mais James lui-même aurait été incapable de dire dans quelles proportions, tant le légal et le frauduleux se mêlaient intimement. L'écheveau des montages financiers devenait chaque jour plus complexe à démêler, entre prises de participations, sociétés écrans, pots-de-vin, corruptions diverses... C'était précisément ce qui faisait l'intérêt de ce travail. Échafauder des stratégies, se frayer un chemin entre les concurrents, utiliser ou contourner les lois, au gré des besoins du moment... James se mouvait à son aise dans ce panier de crabes, maniait de main de maître les millions de Xenophius – avec succès, jusqu'à présent. Les affaires du clan prospéraient, suffisamment pour excéder à la fois les rivaux de McGregor et certains des membres de sa propre famille, outrés de la position dévolue à un étranger au clan. Xenophius se chargeait de juguler la mauvaise humeur des siens ; restait la menace la plus redoutable, celle que représentaient les concurrents de McGregor – tous ceux qui, de près ou de loin, prétendaient à une part du même gâteau que lui... Les affaires interlopes attiraient bien des convoitises, et la prospérité de Xenophius faisait de lui une cible de choix. Un dénommé Maître du Jeu, d'ailleurs, s'était récemment manifesté, pour intimer à James l'ordre d'espionner son parrain et de livrer des rapports réguliers sur ses activités. Un choix habile : le jeune homme, depuis peu promu au rang de responsable financier, aurait bien des informations à livrer... et il ne serait probablement pas difficile à acheter, comme tous les hommes d'argent. Il avait trahi le Seigneur des Ténèbres : trahir Xenophius McGregor ne devrait pas lui poser de problèmes moraux majeurs. Le calcul du Maître avait été excellent, en théorie, mais il ne pouvait pas prévoir que Kirkby avait des principes, et qu'il renâclerait à accomplir la mission qu'il lui confiait... Lui avait-on demandé son avis, d'ailleurs ? La lettre n'était-elle pas suffisamment claire ? Probablement non : le premier réflexe du jeune homme avait été de montrer la missive en question à Xenophius, en gage de loyauté... Quelle que soit la puissance du Maître du Jeu, elle n'avait pas pesé bien lourd face à la dette d'honneur – voire, qui sait ? face, peut-être, à l'affection – qui liait James à son parrain. Il revenait à Xenophius d'assurer à la fois la sécurité de ses affaires et la protection de son filleul, et il avait immédiatement trouvé la parade : il suffisait que le garçon apprenne l'occlumancie – quoi de plus simple ? Alix, l'aîné des frères McGregor, pourrait lui en apprendre tous les secrets... Ses ordres donnés, Xenophius ne s'était plus soucié de rien, certain qu'ils seraient suivis ; James, de son côté, avait commencé à paniquer pour de bon. Son unique expérience de l'occlumancie n'était pas faite pour lui donner confiance, et il craignait un échec retentissant qui aurait des conséquences autrement plus graves que le précédent...
Le lendemain, donc, avant d'aller retrouver Alix, il s'enferma dans le bureau de Peter, à la recherche du grimoire que son grand-père lui avait prêté en préambule à leurs leçons. Après un bon moment d'investigations, il finit par mettre la main sur le livre, non pas rangé sur l'une des étagères, mais dans le tiroir du bureau qui fermait à clé. Étrange, vraiment étrange, songea-t-il en ouvrant le bouquin. Pour quelle obscure raison Peter avait-il jugé nécessaire de cacher ce grimoire avec ses papiers les plus personnels ? La curiosité de James ne tarda pas à être satisfaite. À peine eut-il ouvert l'ouvrage qu'une mince liasse de parchemins, couverts de l'écriture de Peter, en tomba... La vieille carne avait soigneusement pris des notes lors des leçons d'occlumancie qu'il donnait à son petit-fils. Il avait consigné, méthodiquement, ses observations, les conseils qu'il avait donnés, les progrès qu'il avait remarqués, ainsi que quelques opinions personnelles bien senties.
“Esprit trop faible... capacité de résistance limitée voire nulle... trop impressionnable... perte de temps...”
Dégoûté, James n'acheva pas la lecture. Maudissant son grand-père, il remit les parchemins dans le livre, et fila au manoir McGregor en emportant sa trouvaille
.

**
-Ah, James. Je t'attendais, fit Alix en se levant de son fauteuil lorsque l'elfe introduisit le visiteur dans le petit salon. Une manière de lui faire remarquer, l'air de rien, que sept heures deux, ce n'était pas sept heures.
Le jeune homme murmura une parole d'excuse que l'autre n'écouta pas, et, sur un signe de lui, prit place dans un des fauteuils, le livre posé sur ses genoux. Le vieux sorcier ne sembla pas remarquer ce gros grimoire, et se mit à faire les cent pas, lentement, la mine grave. James se tenait très droit, parfaitement immobile, observant avec intérêt Alix McGregor. Il le connaissait peu, juste assez pour éprouver un peu de sympathie et beaucoup de respect à son égard – d'autant plus que pas plus tard que la veille, Alix l'avait tiré d'un très mauvais pas.


-Tu sais, James, j'ai bien connu ton grand-père, déclara finalement le vieil homme.

Le garçon hocha la tête, en se demandant vaguement pourquoi tous les sorciers d'un certain âge avaient la manie exaspérante de commencer leurs conversations par cette phrase. Peut-être touchaient-ils une prime s'ils la prononçaient ? Peu soucieux d'éclairer son futur élève sur ce point, Alix poursuivait :


-Je sais que tu avais pris des leçons d'occlumancie avec lui, et que ça n'a pas été une franche réussite. Je sais que tu as peur de ne pas y arriver, mais avant de commencer, je tiens à préciser une chose. Tu y arriveras, parce que tu n'as pas le choix, tout simplement. Inutile de parasiter ton esprit avec des craintes inutiles, ça nous évitera de perdre du temps. Tu deviendras un occlumens, mon garçon, j'en fais une affaire personnelle. C'est compris ?

James acquiesça en silence, mal à l'aise face au sorcier qui le scrutait à présent avec un intérêt un peu inquiétant. Alix avait joint les mains sous son menton et fixait son vis-à-vis, sans sourire, le visage indéchiffrable. Sans doute réfléchissait-il à la manière de commencer vraiment la première leçon...

-Tiens, qu'est-ce que tu m'amènes là ? demanda soudain Alix en avisant le livre.
-Eh bien... j'ai pensé que cela pourrait servir, monsieur... C'est le livre que mon grand-père m'a fait lire avant de commencer les leçons
, répondit James en lui tendant le pavé de Wigodric.
-Par Merlin... il t'a fait commencer par ça, commenta Alix, à mi-voix, en feuilletant l'ouvrage.

Surpris par le ton d'incrédulité de sa voix, James s'enhardit, et posa, pour la première fois, une question :


-Monsieur... Ce livre ne vous semble pas adapté ?

Après quelques instants, Alix se décida à lâcher l'ouvrage dont il tournait machinalement les pages, et répondit sans détours :

-Peter était un fin connaisseur des sciences magiques de l'esprit, il avait lu à peu près tout ce qui existait sur ce thème. Et il t'a donné le livre le plus compliqué, le plus théorique, le plus inutile pour un débutant, en somme. Je ne suis pas étonné que tu aies échoué à apprendre l'occlumancie. Ton grand-père était persuadé, depuis le début, que tu n'y parviendrais pas, et il a en quelque sorte organisé ton échec. Oh, je pense que les choses n'étaient pas aussi claires dans son esprit, ajouta-t-il en voyant James prêt à bondir. Sans doute même était-il de bonne foi, et croyait-il sincèrement t'aider... mais il t'a conduit, probablement de manière inconsciente, à l'échec. Tu sais, Peter n'aimait pas avoir tort. Et si tu avais réussi, il aurait été forcé d'admettre qu'il s'était lourdement trompé sur ton compte...

Jamais encore la haine de James pour son grand-père n'avait atteint de tels sommets. L'analyse d'Alix était tellement juste... Comment n'y avait-il pas pensé avant ? Cette vieille carne de Peter avait d'ailleurs avoué, à demi-mot, sa part de responsabilité dans le fiasco, lorsqu'il avait dit à son petit-fils qu'il n'y arriverait pas avec lui. Sur le moment, le garçon n'avait guère prêté attention à cette précision, mais elle lui paraissait aujourd'hui de première importance : ces quelques mots devaient signifier qu'il avait toutes ses chances de parvenir à apprendre l'occlumancie avec un autre maître... avec Alix McGregor, par exemple, qui pour l'heure claquait des doigts d'un geste impatient pour regagner l'attention de son élève.

-Eh bien, tu m'écoutes ? Tu auras tout le temps de ruminer plus tard sur l'esprit tordu de ton grand-père. Reste que par sa faute, nous sommes condamnés à construire sur des fondations incertaines... Il serait plus facile, autant pour toi que pour moi, que tu n'aies aucune notion d'occlumancie, mais ce n'est pas le cas et nous allons devoir composer avec l'apprentissage bancal que tu as reçu. Maintenant, assez parlé, il est temps de passer à la pratique... Lève-toi, mon garçon.

James s'exécuta, et par réflexe, tira sa baguette magique de sa poche. Il comprit aussitôt qu'il avait eu tort ; Alix avait froncé les sourcils et, d'une voix sèche, lancé :

-Je ne crois pas t'avoir dit de prendre ta baguette... Tu n'en auras nul besoin. Je sais que ton grand-père procédait autrement, mais vu le résultat atteint, tu me permettras de ne pas utiliser les mêmes méthodes.

Il n'y avait rien à répliquer. James baissa les yeux et rangea sa baguette, confus de commettre une erreur avant même d'avoir commencé. La voix un peu radoucie, McGregor reprit :

-L'occlumancie est une défense de l'esprit par lui-même, non pas par la magie. On peut passer par la magie pour se défendre, mais l'idéal est de ne pas avoir besoin de ce biais... N'importe quel sorcier peut lancer un sortilège de défense, mais tout le monde ne peut pas, à son gré, discipliner son esprit... Là réside la difficulté de l'occlumancie. C'est compris ? Bien, poursuivit-il sans même laisser à son élève le temps de hocher la tête. À présent, ferme les yeux.

James obéit, un peu crispé de sentir le vieux sorcier tourner autour de lui tout en parlant, le frôler parfois pour rectifier sa position, pour finalement se planter devant lui, à peu de distance.

-Laisse tes bras le long du corps... Baisse tes épaules, tu es trop tendu. La tête droite ! Respire profondément. Concentre-toi sur ta respiration, sur ton corps, sur tes sensations... ne pense à rien d'autre.

Quelques instants durant, le jeune homme s'efforça de suivre à la lettre les consignes d'Alix ; une agréable sensation, presque enivrante, de plénitude extrême s'installait peu à peu en lui, à mesure qu'il parvenait à ne plus prêter attention qu'à l'air qu'il respirait. Alix le laissa faire en silence, mais James devinait son regard acéré fixé sur lui, observant chaque changement, si minime soit-il, sur son visage. L'exercice, inattendu et bienfaisant, se prolongea jusqu'au moment où Alix McGregor murmura dans l'oreille de son élève :

-Ne rouvre pas les yeux. Je vais entrer dans ton esprit. Tu me repousseras plus facilement les yeux fermés. Tâche de garder la concentration et le bien-être que tu as trouvés dans le travail sur la respiration.

Étrange... Peter avait précisément dit qu'il serait stupide de commencer les yeux fermés, car l'attaque de légilimancie serait alors plus puissante. James s'obligea à ne pas réfléchir à cette contradiction, mais son esprit encore mal discipliné résista quelques instants avant de lâcher prise. La voix d'Alix le guidait, à peine plus élevée qu'un souffle, et il s'abandonnait de son mieux, certain d'être en de meilleures mains qu'avec son grand-père.

-Concentre-toi, respire. Inutile de t'inquiéter, tout va bien se passer. Tu dois concentrer toute ta volonté contre moi, c'est tout. Attention... légilimens !

L'attaque d'Alix lui sembla moins violente que celles de son grand-père, probablement parce que le vieux sorcier ne recherchait aucun souvenir précis dans son esprit. Des images sans suite se mirent à défiler, sans qu'il puisse, dans un premier temps, les éviter ou les retenir.
Poudlard, la cérémonie de la répartition. Hop ! Un saut dans le temps : l'entretien d'embauche avec Ollivander. Nouveau saut : il marchait avec Isaac, dans les rues de Londres, sous la neige. Encore un changement de programme : il avait quinze ans et passait ses BUSE. Rien de désagréable dans les souvenirs que suscitait Alix, rien qui provoquât un rejet net... James mit du temps à prendre conscience qu'il devait refouler le légilimens, même si son attaque n'était pas douloureuse. Il crispa la mâchoire et, de toutes ses forces, entreprit de repousser McGregor... une mission difficile, alors qu'Alix parcourait de plus en plus rapidement ses souvenirs et ses pensées. Une sorte de tournis prit James, qui ne pouvait que répéter « non, non » en boucle, sans parvenir à dompter son esprit pour repousser réellement l'intrusion.
D'un seul coup, les images cessèrent de défiler, et la voix d'Alix, à nouveau forte et un peu sévère, fit rouvrir les yeux au garçon :


-Eh bien, je ne te cache pas qu'il y a du travail. À aucun moment tu n'es parvenu à me bloquer. C'est moi qui ai interrompu mon intrusion dans ton esprit. Assieds-toi donc, ajouta-t-il en voyant que les jambes de son élève flageolaient.

-J'ai pourtant essayé de vous repousser, haleta James en s'asseyant, aussi épuisé que s'il venait de courir.
-Ah, oui, fit Alix avec un sourire railleur, j'ai bien senti quelques timides manifestations de ta part... Mais il n'y avait aucune fermeté. Tu n'as pas essayé de me repousser, tu m'as très poliment prié de bien vouloir quitter ton esprit. Très franchement, je ne pense pas que ce soit efficace lors d'une vraie attaque de légilimancie.
-Comment faire, alors ? demanda James, plus vexé qu'il ne voulait l'admettre par son échec et par le ton moqueur de McGregor.
-Eh bien... je vais te montrer la nuance entre ce que tu fais et ce qu'il faut faire. Imaginons que j'aie affaire à un rôdeur, qui s'installe chez moi pour ouvrir les tiroirs, lire mes parchemins, et fouiller toute ma vie. Voici ta réaction face à ce rôdeur.(Alix s'avança vers lui, les mains jointes) Monsieur, voudriez-vous avoir l'obligeance de bien vouloir cesser ces agissements qui me dérangent ? Penses-tu qu'il va bouger ? demanda Alix en reculant. Non. Alors, il te reste la deuxième solution... TU SORS, ET EN VITESSE !

Cette fois, le sorcier s'était avancé vivement, avait empoigné James par le col et l'avait secoué avec une vigueur inattendue chez un homme de cet âge, lui faisant à demi quitter sa chaise. On avait dû l'entendre crier dans tout le manoir, tant il y avait mis de conviction.

-Tu as compris ? i]reprit-il très naturellement tandis que son élève rajustait ses vêtements. [/i]Tout en toi doit exprimer le refus. Il ne suffit pas de penser vaguement non, il faut que ce non prenne toute la place. Reprenons.

Alix souriait, manifestement enchanté de sa petite démonstration. Déconcerté, James se releva, un peu inquiet, cette fois, à l'idée de se tenir les yeux fermés face à ce type. Qu'allait-il encore inventer ? À nouveau, il donna ses consignes pour l'exercice sur la respiration, d'une voix profonde, apaisante, et le jeune homme eut l'impression de parvenir un peu plus rapidement à la sensation de bien-être qu'il avait déjà éprouvée. Cette seconde tentative fut légèrement meilleure que la précédente ; au prix d'un violent effort, James réussit à bloquer le légilimens, mais après l'avoir longuement laissé contrôler ses pensées.

-C'est mieux, confirma Alix lorsqu'ils se rassirent, mais tu manques encore de fermeté. Pense à l'exemple que je t'ai donné avec le rôdeur... il ne s'agit pas d'autre chose. Tu ne laisserais personne entrer chez toi et fouiller dans tes affaires, n'est-ce pas ? Alors pourquoi me laisser entrer dans ton esprit et examiner chacune de tes pensées ? Cela te semble moins grave ?

James balbutia un « non monsieur » confus, la tête basse, et Alix annonça qu'il était temps de passer à la troisième tentative, si son élève n'était pas trop fatigué. Désireux de prouver sa motivation, le jeune homme sauta sur ses pieds malgré la lassitude qui commençait à s'installer, s'attirant un sourire d'approbation du vieux sorcier. Brave petit, il avait bien compris comment se comporter avec l'aîné des McGregor... Procédant toujours de la même manière, Alix aida le garçon à se concentrer avant de l'attaquer ; en bon pédagogue, il avait le souci de terminer la leçon sur un succès, et il se contenta d'une intrusion légèrement moins puissante dans l'esprit de James. Incapable de se rendre compte qu'il subissait une attaque plus superficielle que les précédentes, le jeune homme lutta de toutes ses forces pour se défendre, et il bloqua un peu plus rapidement le légilimens.
-Très bien ! claironna McGregor en lui donnant une grande tape sur l'épaule, tandis que James se rasseyait sans attendre de permission. Sers-nous donc un petit verre, James, ça ne fera pas de mal, fit Alix en déposant, d'un coup de baguette, un plateau devant son élève.

Lui-même ne vint pas s'asseoir immédiatement. Il s'était posté devant une bibliothèque, et recherchait quelque chose, son doigt passant de livre en livre. Quelques instants plus tard, il rejoignit James, prit le verre de whisky qu'il lui avait servi, et déclara :


-Tiens, si tu veux lire quelque chose de vraiment utile, prends ce livre. (Il montra la couverture usée : en lettres d'or, James put lire : Occlumancie, tout un art, par Bastian Enaides). C'est le meilleur ouvrage pour un débutant. Tu peux essayer de faire les exercices qu'il conseille, cela te permettra de progresser plus vite. À ta santé, acheva-t-il en vidant à moitié son verre.
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MessageSujet: Re: James Kirkby - Occlumens (Terminé !)   James Kirkby - Occlumens (Terminé !) EmptyMer 3 Aoû - 19:33:35

Les jours suivants, les leçons s'enchaînèrent à un rythme rapide. Entre deux rencontres avec Alix, James consacrait son temps libre à la lecture du livre qu'il lui avait prêté, et à la réalisation des exercices préconisés par Enaides. Il passait de longs moments, le soir, allongé sur son lit, à tenter de penser à ce qu'il croyait le plus sécurisé. C'était la première étape conseillée par Enaides. Les lieux se succédaient dans son esprit ; une forteresse ? L'image de Poudlard s'imposait à lui lorsqu'il songeait à une forteresse, mais il n'associait pas le vieux château à une sensation de sécurité. Il y avait connu trop de mauvais moments, entre la surveillance constante de ses frères et les quelques mésaventures que lui avait valu son amour de la magie noire. Les autres élèves n'appréciaient guère les partisans trop déclarés des pratiques obscures, et James en avait parfois fait les frais.
Une frorêt ? C'était l'autre idée suggérée par Enaides, mais elle n'était guère plus satisfaisante. Le jeune homme n'aimait guère les forêts – malgré les efforts de son ami récemment rencontré, Merwin Caerwyn, pour lui faire partager la beauté des lieux. Les forêts étaient pleines de bruits suspects et de créatures hostiles, il était impossible de les associer à l'idée de sécurité.
L'image qui s'imposa peu à peu à lui fut celle de sa nouvelle demeure, dans le très chic quartier de Kensington. Une petite maison blanche, bardée de sortilèges de protection – James avait sollicité plusieurs sorciers aux pouvoirs puissants, après la charmante visite de Valère Araley, pour que chacun ajoute sa touche à la sûreté de sa demeure, de sorte qu'il aurait été difficile de trouver retranchement plus sûr, et plus agréable. Isaac avait pris en charge la décoration et l'aménagement des lieux, en proclamant hautement que si on ne le laissait pas faire, ce serait « à gerber » ; il continuait d'apporter des améliorations à chacune de ses visites, si bien que la maison devenait peu à peu l'endroit le plus accueillant que James ait connu.
Il lui était d'autant plus facile de se concentrer sur l'impression de sécurité qu'il associait à sa demeure, qu'il effectuait ces exercices chez lui, en rentrant de ses entrevues avec Alix. Le vieux sorcier se montrait satisfait des progrès de son élève, et il s'employait à faire monter le niveau de ses exigences assez subtilement pour ne pas le décourager. Sa principale inquiétude provenait du caractère trop docile du garçon, qui entravait sa progression.


-Comment veux-tu avancer si tu ne montres pas les dents ? s'écria un jour l'aîné McGregor, à bout de patience. Il s'agit de te défendre, pas de ménager le type en face, comprends-le ! Pour ça, tu as besoin de davantage d'audace, de volonté... Tu ne progresseras pas si tu ne prends pas un peu d'assurance, et ce n'est pas valable uniquement pour l'occlumancie, soit dit en passant. Tu gagnerais beaucoup à t'affirmer davantage. D'ailleurs, Xenophius aussi estime que tu manques de... de relief. Tu le connais, il est autoritaire, mais même lui trouve que tu te laisses trop marcher sur les pieds. Je pense qu'il serait très fier de toi si tu faisais quelques efforts pour lui montrer qui tu es vraiment. N'hésite pas à te faire entendre un peu plus, tu verras que ce sera beaucoup mieux ainsi. Et cela t'aidera pour l'occlumancie. Reprenons.

Aiguillonné par ces reproches qu'il savait justifiés, James montra davantage d'ardeur par la suite. Par moments, furieux, il s'adressait mentalement à Xenophius : « Tu vas voir si je manque de relief, vieux con... » Peu à peu, il craignit moins de s'affirmer face à Alix, qui de son côté durcit l'apprentissage et se montra de plus en plus sévère. Désormais, il n'était pas rare que les leçons dégénèrent en éclats de voix qui s'entendaient dans toute la maison. Alix estimait de son devoir d'aider son élève à s'affirmer, en le poussant dans ses derniers retranchements. La docilité naturelle de James lui semblait constituer l'obstacle le plus difficile à franchir pour un apprenti occlumens ; il poursuivait donc son apprentissage, conjointement, sur ces deux aspects. Il asticotait le jeune homme, à coups de réflexions bien senties et de reproches plus ou moins fondés, jusqu'à ce que ses efforts portent, et que la colère du garçon s'exprime enfin. Loin de se formaliser, il ne se montrait satisfait que lorsque James, à bout de nerfs, finissait par sortir de ses gonds. La grande victoire d'Alix en la matière eut lieu un jour de réunion d'une partie de la Triade ; à la surprise générale, James osa rabrouer vertement Andrew McGregor, qui mettait en doute son honnêteté et son efficacité. Un silence de mort suivit cette empoignade ; même Xenophius sembla pris au dépourvu, et Alix, qui avait personnellement incité James à se rebiffer, estima qu'il l'avait mené suffisamment loin. À la fin de la réunion, la mine sombre malgré sa satisfaction, il prit son élève à part pour lui conseiller de faire en sorte de ne jamais se trouver seul à seul avec Andrew dans un couloir sombre. Simple question de prudence.

En parallèle, les leçons d'occlumancie proprement dite se poursuivaient. Alix avait graduellement augmenté ses exigences ; après de rudes efforts, James était parvenu à interdire au légilimens l'accès de son esprit, mais il le faisait trop brutalement pour que cela pût passer inaperçu.


-Il est essentiel que ta défense soit indétectable, mon garçon ! Tout est dans la subtilité. Si le légilimens qui t'attaque a le moindre doute, il usera d'autres moyens pour te contraindre à livrer la vérité, ou explorera ton esprit si violemment que tu risques d'y perdre la raison. L'idéal est de ne pas lui donner à penser que tu lui caches certaines choses.

Patiemment, le vieux sorcier expliqua alors comment mettre en place une défense plus légère, très difficile à repérer. Ne pas crisper son esprit sur ce que l'on veut cacher : c'est la plus sûre façon de donner l'alerte. Savoir faire dévier une attaque, en toute discrétion, vers quelque chose de moins risqué. Ne pas opposer un mur à l'attaquant, mais un labyrinthe... Les explications durèrent longtemps, puis les deux sorciers passèrent aux premiers exercices ; après un long travail préparatoire, Alix jugea que son élève était prêt pour un test grandeur nature. Il demanda donc à James de choisir un souvenir, en particulier, qu'il défendrait :

-Je vais fouiller ton esprit comme je ne l'ai pas encore fait, comme un légilimens à la recherche de quelque chose de précis. Choisis l'un de tes souvenirs que je n'ai pas encore vus, et défends-le. Bien entendu, il faut que ce soit quelque chose d'important pour toi, sinon tu ne le défendras pas correctement. Imagine que si j'accède à ce souvenir, ta vie sera menacée... Tu dois absolument me le cacher, quel qu'il soit. Tu as choisi ? Très bien. Concentre-toi... respire... légilimens !

Le choix de James s'était porté, très naturellement, sur un souvenir récent ; l'hiver précédent, à Pré-au-Lard, en voulant faire une surprise à Isaac, il était tombé sur la meilleure amie du Serpentard... Megan. Jusque-là, il avait toujours évité l'héritière du trône, qu'il jugeait insupportable et prétentieuse, mais il avait bien fallu s'accorder avec elle : si jamais cette rencontre, et l'existence même d'Isaac, parvenait aux oreilles de Xenophius, tous les trois sentiraient passer sa colère. On avait donc signé la paix, tant bien que mal, et depuis cette rencontre, les relations entre James et Megan s'étaient quelque peu améliorées.
L'attaque d'Alix se porta d'abord sur des souvenirs sans intérêt, et James dut faire un effort de concentration pour le laisser faire ; il ne s'agissait plus de défendre l'intégralité de son esprit, mais un unique souvenir. Peu importait donc qu'Alix feuillette mille autres pensées... Il se rapprocha cependant assez vite ; James sentit un vertige le prendre, et il s'efforça de protéger ce souvenir comme s'il s'agissait de son bien le plus précieux... Tous ses efforts ne parvinrent qu'à ralentir le légilimens, qui finit par accéder à ce qu'on lui cachait. Il le parcourut en entier avant de quitter l'esprit du jeune homme, le laissant pantelant et épuisé. La mine sévère, Alix toisa son élève, secrètement amusé par sa panique, sans montrer le moindre signe d'émotion lorsque le jeune homme finit par balbutier :


-Monsieur McGregor... je vous en prie...
-Tu ne veux pas que mon frère l'apprenne, c'est cela ?
répliqua Alix d'un ton cinglant.
-Oui... s'il vous plaît...
-Effectivement, s'il vient à l'apprendre, je ne donne pas cher de ta peau, ni de celle de ton petit copain,
commenta le vieux sorcier sur un ton de dédain.

Retenant son souffle, James le regarda faire quelques pas lents devant lui, les mains croisées dans le dos, avant de lancer enfin d'une voix grave :


-C'est une grande faveur que tu me demandes là, James. Je n'ai pas pour habitude de dissimuler quoi que ce soit à mon frère.
-Je vous en prie,
répéta James, sur un ton assez désespéré pour attendrir une pierre.

À nouveau, Alix laissa passer quelques instants, puis annonça :


-Mon silence se mérite, jeune homme.
-Comment ?
-Si j'ai accepté de t'apprendre l'occlumancie, c'est parce que je t'en ai jugé capable. Tu as progressé, mais ce n'est pas encore aussi bon que je l'aurais espéré. Montre-moi que je n'ai pas perdu mon temps avec toi, montre-moi que tu es digne de la confiance que j'ai placée en toi. Nous allons rester ici jusqu'à minuit, ni plus, ni moins. Si à minuit tu maîtrises la défense partielle de ton esprit, Xenophius ne saura rien de ce que j'ai pu apprendre. Sinon... Allons, reprenons.


Éperonné par cette menace, James jeta ses dernières forces dans la bataille. Tous les conseils de son maître lui revinrent peu à peu en mémoire, et il les appliqua avec plus de sérieux que jamais. De temps à autre, il posait un oeil inquiet sur la pendule d'or du petit salon ; minuit approchait, et avec l'heure fatidique, la fin de l'ultimatum. Il ne restait que cinq heures... quatre... deux... Bientôt, on fut dans la dernière heure. En quelques heures, le jeune homme avait davantage progressé qu'au cours des jours précédents ; Alix conservait un visage impassible, mais il notait avec satisfaction chaque progrès de son élève. À mesure que le temps passait, la défense de James se faisait plus précise, plus légère, plus difficile à détecter. Le vieux sorcier accéda encore à quelques bribes de souvenirs, mais il ne se mouvait plus dans l'esprit du garçon avec autant d'aisance. Le regard fixe, le visage grave, James parvenait à bloquer l'intrus, à le cantonner à des zones de son esprit où il ne trouvait rien d'intéressant. Puis son visage même se détendit, et ne refléta plus l'extrême concentration du jeune homme. Lorsque la pendule du salon sonna minuit, les progrès de James avaient été remarquables, et Alix lança d'une voix narquoise :

-Eh bien, si j'avais su que la menace serait aussi efficace, je l'aurais utilisée bien avant. Va dormir, mon garçon, sans oublier tes exercices, et reviens demain.
-Monsieur McGregor...
commença le jeune homme d'une voix tendue.
-Bonne nuit, James, coupa Alix sans daigner le rassurer.

**
Le lendemain, Alix McGregor attendait son élève sur un banc ombragé, dans le parc du manoir. Il lui expliqua qu'il voulait faire quelques pas avec lui, au soleil, avant de reprendre le cours.


-Profitons un peu du soleil, mon garçon. Il faut profiter du soleil pendant qu'on le peut, fit le vieil homme, très amusé de l'effroi que ces quelques mots suscitaient chez un James visiblement nerveux. Après quelques pas, il reprit : Mon frère s'est enquis de tes progrès, tout à l'heure. Le sujet l'intéresse beaucoup, et il tient à ce que tu réussisses à maîtriser parfaitement l'occlumancie. Sinon, m'at-t-il dit, nous serons contraints (il appuya légèrement sur le mot, d'un air entendu) de trouver une autre solution...
-Une autre solution ? Vous voulez dire...
demanda James effaré par l'espèce de doute que laissait planer Alix.

Le vieux sorcier eut un rire amusé, et répondit :


-Oh, non... n'aie crainte... Il ne souhaite pas, s'il peut l'éviter, se priver de tes services. Ce serait regrettable, d'ailleurs, car j'apprécie l'aide que tu m'apportes dans la gestion financière de la Triade, et il me semble que Xenophius n'est pas mécontent de ton travail. Justement, je crois qu'il aimerait te donner davantage de responsabilités, mais ce n'est pas possible pour le moment, acheva-t-il d'un ton lourd.

Tout ce prologue sinistre commençait à effrayer sérieusement James, qui redoutait qu'Alix n'ait parlé à Xenophius. Il n'osait poser clairement la question, et marchait la tête basse, sans remarquer le petit sourire malicieux du vieux McGregor qui se payait sa fiole.
Comme le jeune homme se demandait quelle était la raison de cette promenade dans le parc, il aperçut une silhouette, sortant du manoir, qui se dirigeait vers eux à grands pas. Dylan McGregor, le petit-fils d'Alix, ne tarda pas à les rejoindre. Il serra la main de James en souriant – les deux jeunes gens s'entendaient plutôt bien – et Alix se décida enfin à s'expliquer :


-Nous allons passer à la dernière partie de ton apprentissage, James. Tu as parfaitement appris à défendre ton esprit contre les intrusions, mais il est facile de se défendre lorsqu'on peut se concentrer entièrement sur cette tâche... Je veux que tu t'entraînes à le faire tout en menant une conversation, de manière à pouvoir donner le change à celui qui te prendra pour cible. J'ai demandé à Dylan de nous rejoindre, vous allez parler, et je t'attaquerai. Ton but devra être de me repousser sans rompre ta conversation avec Dylan, et sans même que ton visage ne lui laisse penser que tu fais un effort de concentration. Tu dois parvenir à séparer ton esprit en deux parties bien distinctes. Ce n'est pas facile, mais au point où tu en es, cela ne devrait pas te poser de problème. Tu es prêt ?

Sur un signe de son grand-père, Dylan engagea maladroitement la conversation : il n'était pas facile de bavarder ainsi, sur commande. Alix laissa aux deux jeunes gens le temps de prendre un peu leurs aises, puis, en silence, il attaqua. James sentit d'abord une sorte de flou dans son esprit, puis la présence d'Alix s'imposa ; les sourcils froncés, il interrompit quelques secondes sa conversation avec Dylan, le temps de bloquer le vieux sorcier...

-Tu y étais presque, affirma Alix. Tu n'as pas perdu le fil de la discussion, il n'y a eu que quelques secondes de blanc... C'est encore trop, mais avec un peu d'entraînement, tu y seras très vite. Allez, reprenez.

À plusieurs reprises, les deux jeunes gens se remirent à bavarder, menant une drôle de conversation sans cesse interrompue par les attaques et les conseils d'Alix. Ils parvinrent tout de même à aborder quelques sujets intéressants, mais assez vite, un violent mal de tête s'empara de James. Acharné, Alix obligea toutefois son élève à poursuivre le travail jusqu'au succès complet ; il comptait annoncer leur succès le soir même, au dîner auquel Xenophius avait convié son filleul, et auquel assisterait aussi ,entre autres membres de la famille, Andrew.
Lorsqu'il autorisa enfin James à s'asseoir, le jour déclinait sur le parc, et l'air s'était rafraîchi. Il ne restait plus qu'une vingtaine de minutes avant l'arrivée du maître de maison – tout juste le temps nécessaire pour boire un whisky et une potion contre le mal de tête. Alix envoya son petit-fils attendre Xenophius, et entraîna James jusqu'au salon où avaient eu lieu, des semaines durant, leurs leçons d'occlumancie. Il servit deux pleins verres d'un excellent whisky que le jeune homme ne connaissait pas, puis, en guise de toast, lança :


-Finalement, j'ai bien fait de dire à mon frère que tu méritais qu'on te laisse une chance.





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MessageSujet: Re: James Kirkby - Occlumens (Terminé !)   James Kirkby - Occlumens (Terminé !) EmptyMar 16 Aoû - 16:03:04

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