Le heurtoir en forme d’aigle dit à haute voix.

- Où vont les objets disparus?

Filip regarda longuement l’oiseau, réfléchissant à ce que lui avait dit une élève de sa maison croisée dans un couloir. La rencontre avait été brève, trop courte au goût du garçon. Après quelques mots échangés, elle lui avait souri et s’était dirigée vers les escaliers du 2e étage. Il aurait aimé connaître son nom, savoir un peu mieux qui elle était.

- Dans le non-être, c'est-à-dire dans le tout.

La porte s’ouvrit alors et Filip pénétra à l’intérieur de la salle commune. Il s’agissait d’une vaste pièce de forme circulaire. Tapissés de tentures en soie bleue et bronze, les murs étaient recouverts de quelques tableaux. Certains personnages étaient rassemblés dans un cadre, prenant une tasse de thé et discutant silencieusement. La statue en marbre blanc de Rowena Serdaigle était dressée fièrement à l’autre bout de la salle. Les courbes finement sculptées et les traits définis du visage amplifiaient le réalisme de la création. Tout juste à côté, des bruits se faisaient entendre derrière une porte close. Il s’agissait probablement des dortoirs.

Filip fit quelques pas et déposa sa valise par terre, mais s’assura de mettre son caisson ainsi que son chaudron sur une table basse. Il regarda autour de lui et admira les fenêtres en forme d’arcade. Il s’approcha de l’une d’entre elles et vit les montagnes se profilant au loin. Il regarda longuement les arbres onduler sous l’effet du vent, profitant de la tranquillité qui régnait dans la pièce déserte. En reculant, il remarqua dans un miroir quelque chose de particulier au plafond. Il leva la tête et contempla le dôme composé d’étoiles peintes.

Pendant quelques secondes, il se remémora ses vacances d’été dans la campagne biélorusse. Les fraiches soirées qu’il passait sur le quai du chalet familial, à se laisser bercer par le flot des vagues et à contempler l’immensité étoilée, lui étaient chères. À l’occasion, une étoile filante passait… Il sortit de ses pensées et regarda la bibliothèque qui était bien garnie. Quelques livres d’arithmancie côtoyaient des ouvrages sur la défense contre les forces du mal et les potions. Il tira un bouquin poussiéreux d’une étagère et le feuilleta tranquillement. Le document portait sur les animagus. Filip remit à sa place le livre et vint s’assoir sur un fauteuil en cuir noir.

Il éteignit la petite lampe placée à côté et ferma les yeux. Il se mit à repenser à toute la cérémonie de répartition, aux nouveaux qu’il avait rencontrés et avec qui il partagea ses impressions. Il avait longuement regardé Minerva McGonagall après son allocution très inspirante, surtout au lendemain de la défaite de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom… Les paroles du Choixpeau magique l’avaient frappé lorsqu’il fut réparti dans la maison des Serdaigles. Le chapeau avait pris un bref moment de réflexion et avait donné une réponse concise. Il éprouva une certaine satisfaction de se retrouver dans cette maison dont la sagesse, l’érudition et l’excellence sont les piliers. Les acclamations provenant de la table de ses nouveaux confrères et consœurs lui firent chaud au cœur, lui qui n’est pas facilement ébranlable émotionnellement, bien qu’il soit fragile sur le plan affectif.

Alors qu’il se dirigeait vers sa table attitrée après le moment fatidique, il se souvint que les deux jeunes hommes avec qui il avait fait le trajet dans le train étaient aussi des Serdaigles. Il tenta de les retrouver parmi la foule, mais ne parvint pas à les repérer. Il se dit que tôt au tard, il pourrait faire plus ample connaissance avec eux, que ce soit à la salle commune, dans les dortoirs ou dans les corridors.

Après avoir relevé les paupières, Filip se leva et alla saisir l’album de photos qui était resté au fond de son chaudron. En ouvrant la première page, il aperçut la traditionnelle photo de famille prise lors du mariage d’un cousin éloigné. Tout le monde souriait, regardant gentiment Filip et lui faisant des clins d’œil pour certains ou des signes de la main pour d’autres. Une image de leur séjour à Sofia en Bulgarie se retrouvait sur la seconde page, tout juste devant la Cathédrale Alexandre-Nevski. Des passants en arrière-plan se défilaient et ne se souciaient même pas d’être pris en photo au passage. Sur une autre page, les parents de Filip s’embrassaient lors de son 7e anniversaire de naissance. À bien y penser, il aurait aimé avoir un appareil pour y mettre des photos de son séjour à Poudlard. Il aurait adoré en avoir un en sa possession pour photographier le ciel brillant de la salle en ce moment.

Il déposa l’album dans le chaudron et regarda les autres pièces du mobilier. Quelques chaises éparpillées un peu partout dans la salle étaient accompagnées d’une rangée de pupitres. Le feu dans la cheminée crépitait tranquillement, jetant un peu de lumière sur un jeu d’échec laissé à l’abandon par des élèves probablement épuisés de devoir réfléchir.

Filip se dirigea lentement vers ses bagages, prêt à se rendre dans le dortoir pour se trouver un lit ou s’informer sur les places disponibles pour les nouveaux. Il approcha de sa valise et s’assura qu’elle était bien fermée, même s’il ne l’avait pas ouvert. Aussitôt qu’il s’apprêta à la prendre, il entendit du bruit venant de la porte d’entrée. Les bruits dans le dortoir ne s’étaient pas atténués non plus, ce qui pouvait laisser croire la venue d’une ou plusieurs personnes.

Les bruits en provenance de l’entrée se firent de plus en plus insistants. Le jeune garçon tourna la tête vers celle-ci et regarda les battants de la large porte. Ils ne bougeaient pas, mais les murmures dans le corridor d’accès ne s’estompaient guère. Il se redressa, délaissant du même coup sa valise. Il jeta des coups d’œil rapides aux alentours pour voir si personne n’allait émerger des dortoirs. Il réalisa alors que la porte était close et que personne ne l’avait entendu entrer dans la salle commune vraisemblablement. Il s’approcha et posa son oreille contre la petite porte. Certains murmures et des rires étouffés pouvaient être perçus, mais il avait du mal à distinguer le nombre de personnes qui jacassaient dans ce local.

Il fit quelques pas en arrière et revint vers le centre de la pièce. Il parvint à entendre la voix de l’aigle du heurtoir. Il s’agissait probablement de la question secrète, nouvelle d’hier au soir. Les interrogations que formulait l’aigle étaient reconnues dans tout Poudlard pour être particulièrement difficiles. Quelques élèves qui tenaient une discussion à la table des Serdaigles dans la grande salle parlaient justement de la complexité des questions et se plaignaient même un peu.

À l’extérieur, une voix claire et distincte s’éleva. Le timbre indiquait qu’il s’agissait d’un garçon. Filip s’approcha tranquillement de la porte et écouta attentivement le discours que tenait l’autre élève :

- "Eh! Pssst! Oh! Tu peux m'ouvrir s'to plaît! J'suis bloqué!"

Stupéfait au début, il eut un faible sourire en réfléchissant à la situation. Oublier le mot de passe, c’est un peu comme oublier son porte-clés. Dans ce cas-là, les ennuis sont imminents. Pendant quelques instants, Filip se demanda s’il devait ouvrir. À sa première journée, le soir même de la répartition, il ne voulait pas commettre une erreur en faisant pénétrer un Serpentard dans la salle commune. C’était peut-être un coup monté par des plus vieux de la maison de Salazar pour profiter du manque d’expérience d’un nouveau et semer la pagaille dans la tour. Ce genre de situation pourrait le mener à de sévères conséquences avant même d’avoir pu s’intégrer à son nouveau groupe.

D’un autre côté, il s’agissait peut-être d’un autre arrivant qui avait décidé de visiter les lieux en compagnie de quelques amis des autres maisons. Il avait peut-être été pris de court par l’heure tardive et ne s’était pas renseigné sur la question posée à l’entrée de la salle commune. Ce scénario était très plausible, davantage que celui mettant en vedette des Serpentards aux motivations scrupuleuses. Néanmoins, il ne fallait pas écarter cette hypothèse puisque le jugement critique était de mise. Il pensa pendant quelques instants à se rendre dans les dortoirs pour aviser les autres que quelqu’un cognait à la porte, prétendant qu’il ne se souvenait plus du mot de passe. Cette idée fut rapidement écartée, le jeune Serdaigle se disant qu’il était apte à décider seul.

L’autre élève s’impatientait surement, mais il était catégorique que Filip devait suivre une certaine procédure. Il s’approcha plus de la porte et dit à haute voix.

- Donne-moi ton nom.

Il voulait s’avoir à qui il avait affaire avant d’aller plus loin. Peut-être qu’il prenait des précautions inutiles, mais il était de son devoir de s’assurer que sa maison était respectée et que personne n’allait y pénétrer avec de mauvaises intentions. Il se frotta les mains pendant quelques instants avant d’énoncer une autre phrase. Il se dégagea la gorge et repris.

- Donne-moi aussi une preuve que tu appartiens à cette maison. Sans ça, je ne t’ouvre pas.

Il attendit alors la réponse du jeune garçon, justement pour voir s’il allait lui donner le mot de passe convoité.

Filip écouta attentivement ce que lui racontait l’élève de l’autre côté de la porte. Ses premières phrases concernant l’affection mitigée envers les Serpentards ne le convainquit pas du tout. Il ne connaissait que la réputation de la maison et n’avait jamais vraiment fraternisé avec ses représentants. Bien que les rumeurs circulant à leur sujet soient plutôt négatives, Filip ne voulait pas avoir d’idées préconçues à leur endroit. Il faut dire que certains disciplines de Salazar avaient influencé positivement le monde des sorciers. D’une certaine façon, il avait hâte de rencontrer quelques Serpentards, question de pouvoir juger qui étaient ces élèves par lui-même.

Le discours du jeune garçon fut rapidement changé en une description étoffée de la salle commune. Celui qui attendait patiemment de l’autre côté énuméra chaque partie de la salle, que ce soit la statue de Rowena Serdaigle ou le ciel étoilé à perte de vue. Les détails étaient suffisamment précis pour convaincre Filip. Aucun livre ne faisait état d’une telle description, du moins, pas à sa connaissance. Il jeta des regards furtifs dans la salle à chaque fois qu’un élément important était mentionné pour s’assurer que rien n’échappait à la personne dehors. Une fois le monologue terminé, Filip s’approcha de l’entrée et mis sa main sur l’anneau argenté qui servait à tirer la lourde porte. Avant d’aller plus loin, il dit à haute voix.

- C’est bon, j’ouvre. Je voulais être certain… La réponse, c’est dans le non-être, donc dans le tout.

Il tira sur l’anneau et força de manière à bien ramener la porte vers lui. Pendant qu’il l’ouvrait, il se disait qu’il avait bien fait de demander des précisions. Il ouvrit complètement la porte et fut placé devant un petit bonhomme, de la même taille que lui environ et du même âge aussi. Il le regarda de façon à le scruter à la loupe, le fixa dans le blanc des yeux pendant quelques instants et fit un pas de côté pour lui laisser la voie libre. Il se retira alors vers les canapés et pris un siège près de ses affaires personnelles. Il contempla encore pendant quelques instants John pour se familiariser avec sa présence. Il avait des cheveux en bataille, un peu comme lui. Il revenait probablement de l’extérieur et trainait du matériel scolaire. Il essaya de déterminer la matière qui était traitée dans les volumes de John, mais ne parvint pas à lire ce qui était écrit sur la couverture ou la reliure de ceux-ci. Bientôt, ce serait à son tour d’aller en classe et de suivre un horaire méthodique.

Filip réalisa rapidement qu’il ne s’était pas présenté. Il se leva alors et passa sa main sur la robe de sorcier qu’il portait afin d’enlever les plis et s’approcha de John. En se dirigeant vers lui, il leva les yeux et réalisa que les personnages qui étaient rassemblés dans un cadre pour siroter un breuvage s’étaient séparés. Plusieurs avaient quitté pour se rendre ailleurs.

En s’avançant, il tendit la main et regarda John.

- Filip Mezin, 1ère année.

Après avoir patienté quelques secondes sur le pas de la porte, il entendit le voix du jeune garçon:

- C’est bon, j’ouvre. Je voulais être certain… La réponse, c’est dans le non-être, donc dans le tout.

_Merci! Je me coucherais moins bête ce soir!

Suivant cela, la porte s'ouvrit. Devant lui se trouvait un jeune homme, il devait avoir le même âge que John, il faisait la même taille mais jamais il ne l'avait vu.

John s'avança dans la salle et se posa dans un des fauteuils. Il sortit un livre sur les grands mages noirs; après la métamorphose, sa seconde matière préférée était l'histoire de la magie, principalement quand elle traitait la magie
noire.

Cette forme de magie avait toujours fascinait John. Toujours il avait rêvé d'utiliser ces sortilèges qui font bien mal, plus d'une fois ça l'avait démangé de sortir sa baguette et de jeter un bon « doloris » sur quelqu'un qui se moquait de lui mais jamais il ne l'avait fait. Il savait très bien que s'il le faisait, il aurait juste le droit à un aller simple pour Azkaban.

Il sortit donc son bouquin et le feuilleta. Il tomba sur un article parlant de Grindelwald. Le plus puissant des mages noirs si Lord Vold.... Vous-Savez-Qui n'avait pas mal tourné. A ce qu'il avait lu, c'était un grand ami de Dumbledore dans sa jeunesse puis il aurait mal tourné et sa devise « Pour le plus grand bien »serait devenu sa marque de terreur. Il aurait créé une prison dans le grand nord, Nurmengard, y aurait été enfermé et y serait finalement mort, selon certains assassiné par Vous-Savez-Qui.

Alors qu'il été plongé dans son article, une main passa entre son bouquin et ses yeux. Il leva les yeux et vit le jeune homme devant lui. Ce dernier lui sortit « -Filip Mezin, 1ère année. »

John le regarda, regarda sa main, sa tête, sa main puis se décida à lui serrer la main « John Arthur Tatcher; John pour tout le monde, première année moi aussi. »

Ça y était. Il ne l'avait jamais vu mais maintenant ils avaient sympathisé et vu que Filip avait l'air d'être sympa, il n'y avait aucune raison qu'ils s'entendent mal.

« Si t'as besoin d'aide pour un cours autre que le soin aux créatures magiques, l'astronomie et la divination, trois matières que je trouve totalement inutile, demande! Je t'aiderai volontier! »