Expédition nocturne [PV Ethel] [98/99][Abandonné]

Voilà maintenant près de 7 mois qu'Alexie avait fait son entrée à Poudlard, intégré la maison de Gryffondor et elle n'avait pas vu le temps passer. Entre les cours, les devoirs et autres événements, Alexie ne savait plus où donner de la tête, d'autant plus qu'elle avait l'habitude d'errer dans le château la nuit, même si il aurait fallu qu'elle respecte le couvre-feu. La jeune fille dormait peu, au lieu de rester dans son dortoir ou dans la salle commune à géner le sommeil des autres élèves, elle avait préféré explorer le château à la recherche d'endroits fabuleux. Pas tous les jours, non ; une à deux fois par semaine, c'était déjà beaucoup. Étant en première année, ce n'était pas opportun de se promener dans le château à cet heure-ci, mais les mauvaises habitudes avaient la dent dure, et la curiosité était un vilain défaut. Pour le moment, elle avait eu de la chance, personne à l'horizon, pas de Rusard, pas de professeurs, pas de fantômes. Même pas d'élèves. Une chance magique. Mais pour combien de temps ? Mystère. Et pourtant, le danger était grand, elle risquait non seulement des points en moins pour sa maison, mais également une retenue voir pire. Déjà qu'elle n'avait pas fait gagner beaucoup de points aux Lions, alors si elle en perdait, c'était mauvais pour elle. Très mauvais. Et une retenue, n'en parlons même pas. La jeune fille avait beau paraître aventurière d'une certaine manière mais pour tout dire, elle craignait les retenues, et autres formes de punitions. Elle restait une petite fille de 11 ans comme les autres, qui testait ses limites tout en craignant les conséquences. Elle tentait la chance, elle était de son côté, mais celle-ci pouvait la laisser tomber.
Passons, pour le moment, l'enfant était dans la salle commune des Gryffondor et elle se préparait pour une énième escapade. Escapade qui n'était pour le moment impossible car une élève de troisième année était plongé dans ses bouquins et ses, à disserter sur un sujet qu'Alexie ne voulait pas connaître. L'enfant s'était dit que l'évasion du soir allait être remise à demain si cette satanée Lionne n'allait pas se coucher d'ici une quinzaine de minutes. Et par bonheur, ce fut le cas. La jeune enfant avait vraiment la chance de son côté décidement. L'élève de troisième année salua Alexie et monta dans son dortoir, pendant que cette dernière referma le livre de Sortilèges et d'enchantements qu'elle avait prétexté lire en attendant.

« Faut être vraiment fou pour travailler jusqu'à cette heure. », murmura Alexie pour elle-même. « Autant que moi à attendre pour visiter l'école, en fait. », ajouta-t-elle brusquement avant de sourire.

La nuit était devant elle, ou du moins une partie. La jeune fille quitta rapidement la tour des Gryffondors, direction les cachots. Elle n'avait pas l'habitude d'aller si loin, mais ce soir, l'envie lui était venue de parcourir ce lieu la nuit tombée. Digne d'un conte d'horreur. Manquerait plus qu'une vipère et ce serait vraiment le cas, le cauchemar. Mieux ne valait pas en parler au risque que cela se produise... Alexie parcourut le trajet silencieusement, et arriva jusqu'aux cachots sans encombre. C'était encore mieux que dans son idée. L'air était froid, et ses pas résonnaient sur le sol, son expédition pouvait commencer.

Ethel était dans le dortoir sans trouver le sommeil. Elle tournait et se retournait dans son lit, mais il n’y avait rien à faire. Etait-ce la chaleur ou la Lune ? Elle n’en savait rien. Et elle n’irait certainement pas poser la question à Trelawney. Qui sait ce que la jeune femme farfelue serait capable de lui répondre. La galloise imaginait déjà le scénario.

« C’est une nuit de graaaand malheur, mon enfant ! Le sinistroooos … »

Elle devait se retenir de rire pour ne pas gêner le sommeil de ses camarades. En plus, son estomac se mettait à grogner de plus en plus fort. Voilà ce qu’on récoltait à force de sécher les repas.

L’adolescente attrapa sa baguette et, à l’aide d’un bon « lumos », entreprit de se lever sans trop de bruit. Elle tâta au dessus des couvertures pour attraper de quoi se couvrir si elle entreprenait une ballade nocturne. Enfilant un pantalon par-dessus sa chemise de nuit, elle attrapa un pull et prit soin de nouer l’écharpe rouge & or de sa maison. C’était certes un geste risqué. Manquait plus que ce soit un des préfets de Serpentard qui fasse une ronde ce soit pour qu’elle se fasse attraper. Mais, au moins, si c’était Page ou William qui faisaient leur ronde ce soir, elle risquait moins gros si elle portait son écusson.

De toute manière, l’appel du ventre semblait plus fort que la raison. Plus elle trainait, plus son estomac semblait se manifester. Il n’y avait plus qu’à prier pour que ce dernier se taise, une fois dans les couloirs du château. Elle n’avait pas de cape d’invisibilité elle, pour échapper à Rusard.

Glissant ses pieds dans les chaussons qui trainaient au pied de son lit, Ethel sortit enfin de la chambre, marchant à tâtons dans la nuit, retenant un gémissement quand elle se cognait aux parois des lits de ses camarades.

Ca y est … La galloise franchissait le portrait de la grosse Dame à qui elle fit signe de garder le silence sur sa petite expédition. Manquerait plus qu’elle donne l’alerte celle-là. Une fois dans le couloir, elle retint son souffle. Est-ce qu’un professeur, un préfet, un élève ou même Rusard rôdait dans le coin ? Apparemment non … Pas un seul bruit ne semblait briser le silence pesant qui succédait, à présent, aux respirations calmes et aux ronflements de ses camarades. A part peut-être le bruit de son cœur qui s’accélérait peu à peu.
Il y a quelques mois, la jeune fille avait fait une expédition du genre dans les tours du château. Mais l’atmosphère était plus agitée. Cette nuit, pas un orage ne semblait déchirer le ciel. Ce qui rendait le silence plus inquiétant. Et cette fameuse nuit, Ethel était tombée sur Page. Faut avouer qu’il aurait pu lui arriver pire.

Elle avançait prudemment dans les couloirs quand, quelques mètres plus loin devant elle, il lui sembla entendre des bruits de pas. Elle se raidit. Rusard ?! Si c’était lui, elle était fouttue, c’était certain. Elle déglutit. Allons bon, qu’avait-elle à craindre de ce vieux grincheux ? Une retenue ? Certes, cela ferait tâche sur son panneau quasiment blanc d’élève sage. Après tout, elle était à gryffondor et selon le vieux et moche concierge, c’était certainement une raison suffisante pour finir en retenue. Au pire, elle pourrait toujours faire diversion.
Elle se remit en route. Il lui fallait encore descendre quelques étages, traverser une partie du hall et descendre au sous-sol pour atteindre les cuisines. Sa baguette illuminant faiblement le sol, elle avançait à petits pas. Au loin, elle pouvait percevoir les lueurs de celles des préfets qui effectuaient leurs rondes. Elle éteignit rapidement la sienne. Pas question de se faire prendre maintenant. Autant faire la bêtise jusqu’au bout. Elle retint son souffle jusqu’à ce que les gardiens de la nuit passent leur chemin et reprit sa route. Elle arrivait presqu’aux cuisines maintenant.

Ce qui lui parut bizarre, ce fut la faible lueur qui semblait avancer jusqu’à la réserve de victuailles. Les elves faisaient-ils des heures supplémentaires la nuit ? Voilà bien un détail qui aurait fait dresser les cheveux de Miss Granger si elle avait été mise au courant. Si elle se faisait repérer, même par un elfe de maison, ce ne serait pas joli-joli. Elle poussa la porte doucement, priant pour que celle-ci ne grince pas.

Mais, elle ne contrôlait pas encore les éléments dans le château … La lourde porte en bois émit un grincement, assez audible pour quiconque se trouvait dans les parages et elle tomba nez-à-nez avec une silhouette. Son teint blêmit. Quelle que soit la maison de l’ombre qui se dressait devant elle, elle était dans le pétrin.

Ses yeux s’étaient fait à l’obscurité, mais pas assez pour lui permettre de bien percevoir ce qui lui tenait compagnie.

« Qui que tu sois, j’ai ma baguette … Alors pas de mauvais coup ! »

Au moins, la base était posée. Restait à voir maintenant à qui elle avait à faire.

Une chose était sûre, la galloise n’était pas forcément très rassurée. Si elle se retrouvait une nouvelle fois face à Aleksei, elle finirait certainement étouffée sous un sac de pommes de terre.

Alexie marchait tranquillement dans les cachots à la recherche de recoins cachés et pourquoi pas de l'entrée de la salle commune des Serpentard, sans trop d'espoir. Elle ne pourrait certes pas y accéder, mais elle avait bien envie de voir à quoi ressemblait leur tableau si tableau d'entrée il y avait. Sûrement un de ces serpents bien laid à faire mourir de peur. Alexie n'aimait pas les serpents, ils lui faisaient horreur. Quand elle était petite, son père l'emmenait souvent au parc et elle était tombée à côté d'un serpent. Ses yeux jaune globulent, sa langue sifflante, elle n'avait jamais rien vu d'aussi laid et surtout d'aussi menaçant. Depuis, elle avait peur, elle essayait de le cacher, mais c'était un fait avéré. Elle n'avait pas peur des Serpentard, par contre. Enfin partiellement. Bon, la vérité était qu'elle craignait un minimum les vipères tout de même, notamment du fait de la rivalité Gryffondor/Serpentard qui régnait encore et toujours dans l'école. Elle n'avait pas encore eu le bonheur d'avoir affaire à un élève de cette maison, et elle espérait que cela n'arriverait pas de si tôt. Enfin, quand savait-elle, tous les Serpentard ne pouvait pas être forcément mauvais, c'était discriminatoire de le penser. Mais la pensée d'une élève de 11 ans n'était pas aussi développée que celle d'un adolescent plus âgé alors celle-ci restait dans le stéréotype du noir et blanc.
Soudain, un léger bruit résonna dans les cachots, Alexie se retourna paniquée mais ne distingua rien d'inquiétant. Il faisait tellement noir qu'elle distinguait à peine le bout de son nez. Elle hésita à se servir de sa baguette et a utiliser le sort qu'elle avait apprit il y a quelque temps, qui permettait qu'un faisceau de lumière apparaisse au bout de sa baguette, mais tellement paniquée elle n'aurait pas réussi à le réaliser. Le bruit se rapprochait, Alexie se cacha dans le recoin d'un mur, elle sentait à peine les rebords des pierres dans son dos tellement qu'elle redoutait le moment où la chose qui faisait ce bruit arriverait vers elle. Celui-ci était trop faible pour qu'il soit réalisé par les pas d'un préfet exerçant son tour de garde, on aurait dit le bruit d'un petit animal. Un mulot, ou une souris peut-être. Oui, ce devait être ça, un rat. Rien d'étonnant, la nuit, dans les cachots. Alexie s'assit un moment sur le sol glacial pour reprendre sa respiration et contrôler son coeur, qui battait rapidement, et laissa échapper un petit rire. Il était sans doute temps de rentrer dans la tour des Gryffons et de penser à aller se coucher. Une nouvelle journée de cours l'attendait le lendemain, ou plutôt dans la matinée et Alexie avait eu son lot de sensation pour la soirée. Elle revint alors doucement sur ses pas, direction la sortie.
Elle arriva sans encombre à la porte qu'elle avait empruntée à l'allée, signe qu'elle touchait à son but. Elle attendit qu'aucun son suspect n'était présent dans le couloir et doucement avança sa main sur la poignée, mais elle n'eut pas le temps. La lourde porte s'ouvrit toute seule, comme par enchantement, accompagnée d'un grincement évident. L'enfant pensa d'abord à de la magie, la porte s'était ouverte pour elle, mais très vite elle aperçu l'ombre d'une silhouette. La chance avait tournée, elle était fichue.Elle n'arrivait pas à distinguer l'allure de la silhouette, mais c'était belle et bien une personne.

« Qui que tu sois, j’ai ma baguette … Alors pas de mauvais coup ! »

Alexie réfléchissa à cent à l'heure. Elle était fichue, certes. Mais déjà ce n'était pas Rusard. C'était une voix de fille, pas très rassurée, ce qui élimina directement le statut de préfète, qui aurait certainement prit le temps de le dire. Les préfets aimaient bien se vanter de leur rôle. Un autre élève en expédition certainement. Aucune importance, l'élève était armée de sa baguette et Alexie, encore inexpérimentée niveau sortilèges, avait très peu de chance de rivaliser. Surtout si il s'agissait d'une élève plus âgée, et encore plus si celle-ci était de Serpentard, car Alexie portait en évidence son écusson de Rouge et Or sur son haut, et si l'autre élève était bien de cette maison, elle n'hésiterait pas à la désarmer. Qui sait ce qui arriverait à une pauvre lionne de première année.

« Je ne veux rien de mal... », murmura Alexie, sa voix trahissant le calme qu'elle avait voulu laisser paraître.

La petite avait voulu rajouter quelques mots mais plus rien ne sortait. Elle était devenue presque aphone, en tentant trop la chance, celle-ci lui avait fait faux bond. Alexie essaye de reprendre le contrôle d'elle-même, déjà elle voulait voir à qui elle avait affaire. Rester dans l'ignorance était au-dessus de ses forces, c'est pourquoi elle tenta le sort qu'elle avait pensé à réaliser quelques minutes auparavant lorsqu'un rongeur l'avait effrayée.

« Lu... Luumos », dit-elle d'une voix hésitante.

Évidemment, le sort ne fonctionna pas du premier coup. C'était bien sa veine. Déjà il fallait qu'elle tomber sur une autre élève en pleine nuit dans les cachots, alors que c'était interdit, mais en plus il fallait qu'elle se ridiculise devant l'autre à ne pas réussir un sort de débutant. Alexie réessaya directement, ne jamais rester sur une défaite lui avait inculqué son père, et c'est ce qu'elle tentait d'appliquer.

« Lumos »

Le deuxième essai fut concluant, une légère lueur éclaira le bout de sa baguette, qu'Alexie leva pour distinguer la silhouette. Il s'agissait d'une jeune fille, plus âgée, et elle était de Gryffondor à en voir son écharpe. Elle était sauvée, ou du moins le croyait-elle.

Baguette tendue devant elle, Ethel se tenait prête à attaquer si elle devait le faire. Elle tentait de faire preuve de fermeté sur son instrument de défense, mais elle ne pouvait empêcher sa main de trembler. Alors, elle tentait de faire disparaitre cette trouille apparente dans le son de sa voix. D’autant plus que la voix qui lui avait répondu ne semblait pas agressive. Mais, il ne fallait pas se fier aux apparences. Déjà, on lui avait répondu. Et la galloise tentait d’analyser si c’était bon ou mauvais signe.

Certes, si elle était restée dans le silence, elle aurait deux réactions possibles. Soit, elle se serait cru victime d’une hallucination et elle aurait continué son chemin, bravant les interdits et satisfaisant à la fois sa curiosité malsaine de jeune gryffone et son appétit nocturne, soit elle aurait fini par prendre ses jambes à son coup, pensant que Rusard l’avait repéré et que si elle restait là, même dans le noir absolu, le vieux concierge mettrait la main sur elle et elle finirait certainement sa nuit à nettoyer la cuisine du sol au plafond avec juste sa salive et de l’huile de coude.

Mais, manifester sa présence lui avait permis de détecter la présence de quelqu’un d’autre. Et, à en juger par la petite voix qui lui avait répondu, il s’agissait d’une fille. Peut-être plus jeune qu’elle. Après, restait à savoir s’il s’agissait là d’une « amie » ou d’une « ennemie ». Apparemment ses intentions ne semblaient pas mauvaises, car la petite fille s’exprimait avec hésitation et semblait tout comme elle effrayée d’avoir été surprise en pleine infraction.

Elle vit un petit faisceau de lumière jaillir à quelques mètres de l’endroit où elle se trouvait. Mais pourquoi n’y avait-elle pas songé plus tôt ? Avant même qu’elle ait pu prononcer le sortilège approprié, la baguette voisine tentait de briller, faiblement. Visiblement, il s’agissait là d’une première année. Où bien, l’inconnue avait été tellement surprise par la présence d’Ethel qu’elle en perdait ses moyens. Une fois qu’elle parut maitriser le sortilège, une lumière blanche vint aveugler la cadette Perks.

« Hé, fais attention à la direction de ta baguette, j’y vois plus rien ! »

Elle se saisit, à son tour, de sa baguette, qu’elle avait caché jusque là dans son dos et entreprit de lancer également un « Lumos » bien placé.

« Lumos ! »

Sa baguette en main, elle chercha à dévisager l’élève imprudente. Le faisceau de lumière s’arrêta sur l’écusson aux couleurs de Godric épinglé sur la poitrine à peine naissante de la petite fille. Mais, cela pouvait tout aussi bien être une ruse d’un Serpentard mal intentionné.

« Qu’est-ce qui me certifie que tu es bien une disciple de Godric ? »

Sa voix qui se voulait assurée tremblait un peu.

Elle avait pourtant là assez de preuves pour être certaine, mais on n'était jamais assez prudent. Surtout depuis ces dernières années. Et, la galloise n'avait pas encore eu une seule retenue de l'année, voire même depuis son arrivée à Poudlard et ne comptait pas commencer maintenant. Certes, elle n'était pas là où elle devait être, mais s'il le fallait, elle prendrait ses jambes à son cou. Enfin, si la petite fille était bien de sa maison et en première année qui plus est, elle ne pouvait pas la laisser toute seule dans ce noir. C'était une question d'honneur. Et chez les gryffons, on ne plaisantait pas avec ça.

L'élève en face d'Alexie ne semblait pas plus rassurée que cette dernière, même si celle-ci était en troisième, quatrième ou cinquième année peut-être. Mais elle était de Gryffondor, cela changeait tout. Elle appartenait à la même famille, c'était simplement impossible que l'autre lionne ait de mauvaises intentions même si la peur pouvait prendre le contrôle et amener à faire des choses que l'on n'aurait pas faite en temps normal. Le sortilège avait bien fonctionné, Alexie pouvait voir son acolyte de méfaits nocturnes et celle-ci ne semblait pas méchante aux premiers abords juste désorientée par le fait que le jeune fille l'aveuglait par la lumière de sa baguette.

« Je suis désolé... Je ne maîtrise pas encore vraiment ce sortilège »

Alexie abaissa sa baguette en même temps qu'elle prononca ses mots. C'était stupide de dire ça, qu'est ce que l'autre élève en avait à faire qu'elle ne maîtrisait pas un sortilège dit simple. Cela montrait sa faiblesse d'autant plus. L'autre pouvait s'en servir, en sachant qu'Alexie n'était pas très douée, et qu'elle ressemblait spécifiquement à une élève de première année qui ne connait rien encore à la magie. Vraiment, c'était ridicule. En plus, la plus âgée avait réussi ce sort là du premier coup, ce qui ne faisait qu'exagérer la disparité de pouvoir des deux enfants. Alexie vit que la Gryffonne la dévisageait et qu'elle s'arrêta un instant sur son écusson de maison. Voilà, elle allait enfin voir qu'elles faisaient partie de la même famille et qu'il n'y avait pas de crainte à avoir. Les mots de son acolyte de nuit la laissa pantoise, même si sa voix tremblait un peu ce qui certifiait qu'elle n'était pas si rassurée que cela même en sachant que son « adversaire » était plus jeune. Qu'est ce qui certifiait qu'elle était bien une disciple de Godric, son écusson tout simplement. Que fallait-il d'autre ? Cette question était étrange et Alexie la trouva suspecte. Pourquoi la soupçonner alors qu'elle était belle et bien de la même maison ? À moins que l'autre élève ait volé l'écharpe qu'elle avait autour du cou à une Rouge et Or, ce qui signifiait qu'elle pouvait être d'une autre maison, une espionne. Il fallait faire attention, c'était suspect. La jeune fille réfléchit un instant à sa réponse. Comment lui donner un indice vérifiant ses dire, sans que ce soit un secret de maison que les autres élèves n'y appartenant pas, ne devaient pas connaître. Par exemple, hors de question qu'elle exprime le lieu de passage pour rentrer dans la maison des Gryffondor et le mot de passe. C'était comme une trahison si l'autre se révélait être une élève d'une autre maison.

« Qu'est ce qui me certifie que tu es bien également une disciple de Godric ? »

Elles allaient presque arriver devant une impasse, si elles continuaient sur cette lancée, et ainsi se poursuivre toute la nuit. Elles risquaient au final de croiser Rusard, un préfet ou même un professeur et allaient au devant de gros ennuis. L'inquiétude grandissante d'Alexie allait de pair avec celle de sa fatigue, c'est pourquoi celle-ci rajouta quelques mots sans laisser à l'autre élève le temps de répondre à sa première question, car si cette élève était bien une disciple de Godric, la situation paraissait quelques peu risible.

« Je t'assure que je suis de Gryffondor. Alexie Montgomery, première année. »

Sa voix n'était pas très assurée, pour ne pas dire du tout, mais Alexie pensait qu'en révélant son identité, cela permettrait à l'autre d'être rassurée, car elle avait alors un double avantage. Déjà, par son physique et ses pouvoirs d'élève plus âgée, ensuite, par le fait qu'elle détenait une information dont elle pouvait se servir tout en restant anonyme.

La voix de sa cadette_car Ethel en était convaincue, son interlocutrice était plus jeune qu’elle et le faible éclairage de sa baguette le lui confirmait_était hésitante, signe que la jeune fille semblait aussi rassurée qu’elle pouvait l’être. Mais, ce dont la galloise avait peur pour le moment, c’était que Rusard l’attrape. Et, avec la petite lionne sur ses talons, elles risquaient de se faire remarquer plus aisément. Et la jeune fille ne souhaitait pas faire perdre de points à sa maison. Qu’importe la coupable.

Pour le moment, il lui fallait rassurer la jeune gryffone. Elle ne maitrisait pas encore un sortilège ? Et alors … L’apprentissage, ça prenait du temps. S’il s’était s’agit du contraire, elles auraient toutes deux été envoyée à Serdaigle, la maison du savoir.

« Je m’excuse de me montrer si nerveuse », répondit-elle en calmant le ton de sa voix, « Mais, tu apprendras rapidement que la méfiance est parfois la meilleures des alliées dans certaines situations. Non pas que je jette la pierre sur une maison en particulier … J’ai n’ai de mépris pour personne à l’école, sauf si on me cherche. Mais, certains ne sont pas tendres. Et souvent, ce sont des Serpentards … Ils prennent un malin plaisir à nous faire perdre des points à tout bout de champs. Mais, comme je l’ai dit, je n’ai pas de mépris. J’ai quelques bons amis chez les disciples de Salazar ».

Elle souriait malgré l’obscurité. Il est vrai que les conflits entre les deux maisons sus-nommées étaient légendaires. Et il est vrai également qu’Ethel avait une ennemie dans cette même maison. Mais cela ne faisait pas de tous les Serpentards des êtres vils et méprisables. Même si leur principale qualité était la sournoiserie.

« Moi c’est Ethel, Ethel Perks. Tu es donc arrivée en début d’année … D’habitude, je prend connaissance des récentes arrivées, mais j’ai passé l’année dernière en dehors de Poudlard et l’année d’avant en surprotection. Du coup, je ne fond pas réellement parmi la masse ».

Finalement, savoir à qui elle avait à faire rassurait la jeune lionne. Au moins serait-elle en mesure de se protéger et de protéger sa camarade si le besoin se présentait. Car, il y avait là question d’honneur. Même s’il leur arrivait des ennuis, elle protègerait sa camarade.

« Tu tests la vérité des règlements de l’école ? Les sorties nocturnes sont normalement interdites … »

Sa raison à elle était honorable, bien qu'elle n'en soit pas si fière que ça. D'ailleurs, elle n'avait toujours pas épinglé son insigne sur son uniforme. Peut-être parce que cette nouvelle fonction l'effrayait un peu.

Dès que son aînée parla, Alexie sut que la situation s'était inversée. Il n'y avait plus ou presque plus de méfiance, mais une amorce de confiance qui s'installait entre les deux lionnes, même si les deux filles restaient attentives notamment à l'arrivée d'une rencontre inopportune comme celle de Rusard par exemple. De plus, la jeune fille ne voulait pas être un poids pour sa disciple de maison, à deux il était plus difficile de passer inaperçues.

Après un court moment de silence, la Rouge et or parla d'une voix calme et la plus jeune l'écouta attentivement. Une certaine autorité régnait de sa part, sans que celle-ci s'en rende compte notamment par le fait qu'elle était plus âgée et Alexie respectait cela. La méfiance était la meilleure des alliés selon sa camarade, et c'était logique surtout vu les évènements qui s'étaient produits il y a peu de temps, cela ne pouvait être que plus vrai. Son père le lui avait toujours répété en plus, la confiance ne peut s'installer que sans une méfiance préalablement instaurée. Elle fit ensuite référence à une maison en particulier, Serpentard évidemment. Alexie ne connaissait pas particulièrement d'élèves de cette maison, et ne les percevaient qu'à partir de la rivalité qui existait entre les Serpents et les Lions, notamment par les matchs de Quidditch et la lutte des points pour la Coupe des quatre maisons. Mais l'aîné révéla qu'elle avait de bons amis chez les disciples de Salazar, ce qui pouvait paraître étonnant. Comme quoi, cette rivalité pouvait être dépassé à partir du moment où on se considérait tous comme des élèves égaux. Cette information rassura d'autant plus Alexie en sachant que son acolyte n'accordait pas vraiment d'importance à l'origine des gens ce qui signifiait qu'elle était conciliante.

Ethel révéla ensuite que cela faisait deux ans qu'elle n'était plus à Poudlard, ce n'était pas étonnant d'autant plus que la bataille finale avait eu lieu à Poudlard et la majorité des élèves n'ayant pas la majorité avaient été renvoyés chez eux. L'année d'avant, elle avait été placé en surprotection. Alexie se demanda pour quelles raisons mais elle n'osa pas l'exprimer. Peut-être que son aînée était issue d'une famille moldue, ou alors d'une famille importante du monde de la magie et qu'elle nécessitait d'une défense spécialisée. Après tout, cela ne regardait que cette dernière.

« Tu testes la vérité des règlements de l'école ? Les sorties nocturnes sont normalement interdites... »

Alexie rougit à la question que lui posa Ethel sans que cela puisse se voir vu l'obscurité. C'est vrai que dit de cette façon, la jeune fille se sentait idiote de se promener dans les couloirs de l'école en pleine nuit. Cela ne pouvait rien lui apporter à part des ennuis et c'est à partir de ce moment là qu'elle s'en rendit compte. Mentalement, elle se dit que c'était bien la dernière fois qu'elle partirait en exploration, à moins d'une raison valable.

« Je sais... Je... Il faut croire que je suis assez stupide pour risquer une retenue. », bafouilla-t-elle, en ne sachant pas quoi dire de plus. « On ferait peut-être mieux de bouger avant que quelqu'un ne nous surprenne, non ? », ajouta-t-elle en reprenant confiance.

« Certains te diront que les gryffondors sont spécialistes en la matière pour ce qui est de s’attirer des ennuis. On est juste un peu trop téméraires par moment. Il suffit juste de ne pas oublier le règlement. Enfin, les règlements sont parfois fait pour ne pas être respectés … C’est pas vrai ? »

Elle adressa un regard complice à sa jeune camarade tout en fouillant dans la poche de son uniforme.

« Mais, comme on est jamais trop prudent, ceci nous aidera surement à nous en sortir si jamais on se faisait pincer ».

En alliant le geste à la parole, Ethel sortit de sa poche le petit « P » en argent, insigne fraichement obtenu par décision de la direction de l’école. Pour elle, ce symbole avait peu d’importance pour le moment. Il faut dire que pour elle, la seule et véritable préfète avait toujours été Page. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi d’ailleurs, sa rouquine camarade avait renoncé à ses fonctions. Où, au contraire, elle le comprenait que trop bien et se demandait si elle n’avait pas là récupéré un présent maudit.

Toujours est-il qu’elle agrafa tout de même l’insigne sur un coin de son uniforme.

« Je ne m’y suis pas encore faite … Je dois reconnaitre que Page répondait à cette fonction sans doute bien mieux que moi. Mais, de toute façon, je suis censée faire une ronde. Donc, au cas où Rusard nous surprenne, je pourrai toujours dire que je te raccompagnais aux dortoirs ! »

Son ton était devenu humble et sérieux. Ce n’était pas un rôle qui lui monterait à la tête. Ethel avait une tête bien vissée sur ses épaules. Mais, si Mc Gonagall avait décidé de choisir la cadette des Perks comme préfète de la maison de Godric, elle avait ses raisons.

D’ailleurs, le petit insigne une fois attaché au col de son vêtement, la galloise ressentit comme une bouffée de chaleur et de sécurité tout au fond de son être ?

« Mais, tu as raison, on ne va pas s’éterniser par ici. Tu partais vers les cuisines, non ? Ca te dirait un petit festin en compagnie des elfes de maison ? »

Elle retrouva un ton un peu plus enjoué. Après tout, si elles tardaient encore quelques minutes, on ne leur en voudrait pas.

« Les temps sont calmes en ce moment. Mais, il n’en reste pas moins que certains recoins de l’école ne sont pas très sûrs quand on se promène seul. De nuit comme de jour d’ailleurs ».

Ethel se souvenait très bien de sa petite escapade nocturne après les fêtes de Noël. Ce fameux soir où elle avait d’ailleurs béni le ciel (Et non pas Apple Pie :na :) de tomber sur Page plutôt que sur quelqu’un d’autre. Enfin escapade … Au départ, c’était parti d’une intention tout à fait honorable d’abord. C’est après sa rencontre avec Page que la situation avait pris un autre chemin. Et la galloise qui cachait bien sa trouille légendaire, s’était finalement bien amusée avec l’irlandaise.

« Mais, si on évite certains couloirs, on devrait s’en sortir sans trop de dommage ! », ajouta-t-elle en souriant.

Les Gryffondors, spécialistes des ennuis ? Elle comprenait mieux pourquoi les Lions étaient souvent reconnus coupables de petits méfaits et pourquoi les conflits éclataient entre les Serpentards et les Lions. Les Serdaigles et les Blaireaux étaient beaucoup plus calmes et plus à cheval sur le respect du règlement, il était donc normal que la plus grande rivalité se situait entre les deux autres maisons dont les membres étaient beaucoup plus hardis.

« C'est sans doute pour cette raison que le Choixpeau m'a ajoutée à cette maison... Je suis d'accord, dans la limite du raisonnable, je crois que j'ai compris. »

Lorsqu'elle avait posé le Choixpeau sur sa tête, elle n'avait pas de maison particulière en tête laquelle elle voulait absolument rejoindre. Chacune avait ses spécificités, chacune pouvait lui ressembler d'une certaine manière, tant par ses qualités que par ses défauts. Le choix du couvre-chef s'était porté sur celle des Gryffondors, et Alexie trouva vite ses marques dans cette nouvelle famille qui l'accueillait en son sein. Maintenant qu'elle y pensait, elle ressemblait plus à une élève de Gryffondor qu'elle ne le croyait. Le Choixpeau avait bien fait, il avait lu en elle.

Soudain, son aînée reprit la parole en sortant quelque chose de sa poche. Son insigne de préfète. Elle était préfète ! La surprise apparut subitement sur le visage de la jeune Lionne dont les yeux naviguait entre l'insigne en argent représentant le rôle de Préfet, accrochée sur l'uniforme de la Rouge et or et le visage de cette dernière. Ethel était préfète, Alexie ne s'attendait pas du tout à cela. En y réfléchissant, elle était certainement en train d'effectuer à sa ronde. Heureusement qu'elles étaient de la même maison, sinon la jeune fille aurait très bien pu faire perdre quelques malheureux points aux Gryffons pour non respect du règlement. Mais la seule question qui demeurait était celle demandant pour quelles raisons la Préfète n'avait pas inséré son insigne.

Ethel répondit à cette questions sans que la jeune lionne ne les exposa à voix haute. Cette fonction était toute nouvelle pour son aînée. Alexie le savait que c'était Page qui avait ce rôle là ; elle avait du renoncer à ses fonctions et Ethel avait naturellement hérité du rôle. Même si cette dernière n'était pas encore habituée à son nouveau statut, ni bien sûre d'en être capable, Alexie trouva qu'elle faisait belle et bien figure de préfète. Son ton était sérieux, son attitude modeste, elle convenait parfaitement à ce rôle. Maintenant qu'elle savait ça, la surprise passée, Alexie se dit qu'elle avait de la chance. Dans le cas où elles croiseraient Rusard, Ethel pouvait affirmer son rôle de préfet, ayant puni une première année, et peut-être que celui-ci les laisserait passer sans discuter.

« À vrai dire, je remontais en salle commune... Mais maintenant que tu le dis, je ne dirai pas non à un bon festin ! »

Pour tout dire, Alexie salivait déjà à l'idée des merveilles culinaires que leur présenteraient les elfes de maison. La première fois qu'elle avait mangé dans la Grande salle juste après la répartition, elle n'en avait pas cru ses yeux. Tant de saveurs, de délices, il fallait très vite contrôler son appétit et ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre afin de garder un poids régulier. Alexie n'était jamais allée en cuisines, c'était une nouvelle découverte pour elle. Cela pouvait être aussi bien intéressant que rassasiant.

La discussion continua sur les endroits qui n'étaient pas très sûrs dans le château, et la préfète ajouta que certains couloirs étaient à éviter si on voulait éviter de se retrouver en mauvaise posture, ce qui inquiéta Alexie. Elle préférait savoir, si il fallait les éviter de jour comme de nuit, il fallait mieux anticiper. Elle n'aimerait pas tomber sur un abominable monstre. À moins que les couloirs dont parlait Ethel était ceux qu'adoraient Peeves. D'un cas comme dans l'autre, Alexie préférait savoir.

« Quels couloirs ? », demanda la jeune lionne interrogative. « Est-ce qu'il y a des monstres dans l'école ? » ajouta-t-elle à la fois sérieuse et inquiète.

Elle se sentait ridicule d'avoir posé cette question là, et la préfète allait sans doute se moquer gentiment d'elle, mais si jamais il y en avait, autant en prendre connaissance. On n'était jamais sûr de rien. La jeune fille commença à avancer vers la destination des cuisines quand elle se rendit compte qu'elle ne savait pas par où aller, ni même où elle se trouvait. Apparemment, elles étaient bien dans les cachots, sans doute une pièce juste en dessous de la Grande Salle, mais où exactement, la jeune fille n'en avait aucune idée. Elle s'arrêta et se tourna vers sa disciple de couleurs.

« Je ne connais pas la direction des cuisines, en fait... Je n'y suis jamais allée. »

Quand elle la regardait, Ethel trouvait qu’Alexie lui ressemblait. Une petite fille prête à braver les dangers mais pas forcément sûre que ce soit une bonne solution. Les plus hardis de la maison des lions prendrait sans doute cela pour de la couardise. Des gens plus avisés diraient qu’elles faisaient là preuve de sagesse. Maintenant, vous savez pourquoi on a toujours fait plus confiance aux filles qu’aux garçons en sorcellerie ( ).

En écoutant Alexie parler du choixpeau, Ethel se souvint de sa propre répartition. Elle était la dernière d’une famille de quatre enfants tous élevés dans la même mesure par leurs parents dans le respect des traditions galloises. Mais, son enfance avait été loin d’être malheureuse, couvée par ses ainés. Elle ne savait donc pas réellement ce qu’était qu’affronter ses propres peurs. Sauf à Poudlard. Si le choixpeau avait décidé de la placer chez les hardis, c’était pour la répartie, le courage et l’essence de bravoure dont elle faisait preuve pour affronter ses peurs. C’était aussi simple que ça.

La galloise tenta de se concentrer de nouveau sur le temps présent et sortit de ses pensées. L’idée d’un festin dans les cuisines en compagnie des elfes de maison motivait sa volonté de progresser dans les couloirs du sous-sol. Surtout, maintenant qu’Alexie était avec elle, il était hors de question de l’amener au devant d’un quelconque danger.

« Tu verras, on a juste à traverser un ou deux couloirs supplémentaires et on arrivera aux cuisines ».

La petite semblait maintenant la regarder d’un air intrigué.

« Ben oui, tu ne pensais tout de même pas que les cuisines étaient seulement à une porte d’ici, quand même ! »

Elle se mit à sourire. Ah, comme l’innocence et l’ignorance des enfants était belle !

Enfin, ça elle ne le disait pas il y a encore quelques mois.

« Des monstres ? Oui, dans quelques recoins cachés, on en trouve. C’est d’ailleurs pour cela que certaines parties du château sont interdites ».

Et c’est d’ailleurs pour cela qu’Ethel n’y mettrait jamais les pieds. Gryffondor ou pas, préfète ou non, cela n’en faisait pas non plus une dinde écervelée et suicidaire. Au pire, elles en croiseraient par mégarde. Mais uniquement par mégarde.

Et maintenant, la petit affirmait qu’elle ne savait pas réellement où elle se rendait.

« Si tu veux, je te montre ! La cuisine hein ! Pas les monstres ! »

Elle se mit à rire, doucement quand même.

Alexie regardait Ethel pendant que celle-ci lui parlait, elle l'a trouvait agréable et pensa que c'était le genre de personne sur qui prendre modèle. Elle connaissait du monde, elle était préfète de Gryffondor, et elle devait certainement jouer au Quidditch. (). À présent, elles avançaient tranquillement vers les cuisines. Le lieu n'était plus très loin, mais selon les dires de l'aînée, elles avaient à traverser encore quelques couloirs supplémentaires ce qui intrigua Alexie. La préfète semblait bien connaître l'endroit apparemment, peut-être qu'elle venait souvent la nuit en cachette satisfaire sa faim. La jeune fille trouva cela marrant si on pouvait le dire, cela montrait que même les préfets dérogeaient aux règles de l'école.

« Il y a donc des monstres dans le château... », murmura Alexie horrifiée comme pour elle-même.

Des frissons parcoururent son corps en un instant, et la jeune fille laissa échapper un soupir. Plus jamais elle ne mettrait les pieds dans le château la nuit, c'était décidé. Plus jamais. Elle avait eu une chance de folie jusque là, elle n'avait croisé personne déjà, mais surtout pas un monstre. Mais qui disait recoins cachés disait cachés, donc ces monstres étaient difficiles à trouver, non ? Alexie se rassurait comme elle le pouvait. Elle se sentait en sécurité avec Ethel en cet instant. Elle connaissait et maitrisait des sortilèges dont Alexie n'avait même pas encore connaissance et c'était rassurant.

« Si tu veux, je te montre ! La cuisine hein ! Pas les monstres ! »

Encore heureux qu'elle ne lui montrait pas les monstres. La fillette ne se sentait pas d'attaque à en voir un, et elle ne savait même pas comment elle allait pouvoir réagir si un jour elle en croisait un. Alexie regarda Ethel qui se mit à rire doucement, puis rapidement elle se joignit à elle sans faire trop de bruits. Ce serait bête d'être découverte si près du but, à cause de l'agitation qu'elles produisaient dans les cachots. Les Serpentards dont la salle commune devait se trouver non loin pourrait croire qu'une fête était sur le point de s'organiser, et là, ce serait mal pour les Gryffones. En y pensant, Alexie souria à l'idée. Elle n'avait encore jamais participé à une fête à Poudlard, et elle réalisa que cette excursion en cuisines pourrait en faire une amorce. Nourriture à volonté et une complice agréable. Rien de mieux comme soirée.

« Je te suis. En avant camarade ! », murmura-t-elle assez fort pour qu'Ethel l'entende. « Mais tu as l'habitude d'aller en cuisines ? Les elfes ne vont pas prévenir Rusard que des élèves sont en dehors de leur lit à cette heure ? », ajouta-t-elle.

C'est vrai, Alexie n'avait pas considéré cette hypothèse avant d'y penser et de la formuler à voix haute. Et si les elfes avaient reçut des consignes, ne pas servir les élèves, prévenir si ceux-ci venaient les déranger en cuisine... Après tout, Alexie le découvrirait lorsqu'elle y serait rendue et pas avant. Vu l'adrénaline qu'elle avait déjà depuis le début de la nuit, un peu plus ou un peu moins n'y changeait plus grand chose. C'est là que soudainement les jeunes filles entendirent un bruit suspect au loin, qui ressemblait étrangement à celui de pas allant vers leur direction.

Les deux jeunes filles commencèrent donc à descendre dans les boyaux de Poudlard, en direction des cuisines. La galloise avait une légère boule au ventre. La dernière fois qu’elle avait tenté une escapade nocturne, c’était elle qui avait été sous la responsabilité de Page. Là, la situation était toute autre. Elle était la chef et elle avait une élève plus jeune sous sa responsabilité. Baguette en main, elle avançait à une allure raisonnable pour ne pas perdre Alexie, se retournant de temps à autre pour vérifier que la jeune gryffone était bien sur ses pas. Le couloir qu’elles avaient commencé à emprunter était étroit. Ce qui amenait, par moment, les deux adolescentes à prendre appui contre le mur froid et glacial des cachots.

Sa cadette semblait s’inquiéter du fait que Rusard les attrape en pleine violation du règlement de l’école. C’était un risque à courir. Mais, maintenant qu’elles étaient lancées, il était impensable de songer à reculer.

Elle tourna la tête en direction de sa jeune camarade pour répondre à sa question, tout en continuant à avancer.

« C’est certainement la première fois que je vais de ce côté-là du château ! », avoua la galloise.

Elle marqua une pause, le temps de vérifier l’état des lieux droit devant elle à l’aide de sa baguette. Le silence régnait autour des deux gamines. Le seul bruit qu’elles entendaient était celui de leur respiration mêlé à différents bruits provenant des boyaux du château (genre les canalisations d’eau, ce genre de choses). Si elle avait été seule, Ethel n’aurait jamais tenté ce genre d’expédition. Car, en plus, ce n’était pas réellement le chemin de la ronde qu’elle devait effectuer, cette partie du château étant réservée aux Serpentards. D’ailleurs, la galloise espérait qu’elles n’en croiseraient pas sur leur chemin. Quoi qu’elle avait l’air de plutôt bien s’entendre avec Alix. Ce qui n’était pas une mauvaise chose. Mais bon, le règlement c’était le règlement et les règles ne sont pas faites pour les hypogriffes.

Remarquant une issue d’un côté de la galerie, elle décida de s’y engouffrer. Tournant la tête vers Alexie, elle l’invita à la suivre.

« Viens, on va aller par là ! »

Mais quelque chose dérangeait la galloise. C’était calme. Trop calme à son goût. Il n’y avait même pas d’orage et si toutefois des éclairs déchiraient le ciel, elle les entendrait surement moins que si elle s’était trouvée dans une des tours.

Elle garda quand même son calme. Il était hors de question d’effrayer la petite fille. Et puis, cette nouvelle fonction, ce badge épinglé sur sa poitrine était censé lui permettre de prendre de l’assurance. Déjà, au fil des années, Ethel avait finit par se faire à la maison des lions. Elle était à gryffondor, en avait toutes les qualités. Et maintenant, elle était préfète. Encore une fois une preuve qu’elle était quelqu’un de confiance, de responsable et de droit.

La sérénité qui semblait régner sur les lieux depuis qu’elles avaient pris le chemin du château semblait s’être évanouie quand des bruits de pas se firent entendre. Au choix, il pouvait s’agir de Rusard, d’un autre préfet effectuant une ronde, d’un professeur … C’était au mieux les trois possibilités qu’Ethel espérait. Non pas qu’elle s’attende à autre chose. L’idée de se retrouver confrontée à une créature pas forcément inoffensive ne l’enchantait guère.

La première chose qui lui vint en tête fut de se mettre en sécurité avec sa camarade. Elle la saisit par le poignet et l’entraina vers une ouverture qui semblait hors de portée visuelle sauf si on mettait le nez dessus.

« Viens vite ! »

Alexie suivait Ethel qui l'a guidait dans les profondeurs de Poudlard, afin de se régaler lors d'un festin dans les cuisines. Mais pour cela, il fallait y parvenir et ce n'était pas gagné. Des bruits de pas se firent entendre dans les méandres des cachots et semblèrent résonner dans la tête de la jeune Alexie dont le coeur s'arrêta un instant avant de battre de plus belle. C'était certain que cette fois ci, ce n'était pas la présence d'un rat mais bien de quelqu'un ou de quelque chose de plus gros. Alexie préférait encore que ce soit n'importe qui, Rusard, un préfet de Serpentard, ou quelqu'un d'autre tant que ce n'était pas... quelque chose. Un monstre en l'occurence.

Alexie regarda son aînée, ne sachant comment agir, ni quoi faire. Celle-ci ne semblait pas très rassurée mais du moins déterminée à les sauver, et elle la saisit par les poignets pour leur permettre de s'enfuir sans dommage. La jeune fille commença à courir, sans s'arrêter, sans même penser à sa respiration, en suivant Ethel vers une destination inconnue. L'enfant espérait que cette dernière savait où elles allaient, et pas qu'elles prenaient un chemin inconnu juste pour fuir. Quoiqu'en y réfléchissant, Alexie voulait juste se cacher et attendre que les bruits s'éloignent.

* On y arrivera jamais... *

La fillette, aux couleurs des Rouges et Or, ne voulait pas se lamenter, elle voulait se montrer forte comme les élèves de sa maison et comme le semblait être sa préfete. Mais c'était plus facile à penser qu'à réaliser. La jeune fille, toujours en train de suivre Ethel en courant, essaya de voir si elles étaient suivis, mais tout était noir derrière eux. C'est là qu'elle réalisa que les deux baguettes des jeunes filles étaient visibles de loin avec la présence du sortilège de luminosité.

« Ethel... », murmura la jeune fille sans que la première ne l'entende. « Ethel... Il faudrait peut-être éteindre nos baguettes. »

Alexie avait dit cela de manière saccadée, essayant de reprendre sa respiration, tout en continuant à chercher un recoin pour se cacher. Elle attendait une réaction de son aînée, préférant suivre ses ordres plutôt que d'agir sans réfléchir. Mais cette idée lui semblait être bonne car la luminosité de leur baguette allait les trahir si une personne allait dans la direction qu'elles avaient prise et elles seraient fichues.

Alexie se rappelait bien du cours de Sortilèges & Enchantements à ce sujet, le sortilège de départ était le Lumos, la fillette le savait, elle avait réussi à le réaliser en quelques essais. Mais le sortilège de fin ne lui revenait pas à l'esprit. Alexie se voyait bien entrain de le produire en cours, mais elle était incapable de s'en rappeler dans la frénésie du moment. Pourtant, il ne datait pas de bien longtemps, et cela énervait Alexie de ne pas s'en souvenir. C'était rageant. Carrément rageant.

« Je... Je ne me souviens plus du sort... », exprima-t-elle avec accablement.

Elles étaient fichues. Les bruits de pas semblaient se rapprocher, plus qu'un couloir, et ceux qui marchaient allaient leur tomber dessus. Les jeunes filles pouvaient toujours se cacher dans un recoin mais avec leur baguette allumée, elles n'avaient aucune chance.

Ethel traçait dans les couloirs sombres menant aux cachots. Si elle avait été seule, elle aurait sans doute accéléré le pas pour atteindre la sortie au plus vite et regagné la salle commune d’une seule traite. Seulement, avec la première année sur ses talons, elles s’enfonçaient dans les profondeurs du château, se laissant uniquement guider par le rebondissement des lueurs que procuraient leurs baguettes à l’aide d’un bon sort. Seulement, elles finiraient par se faire repérer, et ça, Alexie ne manqua pas de le lui rappeler. La galloise ralentit donc son allure et jeta un œil vers sa cadette.

« Fais comme moi ! »

Elle regarda sa baguette en la pointant devant elle.

« Nox ! »

La faible lueur qui s’échappait de sa baguette s’étendit d’un seul coup, comme s’il s’était s’agit d’une simple bougie dont on aurait soufflé la flamme.

L’obscurité les recouvrait maintenant de son lourd manteau de noirceur. Leurs yeux ne tarderaient pas à s’accommoder à cette nouvelle obscurité, mais en attendant, il leur faudrait prendre garde à ne pas se cogner aux murs.

Merlin ! Dans quelle situation s’était-elle fourrée ? Qu’est-ce qu’il lui avait pris d’aller vagabonder dans les cachots à une heure pareil ? Certes, elle avait épinglé son insigne sur ses vêtements, mais ce n’était pas vraiment son coin de surveillance.

Son cœur cognait contre les parois de sa poitrine. La situation était pire que si on lui annonçait chaleureusement qu’au prochain match de Quidditch, elle affronterait de nouveau Serdaigle et qu’en prime sa sœur reprendrait son poste de batteuse. Mais dix fois pire.

Le silence régnait de nouveau dans l’étroit couloir, si bien qu’on pouvait tout de même percevoir les bruits qui émanaient certainement des boyaux du bâtiment.

Mais par où accédait-on aux cuisines dans ce fichu dédale ?

L’adolescente se disait qu’elles pourraient tout aussi bien faire demi-tour, mais elle n’était pas vraiment sûre de la distance qui les séparait dorénavant de la sortie.

Les bruits de pas qui les avaient faites fuir semblaient s’être estompés. Pour reprendre de plus belle, rompant ainsi le lourd silence qui s’était installé.

Elles avaient plusieurs possibilités. Soit elles repartaient en arrière et risquaient de tomber nez-à-nez avec ce qui semblait se rapprocher, soit elles continuaient leur avancée jusqu’à trouver l’entrée des cuisines.

Si Ethel était d’un naturel trouillard, elle n’en laissait plus rien paraitre. L’enjeu était bien trop important. Elle avisa le chemin devant elle, en frottant le mur de la paume de sa main avant de s’adresser à la gamine qui la suivait.

« Accroche-toi à moi ~~pour la dernière fois, il faudra tenir la cadence cette fois~~ ! Et surtout ne me lâche pas !»

« Fais comme moi ! »

Cette phrase régna comme un ordre dans le couloir silencieux, à l'adresse d'Alexie. Celle-ci regarda Ethel exercer le sort d'annulation du sortilège de Lumière, qui fonctionna évidemment du premier coup, comme si celle-ci avait l'habitude de le réaliser toute les nuits. Elle essaya, à son tour, de faire comme son aînée, même si elle savait que ce ne serait pas aussi glorieux. Alexie l'avait déjà réalisé plusieurs fois, mais jamais dans l'urgence. Elle pointa sa baguette devant elle, tentant de contrôler les vibrations de sa main, mais par le tremblement de sa voix, le sort n'eut aucun effet.

* Allez, Alex', tu peux le faire. *

Elle ferma les yeux et inspira tranquillement pendant un instant de manière à calmer les palpitations de son coeur qui semblait essayer de sortir de son corps. Elle sentait que la Lionne à ses côtés s'impatientait face à l'incapacité d'Alexie d'exercer un sort accessible aux premières années. Un sort d'une facilité déconcertante en somme. Ce sentiment de nullité agaça la jeune fille, qui en fidèle Gryffondor, chercha en elle le courage des Lions, qui se cachait en ce moment. Elle ne mit pas longtemps à reprendre le contrôle d'elle-même et à exercer de nouveau le sortilège d'annulation.

« Nox ! »

Sa voix n'avait pas tremblée, et la lueur du bout de sa baguette, disparut dans un silence des plus complets. Les bruits de pas qu'Alexie avait entendu s'étaient évanouis, comme par magie. On entendait seulement les palpitements de chaque coeur des filettes dans une totale obscurité, et au loin, comme le bruit d'un écoulement d'eau régulier. La jeune fille mit un court instant à se réhabituer aux ténèbres des cachots, cherchant à visualiser le couloir où elle se trouvait. Alexie pensa alors que la chance revenait de leur côté, et qu'elle les guiderait vers les cuisines où elles avaient bien mérité une petite collation. La petite blonde avait bien besoin de sucre pour reprendre du poil de la bête après tous ces chamboulements...

Mais les bruits de pas reprirent de plus belle, allant vers leur direction en plus. Alexie regarda longuement son aînée, devinant les traits anxieux de son visage. Celle-ci semblait avoir prit les choses en mains, en tant que préfète, elle se faisait un devoir de se sauver et de protéger également sa camarade plus jeune. Elle méritait ce rôle, bien plus qu'elle ne le croyait sans doute, et elle le pratiquait comme une véritable préfète. Alexie s'aggripa, confiante, à la main d'Ethel, prête à la suivre n'importe où sans la lâcher, de sorte qu'elles quittent ce sombre endroit et retrouvent leur chemin sans encombre.

Bizarrement, c’était dans des cas extrêmes comme celui-ci que les sorts marchaient du premier coup. Ou pas. Disons qu’Ethel avait eu de la chance. Alexie quant à elle semblait se débattre avec ce sortilège pourtant simple. Si la galloise n’avait pas été patiente et indulgente (c’est pas parce qu’on est préfète qu’on se donne le droit d’hurler sur les plus jeunes pace qu’ils réussissent pas un truc basique. Ca c’est le rôle des professeurs … Et encore, à part peut-être Rogue qu’Ethel avait connu dans ses dernières années d’enseignement, elle connaissait peu d’enseignants qui s’énervaient contre un élève qui ne réussissait pas du premier coup. Enfin si, la première année du règne des Carrow, avant que ses parents ne l’envoient_sa sœur et elle_loin de l’Angleterre. Mais ce n’était pas le bon exemple à suivre.

Finalement, la première année réussit à éteindre sa baguette à sa seconde tentative. La galloise ne s’était pas énervée. Alexie était une lionne et une enfant pleine de persévérance. Il n’y avait donc pas à douter de ses capacités à réussir un sort. Surtout dans une telle situation critique.

Maintenant, il leur fallait fuir. Le silence était inquiétant. N’oublions pas qu’elles étaient dans un des souterrains du château. Et que, comme l’avait signalé Dumbledore par le passé, certains couloirs n’étaient pas sûrs. Même dans le château. Si seulement elles avaient eu une carte. Bon d’accord, aucune des deux n’étaient Nyctalope, mais au moins, elles auraient pu étudier leur itinéraire d’un peu plus près avant de s’engouffrer dans les entrailles de l’école.

Et comme une inquiétude n’arrivait jamais seule, voilà que les bruits de pas inquiétants reprirent de plus belle. Ethel n’était pas rassurée. Et celui qui l’aurait été dans un moment pareil, elle l’aurait surement considéré comme fou. C’est vrai quoi ! Déjà elles n’étaient pas dans leur lit. Bon d’accord, Ethel avait une excuse supplémentaire. Enfin, pas totalement. Un préfet exécutait une ronde mais pas plus d’une heure ou deux. Et là, elle ignorait combien de temps s’était déroulé.

Comme leur baguettes était, à présent, éteintes, les deux jeunes filles ne pouvaient savoir d’où proviendraient les bruits qui se rapprochaient. Ni qui en était l’heureux propriétaire. Elles avaient pourtant de nombreuses possibilités : Rusard, Miss Teigne, Merwyn le nouveau préfet en chef et préfet de Serpentard ou Ange, voir William s’il passait par là. Seulement, même si elle n’avait rien contre ces derniers (sauf peut-être Rusard, mais lui tout le monde lui en veut), elle n’avait pas vraiment envie qu’on sache qu’elle s’autorisait une petite promenade nocturne, même si elle avait de nombreuses excuses à portée de main. Il s’agissait de trouver les cuisines et vite.

La main dans celle de sa cadette, elle ne voulait pas la lâcher. Ses yeux balayaient les murs. Elle se souvenait avoir entendu qu’on pouvait accéder aux cuisines grâce à un tableau dont il suffisait de chatouiller la poire pour qu’il ouvre l’accès au garde-manger. Il s’agissait, maintenant, de ne pas le rater. Mais avec la chance qui les poursuivait jusque là, le tableau ne serait pas aussi repérable que celui de la grosse dame.

Elle s’adressa à sa jeune camarade :

« Si tu vois un tableau avec une poire, chatouille-la ! »

Bien sûr, dans cette obscurité, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Sans savoir où elle était exactement, Alexie suivait le même rythme qu'Ethel, sa main dans la sienne, sans la lâcher d'une semelle. Elle avait perdu tout ses repères. Tous les murs se ressemblaient tant à la vue, bien que sombre, qu'au toucher. Elle effleurait les pierres des cachots de sa main libre, cherchant un encastrement, une porte, un tableau ou quelque chose d'inhabituelle pouvant mener aux cuisines de l'école. Elle ne savait pas du tout comment on pouvait s'y rendre. Si l'endroit était caché ou non. Sans doute, afin d'éviter que les élèves ne viennent piller les réserves en pleine nuit comme Ethel et Alexie allaient le faire. Ou plutôt avaient l'intention, car elles n'étaient pas encore rendues, bien au contraire. Trouver l'entrée ne s'avérait pas une chose facile, encore moins en pleine nuit.

La préfète s'adressa à la jeune lionne. L'entrée des cuisines était cachée dans un tableau avec une poire. Il suffisait seulement de la chatouiller. Cela pouvait paraître simple dit comme ça, mais Alexie avait déjà du mal à distinguer les pierres dans le mur des cachots, alors apercevoir une poire dans un tableau qui devait sans doute comporter d'autres fruits était carrément impossible. Alexie pensa un instant à réallumer sa baguette, mais elle l'avait éteinte pour une bonne raison, ce n'était pas pour faire le contraire à peine 2 minutes après.

« D'accord. »

Elle n'avait réussi qu'à prononcer ce seul mot, ne sachant pas quoi ajouter de plus qu'un simple d'accord. Elle ne voulait pas être pessimiste, même si l'issue lui semblait pour le moins introuvable. Alexie suivit son aînée, scrutant les murs des yeux, et les effleurant de sa main, à la recherche d'une peinture. Pour le moment, elle sentait seulement les pierres rugueuses des cachots du bout de ses doigts dans un silence absolu. On entendait seulement les bruits de leur respiration, assortis à celui de leur coeur et de leurs pas.

Soudain Alexie sentit quelque chose qui dépassait légèrement les pierres du mur, un tableau. Un tableau ! Elle retint son souffle un instant, n'y croyant pas ses yeux. Était-il possible qu'en si peu de temps, elle soit tombée sur le bon tableau, celui qui menait aux cuisines, aussi vite ?! Pas croyable. Elle n'arrivait pas y croire.

« Là ! Il y en a un ! », s'exclama-t-elle.

Alexie regarda Ethel s'arrêter un instant et la petite s'approcha du tableau et plissa les yeux pour le scruter. Elle n'arrivait pas à distinguer ce qu'il représentait et surtout si il y avait des fruits ou non, une poire en particulier. Elle glissa ses doigts sur le tableau mais elle vit que celui-ci était vide, la personne qui l'occupait devait sûrement se balader dans d'autres oeuvres, et même si elle avait été là, ce n'était pas le tableau que les Lionnes recherchaient.

« Non, ce n'est pas le bon... »

Sur le coup, la déception s'abattit sur son visage mais elle se reprit rapidement. C'était évident que la tâche n'était pas simple, trouver le tableau du premier coup aurait été un véritable miracle. Elle s'excusa auprès de la préfète et elles repartirent à la recherche des cuisines.

Se repérer dans le noir quand on n’est pas Nyctalope, ce n’était pas des plus évidents. Les deux gamines avançaient à tâtons, frôlant les murs de leurs doigts afin de rencontrer un obstacle qui pourrait leur signaler que le tableau n’était pas loin. La pierre était froide et racleuse, ce n’était pas des plus agréables. Elle avait lâché la main de sa petite camarade qui cherchait de son côté l’entrée des cuisines. Elle sembla toucher au but, s’exclamant avoir mis la main sur l’entrée puis se résigna. Un soupire de déception s’échappa de la bouche de la jeune préfète. Décidément, elles étaient loin de leur but.

Serrant sa baguette de son poing libre, la galloise hésitait à utiliser un sort de détection. Seulement, il ne lui en venait pas en tête. Il faudrait vraiment qu’elle pose la question à Sally-Anne ou Manu dès qu’elle en aurait l’occasion. Dans le noir, elles n’y voyaient vraiment rien. Elle se tourna vers Alexie :

« Protège mes arrières, je vais allumer ma baguette ! »

Puis se rendant compte de sa bêtise, elle changea d’option.

« Enfin non, oublie ce que je viens de dire ! Met-toi devant moi et lance un « lumos ». Je couvre tes arrières ! »

Oui, comme ça cela semblait plus logique.

Le couloir n’était pas bien étroit. L’ennui, c’est qu’il était assez long et que le tableau pouvait se trouver n’importe où.
Les bruits de pas s’étaient éteints. Mais, jusqu’à quand ? Les deux gamines n’étaient pas à l’abri d’une apparition surprise.

Elles étaient certainement en train d’enfreindre une dizaine de règles. Ethel se souvenait d’Hermione Granger quand elle était encore élève à Poudlard. Elle disait toujours que ce n’était pas bien, tout ça. Mais, elle avait toujours suivi Ron & Harry dans un des couloirs interdits de l’école. Après tout, elle n’était pas à Gryffondor pour rien.

A force de courir, elle ne savait plus vraiment ce qu’elle faisait ici. Elle avait proposé à sa jeune camarade une petite expédition nocturne dans les cuisines. Mais, pour l’instant, elles étaient plutôt en infraction.

Appuyée contre le mur, elle bougea machinalement ses doigts et un petit couinement s’échappa d’une fissure présente dans la dalle froide.

« Alexie ! Je crois que je l’ai ! »

Alexie suivit les directives de son aînée, elle s'avança en se plaçant devant cette dernière et lanca un « lumos » qui, pour une fois, était réussi du premier coup. Elle n'attendait pas des acclamations, dans cette optique, réussir un sort basique quand on était dans une situation critique relevait de l'ordinaire, du commun à tous les sorciers. La jeune fille ne fut donc pas si fière d'elle de l'avoir réussi sans fléchir un instant. C'était le « couvrir ses arrières » qui l'inquiétait davantage. Cela signifiait qu'il y avait un danger, que la jeune préfète serait au-devant de celui-ci, si ce dernier arrivait à grand vitesse vers les deux fillettes. À moins que le risque se situait à l'avant. Hum, mieux ne valait pas y penser, songea Alexie, continuer à avancer et trouver les cuisines le plus rapidement possible du temps qu'il lui était donné. On se serait cru dans un de ces jeux moldus que la fillette avait vu une fois lorsqu'elle était petite chez sa mère. Plusieurs candidats qui étaient enfermés dans une espère de prison en pleine mer et qui devait trouver la clé, ou quelque chose du genre. Passons, cela n'avait là pas la moindre importance.

Le silence régnait en maître, les fillettes apparaissaient comme des valets ennemies qui s'engouffraient dans les méandres d'un lieu adversaire inconnu. Heureusement que monsieur silence ne pouvait pas empêcher cela. À force d'être proche du danger avec la montée d'adrénaline, ou peut-être à cause de la fatigue, le cerveau d'Alexie ne réfléchissait plus comme il le devrait et partait parfois dans des délires pathétiques, qui n'était pas synonyme d'intelligence, mais plutôt de stupidité enfantine. La petite blonde se demanda quelle heure il devait être, sûrement très tard en l'occurence, ou peut-être même très tôt... Le souci avec les cachots, c'est qu'ils se trouvaient en sous-sols, sans la moindre fenêtre. Impossible donc d'apercevoir les premiers rayons du matin traverser les grandes fenêtres comme elle aurait pu le voir dans la Tour des Gryffons.

« Alexie ! Je crois que je l'ai ! »

C'était Ethel qui venait de dire cela, avec une certaine excitation palpable dans sa voix, à laquelle se rejoignit celle d'Alexie. C'est bon, elles avaient réussi, c'était à peine croyable après le temps qu'elles avaient passés à le rechercher. Enfin ! La fillette avait entendu un petit couinement juste avant que la préfète prononce ses mots, mais elle avait d'abord pensé au couinement d'une petite souris qui vaquait à ses occupations. Mais avec les mots de son aînée, cela signifiait que le bruit provenait certainement de la poire. Et pas n'importe laquelle, la poire du tableau menant aux cuisines ! Hallélujah ! Ethel avait non seulement réussi à trouver le tableau, mais elle avait également chatouiller ce fruit qui le délivrerait l'accès au cuisines. Ou du moins, c'est ce qu'Alexie espérait en croisant les doigts, un grand sourire sur sa figure.

« C'est bon ? »

Poser cette question lui avait émit un certain doute, mais elle avait pleinement confiance en sa préfète et attendait sa réponse avant d'approcher de trop près le mur où se trouvait cette dernière. Elle ne voulait pas la déranger non plus, si elles en étaient là, c'était en partie à cause de la fillette. Après avoir trouver le tableau, chatouiller la poire, il fallait peut-être résoudre une énigme, qui sait ? Et elles n'étaient donc pas à la fin de leurs péripéties. À moins que l'entrée des cuisines leur soit pleinement ouvertes, où elles se ressourceraient un moment avant de rentrer aux dortoirs pour une courte nuit de sommeil.

Ethel n’avait aucune idée précise de ce à quoi pouvait exactement ressembler ladite entrée qui menait aux cuisines. On lui avait dit qu’elle se trouvait derrière un tableau avec une poire qui couinait et puis rien d’autre. Et comme, jusqu’à présent, elle ne s’était jamais risquée dans ce coin du château, elle ne pouvait en être sûre. Et ce n’est pas l’obscurité régnante qui l’aurait été dans un moment pareil. Toujours est-il que le tableau avait couiné. Ce n’était pas une preuve ça ?

Maintenant il devait se passer quelque chose. En passant sa main devant elle, la préfète remarqua que la toile avait laissé place à du vide. Cependant, n’osant toujours pas allumer sa baguette, elle ne faisait que des estimations à tâtons. Quelque chose brillait au fond de la pièce. La galloise resta sur ses gardes. On n’est jamais trop prudent.

Pas un seul bruit ne semblait traverser le couloir. Après tout, maintenant qu’elles étaient aussi enfoncées dans les cachots, on ne pourrait plus les arrêter.

« Attention les yeux ! Lumos ! »

Une lumière d’abord faible vint illuminer la pièce avant de s’intensifier d’avantage. C’était tout ce qu’elle pouvait produire. Il n’était pas question d’utiliser un « lumos maxima ». D’abord parce qu’elle ne le maitrisait pas encore assez bien et puis parce que c’était le meilleur moyen pour qu’on les repère de loin et c’était la dernière chose qu’elle souhaitait.

Sous la lumière de sa baguette s’offrit un paysage qui jusque là semblait avoir été plongé dans le silence le plus total. Mais, maintenant qu’un faisceau lumineux se promenait dans les parages, les deux adolescentes pouvaient contempler des créatures en pleine action. Ou du moins, pour le moment, des objets qui semblaient flotter tous seuls dans l’air.

Ethel qui était juste habituée à la magie qu’utilisaient ses parents, lorsqu’il s’agissait de faire la cuisine ou la vaisselle n’avait encore jamais vu pareil spectacle. Oh bien sûr, elle était au courant de l’existence des elfes de maison et puis ce n’était pas comme si elle avait vécu dans le monde moldu. La magie ne la surprenait donc pas. Mais de voir des créatures aussi nobles qui s’étaient battus pour Poudlard, grâce à Dobby, et qui continuaient à servir l’école, c’était tellement admirable.

« Je crois que cette fois, on l’a trouvé ! », murmura-t-elle.

Alexie attendait avec impatience une réponse de la part de la préfète afin de savoir si elles étaient vraiment au bout du parcours ou bien si il ne s'agissait que d'une péripétie de plus dans cette escapade nocturne qui n'en finissait pas. L'aînée lança alors un lumos bien placé pour éclairer l'endroit où elle se trouvait, car la faible lueur de la baguette d'Alexie ne suffisait pas, cette dernière n'éclairant à peine plus que le corps de la fillette. Avec la lumière, faible certes mais suffisante, qu'émettait la baguette, les jeunes filles pouvait contempler un spectacle de plus surprenants. D'innombrables elfes de maisons en plein ouvrage, à préparer des plats pour le déjeuner du matin qui ne tarderait pas à arriver, des vaisselles éclatantes qui venaient à peine d'être lavées, tous ces objets qui volaient en air sans la moindre aide.

Alexie ne savait pas où donner de la tête, jamais elle n'avait assisté à cela. Son père était sorcier, il utilisait la magie pour les tâches courantes, mais c'était un homme et pas ce qu'on pourrait appeler d'homme du logis. La plupart du temps, les repas étaient simples ou alors il s'agissait de plats commandés et quelque fois sa grand-mère concoctait des repas de rois qu'Alexie et son père allaient manger chez elle. Mais, jamais, au grand jamais, elle n'avait vu autant de vaisselles, d'aliments, de plats volant au travers de la pièce. Et c'était également la première fois qu'elle voyait un elfe de maison de ses propres yeux, et là, elle avait l'embarras du choix quant à leur figure, posture etc...

« Wouah... », dit-elle les yeux émerveillés. « Ça en jete, hein ?! », ajouta-t-elle à l'adresse d'Ethel en rigolant.

Elles étaient enfin arrivées à destination et pas des moindres. La vue était magique, et l'odeur également. Il y avait un mélange raffinée de nourriture exquise. Alexie sentit même l'odeur du chocolat, elle ne pouvait pas le rater. La Rouge et or regarda la préfète comme si elle lui demandait son autorisation en silence puis s'avança lentement dans la pièce. Elle était immense, bien plus à quoi elle ne s'attendait, ressemblant étrangement à la Grande Salle, vu la disposition des tables, sans doute que les Lionnes se trouvaient exactement en dessous de cette salle. Rien que pour cette découverte, l'expédition nocturne qu'avaient effectuée les fillettes valaient le détour.

« Tu crois qu'on peut prendre quelque chose à manger ? »

Son ventre gargouilla juste après qu'elle ait posé cette question, comme si il voulait accentuer le fait qu'elle avait faim, et certains elfes de maisons se tournèrent vers elles. Ils n'étaient plus des esclaves, devant obéir aux sorciers, mais des égaux et Alexie se demanda si par ce fait, ils allaient bien vouloir qu'elles se servent dans les réserves des cuisines.

Malgré son ancienneté dans l’école de sorcellerie, Ethel ne pouvait masquer sa surprise de voir un tel défilé de créatures magiques devant elle. Elle savait pertinemment que les aliments ne se cuisaient ni n’arrivaient tous seuls sur la table, mais elle ne pensait pas que beaucoup d’elfes de maison resteraient au sein de l’école pendant et même après la guerre. Elle avait entendu parler de Dobby, cet elfe qui avait d’abord atterri chez Harry Potter, lui créant des ennuis avec le ministère, puis qui avait obtenu une place dans l’école aux cuisines mais qui, grâce à la S.A.L.E créée par Hermione Granger, revendiquait son statut de créature magique libre.

Elle se tourna vers sa jeune camarade de première année qui semblait aussi époustouflée qu’elle par un tel spectacle et qui laissa échapper une exclamation à son intention. Ce à quoi elle répondit par un hochement de tête suivi d’un sourire.

Ca, elle pouvait le dire. Ca en Jetait !

Les odeurs qui se dégageaient de la pièce étaient plus exquises encore quand on en devinait la provenance. Des tonnes de croissants, du porridge sur le feu, des fruits et autres mets que l’on leur servirait dans quelques heures étaient étalés devant elle, réveillant apparemment l’appétit de sa jeune protégée.

Les petits elfes de maison semblaient bien trop occupés pour faire attention à elles, mais il n’était pas dans les habitudes de la galloise de chiper quelque chose sans demander la permission au préalable.

Et pourtant, son appétit se réveilla à la vue de toutes ses choses. Elle avait subitement envie de jus de fruits, de crème, de croissants au beurre et de brioche.

Ethel se tourna vers sa camarade, tentant de masquer sa faim naissante.

« On pourrait même leur proposer de faire une petite pause et de manger avec nous, t’en penses quoi ? »

« Je suis d'accord. C'est une bonne idée ! »

C'est vrai qu'ils en avaient bien le droit ces petites créatures. Le mérite qu'ils méritaient pour tout ce qu'il faisait pour l'école, nourrir tous les jours les élèves et professeurs certes, mais aussi chauffer le château en hiver, le laver et le décorer sans doute. Un travail de titans quand on y pense. Alexie se dit qu'on oubliait facilement ce que les elfes de maisons faisaient pour Poudlard, leur travail devrait être davantage reconnu. C'était certain. Peut-être pas aller jusqu'à créer une société de protection des elfes comme l'avaient fait certains élèves auparavant, mais au moins les remercier comme ils le devaient.

Les deux élèves s'avancèrent vers les elfes de maisons et Alexie laissa sa préfète leur parler. Elle était sa représentante de maisons et son aînée, c'était normal que l'enfant lui laisse le monopole de la conversation avec les cuisiniers du château. Puis, pour être honnête, Alexie était un peu mal-à-l'aise vis-à-vis d'eux pour leur parler et préférait laisser Ethel engager la conversation. Pendant ce temps, elle regarda tout ce qu'elle pourrait avaler prochainement. Dans très peu de temps d'abord, lorsque les elfes de maisons accepteraient qu'elles partagent leur nourriture, mais également dans la matinée lorsqu'elle prendrait son repas dans la Grande Salle en compagnie de ses amis de maisons.

Pour le moment, elle salivait d'envie. Un pain au chocolat comblerait la faim que son estomac faisait entendre. Peut-être deux plutôt. Et un morceau de cette délicieuse brioche là-bas, avec de la confiture ? Hum oui, ou non plutôt avec ces petites barres de chocolat. Alexie raffolait du chocolat, c'était évident. Et un jus d'orange bien frais. Oh oui, un délicieux pré-petit déjeuner, elle ne savait pas si elle allait reprendre un petit-déjeuner dans la Grande Salle après un tel festin. Elle n'avait pas un appétit d'ogre non plus.

« Alors ? Ils sont d'accord ? »