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 Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptySam 30 Avr - 15:51:06

Aïlin passa sans crainte la lourde porte de chêne du manoir Bower. Depuis la fin de la guerre, c'était seul qu'il y vivait, en unique héritier mâle de la lignée. Les souvenirs douloureux s'étaient effacés depuis qu'il avait pris la possession du domaine. Il n'avait pas pu se résigner à le vendre. Au lieu de quoi, il s'était appliqué à refaire la décoration durant les deux longs mois de vacances scolaires, pour en faire une maison claire et sobrement élégante. Les portraits de Devin, Torin et Ultan avaient été relégués à la cave, les effigies de serpent et autres babioles à la gloire d'un Lord disparu avaient été vendus à Barjow & Berks, remplacés par quelques rares statues de bronze qu'il avait lui même conçu par le biais de l'alchimie. Certaines étaient vaguement perlées d'un métal à la luminosité de l'or. C'était le meilleur résultat qu'il avait obtenu en tentant de transformer le métal le plus pauvre en celui le plus précieux.
Il déposa son épais manteau sur le bras d'un vieux fauteuil et se dirigea d'un pas tranquille jusqu'à la cuisine où s'affairait la vieille Jenny, la cuisinière qu'il avait gardé malgré la mort de ses derniers employeurs.

- Bonjour, Miss.
Appela d'une voix assez forte le dernier des Bower, alors que la vieille dame s'arc-boutait sur une tâche tenace qui encrassait le plan de travail.
- Monsieur Bower ! S'exclama-t-elle tandis qu'un sourire fendait ses lèvres ridées. Je suis bien contente de vous voir ! Je m'ennuie tellement ici sans votre présence si charmante... Bien sûr, il y a Erycius, mais enfin... Il n'est pas très bavard !
- Ce n'est qu'une mauvaise période à passer, ma chère Jenny. Je serais bientôt présent pour vous, lorsque ma dernière année sera achevée.
- Vous êtes si galant, mon petit. Votre père n'aurait jamais pu noircir le coeur d'un enfant si pur.
Les sourcils d'Aïlin se froncèrent instantanément.
- Oh, pardon... Je suis désolée, je ne voulais pas... C'est qu'il m'a fait tellement de malheurs alors que je préparais toujours sa cuisine comme il le fallait, et son thé à la température parfaite...
- Ce n'est rien, j'aimerais seulement que ce mot ne soit plus proféré ici. Il sont tous morts et il n'y a rien à dire sur les morts.
La bonne humeur de la ménagère s'éclipsa au profit d'une compassion de grand-mère bienveillante. Elle s'approcha d'Aïlin, les bras tendus et se mit sur la pointe des pieds afin de pouvoir poser ses mains sur les épaules du jeune homme. Il était indifférent à ces marques d'affection, cependant la vieille sorcière lui attirait assez de sympathie pour se laisser docilement faire. Un demi sourire passa sur ses lèvres.
- Qu'est-ce que je peux faire pour vous, dites-moi.
- J'ai une invitée, ce soir.
- Encore ! Vous êtes incorri...
- J'aimerais le meilleur pour elle, la coupa-t-il. C'est une vieille connaissance... J'aimerais lui proposer un repas bien de chez nous, mais qui ne soit pas trop... Disons, rébarbatif à l'oeil.
La cuisinière éclata d'un grand rire enroué tout en tapotant les épaules de Bower, avant de s'éloigner vers ses fourneaux.
- Pas d'Irish Stew, alors ! Votre amie risquerait d'avoir peur en voyant un tel plat. Un bon petit saumon, peut-être ?
- Je vous fais confiance, vous allez nous préparer quelque chose d'excellent, comme toujours.
Les yeux de l'ancienne pétillèrent tandis qu'elle défaisait son tablier en se précipitant vers la cheminée du salon.
- Je dois faire quelques courses, je reviens dans un instant. Tout sera prêt pour...?
- Je l'ai invité pour dix-huit heures. Disons, dix-neuf heures ?
Elle acquiesça, lança une poignée de poudre de cheminette dans l'âtre et disparu dans une gerbe de flammes vertes.
L'horloge sonna quinze heures alors que le feu se résorbait dans la large cheminée de pierre blanche. Aïlin descendit au sous-sol, dans son atelier d'apprenti alchimiste qui avait remplacé l'entrepôt de Devin, autrefois emplit d'objets de magie noire.


- Monsieur Bower ?
Demanda d'une petite voix Jenny, en passant la tête par l'interstice de la porte.
- Monsieur, il est cinq heures, vous allez être en retard !
Aïlin reposa précipitamment le grimoire qu'il était en train d'annoter et abandonna négligemment la plume sur l'établi, avant de s'essuyer machinalement les mains dans un chiffon.
- Oh, vous avez encore oublié de mettre vos gants et vous vous êtes brûlé. Je me demande parfois où vous avez la tête !
Ronchonna-t-elle tandis qu'il s'approchait vivement.
- Je ne m'en suis même pas rendu compte... Marmonna Bower pour toute réponse.
Il n'en avait cure, il préférait sentir le métal sous ses doigts se modeler et se métamorphoser. Il attrapa deux petits objets posés sur le rebord de l'établi et se précipita jusqu'à une armoire, d'où il extirpa un écrin de velours mauve. Il y inséra les deux objets et le glissa dans sa poche, avant de dévaler les escaliers jusqu'à la salle de bain.
- Demandez à Erycius de préparer la voiture !
Ordonna-t-il en disparaissant en haut des escaliers.

Tandis que l'eau brûlante coulait le long de son visage et de son corps, Aïlin pensa à Clarisse et leur diner. Il était étonné que la jeune femme ait accepté son invitation, car lui-même ne comprenait pas vraiment les motifs qui l'avait poussé à l'amener chez lui pour un soir. Il ne voulait pas se faire pardonner pour ce qu'il lui avait fait. Cela semblait loin, très loin derrière lui. Cependant, il avait conscience du mal qu'il avait causé et de ce pourquoi il l'avait fait. C'était la première fois de sa vie qu'il réalisait tous les tenants et aboutissants qui l'avaient fait agir de cette façon. Il avait envie de le partager avec elle, de lui permettre de comprendre à son tour ce qui était demeuré dans l'obscurité. Ce n'était pas qu'il lui devait. Il le désirait, simplement. Comme il avait envie de la connaître à nouveau. Elle était devenue très belle. Il n'y avait pourtant aucun calcul dans l'invitation d'Aïlin, il comptait se comporter comme un homme digne de son rang, en parfait gentleman. Il mettait les petits plats dans les grands parce qu'il s'agissait du protocole et lui offrirait un présent pour la même raison. Elle n'était ni une amie, ni une amante, mais elle était une égale à ses yeux. Elle méritait d'être traitée avec égard.
L'eau cessa de couler, les volutes de vapeurs se dispersèrent dans la salle de bain immaculée tandis que le jeune homme s'envoyait un sortilège de séchage. Ses cheveux récemment coupés ressemblaient étrangement à ceux de Torin, en plus foncés. Ils avaient la même épaisseur et quelques mèches tombaient sur son visage de la même façon, lorsque son aîné ne se les plaquait par à l'arrière du crâne. Son visage amaigri par l'âge et le vécu était dur, mais il n'avait pas la noirceur de celui du premier des Bower. Il lui ressemblait, pourtant, de plus en plus chaque jour lui semblait-il. Torin avait eu raison au moins sur cela, avant de mourir. Ils avaient plus en commun qu'avec n'importe quel autre membre de la famille. Cela ne le dérangeait plus comme autrefois. Il n'y pouvait rien et savait quel gouffre le séparait de l'esprit perfide de Torin.


- Monsieur Bower, résonna derrière la porte la voix qui ne semblait pas vouloir le laisser en paix, il est cinq heures et demi, pressez-vous, je dois encore vous demander pour la mise en bouche...
- Un sancerre rouge, Jenny.
Ses pas pressés s'estompèrent au fur et à mesure qu'elle s'éloignait et Aïlin poussa un soupir. Il enfila une chemise blanche, un pantalon et une veste de costume sorcier et sortit de la salle de bain. Jenny revint à l'assaut, une paire de gants noirs en main, qu'elle lui conseilla de porter tant qu'il n'avait pas pris le temps de réparer ses blessures. Il la remercia et courut jusqu'à la voiture, où l'attendait, déjà installé, le cocher qui tenait pour seule rennes sa baguette magique. Il n'y avait aucune monture pour conduire la haute voiture de bois. Elle était enchantée pour se diriger seule à une telle vitesse qu'il ne suffisait de quelques minutes pour aller d'un point à un autre. Le Serdaigle monta et ordonna le trajet à Erycius, qui fit claquer sa baguette magique à la façon d'un fouet tandis que son maître fermait la porte. La voiture fila à toute vitesse sans qu'Aïlin ne le ressente. Bientôt, ils s'arrêtèrent en douceur devant le chaudron baveur, là où il avait donné rendez-vous à Clarisse. Lorsqu'il passa la porte, il était dix-huit heures pile.
Il s'avança de quelques pas dans la pièce, sans jeter un regard au barman qui s'approchait. Il cherchait Clarisse et ne poseraient son regard sur personnes d'autre. Ces autres l'indifféraient.
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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyDim 1 Mai - 15:07:55

- Mais t'exagères, on avait prévu d'aller boire un verre!
- Je t'ai déjà dit que j'étais désolée.
- Et Flynn? Demanda-t-il, un sourire en coin.

Clarisse soupira. Mais de quoi je me mêle? Ne pas s'énerver. Surtout rester calme. Inspirer, expirer. Pourquoi, par Merlin, avait-il fallu que les deux jeunes sympathisent et aillent jusqu'à devenir amis eux aussi? Si elle n'avait pas eu besoin de se changer, jamais elle n'aurait mis les pieds dans la chambre d'Edwin. Ça lui aurait évité les leçons de morales à deux noises, devenues la spécialité de son « cher » cousin
.


- Ça ne te regarde pas! Répondit-elle sèchement. Mais oui. Je l'ai vu après le match et je lui ait expliqué. Ça y est? T'es content?

Comme tout Echeberry qui se respecte, l'étudiant avait hérité de ce désagréable trait de caractère qu'on appelait communément la ténacité. La jeune fille avait donc fini par lui avouer ce qu'il voulait entendre, histoire d'avoir la paix. Il avait toujours aimé enquiquiner la Serdaigle, spécialement lorsqu'il était question de garçons. Depuis les vacances de Noël, il s'était d'ailleurs mis en tête de la caser avec Flynn Sheridan, un garçon « bien comme il faut » selon ses grands-parents. Le roux avait clairement fait bonne impression sur toute la famille, et s'il était devenu proche de la sorcière, c'était uniquement en tant qu'ami. Mais ça bien sûr, le concept même de l'amitié échappait à Edwin. Le pauvre n'avait même pas remarqué que Flynn avait déjà une petite amie et qu'il en était très amoureux. Clarisse quant à elle avait rencontré la demoiselle et les deux jeunes filles, chose rare, s'étaient plutôt bien entendues.

- Je n'aime pas te voir traîner avec ce type. Et il revenait à la charge.
- Je ne « traîne » pas.
- Tu sais parfaitement ce que je veux dire. Tu ne devrais pas y aller. Tiens, elle l'attendait celle-là!
- Tu t'es encore fait larguer? Pas étonnant vu le foutoir qu'il y a ici!

C'était sans rapport et simplement méchant. Un coup bas. La bleue et bronze en avait bien conscience, mais il l'avait cherchée. Comment pouvait-il vivre là-dedans, c'était à peine si on avait de quoi poser ses pieds sans marcher sur quelque chose. Aucune fille saine d'esprit n'accepterait de sortir avec quelqu'un d'aussi désordonné. Et si elle avait envie d'aller diner avec Aïlin Bower, c'était son problème. Il n'avait pas voix au chapitre, contrairement à ce qu'il pensait. L'indien soupira, sachant qu'il serait difficile de faire entendre raison à sa cousine. En temps normal il n'était déjà pas aisé de communiquer avec elle, mais dès qu'on abordait le sujet de l'ancien préfet, elle se fermait comme une huître et refusait le dialogue.

- Clarisse, je suis sérieux. Et c'était vrai, il la regardait sans cette lueur amusée qui quittait rarement ses prunelles, le visage grave, presque... inquiet.
- On va juste manger. Le rassura-t-elle.
- Chez lui!
- Mais arrête un peu, t'es pas ma mère! Lança-t-elle carrément exaspérée.
- Ta mère n'est pas en...
- Dis un mot de plus, et je te promets que tu le regretteras! Le coupa-t-elle froidement.
Les deux cousins s'affrontèrent du regard pendant une longue minute. L'adolescente voulait bien admettre certaines choses, mais il y avait des limites à ne pas franchir et Edwin en était dangereusement proche. Jugeant qu'il y avait déjà assez de conflits dans la famille, le garçon détourna le regard en premier. Certes, il n'aimait pas l'idée de voir sa petite Clarisse fricoter avec Bower (il n'y avait qu'à voir comment ça s'était terminé la dernière fois), mais il aimait encore moins l'idée de se disputer avec elle.
- Bien. Alors je te souhaite une bonne soirée.
- Merci.Elle sourit, reconnaissante de l'effort que faisait Edwin pour ne pas dire ce qui lui brûlait la langue.

Il était presque dix-huit heures. Clarisse profita de cette trêve pour filer. L'UMA n'était heureusement pas très loin du Chemin de Traverse: en marchant vite, elle ne serait pas en retard à son rendez-vous. En fait l'aiglonne ne savait pas très bien pourquoi elle avait accepté l'invitation du septième année. Par curiosité sans doute, puisque les deux élèves ne se fréquentaient plus depuis longtemps. Chacun pour soi et dieu pour tous, ils s'étaient trop fait de mal pour garder une relation amicale. La rousse avait été très surprise lorsque, quelques jours plus tôt, elle avait reçu un parchemin signé du jeune homme, la conviant à un diner ce samedi après son duel. Elle avait beaucoup hésité. Ne valait-il pas mieux refuser, maintenant qu'elle avait tracé un trait définitif sur le beau brun? Trad ce soir-là, elle lui avait retourné sa lettre avec, au dos, son consentement. Pour une fois qu'ils avaient la permission de sortir du château, pourquoi ne pas en profiter...

Il était dix-huit heures passées de quelques minutes lorsqu'elle arriva devant le chaudron baveur. Un coup d'œil dans une vitrine proche lui confirma l'état impeccable de sa tenue. Sa lourde cape noire faite sur mesure tombait au centimètre près, dévoilant à peine ses jolies ballerines en daim. Ne sachant pas trop comment s'habiller pour l'occasion, Clarisse avait opté pour une robe noire style empire qui descendait jusqu'au genoux. Simple mais classe. Ses cheveux tombaient librement sur ses épaules dans une cascade de boucles soyeuses et bien ordonnées. Elle avait complété l'ensemble par une légère touche de maquillage à peine visible et une parure discrète en argent. Elle sourit à son reflet, satisfaite de l'examen et poussa la porte du bar.

Bower était déjà là, debout au milieu de la salle. Il était de dos, mais elle le connaissait suffisamment pour ne pas se tromper. L'écossaise avança sans hésiter.


«Bonsoir Aïlin. Excuse mon retard, j'ai eu une longue journée. »

Sa voix ne trembla pas. Elle n'avait jamais tremblé face au brun, à par peut être de rage. C'était étrange de le revoir, surtout hors du château...
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyDim 1 Mai - 16:37:55

Mais son regard ne se posa pas. Clarisse n'était pas dans la salle. Tandis que le serveur l'interpelait mielleusement, un soupir s'extirpa des lèvres de Bower. S'était-elle finalement rétractée ? Après tout, elle avait toutes les raisons de lui poser un lapin. Ils n'étaient même plus des amis, ils n'étaient plus rien l'un pour l'autre. Peut-être même le méprisait-elle. Il renvoya sèchement le vieux tenancier qui tentait de l'amener jusqu'à une table avec maintes viles courbettes, l'entendit maugréer sans l'écouter. Si elle lui avait fait une chose pareille, son orgueil serait particulièrement malmené. Il ne pouvait pas s'imaginer rentrer au manoir, seul et morose, sans Clarisse à son bras. Elle avait été l'une des rares lueurs alors qu'il entamait avec maintes difficultés son adolescence. Même s'il l'avait malmenée comme le pires des goujats, il n'avait jamais pu oublier certains des instants qu'ils avaient passé ensemble. Non pas qu'il l'aimât encore, si l'avait réellement aimé, mais parce qu'elle faisait parti de l'un des rares êtres humains qui avaient compté. Et à ce titre, elle ne pouvait que compter encore, mériter d'entendre des vérités essentielles maintenant qu'Aïlin avait assez murit pour les comprendre.
La porte grinça derrière lui, Aïlin se retourna. Elle était là, derrière lui et sa vision lui fit un choc. L'élève en jupe courte effacée et timide avait pris l'apparence d'une élégante jeune femme. Le noir de sa tenue rendait ses cheveux lâches pareils à une gerbe de flammes, faisait ressortir l'éclat de ses yeux. Un sourire fendit ses lèvres et il s'approcha d'un pas lent, prudent, jusqu'à elle.

- Bonsoir Clarisse. Je t'en prie, j'imagine aisément que ta journée ait pu être difficile. Je n'ai peut-être pas choisi le meilleur moment, néanmoins c'était le seul qui me semblait propice à te revoir.
Il prit sa main et s'y pencha pour l'effleurer de ses lèvres avec naturel, indifférent aux regards qui se braquaient sur eux. Il ne cherchait pas à trop en faire mais observait seulement les codes dans lesquels il était né. Son unique repaire depuis qu'il était seul. En tant que dernier héritier et maître du manoir Bower, il se devait de se plier aux règles propres à son rang.
- Tu es ravissante. Une voiture nous attend, puis-je prendre ton bras ? Ne t'en fais pas, je ne t'affligerais pas d'un long trajet, nous serons au manoir en un rien de temps.
Sourit-il en l'amenant poliment jusque la sortie.

La voiture était toujours là, Erycius attendant sagement sur son banc de bois, droit comme la justice et le regard plongé devant lui. Il ressemblait à une statue de pierre, rigide et passif. Malgré ses manières tout aussi codées, le jeune homme dégageait plus d'aisance et de chaleur, il était confiant. Il ouvrit la portière devant Clarisse et l'aida à se faufiler sur l'épais fauteuil rembourré avant de grimper à son tour. Comme à l'aller, à peine la porte fut-elle fermée que la voiture démarra en trombe, sans gêner le moins du monde ses passagers. Le paysage était insaisissable. Il ne formait que des traits discontinus de couleurs parfois vives, d'autres fois claires et ternes. Ils allaient trop vite pour discerner le moindre contour.
Jusqu'à ce que la voiture s'arrête sur un magnifique portail de fer forgé s'ouvrant sur une cour où se taillait un chemin dallé entre le gazon fraîchement coupé et les fleurs ornementales, qui parsemaient de couleurs ce bout de jardin. Le manoir se dressait à quelques mètres de là, sa toiture noire perçant le ciel et la pierre blanche de sa façade percée de larges fenêtres. Aïlin descendit lorsque le carrosse s'immobilisa dans la cour et tendit la main à la belle rousse. Il la guida en silence jusqu'à la lourde porte de chêne, qui s'ouvrit au moment même où il gravissait la deuxième marche du perron. Jenny se redressa de toute sa petite taille, son tablier noir fièrement noué sur son buste enrobé et un large sourire aux lèvres. Son regard glissa directement d'Aïlin à Clarisse, qu'elle considéra d'un oeil humide avant de se rappeler les bonnes manières et ciller.
Le jeune Bower laissa passer McBrien devant lui et s'amusa à observer avec quel empressement la vieille servante tentait de récupérer la cape de la jeune femme pour l'accrocher dans le vestibule. Elle manqua même d'oublier de prendre le manteau de Bower. Il ne s'en offusqua pas, habitué à l'émotivité de la cuisinière.
Il préféra plutôt inviter Clarisse à traverser avec lui le large couloir tandis que Jenny disparaissait, jusqu'à parvenir au salon. Là, un feu dépourvu de chaleur brûlait dans la large cheminée et ses éclats se répercutaient sur le carrelage immaculé. Trois fauteuils attendaient en demi cercle autour d'une table basse en ébène laqué, prêt à accueillir leur hôte. Deux statues représentant chacune un homme et une femme étirés l'un vers l'autre, aux courbes et à la posture torturée par une passion muette gardaient l'arcade qu'ils venaient de dépasser pour entrer dans la grande pièce. Ils étaient fait de bronze, des mains de Bower. Ce dernier se tourna face à la jeune femme et tenta de lui sourire.

- Je te remercie d'avoir accepté mon invitation, d'autant plus que mes motivations ne doivent pas te sembler très claires. Avant de te laisser la parole, je tiens à te rassurer. Ma démarche n'est pourvue d'aucun calcul. Je désirais seulement te revoir, dans d'autres circonstances que celles qui nous ont réunies par le passé, te dire certaines choses que j'ai récemment comprises et surtout, t'offrir une agréable soirée. Tu dois en avoir besoin, après le duel admirable que tu as fait aujourd'hui.
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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyLun 2 Mai - 19:53:45

Ce qui frappa le plus la jeune fille fut à quel point Aïlin avait changé depuis leur dernière rencontre. Il avait indéniablement grandit, et pas seulement en centimètres. Le Serdaigle n'avait plus rien de l'adolescent torturé qu'elle avait connu. Ses cheveux mi-longs encadraient un visage pâle par nature, aux traits plus marqués qu'autrefois. C'est un jeune homme sûr de lui qui vint à la rencontre de la rousse, presque un homme. Clarisse ne put s'empêcher de penser qu'il était beau dans son costume de sorcier, sans doute un peu trop pour être honnête. Appliquant le protocole à la lettre, il lui fit un baise-main en règle avant de la complimenter sur sa tenue et de lui demander son bras. Elle le lui accorda avec un sourire et se laissa guider sans broncher vers la sortie. L'écossaise était initiée aux règles de bienséances en vigueur dans les grandes familles bien qu'on ne les appliquât pas chez elle. Lorsque Carthalàn avait fui le joug paternel il s'était promis d'élever ses enfants sans le carcan des traditions qu'on lui avait imposé durant sa jeunesse et il s'y était tenu. Malgré tout, il savait ce qu'était le monde. Il savait que pour y trouver sa place certains codes se devaient d'être respectés, aussi les avait-il enseignés à sa descendance.

Dehors, une voiture à cheval sans cheval les attendait, prête à partir. Ou plus exactement, le cocher tel une statue de marbre, patientait, enveloppé dans une chaude cape en laine. Dès qu'ils furent à bord, l'attelage se mit en branle et il fut impossible à Clarisse de discerner le paysage par la fenêtre, tant le véhicule allait vite. Elle avait été une peu étonnée du moyen de locomotion choisi par Aïlin, mais n'en avait rien laissé paraître. En vérité, elle préférait ça plutôt qu'une voyage par poudre de cheminette. Chaque famille avait son moyen de transport fétiche, certains plus extravagants que d'autres, et si elle en avait testé un certain nombre, c'était la première fois qu'elle montait dans un carrosse de ce genre. Aïlin n'avait pas menti, le voyage fut bref et très confortable, quoi que silencieux. Déjà ils étaient arrêtés devant un lourd portail de fer forgé et quelques secondes plus tard, la voiture s'immobilisa devant une grande bâtisse au toit sombre. En gentleman, le maître des lieux descendit le premier et aida sa camarade à en faire autant, avant de la conduire jusqu'à la porte en bois massif.
Cette dernière s'ouvrit sur une petite vieille vêtue d'un tablier noir. Elle arborait un sourire accueillant et couvait Aïlin de son regard brillant comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde. La domestiques s'effaça prestement pour laisser libre passage aux deux jeunes puis, voulant bien faire, se jeta quasiment sur Clarisse pour récupérer sa cape. Gênée, la rousse lui offrit un pauvre sourire avant de suivre son hôte dans le couloir. Elle ne s'était pas attendue à trouver des gens de maison chez les Bower, mais plutôt des elfes, d'où son trouble évident. D'ailleurs le manoir en lui-même ne ressemblait en rien à l'idée qu'elle s'en était faite du temps de Devin. Elle avait imaginé trouver des artefacts dangereux de magie noire dans un décors à la gloire de la lignée. En lieu et place, elle découvrit un salon douillet au carrelage clair sur lequel dansait le reflet des flammes. On y accédait par une arche en bronze qui immortalisait l'amour impossible d'un homme et d'une femme. L'artiste avait su transcrire la passion qui unissait ces deux âmes d'une façon qui ne laissait pas indifférent. Mais la sorcière fut interrompue dans sa contemplation par la voix du jeune homme.


- Je te remercie d'avoir accepté mon invitation, d'autant plus que mes motivations ne doivent pas te sembler très claires. Avant de te laisser la parole, je tiens à te rassurer. Ma démarche n'est pourvue d'aucun calcul. Je désirais seulement te revoir, dans d'autres circonstances que celles qui nous ont réunies par le passé, te dire certaines choses que j'ai récemment comprises et surtout, t'offrir une agréable soirée. Tu dois en avoir besoin, après le duel admirable que tu as fait aujourd'hui.

Quittant à regret l'image poignante du couple, Clarisse posa son regard clair sur Aïlin, pas plus avancée sur ses intentions qu'avant.

- C'est très aimable à toi. Elle accompagna sa phrase d'un joli sourire en guise de remerciement. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de trouver ça un peu louche.
- Néanmoins, je dois t'avouer avoir beaucoup hésité avant d'accepter ton invitation. Il me semblait que tout avait été dit. Et après si longtemps... Un an et onze mois (jour pour jour pour) être tout à fait exacte. Je ne m'attendais plus à recevoir de tes nouvelles.

Il n'y avait là aucun reproche. Leurs vies avaient pris des chemins différents voilà tout et l'adolescente n'imaginait pas les voir se recroiser un jour. Après l'épisode du serment inviolable, Aïlin lui avait proposé de lui écrire et ils avaient échangé deux ou trois lettres sans intérêt avant de se lasser l'un comme l'autre. Clarisse ne trouvait jamais les mots justes pour exprimer les choses et préférait éviter certains sujets, si bien qu'ils n'abordaient que des choses sans intérêt. Et puis son projet d'animagus s'était précisé, l'éloignant un peu plus de ses amis et donc d'Aïlin qu'elle ne croisait que rarement dans les couloirs ou la salle commune. Si elle était venue ce soir, c'était par curiosité, certes, mais aussi un peu par obligation, pour honorer une promesse. Parce qu'au fond d'elle, elle savait qu'Edwin avait raison, que c'était une mauvaise idée. Elle avait mis trop longtemps à tourner la page Bower pour tenter le diable. Même si elle n'était plus amoureuse de lui, l'écossaise savait qu'il y aurait toujours quelque chose de spécial entre eux. Ils en savaient trop l'un sur l'autre, ils avaient trop compté l'un pour l'autre pour pouvoir s'oublier définitivement.


-J'ai pensé que ce que tu avais à me dire était important...Détournant le regard, elle fit quelques pas dans le salon.
- C'est très joli chez toi. Elle approcha des fauteuils et en désigna un d'un geste de la main. Puis-je?
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyLun 2 Mai - 23:04:12

Aïlin ne put réprimer un sourire lorsqu'il remarqua toute l'attention que portait la jeune femme aux statues de bronze. Il en était flatté, bien qu'elle ignorât qu'il les avait conçues de ses mains. Il n'en laissa rien paraître, non plus, se contentant de reposer un regard neutre sur elle tandis qu'elle lui offrait sourire et remerciement. La suite de ses propos, en revanche, furent moins engageants. Bower s'en était douté. Il hocha la tête en signe de compréhension et ne répondit pas immédiatement, préférant la laisser aller jusqu'au fond de sa pensée. ...Et espérant que ce qu'il avait à lui dire aurait assez d'importance à ses yeux pour qu'elle estime n'avoir pas fait le déplacement inutilement.
Elle avait raison, tout s'était sensé être dit l'une des dernières fois qu'il s'étaient retrouvés l'un face à l'autre, il y avait déjà deux ans de cela. C'était peut-être au moins vrai pour elle, mais ce n'était pas le cas d'Aïlin. Il lui avait caché ce qu'il ressentait véritablement, avait camouflé derrière un masque de marbre bien d'autres choses encore. Il n'avait pas oublié le serment inviolable, et estimait qu'elle méritait de savoir les raisons réelles qui avait engendrées ce dernier. Elle devait savoir aussi, que ce dernier était totalement inefficace. Qu'elle était libre et ne mourrait pas si jamais elle brisait leur serment. Toutes ces choses avaient leur importance aux yeux du jeune homme, c'étaient les dernières qui le rattachaient à son ancienne vie, à ses souffrances. Lorsque la menace du serment tomberait en cendres, il n'y aurait plus aucune autre trace du passé. Sauf, évidemment, qu'il la trouvait belle et attirante. Mais c'était un détail bien moins douloureux.


- Merci, j'ai passé des mois à arranger cette vieille bâtisse. Assieds-toi, je t'en prie. Tu es libre de disposer des lieux à ta guise.
Rétorqua-t-il finalement, tout en s'approchant également du fauteuil à côté de celui que la belle rousse semblait avoir choisit. Il attendit qu'elle prenne place avant de s'installer à son tour, puis tourna son visage vers elle.
- Je comprend que tu aies hésité. J'avoue ne pas avoir tergiversé longtemps avant de prendre ma décision, pour une fois. J'en avais simplement envie. Et besoin.
Il garda le silence un instant.
- Mais si je peux me permettre, il me semblait que c'était toi qui avais rompu le contact. Je ne recevais plus aucune lettre de toi, ou très rarement. Je t'apercevais de moins en moins dans la salle commune et les couloirs de Poudlard. Je me suis dit que tu avais certainement besoin de me sortir totalement de ta vie, que tu avais envie de passer définitivement un chapitre, alors je l'ai respecté. Je suis navré, si j'ai eu tort d'oser chercher un dernier contact avec toi.

Sa dernière phrase fut prononcée sans aucun regret ni culpabilité. Après tout, elle aurait été parfaitement libre de refuser, rien ne l'avait forcée à suivre l'idée du Serdaigle. Un petit sourire amusé rehaussa ses lèvres à cette pensée, mais il n'eut pas le culot de lui faire part de cette constatation. Elle prendrait certainement mal une telle remarque et il n'avait aucune envie de la voir tourner les talons.
- Tout dépend du crédit que l'on accorde au passé... En réalité, peut-être que tu n'accorderas aucune importance aux confessions que je désire te faire. Cependant, j'en ai besoin pour exterminer les derniers affres qui me rongent. Enfin, c'est ce que je crois.

Le jeune homme pris le temps de rassembler ses pensées. Ce qu'il avait dit était, à sa grande surprise, sortit d'entre ses lèvres sans aucune difficulté. Il s'était montré parfaitement sincère, sans peur ni angoisse. C'était la première fois depuis la mort de Torin qu'il se le permettait. Il se sentait seulement serein, dépourvu d'arrière pensée.
Devant eux, une bouteille de vin rouge attendait sur un napperon pourpre, entourée de deux verres à pied. Le jeune homme se releva et extirpa sa baguette magique de la poche de son veston, avec laquelle il fit sauter le bouchon.

- Désires-tu un verre ?
Proposa-t-il avec politesse, avant de pencher la bouteille sur le verre de McBrien. Il se servit à son tour et tendit le récipient de cristal jusqu'aux doigts de la Serdaigle. Il avança légèrement le bras, prêt à trinquer, les yeux dans les siens.
- J'ignore à quoi porter un toast, mais je te remercie d'avoir été assez indulgente pour me permettre d'avoir, une dernière fois peut-être, le loisir de te regarder dans les yeux.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyMar 3 Mai - 21:00:31

La jeune fille attendit la consentement de son hôte pour prendre possession d'un fauteuil confortable. Le coussin était parfait, ni trop mou ni trop dur, et elle sut qu'elle pourrait rester assise là des heures. Il faudrait qu'elle suggère discrètement à Will de changer ceux du cottage qui vous donnaient décidément trop mal au dos, au profit d'un mobilier plus accueillant. M'enfin, là n'était la question pour l'instant. Aïlin lui expliqua qu'il avait lui-même décoré les lieux et Clarisse ne put s'empêcher de penser qu'il avait du goût. Elle ignorait si elle-même aurait obtenu un si bon résultat, et son regard se posant sur le bronze de l'entrée, elle en conclu que non. A sa décharge, il n'y avait pas autant d'espace chez elle et la maison abritait pas moins de six personnes, tandis que le brun disposait d'un immense manoir dont il était le seul résident (si l'on exceptait la vieille femme et le cocher qui devaient habiter dans une dépendance où dans les combles). Une chose la chiffonnait cependant: tout était trop propre et trop bien rangé. Les livres de la bibliothèque étaient parfaitement alignés et les longs rideaux retombaient sans faux pli devant les fenêtres. C'était beau, mais impersonnel.
Le jeune homme eut alors la bonne idée de rappeler que c'était elle qui avait « rompu le contact ». La rousse fit une moue amusée, mais se retint de tout commentaire. C'était plus ou moins vrai. Il n'avait pas non plus cherché à la retenir, et c'était tant mieux, mais il fallait remettre les choses à leur place. S'ils n'étaient pas restés amis, c'était à ses yeux, de par une volonté commune. A cela, il ajouta qu'il était « navré » de lui avoir envoyé cette invitation, sur un ton qui disait pourtant tout autre chose. Cette fois il tira un sourire amusé à la Serdaigle ainsi qu'un haussement de sourcil interrogatif. Néanmoins, elle retrouva tout son sérieux lorsqu'il aborda la raison de sa venue. Il dit avoir une confession à lui faire, sans en ajouter davantage. Aïlin et ses mystères... Clarisse et sa curiosité... L'une ne pouvait qu'être attirée par l'autre, tel le papillon de nuit approchant la flamme de la bougie. Constat terrible, mais si vrai. Il avait bien choisi sa victime, parce qu'il savait qu'elle ne pourrait résister à la tentation d'entrer dans la confidence.

En bourreau sadique, le brun dédaigna le sujet si important de son secret pour lui proposer à boire. Clarisse acquiesça d'un hochement de tête discret. De toute façon avait-elle le choix? Elle regarda le liquide rouge couler lentement dans son verre puis dans celui d'Aïlin: du vin. Elle n'en avait bu qu'à de rares occasions, lorsqu'ils recevaient à la maison, et encore. De par son jeune âge on lui permettait seulement de tremper le bout des lèvres. Suivant les gestes de Bower, elle saisit le verre en cristal qu'il lui tendait, et fatalement, son regard tomba dans le sien. Si près. Trop près.

-J'ignore à quoi porter un toast, mais je te remercie d'avoir été assez indulgente pour me permettre d'avoir, une dernière fois peut-être, le loisir de te regarder dans les yeux.
Non, avait-elle rêvé ou bien se montrait-il … charmeur? Cette idée semblait si déplacée à l'écossaise qu'elle ne pouvait que trouver ça drôle. Charmeur, vraiment? Non. Pas après ce qui s'était passé entre eux, pas après... deux ans sans avoir échangé plus que des salutations lointaines et polies. La sixième année ne put retenir un rire tout en reculant dans son fauteuil.
- Je t'en prie Aïlin. Sois sérieux!
Au moins ne serait-elle pas venue pour rien. Elle eut l'impression d'avoir à nouveau douze ans et se sentit aussi légère qu'une plume. Sur ce coup-là, son camarade avait fait aussi bien que la meilleure blague des frères Weasley, ce n'était pas peu dire. Il lui fallut quelques longues secondes pour s'en remettre. La rousse reposa son verre intact sur la table basse, et sans se départir de son sourire, fixa son regard sur le garçon.
-Il se trouve, vois-tu, que je n'aime guère écrire comme tu as pu le constater. Par ailleurs, j'ai été très occupée l'an dernier, et pas seulement à casser du mangemort.
Officiellement, Clarisse faisait référence à la préparation de ses BUSEs, ainsi qu'au regrettable incident du cognard qui avait fait le tour de l'école en moins de temps qu'il ne faut pour dire Quidditch. En réalité, il y avait eu bien plus que ça. L'acquisition de son don d'animagus en premier lieu, mais également quelques leçons particulières que lui avait donné Sayannel, le tout en essayant de ne pas éveiller les soupçons ni des insupportables frères Carrow, ni de ses camarades de chambre. Un effort de tous les instants, je vous assure. Dans cet emploi du temps chargé, il n'y avait que peu de place pour ses amis qu'elle s'était mise à voir en coup de vent, alors pour celui qu'elle voulait oublier...

Retrouvant son sérieux, puisque paraît-il son sens de l'humour était déplorable, la rousse prit son verre et le tendit en direction du Serdaigle.
- Je propose que l'on porte un toast à nos réussites personnelles. Ça me semble plus juste.
Sans attendre la réaction de son vis à vis, elle porta le cristal à ses lèvres et but une petite gorgée de son nectar. Le vin était très bon, comme elle s'y attendait. Aïlin avait sortit le grand jeu, proposant un accueil de qualité, sans doute pour aider à faire passer la pilule. A chaque fois qu'il lui avait avoué quelque chose, il s'agissait d'un fait déplaisant et Clarisse était persuadée que la fameuse confession ne ferait pas exception. Gardant le verre dans sa main, la rousse se cala contre le dossier du fauteuil et porta toute son attention au jeune homme.
-Bien. Et si nous passions aux choses sérieuses?
Il ne restait plus rien de son sourire, ni dans le timbre de sa voix, ni dans ses yeux. Le visage impassible, elle attendait simplement qu'il se décide.
-Je t'écoute.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyMar 3 Mai - 21:53:22

Les yeux de Clarisse ne quittèrent pas les siens, tandis qu'il lui proposait de trinquer. Son sourire fondit comme neige au soleil lorsqu'elle éclata de rire en se reculant contre le dossier de son fauteuil. Ce simple geste en disait long, mais le jeune Bower tenta de ne pas laisser la vexation s'immiscer sur ses traits. Évidemment, il aurait mieux fait de s'abstenir ce genre de commentaires. Évidemment. Mais cet horrible défaut ne l'avait pas quitté, il fallait toujours qu'il manque de naturel.
- Soyons sérieux, oui. Je quitte Poudlard dans deux mois. C'est peut-être la dernière fois que nous nous trouvons face à face.
Murmura-t-il d'un ton parfaitement neutre, tandis que le rire de la Serdaigle s'étiolait. Le sarcasme qui imprégnait l'hilarité de la jeune femme frappait douloureusement sa fierté. L'espace d'un instant, il se demanda si ce n'était pas lui qui allait regretter d'avoir tenté un dernier contact avec McBrien. Elle semblait décidée à ne pas lui laisser une seule chance d'entretenir ne serait-ce qu'un semblant d'amitié. Jamais il n'avait imaginé qu'elle le rayerait aussi bien de sa vie. Autrement... Autrement, et bien, il n'aurait jamais pris le risque de la convier au sein même de sa demeure. Ni même de ses pensées.

Pour la première fois de sa vie, Bower ne trouva rien à répondre à la répartie de son interlocutrice. Elle avait parlé d'une voix claire, qui ne demandait aucune réplique. Elle prenait certainement un malin plaisir à le prendre ainsi au dépourvu. Un sourire amusé glissa sur son visage. Au fond, ce n'était pas si dramatique que cela. Ç'aurait put être bien pire encore, et cette situation avait finalement quelque chose d'amusant. Clarisse s'était métamorphosée et on ne pouvait pas dire que cela était en mal. Il préférait la voir lui tenir tête plutôt que de rougir à la moindre de ses paroles, comme à une époque qui lui semblait à des millénaires d'aujourd'hui. Cette fois, ce fut à son tour de rire, tandis qu'il levait son verre sans daigner tourner le visage vers la belle rousse.

- Et bien, oui. À nos réussites personnelles.

Il huma le parfum du sancerre tout en faisant tournoyer la robe chatoyante dans la coupe de son verre, avant de porter le vin à ses lèvres, délicatement. Au même instant, Clarisse lui demanda de façon ferme et définitive des explications. Pour peu, la jeune femme estimerait n'avoir plus qu'à rentrer chez elle avant le diner. Il ne pouvait cependant pas lui refuser ce qu'elle demandait, bien qu'il avait espéré que ces dernières viennent plus tard dans la soirée, lorsque l'atmosphère serait, peut-être, plus détendue. Clarisse n'était manifestement pas de cet avis. Les mauvaises nouvelles d'abord, n'était-il pas ?
Aïlin prit une vague inspiration. Ce qu'il avait à lui dire lui semblait aujourd'hui déplacé, malvenu. Sa compréhension de ses propres sentiments et de lui-même étaient survenues trop tard pour récupérer l'amitié de son ancienne petite amie.

- Dois-je te donner le présent que tenais à t'offrir maintenant ou après, lorsque tu seras folle de rage contre moi ?
Sourit-il en lançant un regard orgueilleux à la jeune femme. Son air goguenard ne devait pas la tromper, il lui rendait la monnaie de sa pièce afin de mettre les scores à égalité. Il n'y avait cependant aucune agressivité dans son attitude, trop fier pour se laisser aller à de futiles sentiments de rancune. Puisqu'elle se fichait des attitudes très officielles du jeune homme, autant les abandonner. Il se sentait tout aussi à l'aise dans la familiarité que dans l'attitude plus convenable au rôle qu'il devait à présent jouer.

- Et bien... Allons au plus important. Je suppose que tu te souviens aussi bien que moi du serment qui nous lie. Il est en réalité nul et non avenu. Je tentais simplement de me protéger de ce que tu pouvais dire par crainte d'offrir ma confiance. Cependant, je ne pouvais me résigner à me montrer assez fou pour mettre ta vie en péril. Je savais quel danger pesait sur toi si un sorcier mal intentionné à mon égard te posait la main dessus.
Commença-t-il, omettant sciemment le nom de son frère. Depuis que Torin était décédé, il désirait bannir ce prénom de ses pensées, comme un fantôme que l'on craint de voir ressurgir avec trop de netteté. Il savait pourtant qu'il n'aurait pas d'autre choix que de prononcer ce nom.
- Je voulais aussi te faire mes excuses. Je n'ai pas été totalement honnête avec toi, sur bien des points. Je me suis rattaché à toi parce que je n'avais personne d'autre dans ma vie. Peut-être est-ce encore le cas, puisque tu es ici ce soir. Cependant, cela n'a rien à voir avec ce que je ressentais il y a deux ans de cela. Je t'aimais comme un orphelin aime la seule personne à laquelle il puisse se raccrocher. Lâcha-t-il sans cacher le mépris qu'il éprouvait vis-à-vis de cette faiblesse du passé. ...Cela ne m'a pas empêché d'omettre de te dire certaines choses à mon sujet. Comme le fait que je t'ai quitté parce qu'un membre de ma famille m'a implicitement menacé de s'en prendre à toi pour me faire souffrir. Je me serais sentit coupable quel que soit le choix que je faisais. Et je sais ce que la Clarisse que j'ai connu m'aurait répondu. Ce n'était pas à moi de choisir à sa place, cependant cette Clarisse n'avait pas idée de l'horreur de la situation dans laquelle elle aurait été plongé, si j'avais écouté mes sentiments plutôt que ma raison.

Pour la première fois dans son discours, il se tourna vers elle et la regarda dans les yeux. Il ne se sentait plus retenu par la moindre gêne, et s'en avait presque quelque chose de grisant. Un sourire pourtant amer s'immisça sur ses lèvres.
- Ultan était un véritable benêt et je pense que tu as pu voir comme cela a put le rendre dangereux. L'aîné, lui, était un malade. Mais il était d'une intelligence redoutable. Il a réussit à faire de moi un criminel. Avec ce poids sur la conscience, je n'avais aucune envie de continuer à te voir. Je ne savais plus ce que j'aurais été capable ou non de te faire. ...Je lui ressemble, tu sais.
Il n'avait pas besoin de continuer, cette sentence parlait d'elle-même. Ses yeux graves ne quittèrent pas Clarisse, à la recherche d'une étincelle qui lui signifierait qu'elle avait saisit toute l'insinuation qu'il avait laissé courir dans ces deux simples phrases.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyJeu 5 Mai - 16:41:45

[hj] Je pars du principe que le serment fonctionne comme le fidelitas et qu'on peut en parler avec l'autre personne concernée...[/hj]

Clarisse remarqua immédiatement qu'elle avait froissé son hôte. Alors... il était vraiment sérieux? Elle n'était pas sans ignorer qu'il achèverait bientôt sa septième année, mais de là à devenir aussi dramatique... Après tout ils vivraient encore sous le même toit pendant deux mois, s'il avait vraiment envie de la revoir, les occasions ne manqueraient pas. Mais c'est avec de petites contrariétés de ce genre que l'on force l'autre à se révéler sous sa véritable apparence, sans le masque des convenances. Aïlin était clairement vexé et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. S'attendait-il par hasard à ce que la jeune fille lui tombe dans le bras en un claquement de doigts? Si c'était le cas, il se fourvoyait. Complètement. Presque complètement.
L'écossaise se retint de justesse de répondre quelque chose à la remarque désobligeante du Serdaigle. Ainsi il prévoyait de la rendre « folle de rage ». Intéressant. Cela prouvait qu'elle avait eu raison de se méfier. Sous ses airs de gentleman galant et charmeur, Bower cachait un terrible penchant pour le sadisme et les mélodrames. Il faudrait songer à le faire soigner un de ces jours. Mais n'était-ce pas aussi cette capacité à la faire souffrir qui fascinait la rousse? Ne revenait-elle pas le voir à chaque fois, en sachant d'avance à quoi s'attendre? Sans doute en partie. Au fond d'elle, Clarisse savait qu'il y avait un peu de ça, seulement de là à se l'avouer... A chaque rebondissement, elle préférait croire en l'opération de Merlin, à un hypothétique miracle, à la simplification soudaine de cette situation qui n'en finissait pas de les rendre aussi malheureux l'un que l'autre. Elle avait promis, c'était la bonne excuse qu'elle avançait pour ne pas chercher de véritable explication à sa présence au manoir. Elle aussi il faudrait songer à la faire soigner, et pas seulement pour ça.

Sans se presser, le brun entama des explications. Il évoqua en premier lieu le serment inviolable, lui révélant qu'il ne valait rien et surtout que si l'envie lui venait d'aller voir le premier auror venu, elle pourrait révéler son secret sans épée de Damoclès au-dessus de la tête. Cette nouvelle lui fit froncer les sourcils. De son point de vue, c'était une bonne chose. Elle ne risquait plus de mourir s'il prenait l'envie à des gens du ministère de rouvrir l'enquête et de passer des interrogatoires sous véritasérum. Même si c'était le cas, elle avait assez peu de chances de se retrouver face à un enquêteur. La réelle menace avait été Torin et ce dernier avait trépassé quelques temps auparavant. La jeune fille se serait presque réjoui de cet aveux si le goût amer de la trahison n'était venu s'inviter au bal. En lui disant ça, c'était comme si Aïlin lui crachait à la figure. Il n'avait jamais eu confiance en elle, voilà la vérité. Premier coup de poignard.
Non content de son petit effet, il enchaîna sur ses autres mensonges dont la véritable raison de leur rupture. Rupture qu'elle avait eu tant de mal à accepté, parce qu'elle n'en comprenait pas les raisons. Il lui avait menti par deux fois à ce sujet. Deuxième coup de poignard. Clarisse volait de désillusion en désillusion. Un pan de sa vie volait en éclat sous son regard ébahi. Elle avait cru tout ce qu'il lui avait dit, pauvre idiote qu'elle était. Ça avait été long et douloureux, mais elle en était enfin sortie. Et tout ça pour quoi? Pour replonger. Edwin avait mille fois raison, elle aurait mieux fait de casser sa baguette que d'accepter cette invitation empoisonnée. Et ce n'était pas fini...

Lorsque le sorcier se tut enfin, Clarisse avait blanchit. Les doigts serrés autour de son verre, elle s'obligea à le reposer sur la table avec lenteur pour ne pas le faire exploser. Elle se leva mécaniquement et fit quelques pas dans le salon, le temps que toutes les pièces du puzzle finissent de s'assembler dans son esprit. Et pour éviter aussi de faire exploser le cristal, ou pire, la tête de son hôte, tant elle était furieuse. Après de longues secondes de silence, elle se tourna à nouveau vers le jeune homme et tenta de reprendre depuis le début.

- Je te remercie de ta délicate attention pour le serment. Maintenant que je sais, je vais courir au Ministère pour leur raconter ton petit secret, je suis persuadée que ça les intéressera beaucoup. Dit-elle sarcastique. Un rictus amer déformait sa bouche et une lueur inquiétante brillait dans ses yeux. Mais qu'est-ce que tu crois Aïlin?! S'énerva-t-elle. Que je leur aurait dit? Ta confiance fait vraiment plaisir à voir! Et tu crois peut être que je vais prendre le risque de te dénoncer maintenant? Ce n'est plus l'envie qui m'en manque, mais j'y penserai le jour ou j'aurai des envies suicidaires!
En vérité non, même si elle était furieuse après lui, jamais elle ne manquerait à sa parole, sauf que ça, il n'avait pas besoin de le savoir. Elle savait aussi qu'agir dans le feu de l'action vous pousse parfois à faire des choses que vous regretterez plus tard. Et une chose était certaine, Aïlin aurait beau être le plus grand salaud de la terre, elle ne voudrait pas le poids de sa dénonciation sur la conscience. Il y avait... d'autres moyens.
- Ce n'est pas maintenant que j'ai besoin d'entendre ta petite confession. Reprit-elle froidement. C'est trop tard à présent. C'était il y a deux ans que j'avais besoin d'entendre la vérité. Et je te l'a demandée. Tu m'as répondu. Et tu m'as menti! Je te faisais confiance Aïlin. Est-ce que tu sais seulement ce que ça veut dire? J'aurais fait n'importe quoi pour toi... l'idée du serment c'était la mienne... et toi... tu n'as même pas été capable d'être honnête avec moi. Je n'avais sûrement aucune idée de ce que tu vivais, mais si tu m'avais expliqué les raisons de ton choix, j'aurais compris ta décision. Ça aurait été moins dur...
Elle ne lui reprochait pas d'avoir voulu la protéger, simplement de l'avoir fait dans son dos. S'il lui avait dit qu'elle comptait quand même, ça aurait fait moins mal. Elle n'aurait pas passé des nuits à pleurer dans son lit en se demander pourquoi. En se demandant ce qu'elle avait bien pu faire de travers. Des nuits à se remémorer chacune de leurs rencontres et à se demander à quel moment ça avait dérapé.

Elle s'interrompit un instant. Les verres sur la table s'étaient mis à trembler, manifestation involontaire de sa colère. Elle n'y prêta pas attention et approcha du jeune homme. Son sang palpitait dans ses veines, faisant pulser sa jugulaire sous la peau blanche de son cou et ses yeux lançaient des éclairs. A cet instant, Clarisse n'avait plus rien de la jeune fille fragile qu'elle prétendait être. Elle était presque... effrayante...

-Tu as tué un homme. Reprit-elle d'une voix qui se voulait calme. Bien sûr que tu es capable du pire. Et pourtant, comme tu l'as dit, je suis là. Ici. Ce soir. Devant toi. Alors quoi? Si je dis ou fais quelque chose qui ne te plait pas tu t'en prendras à moi, c'est ça? Elle se planta devant lui, son regard rivé dans le sien. Eh bien vas-y!
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyJeu 5 Mai - 18:13:20

Bower se tendit contre le dossier de son fauteuil. Le dos droit, il sentit le moindre de ses muscles se raidir lorsqu'il vit la pâleur cadavérique qui submergeait le visage de Clarisse. Sa colère était aussi palpable qu'une violente onde magique et le frappait de plein fouet. Tout cela partait d'une bonne attention, mais au premier regard, il sut qu'il avait fait une grave erreur. Une erreur qui conduisit la jeune femme à poser froidement son verre puis se lever du fauteuil qui jusque là l'enserrait chaleureusement. Aïlin se leva à son tour à la façon d'un félin flairant un danger proche. Malgré l'élégance dont il ne se départait pas, il était aussi raide qu'un mannequin de bois.
À la première phrase, sa langue devint aussi lourde que du plomb. Il l'écouta l'accuser, sentit le poison de l'humiliation se répandre insidieusement dans ses veines, son coeur se refermer brutalement. Il s'était lourdement trompé, oui. Mais méritait-il un tel jugement ? Aïlin n'y croyait pas une seule seconde. Pour une fois dans sa vie, il avait voulu se montrer honnête, avait cherché à régler les vieux comptes dont il se sentait encore coupable. Oui, il était malhonnête, mais si même celle qui lui avait déjà tendu les bras ne lui laissait plus la moindre chance de se rattraper, il n'y avait pas à s'étonner qu'il le soit pour son propre bien. Une colère sourde enfla en lui. Il ne voulait plus l'entendre. Il tenta de ne plus l'écouter mais les paroles de McBrien frappaient ses tympans avec d'autant plus de vigueur. Il n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse lui faire encore aussi mal.

"Tu as tué un homme." L'entendre dire de la bouche d'une autre personne lui faisait une sensation étrange. Il avait l'impression de se retrouver dans une situation surréaliste où, pour la première fois, il faisait figure de bourreau. La colère grandît de nouveau et il se recula instinctivement lorsque Clarisse s'approcha de lui pour lui faire face. Sans crier gare, elle lui donna le coup de grâce.
Comment pouvait-elle s'imaginer une seule seconde qu'il la toucherait ? N'avait-elle rien compris à ce qu'il venait de lui dire ? Oui, il avait douté. Non, ce n'était pas rien que de tuer un homme. Toute une philosophie de vie, toutes les sûretés que l'on avait acquit à son sujet s'envolaient en éclats. On n'était plus sûr de ce que l'on pouvait faire, comme à cet instant même, d'ailleurs. Mais cette colère là lui semblait plus saine, bien que non moins douloureuse. Il savait qu'il pourrait peut-être encore tuer si l'on venait à bout de lui, oui. Un chien goûtant une fois au sang humain pouvait mordre à tout instant. Mais il savait surtout quel genre d'individu pouvait attirer sa haine. Jamais il n'oserait ne serait-ce que bousculer une femme. À moins peut-être qu'elle ne se mette à hurler mais, par chance, Clarisse avait encore assez de sang-froid pour ne pas se laisser aller à ce genre d'éclats. Les hurlements lui étaient insupportables.

Un lourd silence s'éternisa entre eux, où Aïlin demeurait immobile face à Clarisse. Son regard était douloureux et froid à la fois. Coupable et emplit d'une colère qu'il était incapable de camoufler. Sa main trembla, puis un terrible éclat de verre retentit. Une des larges vitres du salon venait littéralement d'exploser. Une pluie de tessons tranchants tomba à deux mètres d'eux sans que le septième année n'y prête la moindre attention.

- Par Merlin, que s'est-il passé ?
Retentit une voix tremblante tandis que des claquements frénétiques de talons retentissaient. Jenny se figea sous l'arche du salon, pétrifiée par la scène à laquelle elle assistait sans l'avoir voulu.
- Sortez immédiatement d'ici.
Lâcha Bower d'un ton qui ne demandait aucune réplique. La pauvre vieille ne demanda pas son reste, terrifiée par la métamorphose soudaine de son maître.
- Comment peux-tu croire une chose pareille ?
Le sang battait à ses tempes tandis que sa vue se floutait. Clarisse n'était plus qu'un mirage cerclé de brouillard. Il se détourna vivement et avala d'une traite le verre qu'il n'avait pas lâché. Il le posa raidement sur la table basse, se penchant à peine, avant de se tourner de nouveau vers celle qui venait de lui asséner la plus belle correction verbale qu'il n'ait jamais subi.

- Oui, j'ai tué un homme. J'ai tué mon propre père, cracha-t-il d'une voix grondante. Et non, je n'ai aucune idée de ce qu'est la confiance. Tu peux m'asséner de reproches, me faire des leçons de morale, mais tu n'as aucune idée de ce que j'ai traversé. Toi et ta petite vie tranquille, avec ta petite famille aimante... J'ai eu raison de ne pas te faire confiance, et je n'aurais pas dû chercher à le faire ce soir. C'est voué à l'échec, aussi honorable était mon intention.
L'envie de la renvoyer sèchement chez elle lui brûlait les lèvres. La gorge douloureusement nouée, les pupilles dilatées, il sentait la douleur surgir avec autant de netteté que si elle ne l'avait jamais quittée. Le souvenir de la mort de son père lui revenait. L'oeil satisfait de Torin. Le silence résigné de Lynn. Les coups qui avaient plu sur lui l'été précédent. Et elle, qui ne comprenait définitivement rien. Ils n'étaient pas du même monde, une frontière infranchissable les séparait. Cette frontière était déjà fermement gardée deux ans auparavant et c'était pourtant aujourd'hui qu'il s'en rendait compte.

Il s'éloigna d'elle et se laissa tomber dans le fauteuil, les bras reposés sur les accoudoirs et les doigts refermés contre la paume de sa main.

- Fais ce que tu veux. Je me fiche bien des conséquences. Aies ta petite vengeance si cela peut te satisfaire. Livres-moi aux aurors. Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour une cause juste et je recommencerais s'il le fallait. Si j'avais pu tuer chaque membre de ma famille de mes mains, je l'aurais fait. Ils ne méritaient pas mieux que de croupir six pieds sous terre. Crois si tu le veux que je serais capable d'en faire de même pour toi, si cela peut te consoler assez de ce que je t'ai dit. Je suis peut-être le dernier des salauds mais je sais au moins aujourd'hui ce que je suis et pourquoi j'ai agit de façons qui te semblent si intolérables. On peut me condamner, on peut m'infliger le baiser du détraqueur, je m'en fous. Je n'ai pas à rougir de ce que j'ai fait. Et personne n'aurait fait mieux que moi, dans une situation identique à la mienne.
Il se tut, complètement refermé sur lui-même et le regard lointain, à des lieues de Clarisse. S'il avait su comment éviter de faire mal à la jeune fille, il l'aurait fait. Cependant, il était au-dessus de ses forces de l'avouer.
- Je suis désolé que tu aies dû en pâtir, McBrien.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyJeu 5 Mai - 21:33:03

La tension était palpable entre les deux jeunes gens. Les secondes s'égrenaient lentement, comme si le temps avait été suspendu, spectateur involontaire de la décision de Bower. Clarisse l'avait clairement défié de passer à l'action. En un sens, elle souhaitait le voir lever la main sur elle. Ce serait la preuve qu'elle s'était trompée depuis le début, la seule action qui lui permettrait de sortir de là sans aucun regret et d'abandonner derrière elle un homme qui n'en valait pas la peine. Un traitre. Une autre partie d'elle espérait encore, malgré tout ce qu'il venait de dire. Elle espérait avoir raison de lui avoir offert sa confiance. Elle espérait ne pas protéger un monstre par son silence. Et elle s'accrochait fermement à ce petit carré d'espoir au fond de son cœur. Cette lumière brillante, qui bien qu'affaiblie, ne s'était jamais éteinte. Aïlin était quelqu'un de bien, elle le savait, elle l'avait toujours su. C'était viscéral. Jamais elle ne l'aurait soutenu si elle n'avait pas été persuadée d'avoir vu au-delà des apparences. A moins qu'il....
Une vitre explosa derrière elle dans un énorme fracas. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, testant les limites de la cage qui le retenait prisonnier et la jeune fille ferma les yeux un bref instant. Une bouffée de soulagement l'envahit. La réponse muette de Bower ne lui suffisait pas pour autant. Elle souhaitait l'entendre de sa bouche, elle voulait le voir prononcer ces mots salvateurs. Accepter: enfin! Clarisse n'écouta pas la vieille bonne s'alarmer, pas plus qu'elle n'eut conscience de la réplique cinglante de son hôte. En revanche, elle entendit parfaitement chaque mot qu'il prononça ensuite. Mieux, elle les gravait dans son esprit au fur et à mesure qu'Aïlin déversait sa douleur et l'envoyait au diable. Peu lui importait qu'il l'insulte au passage, elle-même ne s'en était pas privée. L'écossaise s'était montrée quelque peu injuste, elle le reconnaissait à présent que sa colère retombait. Pourtant, elle ne regrettait pas.

Le Serdaigle s'était rassit pendant son laïus, tandis que Clarisse n'avait pas bougé d'un pouce. Elle observa, immobile, quelques minutes de silence après ses dernières paroles. Puis, lentement, elle marcha jusqu'au dossier de son fauteuil, face au jeune homme, et posa ses mains à plat dessus.

- Tu m'as mal comprise. Dit-elle d'une voix douce, d'où il ne subsistait aucune trace de sa colère passée.

Elle attendit encore un peu, jusqu'à être certaine d'avoir capté l'attention du brun et inspira profondément avant de continuer sur le même ton.

- L'homme qui compte le plus pour moi sur cette terre est un assassin. Il a tué plus de personnes que tu ne peux en compter et pour des motifs bien moindres que ce que tu peux imaginer. Il a fait des choses horribles dans sa vie, et c'est lui qui m'est le plus cher. Un meurtrier. Pourtant je n'ai pas peur de lui, parce que je sais qu'il ne me fera jamais de mal. Je ne porte pas non plus de jugement sur ses actions. Qui suis-je pour décider si c'était juste ou non? Qui sait ce que j'aurais moi-même fait à sa place? Qui peut seulement répondre à cette question? On l'ignore. Personne ne sait.
Elle s'interrompit un instant. C'était la première fois qu'elle décrivait Sayannel tel qu'il était: un criminel doublé d'un mangemort, et qu'elle avouait tenir à lui plus que de raison. Il ne prendrait jamais la place de son père, bien sûr, mais si ce qui les liait était différent, c'était aussi très fort. Leur relation était complexe, inexplicable avec des mots. Ils étaient faits pour se comprendre, il n'y avait rien de plus à en dire. Et l'un enseignait, et l'autre avalait le savoir au compte goutte, maudissant le temps qui ne s'étirait pas assez pour lui permettre de tout apprendre. Souvent, l'écossaise avait voulu confier ce secret, seulement aucune oreille n'était en mesure de le recevoir ni de le garder. Voilà qu'elle en parlait justement à Aïlin. Lui, pourrait comprendre. Peut être. Mais surtout, c'était une façon comme une autre de lui expliquer...

- Si j'avais pensé une seule seconde que tu t'en prendrais à moi, je ne serais pas là en ce moment. Je ne serais pas venue.
Ou peut être que si. Elle aurait été assez folle pour accepter l'invitation quand même, juste pour lui prouver qu'elle n'était pas si fragile et qu'elle savait se défendre. Avoir le dernier mot sur ce qui les opposait depuis si longtemps.
- Je voulais t'entendre dire que tu ne le ferais pas. Et qu'il en prenne conscience une fois pour toutes par la même occasion, pour cesser de lui rappeler à quel point il était de mauvaise compagnie. Ce n'est pas parce qu'on est capable de faire quelque chose, qu'on le fera forcément, qu'on y prend plaisir. Tu n'es pas comme eux Aïlin.
Ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'elle pardonnait son comportement.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyVen 6 Mai - 13:08:08

Elle allait partir. Lui claquer la porte au visage. Ce n'était pas plus mal. Il ne voulait plus entendre les modulations acerbes de sa voix, les vérités qui s'extirpaient d'entre ses lèvres ni voir la colère embraser ses grands yeux bleus. Le silence s'étirait douloureusement et la présence de la belle rousse ne faisait que le tendre davantage. Il avait la sensation d'exécrer sa présence, ainsi, sans qu'un mouvement ne soit fait ni un mot prononcé. Aïlin savait cependant qu'il aurait d'autant plus mal lorsqu'elle partirait. Son menton s'affaissa, ses yeux clignèrent puis s'abaissèrent en direction de sa main gauche dont les doigts s'entrelaçaient nerveusement. Il joua un instant avec la chevalière d'argent qu'il portait à son annulaire et qu'il avait confectionné lui même. Il avait d'autres projets. Au fond, cela n'avait plus vraiment d'importance.
Les pas de la jeune femme retentirent et Aïlin retint son souffle. Elle partait. La conversation, si l'on pouvait appeler cela de la sorte, était terminée. La hargne qui sifflait en lui à la manière d'un serpent lui susurra de trouver un mot blessant qui la fasse fuir plus vite et son coeur s'emballa. C'était futile, rabaissant. Ce n'était pas la peine de se donner tant d'efforts pour la conforter dans ce qu'elle pensait de lui, il l'avait déjà bien assez fait.

Non, elle ne partait pas, les pas se faisaient plus proches au contraire. Il sentit plus qu'il ne vit Clarisse se rapprocher, vit enfin une ombre se glisser dans son champ de vision. Sa silhouette. Et son parfum, qui devint presque entêtant lorsqu'elle se pencha sur lui, bien calée sur les paumes de ses mains contre le dossier du fauteuil dans lequel il était assit. Aïlin ne daigna pas relever le regard, obstiné. Il n'avait pas envie de poser ses yeux sur elle, pas alors qu'elle était si proche et qu'il se sentait si énervé.
Il l'avait mal comprise, disait-elle. Lui n'en était pas certain. Elle l'avait clairement accusé d'être un dangereux meurtrier, avait insinué sans faux semblants qu'elle doutait de sa sécurité auprès de lui. Elle l'avait mis au défi de la frapper et rien n'aurait pu le blesser davantage. Elle n'avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait signifier, pour un jeune homme qui avait vécu dans la violence et la maltraitance, comme lui. La mauvaise foi qui veillait en lui regrettait même de ne pas avoir satisfait sa supplique et cherchait à le détourner des mots qu'elle s'apprêtait à prononcer, à la repousser avant qu'elle n'ait pu engager la moindre ébauche d'explication. Il relâcha lentement le souffle qu'il retenait piégé dans sa poitrine et laissa tomber sa main à plat sur le bras de son fauteuil.
Et il l'écouta. L'épreuve se révéla moins difficile qu'il ne se l'était imaginé, bien qu'elle se permettait encore de lui faire une leçon de vie dont il n'avait plus besoin. Il savait qu'il n'était pas comme son géniteur, ni comme Torin malgré certaines similitudes qu'il partageait avec ce dernier. Il ne nourrissait de haine contre personne ou, du moins, personne qui soit encore en vie pour en subir les frais. Il ne méprisait pas ceix qu'ils avaient méprisé et il ne considérait pas les femmes comme des objets de désir qu'il ne s'agissait que de piéger afin d'en disposer à sa guise. Si Aïlin était le digne héritier de la lignée Bower, elle ne serait pas là pour lui adresser la parole, ou encore le faire bouillir de colère. Le jeune homme détourna légèrement la tête sur le côté. Il n'osait pas lever les yeux vers elle de peur de voir sa rage s'évaporer au profit du sentiment indescriptible qui gisait derrière.

- Je le sais. J'aurais moi aussi eu besoin de ce genre de discours deux ans auparavant. Je te l'ai dit, je sais qui je suis.

Maintenant, il devait la regarder. Un soupir s'extirpa d'entre ses lèvres tandis qu'il força son regard à se braquer dans celui de Clarisse. Elle était plus proche qu'il ne se l'était imaginé et, inconsciemment, il s'enfonça dans son siège avec un mouvement de recul. Ils avaient perdu tant d'années pour des faux-semblants, à nourrir incompréhension ou rancoeur l'un contre l'autre, alors que la sincérité aurait pu tout arranger dès le départ. Il avait été totalement stupide, mais à sa décharge, elle ne l'avait pas non plus poussé à se dévoiler davantage. Elle aurait dû pourtant savoir depuis le début qu'il n'était pas aussi lisse et simple qu'il le paraissait. L'erreur ne venait pas entièrement de lui, néanmoins cela n'avait plus aucune sorte d'importance. Cette expérience lui avait permis d'apprendre de ses erreurs sur le terrain sentimental. Un mal pour un bien.
- J'ai la sensation d'être le chasseur chassé, murmura-t-il au bout de quelques secondes. Là, je crois que c'est toi qui me manipule en me poussant dans mes retranchements.

L'ombre d'un sourire glissa sur ses lèvres malgré la fatigue soudaine qu'il éprouvait. Elle le rejetait pour mieux le ramener à elle et, s'il ne l'avait pas connu toute jeune et timide, il aurait aisément imaginé qu'il s'agissait d'une étrange ruse pour le pousser à dire ce qu'elle voulait entendre. Chose inutile, puisqu'il voulait bien les lui dire, cependant il en éprouvait un certain d'amusement, aussi saugrenu cela pouvait-il paraître. Fatigué, confus, acculé, il n'en ressentait pas moins un certain plaisir qui ne lui semblait pas très sain.
Aïlin retira ses gants ainsi que sa chevalière et glissa ses doigts marqués d'étranges stigmates gris le long de son visage. Clarisse était épuisante. Un rire nerveux lui échappa à cette réflexion. Il releva les yeux sur McBrien et resta immobile de longues secondes dans le plus parfait des silences.


- Je l'ai mérité. L'enfer est pavé de bonnes intentions, comme le dit l'adage. J'ai voulu trop bien faire tout en tentant de me préserver le plus possible d'une énième désillusion. Je sais aujourd'hui que cela n'est pas conciliable. Je ne pensais cependant pas t'avoir fait autant de mal, ni n'avais imaginé que mon comportement pouvait paraître si malhonnête. Je ne sais pas qui est l'homme dont tu m'as parlé, mais je suppose qu'il doit mériter d'une façon ou d'une autre ton estime et ton amour... Mon père, lui, n'était rien d'autre qu'un criminel mégalomaniaque, je n'ai pas eu le loisir d'apprendre la valeur et les codes des relations humaines avec lui. Clarisse...
Il s'arrêta et cilla, hésitant. Il savait ce qu'il avait à lui dire, mais elle était si proche de lui que discourir lui semblait de plus en plus ardu. Elle était vraiment belle lorsqu'elle n'était pas folle de rage et n'avait certainement rien à envier à n'importe quelle autre fille sur qui Aïlin avait posé les yeux. Il lui était arrivé de fantasmer des retrouvailles, elle, sa première petite amie et s'il ne s'était jamais imaginé les voir se dérouler de la sorte, sa proximité lui rappelait ses rêves où son pardon se révélait bien plus langoureux et charnel. S'il pouvait aller contre beaucoup de choses vis-à-vis de lui même, il ne pouvait s'empêcher d'être un homme, éhontément rattaché à des désirs sucrés dont McBrien était irrémédiablement une figure. Cette mélasse de sentiments et d'émotions était un signe qui ne le trompait plus. Il attrapa délicatement ses mains qui reposaient de part et d'autre de sa tête, les ramena devant lui et osa y déposer un baiser léger, un simple effleurement avant de la repousser doucement.
- Je savais que tu ne m'avais pas réellement pardonné. Nous avons voulu jouer à ceux qui n'ont pas souffert l'un pour l'autre. C'est faux, pour moi. Cependant, je ne peux pas me battre contre ce que je suis. Il y aura toujours quelque chose que je ne t'ai pas dit, car certaines choses ne peuvent pas se dire. Mais aujourd'hui comme hier, cela n'a jamais été fait dans le but de prendre un plaisir mesquin et malsain à te faire souffrir. Mais par pitié, Clarisse, ne refais plus cela. J'ai seulement tenté d'être honnête. Demande-moi de répondre aux questions que tu te pose si tu t'en pose encore, et j'y répondrai sincèrement. Et si je ne le veux ou ne le peux pas, je me tairais simplement.
Il se leva, attrapa sa baguette magique en la contournant poliment et s'éloigna de quelques pas, vers le cadavre de verre brisé en mille morceaux gisant sur le sol. Il murmura un "reparo" en élevant sa baguette et les tessons de verre s'élevèrent dans les airs en douceur, avant de retourner à leur place d'origine et se souder sans qu'il ne demeure aucune trace de l'explosion de la fenêtre. Il laissa retomber son bras contre son flanc mais ne se retourna pas vers elle, décidé à ne pas reposer les yeux sur elle.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyVen 6 Mai - 22:53:09

Lorsqu'Aïlin ôta ses gants, Clarisse fut frappée par les étranges marques qui couraient sur sa peau. Qu'avait-il encore fait? Ce mal se propagerait-il sur ses avants-bras, puis sur le reste de son corps tel la gangrène? Elle était presque certaine que le jeune homme n'avait consulté aucun médicomage et qu'il n'avait pas de baume à appliquer sur ses blessures. C'était typique du cadet Bower, à ne jamais vouloir demander de l'aide. D'un certain côté, c'était compréhensible: plus jeune, il n'avait eu personne vers qui se tourner. Les temps avaient changés, et aujourd'hui, la rousse considérait qu'il était stupide de sa part de souffrir en silence. Elle-même n'avait aucune compétence en médicomagie, mais la vieille Pomfresh avait certainement une potion infecte en réserve qu'elle serait heureuse de lui administrer. Parfois l'écossaise avait l'impression que l'infirmière prenait un malin plaisir à leur faire avaler des breuvages plus répugnants qu'un excrément de scroutt, comme pour les punir de s'être blessés. A force de voir défiler les pauvres malchanceux qui parvenaient à s'entailler profondément avec un simple morceau de parchemin, elle devait penser que rendre ses antidotes douloureux ou dégoutant au point de vous faire vomir, aurait peut être un effet dissuasif. Et puis, il y avait l'épreuve fatidique de La Question. Popy était devenue aussi redoutable que l'Inquisition espagnole à son apogée. Elle flairait les mensonges mieux que personne et allait parfois jusqu'à refuser de vous administrer les premiers secours tant que vous ne lui expliquiez pas comment c'était arrivé. Ceci expliquait probablement l'état d'Aïlin. Ce qu'il fabriquait devait être peu recommandé et complètement inavouable à un membre du personnel Poudlardien... ce qui n'était pas fait pour rassurer Clarisse. Elle avait beau prétendre avec sa plus belle mauvaise foi des grandes occasions qu'elle ne ressentait plus rien pour Bower, son inquiétude pour le jeune homme la trahissait plus sûrement que n'importe quel discours.

Soudain, le brun s'empara des mains de l'aiglonne et les porta à ses lèvres pour y déposer un baiser si léger qu'elle crut avoir rêvé ce bref contact. La décharge électrique qui parcourut son corps et affola les battements de son pauvre cœur malmené lui indiqua que c'était bien réel. Trop réel. La gorge nouée, elle déglutit difficilement, tout en essayant de cacher son trouble. Pourquoi parvenait-il encore à déclencher en elle ce genre de réaction? Pourquoi, par Merlin, fallait-il que sa peau frémisse rien que d'y penser, et que ses entrailles en vibrent si délicieusement? Un tourbillon de sentiments contradictoires s'engouffra dans son esprit. Elle était pourtant certaine de ne plus être amoureuse du brun. Elle avait tiré un trait définitif sur lui depuis longtemps. Mais surtout, elle lui en voulait terriblement de lui avoir menti, d'avoir trahi sa confiance. Elle était blessée de savoir qu'il ne lui avait jamais accordé la sienne alors qu'elle-même l'aurait suivi les yeux fermés jusqu'en enfer, et bien plus loin encore. Par naïveté, sans doute, mais elle l'aurait fait. Autrefois. A présent tout était changé, tout ce temps gâché lui avait appris ce dont l'Homme était capable. On ne l'y reprendrait plus.

Son hôte avait tout de même fait amende honorable, reconnaissant, mais trop tard, le gaspillage dont ils étaient les auteurs involontaires. Là-dessus, ils étaient d'accord. Ni l'un ni l'autre n'avaient su agir dans leur intérêt commun, ni même à long terme dans leur intérêt propre. Il se leva et s'éloigna de la jeune fille pour aller réparer la vitre brisée. Clarisse resta quelques secondes immobile, puis s'assit sur le bras du fauteuil. Se disputer avec Aïlin était un sport éreintant, dont elle se serait volontiers passé, surtout après un long duel. Elle soupira.

- Tu as raison, il va me falloir un peu de temps pour... accepter tout ce que tu m'as dit ce soir. C'est dur d'apprendre que tu ne m'as jamais fait confiance...
Ce n'était plus un reproche, mais une simple constatation. Ça faisait mal. C'était tout un chapitre de sa vie à réécrire sous un jour nouveau. Un chapitre douloureux auquel elle avait cru mettre un point final voilà deux ans. Depuis elle avait tourné quelques pages du livre de sa vie. De nouveaux personnages avaient fait leur apparition, tels Flynn ou Prudence, tandis que d'autres n'étaient plus cités que de loin en loin comme Nils, William ou encore Nervia. Et voilà qu'Aïlin réapparaissait au détour d'un paragraphe riche en évènements. C'était devenu la bousculade au niveau des actions aussi bien qu'au niveau de ses sentiments. Clarisse était perdue. Elle ne savait plus que penser, ni du jeune homme, ni de sa présence ici. Avait-elle eu raison de venir?

Oui. Elle l'avait dit lors de leur dernière rencontre: elle voulait la vérité. Et elle l'avait eu. A présent, il fallait en accepter le prix. Pousserait-elle à nouveau Aïlin à bout pour lui faire dire ce qu'elle voulait entendre? L'écossaise s'en savait capable si la situation l'exigeait. Ce n'était pas très honnête comme méthode, elle le reconnaissait bien volontiers, mais ça fonctionnait. Et lui balancer quelques méchancetés au passage avait le goût savoureux de la vengeance. Elle en avait eu besoin cette fois, pour toutes les larmes versées, pour cette nouvelle entaille qui déchirait son cœur déjà trop souvent rapiécé.

- Je ne recommencerai pas, si tu cesses de jouer avec moi. Même involontairement. Dit-elle platement, les yeux fixés sur son interlocuteur.
Le marché lui semblait juste. Tu ne me fais pas souffrir et j'applique le même principe. Tu dérapes et je te punis. Pourquoi serait-elle la seule à encaisser? Clarisse n'était pas du genre à prendre sur elle. Elle avait besoin de faire payer les coups qu'elle prenait. Certains recevraient une note plus salée que d'autres. Celui qui avait assassiné son père y laisserait la vie, elle s'en assurerait personnellement. Quitte à l'étrangler de ses propres mains si la justice se révélait inefficace. Mais ça, elle n'y songeait pas encore. Il y avait plus urgent.

La rousse avait prit conscience d'une chose au moins ce soir. Rayer le Serdaigle de sa vie n'était pas envisageable. Ils étaient liés l'un à l'autre, elle ne pouvait plus le nier. Pire. Elle n'était plus certaine de désirer cesser tout contact. Prétendre qu'il n'existait pas semblait simple, bien sûr, mais ne la rendait pas plus heureuse. Au contraire. Elle en avait suffisamment fait l'expérience. Risquer de le voir surgir à l'improviste était aussi à bannir. Elle ne le supporterait pas.

- Il n'y a qu'une seule chose que je voudrais savoir à l'instant. Elle s'interrompit quelques secondes, cherchant le meilleur moyen de formuler sa phrase et le courage nécessaire pour la prononcer sans laisser vaciller sa voix.
- Est-ce q.. hésita-t-elle. Est-ce que c'était la dernière fois... ce soir? Est-ce qu'on se … reverra ?
Cette simple question lui en coûtait. Elle détourna les yeux, préférant porter son regard sur n'importe quoi d'autre que le visage pâle d'Aïlin. Elle redoutait autant qu'elle espérait sa réponse. Ça pouvait sembler idiot, mais elle avait besoin d'être fixée. Tout de suite.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptySam 7 Mai - 13:27:17

Malgré la neutralité dont Clarisse avait constaté la difficulté qu'elle éprouvait à assimiler ses propos, Aïlin ressentit un léger pincement de coeur. C'était aussi difficile d'avouer ne pas savoir faire confiance que de se rendre compte que la personne qui comptait doutait de vous. Il hocha lentement la tête en signe de compréhension, tout en se retournant en direction de la cheminée dans laquelle l'âtre sans chaleur crépitait paresseusement, s'approcha et raviva machinalement les flammes à l'aide d'un tisonnier puis demeura accroupi auprès de la cheminée, souriant pour lui-même et le feu rougeoyant. Comment Clarisse pouvait lui demander de ne pas la manipuler involontairement ? Les relations humaines étaient ainsi faites, à ses yeux. On commettait souvent des erreurs sans même en avoir conscience. La preuve en était de sa brutale séparation avec Lynn. Elle avait réussit à le trahir sans même ouvrir la bouche, cependant.
- Il y a une des deux conditions que je ne peux pas te promettre, tu le sais.
Murmura-t-il par-dessus le ronronnement continu. Les flammes dansaient devant ses yeux.
- J'ai déjà fait confiance. Une fois. J'ai été lamentablement trahi, par deux fois. La première fut quand elle décida de se soumettre à Torin et revenir au manoir. La seconde, en me retirant la seule personne qui arrivait à me distraire de la vie que je menais et qui devrait vivre au manoir avec moi aujourd'hui, si Lynn n'avait pas décidé que c'était dangereux avant de disparaître elle-même de la circulation. Une soeur de moins de qui se soucier, après tout.

Il en voulait encore profondément à Lynn. La preuve en était qu'il ne cherchait même pas à prendre de ses nouvelles, ni même à lui accorder la moindre attention lorsque le hasard les faisait se retrouver au détour d'un couloir. Lynn avait abusé de sa confiance et de sa gentillesse pour obtenir de lui ce qu'elle désirait. En conséquence, elle avait été brutalement et définitivement rayée de sa vie.
- J'étais las d'être le charmant imbécile dont on disposait à sa guise. Je ne voulais pas que cela se reproduise.
L'intonation de sa voix ne demandait aucune réplique. Il demeurait parfaitement calme, mais il savait que c'était un sujet sur lequel il ne pouvait pas disserter trop longtemps, ni sur lequel il était capable de remettre les évènements en perspective.
- Je sais aujourd'hui que ce ne sera plus le cas. Je ne suis plus le dévoué Serdaigle préférant faire passer la vie des autres avant la sienne, pour des erreurs qu'il n'a pas commises.
Déclama-t-il d'un ton bien trop calme.
Aucune réaction ne vint déranger sa sérénité apparente lorsque Clarissa finit par opposer ne désirer savoir qu'une seule chose. Il se redressa en s'appuyant sur ses genoux et fit enfin face à la belle rousse. Ce qu'elle lui demanda d'une petite voix le laissa cependant un instant sans voix.

Avait-il envie de la revoir encore ? La question ne se posait pas. Cependant, il ne pouvait répondre à la légère à une telle demande. Ils devaient avant tout avoir conscience de ce que cela impliquerait pour l'un comme pour l'autre. Pourrait-il devenir proches de nouveau ? Avoir une relation amicale sereine et dépourvue de parts d'obscurité ? Aïlin n'y croyait pas un seul instant. Ils avaient été depuis le début bien plus que de simples amis et il n'était pas certain qu'ils puissent un jour le devenir. Aïlin savait ne pas le pouvoir. Elle était trop attirante à ses yeux, il savait ne pas pouvoir dissiper le désir qu'engendraient en lui ses lèvres roses et tendres, si agréables au regard comme au toucher. Elles devaient l'être bien plus encore aujourd'hui. C'était impossible. La pensée d'une autre éventualité serait omniprésente, jusqu'à ce que, frustré, il ne s'éloigne à nouveau d'elle en quête d'autres visages, d'autres silhouettes capables de le consumer comme elle, mais plus à même de contenter sa passion. C'était impossible de se satisfaire de cela. Mais d'un autre côté, il n'était pas non plus satisfait à l'idée que ce soir soit le dernier qu'ils passeraient en tête à tête.


- Je pensais que tu n'aurais pas désiré me revoir.
Répondit-il gravement. Il s'approcha de Clarisse jusqu'à se planter face à elle et la regarda dans les yeux. Longuement. Il ne savait pas quoi lui répondre. C'était là toute la difficulté de vouloir se montrer honnête, il n'était jamais certain que ses propos soient aussi bien acceptés qu'un mensonge que l'autre parti aurait désiré entendre. Il cherchait une réplique qui lui permette d'évincer la question, se défilant déjà devant ses bonnes résolutions. Merlin, qu'il était difficile de ne pas préférer un mensonge. Il avait l'impression d'être sur une corde raide, un pied déjà dans le vide. La sensation que, quoi qu'il dise, mensonge ou vérité, cela ne plairait pas à la Serdaigle.
- Je sais ce que je veux, mais la réponse ne peut pas venir seulement de moi. Et je crois que si nous désirons l'un comme l'autre nous revoir, il serait plus sage de savoir comment, afin de ne plus se faire mutuellement souffrir. Soyons honnêtes jusqu'au bout. De l'eau a beau avoir coulé sous les ponts, je te trouve trop attirante pour me satisfaire de tes sourires amicaux. C'est voué à l'échec, je le sais pertinemment.
Bower se recula d'un pas, comme pour marquer une distance entre les propos qu'il venait de tenir et la réalité de ses désirs. Il ne la quitta pourtant pas du regard, attentif à la moindre émotion qui pourrait se lire sur son visage. Il était curieux de savoir si son instinct ne le trompait pas. La façon dont elle lui avait demandé s'ils se reverraient lui avait paru plus qu'explicite et il espérait ne pas se tromper. Auquel cas, la situation risquait de tourner de nouveau à son désavantage.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyMer 11 Mai - 14:40:04

-Je te trouve trop attirante pour me satisfaire de tes sourires amicaux.

Cette phrase se répercutait sans fin dans l'esprit de la rousse. Elle avait posé une question toute simple à Aïlin. Et lui... et lui s'était appliqué à lui fournir une réponse compliquée. On aurait dit qu'il le faisait exprès pour la tourmenter. Elle n'était pas prête à entendre ce genre de déclaration. Un oui ou un non lui aurait suffit dans l'immédiat, rien de plus. Même un éventuel « je ne sais pas » aurait été préférable. Clarisse en avait suffisamment appris ce soir, sans avoir besoin d'être confrontée à cette perturbante information, ce poison qui s'insinuait lentement dans ses veines et remontait dangereusement, à chaque battement, un peu plus près de son cœur. Ça aussi c'était deux ans plus tôt qu'elle aurait aimé l'entendre, lorsqu'il avait débarqué au bras de la belle Emily. Une fille parfaite qui n'attendait qu'un geste du jeune homme pour se jeter sur lui. Enfin... même pas vraiment, étant donné qu'elle passait déjà les trois quarts de son temps pendue à son bras. A cette époque, l'écossaise avait envié la blonde, jusqu'au moment où elle avait été frappée d'un sortilège d'oubliettes. Elle avait alors compris que le Serdaigle ne s'intéressait pas à elle. Pour l'instant. Mais elle était persuadée qu'un beau jour il ouvrirait les yeux et s'apercevrait qu'elle était là, juste devant lui. Et en attendant, c'était Emily qui partageait ses après-midis à Prés-au-Lard. Oh oui, elle avait été jalouse! A cette époque. Mais maintenant?
- Je...
Maintenant elle ne savait plus. D'accord, il y avait quelque chose de spécial entre eux-deux, seulement elle n'arrivait pas à identifier quoi. Une part d'elle serait toujours amoureuse de Bower parce qu'il avait été le premier garçon à faire battre son cœur, le premier avec qui elle avait pu être enfin elle-même et agir spontanément. Et elle ne pouvait nier être encore attirée par le jeune homme. Seulement était-ce bien raisonnable? Jusqu'à présent elle avait toujours agi à l'instinct, suivant les élans muets de son cœur, sans penser aux conséquences. Vu comment ça s'était terminé, on pouvait facilement en conclure que ce n'était pas la bonne méthode. Elle devait réfléchir d'abord, et agir ensuite. En un peu plus de deux ans, ils étaient presque devenus des étrangers. Chacun avait suivi un chemin différent, ils avaient grandis, mûris et irrémédiablement changés. Apprécierait-elle assez le nouvel Aïlin pour désirer une relation plus intime avec lui? Il était trop tôt pour le savoir.
-Je suis désolée.

Clarisse inspira profondément, espérant qu'une bonne bouffée d'oxygène l'aiderait à trouver les bons mots, ceux qui ne blesseraient pas le jeune homme tout en exprimant le plus fidèlement possible ses sentiments. Elle détourna le regard, légèrement mal-à-l'aise.
-Je ne pensais pas à ce genre de relation. J'ignorais que je t'intéressais... de ce point de vu-là. En vérité, j'imaginais plutôt qu'on se voit comme des amis... Pour l'instant.
La jeune fille détestait parler de ce qu'elle éprouvait pour les autres. Elle n'avait jamais été habile lorsqu'il était question d'avouer qu'elle tenait à quelqu'un. En fait, elle considérait que ses actes parlaient pour elle, même s'ils étaient trop souvent mal interprétés. En l'occurrence, sa présence au manoir témoignait à elle-seule de son attachement au septième année. Rien qu'à cause de ça, il aurait bien du se douter qu'elle voudrait le revoir. M'enfin, il avait visiblement besoin de quelques explications et la rousse devait prendre sur elle pour les lui fournir.

- J'ai déjà essayé de te rayer de ma vie et … honnêtement... c'était pas terrible parce que je savais que tu étais juste là. J'avais beau t'éviter de mon mieux, on se croisait fatalement dans la tour, la grande salle ou dans certains cours. Ce que je veux dire c'est que … je préfèrerais qu'on se voit de temps en temps … ou plus du tout … Tu comptes pour moi, Aïlin, je ne peux pas le nier. Mais après tout ce temps, tu as changé et moi aussi. On ne se connait plus vraiment.
Elle s'interrompit un instant, pas sûre pour deux mornilles que son discours soit clair. Elle-même avait déjà du mal à s'y retrouver. Si Bower comprenait quelque chose, elle aurait de la chance.
- Ce que tu me demandes... c'est juste... je ne peux pas. Pas encore.

L'écossaise savait au fond d'elle qu'elle serait jalouse dès qu'une fille s'approcherait un peu trop de son précieux Aïlin. Mais n'était-ce pas le reliquat du lien fort qui les avait uni par le passé? Il était trop tôt pour envisager quoi que ce soit de sérieux entre eux. Elle était totalement ridicule! Il avait réussi à lui faire perdre ses moyens. Un peu plus et elle se serait remise à bégayer stupidement comme lorsqu'elle était plus jeune. Clarisse où l'art de s'emmêler les pinceaux dans sa plus belle prestation. Elle en aurait presque pleuré tellement elle se trouvait bête. A l'instant, elle aurait voulu qu'il la prenne dans ses bras et la serre fort contre lui, pour lui montrer qu'il comprenait. Mais bien sûr, elle ne bougea pas d'un pouce
.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyMer 11 Mai - 20:48:05

Il l'avait dit, c'était fait. Aïlin n'en éprouva aucun regret, même lorsque Clarisse sembla tout d'abord interdite, puis gênée. Les choses se devaient d'être claires, n'était-ce pas ce qu'elle avait demandé ? Il n'avait aucune envie d'être considéré comme le gentil ami bien sympathique qui commentera les déboires amoureux de la belle avec un sourire empreint d'une fausse compassion et d'un véritable remords. Non, il ne lui laissait pas vraiment le choix, avec une telle réplique. Cependant, il ne pouvait pas revenir ni sur ce qu'il avait dit, ni sur ce qu'il ressentait en cet instant. Jamais il ne pourrait l'étreindre comme une amie, il n'y était jamais parvenu et depuis qu'elle était devenue aussi belle, cela ne risquait pas de devenir plus aisé.
Clarisse était belle et désirable, en effet. Elle n'avait plus rien à voir avec l'adolescente rougissante et maigrichonne qu'il avait connu bien des années plus tôt. Elle avait des formes là où il fallait, un beau visage harmonieux orné d'un regard direct et franc qui ne rendait sa silhouette que plus poignante. Elle n'incarnait pas seulement le fantasme de la première petite amie, mais aussi l'idéal type auquel succombait très aisément Bower. Ses cheveux flamboyants n'étaient pas étrangers à cet attrait. Cela ne signifiait pas qu'il tombait à nouveau amoureux de McBrien et qu'elle le refuse ne lui briserait pas le coeur. Espérer qu'elle lui cède ne lui coûtait rien, en revanche.


Mais elle était désolée. Cette sentence ne présageait rien de très engageant. Aïlin demeura parfaitement neutre, bien que les sourcils légèrement froncés. Il ne parvenait pas réellement à assimiler le fait que Clarisse ne veuille plus le voir que comme un ami. Les rôles s'étaient fatalement inversés. Quel drôle d'effet cela faisait que de se voir repoussé ! Savoir qu'elle n'était jamais parvenue à le rayer définitivement de sa vie était une bien maigre consolation, bien qu'il comprenait, au fond, la position de la jeune femme. Puis, il devait s'avouer préférer cela plutôt que de la voir fondre dans ses bras au premier mot. Cela n'avait jamais été ce qu'il avait espéré, ni ce à quoi il avait projeté de la conduire.
Pour se justifier, Clarisse arguait maintenant les années trop vites écoulées qui les avaient séparés. Un sourire compréhensif glissa sur le visage de Bower avant qu'il n'hoche la tête, sans penser une seule seconde l'accord qu'il confessait d'un acquiescement. Ceci n'avait rien d'une excuse. Ils ne se connaissaient guère plus la première fois qu'ils s'étaient embrassés. À ses yeux, McBrien était seulement effrayée à l'idée de se laisser guider par la voix qui lui avait fait dire qu'il comptait à ses yeux. Tout était très simple en amour comme en séduction. Seul les expériences vécues formaient un obstacle à la concrétisation des désirs.


- Je ne t'ai forcé à rien, Clarisse. Ni à admettre quoi que ce soit, ni à te justifier et encore moins à me tomber dans les bras. Tu voulais que les choses soient claires et elles le sont à présent. Je ne m'enquérais pas d'une réponse. Je te l'ai dit, il n'y a aucun calcul dans mon invitation, je ne t'ai pas ramené chez moi pour profiter de toi d'une façon ou d'une autre.
Répliqua-t-il sans peine d'une voix claire.
- Je ne pensais seulement pas que tu saurais exercer encore ce genre d'emprise sur moi, voilà tout.
Bien que son orgueil trépignât, il demeura digne, un sourire détaché au bord des lèvres. S'il pouvait l'être autant en réalité qu'il le paraissait, ce genre de souci ne saurait plus perturber la moindre de ses entreprises. Malheureusement et bien malgré lui, il demeurait trop passionné. Il poussa un léger soupir, et ce fut le seul indice qui fissura le masque inflexible dont il se parait.

Ce fut ce moment que choisit Jenny pour refaire son apparition, brisant avec les sept coups de dix-neuf heures l'entrevue de plus en plus gênante des deux jeunes gens. Elle s'avança de quelques pas dans la pièce, d'un pas mal assuré, les mains jointes devant sa poitrine.

- Monsieur Bower ? Le diner est servit, si vous voulez bien prendre place à table, ainsi que Mademoiselle...
- Merci Jenny, un instant je vous prie.
Il s'approcha de la belle rousse et lui attrapa la main tout en l'aidant à descendre de l'accoudoir où elle s'était perchée, mais ne la lâcha pas immédiatement. Au lieu de quoi, il glissa une main qui se voulait amicale dans ses cheveux et lui offrit l'ébauche d'un sourire.
- Est-ce que tu as faim ?
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyVen 13 Mai - 19:23:38

Aïlin ne bougea pas d'un pouce lui non plus. Comme quoi il faudrait travailler encore pour établir un lien télépathique entre eux. Il lui avoua cependant qu'il n'attendait en réalité aucune réponse. La jeune fille aurait pu s'en sentir plus gênée encore, comme elle l'aurait fait autrefois, mais elle eut la réaction inverse. Elle jugea finalement que c'était sans doute mieux comme ça. Chacun savait où en était l'autre puisqu'ils avaient été honnêtes. C'était naturellement très troublant et Clarisse ne put que remarquer le soupir qui échappa à Bower. La tension qui l'habitait se dissipait lentement et elle s'apprêtait à dire quelque chose, mais elle en fut empêchée par l'intervention inattendue de la vielle bonne venant annoncer le repas. Il était déjà dix-neuf heures. C'est fou comme parfois le temps s'accélère. La journée avait passé à toute allure pour la rousse, entre son duel, son passage à l'infirmerie de l'UMA, l'attente des résultats et bien sûr la soirée au manoir. Soirée qui ne faisait que commencer malgré la discussion houleuse qu'ils venaient d'avoir à l'apéritif.
Le brun congédia sa domestique plus aimablement que la première fois et s'approcha de la Serdaigle. Prévenant, il lui tendit la main pour l'aider à descendre de son perchoir. S'asseoir normalement dans le fauteuil aurait été un comportement normal à tenir en société pour tout être humain normalement constitué. Malheureusement l'écossaise n'était pas une jeune fille que l'on pouvait qualifier de normale. Elle accepta gracieusement l'aide du garçon, bien qu'elle n'en eut pas besoin et se laissa glisser à côté de lui. Ils étaient proches. Très. Trop? Aïlin passa son autre main dans ses cheveux roux, bouclés pour l'occasion et la sorcière retint son souffle malgré elle, le temps que dura la caresse. A quoi servait-il de passer des heures à se coiffer correctement si la premier idiot venu venait tout foutre en l'air? A rien. Heureusement que Bower n'était pas le premier idiot venu...


- Est-ce que tu as faim?
- Oui, plutôt. Répondit-elle avec un sourire. Leurs potions dégoutantes sont très efficaces pour beaucoup de choses, mais … ça ne remplit pas l'estomac.
Un estomac qui réclamait une nourriture particulière. Un régime fait de graines et de bons gros vers bien dodus. Elle avait une préférence pour les vers à soie blancs et très charnus, même si malheureusement on en trouvait peu dans ces contrées. Faute de grives on mange des merles, comme disait l'adage. C'était à peu près ça, et puisque ces bestioles ne couraient pas les rues, elle se rabattait volontiers sur les vers à bois, excellents seconds choix. Souvent, après une violente colère ou … un duel, le rouge gorge se manifestait d'une façon ou d'une autre. Parfois elle retrouvait quelques plumes dans sa chevelure, mais la réaction la plus fréquente restait cette envie alimentaire bizarre. Ça passerait. En attendant, elle était certaine qu'un excellent repas était prêt, quelque part dans cette maison et ça ferait parfaitement l'affaire. Aïlin était trop à cheval sur la qualité pour lui proposer une mauvaise table.

Le jeune homme l'entraîna hors du salon, en direction de la salle à manger, sa main tenant toujours la sienne. Ils passèrent sous la fameuse arche en bronze qui attirait tellement le regard et firent quelques pas dans le long couloir. Sa bonne humeur retrouvée, Clarisse se rapprocha un peu de son hôte et de hissa sur la pointe des pieds pour lui chuchoter quelques mots à l'oreille.

- Tu sais, j'ai appris un très bon moyen de défense. Un rire clair et discret lui échappa. Je te montrerais un jour... peut-être...
Elle lui fit un clin d'œil accompagné d'un joli sourire espiègle et lui serra légèrement la main. S'il parvenait à regagner sa confiance, peut être bien qu'elle lui dirait son secret. Même si elle avait choisi de taire son don pour des raisons évidentes, il lui arrivait parfois de vouloir en discuter avec un tiers, avoir un avis extérieur, pouvoir partager ça avec quelqu'un. Bien sûr il y avait Sayannel, mais... ce n'était pas pareil.

Ils arrivèrent dans une pièce très spacieuse et lumineuse qui plût tout de suite à la bleue et bronze. Le plancher, ainsi que les tapisseries claires faisaient ressortir de magnifiques meubles taillés dans un bois pourpre tout à fait splendide. Au fond s'élevait un escalier qui donnait sur une sorte de mezzanine. Probablement un accès à d'autres pièces, comme des chambres ou un bureau. Au centre de la salle à manger trônait une imposante table sur laquelle étaient dressés deux couverts. Ils s'en approchèrent et Aïlin, en hôte consciencieux lui tira une chaise, l'invitant à s'asseoir. Elle le remercia d'un sourire et prit place. En attendant qu'il s'asseye à son tour, la rousse laissa promener son regard sur les murs. Contrairement au salon, il y avait sur les murs de cette pièce des portraits sorciers. Probablement d'illustres ancêtres de la famille Bower. Des sorciers bien comme il faut, stricts et sans reproche en apparences. L'écossaise se demanda si parmi les personnages endormis de ces tableaux se trouvait Devin. Cette idée lui donna froid dans le dos. Savoir que ce... type, ou un reste de l'essence de ce type puisse l'observer pendant son repas... Brrr! Ça lui couperait l'appétit. Mais curieuse comme elle était, elle ne pouvait pas s'empêcher de poser la question.

- Ce sont tes ancêtres? Demanda-t-elle l'air de rien, en désignant les portraits.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyVen 13 Mai - 22:47:06

Oublier cette conversation difficile. C'était ce que Clarisse semblait avoir décidé et ce qu'Aïlin s'employait à faire, tentant de prendre exemple sur sa bonne humeur. Il répondit d'ailleurs à son sourire sans difficulté, c'était à en croire que la légèreté était contagieuse. La voir sourire le rassurait, il avait ainsi la sensation qu'elle lui avait au moins pardonné le pénible entretien qu'ils avaient eu.
Jenny regarda leur main soudée avec un léger sourire, avant de les précéder docilement, sans le moindre mot. Son expression ne trompait cependant pas le jeune Bower, qui se doutait qu'elle l'écrasait sous un étau de questions dès que l'occasion se présenterait.


- J'espère qu'un humble repas Irlandais saura te convenir, alors.
Souffla-t-il en se penchant légèrement de son côté. Clarisse en profita pour lui murmurer au creux de l'oreille une bien étrange promesse. Il lui adressa un regard où se mêlait amusement et interrogation, avant de répondre à son rire d'un haussement de sourcils.
- C'est cruel de me laisser ainsi sur ma faim, tu le sais ?
Rétorqua-t-il, un sourire aux lèvres. Son épaule effleura celle de la Serdaigle tandis qu'il se redressait pour pousser devant lui la lourde et épaisse porte qui barrait l'accès à la salle à manger.
Aïlin n'avait jamais tant aimé cette pièce que depuis qu'il vivait seul au Manoir. Autrefois, il la redoutait comme l'antre du diable. Les tableaux, toujours éveillés, jugeaient le moindre fait et geste de la famille d'un insondable regard et quelques uns de ses plus revêches ancêtres proféraient quelques paroles désobligeantes vis-à-vis du puiné, comme si les insultes et les humiliations de Devin ne suffisaient pas à son calvaire. Aujourd'hui, la plupart dormaient continuellement, comme s'ils préféraient s'abandonner à ce profond sommeil plutôt que de voir l'ancestral manoir aux mains du plus indigne fils Bower. Aïlin aurait pu reléguer ces tableaux à la cave, comme ceux de Devin et des autres cependant il n'en avait jamais eu le coeur. La marque de leur cadre serait de toute façon restée sur les murs, suggérant d'anciennes toiles arrachées de leur emplacement par un obscur caprice. Et puis, tous les individus qui se tenaient dans les peintures n'étaient pas aussi dédaigneux et mauvais que l'avait été son père. Certains étaient même très aimables, et il lui était parfois arrivé de disserter avec quelques uns d'entre eux. Mieux encore, d'y prendre plaisir. Il n'y avait pas que des rustres et des fous dans la famille Bower. Ils ne faisaient souvent qu'approuver l'idéologie du dernier maître de maison, peut-être par attachement aux valeurs familiales. Le Serdaigle leur adressa un rapide regard, s'assurant de leur apathie, avant d'amener Clarisse jusqu'à sa chaise qu'il tira galamment afin qu'elle puisse s'assoir. Sans qu'il ne le remarque, l'épouse d'un des personnages de la première toile ouvrit un oeil curieux, tout en s'étirant discrètement à la manière d'un chat, alanguie dans un sofa de brocart vert. Tandis qu'il contournait la table pour s'installer face à McBrien, la sorcière, belle blonde vêtue de soie ocre, se redressa sur son coude pour épier les deux jeunes gens. Son époux, bien plus âgé qu'elle, somnolait dans son poing, confortablement installé dans un large fauteuil de bureau.

Alors qu'il s'asseyait, Jenny referma la porte sur elle, non sans signifier que ces monsieur, dame étaient servis. En effet, une épaisse cloche d'argent couvrait leur assiette et même Aïlin en fut étonné. Il avait oublié qu'il possédait encore ces vieilleries. La cuisinière avait certainement dû les conserver soigneusement dans un recoin de cuisine.
Erycius, demeuré dans l'ombre jusqu'alors, s'approcha de la table de Clarisse et s'arrêta en douceur à côté d'elle pour soulever l'épaisse cloche. Un léger filet de fumée s'extirpa vers le haut plafond voûté d'un épais pavé de saumon saupoudré de graines de pavot et d'un filet d'huile d'olive. En bon plat typique d'Irlande, un mince lit de poireaux accompagnait le poisson, ainsi que quelques pommes de terre dorées. Lorsque Erycius découvrit l'assiette d'Aïlin, ce dernier pu constater toute l'habileté et l'application que Jenny avait apporté à la confection de son plat, ainsi qu'à l'esthétique. C'était simple, et appétissant.
Telle une ombre, le majordome remplissait leur verre de vin blanc sec tandis que Clarisse avisait les tableaux qui s'étalaient tels une fresque à l'autre bout de la salle. Sa question curieuse tira un sourire au jeune homme, qui leva les yeux sur ce défilé de visages tous plus endormis les uns que les autres.


- Oui, il s'agit bien d'eux.
Répondit-il en contemplant quelques secondes le visage de son arrière grand-père. Il était très jeune sur cette toile et n'avait guère vécu très longtemps, emporté par la mort très tôt des suites d'une fulgurante maladie.
- Je n'ose citer leur nom, de crainte de les réveiller... Leur regard scrutateur a tendance à me troubler lorsque je dine. Ceux tout à droite sont mes plus proches ancêtres. Ce ne sont pas des personnages très corrects pour la plupart, à l'inverse de mes plus anciens ascendants. Je me demande toujours ce qui a bien pu se produire pour que nous en arrivions à une telle déchéance morale.
- Peux-tu au moins me présenter, mon Aïlin ? Je ne dors pas, moi !
Susurra une voix espiègle alors que le jeune sorcier achevait sa tirade. Il tourna un regard surprit vers la grande et fine sorcière qui s'était redressée contre le dossier de son canapé et souriait avec malice à Clarisse. Rares étaient les fois où la jeune femme, à peine plus âgée que la Serdaigle, daignait s'intéresser à ce qui se déroulait sous ses yeux... Et surtout, aux acteurs de la scène. Un rire amusé échappa à Bower.
- Clarisse, je te présente l'épouse de l'un de mes plus illustres ancêtres, Caoilinn Ó Gallchobhair, la sorcière la plus remarquable de notre famille, à qui l'on doit encore aujourd'hui notre prospérité.
- Vous en faites trop, mon cher !
Rit-elle sans cacher la fierté qu'elle éprouvait à s'entendre flatter de la sorte.
- Caoilinn, voici Clarisse McBrien, une jeune femme tout aussi brillante et qui doit, j'en suis sûr, vous égaler sur bien des points.
- Vraiment ?
- Oui... Clarisse est au moins aussi forte tête et obstinée que vous...
Un sourire malicieux agrémenta les propos d'Aïlin, qui porta cette fois toute son attention sur la rouquine. Il attrapa son verre du bout de doigt et le tendit devant lui en signe d'hommage.
- ...Mais par les temps qui courent, c'est une vertu. ...Je te souhaite un bon appétit, Clarisse.
Au loin, Caoilinn gloussa tout en s'allongeant paresseusement contre les coussins qui paraient son sofa et s'immobilisa, ses yeux vifs toujours grands ouverts.
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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyDim 15 Mai - 16:47:09

Devin ou pas Devin? Telle était la question. Étant donné les rapports qu'Aïlin avait entretenu avec son paternel c'était peu probable. Ou alors le jeune homme était plus gravement atteint qu'elle ne le pensait et il prenait un plaisir malsain à voir la figure dominante déchue de ses privilèges ainsi que de son autorité. Peut-être qu'il s'enorgueillissait d'avoir réduit ce puissant sorcier à l'état de personnage insignifiant dans un misérable cadre hautement inflammable et qu'il narguait l'abominable bonhomme en vivant sous ses yeux horrifiés une existence interdite, montrant à ce résidu d'humain ce que signifiait le mot Liberté. Si tel était le cas, sans doute Bower l'avait-il conviée au manoir pour agiter l'impureté de son sang sous le nez dégoûté du patriarche. Pour le tourmenter jusque dans son éternité picturale par de si mauvaises fréquentations. Quoi que... la mère du Serdaigle était moldue, ce qui par définition, faisait de lui une erreur de la nature aux yeux du chef de famille et lui renvoyait, tel un miroir vivant, ses erreurs passées. Après tout s'il n'avait pas engrossé cette femme... Il ne pouvait donc s'en prendre qu'à lui. Si vraiment un portrait du père Bower les surplombait du haut de son tableau, ça voudrait dire que le nouveau maître de maison était d'un sadisme rare et qu'il y avait lieu de s'inquiéter, non plus des morts, mais des vivants. Vivant qui semblait d'ailleurs peu enclin à entrer dans les détails. Il resta fort évasif quant à l'identité de ses ancêtres. Clarisse préféra croire que le mort n'habitait aucun des cadres de cette pièce, et quant bien même, elle ne disposait pas d'éléments lui permettant de l'identifier. Inutile donc de s'inquiéter pour « si peu ». Comme disait Wilhemina s'il existe une solution à ton problème, tu la trouveras, pas la peine de t'en faire. Et s'il n'en existe pas... alors tu ne peux rien et s'inquiéter de quelque chose ne t'aidera pas.

Faute d'enfin faire la connaissance de son futur beau-papal'homme qui inspirait tant de terreur à Lynn, la rousse fut présentée à une certaine Caoilinn O Gallchobhair. C'était bien une irlandaise pour porter un nom pareil! Ce qui n'empêcha pas la sorcière de tourner un regard poli sur la dame, piquée de curiosité par l'empreint d'un possessif à propos d'Aïlin. Il s'agissait d'une jeune fille plus que d'une femme. Blonde, svelte et gracieuse, elle semblait n'avoir pas atteint les vingt ans. Si jeune, si belle... il était difficile de ne pas l'imaginer arpentant les couloirs de Poudlard, la tête haute, la démarche dansante et un sourire malicieux aux lèvres. Une fille avec du caractère qui aurait parfaitement convenue au brun. Clarisse n'en éprouva pourtant aucune jalousie, mais en fut plutôt amusée. S'il était clair que Caoilinn appréciait son descendant, elle avait des airs de grande soeur plus que de fiancée. Elle veillerait sur lui. Il était réconfortant de penser que tous les Bower n'étaient pas hostiles et que le jeune homme bénéficiait d'au moins une présence amicale à l'intérieur de ces murs. L'écossaise inclina respectueusement la tête en guise de salut.

- Je suis ravie de faire votre connaissance Milady.
Son hôte la surprit en établissant une comparaison entre les deux jeunes filles. Bien que l'une soit en réalité figée dans ses dix-sept ans depuis plus d'un siècle, ce qui en faisait … une personne de grande expérience au vécu d'une autre époque. Une femme qui avait donné ses lettres de noblesse à la famille Bower selon les dires de son ami. Un rayonnement malheureusement terni ces dernières années et dont il ne subsistait plus grand chose dans les hautes sphères. Du moins c'est ce que Carthalàn lui avait dit. La jeune fille se demanda ce qu'avait été la vie de la blonde, ce qu'elle avait fait pour la famille et surtout la façon dont elle était décédée. Face à un ancien portait, elle était parfois mal-à-l'aise, mais toujours intriguée. Avant d'être un personnage oublié, elle avait été quelqu'un avec ses envies, ses peurs, ses échecs et ses réussites. Tout un monde dont il ne subsistait qu'une ultime trace...
- Je prends ça pour un compliment Aïlin. Sourit-elle d'un air entendu. Et j'espère devenir aussi remarquable que vous l'étiez. Ajouta-t-elle à l'attention de Caoilinn.

Sur cet échange d'amabilités, le jeune homme lui souhaita un bon appétit et Clarisse remarqua alors seulement ce que contenait son assiette. Concentrée sur les portraits, elle n'avait pas vu la vieille bonne et le cocher apathique venir retirer la cloche en argent posée sur son assiette. Les bougres savaient être discrets. La première des qualités chez les gens de maison.

- Je te remercie. A toi aussi.
L'appétissant pavé de saumon lui faisait de l'œil. Aussi, dès que les convenances le permirent, la rousse en préleva un morceau pour voir si son goût se rapportait à son allure si soignée. Elle ne fut pas déçue. La vieille bonne était une excellente cuisinière qui dépassait sa grand-mère pourtant fin cordon bleu. Mâchant lentement, elle avala cette première bouchée avant de complimenter son hôte sur le plat, et bien sûr celle qui en était l'auteur. Et venant d'elle un compliment n'était jamais fait à la légère.
-Mes félicitations, c'est délicieux.
Le silence reprit ses droits aussitôt qu'elle se tut et Clarisse coupa une nouveau morceau de saumon qu'elle porta à ses lèvres. L'odeur qui émanait du plat était pleine de promesses et les quelques graines de pavot lui donnait un petit quelque chose en plus. De quoi contenter ses sens. Ils restèrent un instant sans parler, savourant de dîner de qualité. Mais fatalement, le regard azur de la sorcière retomba sur les mains abîmées du jeune homme. Elle avait déjà remarqué les sortes de cicatrices qui couvraient l'épiderme et s'en était intérieurement inquiétée avant que son attention soit détournée par les révélations d'Aïlin. A présent qu'il lui avait dit ce qu'il avait à dire, le moment semblait tout indiqué pour fourrer son nez dans les affaires du brun. Elle posa ses couverts sur son assiette et fixa Bower dans les yeux.
- Il se trouve que je ne me borne pas à être terriblement obstinée, comme tu l'as dit. Je suis également très curieuse. Dit-elle les yeux brillants de malice. Elle laissa planer un léger silence avant de poursuivre plus sérieusement d'une voix douce. Qu'est-il arrivé à tes mains?
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyMar 17 Mai - 13:42:34

La belle Caoilinn adressa un sourire malicieux à Clarisse, non sans répondre avec enthousiasme aux marques de politesse de la rousse. C'était surprenant de la part de la seconde épouse de son ancêtre, elle qui ne s'intéressait généralement pas aux convives féminines qui avaient quelques rares fois mis les pieds dans le manoir, qu'elles soient amicalement ou sentimentalement liées à Aïlin.
- Oh, je ne doute pas que vous puissiez être capable d'atteindre ma grandeur, j'ai toujours eu du nez pour ce genre de chose. Depuis trois siècles que j'observe cette maison, je suis heureuse de voir enfin à notre table une jeune femme pourvue d'un caractère aussi bien trempé que le vôtre...
À n'en pas douter, cette curieuse de Caoilinn avait été les espionner dans une autre toile du salon, un peu plus tôt. Bien qu'elle ne l'avouait pas clairement, cette sentence laissait entendre qu'elle en savait plus qu'elle l'était sensé. Elle se pencha légèrement en avant, une main près de la bouche en signe de confidence et murmura quelques mots qui firent rire le jeune Bower :
- ...Épouses-là, Aïlin.
- En trois siècles, vous ne vous êtes toujours pas départie de votre impatience, ma chère.
- Je sais ce que je dis, j'ai marié mes trois beaux-fils et ce fut un grand succès.
Rétorqua-t-elle sur un ton qui ne demandait aucune réplique, bien qu'empreint d'humour.

Aïlin baissa les yeux sur son assiette avec un sourire, tout en amenant élégamment ses couverts au-dessus du pavé de saumon fumant qu'il s'employa à décortiquer. Il attendit poliment que Clarisse goûte d'abord au plat, avant de daigner en prendre à son tour une bouchée. Elle avait raison, c'était délicieux. Jenny s'était réellement surpassée. La vieille école formait vraiment les meilleurs gens de maison. Il pensa à la remercier tout en acquiesçant le compliment de Clarisse.
La suite du repas se continua dans un silence serein, que seul le cliquetis irrégulier des couverts et des verres entravait. Aïlin bu sobrement son verre de vin, tandis que Clarisse, elle, préférait avaler quelques gorgées d'eau fraîche. Erycius gardait un oeil de lynx sur les faits et gestes des hôtes. Il remplissait leurs verres respectifs de temps à autres, mais ses mouvements étaient aussi imperceptibles qu'un souffle de vent. Son éducation très anglaise en faisait un majordome parfait. Si Devin avait possédé bien de terribles défauts, il avait au moins su choisir avec un grand discernement ses serviteurs. Ils étaient discrets, secrets et rien de ce qui s'était passé au manoir n'était jamais sorti d'entre ces murs. Erycius n'avait jamais prononcé un seul mot qui puisse souligner ce qu'il pensait de l'éducation et des moeurs des Bower et s'était seulement contenté d'observer les règles qu'imposaient son emploi sans la moindre marque de jugement. Il avait tenu à rester auprès d'Aïlin après la mort de Torin, et le Serdaigle en était ravi. Cela signifiait qu'Erycius l'avait toujours considéré comme un égal de ses frères et un maître malgré les traitements affreux qu'il avait autrefois subi. Cela prouvait, à ses yeux, la grandeur et la subtilité de cet homme. D'ailleurs, Erycius lui avait quelques fois épargné bien des désagréments, alors qu'il était plus jeune. Cela avait toujours été fait de façon très fine, il n'avait jamais outrepassé ses droits. Jenny, quant à elle, s'était toujours montré sous un jour de grand-mère protectrice à son égard. Elle lui avait avoué quelques mois plus tôt que sa seule motivation à rester au service des Bower n'était autre que lui. Elle n'avait pas pu partir malgré son envie et le laisser seul, sans personne pour soigner ses blessures ou le réconforter en toute discrétion alors que les membres de sa propre famille se rassemblaient contre lui. Il regrettait, d'ailleurs, de lui avoir parlé aussi sèchement un peu plus tôt, mais il était certain que Jenny avait assez d'intelligence pour comprendre que sa colère précédente n'avait pas été dirigée contre elle.

Clarisse le sortit de ses pensées tandis qu'elle posait ses couverts. Il sentit son regard se poser sur lui et releva la tête pour l'observer avec un intérêt poli. Il s'essuya le coin des lèvres en tapotant légèrement sa serviette contre sa bouche avant de jeter un regard distrait à ses mains. Évidemment, la jeune femme n'avait pu que remarquer ses brûlures et s'interroger à ce sujet. Cela n'était pas pour déplaire à Aïlin, qui n'avait encore jamais parlé de ses pratiques à quiconque. La découverte de l'alchimie lui avait fait grand bien. Il s'était penché sur son étude à la fin de sa cinquième année, lui semblait-il. Il n'avait pas vraiment fait le décompte. Plus qu'un exutoire qui lui permettait d'oublier les sombres pensées qui l'habitaient, c'était devenu une véritable passion. Un sourire enchanté glissa sur ses lèvres. Partager cela avec Clarisse l'enthousiasmait.


- Je pourrais te répliquer que si tu es sage, je te raconterais... Mais je ne suis pas aussi cruel que toi. S'amusa-t-il. À vrai dire, j'ai découvert une pratique magique qui n'est pas enseignée à Poudlard, certainement parce qu'il s'agit d'une branche magique complexe, tant à pratiquer qu'à assimiler. Elle s'accompagne d'un cheminement qu'on ne peut entreprendre qu'en solitaire. L'alchimie est un domaine passionnant, mais également dangereux. Et je ne suis pas toujours très prudent lorsque je fais fondre les métaux vils pour les transmuter. J'oublie souvent, dans l'enthousiasme, de protéger mes mains. J'avoue préférer sentir le métal se métamorphoser entre mes mains et se plier sous mes doigts plutôt que sous une paire de gants. J'ai tout le temps de le regretter ensuite, car la sensation d'échauffement s'accompagne d'une certaine rigidité dans les membres, comme si le mercure et le souffre transmutés s'étaient glissés sous ma peau. Cependant ce n'est pas vraiment dangereux. Le mercure l'est plus à son stade initial, puisqu'il s'agit d'un poison pour le corps humain. L'élixir de vie permet de soigner sans difficultés ce genre d'incidents. Même si celui que je produis n'est pas encore parfait et ne me soignerait peut-être pas d'un empoisonnement au mercure.

Aïlin se demanda si Clarisse serait intéressée par la visite de son laboratoire, en sous-sol. Il aurait tout le temps de lui demander plus tard, se dit-il en terminant les quelques restes qui attendaient son coup de fourchette. Pour le moment, il venait de se rappeler qu'il n'avait pas encore offert à Clarisse le présent qu'il avait justement conçu par le biais de l'alchimie. Il avala une gorgée de vin puis trempa ses mains dans son rince-doigts.
- À ce propos... Reprit-il en s'essuyant une nouvelle fois sur sa serviette. J'ai quelque chose pour toi qui te donnera un aperçu de ce que je fais de mon temps libre.
Sourit-il, pour finalement se lever, contourner la table et parvenir à la droite de Clarisse. Caoilinn se redressa de son sofa avec intérêt tandis que Bower s'abaissait auprès de la belle rousse en glissant une main dans la poche de son pantalon. Il en sortit le coffret de velours mauve, celui-là même qu'il avait pris quelques heures plus tôt dans son atelier et le lui tendit en ouvrant délicatement le couvercle de la petite boîte. Elle renfermait une paire de boucle d'oreille en or blanc forgé, formée de deux lignes entrelacées l'une à l'autre. Malgré leur sobriété et leur discrétion, elle n'était pas dépourvue d'élégance.
- J'ai préféré un motif simple plutôt que trop chargé de fioritures, je pensais que cela conviendrait mieux à ta personnalité. J'avoue ne pas être un grand joaillier, cependant je tenais à concevoir un bijou unique plutôt que de te présenter quelque chose d'aussi banal qu'un parfum ou quelque autre présent que n'importe qui pourrait t'offrir. J'espère qu'elles sont à ton goût...




HJ : Parce qu'une image vaut mieux que de longs discours...
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyMar 17 Mai - 21:21:44

Le visage d'Aïlin changea dès que la jeune fille évoqua ses mains. Si elle s'était attendue à lire certaines émotions, comme de la gêne, sur le visage pâle du jeune homme, Clarisse en fut pour ses frais. Tout au contraire il sembla s'illuminer d'une joie et d'une passion qu'elle ne lui connaissait pas tandis qu'il lui racontait l'alchimie. Un domaine totalement étranger à la Serdaigle, qui semblait pourtant captivant, et qui au fond, n'était pas si éloigné de la métamorphose. Il pouvait sembler étrange qu'elle ne se soit pas penchée sur la question, mais en réalité, elle s'intéressait davantage à la métamorphose humaine et animale qu'à celle des métaux et des objets. Or les deux branches étaient très distinctes, ceci expliquait le peu d'intérêt qu'elle avait jusque-là porté à l'alchimie. D'autant qu'elle avait toujours entendu dire que c'était un art très dangereux, peu lucratif et non abouti, si l'on exceptait Nicolas Flamel et sa célèbre pierre philosophale considérée comme le Saint-Graal des sorciers. Encore que la rousse était persuadée qu'il s'agissait en fait d'un mythe plus que d'une réalité tangible et que cette pierre n'était qu'une invention destinée à encourager les chercheurs dans leur dur labeur: si la pierre avait été créée une fois, c'est qu'il était possible de faire naître un morceau d'éternité. Quant à son soit-disant inventeur, il n'était selon elle, qu'un imposteur ayant vécu plus longtemps que la normale et remplacé au cours des siècles par un fils ou un autre escroc afin que perdure l'illusion, et ainsi de suite jusqu'à l'époque contemporaine. Souhaiter l'éternité lui paraissait vraiment stupide, mais ce n'était que l'un des nombreux domaines d'étude de l'alchimie, et fort heureusement, le brun n'avait pas l'air d'aspirer à devenir le prochain Nicolas Flamel.

L'écossaise était ravie de voir son ami si enthousiaste à propos de quelque chose. Son entrain était même communicatif et à la fin de ses explications, la jeune fille aurait volontiers plongé le nez dans un épais grimoire poussiéreux regorgeant d'informations sur cette branche méconnue de la magie. Mieux, Clarisse aurait aimé regarder faire le septième année et peut-être même essayer quelques manipulations sans danger sous ses directives, ou à défaut qu'il lui montre le résultat de son travail. Oui elle avait bien envie d'entrer pleinement dans la confidence, de partager ça avec le jeune homme parce qu'il avait dans les yeux cette lueur si particulière lorsqu'il en parlait. Elle nota néanmoins que l'emportement d'Aîlin lui faisait oublier les plus élémentaires règles de sécurités, d'où ces brûlures étranges sur ses mains. Sachant la façon dont elle-même se comportait, la bleu et bronze ne pouvait l'en blâmer. Dans l'excitation du moment, on avait tendance à minimiser les risques. On ne s'apercevait que trop tard du danger, comme elle en avait fait maintes fois l'expérience. Mais ce n'était pas une raison pour rester mal en point.


-Je suis contente d'apprendre que tu as trouvé de quoi t'occuper. Ça semble d'ailleurs très intéressant et je serai curieuse de voir ce que tu as déjà réussi à faire. Même si je comprends que tu préfères agir sans gants, je pense que tu ne devrais pas laisser tes mains dans cet état, surtout si tu as l'intention de persévérer en alchimie. Tu risques d'en avoir besoin...

Sur ces bonnes paroles, la rousse, qui avait terminé son repas, imita son hôte et utilisa le rince-doigts, puis s'essuya discrètement les mains dans une serviette. Le service était impeccable et elle se demanda un instant s'il en était ainsi tous les jours, lorsqu'Aïlin était seul au manoir, ou s'ils avaient mis les petits plats dans les grands pour la recevoir.
Comme promis, la soirée était riche en révélations et elle préférait nettement les dernières informations reçues aux premières. L'atmosphère s'était détendue, le repas terminé ou presque, et c'est le moment que choisit le jeune homme pour se lever. Il contourna la table afin de se trouver à côté de la rousse et se pencha pour être à sa hauteur. Clarisse avait les yeux qui brillaient de curiosité, se demandant bien où il voulait en venir. Avec une lenteur exaspérante dont il n'avait probablement pas conscience, Bower sortit un écrin de sa poche, l'ouvrit et le tendit à son invitée. Un cadeau. Il lui offrait un cadeau, quelque chose qu'il avait façonné de ses mains et qu'il avait sûrement mis du temps à réaliser. Très touchée par cette attention, l'adolescente prit la petite boîte entre ses mains pour en examiner le contenu. Il y avait là une magnifique paire de boucles d'oreilles à la fois simple et très chic. Des pendants en or blanc ni trop longs ni trop lourds, juste ce qu'il fallait pour encadrer son visage avec élégance. La garçon avait bon goût et il était bien plus doué que l'aiglonne ne l'aurait deviné.

Émue, elle toucha le métal froid du bout de l'index, tandis qu'un sourire heureux s'épanouissait sur son visage. Elle resta quelques instants sans rien dire, ne sachant pas exactement l'attitude qu'il convenait d'adopter dans ce genre de situation. C'était sans conteste le plus beau cadeau qu'on lui ait fait depuis longtemps et Clarisse en était si surprise qu'elle se contenta de regarder amoureusement les boucles dans leur écrin. Au bout d'un moment, elle finit tout de même par relever les yeux sur Aïlin et se décida à le remercier.

- Elles sont très jolies.
Et elles lui plaisaient beaucoup. Telle une enfant qui aurait envie de jouer avec sa nouvelle poupée, Clarisse était tentée de les essayer tout de suite. Elle n'était pas coquette comme Lavande Brown ou ce genre de filles si soucieuses de leur apparence, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir de temps à autre des réactions « de fille ». Malgré tout elle se retint. Elle avait déjà une paire de boucle aux oreilles et ils étaient dans une salle à manger, pas assis derrière le miroir d'une coiffeuse. Ce n'était donc ni le lieu ni l'endroit, mais elle se promis d'y remédier une fois rentrée chez elle.

La sorcière referma à regret le petit coffret et le posa sur la table. A son tour elle se pencha vers le garçon qui n'avait pas bougé, attendant sans doute une réaction de sa part. Elle déposa un léger baiser sur sa joue et lui chuchota un
« Merci » à l'oreille avant de se redresser. Ce n'était probablement pas conventionnel, mais c'était sa façon à elle de le remercier.
Les narines pleines de son envoûtant parfum, il fallut quelques secondes à Clarisse pour retrouver l'usage total de la parole. Elle non plus n'imaginait pas que se trouver si proche d'Aïlin lui ferait encore de l'effet. Ce n'était bien sûr pas comparable à ce qu'elle ressentait autrefois, mais il y avait tout de même un petit quelque chose.

- J'espère que tu ne fais pas ce numéro à toutes les filles que tu ramènes ici... Dit-elle amusée, et de meilleure humeur que jamais.

Clarisse souriait toujours, avec moins de vigueur que lors de la découverte du présent, mais elle souriait, enfin détendue. Puisqu'il s'était ouvert sur sa passion, il lui donnait le droit d'en demander plus à ce sujet. Du moins pouvait-elle essayer, ça ne coûtait rien.

- Ça fait longtemps que tu joues à l'apprenti alchimiste?
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyVen 20 Mai - 9:13:58

Clarisse prit doucement d'entre ses mains le petit écrin, l'air d'abord curieux puis, lorsqu'elle découvrit le contenu, touché. Un sourire fendit les lèvres d'Aïlin alors qu'elle-même laissait un plaisir sincère transparaître sur son visage. Il ne prononça pas un mot tandis qu'elle observait les bijoux, préférant la laisser à sa contemplation malgré qu'il fut impatient d'entendre ce qu'elle pensait de son cadeau. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait rien offert à quiconque et il avait oublié comme il était agréable de voir l'autre découvrir son présent, puis d'y lire la surprise et l'émotion que l'attention engendrait. Les quelques jeunes filles qui avait déjà mis les pieds au manoir n'étaient pas sujettes à tant d'attention de la part de Bower.
Le manoir ainsi que les serviteurs suffisaient largement à impressionner le parti opposé en règle générale, et pour quelques flirts occasionnels, Aïlin ne perdait généralement pas son temps ni son argent, à moins qu'il s'agisse d'une fille issue d'une éducation égale à la sienne. Autant dire que cela n'était jamais arrivé. Elles se faisaient rares et respectaient trop les codes de leurs ancêtres pour s'intéresser à un sang-mêlé. Si Clarisse n'était pas issue d'une famille aussi bourgeoise que la sienne, elle avait cependant un statut tout particulier à ses yeux, qui le poussait à mieux la traiter que les deux ou trois qu'il avait fréquenté afin de combler sa solitude. On passait de toute façon facilement pour un gentleman lorsque l'on avait un minimum d'éducation et la clef d'un compte en banque bien dodu sous la main.

Ces considérations furent interrompues par un mouvement de Clarisse. La Serdaigle se penchait sur lui, les yeux toujours aussi brillants. Ce ne fut en revanche pas son regard qu'il observa, mais ses lèvres s'approchant doucement de son visage. Aïlin se figea, submergé par le désir qui le pénétra à l'idée d'un baiser de son ancienne petite amie. Mais sa bouche ne se posa que sur sa joue, en une caresse légère et tendre qui le laissa sur sa faim. Une pointe de déception gâcha un instant son plaisir, qu'il tenta d'étouffer derrière le regard tendre qu'il adressa à la belle rousse. La question détournée qu'elle lui adressa lui fit oublier totalement son désappointement. Était-ce une main qu'elle lui tendait, en tentant d'en apprendre davantage à propos de sa vie sentimentale ? Ce genre de subtilités féminines demeuraient encore un mystère chez Aïlin. Il ignorait s'il faisait fausse route en imaginant une possible opportunité, ou si son analyse ne le trompait finalement pas. Que lui répondre ? Mieux valait, à son sens, miser sur la prudence. Après tout, il lui avait avoué la trouver belle et désirable. Ses pions avaient été avancés, il ne demeurait qu'à Clarisse d'approcher si elle le désirait. Il ne tenterait rien, pas après le fiasco de leur relation passée, ni après la conversation encore fraîche qu'ils venaient d'avoir.

Bower se redressa, l'air faussement offensé par les propos de Clarisse.

- Jamais je ne me permettrais une chose pareille. J'ai trop de considération pour toi. Et puis, je ne vois pas ce qui te fais penser qu'autant de filles que cela puissent être venues au manoir.
Susurra-t-il en se forçant à prendre un accent plus bourgeois qui sonnait sciemment faux, ainsi ponctué par les sonorités irlandaises qui s'y mêlaient. À son tour, il l'embrassa sur la joue tandis que leurs couverts disparaissaient sous un coup de baguette d'Erycius. Ce dernier amena sans attendre deux plateaux garnis de muffins et de cakes traditionnels, accompagnés d'une tasse de café noir et d'une petite cruche de lait tiède pour dessert. Jenny semblait avoir privilégié un repas plus léger pour le soir et Aïlin, qui n'était pas un gros mangeur, lui en était reconnaissant. Bien qu'ils fussent délicieux, le jeune homme n'aurait pas supporté un gâteau à la cerise et à l'irish cream trop pesant sur l'estomac.
- Je suis heureux qu'elles te plaisent.

Le Serdaigle ne retourna pas à sa place. Son regard se porta sur une des larges fenêtres de la salle à manger traversée par un mince rai de lumière bleuté. La nuit n'allait pas tarder à plonger le manoir irlandais sous son épais manteau d'obscurité, mais il demeurait encore assez de clarté au dehors, pour l'instant. Aïlin eut la soudaine envie d'en profiter. En cette fin Mars, ils avaient encore facilement une demi heure pour profiter de la fraîcheur au-dehors. Rester enfermé lui sembla soudain absurde. Le regard ailleurs, il écouta distraitement la question de Clarisse.
- Eh bien, je ne sais plus vraiment... Peut-être depuis la cinquième année. Du moins, je lisais beaucoup de livres sur le sujet à cette époque. ...Dis-moi, apprécierais-tu achever ce repas dans le jardin ? Il semble faire encore doux au-dehors et pour une fois, il n'y a pratiquement pas de vent. Il serait sage d'en profiter. Il y a un endroit tout à fait charmant où j'ai l'habitude de boire le thé. Je suis sûr qu'il te plaira.

Lorsque Clarisse accepta, Aïlin lui tendit la main et l'invita à le suivre au dehors. Ils traversèrent le large couloir où le Serdaigle ne s'arrêta seulement que pour retirer la cape de l'aiglonne du porte-manteau et la poser sur les épaules de son invitée. Puis, ils descendirent les marches du perron et contournèrent le manoir. Derrière celui-ci s'étendait un large jardin à l'herbe parfaitement coupée. Quelques rosiers et lilas s'élevaient au-dessus de la pelouse, ainsi qu'un vieux saule pleureur et quelques arbustes au feuillage sombre. Au milieu de cette étendue verte trônait, paré de pierres blanches, l'imitation d'un temple grec, quoi que moins large et moins haut que les véritables monuments.
Tandis qu'ils s'approchaient du faux sanctuaire Erycius les suivait de loin, les plateaux en lévitation devant lui. Il les déposa sur une petite table de pierre assez basse, juste à quelques pas après l'entrée cerclée de colonnes, sous l'épais plafond. Devant les deux jeunes gens un bassin rectangulaire s'étendait, dans lequel une eau limpide s'écoulait hors de la bouche d'une chimère de pierre couchée sur l'autre bord. L'une de ses pattes trempait négligemment dans l'eau, tandis qu'immobile et fière, elle exposait son épais poitrail aux dernières lueurs du jour.


- J'ai toujours aimé venir ici. Je m'y arrête encore lorsque j'ai besoin de me reposer l'esprit. Je trouve les légers clapotis de l'eau apaisants.
Murmura-t-il tandis qu'ils se retrouvaient de nouveau seuls.
- S'installer pour penser aussi, est agréable. Le bassin est comme une extension de mon atelier de travail en même temps qu'une aire de détente. Mais assez parlé de moi. Ne m'as-tu pas dit que tu avais un secret, tout à l'heure ? Je n'en ai pas l'air ainsi, mais je suis assez curieux et je crois avoir largement rempli la prérogative que tu m'imposais afin de connaître ton « secret de défense »...
Il lui adressa un regard interrogateur tandis qu'un léger sourire rehaussait la commissure de ses lèvres.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyJeu 26 Mai - 22:25:27

Aïlin prit un air vivement offensé rien qu'à l'idée d'offrir ce genre de présent à d'autres filles. Son exagération fit sourire Clarisse de plus belle. Elle ne savait pas vraiment comment le prendre. En réalité, elle n'était pas sans ignorer que les jeunes de son âge fréquentaient des personnes du sexe opposé, et pas seulement pour chasser les gnomes, bien qu'elle-même ne pratiqua pas ce type d'activité. Il était donc normal de penser que Bower se payait quelques fois du bon temps. Avec un physique aussi avantageux que le sien, il était même étonnant de ne pas voir une nuée de filles se pâmer devant lui à Poudlard. Malgré tout, la sorcière était intérieurement ravie d'apprendre que les demoiselles en questions ne comptaient pas. C'était idiot. Elle avait été amoureuse du Serdaigle, mais elle ne l'envisageait plus aujourd'hui que comme … un ami très spécial. Et savoir qu'elle était aussi spéciale à ses yeux était important pour elle. Il n'était pas question de compétition, simplement lorsque vous tenez à quelqu'un, en règle générale vous aimez que la réciproque soit vraie. Ou alors vous êtes masochiste, et comme nous le disions plus haut, il faut consulter d'urgence un spécialiste. Enfin bref, tout ça pour dire que la sixième année était à la fois rassurée et terriblement amusée par le comportement du garçon. Elle se garda bien pourtant de lui répondre quoi que ce soit.

En revanche, elle accueillit avec enthousiasme la proposition de son hôte. Prendre le dessert dans le jardin lui permettrait d'oublier un peu ces portraits qui faisaient semblant de dormir et qui en réalité ne perdaient pas une miette de la conversation. Sans doute décortiqueraient-ils après son départ le moindre de ses gestes pour finir par se mettre d'accord sur le fait qu'elle n'était pas de leur monde. Hormis peut-être la charmante Caoilinn à qui elle semblait avoir fait bonne impression, il y avait fort à parier que les autres ne l'apprécieraient pas. Il faut aussi avouer qu'elle n'était pas totalement à l'aise dans ce riche mobilier. D'autant qu'elle sentait le regard de la bonne sur son dos. Avec la fatigue, elle craignait que sa légendaire maladresse ne frappe. Casser un verre ne serait pas dramatique, les sorciers avaient heureusement des sortilèges tout indiqués pour ces situations agaçantes, mais c'était fortement déconseillé. Sauf si vous vouliez passer pour une imbécile, ce qui n'était pas son cas. Clarisse se laissa guider hors du salon, sa main délicatement glissée dans celle d'Aïlin. Le jeune homme leur fit de nouveau traverser le couloir et l'aida à enfiler sa cape avant de pousser la porte et de la mener dehors. Ils contournèrent la demeure imposante pour finalement approcher d'une sorte de temple grec, très exotique en ces contrées. Le cocher qui suivait son maître aussi fidèlement que son ombre, déposa un plateau chargé de cakes et de café sur une table basse, puis son travail terminé se retira, laissant de nouveau seuls les deux sorciers.

Bower n'avait pas menti, l'endroit était charmant bien que trouver un temple grec en Irlande soit des plus inattendu. En vérité, ce genre de construction avec son bassin d'eau claire et ses chimères figées pour l'éternité, semblait plus à sa place au milieu d'un parterre d'herbe verte que recouverte de poussière sous un soleil de plomb. Sans doute que pendant l'Antiquité le climat en Grèce n'était pas le même qu'aujourd'hui, mais pour avoir été traînée de force à Athènes par ses parents, Clarisse préférait la copie à l'original. Nettement plus agréable...

- Je comprends que tu aimes venir ici... c'est ce que je ferais si j'avais le même à la maison... Rit-elle.
Mais faute d'un temple personnel, il y avait à côté du cottage une très grande forêt ainsi qu'un lac au bord duquel on avait de grandes chances de la trouver lorsqu'elle avait besoin de calme. De même qu'à Poudlard, où elle s'était attribuée une place de choix sur un gros rocher rond à l'ombre d'un saule pleureur. Un vrai coin de paradis quand les imbéciles décérébrés qui peuplaient le château ne décidaient pas de coloniser les lieux à grand renfort de cris. Malheureusement, l'arrivée des beaux jours encourageait ce comportement puéril. Et il ne restait alors qu'une seule chose à faire: fuir vers la tour d'astronomie ou la bibliothèque.

La Serdaigle, poussée par la gourmandise, allait se servir un muffin, mais suspendit son geste. Avait-elle réellement entendu ce qu'elle venait d'entendre? Aïlin ne perdait pas le nord! Et à sa place, elle aurait sûrement agit de la même façon. Elle savait trop ce que c'était que d'être curieux. Elle fit la moue, mi-amusée, mi-indécise. Il était malin et avait choisit un cadre propice aux confidences, un endroit tranquille dans lequel le rouge-gorge se plairait beaucoup, nul doute là-dessus. Néanmoins après la conversation houleuse qu'ils avaient eu en début de soirée, Clarisse ne savait plus si elle pouvait lui accorder sa confiance, tout particulièrement à propos de ce secret. Il était trop précieux à ses yeux pour être révélé à n'importe qui, n'importe comment. Le jeune homme devrait lui prouver mieux que ça, qu'il était digne d'entrer dans la confidence. C'était son secret à elle, et elle ne le livrerait que quand elle serait prête. Après de longues minutes de silence, elle sourit et se décida pour... un compromis
.


- C'était bien essayé... mais mon « secret-défense » le restera encore. Ce n'est pas quelque chose qui se dit, il faudrait que je te le montre et ce n'est pas possible ce soir. Mais console-toi, je vais quand même te dire une chose que j'ai faite l'année dernière... Le regard brillant de malice, elle attendit quelques secondes avant de poursuivre. Ça ne va pas te plaire j'en ai peur... Figure-toi que je suis retournée dans la Forêt Interdite. Je te rassure, je ne suis pas devenue folle, j'étais accompagnée cette fois. Par l'homme dont je te parlais tout à l'heure. Et s'il a accepté que je vienne avec lui, c'est qu'il n'y avait pas de grand danger. C'est un archéologue. Il s'était mis en tête de m'initier à … son métier. Ou... peut-être bien que j'ai eu l'idée de le suivre... au fond, ça revient un peu au même. Toujours est-il qu'il cherchait une trace de choses anciennes et très puissantes probablement à l'origine de la magie telle qu'on la connait aujourd'hui. Je n'ai pas tout compris, c'était assez compliqué et nous étions pressés de fuir des acromantulas. Je ne sais pas si tu en as déjà vu, mais elles sont vraiment... grosses et agressives. Au fur et à mesure qu'elle racontait, son regard s'illuminait: elle se souvenait, comme si elle y était encore. On s'en est débarrassés, et avons atterri dans un tunnel. Je ne me souviens pas de tout. Tout ce que je peux te dire c'est que c'était long. On a mis ce qui semble des heures à descendre un immense escalier. Finalement nous sommes arrivés dans un grand couloir qui débouchait sur... hum... difficile à décrire... Je dirais une ville gigantesque et abandonnée. Les bâtiments étaient immenses et en forme de cubes ou de pyramides, sans porte. On aurait dit qu'ils étaient faits en un seul bloc de pierre. Des inscriptions étaient gravées dessus, dans un vieux langage et elles irradiaient d'une lueur verte... C'était... vraiment impressionnant. Il est resté un moment là-dessous à étudier tout ça et nous sommes rentrés au petit matin.... j'ai du m'endormir en cours de route...

… et pas qu'un peu. Non seulement après le combat contre les acromantulas elle s'était assoupie dans les bras du panda, mais aussi pendant le trajet retour, laissant le mangemort la porter comme un poids mort. Elle avait minimisé les dangers dans le récit fait au Serdaigle bien sûr, mais si elle regardait les choses en face, elle n'avait pas été très utile à Sayannel, l'entravant dans ses mouvements et n'ayant aucune connaissance à lui apporter qui puisse l'aider dans sa quête. Un vrai désastre. A sa décharge la nuit était déjà bien entamée lorsqu'ils s'étaient lancés dans cette quête et Clarisse était sous sa forme animagus. Une retransformation d'urgence avait beaucoup puisé dans ses réserves énergétiques. Avec le recul, ils avaient pris bien trop de risques, même si Sayannel était un puissant sorcier. Ils n'avaient strictement aucune idée de ce sur quoi ils allaient tomber. Elle grimaça.

- Très honnêtement, je crois que l'archéologie n'est pas faite pour moi. Elle rit. Ceci dit, l'expérience était très intéressante. J'ai pu visiter un site que peu de gens ont vu, bien que je sois incapable d'y retourner et encore moins d'expliquer ce que c'était.
Elle soupira et planta son regard dans celui d'Aïlin, un sourire malicieux étirant ses lèvres.
- Alors, penses-tu que ce secret vaille le tien?
Même si elle ne lui faisait pas assez confiance pour lui révéler le pot-aux-roses, elle sentait qu'elle pouvait au moins lui parler de Sayannel. Et elle en avait besoin puisque personne au cottage n'avait envie d'entendre le récit de leurs exploits.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyDim 29 Mai - 13:51:56

La remarque de Clarisse à propos de ce petit temple exilé dans le grand jardin du manoir fit sourire Aïlin. Il l'avait légèrement restauré à la mort de Torin et était plutôt ravi du résultat. La patte avant de la chimère s'était recouverte de la vase qui stagnait dans l'eau croupie du bassin, quelques colonnes avaient été usées par le temps. Cela conférait certes une ambiance particulière au temple, mais Bower avait trouvé ce décor bien trop morbide. Un peu de fraîcheur ne pouvait que faire du bien au manoir. L'éclat blanc de la pierre et la pureté de l'eau offraient un cadre bien plus propice à la détente que lorsque les environs étaient infectés par la pourriture de l'eau et les orties qui attaquaient les rosiers mal entretenus. Dans ses dernières années, Devin n'avait plus eu aucun goût pour son manoir et l'avait laissé lentement décrépir. Aïlin supposait que le mal qu'il avait fait ne l'avait pas laissé indemne.
- Sache que tu seras la bienvenue si tu veux revenir profiter du paysage irlandais ou du calme de mon jardin. Ma porte t'es grande ouverte. Il y a énormément d'autres paysages à voir dans la région. D'ailleurs, savais-tu qu'il y a une écurie de chevaux ailés à quelques kilomètres de là ? C'est très agréable de profiter du paysage dans les airs, sur leur dos. J'avoue m'y sentir plus en sécurité que sur un balais.
Rit-il en tournant un regard espiègle à la Serdaigle. Il venait de lui avouer implicitement qu'il désirait la revoir même si cela ne signifiait rien d'autre dans leur relation, si ce n'était la naissance d'une amitié. Ce avant même d'avoir formulé l'éventualité dans son esprit, cela était venu naturellement. Après tout, même s'il la trouvait très belle, séduisante, il avait fait le deuil de leur relation, tout comme elle. S'il avait envie d'embrasser ses lèvres si expressives, il ne pouvait ni forcer le destin, ni la jeune fille. Heureusement, Bower était très doué pour rendre muets ses désirs et se résigner. Du moins, c'était ce qu'il croyait.

Il passa devant Clarisse et s'installa à la table tout en tentant d'en apprendre davantage à son propos, mais à son grand dam, la belle refusa de lui révéler le secret qu'elle gardait. C'était bien les femmes que cela. Faisant des mystères de ce qu'elles promettaient d'abord de vous révéler afin de vous pendre à leurs lèvres. Ce qu'il y avait de plus terrible là-dedans, c'était que cela fonctionnait. Tout en buvant à petites gorgées son café au lait, Aïlin écouta la jeune femme narrer une bien étrange aventure dans la forêt interdite. Il n'avait jamais entendu parler de ruines d'une civilisation antique au beau milieu de la forêt et avait peine à y croire. Cependant, Clarisse avait l'air parfaitement sincère et ses yeux brillaient, comme si elle revivait les instants qu'elle avait passés avec le mystérieux sorcier. Aïlin aurait aimé pouvoir voir de ses yeux le site dont elle parlait, malheureusement, cela se révéla impossible. Clarisse avait oublié son emplacement et, s'ils partaient tous deux à leur recherche, le jeune homme redoutait qu'ils ne soient pas assez expérimentés pour braver les dangers qu'ils croiseraient sur le chemin. Quand il s'agissait de satisfaire sa curiosité, Aïlin n'était cependant pas du genre à faire preuve de prudence et l'envie de découvrir l'endroit par lui-même naissait dans son esprit au fil du récit. Ses yeux brillaient d'intérêt lorsque Clarisse acheva son histoire. Et d'amusement, également. Il ne l'avait encore jamais entendu parler autant, ni avec autant de passion pour quelque chose. Elle était agréable à écouter lorsqu'elle n'était pas en proie à la fureur comme auparavant.


- En effet, cette histoire vaut bien mon propre secret, bien qu'en réalité il ne s'agisse pas réellement de quelque chose que je cache.
Disons qu'il n'en avait seulement jamais parlé.
- Même si je regrette que tu ne veuille pas me mettre dans la confidence pour le premier...
Il se leva de son banc et s'approcha de Clarisse, un sourire amusé aux lèvres et la tasse de la jeune femme dans la main. Il la lui tendit délicatement et toucha sournoisement ses doigts se faisant.
- Les mystères que tu me fais m'intriguent. Mais je pense que je dois me résigner à ne rien entendre à ce sujet...
Murmura-t-il avec un soupir, en rajoutant sciemment dans sa frustration.
- Je suis content de savoir que tu avais quelqu'un sur qui compter l'année dernière. C'était une année trop difficile pour se retrouver livré à soi-même de surcroît.
Continua-t-il, cette fois pensif. C'était ce qu'il avait été, complètement et définitivement seul. Il avait la sensation de s'être égaré en chemin, sous la coupelle de Torin. Ce dernier ne l'avait pas lâché, le poussant toujours un peu plus sur la voie qu'il désirait le voir emprunter, imaginant déjà son frère comme un outil dont il pourrait user à sa guise en faisant de lui un Mangemort. Aïlin s'était souvent laissé faire, bien qu'il en ait honte aujourd'hui. Il avait eu besoin de tranquillité et de liberté et suivre les ordres de son frère avait été la seule solution pour vivre un peu en paix. Même si en réalité, il n'avait pas été en paix avec lui-même. Le regard éteint, il glissa sa main sur celle de Clarisse et l'étreignit légèrement, avant de retourner s'installer sur le banc. Il étendit un bras contre le dossier de pierre et porta sa main libre à sa tasse, dans laquelle il trempa ses lèvres. La mine sombre, il réalisait pour la première fois à quel point il s'était fermé aux autres. Clarisse venait de lui faire entrevoir cet état de fait en parlant de cet homme qu'elle semblait adorer sans cacher l'affection qu'elle éprouvait pour lui. Ses pensées allèrent vers Lynn, mais il n'éprouva pas cependant l'envie d'aller de nouveau vers elle. Leur chemin s'était maintenant séparé, ils n'avaient plus rien à se dire. Aïlin en était convaincu. Il n'éprouverait aucun réconfort à se réconcilier avec sa soeur, bien au contraire.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyJeu 2 Juin - 22:21:21

Aïlin écouta très attentivement le récit de la jeune fille et elle le soupçonna même d'envier une telle escapade. C'est vrai que l'aventure avait été excitante et très enrichissante grâce à Sayannel, même si elle n'avait pas saisi toutes les subtilités de l'affaire. D'ailleurs, de ce qu'elle en savait, l'archéologue travaillait toujours dessus. Preuve s'il en était besoin de la complexité de la chose. Rares étaient les écrits qui évoquaient le sujet et ce n'était pas ce qu'ils avaient trouvé qui aidait à la compréhension. Bien au contraire, le mystère semblait s'être épaissi aux yeux du mangemort lorsqu'ils étaient tombés nez à nez avec cette cité perdue. Visiblement, l'érudit ne s'attendait pas exactement à ça. Il aurait aimé trouver autre chose que d'immenses bâtiments arborant cette lueur verdâtre et malsaine. Une chance que ladite fluorescence n'ait pas été maléfique, sinon elle ne serait plus là pour en témoigner... du moins ... ce ne serait plus tout à fait Clarisse, mais une version pervertie de la rousse. Craftisée. Cette idée la fit sourire. Mais Poudlard ne pouvait garder en son sein qu'une seule Pénombre Craft et personne, jamais, ne la remplacerait après son départ.
Le jeune homme la coupa dans ses pensées en lui tendant une tasse de café et elle s'en saisit avec plaisir, ne notant pas au passage l'effleurement exagéré de ses doigts sur les siens. Elle était encore trop dans ses souvenirs pour s'apercevoir du manège de Bower. Pour elle, les choses étaient enfin claires: elle souhaitait réapprendre à le connaître, pouvoir à nouveau lui faire confiance, devenir son amie. Rien de plus. Dans l'immédiat.

Elle sourit à sa remarque. Le brun ne désespérait pas d'obtenir son secret séant. Ah les hommes: toujours pressés!

- Bien que tu semblais en douter, je n'ai qu'une parole. Je t'ai dit que je te confierai ce secret et je le ferai. Pas ce soir, mais je n'ai pas précisé quand... sois donc un peu patient...
Elle lui fit un clin d'œil entendu avant de plonger le nez dans sa tasse, masquant par la même occasion un sourire espiègle. Clarisse ne s'amusait pas vraiment aux dépends de son désormais ami, mais tirait de la situation un amusement certain. Il n'y avait qu'à voir l'air de chien battu que prenait sciemment Bower. La situation n'avait rien de sérieux, et il était bon quelques fois de rester légers.

Malheureusement, cette complicité ne dura pas. Le Serdaigle évoqua l'année qu'ils avaient achevée, les ramenant à la triste réalité. Même avec toute la bonne volonté du monde, le plus bout-en-train des sorciers perdait le sourire au souvenir de cette période noire. Néanmoins, Aïlin sembla rassuré d'apprendre qu'elle n'avait pas traversé ces mois maudits totalement seule. Elle en fut touchée, bien qu'en réalité elle-même n'eut pas prêté grande attention à ce « détail ». Toute à ses affaires d'animagus, elle se rendait compte à présent qu'elle s'était montrée égoïste. A aucun moment elle ne s'était inquiétée pour lui. Pas qu'elle n'eut pas pensé à son ancien petit-ami, bien au contraire, mais … en d'autres termes. Elle avait été trop persuadée de le voir en bonne compagnie si jamais elle regardait d'un peu trop prêt. A juste titre puisque lors de leur dernière rencontre une belle blonde s'accrochait à son bras. Ensuite, une brune au charme tout serpentard avait posé le grappin sur lui, et après ça, la rousse avait cessé de se torturer en imaginant le garçon avec toutes ces filles plus belles les unes que les autres. Plus belles qu'elle!

Légèrement mal-à-l'aise, elle alla s'asseoir sur le banc à côté de lui et posa sa tasse de café à peine entamée sur la table basse.

- Ce n'était pas facile, mais je m'en suis beaucoup mieux sortie que je n'aurais pu l'espérer.
Beaucoup mieux qu'une grande majorité des sangs-mêlés, sans parler des nés-moldus. Elle regardait droit devant, n'osant pas poser le regard sur Aïlin, par peur, sans doute, de ce qu'elle lirait dans ses yeux.
- Je... je ne sais pas si... si tu souhaites en parler … mais... si.. si jamais... tu veux... Dit-elle, hésitante. Elle inspira, se maudissant intérieurement de ne pas trouver ses mots, comme autrefois. Comment c'était pour toi? Demanda-t-elle maladroitement.
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MessageSujet: Re: Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse]   Diner intime au Manoir Bower [Pv Clarisse] EmptyMer 29 Juin - 12:05:14

Un sourire brisa le masque de dépit simulé du jeune homme. Il fallait être patient. Aïlin Bower était-il patient ? Pendant de longues années, il avait crut qu'il l'était, en effet. Mais aujourd'hui, il se rendait compte non sans une pointe d'amusement que ce qu'il désirait, il voulait l'obtenir, tout de suite. C'étaient des impératifs quelques fois lancinants, un reste, certainement, des privations qu'il avait enduré. Connaître un secret de la jeune femme était comme la posséder de nouveau, bien qu'il ne se fit pas consciemment cette réflexion.

Cette bulle de légèreté éclata bien vite. Ses propres paroles l'avaient assombri et il repensa, morose, aux élixirs qu'il avait préparé pour soigner les infâmes complices de son frère lorsqu'ils s'étaient blessés dans quelque mission meurtrière. Indirectement, il avait été complice de leurs forfaits. Entre cela et les drogues qu'il avait vendu à la milice pourpre, réservées à un bien terrible usage, Bower n'avait pas les mains propres. Il n'avait eu qu'un rôle secondaire, dans les deux camps.
Il sentit Clarisse s'installer avec légèreté auprès de lui, présence discrète qui ne fit qu'effleurer le bras qui reposait vers elle, sans oser se tourner dans sa direction. Quelque chose lui disait que, si elle le faisait, elle verrait l'ombre de ses forfaits dans le bleu de ses yeux. Il se lécha machinalement les lèvres, avant de croiser les jambes, sans quitter des yeux la chimère crachant une eau pâle dans le bassin. À la question maladroite de la jeune fille, un rire aigre s'extirpa d'entre ses lèvres sans qu'il put le retenir. Il jeta un regard amer à sa tasse de café, qu'il attrapa sèchement pour en boire quelques gorgées. Il la reposa sans aucune douceur, et s'enfonça contre le dossier du banc, laissant tomber sa main libre sur sa cuisse.

- Excuses-moi. Je ne veux pas te vexer, c'est juste nerveux.

Ses yeux se braquèrent, cette fois, droit sur Clarisse, un éclat qui n'augurait rien de bon en dedans et, sur les lèvres, un sourire dépourvu de la moindre joie.
- Comment c'était ? Et bien...
Il s'était lui-même drogué pour oublier le marais pourrissant dans lequel il trempait jusqu'au cou.
- Un enfer. Je jouais dans les deux camps pour avoir autant de paix que possible. J'ai indirectement participé à des choses immorales afin de sauver ma peau... Si je m'étais clairement affirmé contre les pratiques de mon frère, je n'aurais pas survécu longtemps à Poudlard dans ces circonstances. Alors... J'ai joué le jeu. Et je faisais... je faisais ce que je pouvais pour oublier et ne pas devenir complètement fou.
Avouer qu'il avait sniffé de l'héroïne et de la cocaïne n'était certainement pas très avisé, cependant. Clarisse n'aurait certainement pas compris pourquoi il en avait pris, comment il en était arrivé à cette extrémité et surtout, pourquoi il n'avait pas complètement arrêté maintenant. C'était le genre d'affaire que la rousse ne désirait certainement pas connaître. Bien sûr, il y avait eu quelques rumeurs, mais elle s'étaient seulement propagées du côté de ceux qui avaient assez d'argent pour s'en procurer. Certains afin d'oublier le calvaire dans lequel ils étaient, du bon comme du mauvais côté, d'autres pour prolonger les tortures physiques et morales qu'ils faisaient subir aux victimes qu'ils isolaient, sous l'aval des Carrow.
- Cela aurait pu être pire cependant. J'avais mes jardins secrets où m'évader lorsque ça n'allait pas. Des fois, j'arrivais à me sentir bien.
Il demeura pensif un instant, le regard toujours posé sur Clarisse sans pour autant la voir. Il se remémorait ces souvenirs, sans en éprouver la moindre honte cependant. Ce n'était pas si terrible, et il n'était pas devenu dépendant de la moindre substance, bien qu'il en ait encore, habilement cachée dans son atelier de travail, dans une petite boite en fer tout en haut de son étagère. Son bras glissa, sans qu'il ne fit attention, du dossier jusqu'à l'épaule de McBrien et lorsqu'il s'en rendit compte, il la pressa légèrement contre lui.
- Mais tout cela est du passé.
Il tendit la main jusqu'à sa tasse et la porta à ses lèvres, avant d'ajouter.
- Au fait, peut-être préférerais-tu retrouver ta famille avant de retourner au château, mais si tu le souhaites, tu peux passer la nuit ici, j'ai bien assez de chambres libres.
Il lui adressa un sourire, dépourvu de la moindre ambiguité.
- Nous pourrions ainsi rentrer à Poudlard ensemble demain matin. Mais bien sûr, si tu préfères rentrer chez toi afin de dire au revoir à tes proches, je te ramènerais en voiture.
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