Grmmmmmmmmmbblll ... Le bruit retentit comme un coup de tonnerre aux oreilles de Nikolaï. Inquiet, il jeta un coup d’œil aux lits voisins pour vérifier que le cri de mécontentement de son ventre n’avait pas réveillé un de ces camarades de chambrée, mais non la chance semblait être de son côté ce soir-là et ils dormaient encore tous paisiblement, enfin si on mettait de côté l’idiot du fond qui avait l’air de faire un cauchemar, mais le jeune Russe n’en avait rien à faire, ça lui ferait les pieds à l’autre tas de muscles sans cervelle. Avec précaution, il souleva les couvertures de son lit et en sortit. Il lissa son uniforme, il s’était couché avec en prévision de sa future sortie nocturne, enfila une paire de tennis noires relativement silencieuses et, priant pour qu’un autre gargouillis ne se fasse pas de nouveau entendre, il se dirigea rapidement vers la porte du dortoir. Lorsque celle-ci grinça sur ses gongs, il aurait payé cher pour maîtriser le sortilège de Mutisme, mais une fois de plus, il sembla que les autres garçons étaient trop profondément endormis pour rien remarquer.

Une fois dans le couloir, il se dirigea vers la Salle Commune en silence. Il y trouva un couple en pleine séance de bécotage, bien trop occupés pour faire attention à lui, et une fille qui devait être en cinquième ou sixième année en train de s’arracher les cheveux sur un parchemin, probablement un devoir à rendre pour le lendemain. Il passa sans se faire remarquer, extrêmement entraîné à ne pas attirer l’attention sur lui. Il se retrouva alors dans les cachots du château et entreprit de se diriger droit sur sa destination : les Cuisines. Il avait découvert avec satisfaction au début de l’année qu’elles se trouvaient à seulement quelques minutes à pied du dortoir des Serpents, ce qui rendait l’excursion d’autant plus simple que Rusard n’avait que rarement le temps de coincer un Vert-et-Argent sur le court trajet, à moins de camper devant la porte des Cuisines, mais, dans ce cas, il suffisait de faire demi-tour avant de se faire attraper et le tour était joué. De toute façon, l’immonde concierge ne s’attardait que rarement au même endroit : ayant l’intégralité du château à surveiller, il ne pouvait se permettre de camper à un seul endroit.

Le jeune sorcier usait donc de cet avantage pour faire des visites régulières dans l’antre nourricière du château. Les elfes étaient toujours d’une serviabilité à toute épreuve et ils ne le jugeaient pas sur son accent, même si depuis quelques temps, il commençait également à entretenir des liens si ce n’est amicaux du moins cordiaux avec certains ou plus précisément certaines élèves du château. Quoiqu’il en soit, l’adolescent profitait de la possibilité de se nourrir en pleine nuit pour éviter la Grande Salle lorsqu’il sentait qu’Alekseï était d’humeur massacrante ou, pire encore, joueuse. En effet, pour son malheur, malgré tous ses efforts pour éviter au maximum son frère, lors des repas ils se retrouvaient à la même table (foutu Choixpeau, il aurait tout de même pu éviter de les placer dans la même maison, il se serait contenté de n’importe quoi pour ne pas avoir à supporter la proximité physique de son aîné, mais non il avait fallu que le couvre-chef de malheur voit en eux une certaine similitude ! ) et même s’il faisait son possible pour s’asseoir toujours à l’opposé d’Alekseï, certains jours son frangin avait envie de passer ses nerfs sur lui ou juste de le martyriser et il se déplaçait. C’est pourquoi Nikolaï avait appris à détecter l’humeur de son frère et à sauter les repas du soir lorsque ce dernier semblait avoir eu une mauvaise journée, se restaurant plus tard dans la tranquillité des Cuisines. Evidemment, il devait attendre que les garçons de son dortoir soient endormis, pour que l’un d’eux n’ait pas l’idée de tout cafter à Alekseï (le septième savait être ... persuasif lorsqu’il désirait une information) et que son petit manège prenne fin ; mais jusqu’à maintenant ça ne lui avait pas posé trop de problèmes. Certains soirs son ventre criait un peu plus famine que d’autres, mais à part ça rien de bien inquiétant.

Ainsi, lorsqu’il arriva devant le tableau de la coupe de fruits, il était totalement détendu, se délectant déjà des mets raffinés que les elfes allaient s’empresser de lui apporter. Absolument pas préparé à ce qui l’attendait de l’autre côté de la porte, il chatouilla naturellement la poire qui gloussa, débloquant le mécanisme d’ouverture. Il poussa la porte tranquillement, s’apprêtant déjà à souhaiter une bonne soirée aux petits êtres toujours si affairés, lorsque son regard tomba sur une scène pour le moins surprenante, voire inquiétante.

Un double regard couleur sang était fixé sur sa personne, un regard animal et un autre ... humain ? Surpris par une telle vision, il lâcha la porte qui se referma dans un grand « Vlam » faisant sursauter le groupe d’elfes le plus proche. Nikolaï leur jeta un regard d’excuses et toujours sans bouger d’un millimètre recentra son attention sur les deux êtres qui continuaient de le fixer l’un avec méfiance et l’autre avec ... défi ? Après une petite observation silencieuse, il constata que la bestiole était un fléreur, en tous cas ça y ressemblait fortement, malgré cette étrange couleur grisée et ce regard anormal. Sa propriétaire semblait d’ailleurs accordée dans les mêmes tons. Un regard aussi perçant et une chevelure anormalement longue, même pour une fille, d’un blond cendré tirant sur le blanc. Au vu de ses traits enfantins, il ne pouvait s’agir que d’une première année, car il connaissait toutes les filles de sa promotion et il ne l’avait jamais remarquée avant. A vrai dire, il ne faisait pas vraiment attention aux autres élèves en cours, si l’on mettait de côté ses proches voisins et ceux qui fichaient tellement le boxon qu’ils étaient impossible de ne pas les remarquer, donc il se dit qu’elle avait très probablement dû déjouer son si peu performant radar. Ce n’était pas une vipère ça il en était sûr, sinon il l’aurait au moins entrevue aux repas ou dans la Salle Commune, mais à part ça il était bien incapable de deviner son blason, vu qu’elle ne portait pas son uniforme. D’ailleurs quelle drôle d’idée de se balader en chemise de nuit ! Et s’il avait été un mec plus âgé aux hormones en ébullition, elle aurait pu se faire attaquer : elle n’y avait pas pensé à ça ou quoi ?

Quoiqu’il en soit, après cette première inspection, il considéra que la gamine ne présentait pas un danger majeur et se détendit légèrement. Ne la quittant pas des yeux, il alla s’installer de l’autre côté de la table et quémanda un plat chaud à une elfe. Tandis que celle-ci s’exécutait avec empressement, il constata que la fillette n’avait apparemment aucune intention d’entamer la discussion, cependant comme il lui semblait franchement étrange de rester là à se regarder en chiens de faïence, il prit l’initiative. Après tout, si elle ne voulait pas répondre, il savait aussi comprendre un implicite et il se contenterait de manger en silence et de rentrer se coucher, comme si leur rencontre n’avait jamais eu lieu.

-Il ... ou elle, je n'ai jamais été doué en Soins aux Créatures Magiques, s’appelle comment ?

Il désigna le fléreur. Il s’était dit que plutôt que commencer bêtement par se présenter, peut-être qu’en lançant la discussion sur l’animal, la fille se sentirait plus encline à discuter avec lui. D’ailleurs, il ne serait pas contre le fait que ledit fléreur arrête de le regarder comme s’il était le diable en personne, ça finissait par être désagréable à la fin.

La fillette entreprit de lui répondre mais ce fut comme si elle avait changé d’avis car aucun son ne sortit de sa bouche et elle retourna à son éclair avec un air que le Serpentard n’arrivait pas à clairement identifier : énervement ? dépit ? Quoiqu’il en soit, la gamine n’avait apparemment pas envie de discuter, il se recentra donc sur le plat de bœuf mariné accompagné de haricots rouges que la petite elfe venait de déposer devant lui, après avoir dûment gratifié sa serveuse d’un sourire de remerciement. Il venait d’avaler une première bouchée lorsqu’un soupir de sa compagne de repas attira de nouveau son attention. Bah qu’est-ce qu’il avait fait maintenant ? Si elle ne voulait pas parler, OK pour lui, il lui avait fichu la paix mais elle allait devoir le laisser manger tranquillement sinon ils n’allaient pas finir la nuit en très bons termes. Les filles et leurs changements continuels d’humeur : un coup, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et la seconde d’après, il faut qu’on leur accorde toute notre attention ! Blasé, il attendit de voir ce qu’elle voulait avant de se faire un avis définitif sur elle. C’est alors qu’elle fit quelque chose de totalement inattendu : elle sortit un parchemin de son sac et écrit quelque chose dessus avant de le lui tendre.

Intrigué, il lut les mots avant que ceux-ci ne s’effacent. Eh bien voilà qui amenait bien plus de questions que de réponses. Elle ne pouvait pas lui répondre ? Cela expliquait son petit manège de tantôt, elle avait dû vouloir lui répondre et s’était souvenu qu’elle ne pouvait pas. Etait-elle aphone ? Cela semblait la réponse la plus logique, mais en même temps si elle possédait un parchemin pour communiquer, cela devait être plus qu’une simple extinction de voix vu comment elle était préparée : peut-être était-elle prône à ce genre d’incidents comme d’autres étaient enclins à attraper un rhume ? Il allait falloir qu’il lui pose la question, mais un peu plus tard pour l’instant, il fallait commencer par le commencement, à savoir se présenter.

-Enchanté Pernelle, moi c’est Nikolaï Mikhaïlovitch Dmitriev, mais tu peux m’appeler Nikolaï, c’est juste que j’suis habitué à dire mon nom entier, question d’éducation.

Effectivement, dans le monde des Sang-Purs dans lequel il avait toujours évolué, le nom signifiait tout donc on se présentait toujours avec prénom, nom et patronyme et il avait dû mal à se défaire de cette habitude. A chaque fois qu’on lui demandait son nom, il le déclinait en entier, ce qui semblait bizarre à certains élèves peu habitués à tant de cérémonie entre jeunes du même âge ou presque.

-Pour ce qui est de son nom, je veux bien voir mais de toute façon, j’ai comme l’impression qu’entre lui et moi c’est pas le grand amour.

L’animal avait effectivement détourné son attention de lui à la cuisse de poulet qu’il dévorait maintenant avec avidité, mais de temps en temps il jetait toujours un coup d’œil peu amène au deuxième année comme pour le défier de faire du mal à sa maîtresse s’il osait. Parano sur les bords, l’animal ? Bref, pour l’instant ce n’était pas vraiment son problème numéro un, ce qui l’intriguait bien plus c’était la façon de communiquer de la jeune fille. Il demanda donc, tentant d’user de tout le tact dont il disposait, ce qui était bien peu je vous l’accorde.

-Et sinon, qu’est-ce qu’il t’es arrivé pour devoir communiquer comme ça ? Un sort qui a mal tourné, une potion ratée ou bien t’as juste trop crié sur quelqu’un ?

Qu’est-ce que je vous avais dit ? Un gentleman dans toute sa splendeur ! Le Vert-et-Argent était encore en train d’apprendre à avoir une discussion naturelle avec un jeune de son âge, ni une discussion totalement surfaite à cause des codes de la haute société ni une discussion où il devait faire gaffe au moindre de ses mots pour éviter qu’elle ne se termine par des coups ou des sorts, alors il avait encore largement tendance à user d’un cynisme très marqué lorsqu’il ne savait pas comment aborder un problème, d'où son humour assez fumeux dirons-nous. Voilà pourquoi ce que certains pourraient qualifier de goujaterie était juste sa façon de tenter de communiquer. D’un certain point de vue, on pourrait dire que de façon bien différente à celle de la jeune Gryffondor, le garçon avait lui aussi bien des difficultés à tenir une conversation.

La gamine semblait avoir le sens de l’humour heureusement pour Nikolaï parce que, lorsqu’il découvrit que son handicap était de naissance, il se sentit comme le dernier des idiots. Un jour sa grande gueule allait lui attirer de sérieux ennuis ... non mais qu’est-ce que je raconte moi ? Sa grande gueule lui avait déjà attiré une tonne de problèmes, mais il semblait ne pas apprendre la leçon et en redemander toujours plus, mettant les deux pieds dans le plat dès qu’il en avait l’occasion. Bref, pour en revenir à nos hippogriffes, le jeune sorcier se sentit rougir lorsque la fillette enfonça encore un peu plus le couteau dans la plaie en lui précisant qu’elle préférait l’entendre prononcer des indélicatesses que ne pas l’entendre du tout. Heureusement, elle sentit sa gêne et sourit pour le sortir un peu de misère. Elle enchaîna alors directement sur une série de questions (d’ailleurs elle ne s’arrêtait jamais ou quoi ? ), parmi lesquelles il aurait préféré ne pas avoir à répondre à la première, même si inconsciemment il s’y attendait dès qu’il avait découvert qu’il y avait un autre élève dans les Cuisines. Peut-être qu’en réalité, elle savait qu’il n’avait aucune envie d’en parler et que c’était sa vengeance pour sa muflerie ? Euh non, très peu probable, la gamine avait beau être muette, elle n’en était pas pour autant télépathe ... enfin du moins il l’espérait. Ah la la voilà que la paranoïa de l’autre quadrupède à poils devenait contagieuse !

-Trop de bruit ? Mais alors tu prends tous tes repas ici ou bien ?

Oui, oui c’était lâche de tenter de se débiner ainsi, en déportant la conversation sur elle, mais il avait besoin d’encore quelques secondes pour réfléchir à sa propre réponse. Pour allonger encore un peu plus son répit, il enfourna une bouchée de viande qu’il mâcha lentement, tandis qu’il cherchait une réponse plausible à sa présence en ses lieux. Il n’allait tout de même pas avouer à une inconnue qu’il se faisait martyriser par son frère, il avait un minimum de fierté d’abord ! Il choisit alors un mensonge pieux, à même d’être assez crédible, même si le temps qu’il lui avait fallu pour le sortir mettrait peut-être la puce à l’oreille de la petite.

-Enfin moi, j’ai juste loupé l’heure du repas. J’étais crevé et je me suis endormi en rentrant des cours et quand je me suis réveillé le dîner était fini depuis longtemps. J’ai donc décidé de venir faire un petit tour par ici, après tout mon dortoir est juste à côté.

Whah, il devenait de plus en plus bon pour mentir avec naturel. Bon, sa petite histoire impliquait que personne ne l’ait réveillé pour lui dire que c’était l’heure d’aller manger mais il ne lui serait pas trop difficile d’expliquer qu’il n’avait pas vraiment d’amis parmi les gens de sa Maison, si jamais la demoiselle poussait l’interrogatoire plus loin, ce qui semblait probable vu la curiosité insatiable qu’elle semblait avoir. Parce que muette peut-être, mais ça ne l’empêchait pas de poser plus de questions que Slughorn un jour d’examens ! Il avala donc une bouchée de plus car dans le cas contraire son plat risquait de se refroidir et qu’il avait toujours aussi faim, puis entama de répondre aux autres questions dans l’ordre : heureusement qu’il avait une bonne mémoire parce que sinon, il aurait été bien mal loti avec sa nouvelle compagne de repas.

-J’ai pas vraiment un plat préféré, je mange ce qu’on me donne. Je dois avouer que depuis que j’suis arrivé en Angleterre la cuisine russe me manque un peu mais bon pendant les vacances, ma mère nous fait des plats de chez moi donc ça va. Ah et par contre, avant que tu me demandes quel plat je déteste, je te le dis tout de suite, je supporte pas la « jelly » comme vous dîtes par ici. Je trouve ça absolument écœurant ! Ça bouge dans tous les sens et ça a une consistance vraiment bizarre, alors merci mais pas pour moi.

Il fit une moue dégoûtée en se souvenant de la première fois où il avait goûté à ce dessert si typiquement anglais au manoir des Fowl, un peu après leur emménagement. Il avait bien cru qu’il allait vomir le tout sur place, mais un regard froid comme l’acier de son père avait stoppé ses simagrées et il avait fini son assiette bien qu’avec moult difficultés. Le pire dans l’histoire c’est qu’après il avait dû attendre des heures d’être enfin autorisé à sortir de table et qu’entre temps sa nausée n’avait pas diminué pour autant. Lorsqu’enfin les adultes étaient passé aux discussions politico-économiques, il avait couru jusqu’aux toilettes les plus proches et avait vidé le contenu de son estomac, sous le regard plus qu’amusé d’Alekseï qui se faisait un plaisir de lui rappeler sa nature de petite chose fragile dès qu’il en avait l’occasion. Heureusement pour son honneur, Angélina n’avait pas assisté à la scène, sinon il aurait probablement refusé de sortir de sa chambre pour le restant de l’été. Mais assez de mauvais souvenirs pour une soirée, il avait encore une réponse à donner. D’ailleurs il s’étonnait lui-même de répondre si naturellement à cet interrogatoire en règle, alors qu’en temps normal, il érigeait une barrière infranchissable de méfiance autour de lui. A croire qu’à défaut de musique, un bon plat chaud adoucit les mœurs.

-Et ce que j’aime faire ? Mhhh, t’en poses des questions compliquées toi. Là tout de suite je saurais pas quoi te dire. Bon, au pif, disons que j’aime bien voler. Pas spécialement le Quidditch, un peu trop violent à mon goût, même si c’est sympa de temps à autres, je suis remplaçant dans mon équipe, mais voler c’est un vrai plaisir. Quand je décolle, j’ai l’impression d’abandonner tout le reste, problèmes, devoirs non finis, émotions indésirées et ainsi de suite, au sol et de pouvoir simplement profiter du frisson de la vitesse et des loopings. Bon oui, je sais c’est super cliché ce que je raconte là mais j’ai jamais prétendu être un cas à part, alors voilà.

Et voilà maintenant il s’était renfermé une fois de plus avant même de laisser à Pernelle le temps de réagir. Qui lui disait qu’elle allait se foutre de sa gueule ? Personne et pourtant il n’avait pu s’empêcher de prendre les devants et de s’enfoncer lui-même avant qu’elle ne le fasse car c’était toujours moins douloureux dans ce sens-là. Il avait encore bien du chemin à faire, avant d’accepter que tout le monde ne lui en voulait pas forcément.

"Non non, juste quand j'en ai assez de tout ce raffut... Et puis les gens ne me parlent pas, ils me croient sourde aussi, ou alors stupide"

Une grimace peignit les traits fins de son visage alors qu'elle feignait de se retrouver face à l'un d'eux et d'être vraiment débile. La jeune fille ouvrit de grands yeux ébahis et pencha la tête sur le côté, ses sourcils se haussèrent et elle laissa tomber sa figure sur son épaule, comme si elle était parfaitement débile. L'imitation plus ou moins bonne réalisée, la gamine retrouva un air normal puis jeta un regard gourmand sur les pâtisseries qui trônaient sur un plateau tout là-bas... Serait-ce bien raisonnable? Après tout elle n'avait mangé qu'un éclair au chocolat! Et puis elle était si menue qu'elle pouvait bien se permettre; sans compter que si ses parents étaient casse-pieds, au moins pour ça, ils la laissaient tranquilles, autant en profiter. Quoiqu'il en soit, Pernelle était de bonne humeur, Nikolaï continuait de lui parler même en connaissant son handicap... Il se livrait même, finalement c'était quelqu'un d'assez ouvert... Elle qui l'avait cru froid au premier abord. Elle ne s'aperçut pas de son mensonge et crut réellement qu'il s'était endormi, rien de très étonnant quand on travaillait beaucoup, car Pernelle était aussi submergée par les devoirs, il faut dire qu'elle faisait encore plus que les autres pour tenter de rattraper son handicap... Elle arrivait presque à jeter Lumos en informulé, mais c'était tout, alors il fallait bien se rabattre sur les leçons écrites à apprendre par coeur. Elle n'était pas surprise donc que Nikolaï ait accumulé la même fatigue si c'était un élève sérieux...

"Ah oui c'est fatigant une journée ici, mais c'est chouette, il y a plein de choses à découvrir! ça t'arrive souvent de t'endormir comme ça? Moi ça va sûrement pas tarder, c'est très difficile les devoirs tout ça... "

Toute heureuse de voir sa curiosité satisfaite, la Gryffondor lui sourit, l'encourageant à continuer, lorsqu'il parla de voler, elle ferma même les yeux comme pour sentir le vent dans ses cheveux. La voix de son aîné lui plaisait beaucoup, elle adorait l'écouter, les hauts, les bas de ses tonalités, les vibrations, la portée...ça ne s'expliquait pas, c'était comme le physique, aussi important aux yeux de la gosse. Fascinée par la voix en général, Pernelle l'était d'autant plus quand le son lui plaisait et que ce que racontait le garçon aussi, autant dire qu'elle était aux anges!

"La jelly?" "Beuuuurk!"

Le visage expressif de l'enfant se tordit en une grimace de dégoût encore plus prononcée que lorsqu'elle faisait "face" à ceux qui la prenaient pour une débile pour accompagner celle que lui offrait Nikolaï. Se mettant à tanguer elle dodelina de la tête et prit un air "gélifié", tous ses traits retombaient comme si elle n'avait presque plus d'os, elle prit ses longs cheveux entre ses doigts et les mis à moitié devant son visage, comme si elle était une jelly blanche; le fléreur surpris sauta sur la table et regardait sa maîtresse en se demandant quel signe était celui là. Finalement Pernelle lissa ses mèches en arrière et reprit une tête normale, elle souriait grandement toutefois; cette conversation bien que toute simple l'amusait énormément.

"Depuis que t'es arrivé en Angleterre? Tu viens d'où? Désolé... Les accents ne veulent pas dire grand chose pour moi... Ni les noms même si je sais que c'est étranger! Moi j'adore les spaghettis!"

Pernelle fit un grand sourire puis pourlécha ses babines en mettant une main sur son ventre pour nourrir un peu ses écrits. Elle était très expressive de visage, et très vive dans ses gestes, comme si toute cette énergie était celle de sa voix et qu'elle devait s'exprimer autrement. Soudain le jeune garçon parut se refermer comme une huitre, chose que la gamine n'avait pas de suite remarqué après qu'il eut parlé du vol... Du coup elle laissa tomber son air guilleret et pencha la tête sur la table, presque à se coucher dessus. Elle cherchait à atteindre le regard de Nikolaï mais devina que ce n'était pas possible, le sorcier s'était replié... La jeune fille se souvint qu'ils avaient parlés de vol juste avant et de cliché. Ah c'était peut-être ça qui le gênait? De ne pas être un cas à part? Vite la gosse se saisit de son papier, maudissant son organe vocal de ne pas fonctionner parce qu'elle ne pouvait pas écrire toute son envie d'indignation face à cette tristesse ni de réconfort...

"C'est pas cliché ça! C'est super moi je dis! Moi aussi j'adore voler, mais j'ai pas vraiment pu, pas toute seule... Même Jùn mon frère me croit trop fragile pour certaines choses des fois, où alors c'est juste qu'on n'a pas eu l'occasion! J'ai volé avec lui une fois, c'était chouette. Pourquoi tu es triste? C'est moi qui t'aies fait ça? Je suis désolée... Je suis trop curieuse et puis je n'ai pas parlé... Enfin écrit... Enfin conversé avec quelqu'un depuis super longtemps et puis tu es gentil, et intéressant aussi..."

Elle sourit puis rajouta quelque chose sur le parchemin en visant l'assiette de son camarade.

"Et gourmand! Comme moi! Non plus sérieusement, c'est pas si grave de ne pas être un cas à part, tu l'es forcément un peu déjà hein, parce que personne ne pense pareil et pus... c'est nul d'être trop différent, pas assez cliché. Toi t'es entre les deux: pas ennuyeux mais pas trop bizarre non plus, pas comme moi! T'as vu, j'ai des yeux de Jelly?!"

La Gryffondor tenta un petit sourire puis tira la langue, faisant une nouvelle grimace pour imiter une Jelly ambulante. Après avoir été enfermée des années, elle faisait comme elle pouvait pour sortir Nikolaï d'un désarroi qu'elle ne comprenait pas forcément, ou alors juste en surface. Mais bon, elle faisait de son mieux, c'était le principal non? Après la question qui demeurait était: serait-ce suffisant?!

[Hj : Voilà ce que ça donne de poster après une semaine et demie de concours et un oral, j'espère que ça t'ira ]

L’être humain semble, à première vue, être d’une grande complexité, caractérisé par les nombreuses possibilités offertes par le développement supérieur de sa conscience vis-à-vis des autres êtres vivants, cependant, une analyse un peu plus poussée prouve que nous sommes avant tout des êtres de routine. Habitué à répondre aux mêmes stimuli, dès qu’il est sorti de ses repères, l’homme est profondément perdu et la plupart des animaux s’adaptent bien mieux que nous au changement. De plus, l’homme possède cette capacité bien spécifique qui le différencie des autres animaux : l’inattention. Un animal est conditionné à tenir en compte tous les facteurs dont dépend sa survie et à ne pas s’intéresser aux autres, tandis que l’homme peut se préoccuper de tout et inversement se désintéresser de tout. Il est ainsi fascinant d’observer la facilité avec laquelle les sociétés classifient et labellisent les individus sans réellement chercher à les comprendre et combien il est facile de considérer une personne sortant quelque peu du cadre conventionnel comme folle ou idiote, tout simplement car on n’a pas pris le temps de s’intéresser réellement à elle. Ainsi, Nikolaï qui était un spécialiste de profiter de cette faiblesse humaine pour ne pas se faire remarquer, comprit parfaitement lorsque Pernelle lui expliqua que sous prétexte qu’elle était muette, les gens la prenaient pour une idiote. Il fit donc un petit geste compréhensif de la tête tandis qu’il finissait son plat de résistance et lui dit, avec un sourire amusé :

-Idiote, je doute fortement que tu le sois, par contre tu as un don pour le mime, c’est assez impressionnant, quand tu t’y mets on dirait que ton regard perd toute intelligence.

Il conclut ensuite très rapidement sur son temps de sommeil, mal à l’aise que son mensonge ait si bien pris et que la gamine s’inquiète pour lui. Et puis moins de détails il donnait, plus crédible il serait, après tout vu l’âge de Pernelle, ils avaient les mêmes cours alors autant être le plus vague possible pour éviter de continuer la discussion sur les cours.

-Nan, normalement je dors bien mais là j’avais un devoir à finir et je m’y suis un peu pris à la dernière minute, donc j’y ai passé la nuit et j’avais du sommeil à rattraper. Enfin, comme tu dis les devoirs ya la masse !

En effet, Poudlard ne volait pas sa réputation de plus grande école de Sorcellerie du monde anglophone (bon il y avait l’Institut de Salem qui faisait concurrence mais on n’allait pas chipoter), et les professeurs tenaient à garder ces standards en submergeant littéralement les élèves sous les devoirs. Niko s’en sortait plutôt bien pour l’instant parce que, sa vie sociale étant assez limitée, il pouvait se consacrer au travail, mais le moins qu’on pouvait dire c’était qu’il n’enviait pas Alekseï et les autres qui passaient des examens en fin d’année, le stress des révisions très peu pour lui. Enfin, ce n’était pas demain qu’il serait concerné donc pas la peine de se prendre le chou avec ça pour l’instant. Il reprit donc après un nouveau sourire devant la « jellyfication » de première catégorie que venait d’exécuter la petite albinos.

-Je dois avouer que si t’avais pas capté que j’étais étranger, j’aurais définitivement retiré tout ce que j’ai dit sur ton intelligence. Il lui fit un petit clin d’œil avant de poursuivre. Bref, j’suis russe d’où les remarques sur la cuisine russe tout à l’heure. D’ailleurs vu que t’as l’air d’être une fan de pâtisseries, je te conseille vivement le ptitchie moloko, le « petit lait d’oiseau », c’est juste un ré-gal !

Bon il était maintenant clair qu’il n’aurait jamais dû se braquer comme il l’avait fait. La gamine avait du répondant malgré que celui-ci se fasse sous formes de phrases écrites et elle n’avait pas du tout l’air de juger sur une première impression. Elle avait même cette candeur si propre aux pré-adolescents qui sont dans le fond encore presque des enfants. Le jeune russe avait quant à lui, un côté gamin encore très prononcé, qui l’amenait à s’emporter ou à se renfermer trop facilement, mais à côté une vie dans le cadre extrêmement strict de la haute société et de la mafia, à tenter d’échapper à son frère et son père l’avait fait mûrir trop vite, le laissant dans un entre-deux qui amenait des comportements assez contradictoires. D’un côté, il réagissait normalement avec calme et après réflexion pour éviter que la situation ne lui échappe des mains mais paradoxalement, c’était aussi une grande gueule qui ventilait ses frustrations à travers un cynisme mordant. C’est pourquoi voir l’état d’inquiétude et de stress dans lequel Pernelle pouvait se mettre juste parce qu’il s’était un peu renfermé le ramena sur terre et lui fit relativiser ses problèmes. Il entreprit donc de la rassurer :

-T’inquiètes pas c’est pas toi du tout, j’suis juste pas habitué à raconter ma vie comme ça à n’importe qui. Attention pas que je dise que tu es n’importe qui dans un sens péjoratif, c’est juste que voilà on vient de se rencontrer et on sait jamais sur qui on peut tomber. Enfin, une nouvelle fois je dis pas que j’suis pas content de t’avoir rencontrée, mais voilà je suis juste pas doué avec les gens ... enfin je crois qu’après cette tirade pathétique c’est assez clair. Si ça peut me faire remonter dans ton estime tu fais les meilleurs yeux de jelly que j’ai jamais vus.

Il tenta un sourire timide, pas certain d’avoir réussi à faire comprendre ce qu’il voulait. En effet, il avait voulu rassurer la fillette et au final, il n’avait probablement fait que l’embrouiller encore plus mais ce n’était définitivement pas facile d’être honnête sur ce qu’on ressentait. Il manquait cruellement d’entraînement et comme il venait maladroitement de tenter de l’expliquer il avait des années derrière lui d’automatismes acquis : « moins on en dit, mieux on se porte ». Pour ne pas rester sur ce silence inconfortable, il se leva et alla s’emparer de deux parts de charlotte aux fraises, une pour lui et une autre pour Pernelle. Il déposa l’assiette devant elle et dit :

-J’espère que t’aime ça, sinon j’te ramène autre chose et puis pour ça, il désigna la part de la jeune fille du doigt, je crois que je pourrais me sacrifier.

Il lui fit un nouveau sourire timide et relança la discussion :

-Et sinon, t’es dans quelle maison vu qu’apparemment ici c’est essentiel. Moi j’te fais pas un dessin je suis une horrible vipère, d’ailleurs je serais toi, je vérifierais que je n’ai pas empoisonné ta charlotte, avec nous on sait jamais.

Il termina sa tirade sur un sourire diabolique et un regard mauvais, le genre de mimiques que certains crétins avec lesquels traînait Alekseï affectionnaient particulièrement. Après tout, à force d’être la cible de discriminations à cause de son blason, il avait bien le droit de se venger un peu non ? Surtout qu’il était assez facile de comprendre qu’il n’était pas sérieux, même si son imitation était assez réussie, parce qu’en tant que fils de grand ponte de la mafia, sembler aussi froid que la glace et aussi impénétrable que l’acier était un peu devenu une seconde nature.

Pernelle était une véritable petite pile électrique, elle ne s’arrêtait jamais. Elle enchaînait les actions et les phrases à une vitesse drôlement impressionnante. Niko avait toujours su que les filles étaient d’habitude plus excitées que les garçons, mais la gamine battait des records ! Après avoir entouré sa part de gâteau de ses bras dans un geste de protection qui lui arracha un sourire amusé car elle lui faisait penser à un enfant qui protège son jouet d’un grand frère un peu trop embêtant, elle mit soudainement ses cheveux devant sa figure et ouvrit la bouche en grand, dans une magnifique imitation d’un lion, un lion albinos certes mais un lion quand même. Impressionné, tandis que la jeune fille saluait, le garçon siffla d’admiration devant cette performance que le petit fléreur avait rendu involontairement encore plus réelle en ajoutant le son à ce cinéma muet. Il crut alors que le show était terminé vu qu’elle avala une part de charlotte mais il était bien loin de la vérité car la petite griffonne fit semblant de s’étouffer et s’affala sur le sol dans une interprétation mélodramatique de la pauvre innocente empoisonnée par la vile Serpillière. Là, ç’en était trop, il avait de plus en plus de mal à se retenir de pouffer de rire, la gamine avait vraiment du talent, elle devrait envisager une carrière dans le show-biz. Mais la goutte qui fit déborder le vase et ouvrit en grand les vannes de son fou rire ce fut lorsque la fillette demanda pourquoi les Serpents avaient deux préfètes. Le deuxième année n’en pouvait plus, des larmes de rire coulaient de ses yeux bleu arctique et il était obligé de se tenir les côtes. Surtout qu’il semblait évident que Pernelle était vraiment convaincue qu’Alix était une fille, la déconfiture que la pauvre enfant allait se prendre ! Enfin, si jamais, elle le croyait quand il lui expliquerait la vérité bien entendu.

Au bout de quelques instants, il réussit à se calmer et à retrouver un minimum de contenance, mais cela ne dura pas bien longtemps car, brutalement et sans prévenir, Pernelle se lança à son coup et l’embrassa sur la joue. Le jeune sorcier fut pris totalement au dépourvu et se sentir rougir jusqu’à ce que son visage rivalise avec la couleur du blason que devait habituellement porter Pernelle. C’était la première fois de sa vie qu’une fille l’embrassait ! Bon, ce n’était qu’une gamine, muette et abinos par-dessus le marché, qui lui faisait un bisou tout collant au beau milieu des Cuisines, avec juste les elfes pour témoins, mais ça restait tout de même la première fois qu’une fille l’embrassait ! En temps normal, c’était dans l’autre sens, c’était lui qui faisait des baisemains aux filles mais là les choses avaient pris la tournure inverse et il ne savait pas vraiment comment réagir. Surtout que la gamine avait l’air de trouver ça tout à fait naturel, puisqu’elle lui fit un immense sourire et lui demanda quelle était la suite de programme. Tandis que son cœur pompait le sang à un rythme endiablé, il tenta de remettre un peu d’ordre dans ses idées, pour ne pas sortir une absurdité grosse comme lui. Bah oui, le baiser l’avait drôlement chamboulé le pauvre ! Il avait beau être encore un peu jeune pour penser à avoir une petite amie, un premier baiser reste un premier baiser ! Rah là là il avait l’impression d’être une fille idiote incapable de se remettre de sa première expérience avec un garçon, il fallait qu’il se reprenne, sinon Alekseï aurait raison lorsqu’il disait qu’il n’était qu’une fille sous des apparences masculines. Il ferma donc les yeux, respira un grand coup et se lança dans ses explications.

-Alors, d’abord faut que j’t’explique un truc et ensuite on décidera ce qu’on fait, vu que tu as apparemment décidé que la soirée était loin d’être terminée.

Il lui fit un clin d’œil complice, avala sa part de charlotte en trois bouchées, s’essuya la bouche et tenta d’expliquer à la lionçonne que les Serpys n’avaient pas deux préfètes mais bien un préfet et une préfète comme les autres maisons, juste un préfet un peu efféminé pour rester politiquement correct.

-On a pas deux préfètes. La grande brune métisse comme tu dis, c’est UN grand métisse, il s’appelle Alix je sais plus trop quoi et il est en cinquième année. Le truc c’est qu’il ressemble vachement à une fille, mais bon j’ai rien à dire dans la catégorie alors j’me tais. Il désigne sa silhouette fluette et son visage fin. Et pis le truc de « grande folle », comment dire ... C’est une expression moqueuse pour désigner les garçons qui aiment les autres garçons, mais au sens de s’embrasser et plus si affinités. On les appelle comme ça parce que certains se travestissent et parlent avec des voix aiguës bizarres. Enfin, j’trouve que si ya « une grande folle » chez nous c’est plutôt l’autre cinquième année, Deniel. Lui, c’est un homo affiché, j’le sens pas trop d’ailleurs, pas parce qu’y s’intéresse aux mecs mais ch’est pas ya un truc pas net chez lui. Son regard a une lueur qui me plaît pas. Enfin, j’veux pas t’influencer non plus, surtout que je lui ai jamais officiellement adressé la parole, p’têtre que j’me gourre totalement, c’est juste un sentiment.

Il but une gorgée de jus de citrouille (il était devenu addict à ce truc depuis la rentrée ) pour se rafraîchir le gosier puis continua :

-Et l’autre préfète, Ange Dawster, je comprends que tu l’apprécies pas trop, elle est vachement prétentieuse, mais bon sans la connaître non plus, j’préfère pas trop m’avancer. Si j’passe ma vie à critiquer les gens qui jugent sans connaître c’est pas pour faire pareil. Et vous vos préfets, y sont comment ? D’ailleurs, ch’est pas s’que t’en pense mais perso, j’suis trop crevé pour une quelconque activité physique, par contre je resterais bien causer sur les élèves et les profs un peu plus longtemps. A vrai dire, ça fait longtemps que j’ai pas eu une discussion tranquille avec quelqu’un d’aussi ouvert que toi. Bon ya bien eu Lilou (tu sais la rousse en deuxième année dans ta maison), mais elle c’est un cas à part, elle parle plus vite qu’elle réfléchit, alors parfois ça dérape un peu. Fin’ j’laime bien quand même.

Alors là c’était officiel, la bouffe lui réussissait bien. Soit les elfes avaient rempli sa nourriture d’une potion destinée à le détendre, soit le fait d’être dans un endroit où il était sûr de ne pas être dérangé, en compagnie de quelqu’un qui avait vécu le même type de discrimination que lui, voire sûrement bien pire, l’avait définitivement mis à l’aise et il arrivait à parler longuement de sujets totalement futiles. Voire même, il dirait que plus que le fait d’y arriver, discuter tout simplement comme ça lui plaisait drôlement !

[Hj : C'est loin d'être brillant, mais comme je voulais poster d'une fois pour toutes histoire de pas te faire attendre, je me suis dit que comme ça au moins je relançais l'intringue comme prévu et que je me rattraperai au prochain post . Tu es bien entendu libre de faire agir ce butor de Willson à ta guise, il est là pour ça ]

Une fois de plus l’imitation de Pernelle valait le coup d’œil. A part le fait qu’elle forçait un peu le trait, on aurait pu facilement reconnaître dans son petit sketch un bon nombre de mecs du château pour qui le Quidditch était, plus qu’un sport, le centre de leur univers. Si jamais vous aviez le malheur de les lancer sur la question de savoir si la marque Nimbus arriverait jamais à égaler les performances de l’Eclair de Feu ou bien sur le classement des meilleures équipes de Grande Bretagne, vous étiez embarqués dans une discussion sans fin jusqu’à ce qu’ils tombent d’épuisement ou de faim. Ce genre de fanatiques avait le don de vous dégoûter du Quidditch même lorsque vous appréciiez ce sport comme tout sorcier digne de ce nom. Non parce que vous, je ne sais pas, mais Niko entendre quelqu’un déblatérer sur les avantages de la laque utilisée sur le Nimbus 2001 pour diminuer sa résistance au vent, ça avait plutôt tendance à l’endormir qu’à l’enthousiasmer. Mais bon comme dit le proverbe : il en faut pour tous les goûts. Quoiqu’il en soit, il sourit une fois de plus amusé par la petite performance de la lionçonne.

Son sourire se mua en véritable rire lorsqu’il lut l’autocritique que la gamine se fit. Au moins, ça avait le mérite d’être clair : elle ne se prenait pas au sérieux et c’était tant mieux. Par contre, il semblait plutôt évident à travers cette phrase que l’idée de rester bavarder ne la motivait pas plus que ça, elle devait avoir besoin de dépenser toute l’énergie qui semblait bouillir constamment en elle. Le garçon se creusa donc la cervelle à la recherche d’une activité à même de plaire à la fillette. Après quelques minutes de silence, un sourire illumina son visage.

-T’as déjà visité les serres la nuit ? Ya des ombres trop bizarres, c’est drôlement cool !

Bon d’accord il ne lui avait pas proposé l’endroit le plus fun du monde non plus, mais c’était mieux que rien et puis, au moins ça avait le mérite d’être original. Non parce qu’il avait beau s’imaginer que la gamine était sûrement à la recherche de sensations, il ne voulait pas non plus l’entraîner dans quelque chose de dangereux sans réellement la connaître : allez savoir comment elle réagirait s’ils se faisaient choper par Rusard ou qu’ils devaient faire face à un réel problème ! Mieux valait prendre le moins de risques possibles.

Apparemment la proposition sembla la convaincre alors, après avoir remercié les elfes pour le repas, ils sortirent des Cuisines –non sans avoir emporté au préalable une belle provision de pâtisseries en cas de petit creux au beau milieu de leur expédition . Ils se déplaçaient en silence, chose fort peu difficile dans leur cas car elle était incapable de parler et lui était un spécialiste de la marche silencieuse. Le garçon ouvrait la marche car il connaissait mieux le chemin : en tant que Serpentard, à cette hauteur là de l’année, les couloirs principaux des sous-sols n’avaient plus de secret pour lui. Néanmoins, preuve qu’il ne faut jamais se vanter de tout savoir –même pas dans sa propre tête- il découvrit bien vite et de façon fort désagréable qu’il existait des couloirs qui lui étaient encore inconnus. En effet, alors qu’ils avaient à peine parcouru une centaine de mètres depuis le tableau à la poire chatouilleuse, une silhouette apparut brusquement d’un minuscule couloir latéral et leur barra le chemin.

-Mais c’est ce très cher Dmitriev junior. Alors ma belle, on est insomniaque ? Ohh mais c’est que tu n’es pas seule, en plus. Il te serait soudainement poussé une paire de ...
-Ta gueule Willson !

Vraiment mais quelle foutue malchance ! De tous les gens sur qui ils auraient pu tomber, il fallait que ce soit un des crétins de la bande à son frère. Il le sentait vraiment mal là ! Non parce que, bien que fermer le clapet de cet idiot de Willson ait été jouissif sur le moment, maintenant que le septième année le regardait absolument ahuri que le gamin qui n’ouvrait jamais la bouche en présence de son frère l’ait directement insulté, il se dit que finalement il aurait peut-être mieux fait de passer en silence comme à son habitude. Parce qu’une fois que l’adolescent se serait remis du choc, Nikolaï était sûr qu’il n’allait pas laisser une telle insolence impunie. Quoique si jamais il lui promettait de ne rien raconter à Alekseï et les autres, peut-être que lui et Pernelle pouvaient encore s’en sortir indemnes, non ? Parce que ça c’était autre chose : aujourd’hui il n’était pas seul. Se faire chahuter passe encore, mais il ne pouvait pas impliquer la petite albinos dans ses problèmes. Surtout que si Willson qui était un tas d’hormones sur pattes la voyait dans sa chemise de nuit, ça pouvait très TRES mal finir ! Encore heureux qu’elle ne portait pas son blason, sinon ils auraient définitivement été dans la merde.

Franchement c’était à se demander s’il n’était pas un aimant à problèmes parfois. Dès que quelque chose allait un peu mieux dans sa vie, paf une emmerde arrivait. Il allait devoir patenter ce phénomène : la loi Nikolaï « quand vous croyiez que tout va mieux, c’est justement à ce moment que vous tombez le nez dans la bouse de dragon ».

Nikolaï sentit tous ses muscles se contracter, prêts à fonctionner au maximum de leur puissance le moment venu, tandis qu’il tentait de donner l’impression que la situation ne l’affectait nullement. Ses yeux ne quittaient pas le visage porcin de Willson pour être prêt à réagir au quart de tour lorsque le septième année entamerait son attaque. Il remarqua amèrement à quel point le moment avait un arrière-goût de déjà-vu : combien de fois s’était-il retrouvé dans une position similaire, coincé dans un quelconque recoin du manoir familial par un Alekseï en mal d’émotions fortes ? Cependant, s’il regardait les choses du bon côté, cet entraînement involontaire lui donnait un avantage non négligeable. En effet, Willson avait beau être plus imposant qu’Alekseï (mais Niko savait que son frère n’avait que du muscle sous son tee-shirt alors que le mastodonte présentement en face de lui avait une belle couche de graisse entre les deux qui le ralentirait certainement), il était nettement plus limité mentalement. L’aîné Dmitriev connaissait son cadet comme personne et, même s’il le méprisait profondément, jamais il ne ferait l’erreur de le sous-estimer alors que Willson devait être certain de pouvoir se payer une bonne partie de rigolade à peu de frais. Il allait bien vite se rendre compte à ses dépens que le jeune Russe avait plus d’un tour dans son sac lorsqu’il s’agissait d’échapper à une bonne dérouillée.

Néanmoins, Nikolaï n’avait pas oublié que cette fois-ci il devait prendre compte une nouvelle inconnue dans l’équation, à savoir : Pernelle. La gamine devait très certainement être terrifiée et elle ne saurait probablement pas comment réagir ; en un mot comme en cent, elle allait être un boulet accroché à son pied. Il fallait qu’il s’assure qu’elle reste bien derrière lui, loin du combat, c’était la seule façon qu’ils avaient tous deux de s’en sortir plus ou moins indemnes. Parce que s'il devait s'assurer constamment de si elle était en sécurité, il ne serait pas concentré et se ferait laminer. Cependant, il ne savait pas comment lui faire comprendre qu’il avait besoin qu’elle reste en dehors et ne réponde surtout pas aux provocations. En effet, il ne voulait pas quitter des yeux un seul instant Willson, de peur que ce dernier en profite pour attaquer à l’improviste, mais il ne voulait pas non plus donner son ordre à voix haute car, dans ce cas, le septième année en profiterait sûrement pour reporter son attention sur le maillon faible du groupe, à savoir la griffonne. Mais finalement, son problème se résolut de lui-même.

-Tu vois, tout le monde t'abandonne... Tu n'as pas d'amis, elle profitait de toi !

Alléluia ! Pernelle avait pris ses jambes à son coup, bénie soit cette fille. C’était de très loin, la meilleure chose qu’elle pouvait faire. Il s’en sortirait très bien sans elle ... enfin pas sûr mais au moins s’il se faisait refaire le portrait, il n’aurait pas en plus à culpabiliser parce qu’il aurait impliqué une innocente dans ses emmerdes.

Son absence de réaction à l’écoute de la provocation sembla énerver Willson, apparemment il s’attendait à ce que sa nouvelle victime se mette à chialer comme une gamine – comme si un Dmitriev s’abaisserait à faire ainsi montre de ses émotions devant un étranger !- il en rajouta donc une couche.

-Bah alors t’as tellement la trouille que t’es plus capable d’en aligner deux Dmitriev. C’est pas étonnant que ton vieux préfère Alekseï. Entre vous deux, ya juste pas photo

L'adolescent sentit une brusque bouffée de colère lui réchauffer le visage. De quel droit ce gorille sans cervelle se permettait-il d’évoquer ainsi son père ?! Il n’avait absolument aucune idée de ce qu’il fallait faire pour satisfaire Mikhaïl ! Est-ce qu’on avait lui avait jamais fourré une bouteille de vodka dans les mains à tout juste 6 ans en lui disant que pour être un homme il fallait la boire cul sec ? Est-ce qu’il portait le blason de sa famille tatoué sur l’omoplate pour ne jamais oublier d’où il venait ? Est-ce que son père à lui avait pour habitude de se prendre des mines mémorables avant d’appeler ses fils et de se défouler sur eux ? Non à coup sûr, alors qu’il ferme sa grande gueule ! Le Vert-et-Argent sentait la frustration faire trembler tout son corps et sa main se porta naturellement à sa baguette qui reposait tranquillement dans la poche droite de son uniforme. C’est alors qu’un évènement imprévu se déclencha. Brusquement, sans prévenir, Willson se mit à tanguer tandis que se mains se portaient à sa gorge pour se débarrasser de quelque chose qui semblait tenter de l’étrangler.

Nikolaï observait la scène ahuri. Il reconnut la crinière argentée de Pernelle qui pendait sur un côté du torse du septième année et se dit que la gamine n’était pas seulement muette et albinos, mais qu'elle devait aussi avoir une case en moins ! Qu’est-ce qui lui avait pris de revenir comme ça ? En même temps, elle faisait partie de la maison des Lions, alors elle devait probablement avoir sa dose d’idées suicidaires bien rangée quelque part dans sa jeune cervelle. Quoiqu’il en soit, ce n’était ni le lieu ni le moment de se mettre à délibérer sur la santé mentale de la gamine, il fallait qu’il profite de l’occasion qu’elle lui avait fourni pour attaquer leur ennemi commun, et ce avant que Willson ne réussisse à se débarrasser d’elle. En effet, il s’approchait dangereusement du mur, avec apparemment l’idée d’écraser la fluette Pernelle de tout son poids contre le froid mur des Cachots. Il se reprit donc et, se concentrant sur la haine et le dégoût que lui inspirait le septième année, il prononça d’une voix glaciale et déterminée :

-Furunculus.

Il avait appris ce sort peu de temps avant en cours de Duel. Le prof avait bien précisé qu’il s’agissait d’un sort très utile pour handicaper son adversaire car les furoncles qui pullulaient soudain sur le corps de la victime du sort bien qu’ils ne soient pas extrêmement douloureux étaient une gêne notable et surtout grattaient horriblement. Il précisa donc ensuite :

-Descends Pernelle, ça va très vite devenir désagréable de s’accrocher à lui.

C’est avec un plaisir sadique non dissimulé que Nikolaï vit l’effet de son sort commencer à prendre forme sur le gigantesque corps de Willson. Le septième année portait un simple tee-shirt et bientôt la partie de ses bras à l’air libre ainsi que son visage furent recouverts de pustules des plus désagréables à regarder. Le tee-shirt moulant laissait d’ailleurs voir que ce phénomène ne se limitait pas à la peau découverte mais prenait place sur l’intégralité du corps du géant. Le garçon se mit à gémir de façon assez pathétique pour un garçon de son âge et de sa taille avouons-le, mais Nikolaï exultait à cette vue. A vrai dire, il était tellement fier d’être la cause de la position actuelle du chien de garde de son frère qu’il n’avait même pas remarqué l’arrivée d’un nouveau joyeux luron venu se joindre à leur petite fête nocturne. Lorsqu’il avait entendu la remarque de Willson sur la cage aux folles, il avait cru qu’il faisait référence à l’attitude pour le moins déconcertante et sauvage de Pernelle, mais quand il entendit une voix inconnue lui répondre « Et tu n'as pas pensé que les "folles" savent aussi voir et se défendre ? Je te conseille d'arrêter là avant d'aggraver ton cas... », il comprit que l’exclamation du Vert-et-Argent était dû à l’entrée en jeu d’Alix Ylian. Et merde ! Voilà qu’un préfet se pointait dans leur histoire maintenant, quand je vous disais qu’il était un aimant à problèmes : comme si un septième année voulant sa peau n’était pas suffisant, il fallait aussi qu’un préfet s’en mêle, à ce rythme, il était bon pour être collé jusqu’à la fin de l’année scolaire !

Mais, à sa grande surprise, les choses ne se passèrent pas du tout comme prévu. Lui qui avait cru que maintenant qu’une figure d’autorité était apparue, les baguettes allaient être rangées pour laisser place aux explications, il fut bien vite détrompé. Willson ne sembla pas considérer acceptable l’idée de se faire dicter quoi faire par un cinquième année et, probablement déjà bien énervé par le sort de Nikolaï, péta une durine après avoir entendu la menace à peine voilée d’Alix. Il commença alors à jeter des sorts à tort et à travers et, sous les yeux éberlués de Nikolaï, un duel prit place entre ses deux camarades de maison. A Durmstang, il avait déjà entendu parler de duels nocturnes entre élèves plus âgés, mais aucune histoire n’incluait d’étudiants chargés de l’autorité préfectorale : décidément Poudlard était un lieu bien étrange. Lui qui pensait s’y être finalement habitué continuait d’être perpétuellement étonné. Non mais franchement, dans quel monde un sorcier foutait une claque à un adversaire de Duel ? Certainement pas dans le sien. D’ailleurs, il aurait bien voulu savoir ce que McCarter aurait eu à dire de cette peu conventionnelle méthode : l’aurait-il méprisé ou bien aurait-il dit que toute action est bonne à prendre si elle assure la victoire ? Probablement la deuxième solution le connaissant. Mais, Nikolaï laissa rapidement ces pensées de côté pour deux raisons : d’abord, il ne trouvait pas sain de penser au professeur McCarter, il avait beau apprécier raisonnablement le type, il était suffisamment lucide pour savoir que l’homme était loin d’être un modèle à suivre ; et, deuxièmement, Alix, ayant fini par stupéfixier Willson, s’était retourné vers lui et Pernelle exigeant une explication à leur présence en ces lieux à cette heure tardive.

Nikolaï sentit une sueur froide lui parcourir l’échine tandis qu’il se mettait à imaginer toute sorte d’excuse valable à leur présence dans les couloirs si tard. En effet, déjà qu’il n’était pas permis d’aller se restaurer aux Cuisines en pleine nuit, actuellement ils étaient partis pour se rendre dans les Serres et étaient donc loin du chemin menant aux dortoirs des Serpentards, par conséquent il ne pouvait pas dire qu’ils étaient en train de rentrer après un petit creux. Et puis, il y avait la question de pourquoi il avait attaqué Willson, parce qu’Alix l’avait obligatoirement vu jeter son sort, sans compter la fameuse question : qu’est-ce qu’un Serpent et une Lionne foutaient ensemble ? Non parce que le préfet allait bien finir par se rendre compte, à un moment ou un autre, que Pernelle n’appartenait pas aux Vert-et-Argent. Ahh, tant de questions et si peu de réponses valables.

-Nikolaï ?

Génial, et en plus il connaissait son prénom ! Lui qui pensait être passé sous le radar des figures d’autorité jusqu’alors, voilà qui le détrompait lourdement. Il resta silencieux quelques secondes, retournant les différentes possibilités de s’en sortir avec le moins de casse possible dans sa tête, puis jeta un rapide coup d’œil à Pernelle qui observait le fameux préfet/préfète avec un mélange d’émotions qu’il n’arrivait pas bien à déchiffrer, trop occupé à éviter de se faire trop sévèrement punir. Non parce que quelque soit la punition ça allait mal finir pour son matricule. Si jamais sa maison perdait des points à cause de lui -car il était certain que Willson s’arrangerait pour que tout le monde avale sa vision à lui de l’histoire- alors qu’ils étaient en pleine compétition pour le titre de champions contre les Rouge-et-Or, ses condisciples le lui feraient payer d’une façon ou d’une autre. Et si jamais il s’en tirait juste avec quelques heures de retenue, une note serait envoyée à ses parents et là, eh bien disons qu’il serait vraiment foutu : il préférait ne même pas imaginer ce que son père lui ferait s’il venait à apprendre qu’il s’était battu contre un garçon de sa propre maison, ami d’Alekseï qui plus est ! Autant commander son cercueil à l’avance, ça éviterait bien des tracas à sa mère. Lui, mélodramatique ? Malheureusement, juste un peu.

Ainsi, après avoir bien retourné le problème dans tous les sens, il décida que, une fois n’est pas coutume, il risquait moins gros à raconter la vérité à son préfet qu’à lui raconter un mensonge dans lequel il risquait de finir par s’empêtrer, à force de devoir rajouter des détails pour le rendre plus crédible.

-J’avais faim, alors j’suis sorti pour aller demander quelque chose aux elfes de maison aux Cuisines. C’est là que j’ai rencontré Pernelle, elle était là pour la même raison. Elle est à Gryffondor en première année, elle peut pas parler, c’pour ça qu’elle répond pas, pas pour une autre raison tordue. On s’est bien entendu et, une fois qu’on a fini de dîner, elle a voulu qu’on aille faire que’que chose d’autre alors j’ai proposé d’aller faire un tour dans les serres. Mais c’est là qu’on est tombé sur Willson, or disons pour résumer les choses qu’on a un petit différent en cours et donc il a commencé à nous embêter. Il a dit un truc qui m’a énervé et j’ai pété un câble. Bref, je sais c’que tu vas dire qu’on aurait jamais dû faire tout ça, que c’est honteux, qu’on devrait apprendre à se contrôler et que moi, qui suis le plus âgé j’aurais dû refuser la proposition de Pernelle au lieu de l’encourager et bla et bla et bla. Mais j’y peux rien, c’est fait alors si tu vas nous punir sache juste que c’est moi le plus fautif des deux et de loin, alors voilà enlève les points que tu veux et fiches nous en retenue, j’m’en fiche, si c’était à r’faire, j’ressortirais et j’remettrais cet idiot à sa place.

Il désigna Willson du doigt avec une moue franchement énervée, puis il planta son regard droit dans celui du cinquième année. Il ne savait pas d’où lui était venu le courage de dire tout ça, mais malgré la petite voix qui lui disait que parler sur ce ton à un préfet, qui, en plus, avait pris leur défense contre Willson, était loin d’être une brillante idée, il ne pouvait se résigner à se repentir de ce qu’il avait fait. Il avait passé une très bonne soirée et ce qu’il venait d’affirmer était vrai : s’il fallait recommencer, il n’en changerait pas une seconde. Pour la première fois de sa vie, il avait tenu tête à quelqu’un et ça ne lui était pas totalement retombé dessus, alors mine de rien, il y avait pris goût. Restait à voir comment Ylian allait réagir, après tout, un gosse de douze ans qui se prend soudainement pour un rebelle ça peut en énerver plus d’un, et ce à juste titre.

Depuis que Pernelle avait lâché le gros garçon, beaucoup de choses s'étaient produites et la gosse était restée planquée derrière Niko pendant tout ce temps. Au début elle avait pensé que la brindille qui leur servait de préfète... Pardon de préfet allait se faire littéralement massacrer mais non, il utilisa une superbe attaque baffe, encore mieux que les pokémons qu'elle connaissait vu qu'elle évoluait du côté moldu comme du côté sorcier puis il acheva l'ennemi d'un bon coup de genoux dans les... Dans les... Bref dans un certain lieu particulièrement sensible des garçons que sa mère lui interdirait d'écrire ici. La gamine suivit ensuite le petit sermon qui ne fut heureusement pas si violent que ça, en effet Alix semblait même adhérer à leur idée, il essayait de le cacher mais était bel et bien de leur côté. Pour la première fois depuis l'aventure la lionçonne eut un sourire, elle leva haut le pouce, fixant les yeux dorés du mannequin de ses prunelles rouges d’obsidienne

*t'es Une super préfète!*

Heureusement qu'elle ne pouvait pas parler d'ailleurs parce qu'elle avait visiblement oublié l'information principale et trompeuse concernant le Vert et Argent, qui sait comment celui-ci l'aurait prit si Pernelle l'avait ostensiblement traité de préfète. Super ok mais préfète avec un e quand même. Puis la gosse se tourna vers Niko qui l'avait protégé lorsqu'il avait parlé à Alix, courageux et même insolent face à ce grand... Comme il l'avait été face à leur ennemi commun en lui jetant un sortilège de furoncles. La fillette lui sauta au cou par derrière, lui plaquant un gros bisou sur la joue -mais pas baveux hein^^- pour remercier son héros avant de lui prendre la main, prête à suivre Alix. Sa minuscule menotte se glissant dans les doigts du Serpentard signifiaient qu'elle lui accordait désormais sa confiance et le rôle d'ami. Certes ils s'étaient peu vu mais les enfants de 11 ans ont tendance à vite faire des autres leurs amis, surtout si comme Pernelle ils n'avaient jamais vraiment connu d'autres enfants que leur frère avant. Et puis avec toutes leurs aventures, ils s'étaient vite rapprochés aussi. N'est-ce pas?

Le fléreur sauta sur son épaule, plaquant les oreilles pour la forme lorsque le métisse le regarda mais sans feuler car visiblement ce bipède à la peau couleur chocolat au lait était de leur côté puis il observa Niko avec un peu moins d'agressivité, se contentant d'afficher un air royal et indifférent. C'était sa manière à lui de dire qu'il avait également confiance et ne se préoccuperait pas plus de sa personne, le laissant agir avec sa maîtresse sans penser à mal. Mais ce n'était pas pour ça que le petit félin lui accordait son amitié... C'était une tête de mule ce fléreur et il en était fier visiblement.

La Gryffondor haussa les épaules à la proposition d'Alix et regarda Niko, l'air de lui demander son avis à lui. Elle lui faisait confiance, c'était à lui de voir mais pour sa part pourquoi pas. Elle préférait être seule avec son nouvel ami parce qu'en général une conversation entre deux autres personnes l'excluait presque automatiquement mais bon, la "préfète" n'était pas méchante, en effet c'était la petite blonde qu'il fallait craindre! Elle ou pire encore Rusard et son horrible chatte... Et pourtant elle aimait les animaux Pernelle, c'était vraiment l'animal qui semblait être démoniaque.

Quand Alix mit en doute sa capacité à se débarrasser par ses propres moyens de Willson, Nikolaï lui lança un regard peu amène. Il avait beau savoir que le préfet avait raison, il n’appréciait pas particulièrement qu’on lui rappelle sa faible force physique et ses lacunes en maîtrise de la magie. Il resta néanmoins silencieux, considérant qu’il avait déjà assez tenté sa chance en provoquant ouvertement le cinquième année. Il faut croire que c’était le bon choix car Alix choisit d’outrepasser leur légère entorse au règlement en commémoration de ses propres aventures passées. Niko remercia tous les Dieux qu’il connaissait et les autres aussi d’être tombé sur lui et pas sur Dawster. Il adressa également un minuscule sourire de remerciement à son aîné. Il n’était pas encore très à l’aise avec les figures d’autorité, surtout lorsque celles-ci se montraient sympathiques, mais il voulait montrer à Alix que son geste de bienveillance était apprécié à sa juste valeur.

Il eut d’ailleurs l’occasion de le faire lorsqu’Alix réveilla Willson. Tout d’abord, il ne comprit pas pourquoi Alix leur lançait un clin d’œil mais lorsque l’adolescent commença à leur passer un pseudo-savon, il capta immédiatement. Il rentra donc dans le jeu pour donner le change à Willson et ne pas abandonner Alix qui avait pris leur défense jusqu'alors. Le regard supérieur et le sourire narquois que le septième année lui lança furent difficiles à avaler sans broncher mais mieux valait donner l’impression au lourdaud qu’il avait le contrôle de la situation. Il regarda donc ses pieds d’un air rageur et piteux à la fois, faisant semblant de vouloir lever les yeux de temps à autres pour les rebaisser immédiatement, comme s’il n’osait pas aller jusqu’au bout de son geste de défi. Il alla même jusqu’à serrer les poings avec énervement à l’écoute de sa « sentence » et jeta un regard furieux à Willson, totalement véridique celui-ci. Intérieurement, il jubilait : l’autre gros crétin se tapait une retenue tandis que lui et Pernelle s’en tirait avec un simple avertissement oral, la vie pouvait parfois être juste.

Il attendit ensuite que le septième année disparaisse en direction de la salle commune des Serpents les yeux toujours rivés au sol, puis lorsqu’Alix reprit la parole il redressa la tête. Il écouta les conseils du préfet et considéra qu’il était effectivement plus prudent de rentrer chacun dans son dortoir avant de tomber sur une personne un peu moins compréhensive qu’Alix. Il s’apprêtait donc à se retourner vers Pernelle pour tenter de la convaincre du bien-fondé de cette idée lorsqu’un poids inattendu lui tomba sur les épaules. Il plia légèrement les genoux sous le choc mais resta debout. Toujours en train d’essayer de comprendre le déroulement des évènements, il ressentit le toucher de petites lèvres sur sa joue droite. Il comprit alors que c’était la façon qu’avait Pernelle de le remercier de son comportement. Une fois de plus, totalement confus face ce genre de débordements affectifs -surtout qu’il n’avait pas vraiment réfléchi lorsqu’il avait pris la défense de la lionçonne- il se mit à rougir violemment. Il se remit donc brusquement à fixer le sol pour éviter qu’Alix ne remarque son comportement honteux.

Se calmer ne fut pas évident, surtout que Pernelle considéra de bon ton de lui prendre la main une fois qu’elle fut redescendue de son dos. Il prit donc un certain temps pour permettre à son cœur de reprendre un rythme normal, puis après avoir vérifié d’un regard –encore légèrement gêné- que Pernelle lui laissait l’initiative de répondre à Alix, il reprit la parole, les joues encore légèrement rosées tant par la situation que par son comportement précédent vis-à-vis du préfet.

-Oui, je pense qu’on devrait plus trop s’attarder ici.

Il fit une pause, cherchant les mots justes pour continuer.

-Je veux bien que tu nous accompagnes, ça nous évitera plus d’ennuis. On n’a qu’à passer d’abord par notre salle commune vu qu’on est à côté et ensuite, si ça ne te dérange pas, tu pourras raccompagner Pernelle jusqu’à son dortoir ? Vu comment elle est habillée, je le sens pas trop qu’elle se balade toute seule à c’te heure-ci.

Il rougit une fois de plus, maudissant intérieurement sa pâleur naturelle qui rendait si visible ses rougissements.

-Et puis, je vois mal ce qu’on pourrait raconter si jamais je vous accompagnais jusqu’à la Tour des Gryffondors et qu’on croisait quelqu’un.

Il fit une nouvelle pause, fixant pour la énième fois le bout de ses chaussures, puis rajouta, dans un murmura à peine audible, car c’était le maximum d’efforts qu’il pouvait faire à cet instant.

-Et merci pour tout, c’est super sympa de ta part.

Il se mit ensuite en marche immédiatement, entraînant Pernelle à sa suite pour éviter de s’attarder sur ses dernières paroles. Il prit la direction du dortoir des Vert-et-Argent, en se remémorant cette soirée pour le moins particulière. Il avait rencontré une fille des plus étranges, s’était battu avec un septième année et avait eu la chance de tomber sur un préfet sympa qui les avait sortis d’un très mauvais pas. L’ombre d’un sourire apparut sur ses fines lèvres. Puis, ils arrivèrent au croisement qui partait d’un côté vers la Salle Commune des Vipères et de l’autre vers le rez-de-chaussée. Il se rendit alors compte qu’il tenait toujours la main de Pernelle et la lâcha un peu précipitamment.

-Bah ... euh, rentre bien. Et ... à une prochaine. On s’verra sûrement en cours.

Il se sentait comme le dernier des crétins à dire des banalités pareilles, mais en même temps Pernelle n’était pas comme les autres filles qu’il avait rencontrées jusqu’alors et il ne savait pas trop par quel bout l aprendre. Il ne savait jamais comme elle allait réagir, elle faisait toujours un truc imprévu et le fait qu’elle ne puisse pas parler n’arrangeait pas ses affaires, car il ne savait jamais ce qu’elle pensait. Enfin, il avait bien ri en sa compagnie.

Il se tourna ensuite vers son préfet et fit un petit geste de la tête qui indiquait son remerciement pour tout ce qu’il avait fait jusqu’alors et le fait qu’il raccompagne Pernelle jusqu’à son dortoir en toute sécurité. Puis, une fois les aurevoirs complétés, il tourna les talons et s’engagea vers la tapisserie qui recelait l’entrée de la Salle Commune des Serpentards. Il se sentait soudain bien fatigué après toutes ses émotions, et fut bien content d’être sur le point de rejoindre son lit douillet.