Melancholia et rencontre matinale (pv) TERMINE

Le lendemain du cours de duel. Elle était encore éreintée, parcourue de bleus, et pourtant elle se prommenait à pied sur le parc de Poudlard à une heure bien précoce de la journée, bien avant l'heure du petit déjeuner, où l'aurore aux doigts de fée tissait à peine ses fils aux nuances multicolores annoncant l'arrivée prochaine du Jour et l'éclipse du royaume nocturne de la Lune. La rosée était encore perceptible et les lieux encore silencieux et déserts de tout élève : qui oserait se lever à une heure aussi matinale ? Akiko aurait aimé dormir plus longtemps, mais son esprit a refusé tout compromis : tant de choses parcouraient incessament sa petite tête de fillette de onze ans, et la petite Serdaigle n'arrivait plus à trouver le long et reposant sommeil pourtant si bénéfique aux études et à une bonne prise de notes aux cours...

Akiko leva ses yeux de perle grisée vers les cieux encore endormis, traversés par de larges et pesantes masses informes et d'un gris sombre, presque noir, et encore menacant : une mauvaise journée qui s'annonçait donc. Elle soupira légèrement tout en les contemplant, une seule question dans sa tête, dominant toutes les autres :

"Ai-je vraiment ma place ici ? Je ne sais pas bien maitriser ma baguette, et les autres se moquent de moi... pourtant ils ne savent rien de ce que j'endure ! Et moi j'ignore tout du sombre passé de l'école... même dans le livre de Rupert cela n'est pas indiqué... que devrais-je faire ? Rentrer en France, chez les moldus, et tout laisser tomber ? Rester ici, supporter l'été avec mon lâche père, les railleries des autres... et poursuivre ? Je ne sais pas... je ne sais pas où est ma place... je me sens... comme une apatride... même Salem n'arrive pas à me réconforter..."

Elle reprit ensuite sa marche distraite en s'imaginant la face noire de son félin préféré et ses yeux d'or scintillants, sa chaleur, sa souplesse... heureusement que Salem était là ! Pour se distraire l'esprit, elle sortit de sa besace "L'histoire de Poudlard" en format poche offert par Rupert lors du bal de cette année et ouvrit au hasard un chapitre : il concernait la fondation de l'école par les légendaires maitres de maison... mais perdue dans ses pensées, elle se détachait du monde réel tout en continuant de marcher sans but...

Le parc, encore plongé dans la brume et la fraîcheur du matin, était silencieux, si l’on exceptait de compter le chant d’un oiseau qui se faisait entendre dans la forêt ou le bruit du calamar géant qui sortait de temps en temps un tentacule visqueux hors de l’eau. Cependant, il semblait que l’école de Poudlard ne soit peuplée, aux yeux de William Mc Carter, que de gens, élèves comme professeurs, qui ne savaient pas passer une seule seconde à méditer et à utiliser le parc à cet effet. Celui-ci, en effet, venait d’ouvrir la grande porte et se dirigeait d’un pas nonchalant dans le parc.

Il avait pris, précaution élémentaire, une légère cape pour se protéger des méfaits que pourrait lui causer ce froid d’aurore. A part cette cape d’un vert profond, il avait mis ses bottes qu’il avait tenté de faire nettoyer par cette chère Lilou Deprunay quelques jours plus tôt, surmontée d’un pantalon de tissu ferme mais confortable, qui lui servait d’ordinaire pour les longs voyages. Néanmoins, il était suffisamment élégant car de couleur noire absolu, effet qui était renforcé qu’il avait jeté un sort à son vêtement pour éviter qu’il ne prenne la moindre souillure, un peu comme les armures des gobelins. Pour le reste, il était habillé d’une chemise blanche qui amenait un peu de fraîcheur à l’aspect général avec, par dessus, une veste qui oscillait dans des tons verts et noirs.

Ses longs cheveux n’étaient pas couverts mais simplement ramenés en un catogan qui le rajeunissait. Malgré cela, signe d’une cinquantaine en vue d’une soixantaine et des douleurs dues à sa vie d’escorteur et de convoyeur de trésor pour Gringotts contre lesquelles il luttait, il s’appuyait sur un grand bâton brun foncé de chêne sculpté de la base au sommet, semblable à un bâton de pèlerin, à la différence qu’il n’avait pas de coquille Saint-Jacques ou autre mais une extrémité en métal surmontée d’une ornementation d’argenterie.

Habitué à cette vie dure et active qu’il avait vécue durant plus de quinze ans, ainsi que celle d’auror qui n’était pas de tout repos, il avait pris cette habitude de se lever tôt et de n’avoir pas besoin de sommeil. Il lui était facile de se coucher tous les jours à une heure du matin et de se lever à six ou sept heures durant une longue durée sans ressentir les effets de la fatigue. Mais comme pour le reste, cette capacité diminuait et il pouvait constater que sur le plan physique, il diminuait. En revanche, il profitait d’une vie de professeur, d’options qui plus était, pour accroître son savoir et participer activement à la réflexion intellectuelle qui agitait le monde magique. S’il perdait sur un plan, il gagnait sur l’autre et cette vie plus ou moins rangée lui conférait l’avantage de pouvoir jouir et profiter des revenus accumulés au cours de sa vie qui ne lui apportaient pas tellement de choses en voyage. Signe d’ailleurs de cette vie d’oiseau migrateur, il portait un bracelet africain aux vertus magiques ramené d’une tribu au cœur de l’Afrique, entre les girafes et les baobabs.

Ce matin, son esprit avait clairement pris la direction, comme souvent, du cours de duel. Les vagabondages concernant l’avenir du monde magique ne le préoccupaient pas beaucoup ce matin. Il avait clairement remarqué que Poudlard était une sorte d’îlot protégé des troubles de la politique du ministère de la magie qui se centrait plus sur son univers. Il ressentait les bénéfices de cette vie estudiantine et se sentait rajeunir. Pas de doute, la jeunesse entretien la jeunesse…

Il passa à côté d’un tilleul puis longea une série de buissons d’aubépine. Un hiboux, messager du bonheur ou du malheur, de la haine ou du l’amour, de la joie ou de la colère, passa dans le ciel et il leva les yeux. A propos du cours de duel, il remarqua la présence de miss Velon, Akiko du nom. C’était singulier. Cela lui semblait étrange qu’un élève sorte si tôt. Il se remémora que les premières années n’avaient pas cours avant dix heures du matin, ce qui était encore plus troublant. A moins que l’étudiante ne désire faire un devoir, elle n’avait pas de raison de se lever à cette heure matinale. Il remarqua qu’elle avait l’air soucieuse. Il décida d’essayer de voir s’il pouvait en savoir plus sur le mal qui la rongeait en cours. Il bifurqua et s’avança d’un pas rapide vers la jeune élève, s’appuyant sur son bâton.

Arrivé près d’elle, il la vit lever les yeux vers lui. Il s’accorda quelques secondes avant de commencer à parler.

- Bonjour, miss Velon, comment allez-vous ?

Et après quelques instants, il ajouta.

- C’est pour le moins inhabituel de voir des élèves seuls à cette heure-ci dans le parc…

Akiko était totalement perdue dans d'obscurs songes quand une voix étrangère l'ammena de force à quitter ses sombres réflexions déprimées et découragées. Ses yeux d'argent, auparavant d'un gris terne, reprirent un peu plus d'éclat, montrant que cette vois elle était bien attentive à son environnement, dans son chaud manteau de mi-saison, une écharpe aux couleurs bleues et bronzes de la maison de Rowena Serdaigle, celle sur laquelle elle s'était arrêtée dans la lecture de son livre de poche magique offert par Rupert, un si gentil gryffondor avec qui elle s'était sentie très proche et qui lui avait rendu du courage et de l'envie de se battre au pire des moments, avant l'arrivée des nouveaux enseignants, alors qu'elle avait osé bravé l'interdit d'aller dans la Forêt Interdite, et où elle avait rencontré le Sombral qu'elle revenait voir parfois à l'orée des bois, dont la présence macabre la rassurait étrangement. Donc elle sursauta légèrement et tourna de quelque peu sa fine tête angélique pour découvrir son professeur de duel justement, qui venait de lui dire :

- "Bonjour, miss Velon, comment allez-vous ?"

Ouah, elle ne s'attendait certainement pas à rencontrer un professeur de si bonne heure, surtout dans le parc, encore si c'était dans les couloirs du château de l'école magique, ok, mais là... sans ranger son livre sur "L'histoire de Poudlard" qu'elle tenait dans une seule de ses petites mains de jeune demoiselle de onze ans, ses yeux d'argent dévisagèrent sans animosité l'apparence de son professeur, et son regard acéré nota quelques détails : un il n'était pas habillé comme la dernière fois, ni coiffé pareil, ce qui donnait une impression de jeunesse trahie par la présence du bâton sur lequel il s'appuyait par moment. Un homme d'expérience et de pouvoir assez conséquent, marqué par l'expérience sans nul doute. Le regard d'argent revint ensuite se poser vers le visage de son enseignant, sans le regarder dans les yeux, assez timide et réservée, et elle répondit d'une voix douce et claire comme de l'eau limpide :

- "Bon... Bonjour porfesseur Mac Carter ! Veuillez pardonner ma surprise, c'est que je ne m'attendais pas à rencontrer quelqu'un à une heure si précoce de la journée... sinon je vais bien... du moins à peu près bien, pour être honnête... je.... je réfléchissais... ce lieu a quelque chose d'apaisant à ces heures ci... ca me rappelle un peu ma région natale..."

Elle était un peu plus rassurée du fait que les marques inscrites dans sa peau de l'étranglement et la presque mort qu'elle avait subie en Septembre par sa propre mère en crise d"hystérie étaient invisibles, cachée sous son écharpe d'aiglonne, mais des fois elle ressentait encore la pression sur sa gorge, suffocante, des délicats doigts meurtriers et du manque d'oxygène. Si bien que maintenant elle avait une interdiction formelle de rendre visite à sa mère toujours dans un état psychologique inquiètant après une attaque des mangemorts dans sa terre française, et cela la déprimait beaucoup. Mais elle essayait toujours de le masquer avec ce masque de calme imperturbable sur son visage... la voix de son professeur la fit revenir à elle dans un léger sursaut de sa part à elle :

- " C’est pour le moins inhabituel de voir des élèves seuls à cette heure-ci dans le parc…"

Akiko eut un très mince sourire sur son visage et un rire trop léger pour être totalement du rire aux propos de son professeur de duel, la petite première année gardait toujours son teint pâle et ses secrets au fond d'elle, bien que cela ne soit pas du tout bon pour ellen et elle répondit après un petit moment d'interrogation quand à ce qu'elle allait répondre :

- "Je... je suis assez solitaire de nature, vous savez... je n'ai que quelques amis d'années supérieures et d'autres maisons que la mienne... et puis je n'arrive pas très bien à dormir ces derniers temps (depuis le début de l'année en fait) donc je viens réfléchir ici au lieu de tourner en rond dans la salle commune... je suis assez surprise de croiser de croiser quelqu'un ce matin, souvent il n'y a personne avant dix heures du moins."

Mc Carter écouta et nota systématiquement dans son esprit tous les indices et informations qu’il pouvait recueillir et qui étaient d’un intérêt. Après cela, il rentrerait dans son bureau et remplirait son cahier des notes qu’il aurait captées. C’était une vieille technique bien utile qui lui permettait de retrouver les informations sur les gens pour les mettre en relations avec des faits qui suivraient. Il pratiquait cela depuis longtemps et il était forcé de faire cela par écrit, n’ayant pas de pensine. Cependant, cette technique avait son intérêt. Il était facile de transporter un cahier, alors que transporter un vieux bac en pierre, ce n’aurait pas été possible. Il avait déjà quelques renseignements bien utiles concernant certains de ces élèves. D’ordinaire, il ne prenait des notes que sur ses potentiels ennemis afin de mieux pouvoir les frapper quand le moment se présentait mais, depuis qu’il était arrivé à Poudlard, il en prenait sur tous ses élèves, pour éviter de commettre des fautes de tact (ou le cas échéant, mieux les attaquer).

Il nota plusieurs choses qui furent difficilement liables entre elles mais qui pouvaient apporter des éléments de réponse. Elle ne le regarda pas dans les yeux, cela renforçait son impression de timidité ou de protection de soi. « A peu près bien », elle avouait donc à moitié qu’elle avait quelques soucis mais refusait d’en dire plus… « Quelque chose d’apaisant », un nouveau signe de problèmes ou de besoin de se recentrer, cela, il connaissait. Ainsi, elle avait des amis d’années supérieures ; cela pouvait peut-être s’expliquer par une plus grande maturité qui pouvait, en ce cas, être déterminée par des événements vécus. « Je n’arrive pas à dormir », il en était absolument sûr, désormais ; elle rencontrait des problèmes plus ou moins récents qui lui posaient des problèmes. Peut-être la mort d’un proche durant la lutte contre Celui-Dont-On-Ne-doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, des problèmes familiaux, des problèmes d’intégration à Poudlard voire des difficultés à l’école ce qui était quand même hautement improbable à partir du moment où elle était à serdaigle et qu’il avait vu son duel se dérouler d’une manière brillante.

Maintenant la balle était dans son camp. S’il voulait découvrir ou du moins avoir des informations, il devrait être prudent ; elle n’allait pas livrer ses secrets à un professeur quasi inconnu. Il décida de commencer par la mettre en confiance puis de s’approcher petit à petit du sujet qui l’intéressait pour voir son attitude. Si jamais cela allait mal, il arrêterait et ferait une prochaine tentative une autre fois, il ne fallait pas se mettre à dos une élève qui n’avait pas de problème avec lui ou son cours.

- Vous avez bien raison de venir méditer ici. Les gens ne comprennent jamais assez l’intérêt de communier avec la nature, de la sentir vivre, pour pouvoir mieux vivre. Tenez, j’ai, durant des années, voyagé à travers le monde, des Balkans aux forêts de Sibérie, du désert à la forêt amazonienne et je peux vous affirmer qu’à chaque fois, je trouvais le moyen de méditer sur tout et rien à la fois, en oubliant tout, sauf la nature qui vous entoure. Déjà quand j’étais à Poudlard, combien de fois n’ai-je pas été pris à me balader dans le parc en pleine nuit, ou dans la bibliothèque, mais c’est une autre affaire. Je suis un serdaigle et je comprends l’amour des livres. Je ne pense pas me tromper en affirmant que le tiers de mes revenus passent dans l’achat de livres. C’est en partie pour cela que je suis revenu ici ; une immense bibliothèque à portée de main. Les livres sont les meilleurs amis que l’ont puisse trouver, comme disait un certain poète…

Il pensa que le moment était venu de repartir discrètement à l’attaque et changea de sujet.

- Mais bon, passons outre cette philosophie ! Vous disiez que vous aviez des problèmes de sommeil. Peut-être faudrait-il que vous alliez voir madame Pomfresh, elle aura sûrement un remède. Ou peut-être est-ce un problème psychologique ? Loin de moi l’idée de dire que vous êtes folle mais vous avez peut-être un problème de confiance en vous ou d’intégration. Si j’ai bien compris, vous êtes étrangère. Vous pourriez venir d’Asie si vous n’aviez pas un teint peu adapté… Enfin bon, en tout cas, sachez que je trouve que vous avez de grandes qualités magiques, vous êtes une bonne élève.

"Vous avez bien raison de venir méditer ici. Les gens ne comprennent jamais assez l’intérêt de communier avec la nature, de la sentir vivre, pour pouvoir mieux vivre. Tenez, j’ai, durant des années, voyagé à travers le monde, des Balkans aux forêts de Sibérie, du désert à la forêt amazonienne et je peux vous affirmer qu’à chaque fois, je trouvais le moyen de méditer sur tout et rien à la fois, en oubliant tout, sauf la nature qui vous entoure. Déjà quand j’étais à Poudlard, combien de fois n’ai-je pas été pris à me balader dans le parc en pleine nuit, ou dans la bibliothèque, mais c’est une autre affaire. Je suis un serdaigle et je comprends l’amour des livres. Je ne pense pas me tromper en affirmant que le tiers de mes revenus passent dans l’achat de livres. C’est en partie pour cela que je suis revenu ici ; une immense bibliothèque à portée de main. Les livres sont les meilleurs amis que l’ont puisse trouver, comme disait un certain poète…"

Akiko recula d'un pas, légèrement désarconnée par le fait de ne pas se faire gronder davantage, mais au contraire approuvée... elle releva ses yeux alors d'un argent terni de la poussière de sa souffrance interne pour oser regarder franchement son professeur de duel. Il... ressentait aussi les vertus apaisantes de la végétation aux alentours ? Il... il avait été un Serdaigle ? Comme elle, dans la maison de Rowena Serdaigle ? Le personnage la surprenait de plus en plus, semblait aussi insaisissable que poussière dans le vent ou gouttes d'eau dans la paume de la main... cette remarque allégea légèrement son humeur et la détendit quelque peu de sa méfiance naturelle et de sa prudence. Elle laissa un léger sourire percer son masque de calme et de neutralité revenu sur son visage avant de répondre paisiblement :

- "Je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point. Et vous avez donc bien été élève à Poudlard vous aussi...mais cela me rassure en me confirmant que l'Idéal de l'élève modèle n'existe nulle part et que nous pouvons tolérer en nous la présence de quelques défauts pour mieux les renverser avec le temps. La lecture est apaisante aussi, elle nous enrichit et nous détache de nos présents soucis l'espace de quelques précieux instants... Les livres sont nos meilleurs amis, surtout pour les âmes solitaires. Ils ne nous trompent jamais eux, et ne peuvent pas nous blesser par derrière."

Mais la première année était suffisament futée pour comprendre qu'une question dérangeante mais nécessaire succèderait à ces remarques, et elle se doutait que cela concernait les incidents en cours de duel... et peut-être que le professeur de Défense contre les Forces du Mal lui avait dit ce qu'il s'était passé avec l'épouvantard lors du premier cours...

"Mais bon, passons outre cette philosophie ! Vous disiez que vous aviez des problèmes de sommeil. Peut-être faudrait-il que vous alliez voir madame Pomfresh, elle aura sûrement un remède. Ou peut-être est-ce un problème psychologique ? Loin de moi l’idée de dire que vous êtes folle mais vous avez peut-être un problème de confiance en vous ou d’intégration. Si j’ai bien compris, vous êtes étrangère. Vous pourriez venir d’Asie si vous n’aviez pas un teint peu adapté… Enfin bon, en tout cas, sachez que je trouve que vous avez de grandes qualités magiques, vous êtes une bonne élève."

Akiko se rembrunit légèrement tout en frôlant inconsciemment son cou entouré par son écharpe bleue et bronze protectrice de son secret si douloureux et sinistrement emplit de souffrance. Puis elle baissa les yeux et reprit d'une voix plus basse et plus réservée, légèrement plus sombre sans être agressive pour autant :

- "Le seul remède qui pourra guérir mon mal sera le Temps... et l'oubli, bien que cela sera très difficile. J'ai honte de l'avouer, mais je pense à lutter contre ce mal. La douleur qui me tue est comme un poignard dans ma tête et mon coeur. Vous faites erreur, ce que vous citez, je l'endure sereinement. Peut-être que... non ma tête ne doit certainement plus tourner très rond depuis ces évènements..."

C'était un peu embarrassant d'en parler, et surtout cela ravivait le souvenir plus douloureusement encore, mais en parler avec Nikolaï avait déjà attendri un petit peu la souffrance, mais elle continua d'une voix douce tout en serrant vigoureusement son livre refermé contre elle, comme pour y chercher du soutien :

- "Je viens de France, monsieur, enfin ma mère était française et je suis née en France. Je vous remercie pour vos compliments mais... je sais que j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'avoir les forces nécessaires pour la v... pour empêcher que quelqu'un d'autre souffre du même problème."

Elle ne put que constater avec amertume face à sa propre faiblesse morale et face à sa propre peur :

- "Non... c'est à cause de sbires du mal et du chaos... que je souffre ainsi. J'ai failli rencontrer Thanatos en personne... ce cri perçant et débile, sans logique... dans ce lieu où se croisent mort et vie... par des mains partageant mon propre sang ... ces mains... devenues folles à cause de ces sbires. Et qui me rendent folle aussi..."

En s'exprimant par métonymies et par métaphores, la douleur et la sensation d'étranglement passé lui semblait plus supportable et moins sourde, moins prolongée, mettant à distance le souvenir.

Gagné ! Il avait réussi à lui arracher des bribes d’informations qui, certes, n’étaient pas des révélations claires mais qui pouvaient le faire progresser. Il jugea cependant que, au vu de la souffrance que ce souvenir lui causait, continuer sur sa lancée, aurait été une erreur stratégique. Malgré tout, il ne fallait pas négliger ce qu’elle venait de dire. Il résolut de tenter de jouer cela en finesse, chose qu’il n’était pas habitué à faire avec des paroles amicales.

Elle le vivait sereinement… Il n’en croyait pas un mot. Il y avait peut-être une erreur d’interprétation du mot chez l’un des deux. En tout cas, à voir son rythme cardiaque s’accélérer, ses attitudes en cours, elle ne le vivait ni tranquillement, ni paisiblement. En revanche, elle tentait de faire preuve de froideur. La suite de ses dires ne l’éclaira pas le moins du monde, mais l’embrouilla. Métaphore, métonymie et grandes envolées lyriques se décryptaient autrement plus difficilement que les hiéroglyphes pharaoniques.

Néanmoins, son discours embrouillé lui permit d’établir, si pas des certitudes, au moins des suppositions et il supputait qu’il ne réussirait pas à en savoir plus aujourd’hui. « Souffrir du même problème », voilà qui était étrange. Comment quelqu’un pourrait-il être accablé du même mal qu’elle, si c’était un souvenir ? Ou bien elle parlait de quelqu’un qui était en rapport avec ce souvenir ? Cela était plus vraisemblable. Il en était presque sûr.

Toujours des métaphores, mais pas incompréhensibles pour qui sait les analyser. « Les sbires du mal et du chaos », ce ne pouvait être que les mangemorts ; récemment, c’étaient les seuls humains à avoir ravagé le monde. Elle a failli mourir, ainsi, et par un membre de sa famille, qui plus est ! Mère, père, frère ou sœur ? Il tirerait cela au clair plus tard. « Des mains folles »… La folie, une notion abstraite, dont les gens aiment se servir pour blesser leur prochain en les appelant comme tel mais cependant tellement destructrice quand on sait ce que c’est… De toute évidence, cette enfant avait vécu des choses terribles. Combien de familles ravagées, d’amis séparés par la grande faux, les mangemorts avaient-ils abandonnés sur cette planète ? Et quand la prochaine viendrait, ce serait pire.

Un jour ou l’autre, un autre fou s’élèvera et il répandra à nouveau la désolation sur le monde. Mais, malgré la mort et les crimes, l’honneur, le savoir, le courage et l’espoir tiendront à nouveau la mort en échec et Thanatos sera chassé à nouveau et ce cycle continuera à jamais… Il eut un signe de la tête, comme voulant chasser, expulser ces pensées négatives. Cela ne se passerait pas sans mal. C’était pour cela qu’il était venu enseigner ; pour empêcher qu’un nouveau « Tu-Sais-Qui » n’apparaissent ou que la nouvelle génération soit capable d’endiguer cette menace. Se souvenant que l’étudiante était toujours en face de lui, il lui répondit d’un ton grave.

- Le temps apaisera la blessure, vous la fera oublier, mais ne la guérira pas. La plaie ne cicatrisera vraiment que lorsque vous aurez, je vais dire, fait votre deuil et alors seulement vous pourrez en tirer des avantages et gagner en force, tant intellectuelle que magique. Sinon, vous pourrez toujours être atteinte par ce souvenir et vous ne serez jamais réellement tranquille. Bien sûr, cela sera difficile et vous devrez vous faire aider de vos amis, toute seule vous ne serez pas assez forte. Mais quittons ces idées noires… Vous sentez-vous bien à Poudlard ? Vous arrivez à suivre ? Vous aimez l’Angleterre ? C’est vrai qu’il pleut beaucoup mais…

Il sembla à nouveau se perdre dans ses pensées, comme si à nouveau il ne maintenait plus le cap et que son esprit chavirait dans des nappes brumeuses parmi les méandres de son cerveau qui, à nouveau, prenait d’autres directions que la conversation…

"Le temps apaisera la blessure, vous la fera oublier, mais ne la guérira pas. La plaie ne cicatrisera vraiment que lorsque vous aurez, je vais dire, fait votre deuil et alors seulement vous pourrez en tirer des avantages et gagner en force, tant intellectuelle que magique. Sinon, vous pourrez toujours être atteinte par ce souvenir et vous ne serez jamais réellement tranquille. Bien sûr, cela sera difficile et vous devrez vous faire aider de vos amis, toute seule vous ne serez pas assez forte."

Akiko l'écouta certes avec douleur, mais aussi attention, car elle se doutait de la sagesse contenue derrière les mots. Sa blessure s'atténuera peut-être, mais ne se refermera jamais. Jamais elle ne s'oubliera. Jamais... une colère portée vers des personnes étrangères au dialogue s'illumina dans les yeux gris passant de l'argenté au gris terne, puis jusqu'à l'acier le plus acéré et le plus agressif et colérique, seul élément visible des émotions contenues derrière le masque de calme de la jeune première année des bleus et bronze. Elle murmura doucement en admettant à demi :

- "Je ne peux pas oublier... ce qu'ils lui ont fait, et fait faire ! Du moins tant que je ne serais pas assez forte pour dominer ma douleur... et non me faire dominer par elle. Du temps... beaucoup de temps. Mais n'est-ce pas le but de la vie que de dépasser les pièges qu'elle nous tend ? Ma mère me disait souvent cela... avant."

Elle étouffa un juron en français entre ses dents, le jugeant indécent à prononcer devant un professeur, puis inspira profondément en fermant les yeux un court instant pour reprendre totalement son calme, se concentrant sur la suite de la réponse du professeur de duel :

"Mais quittons ces idées noires… Vous sentez-vous bien à Poudlard ? Vous arrivez à suivre ? Vous aimez l’Angleterre ? C’est vrai qu’il pleut beaucoup mais…"

Akiko fut quelque peu surprise par le changement de sujet inespéré, et prit au vol la perche tendue pour contourner le sujet fort délicat sur lequel ils s'étaient engagés avant :

- "C'est une école très acceuillante, bien que cela ne soit pas facile tous les jours avec certaines personnes... mais heureusement il y en a d'autres qui me sont très chères ! J'arrive globalement à suivre en cours, sauf peut-être en histoire de la magie, mais j'avoue avoir quelques difficultés avec la pratique : je n'arrive pas à me concentrer comme il faut... et cela tourne toujours soit dans un échec total ou dans un surplus du sortilège, c'est frustrant..."

Elle laissa échapper un léger soupir de dépit avant de reprendre avec un léger sourire sur son visage :

- "C'est un bien beau pays en tout cas, auquel je vais devoir m'habituer au plus vite au vu de ma situation actuelle... j'ai encore quelques problèmes de langue et d'accent, mais je fais de mon mieux... tout est nouveau pour moi dans ce monde sorcier, je découvre tout cette année..."

Mc Carter était content de voir qu’elle avait saisi l’opportunité qu’il lui avait donnée d’échapper à la conversation plutôt gênante qui avait commencé. Et il ressortait de cet entretien avec un certain nombre d’informations qu’il avait pu grappiller tant bien que mal.

"C'est une école très accueillante, bien que cela ne soit pas facile tous les jours avec certaines personnes... mais heureusement il y en a d'autres qui me sont très chères ! J'arrive globalement à suivre en cours, sauf peut-être en histoire de la magie, mais j'avoue avoir quelques difficultés avec la pratique : je n'arrive pas à me concentrer comme il faut... et cela tourne toujours soit dans un échec total ou dans un surplus du sortilège, c'est frustrant..."

Néanmoins, il sentit que la fille était une personne à risques qui ne lui serait jamais totalement fidèle. Ses problèmes avec certaines personnes signifiaient clairement qu’elle n’avait sans doute pas souvent côtoyé le mal, jusqu’à récemment du moins. Elle ne cautionnait certainement pas la plupart de ses actions injustes et, seul le respect qui était dû à un professeur, la retenait de lui faire part de ses critiques. Et bien il allait un peu tester ses limites.

"C'est un bien beau pays en tout cas, auquel je vais devoir m'habituer au plus vite au vu de ma situation actuelle... j'ai encore quelques problèmes de langue et d'accent, mais je fais de mon mieux... tout est nouveau pour moi dans ce monde sorcier, je découvre tout cette année...’’

- Tout est nouveau… Seriez-vous une née-moldue ?

Il était clair que dévoiler que tout était nouveau pour elle était reconnaître qu’elle était née-moldue. Cependant, elle avait parlé de sa mère attaquée par les mangemorts or, pour qu’une personne ait des ennuis en France, il fallait que ce soit une sorcière. ~~D’autant plus qu’il était inscrit dans sa pensine qu’elle était de sang-mêlé.~~ N’attendant pas la réponse, il enchaîna. Elle aurait le temps de répondre lorsqu’il aurait fini de parler. Cette habitude ne finirait jamais. Parler durant des heures et puis seulement laisser l’occasion à l’interlocuteur, s’il n’était pas assommé par toutes ses paroles, de répondre.

- Vous avez des problèmes avec certaines personnes ? Des serpentards, je suppose. C’est habituellement ceux avec lesquels les autres élèves ont le plus de soucis. Enfin, si jamais vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à me le demander, je peux vous aider. Mais vous savez, il y aura toujours certaines personnes qui vous feront du mal, que ce soit beaucoup ou une simple agression psychologique de médisances. Le tout est de vaincre ceux qui vous le font. Moi-même, je m’efforce de saper toute opposition à moi. Il ne faut jamais garder trop d’ennemis.

Il se tint d’ajouter qu’il fallait en conséquences supprimer, soit physiquement dans les cas extrêmes, soit intellectuellement, lesdits ennemis. Il fallait maintenant s’intéresser à son regard pour voir si elle allait le fixer de deux yeux épouvantés ou ne rien laisser paraître de son embarras qui, espérait-il, serait le plus petit possible.

- "Tout est nouveau… Seriez-vous une née-moldue ?"

La question était une sacré colle pour la petite première année, qui elle-même avait été bouleversée par tous ces évènements de début d'année, alors elle resta silencieuse un moment pour essayer de chercher au mieux ses mots, pour répondre de manière la plus juste possible. La petite aiglonne ne savait pas vraiment trop où se placer dans les classes sociales sorcières. Mais elle finit par trouver une réponse qui lui parut la plus précise possible :

- "Et bien... à vrai dire, je ne crois pas. Ma mère est moldue, ca c'est certain, mais mon père je crois pas. Je ne l'ai pas connu, mais il me semble que c'était un sorcier. Il ne me connait pas et je ne le connais pas, on a juste apprit qu'on existait cette année. Mais du peu que je sache il était sorcier. Mais j'ai toujours vécue au sein des communautés moldues, donc tout est nouveau pour moi cette année..."

Puis elle ne désirait vraiment pas le connaitre, mais elle n'avait pas le choix, il avait sa garde tant que sa mère était souffrante et devrait le rencontrer lors des vacances d'été, mais elle se garda bien de le préciser par prudence. Elle avait toujours sa réserve, sa prudence et pudeur privée.

- "Vous avez des problèmes avec certaines personnes ? Des serpentards, je suppose. C’est habituellement ceux avec lesquels les autres élèves ont le plus de soucis. Enfin, si jamais vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à me le demander, je peux vous aider. Mais vous savez, il y aura toujours certaines personnes qui vous feront du mal, que ce soit beaucoup ou une simple agression psychologique de médisances. Le tout est de vaincre ceux qui vous le font. Moi-même, je m’efforce de saper toute opposition à moi. Il ne faut jamais garder trop d’ennemis."

Étonnée plus qu'apeurée, elle tourna son regard d'argent dans celui de l'enseignant, un regard acéré, profond, mais ne dégageant aucune critique apparente, et aucune approbation apparente, un regard vif, intelligent et réservé. Elle n'était qu'en première année, mais elle n'était nullement stupide. C'est pourquoi elle choisit avec un soin extrême ses prochains mots, les assumant complètement face à l'enseignant :

- "Non, ce n'est pas tant les maisons que quelques individus dont je ne saisis pas la personnalité et encore moins leurs intérêts. Merci de votre proposition, mais je pense qu'avec du temps, cela passera. Et puis il y a mille et une manière de vaincre les personnes qui nous blessent... que ce soit de manière verbale, scolaire, physique, psychologique ou magique. Il y a partout des gens qui aiment faire souffrir les autres, je ne le sais que très bien par expérience. Et je crois que chacun ont une faiblesse particulière que l'on peut un jour ou l'autre retourner contre eux et les faire se taire un moment."