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 Isaac Deniel - Animagus [Validé]
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  • Isaac Deniel
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      Statut sanguin: Sang de Bourbe
      Baguette magique: 17,8 cm, bois de prunellier, griffe de salamandre
    Isaac Deniel
MessageSujet: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptyJeu 13 Jan - 13:27:29

Prénom et Nom: Isaac Deniel
Age de votre personnage : 15ans
Maison: Serpentard, 5ème année
Quel don voulez vous acquérir ? Animagus

Motivation : La Métamorphose est la discipline magique pour laquelle Isaac a le plus d’affinités. Etant ambitieux et désireux de maîtriser toutes les subtilités de son domaine de prédilection, il est logique qu’il tente l’aventure de l’animagus. Les événements qui lui sont arrivés l’année dernière ont affirmé sa volonté de devenir un grand sorcier et contribués à développer une nature beaucoup plus farouche et sauvage. Livré à lui-même, abandonné à ses peurs les plus profondes, Isaac a besoin de devenir plus fort. Il cherche à se surpasser, à progresser dans sa vie comme dans son apprentissage de la magie. Son attitude est beaucoup plus studieuse désormais. Il s’exerce seul à la métamorphose et vise un niveau d’exception. L'idée de pouvoir se couper du monde et disparaître à sa guise sous une forme animale n'est pas non plus pour lui déplaire. Sa nouvelle forme pourrait peut-être l'aider à se retrouver en lui, à renouer avec ce qu'il est depuis le traumatisme indélébile de la guerre. Sa rivalité avec Lucy a également donné un bon élan à sa motivation. Il est hors de question que la jeune fille le surpasse dans ce qu’il considère être son « art ». [Voir les explications en plus développé dans le texte]

En rp :
  • J’ai toujours mis en avant les facilités d’Isaac en métamorphose. Dans les cours de Métamorphose et dans quelques topics extérieurs.
  • Et globalement, tous les autres sujets où intervient Isaac font mention du rituel animagus en cours.



Dernière édition par Isaac Deniel le Jeu 28 Avr - 20:41:17, édité 3 fois
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptyJeu 13 Jan - 13:56:38

I – Le livre de Mivtsar Baachlaya

Mai 1998, Jérusalem

L’échelle d’ivoire luisait, comme un élément irréel, entre deux bicoques tordues de Jérusalem. Selon ses informations, le plus grand quartier magique du Moyen-Orient, Mivtsar Baachlaya, se trouvait au deuxième étage, derrière la petite maison délabrée qui s’ouvrait sur le toit blanc. Isaac escalada les barreaux avec le sentiment idiot de jouer à un jeu vidéo. Cette idée était vraiment foireuse. Les sorciers israéliens ne pouvaient-il pas se contenter d'un bar, comme tout le monde – ou comme les anglais en tout cas - ? Mais cet univers caché comportait plusieurs accès. Celui-ci était le plus simple, et aussi le moins risqué. Les trois autres donnaient sur des zones mal famées, dominées par la magie noire et des communautés plus fermées.
Isaac se hissa sur le muret et l'échelle s'évapora. Invisible aux passants, elle ne se révélait qu'aux sorciers qui la cherchaient. La vue sur le quartier moldu était plutôt misérable. C'était un arrondissement très rustique où les habitants, peu inquiets de la mode, portaient des tenues résolument austères. Sous le soleil de plomb, ce spectacle était déprimant. Il essuya la sueur de son front et se dirigea vers la masure abandonnée. Elle était ouverte à tous les vents, il n’y avait qu’un voile déchiré en guise de porte, une vieille lampe à huile pendait tristement au plafond, et un tapis bleu élimé recouvrait le sol. Le reste de la pièce était entièrement vide. Isaac respirait de la poussière.
Rien ne bougeait, aucun phénomène magique ne se produisit lorsqu'il franchit le seuil. Il avait compté sur une entrée évidente, un petit tour de passe-passe qui ne lui demanderait pas d'aide extérieure, mais il ne suffisait manifestement pas d'être un sorcier pour découvrir l'autre monde. Les indications du livre qui l'avait mené ici s'arrêtaient à ce niveau. A le lire, il suffisait de poser un pied à l'intérieur de la cabane pour accéder à la caverne aux merveilles. Fallait-il prononcer une formule magique, un genre de « sésame ouvre-toi » cher à Ali Baba en écartant les bras ? Isaac n'essaya même pas. L'imaginaire moldu correspondait très peu à la réalité sorcière. La magie était beaucoup plus imprévisible.
Il frôla tous les murs du bout de sa baguette. La pierre restait terne et froide, insensible aux étincelles magiques. Il commençait à redouter l’arnaque. L'ouvrage auquel il se référait n'était peut-être plus à jour... Il aurait fait tout ce chemin pour rien. Jérusalem n'était pas sa ville préférée, il dépassait rarement les frontières de Tel-Aviv, citée plus cosmopolite et beaucoup plus amusante pour un adolescent comme lui.
Une astuce lui échappait sûrement. Il refusait de s'avouer vaincu. Cela faisait un mois qu'il n'était plus en contact avec la société sorcière. En quittant Poudlard, il avait dit adieu à la magie. Finalement, son avenir se construirait parmi les siens, il suivrait la volonté de ses parents, intègrerait les meilleurs universités, apprendrait des choses bien plus riches pour l'esprit que la fabrication d'une recette de potion. Voldemort et ses sbires avaient sans doute raison, il n'avait rien à faire dans ce monde idiot. L'administration des sorciers était lamentable, la manipulation de la presse utilisait les procédés les plus vulgaires, la justice magique n'avait probablement pas évolué depuis l'an mille et les débats politiques étaient en-dessous de tout. Il n'était guère étonnant qu'un mage noir puissant mais doté d'un esprit diablement simpliste ait trouvé le moyen d'infiltrer un système aussi bancal. Certains aimaient comparer ce grand frustré à Hitler, mais c'était lui faire trop d'honneur. L'autrichien préféré de la Wehrmacht avait commencé sa belle carrière en écrivant un livre puis en remportant une élection. Celui qui avait la prétention de s'attribuer le titre de « Seigneur des ténèbres » n'était même pas capable d'en faire autant (la honte). Il comptait sur la force, régnait sur une masse terrifiée, sur le néant. En retournant chez les moldus, Isaac quittait cette médiocrité ambiante. Chaque analyse le confortait dans cette idée. Et pourtant, il voulait explorer le quartier magique de Jerusalem, la tentation était trop grande. Ce n'était pas une faiblesse de sa part, il ne manquerait pas à ses résolutions de sceller à jamais ses quatre années de magie, mais il serait idiot d'en finir sans avoir vu ce qui était à la portée de son regard, une autre culture, une région où la magie ne se concevait plus de la même façon.
La lampe rouillée se balançait au-dessus de sa tête. La clé était peut-être là, sur le seul objet de la pièce, un classique. Optant pour le sort le plus évident il murmura un incendio pour l’allumer. La réaction fut immédiate. Une flamme violette lécha le plafond et des silhouettes humaines s’esquissèrent derrière ses reflets brûlants. Le tapis s’anima sous ses pieds. Il s’éleva doucement et Isaac en tomba de surprise. Puis, tout se précipita, le tapis bondît jusqu’au plafond et il bascula.

++
[Un peu de musique if you want]

Il était assis au milieu d’un troquet à l’ambiance particulièrement chaotique. Plusieurs sorciers enroulés dans un enchevêtrement de tissus complexe, se disputaient bruyamment à propos d’il ne savait quelle affaire pendant que d’autres jouaient tranquillement aux cartes sur une table basse. Visiblement, les querelles étaient chose commune. Les conversations s’emportaient vite, n'alertaient personne et tout le monde se tapait sur l’épaule à la fin.
Isaac se releva et fit quelques pas hésitants au milieu d’une pièce chargée d’encens. Quelques hommes se turent pour l’observer des pieds à la tête avec un mépris affiché. Sa tenue moldue ne leur plaisait probablement pas. Il avait lu que les sociétés sorcières d’Orient étaient très peu ouvertes sur l'autre monde. Elles préféraient maintenir une autarcie complète et considéraient les sang-de-bourbe avec méfiance. Les conflits très violents de ces régions leur laissaient sans doute craindre quelques déchirements à l’intérieur de leur communauté. Au fond, ils avaient raison de se protéger. Mais les regards qui s’engluaient sur lui étaient pesants, inquiétants, il se reprochait déjà sa curiosité, son intrusion malvenue dans ce quartier très surveillé.
Actuellement, il n’était qu’un réfugié anglais, un petit né-moldu à abattre, un fugitif. Même si personne ne viendrait le traquer ici – qui se souciait des guerres d’Outre-manche ? – Isaac ne se sentait plus en sécurité. Il était mieux chez les moldus, dans son élément surprotégé, là où le nom de ses parents était estimé, où personne n’aurait l’idée de le torturer…
L’hostilité des inconnus le laissait frémissant. Elle réveillait ses terreurs enfouies, la morsure de ses blessures, le rire cinglant des Carrow, des mots plus sanglants qu’un coup de couteau.

- Hey toi !
L’interpela un type qui portait un turban violet hautement fantaisiste.Tu vas où comme ça ?
Isaac s’arrêta. L'homme se détacha du groupe qui le dévisageait et posa une main familière sur son épaule. Il n'essaya pas de se dégager, même si cette proximité non désirée l'irritait terriblement. Les gens avaient le contact plus facile dans ce pays.

- Nulle part, je visite. Ça te regarde peut-être ?
répondit-il sèchement.
L’importun l’étudia en fronçant les sourcils.

- Tu es étranger n’est-ce pas ?

Même s’il s’efforçait de masquer son accent, sa diction en hébreu n’était pas parfaite. Il s’expliqua plus prudemment :

- J’ai de la famille ici, mais je viens de Londres…

- Ah, je vois. Tu n’es pas le premier à venir dans le coin. On dit que c’est la guerre civile en Grande-Bretagne, c’est bien vrai ?

Surpris de trouver un autochtone informé de la situation, il répondit d'une voix plus terne, en cherchant péniblement ses mots. Son trouble lui faisait perdre sa deuxième langue.

- En un sens… Mais il n’y a jamais eu de guerre. C’est bien pire. Le pays est sous une dictature meurtrière, personne ne s’est véritablement opposé au régime. La communauté sorcière est dans un état lamentable…

Le sorcier acquiesça gravement et l’invita soudain à s’installer à sa table. Il avait très envie d’entendre parler de la situation politique de l’Angleterre, ce qui n’était pas pour enchanter le jeune homme. Cependant, la discussion lui permettrait d’en apprendre un peu plus sur la communauté magique du Moyen-Orient. Puisqu’il n’était pas certain de retrouver une terre d’accueil dans son pays natal, il valait mieux se tenir informé des coutumes locales…

Ici, les gens engageaient beaucoup plus facilement la conversation. Sa froideur londonienne s’en étonnait toujours un peu. Il prit place sur un coussin en observant d’un air circonspect la tenue de l’énergumène, son turban criblé d’opales, sa barbe noire agrémentée de perles, ses parures chargées d’or, ses voiles scintillants. Le sorcier s’appelait Mordechai, il ne lui donnait pas plus de quarante ans ; il avait son commerce de tabacs magiques à Mivtsar Baachlaya. Ses produits avaient des effets psychotropes ou dignes d’excellentes potions. La présentation était plutôt sympathique. Quoi de plus heureux que de se faire accoster par un inconnu suspect dans un domaine étranger ? Voilà qui expliquait son allure de camé encore plus douteuse que celle du professeur Trewlaney.

- Je ne suis pas en train de me faire de la publicité mais il faudra que tu passes dans ma boutique
, poursuivait Mordechai. Il paraît que les occidentaux n'ont pas beaucoup développé les poudres et les tabacs, et c'est un tort crois-moi. C'est beaucoup plus facile à utiliser qu'une potion et bien pratique pour les situations d'urgences. Par exemple, je ne me sépare jamais de ma poudre d'évaporation, elle transforme les objets que l'on souhaite dissimuler en particules tellement miniscules que personne ne pourrait les distinguer. C'est l'une de mes plus grande création, tiens je t'offre un échantillon, tu pourras tester par toi même !
Le drôle de phénomène fourra un petit sachet de poudre bleue dans sa main. Isaac ne connaissait pas cet homme depuis dix minutes et il avait déjà l'impression de bavarder avec un vieil ami. Il subodorait le charlatan véreux qui essaye d'amadouer les touristes pour profiter de leur crédulité.

- Je ne suis pas venu ici pour acheter tu sais...
, murmura-t-il en soufflant sur un thé aux amandes brûlant. Il paraît que le quartier magique mérite le coup d'oeil, alors je ferai un tour et je m'en irai définitivement. Si tu cherches à ferrer le client, tu perds ton temps, mais c'est bien aimable à toi de m'avoir payé un verre cependant.
Mais techniquement, Mordechai ne lui avait rien offert du tout puisqu'il avait commandé à boire pendant qu'il était occupé à lui raconter sa vie. Le regard surpris du commerçant s'éclaira d'un large sourire.

- Ohoh, je vois, tu es du genre dur en affaires...

- C’est ça...
, soupira Isaac. Enfin, si tu me disais ce que tu veux savoir, ça ira peut-être plus vite non ?
- Tout doux mon petit... Tu m'avais l'air tellement égaré que je pensais que tu apprécierais des présentations un peu plus développées. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit des touristes si jeunes dans les parages...

- Je ne suis pas un touriste
, dit-il avec une pointe d'agacement. Ce statut lui était particulièrement désagréable. Ses grands-parents étaient du pays, il passait la plupart de ses vacances scolaires ici.
- Bien, bien, installation définitive ? Alia ?

Isaac haussa un sourcil sans répondre.

- En quoi ma vie vous intéresse-t-elle tant ?

- Excuses moi, je suis un peu trop curieux... Peut-on au moins connaître ton prénom ?

- Isaac.


Ce Mordechai commençait à l'ennuyer. Il posa son thé sur la table et le fixa avec une insistance dissuasive. L'homme essaya de se reprendre pour lui paraître plus aimable. Il n'avait pas l'air dangereux, probablement un genre de zoneur de bar qui prendrait n'importe quel prétexte pour ne pas aller bosser. La répartition des tâches semblaient plus anarchique ici. Les vendeurs n'hésitaient pas à fermer boutique pour aller à la rencontre des clients dans la rue. S'ils s'arrêtaient autour d'un verre de thé à chaque fois ils ne devaient pas vendre grand chose...

- Enchanté Isaac !
S'exclama Mordechai. Reprenons donc cette conversations sur de bonnes bases, et si je peux te donner un conseil d'ami mon cher Isaac – Il lui fit signe de se pencher vers lui. – ne t'aventure pas trop dans la zone du nord-est. Si tu t'y perds, fais toi passer pour un anglais en vacances, et ne leur donne jamais ce prénom...
- Charmant...
- Isaac ricana. – On peut dire que vous avez l'art de mettre les visiteurs en confiance. Qu'insinuez-vous au juste, que les conflits sont aussi virulents ici que côté moldu ?
- C'est encore pire
, murmura le sorcier avec une gravité nouvelle. J'imagine que tu viens ici pour trouver un climat plus favorable, et personne ne te menacera parce que tu es né-moldu ou sang-mêlé, si ça peut te rassurer, mais il y a des guerres de clan auxquelles tu n'as aucune envie d'être mêlé, crois-moi.
Isaac croisa les bras en attendant la suite de cette histoire. Il n'était pas très heureux de découvrir une société sorcière déchirée par une guerre sinistre qui persistait sans doute depuis des siècles. Si les né-moldus n'entraient pas dans l'équation, alors le problème relevait de querelles ethniques, une autre conception de la magie, ce genre d'idioties, mais le sujet semblait aussi tabou que l'était le nom de Voldemort en Grande-Bretagne. Comme il n'avait pas quitté Mordechai des yeux, celui-ci ajouta gêné :

- Ecoute... Je ne peux pas en parler ici, disons que chaque société sorcière a malheureusement ses soucis, parle moi plutôt de ce qui se passe en Angleterre...

Mais la transition était très malhabile. Le front du jeune homme s'assombrit. Il n'aimait pas ces silences suspendus entre deux sujets trop sinistres pour être évoqués.

- Raconter me semble tout aussi délicat..., dit-il d'une voix lente. Je n'en ai pas très envie. Je suis parti pour ne plus y penser vous savez. Je ne pensais même pas retourner si tôt dans une autre société magique. Ce que j'ai vu là-bas m'a suffisamment écœuré. Et au fond, il n'y a pas grand chose à en dire... Les nés-moldus se font persécuter. Les plus chanceux sont privés de baguette, les autres reçoivent le baiser du détraqueur. Les élèves de Poudlard récalcitrants se font torturer, les fugitifs tués, et des familles entières de moldus se font massacrer...

Ses prunelles d'obsidiennes se durcissaient au fil des mots. Ses poings crispés enfonçaient les ongles dans ses paumes. Il se redressa d'un coup. Une colère incontrôlable l'animait. Cette impression étrange lui revenait de temps en temps, dès qu'il songeait à ce qu'il avait quitté. Il revoyait la torture, ses souvenirs se couvraient de haine. Qu'avait-il laissé là-bas ? Rien. Ses amis lui avaient tourné le dos, cette société survivait par la trahison. Il les voyait tous enchaînés, tête baissé, prêts à se soumettre pour ne pas être tués. Parfois, une voix s'élevait, et un regard s'éteignait. Les élèves n'étaient pas battu à mort, mais les sévices infligés par les Carrow avaient raison de n'importe quel élément récalcitrant. Au fond de lui, il n'avait pas survécu. Ces images, ce sentiment de ne plus exister, d'évoluer dans un monde où personne n'entendait, le marqueraient à jamais. Elles entaillaient son cœur comme les cicatrices qui traversaient sa peau. Elles étaient fraîche comme la ligne soudée au sang séché qui poursuivait les veines bleues de son poignet. Une panique indicible le gagnait. Il n'avait rien à faire ici, sa vie de petit sorcier appartenait au passé, il devait rentrer, casser sa baguette en deux et rester en Israël tant qu'il n'aurait pas oublié. Personne ne l'attendait en Grande-Bretagne. Ses parents se passaient très bien de lui, il n'avait plus d'amis, il n'en avait jamais eu et la seule personne qui lui avait tendu la main était un mangemort. James l'avait trompé, James ne répondait plus, il était probablement mort.
Il tressaillit, une main s'était refermée sur son épaule et Mordechai lui tourna un regard qui se voulait rassurant. Ses doigts rêches caressèrent doucement son cou, il se dégagea, l'envoya se faire foutre lorsqu'il lui proposa un joint pour l'aider à se calmer et quitta le bar d'un pas raide. Où aller ? Il ne savait plus très bien, mais, par un procédé qu'il n'expliquait pas vraiment, il avançait au lieu de reculer, il s'élançait, perdu, dans ce quartier magique inconnu.

Les rues étaient bondées, désordonnées. Les étales s'étendaient le longs des murs, dévoilant une kyrielle d'objets magiques qu'il n'avait jamais vus. Il semblait que tous les sorciers de la région s'étaient rassemblés au même endroit. Quelques tapis volants passaient parfois au-dessus de sa tête. Il songeait aux mises en garde de Mordechai et se demandait comment les guerres de clans pouvaient troubler la gaieté ambiante. Les apparences étaient belles et colorées, des tentures chatoyaient un peu partout, l'air sentait bon les épices et l'ambre, le soleil éblouissait les toits blancs, et les tenues des sorciers d'Orient lui semblaient encore plus extravagantes que celle des sorciers britaniques. Certaines étoffes étaient vraiment très belles, et il sentait une fièvre acheteuse naître en lui, une envie d'être aussi beau que tous ces badauds, d'essayer tous les artefacts qui s'offraient à lui. La magie finirait par lui manquer... Mais il n'avait plus la force de l'utiliser. Ses pouvoirs avaient fini par décliner, seuls quelques sorts de base lui restaient. Il n'y arrivait plus. Lorsqu'il essayait de se concentrer, son esprit s'embrouillait, sa tête s'alourdissait, l'angoisse revenait. Il semblait qu'il avait définitivement perdu ses capacités, et que rien en lui n'avait la volonté de surpasser ce blocage. Ici, il était vulnérable. Pourtant, il se sentait bien. Il n'osait méditer les propos de Mordechaï, il voulait croire que seule la Grande-Bretagne connaissait la guerre. N'était-il pas à des kilomètres de là ? Pourquoi devrait-il souffrir d'une situation qui ne le concernait pas ?
Il se rapprocha du nord-est de Mivtsar Baachlaya. Des dialectes plus variés commençaient à se faire entendre, certains sorciers présentaient aussi des allures beaucoup plus austères. L'arabe dominait la rumeur de la foule, il percevait également d'autres langues sans doute plus anciennes ou très localisées qu'il fut incapable d'identifier.
Sans trop savoir où il allait, Isaac entra dans un passage de pierre, une sorte de galerie marchande élairée à la lampe à huile où s'exposaient des marchandises d'occasions qui ne semblaient pas toujours très légales

Il s'arrêta devant le stand d'un bouquiniste à la barbe blanche. Le vieil homme somnolait en fumant paresseusement un narguilé. Quelques grimoirs écrits en hébreu gisaient au milieu des ouvrages arabes. La magie de l'orient semblait fascinante, mais, malheureusement, il ne comprenait pas grand chose aux vagues agrémentées de points qui tenaient lieu de texte. Le vendeur essaya de lui adresser la parole en arabe pendant qu'il étudiait la gravure d'un livre à la taille particulièrement impressionnante et qui parlait de métamorphose, pour le peu qu'il en comprenait. Il abandonna l'objet et lança un regard quelque peu hébété au sorcier.

- Heu désolé mais... je ne comprends rien...
, répondit-il machinalement en hébreu à un homme qui semblait encore plus inapte à lui répondre. Il pointa cependant un titre écrit en caractère hébreu du doigt, un petit ouvrage déchiré et raccommodé sur les animagi.
Isaac prit le livre sans vraiment comprendre où le vieux voulait en venir. Le sujet de l'épais grimoir qu'il venait de feuilleter se rapprochait peut être du thème de ce bouquin minuscule. Il ouvrit et fronça les sourcils pour déchiffrer l'introduction.


« Devenir Animagus apporte des choses considérables. Cela change votre caractère, le ramenant proche de votre Animal lié, améliore votre physique l’aiguisant au point de votre Animal lié, et augmente votre potentiel magique, pour un peu vous récompenser de votre dur labeur. »

Une méthode pour devenir animagus ? Il essaya de demander en hébreu puis en anglais si le contenu de cet ouvrage était sérieux. Visiblement, le sorcier avait capté l'idée générale puisqu'il acquiesça et lui fit signe de le garder. Ce n'était pas très clair. Avait-on attaché un maléfice à des pages ? Il les feuilleta, essaya de payer le vieux sorcier, mais ce dernier lui demandait seulement de dégerpir. Lorsqu'il voulu forcer le passage pour s'aventurer plus loin dans le quartier Est, un lourd baton magique lui barra la route. Visiblement, le bouquiniste n'avait pas l'intention de le laisser tranquille et Isaac n'insista pas, la barrière de la langue était beaucoup trop pénible. Il haussa les épaules, pris l'ouvrage qu'on lui avait gracieusement offert et retourna sur la place principale où Mordechai le rattrapa.
- Ah, te voilà, je commençais à m'inquiéter ! Qu'est-ce que tu as là... ?

Isaac essaya de répliquer mais le dealer lui arracha le livre des bras et le leva devant ses yeux pour examiner le titre à demi-effacé. Quelques secondes plus tard, le jeune homme récupérait son bien d'un geste brusque.

- Rend-moi ça et lâche-moi ou je crie au viol.

- Tu t'intéresses aux animagi ?
Demanda le sorcier sans l'écouter.
- C'est un arabe à l'Est qui a insisté pour que je le prennes, j'ai rien pigé, il m'a donné se livre et m'a fait signe de partir comme si je devais absolument le débarrasser de ce truc...

Mordechai éclata de rire ce qui eut le don de l'énerver. Ces gens qui se pensaient malins parce qu'ils comprenaient une petite subtilité de plus – très rarement drôle d'ailleurs – méritaient de perdre quelques dents sous l'impact d'un coup de poing bien placé.

- Et je suppose qu'il n'a absolument rien compris à ce que tu lui disais ?

- Il n'en avait pas l'air en tout cas...

- Alors je crois que tu as rencontré Abbu !
S'exclama-t-il joyeusement en lui donnant une accolade.
Isaac repoussa son bras.

- Génial...

- C'est un vieux parano qui croit que tous les livres écrits en hébreu sont chargés de maléfices... Une expérience traumatisante sans doute... Comme il est à moitié sourd, les gamins s'amusent à cacher des livres dans sa marchandise quand il ne fait pas attention. C'est un super débarras, et on peut se servir gratuitement chez lui. Je te félicite, tu as déjà repéré les bons plans !
- Quelle chance...

Il caressa la couverture du livre du bout de l'index. Le thème du manuel le déprimait. Quelques mois plus tôt, il nourrissait encore l'ambition secrète de devenir un maître en métamorphose, d'explorer toutes les arcanes de cette discipline complexe. Mais le rêve s'achevait ici, en velléités qui ne se réaliseraient plus jamais.

- ça fait des années que ce bouquin n'a plus été édité
, reprit Mordechai. Si tu veux je peux t'en obtenir un bon prix...
- Et si j'avais envie de le garder ?

- Je te déconseille de suivre les instructions de ces pages Isaac
, lui répondit-il avec un air plus responsable d'adulte qui se veut mature. Tu es jeune, beaucoup de sorciers plus expérimentés que toi y ont laissé la vie. En un sens, Abbu n'avait pas tort de craindre ce livre, il est maudit, c'est un tentateur. Voilà pourquoi le manuscrit a été brûlé.
- Je vois... dans le cas, je le prends avec moi.


Isaac rangea l'ouvrage dans son sac en tournant un sourire espiègle à Mordechai. Il n'avait aucune idée de l'usage qu'il en ferait. Cependant, si le sujet était une rareté, il serait dommage de se priver des connaissances que cet petit grimoir pourraient lui apporter. Un jour, une étincelle se ferait peut-être en lui, le désir d'apprendre reviendrait et la magie l'envahirait à nouveau. Il se rendait compte que tout n'était finalement pas mort en lui. Derrière sa fin, un futur discret se dessinait parfois, et, tant qu'il vivrait, il serait trop difficile de l'évincer tout à fait, à moins de s'enfermer dans une cellule sombre pour se laisser mourir de désespoir. Mais il voulait s'en sortir. C'était ce qui l'avait poussé à fuir Poudlard. Il fallait trouver la vie ailleurs, loin des terres putréfiées qu'il avait quittées.
Un sourire amusé glissa sur les lèvres de son étrange compagnon. Visiblement, son entêtement ne lui déplaisait pas. Isaac resta avec Mordechai jusqu'à la fin de l'après-midi. Il le suivit à travers tous les détours de la petite citée, écouta ses longues histoires, où il se réservait toujours le beau rôle, et accepta finalement les différentes drogues magiques qu'il lui sélectionna, ainsi qu'un épais grimoire qui expliquait en détail leur utilisation en précisant « Je l'ai écrit moi-même ! ». Pouvait-on faire confiance à cet homme ? Il n'en savait vraiment rien, mais il lui devenait agréable, et rien dans son attitude ne laissait transparaître de mauvaises intentions, si ce n'était celles d'obtenir quelques attentions un peu plus charnelles de sa part. Isaac ignora toutes ses avances déguisées. Mordechai ne s'en vexait absolument pas, il le sentait plus joueur que charmeur, pas du genre à menacer ni à harceler. Lorsqu'il le quitta avec la promesse de le revoir, il savait cependant que les adieux étaient définitifs. Le retour au monde moldu éteignit tout l'enthousiasme de sa journée. Il abandonna son sac chargé de souvenirs dans un coin de sa chambre et renonça à l'idée de l'ouvrir.



Dernière édition par Isaac Deniel le Dim 30 Jan - 19:41:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptyJeu 13 Jan - 15:27:24

II – Magie érodée

Juillet 1998, Tel-Aviv

Il était nerveux, excessivement tendu. L'air poussiéreux de Tel-Aviv l'étouffait, sa peau devenait moite, salée, et même le ventilateur qui soulevait ses cheveux n'arrivait pas à le calmer. Son cœur frappait sa poitrine à coups irréguliers, un mince filament de sang luisait sous son nez, ses mains tremblaient et se crispaient sur ses genoux. Il contemplait ses ongles rongés en serrant les dents, frottait son index sur les croûtes de ses cicatrices, malaxait les plaies contusionnées jusqu'à la déchirure. Les blessures se rouvraient, une nausée le prenait, mais la douleur n'apaisait rien. Les crises s'intensifiaient de jours en jours, il se sentait comme un camé qui refuse l'action d'une drogue un peu trop forte. Mais, s'il se relâchait, tout autour de lui risquait d'exploser. Il avait déjà essayé, l'écran de télévision de sa chambre avait volé en éclats. Sa grand-tante le prenait pour un fou et le soupçonnait d'être sous l'effet de ces produits qui circulaient parfois un peu trop librement en soirée. Qu'aurait-il pu répondre ? Que la magie qu'il contenait déraillait complètement ? Oui, il était en manque. Les pouvoirs ne circulaient plus librement, ils s'étaient bloqués, accumulés sur ses centres nerveux, et il n'arrivait pas à les fluidifier...
Sa main s'approcha de l'élice métallique du ventilateur. Il ne savait plus très bien ce qu'il faisait. Quelqu'un frappa à la porte, Yaron entra. Isaac laissa retomber son bras et salua vaguement l'adolescent, un garçon charmant au teint hâlé et aux cheveux bouclés.

- J’essaye de te joindre depuis hier soir Isaac, qu'est-ce que tu fous ?

- Je sais plus... J'étais pas là hier, j'ai sans doute trop bu, et j'ai complètement oublié de t'appeler...

Sa soirée se perdait dans la brume. Depuis qu'il avait rencontré Yaron, c'est à dire, un mois et demi plus tôt, il avait retrouvé une certaine stabilité. Il avait besoin d'un garçon tranquille, d'une relation basée sur la fidélité sur laquelle il pouvait se reposer un moment. Mais cette histoire était vouée à l'échec. Malgré les attentions de Yaron, l'amour ne venait pas. Il se lassait doucement, et ses crises le faisaient partir en vrille à nouveau. Où avait-il passé sa nuit ? Il ne savait plus très bien. Il était surexcité. Au bar, il avait enchaîné les shooters, puis un mec l'avait embarqué chez lui. La fin de sa nuit était un enchaînement d'images confuses dénuées de sensations, comme s'il avait rêvé les ébats de deux inconnus. Il avait dormi deux heures, s'était réveillé à l'aube, avait quitté l'appartement anonyme en laissant la porte grande ouverte, erré dans les rues encore désertes, et il rasait les murs de sa chambre depuis son retour...
Yaron lui lança un regard inquiet comme s'il entrevoyait la folie douce qui tournoyait derrière son front. Il s'arrêta sur les cicatrices et le poussa doucement sur le lit pour le forcer à s'asseoir.

- Tu as recommencé ?
Lui demanda-t-il gravement.
Isaac croisa ses bras pour dissimuler ses blessures sanglantes. Yaron s'était montré très patient avec lui pour l'aider à guérir cette tendance à la mutilation qu'il cultivait depuis les tortures des Carrow. Les plaies gravées dans sa chair par ses bourreaux ne cicatrisaient jamais et le jeune homme avait remarqué la fraîcheur obstinée des stigmates. C'était lui qui lui avait conseillé de modifier son corps pour rendre ces marques invisibles, d'aller chez le pierceur, chez le tatoueur, d'orner sa peau d'encre et de métaux jusqu'à ce qu'il se sente mieux. Les conseils avaient marché, mais sa magie trop réfrénée le mettait à cran...

- Je suis juste un peu nerveux...
, murmura-t-il.
- Pourquoi, des problèmes ?
Yaron passa une main dans ses cheveux.
- Non... Mais je ne sais pas très bien où j'en suis... Peut-être que c'est l'Angleterre qui me manque...

Et il y avait surtout la certitude de son échec. Ce qu'il essayait de construire ici était un mensonge, sa relation avec Yaron n'avait pas de sens, il avait passé ce long séjour à s'enivrer d'illusions, mais son avenir n'était certainement pas en Israël parmi les moldus. Que faisait-il ici ? Il oubliait, il se noyait dans un présent qui n'était pas le sien. Pourquoi n'était-il pas à Londres ? Parce qu'il fuyait, parce qu'il redoutait ce choc fatal qui lui ferait perdre la raison à jamais. Ses doigts se fermaient, ses os craquaient, les veines gonflaient sur ses articulations. L'autre monde lui manquait. Il voulait retourner à Jérusalem, pénétrer le quartier magique, s'élancer dans ces rues sinistres qui lui étaient interdites, se frotter au danger une fois de plus, voir s'il était capable de le surmonter, si une situation d'urgence arriverait à réveiller toute cette magie qui s'amassait et bouillonnait en lui.
Yaron se serra contre lui et il entendait sa supplication muette. Le jeune homme craignait son abandon, il voulait un futur pour eux, il osait croire à ce couple qui n'en avait jamais été un... Comment expliquer ? Comment détromper en douceur quelqu'un qui a fait le choix de s'aveugler ? En cet instant, Isaac avait encore besoin de lui, de sa présence. Il s'accrochait à son amour, à la chaleur réconfortante de sa peau. Il profitait honteusement de sa gentillesse, parce qu'il n'avait pas la force d'y renoncer, il le ferait bientôt, mais pas tout de suite. Ses nerfs à vif ne contrôlaient plus ses réactions. Il s'empara de ses lèvres, le déshabilla avec violence, déchira le col de son t-shirt, se colla à lui, tout cela sans désir véritable, parce que tout allait trop vite, et qu'il fallait s'occuper les mains, bouger, se dépenser, évacuer l'énergie emprisonnée en lui.

- Mais qu'est ce qui te prend Isaac ? Arrête...
, soupira le garçon tandis qu'il lui mordait sauvagement l'épaule. Tu n'es pas dans ton état normal...
- Je vais peut-être rentrer chez moi Yaron... Et tu vas me manquer aussi tu sais...

C’était un odieux mensonge. Il ne pensait pas regretter cet adorable amant, mais le jeu de la collision des corps était parfois sournois. Il avait besoin de se défouler, là, maintenant, tout de suite, absolument. Yaron devait accepter sa fureur et s'en laisser envahir pour que l'impact soit parfait. Hélas, le jeune homme le prenait au sérieux, il le vit dans le regard plein de tendresse qu'il lui tourna avant de le renverser sur le matelas.


++

« Mais cela demande tout de votre personne. Courage, détermination, travail, sérieux et un talent magique indéniable. Vous qui êtes intéressé à devenir Animagus, ouvrez cet ouvrage, mais sachez que c’est peut être votre dernière aventure. La Mort peut vous attendre à chacun de chemins étroits de ce rituel. »

La porte-fenêtre de sa chambre était grande ouverte, Yaron dormait dans son lit, il faisait nuit, la température n'avait pas vraiment baissé. Assis sur le balcon, torse et jambes nues, Isaac essayait de capter un peu de fraîcheur contre la pierre tiède du bâtiment. La lumière ténue de la rue éclaircissait son ouvrage. Son sommeil trop agité ne lui avait pas permis de dormir longtemps. Il s'était réveillé en sueur à quatre heures du matin et sentait que l’ataraxie ne reviendrait plus. Les premiers symptômes de la crise rampaient vers lui. Beaucoup de pensées se bousculaient dans sa tête. Juillet était arrivé, la prochaine rentrée à Poudlard approchait, il fallait qu'il prenne une décision. Pendant qu'il hésitait, ses parents parlaient de l'inscrire dans un lycée privé. Pouvait-il se faire au quotidien d'un étudiant moldu, surmonter la frustration de ne pas pouvoir utiliser la magie, même pour régler un conflit ? Il en doutait de plus en plus. Sa volonté de tout effacer était impossible à réaliser. Il ne pouvait pas renier tout un pan de son adolescence. Les événements tragiques qui l'avaient fait fuir lui bâtissaient une personnalité nouvelle, encore difficile à cerner. Les changements qui s'opéraient en lui ne permettaient plus le retour en arrière. Il grandissait, pas forcément de la façon dont il l'avait souhaité, mais, étrangement, il n'avait pas envie de renier cette évolution.
Une fois rétabli, il serait en mesure d'affronter ses oppresseurs. Oublier signifiait le retour à la faiblesse, à la candeur, accepter le fait que tout le mal qu'on s'était appliqué à lui faire n'avait servi à rien, et que sa résistance était vaine. Mais le bonheur reviendrait-il maintenant que son âme avait noirci ? Le monde entier glissait sur lui, comme les corps de ces amants dont il distinguait à peine l'odeur. Quel goût avait la peau de Yaron ? Il ne l'avait jamais su. Le parfum de James imprégnait encore ses souvenirs. Il ne sentait pas les autres. Les genoux collés sous son menton il songeait encore avec douleur à la trahison, à ses folles espérances. Sa violente solitude intérieure rendait Londres haïssable. C'était à cette époque de l'année, un an plus tôt, qu'Il l'avait rencontré...
Un éclair soudain fendit ses prunelles. Il devait rentrer, retourner à cette vive réalité, et faire le deuil une fois pour toute. Les réponses n'étaient certainement pas en Israël.
Les mots du manuel d'animagus tournaient dans ses pensées. Il faiblissait, le courage et la détermination l'avaient quitté depuis son arrivée ici. Tant qu'il s'auto-détruisait dans ce rôle de victime écœurée du monde, il n'arriverait à rien. Il se laissait mourir à petit feu, et la magie qui s'agitait en lui exprimait sans doute ses dernières palpitations. Son corps allait mal, l'esprit s'enlisait dans la tourbe des regrets, des actions manquées.
Il referma le livre et le sera contre sa poitrine en soupirant. La question de devenir animagus ou non ne se posait même pas. Le jour où il serait prêt à retrouver une condition de sorcier, le projet serait peut-être à envisager pour de bon. Il lui semblait inutile de revenir afin de laisser libre cours à une magie médiocre. Les Carrow avaient pu l'humilier parce qu'il ne disposait pas d'un pouvoir aussi élevé que le leur. Or, s'il survivait, ces choses-là changeraient. Plus personne ne l'avilirait comme ils l'avaient fait. Sa réussite finirait par le venger. Il devait retourner en Angleterre, et surmonter toutes les réminiscences douloureuses qui l'attendaient... Il confirmerait son départ à Yaron avant la fin de la journée.

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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptyJeu 13 Jan - 20:33:08

III - De l'art honni des potions
Novembre & Décembre 98, Poudlard

Le retour à Poudlard avait finalement réveillé ses ambitions magiques. Il n'avait pas été difficile de retrouver ses marques avec les sortilèges basiques et, surtout, de retrouver le plaisir de la métamorphose. Son aversion pour les autres, pour cette masse ignorante attachée à ses histoires adolescentes, ces pseudo-héros de guerre en quête de reconnaissance et une chasse au traitre exagérément violente depuis que la délation ne comportait plus aucun risque, le laissait dans une solitude totale. Il lui arrivait de discuter avec Alix ou Megan, sans véritable passion. Son attention se concentrait toute entière sur le futur qu'il lui restait à préparer. Il n'avait plus le temps pour ces enfantillages. La raison première de sa présence en classe était sa volonté d'affiner ses armes. Il deviendrait fort, il serait l'un de ces sorciers auquel on préfère éviter de se frotter, un adversaire redoutable et surtout intouchable. La résurrection inattendue de James renforçait ce projet. Il ne voulait pas être un boulet pour lui, et s'il avait des ennuis, il devait être en mesure de l'aider. Son jeune âge était une faiblesse à compenser par une grande puissance. L'existence même de cet amour caché l'éloignait de tous les siens. Qu'avait-il à partager avec les élèves de son âge ? Il lui semblait que sa vie n'était déjà plus à Poudlard. L'école le tenait captif, ce n'était pas toujours facile, les nuits glacées lui pesaient parfois mais cette réclusion pénible était le facteur essentiel de sa motivation. Tant que le travail l'occupait, il ne souffrait pas de l'absence. Des objectifs de plus en plus démesurés se formaient dans son esprit tandis que le coeur se fermait. Il s'exerçait des heures, essayait toutes les métamorphoses possibles et ne s'arrêtait pas avant un épuisement total. Son sommeil était profond, il n'avait plus le temps de penser.
En deux mois, ses techniques de métamorphose avaient évolué d'une manière assez remarquable. Il avait pris une avance certaine sur son programme et avait le niveau d'un septième année dans les domaines qui l'intéressaient le plus. Cependant, son apprentissage demeurait assez inégale. Isaac privilégiait les pratiques qui lui semblaient les plus utiles, comme la formation d'un passage pour passer à travers les murailles. A force de s'exercer avec acharnement sur les murs les moins épais du château, il avait trouvé le moyen de rouvrir temporairement un passage secret bouché afin de rejoindre Pré-au-Lard en dehors des jours de sortie trop rarement autorisés. Or, la seule fonction de cet effort était de pouvoir retrouver James. Il s'était néanmoins exercé sur des sujets à caractère plus offensifs et s'amusait beaucoup des sortilèges de transferts, toujours pratiques pour jouer quelque mauvais tours.
Sa facilité naturelle pour la métamorphose le satisfaisait un peu plus chaque jour. Il avait fini par rouvrir ce manuel à propos des animagi, et par se laisser à penser qu'il était capable de réussir le rituel sans prendre le risque d'y laisser sa vie. Une seule chose le préoccupait cependant, un don aussi glorieux entrainait d'assez lourds changements. Une partie de son humanité disparaîtrait peut-être au profit d'une sauvagerie animale peu préméditée. En effet, son animae serait imposé par son caractère profond, et il n'avait aucune idée de ce que cela pourrait donner. Que ferait-il d'une espèce ingrate ? D'un cafard ou d'un poulet ? Ce serait ridicule. Il n'osait imaginer les changements qu'un animal stupide pouvaient entrainer sur son comportement, et, lorsqu'il lui prendrait de regretter la transformation, il serait trop tard, cette magie était irréversible. Cependant, l'idée de réaliser un exploit de sorcellerie avait plus d'attrait que ses craintes raisonnées. Il avait besoin de se prouver quelque chose à lui-même, de se surpasser, d'abattre ses réserves pour accéder à une personnalité plus entière.
Son « moi » profond s'était enfoncé sous les barricades de ses blessures mal cicatrisées. Il lui était encore difficile de saisir les changements véritables de son âme. Le garçon qu'il avait laissé derrière lui un an plus tôt semblait complètement étranger. Qui était-il à présent ? Il avait besoin de le comprendre. Et, d'un point de vue tout à fait superficiel, savoir à quel type d'animal il appartenait aguichait sa curiosité. Ces réflexions étaient aussi grisantes que celles qui précédaient la cérémonie de répartition. Qui ne se rêverait pas en fauve majestueux et terrifiant ? Isaac trouvait cette perspective flatteuse mais assez peu intéressante finalement. Il n'avait pas besoin d'une créature impressionnante. Un lion ou un loup ne pouvaient pas grand chose contre un sortilège, ils étaient même relativement faciles à viser. Voilà une transformation qui en imposait les premières secondes pour devenir vanité dès qu'un maléfice fusait. Ce n'était certainement pas sa manière de procéder. Que serait-il alors ? La question commençait à l'obséder.

Il s'était mis à rassembler peu à peu les ingrédients nécessaires à la fabrication de la potion de révélation. La poudre d'amande était très facile à trouver, il avait réussi à commander de la poudre de dragon sans difficulté mais plume de phénix et poudre de corne de licorne étaient d'une extrême rareté. Ces précieux composants se trouvaient bien heureusement dans la réserve de Slughorn qu'il avait pillé avec la complicité de Lucy Duncan [Voir Topic]. Curieuse association n'est-il pas ? La fortune se jouait parfois des coïncidences. La pire ennemie de ses jeunes années d'étudiant nourrissait le même projet que lui et démarchait au même moment. Cependant, ses travaux lui avaient semblé bien plus avancés que les siens. En effet, la Serdaigle était déjà prête à démarrer la potion tandis qu'il poursuivait ses hésitations. Une fois les ingrédients rassemblés, n'avait-il pas tout le temps pour aviser et peser une nouvelle fois le pour et le contre ?
Mais le motif principal de ses réticences venait surtout de cette potion complexe à préparer. Sa rivale n'était pas aussi mauvaise que lui en potions, et il craignait que cette première étape ne laisse d'emblée sur le carreau. Il pouvait demander de l'aide à James bien sûr, cependant, le mérite de sa réussite ne lui reviendrait plus entièrement. D'ailleurs, Lucy et lui avaient trouvé une autre manière de se « détester ». Puisque leurs ambitions se rassemblaient, aucun n'acceptait l'idée de se faire devancer. La hache de guerre était enterrée, mais il ne supportait pas de voir cette fille briller à SA place, dans Sa discipline. Qu'avait-elle besoin de s'intéresser aux animagi aussi ? Ne pouvait-elle pas se perfectionner en potions, en botaniques ou même en sortilèges ? Enfin, dans une matière dont il se fichait éperdument au lieu de venir marcher sur ses plates bandes ? Son esprit de compétition s'était enflammé. Oubliés les risques de mort ! Isaac ne songeait plus qu'à son résultat glorieux. Il se voyait déjà se transformer sous les yeux d'une Lucy vaincue et frustrée.
Mais, avant de songer à l'humiliation de la blonde, beaucoup de difficultés devaient être contrées. Il n'avait même pas le temps de se plier à une introspection rousseauiste tant cette histoire de potion l'obsédait. Ses notes en cours dépassaient rarement l'Acceptable. Même lorsqu'il s'efforçait de suivre les instructions à la lettre près, sa préparation demeurait très fade, sans éclat. Si ses philtres n'étaient jamais complètement ratés – à moins d'une faute d'inattention – leurs effets restaient très limités. En relisant les instructions de son ouvrage, il les trouva cependant moins complexes que celles qu'il devait suivre cette année. A part tourner, il n'avait pas grand chose à faire. Au pire, ses rêves ne lui apprendraient rien et il recommencerait... Mais il serait dommage de gaspiller ses ingrédients. S'il devait attendre un mois à chaque fois, et laisser passer plusieurs semaines pour chercher dans ses rêves un animae invisible, Lucy avait tout le temps de finir sans lui. Il devait obtenir une potion parfaite dès le premier essai.

++

Tout était en place. Une cellule au fond des cachots abritait le secret de sa préparation. Ce premier week-end de décembre s'annonçait éprouvant. Il n'avait encore jamais préparé de potion de sa propre initiative. Sa seule expérience remontait au début de sa deuxième année, lorsqu'il s'était occupé d'un philtre de confusion avec Emilien et Samaël. A l'époque Emilien avait fait tout le travail, et il s'était contenté de donner les ordres. Malheureusement, il ne pouvait plus compter sur son ex-meilleur ami. N'avait-il pas progressé depuis ? Il essayait de s'en persuader malgré la note assez pitoyable de son dernier cours avec Slughorn. Parfois, il lui semblait qu'il bloquait tout seul son potentiel. Son aversion pour Rogue dès sa première année n'y était sans doute pas étrangère. Cet enseignant déprimant l'avait découragé en un mois. Le nouveau directeur de Serpentard n'était pas un meilleur exemple. Sa tendance au favoritisme l'exaspérait. Toutes les courbettes qu'il tournait aux petits intello minables et autres fils à papa de la classe lui donnaient envie d'envoyer valser son chaudron sur son crâne chauve. Comment pouvait-il prendre goût à une matière qui lui causait quelques difficultés dans ces conditions ? La perspective de préparer une potion l'ennuyait d'avance. Mais, cette fois, il s'efforcerait de croire davantage en ses capacités. Le résultat dépendait du sorcier, disait-on. S'il s'exécutait avec aisance, s'il s'efforçait de croire en ce qu'il faisait, il réussirait peut-être à obtenir un philtre correct.
Il posa son chaudron au milieu de la pièce, versa de l'eau avec sa baguette et lança un incendio. Un feu magique s'étala sur l'étain brûlé du récipient et il s'assit à côté afin de profiter de sa chaleur. Le cachot était humide et glacé. En attendant que l'eau se mette à bouillir, Isaac essaya de partager sa poudre de corne en quatre petits paquets égaux. C'était un travail hautement minutieux, d'autant plus que la quantité de poudre n'était même pas indiquée. Il avait opté pour un standard et calcula la quantité à l'aide d'un tube gradué. Evidemment, il fallait que la poudre dépasse légèrement la dernière mesure pour un surplus impossible à répartir correctement. Plutôt que se prendre la tête, le Serpentard décida de le retirer.
Le contenu de son chaudron s'était mis à bouillir pendant qu'il évaluait chaque millimètre de poudre avec une minutie exagérée et il versa les ¼ demandés avant de tourner deux fois dans le sens des aiguilles d'une montre puis de faire un arc de cercle en arrière. Deux traits rouges dessinés de chaque côté de son récipent l'aidaient à se repérer. Il posa la plume de phénix à la surface du mélange, la laissa disparaître lentement dans l'eau claire et effectua deux autres tours. Son écaille de dragon avait été réduite en poudre quelques jours plus tôt, entre deux révisions. Il mit la moitié des débris obtenus dans le chaudron, coupa le feu et nota l'heure précise à laquelle il devrait revenir trois jours plus tard. Pour l'instant, il était impossible de savoir si le début était encourageant ou pas. La mixture ne présentait rien de particulier, le liquide à l'intérieur s'était simplement troublé et semblait pigmenté de rouille. L'odeur n'était pas plus significatif. Il posa un couvercle sur le chaudron et abandonna tout son matériel en scellant l'entrée grâce à un sortilège de métamorphose qui devrait pouvoir tenir soixante-douze heures. Il serait dommage qu'un importun détruisît les prémices de son breuvage.

La sonnerie de dix-huit heures venait de retenir et Isaac rangea à la hâte ses affaires pour se précipiter vers les cachots. D'où venait cette manie des enseignants de les retenir malgré le glas salvateur de la fin des cours ? Les dernières consignes de Flitwick allaient lui faire manquer l'Heure décisive. Il bouscula plusieurs élèves dans les couloirs, refoula une Poufsouffle qui essayait désespérément de l'arrêter pour lui parler du bal de Noël – auquel elle voulait sottement l'inviter sans doute – et il arriva épuisé devant le mur de sa cellule. La métamorphose disparaissait lentement et donnait à la porte camouflée une apparence assez singulière. Quelques planches de bois moisi apparaissaient entre les pierres érodées. Il rendit à la porte son apparence initiale et entra.
La teinte de sa potion avait légèrement foncé. Sa montre lui indiqua qu'il restait encore dix minutes avant la reprise de sa préparation. Il déballa toutes ses affaires puis lança un feu doux sous le chaudron. Rien de très compliqué pour l'instant, mais il fallait patienter une demie heure.
Pendant que les élèves rêvassaient en songeant au bal que la directrice avait annoncé au déjeuner, Isaac ouvrit sans s'émouvoir son livre de défense contre les forces du mal et essaya de former le plan de sa prochaine dissertation. Ces histoires de cavalier et de cavalière ne le concernaient pas vraiment. Il avait toujours trouvé la tradition des bals déprimante. Le fait que celui-ci ne s'organisât pas sous le régime Carrow n'y changeait finalement pas grand chose. Les garçons devaient inviter une fille, les filles devaient inviter un garçon, et les homos pouvaient se plier à la norme avec leur meilleure amie ou venir seuls histoire de bien montrer qu'ils étaient différents... Oh, il s'était toujours arrangé pour danser avec un garçon dans ces moments, mais il n'avait plus envie de se faire remarquer. Il préférait rester discret et effectuer ses petites machinations dans son coin. Tant que personne ne s'intéressait à sa vie, il pouvait dissimuler ses projets de devenir animagus – car il n'avait pas l'intention de se déclarer – et cacher sa relation avec un ex-mangemort au-delà des murailles. La discrétion du serpent n'était jamais innocente.
Le bip discret de sa montre annonça la fin de l'attente. Il versa le reste de la poudre de dragon à l'intérieur du chaudron et banda ses muscles pour faire tourner treize coups dans le sens des aiguilles d'une montre. Une chance que le mouvement de rotation ne soit pas inversé, il aurait souffert. Il compta mentalement chaque tour en résistant à la tentation de tour lâcher à partir du dixième. Ses gestes devenaient un peu plus incertain. Il tint bon jusqu'à la fin et massa ses poignets avant incorporer les 100g de poudre d'amande à sa potion. La surface du liquide s'ambrait et la couleur était plutôt agréable à regarder, ce qui le conforta dans l'idée que ce n'était peut-être pas complètement raté. A présent, il devait attendre trois heures avant de passer à la dernière étape. L'ennui des préparations un peu plus élaborées que celles étudiées en cours était qu'elles duraient incroyablement longtemps. Certaines potions demandaient parfois une attention toutes les heures pendant deux jours ou s'étendaient sur un mois. Comment pouvait-on avoir la patience de mener l'entreprise jusqu'au bout, en gardant une extrême précision dans ces horaires ? Il fallait être un peu frappé. L'état mental général des maîtres de potion semblait d'ailleurs le prouver.
Un instant, Isaac hésitait à aller prendre son dîner dans la grande salle, il avait largement le temps, mais c'était prendre le risque de se laisser retarder par un imprévu ou de se faire suivre. Résigné, il reprit sa dissertation de défense contre les forces du mal et rédigea tout son brouillon. Sa concentration lui fit oublier un instant l'état de la potion. Il releva les yeux vingt minutes avant l'heure à cause d'une épaisse fumée orange, bien heureusement indiquée dans le manuel. Rassuré, il s'approcha et prépara la poudre de corne. La fumée s'étendait au-dessus de la cellule et formait un brouillard compact autour de lui. Elle commençait à l'étourdir. Mais les dernières minutes passèrent et il ajouta un quart de poudre de corne. Les vapeurs orangées se dissipèrent instantanément puis la potion devint noire. Oh non, pendant une seconde d'horreur, il eut la vision de son échec. Un regard plus attentif lui permis de voir que le noir s'éclaircissait doucement pour laisser place à un violet foncé. Il jeta toute sa poudre dans le chaudron, nota l'heure, coupa le feu, pris un échantillon de sa potion, rangea toutes ses affaires et quitta le cachot avec une violente envie de dormir. Oubliant sa faim, il regagna ses dortoirs et se coucha alors que la plupart de ses camarades discutaient encore en salle commune. La réussite de sa potion se vérifierait en janvier. Il n'avait plus qu'un mois pour faire un travail sur lui-même afin de favoriser la révélation onirique de son animae.
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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptySam 5 Fév - 23:36:10

IV - Comme un chat sur mars

Janvier 99, Londres

"Tout d’abord, pour devenir un Animagus, il faut savoir à quel animal on est lié. C’est une étape longue et harassante, demandant un don de soi-même, car seule une personne parfaitement consciente de son caractère, de son corps et de sa magie."

Un mois avait passé, l’heure fatidique approchait. Les reflets améthyste de sa potion précieusement gardée irisaient la fiole qui la conservait. Isaac paressait sur le lit de James, la douche coulait à côté, il entendait le clapotis de l’eau, devinait les mouvements du jeune homme nimbé de vapeurs brûlantes ; la rentrée scolaire était proche, il n’avait pas envie de partir. Cette pause loin de Poudlard lui faisait un bien terrible. Ici, il n’était plus obligé de tenir un rôle, il n’avait plus besoin de se cacher, il pouvait se livrer tout entier. La confusion de son esprit se dissipait. Une paix indicible le berçait et il lui semblait, un court instant, que ces heures étaient des perfections volées aux dieux. Il n’y avait rien à redire. Un jour, il pleurerait sur la fuite de ces joies épuisées. Dans ces instants, son existence semblait palpable. Il pouvait s’enivrer de sa propre odeur et la trouver plus délicieuse à chaque inspiration.
Fréquenter James l’avait amené à se poser un certain nombre de questions. Il n’était pas toujours facile de composer avec un Autre trop différent pour être compris en quelques mots. « Connais-toi toi-même » disait Socrate, c’était exactement ce qu’il avait dû faire pour donner une chance à cette relation incertaine. A l’adolescence, il n’était pas simple de connaître ses aspirations réelles mais des changements plus clairs s’opéraient en lui depuis quelques mois. Ils étaient définitifs, et ils impliquaient même quelques choix. Un an plus tôt, plusieurs voies s’ouvraient à lui. Les possibles de sa vie adulte se réduisaient peu à peu tandis que les raisonnements de son enfance échappaient à sa nouvelle logique.

Mais avait-il fondamentalement changé ? Non, il restait le garçon capricieux et facétieux de ses premières années. Il gardait sa fierté, ses exigences élevées, son goût pour la moquerie, son mépris du monde, sa franchise insolente, et sa peur, terrible, de ne pas être aimé autant qu’il le souhaiterait. Ce dernier point se vérifiait avec James, même s’il essayait de prendre sur lui pour ne pas le ronger. Sous ses airs assurés, il dissimulait une nature inquiète, un esprit farouche qui se dérobe à la moindre alerte. Une petite chose perturbait son habitude, son équilibre, et c’était tout un monde qui s’effondrait. Il avait besoin de quelqu’un à ses côtés, d’un homme auquel s’accrocher, car sa personnalité se dispersait beaucoup trop dans la solitude. Son comportement avant sa révélation amoureuse en était la preuve. Ses trois premières années à Poudlard avaient vu naître un vil provocateur. Il s’était effacé derrière les railleries, et il n’aimait personne, ni Alix, ni les Serpentard qui l’entouraient. Il s’amusait au royaume des apparences. Cette superficialité affichée était même acceptée par ses comparses, il ne l’avait jamais niée. Puis, il y avait eu les temps sombres, le renfermement radical. Seul dans sa révolte, délaissé de tous, il avait renoué avec ses hantises d’abandon, plongé dans le no man’s land, un gouffre sans fond. Sans attaches, il serait mort, parce que, conscient de son isolement, il n’avait plus aucune raison de résister à la torture des Carrow. Il vivait à travers le regard des autres ; privé d’attention, il n’était plus rien. James l’avait sauvé un court instant, juste avant la révélation douloureuse de son engagement auprès de Voldemort et la séparation brutale. Le grand dépérissement avait commencé à ce moment.
Pourtant, il s’était montré plus fort qu’il ne l’avait cru. Ce n’était pas de cette façon qu’il voulait mourir, assassiné par des séances de tortures, il préférait encore se détruire lui-même. Alors il y avait eu l’Israël, deux plongées contradictoires, l’une dans la religion, ou plutôt, dans une quête identitaire désespérée, l’autre dans la débauche. Il avait cherché à effacer le souvenir de James et de ses bourreaux en faisait la fête. Il s’était mis à l’envers. La plupart de ses soirées n’étaient plus qu’un mélange de sons, de couleurs floues, et parfois de soupirs. Il avait flotté dans l’inconséquence, peu soucieux de ce qui pourrait lui arriver, parce qu’il choisissait cette perte et que, dans son délire, sa fin lui semblerait peut-être heureuse. Lorsque l’alcool montait à la tête, l’idée même de se jeter dans un canal ou sous une voiture donnait envie de rire. Plus rien le revêtait l’aspect de gravité, tout ressemblait au game over d’un jeu vidéo en accéléré.
Yaron l’avait aidé à remonter la pente, à lui faire comprendre que le bonheur était encore possible, il lui suffisait de retrouver un équilibre dans sa vie, quelque chose de tout bête, une personne sur laquelle se reposer, quelqu’un qui pût lui donner envie d’exister. Mais ce garçon n’avait pas réussi à réveiller sa passion. Si James n’était pas venu, il n’avait aucune idée de l’état dans lequel il se trouverait aujourd’hui. Plus farouche et sauvage que jamais sans doute, avec l’impression désagréable d’avoir du plomb à la place du cœur.

L’eau s’arrêta. Il posa la fiole sur la table de chevet et se redressa pour accueillir le jeune homme dans le lit et se lover contre sa peau humide. Tout à ses réflexions, il n’avait pas envie de parler. Sa présence lui suffisait. Cette pensée était ridicule mais, parfois, il se voyait comme une petite chose fragile. La dépendance affective était son plus gros point faible. Et qui, à part James, pouvait s’en douter ? Son visage de tous les jours n’était pas celui d’un adolescent énamouré. Depuis qu’il reprenait doucement goût à la vie, il redevenait la petite teigne qu’il avait toujours été. Son grand cœur n’était jamais dévoué qu’à une seule personne, et plus encore depuis que la persécution des né-moldus avait réduit à néant toute sa foi en l’humanité. Il n’avait gardé qu’un seul monde, le sien, et il ondulait à travers les autres sans jamais se dévoiler, tant il lui semblait qu’il demeurait son plus grand ennemi. Personne d’autre que lui ne pouvait mieux le détruire de l’intérieur. C’était terrifiant. S’il mordait parfois, il fuyait constamment. Toujours méfiant, toujours prêt à filer lorsqu’une situation l’ennuyait. A qui cherchait-il vraiment à échapper en quittant Poudlard en mars dernier ? En vérité, les Carrow ne l’avaient jamais effrayé.
L’enfant terrible qu’il avait toujours été se nuisait à lui-même. Mais, tant qu’il gardait le contrôle, il savait comment tourner ses défauts à son avantage. Parfois, il lui semblait que James le craignait, qu’il redoutait la violence de ses foudres, son inépuisable fourberie, son égoïsme scandaleusement assumé. Il aimait mener le jeu, et il détestait perdre. Ses émotions mises à part, il savait jouer sur les sentiments pour manipuler son monde, et il ne supportait pas qu’on le privât de ce qu’il estimait lui appartenir. Ce n’était pas facile à gérer tous les jours. Il avait appris à dompter son sale caractère pour plaire à James afin de transformer ses exigences en une domination plus tendre.

L’heure approchait. Etait-il prêt ? Il le fallait. S’il ne l’était pas aux côtés de son amant, il ne le serait jamais. Il étira son bras pour récupérer la fiole et l’éleva au dessus de lui, sous le regard intrigué de James. Il n’avait pas l’intention de lui parler de ses projets, ce serait prématuré. Même s’il n’était pas certain que le jeune homme appréciât son nouveau don, il comptait lui faire la surprise plus tard, s’il survivait à ses folles ambitions.

- Tu crois que c’est comestible ?
demanda-t-il pour se donner du courage.
- A vue d’œil je ne risque pas de le savoir… Qu’est-ce que c’est ?

- T’occupe… je veux juste savoir si tu trouves la couleur louche ou pas.

Il fronça les sourcils d’un air borné. James poussa un soupir exaspéré.
- On ne peut pas analyser une potion inconnue à partir de sa couleur Isaac, même pour un excellent sorcier, c’est complètement impossible… Mais si tu te décidais un jour à écouter en cours…

- Je pense trop à toi, ça me déconcentre tous les jours
, railla-t-il en ouvrant son flacon. Puisque ta réaction n’a rien d’alarmant, j’en déduis que j’ai toutes les chances de ne pas faire un arrêt cardiaque après l’ingestion de ce truc. Je l’ai fait moi-même, alors tu comprendras que je ne suis pas très rassuré… Je compte sur toi pour me sauver si je me mets à cracher du sang.
- Mais attend, qu’est-ce que tu…

James commençait à paniquer doucement, trop habitué à l’inconscience du Serpentard pour ne pas craindre de se retrouver avec une catastrophe sur les bras. Mais Isaac avala la potion en une gorgée. Il grimaça un peu, c’était plutôt âpre, pas franchement agréable. Son homme le fixait comme s’il s’attendait à le voir se convulser dans des douleurs atroces. Tout allait bien cependant. Il ne pensait pas mourir ce soir, et c’était tant mieux parce qu’il avait déjà une idée de la manière dont il comptait poursuivre la nuit et le trépas ne figurait pas sur la liste. Un éclat de rire soulagé lui échappa. Il embrassa les lèvres de James et se releva d’un bond.
- Je viens peut-être de réussir ma première potion !
s’exclama-t-il tout excité à l’idée d’un engrenage mis en marche. Désormais, son sommeil serait perturbé, et il n’était plus possible de reculer.
- Et elle fait quoi ta potion ? Voudrais-tu bien m’expliquer ce que t…

Il revint sur le lit et s’allongea sur James sans lui laisser le temps de finir sa phrase. De toute manière, il n’avait pas l’intention de lui répondre.
- Tu verras…
, dit-il sur un ton énigmatique.
Un sourire fermé s’arqua sur ses lèvres. Il était inutile de discuter lorsque le jeune homme adoptait cette expression, sous peine de se retrouver moqué sans obtenir la moindre précision. Deux misérables journées le séparaient de son retour à Poudlard alors qu’il profitait de la présence de James depuis près de deux semaines. Ce n’était pas énorme et, pourtant, il n’avait encore jamais fréquenté son amant aussi longtemps. La vie à l’internat était vraiment contraignante. Cependant, il aurait suffisamment d’occupation pour combler le vide que cette séparation allait laisser. Les nuits de janvier seraient agitées de rêves très particuliers.

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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptyMer 27 Avr - 23:49:10

V – A la cime du monde

Janvier/Février 99, Poudlard


Ce monde était vert, percé de lumière. Il courait, parfois il flottait, mais il ne s’arrêtait jamais. Les images étaient floues mais ce n’était jamais désagréable. Il se sentait léger, ivre de liberté. La terre était loin de lui. La terre le laissait à découvert. Il ne fallait pas s’y aventurer, on ne sait jamais ce qui peut arriver sur le sol, sur le carrefour de tous les prédateurs et surtout des hommes. Mais où était-il ? Il n’en savait rien. Ses rêves le figeaient dans une dimension verte ou brune. Ils se répétaient chaque nuit, avec les mêmes impressions d’allégresse et de danger. Le paysage flouté défilait à lui en donner la nausée. Isaac passait des nuits de plus en plus agitées. Parfois, une force irrésistible l’attrairait vers le sol, quelque chose se dérobait, il tombait, et la panique le gagnait. Ses réveils se finissaient souvent de cette manière, par un arrêt cardiaque brutal qui faisait affluer d’un coup le sang à son cerveau. Le livre précisait que la potion « pouvait » troubler le sommeil. Il n’avait pas un seul instant imaginé que ces songes seraient aussi épuisants.
Janvier rapprochait les cinquièmes années des BUSE, il se retrouvait aussi à la tête de l’équipe de Serpentard, les entrainements de Quidditch se multipliaient en vue d’un match officiel contre Serdaigle et il n’était pas possible de relâcher la pression pour prendre du repos. Les cernes sous ses yeux s’élargissaient un peu plus chaque matin. Il devait ruser pour les effacer, pour redonner un peu de couleur à son teint livide et à ses lèvres exsangues. S’il continuait à écrire régulièrement à James, il n’avait pas une seule fois évoqué leur prochaine rencontre. Il n’avait pas du tout la tête à ça. Les études, le sport et, surtout, ses rêves un peu trop physiques drainaient toute son énergie. Combien de temps tiendrait-il dans cet état ? Le manuel d’animagus ne comportait pas d’antidote. Il irait au bout du rituel ou resterait figé dans un stade incroyablement dangereux pour sa santé mentale. Mais la révélation arriverait-elle un jour ? Le temps passait et l’angoisse rampait sournoisement vers lui, il n’en avait pas la moindre idée. Cependant, il ne se sentait vraiment pas de subir ces visions la moitié d’une année. Hélas, il n’y avait pas d’autre solution que celle d’attendre. Les pages du grimoire ne donnaient pas la moindre astuce en vue d’accélérer le processus.
Parfois, il lui semblait qu’un élément de plus apparaissait. Il en avait en tout cas l’intime conviction lorsqu’il revenait à lui, l’esprit encore engourdi, les yeux clos sur l’oreiller. Mais ses souvenirs oniriques se fermaient dès qu’il essayait de les explorer. Il se heurtait à une bouillie indigeste de vert, de brun et de rayons blancs. Où était-il ? Cette sensation de hauteur lui laissait à croire qu’il s’agissait d’un arbre. Cependant, il était possible que son étourdissement ne soit du qu’à l’altitude. Il évoluait peut-être sur une montagne, impossible de définir avec certitude le milieu naturel de son animae. Deux choses étaient certaines, cette créature allait très vite et semblait plus craintive qu’agressive… Voilà qui ne l’aidait pas vraiment à avancer…


**Quelque chose collait sur ses pas. Il sentait l’odeur entêtante des conifères, la parfum de la sève brûlait ses narines et refroidissait ses yeux. La neige était tombée cette nuit, les denrées se faisaient rares, il allait mourir de faim s’il ne se constituait pas très vite un garde-manger. **

Il avait cherché les provisions entre ses couvertures et sous son lit. Un paquet de chocogrenouilles crevé était tout ce qui restait de sa dernière visite à Pré-au-Lard. Au petit-déjeuner, Isaac avait mangé avec un appétit assez consternant, comme un réfugié roumain assis à la table d’un roi. Il n’avait même pas faim. Il avait peur de… de quoi ? De manquer ? Mais comment pouvait-il souffrir de la disette à Poudlard ? Sur cet éclair soudain de lucidité, le jeune homme avait reposé toutes les biscottes qu’il avait mises dans ses poches.
Les idées fixes de ses rêves étaient de plus en plus prégnantes. Elles s’imprimaient dans sa pensée au réveil sans qu’il fût possible de les raisonner. La forêt l’attirait de plus en plus. Il était désormais certain de garder une forme de mammifère. Les oiseaux n’avaient pas besoin de réserve de nourriture, ils migraient vers des contrées plus favorables, tandis que, autre soucis pour lui, le froid l’engourdissait de plus en plus. Un matin de gel, il avait tout simplement oublié d’aller en cours. Après s’être habillé, il s’était recouché en marmonnant qu’il n’était pas question d’ouvrir les yeux avant que le temps ne se soit pas réchauffé. Le plus inquiétant était qu’il avait réussi à dormir à poings fermés jusqu’au lendemain, sans rêves cette fois, d’un sommeil étrangement silencieux.
Son animae était-il du genre à entrer en hibernation ? Il était difficile de l’affirmer. Sa lucidité était revenue quand la neige avait fondu, comme si son état dépendait davantage de la température que de la saison. Cependant, autre chose se clarifiait doucement, l’image des arbres et de l’écorce. Sa vie n’était pas seulement liée à la forêt, l’arbre occupait une place essentielle, c’était la raison pour laquelle le monde semblait si haut, et le sol si terrifiant. Et quel mammifère des forêts occidentales trouvait-il dans les arbres ? Le choix se réduisait considérablement, mais aucune espèce ne correspondait de manière arrêtée à ses symptômes. Les prédateurs ne faisaient pas de réserves et, franchement, à part l’écureuil, ses connaissances en matière de rongeurs arboricoles étaient très limitées. Et puis, un rongeur… Ne pouvait-il pas être quelque chose de plus… Quoi ? A l’avouer, il ne lui aurait pas déplut d’être un prédateur, pour le simple plaisir de déchirer une chair chaude et palpitante entre ses dents sans trouver cela dégoûtant. Mais au fond, ce serait une interprétation trop vulgaire, trop grossière de son caractère. Si les événements l’avaient rendu violent, il n’était certainement pas, au fond de lui, une bête assoiffée de sang.

Ses soupçons s’étaient clarifiés après une courte mésaventure dans la forêt qui avait causé la perte tragique d’un de ses ongles. Il avait essayé d’escalader un conifère en prenant appui sur le bout de ses doigts. L’expérience douloureuse avait été interrompue par l’arrivée inopinée d’Ethel Perks. Heureusement, la jeune fille n’avait pas eu matière à deviner l’origine de ses blessures.
L’animal s’était emparé de lui d’une manière assez troublante. Il s’était senti en danger, à deux doigts de basculer dans un inconscient sauvage et irréversible. Depuis, ses nuits se chargeaient de visions de plus en plus claires. Son petit corps bondissait de branches en branches avec une aisance hallucinante. Il aimait cette vitalité effrénée. Le petit animal était vulnérable bien sûr, mais tant qu’il demeurait dans son arbre, aucun prédateur ne pouvait lui nuire, même les oiseaux de proie ne l’atteignaient pas. Son animae était un écureuil roux, il avait fini par le voir à travers le feuillage d’un chêne, ses petites oreilles se terminaient en pinceau, sa queue ressemblait à un flambeau de poils rougeoyants, ses pattes griffues rendaient le monde accessible à la verticale comme à l’horizontale. Il n’avait plus peur du vide. La proximité d’un tronc assurait sa sécurité. Il se sentait bien, cette nouvelle nature sauvage n’ajoutait rien à sa personnalité, elle la complétait.
Etait-il heureux de se découvrir sous les traits d’un écureuil ? Il ne le savait pas vraiment. Ces rongeurs étaient plutôt mignons mais ils ne l’avaient jamais particulièrement attiré. D’une manière générale, les animaux n’avaient pas leur place dans les intérêts d’Isaac. Petit, il s’amusait avec des dinosaures, le film de Jurassic Park avait été une grande révélation pour lui, un peu comme les dents de la mer qu’il avait regardé en cachette un jour parce que ses parents le jugeaient trop effrayant pour un garçon de sept ans. Les créatures imposantes, terrifiantes et sanguinaires avaient fascinées son enfance. D’autres, les filles surtout, préféraient les lapins et les poneys, mais c’était nettement moins drôle. Il y avait les loups solitaires, les renards rusés, les serpents sournois, les aigles royaux mais les écureuils lui faisaient tout au plus penser à Tic & Tac, les rangers du risque… Oui, ces petites bestioles qui se faufilent partout pour dénouer les fils du mystère ! Blague mise à part, c’était précisément l’avantage de cet animae, il était vif, discret, idéal pour fuir, espionner ou prendre un ennemi par surprise à l’instant critique quand tout le monde craque leur tactique c’est l’attaque.

En poussant ses recherches un peu plus loin, Isaac avait trouvé d’autres symboliques plutôt intéressantes. Animal de discorde, l’écureuil était perçu comme un genre de petit démon, incarnation de Loki pour les germains et du Diable pour les chrétiens. La classe non ? Il aimait cette image, celle d’un être à l’esprit habile et insaisissable. Mais le petit animal a fait valoir quelques qualité moins inquiétantes, il est indépendance, vitalité, prévoyance et ambition. C’est une créature prudente, destinée à l’élévation, capable d’anticiper les coups durs en vivant sur ses réserves. Au fond, l’attitude de l’écureuil n’était pas tellement éloignée de la sienne. La force physique n’était pas innée en lui. Il ne luttait jamais de front. Il savait prendre du recul pour mesurer chaque situation. Ses victoires cueillaient le fruit de sa patience. Son esprit agile échappait à tous ses proches. Il était d’humeur changeante, toujours en mouvement, prêt à se dérober ou à mordre à la moindre impasse. Mais il savait brouiller les pistes, ménager ses forces, puiser dans ses dernières ressources pour survivre. Ce petit animal diablement nuisible, partagé entre ciel et terre, à la fois libre et attaché à son foyer, commençait décidément à lui plaire. Il lui tardait de revêtir sa peau, ses griffes, sa fourrure, de s’élancer dans la forêt, de vivre une autre vie, et de s’aventure loin, très loin des murailles de Poudlard. Etre un simple élève, un homme, n’était plus suffisant. Son évolution n’en était qu’à ses débuts. Il deviendrait un sorcier puissant.
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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptyJeu 28 Avr - 20:39:07

VI – La folle escapade de l’écureuil noir

Mars/Avril 99, Poudlard

Le printemps bourgeonnait et ses jambes se balançaient dans le vide. Perché sur un chêne, il observait les jeux de ses camarades, ceux qui se disputaient un souaffle, ceux qui faisaient hurler une cornemuse au loin, et les petits premières années qui jouaient encore au nundu glacé. Désormais, il pouvait grimper aux arbres avec aisance. C’était bien la seule chose qu’il avait apprise ces deux derniers mois. Les convers’ délacées à ses pieds le confirmaient, il était humain, désespérément humain, ses tentatives répétées n’avaient servies à rien. Il avait cru y arriver quelques semaines plus tôt, un jour de pluie, où sa raison l’avait à moitié quittée. Comme parfois dans ces moments d’animalité de plus en plus réguliers, il avait oublié qui il était, oublié qu’il détestait la pluie et les terrains boueux. Ses chaussures s’étaient égarées quelque part dans la tourbe, il avait marché nu pied jusqu’à la lisière de la forêt avec le souhait insensé de se débarrasser une fois pour toute de cette peau de garçon. Son corps lui semblait encombrant, lourd, trop raide. Que pouvait-il faire avec ? Il courait trop lentement, n’avait nulle part où se faufiler, où s’accrocher, et il n’arrivait pas à s’élancer sans tomber, alors que l’écureuil rebondissait avec légèreté. Il ne se supportait plus. Et quelque chose de terrifiant s’était passé. Son épiderme s’était soulevé, une fourrure noire avait essayé de recouvrir ses bras, et ses ongles s’étaient allongés. Il aurait pu se laisser aller jusqu’au bout. Mais il avait pris peur. La méthode pour devenir animagus l’avait averti des risques. Il savait que cette métamorphose pouvait le tuer, surtout s’il essayait de lui résister dans un moment critique, alors que les organes rapetissaient par exemple. Que se passerait-il s’il effectuait une transformation partielle en écureuil, si l’intérieur restait intact tandis que son enveloppe se réduisait ? Il exploserait de l’intérieur, très certainement, ce serait charmant. Pourtant, cette idée n’était pas la plus effrayante. Il était difficile de concevoir sérieusement sa propre mort, surtout lorsqu’elle s’annonçait aussi dégoutante. En revanche, il se figurait très bien la perte de conscience, la plongée irréversible dans la sauvagerie et il craignait ce point de non retour qui, semblait-il, le menaçait parfois… Il lui arrivait de plus en plus souvent de regretter la folle entreprise dans laquelle il s’était embarqué. Quelques mois plus tôt, il se fichait bien de tout perdre, mais maintenant ? Qu’avait-il à gagner si ce n’était une stupide satisfaction personnelle ? Rien ne valait une prise de risque aussi énorme. Il se défilait, lâchement, comme ces héros honteux qui abandonnaient une vie de gloire et de prouesses pour épouser la femme de leurs rêves. Après tout, pourquoi prendre le risque de mourir quand on avait déjà tout ce qu’on pouvait souhaiter ? Ah il se le demandait. Mais il n’avait pas le choix, parce qu’il était mentalement impossible de retourner en arrière depuis l’absorption de cette potion, en premier lieu, mais aussi parce qu’il avait pris un engagement avec lui-même, une promesse sacrée. La métamorphose était son domaine magique préféré, et il explorerait les branches les plus sombres de son art, quitte à y laisser une partie de sa vie. L’amour était une belle récompense de la vie, néanmoins, celui qui plaquait son avenir pour vivre une idylle, restait un raté aux yeux du monde. Il serait un sorcier brillant ou ne serait pas, voilà les mots qu’il essayait d’imprimer au fer blanc dans son crâne. Pour se convaincre de sa bonne volonté, il s’était abstenu de voir James pendant un mois presque entier… il avait craqué au vingt-septième jour, désespéré de n’arriver à rien.

Finalement, cet abandon ne lui avait pas fait de mal. Il avait le sentiment de repartir à nouveau sur du neuf, en vivant chaque rencontre comme une dernière fois. Ses camarades lui trouvaient un comportement étrange, presque mélancolique, mais il fallait pouvoir se détacher du monde pour se fondre complètement dans cet animal qui n’en pouvait plus de cette chair humaine. Depuis quelques jours, du haut de son arbre, à l’écart du monde, il se mettait en condition. Il était prêt à oublier qui il était le temps d’une transformation. Il arrivait même à se dire que, si le néant devant s’étendre, ce n’était pas si grave au fond, c’était une fatalité comme une autre, et il devait l’accepter. De toute manière, il ne pouvait plus vivre dans ces conditions, hanté par des rêves de bête et oppressé de plus en plus régulièrement par cette impression d’être double et piégé dans un corps étranger.
Il se laissa glisser à terre alors que le parc commençait à se vider. Les nuages recouvraient les derniers rayons de la journée et la bruine humidifiait l’air. Même en avril, il était difficile de compter sur la stabilité d’une journée en soleillée dans cette fichue campagne écossaise.

Alors ? Etait-il prêt pour le grand saut ? S’il ne l’était pas aujourd’hui, il ne le serait jamais. Ses yeux se posèrent sur les pins serrés de la forêt. Bientôt, il serait leur familier. Il pourrait explorer tous les recoins de ce lieu interdit sans craindre le danger et il dépasserait les frontières autorisées pour quitter Poudlard en dehors des vacances scolaires et sans permissions. Le rêve. Et dans le château, il n’aurait plus besoin de rivaliser d’ingéniosité pour éviter Rusard lorsqu’il dépassait le couvre feu. Etre animagus était la promesse d’une liberté d’action plus totale, et l’écureuil serait sans doute bien utile pour se dérober à la vue de tous les fâcheux. C’était juste la forme qu’il lui fallait, petite sans être trop ridiculement vulnérable comme le serait une souris. De plus, il n’était pas seulement limité aux déplacements au sol. Ce rongeur était un spécialiste de la fuite. Que demander de plus d’une forme animale à fonction utilitaire ? Qu’aurait-il fait d’un paon dont la seule qualité était d’offrir à son public des roues splendides ? Les rêves lui avaient montré une espèce qui lui semblait plus nécessaire chaque jour. Etait-ce une fausse certitude ou l’influence de l’animal qui grandissait en lui ? En tout cas, il avait besoin de ce pouvoir… Et il l’obtiendrait avant le mois de mai, avant même les vacances de printemps. Aujourd’hui.
Il s’appuya contre le tronc odorant d’un conifère, à l’abri des regards. Le parfum entêtant de la sève ambrée qui perlait dans les fissures de son écorce lui rappelait ses rêves, et il se sentait minuscule et vulnérable lorsqu’il se trouvait au pied de cet arbre. S’il levait la main, il pouvait toucher la première branche. Mais, dans le rêve, il n’arrivait à rien, même en se dressant sur ses pattes arrière. Il était obligé d’escalader l’arbre pour rejoindre la branche. Oui, il était minuscule, couvert de poils cuivrés ou noirs, pourvu d’une excroissance touffue qui lui servait de balancier. Ses mains griffues pouvaient s’accrocher à n’importe quelle paroi, contrairement à ses ongles d’hommes qui se retournaient pour un rien. Et s’il n’arrivait pas à s’accrocher, il lui suffisait de prendre un élan assez important pour dominer une impasse aussi rigide qu’un mur de béton, parce que son corps était léger et souple. Autour du nez, il avait aussi une moustache qui n’avait rien à voir avec celle qui gratte le matin et qui vous faisait dire en hurlant horrifié devant votre miroir « Mon dieu ! Je deviens adulte ! Où est ma crème épilatoire ?». Celle-ci était transparente et utile, puisqu’elle l’aidait à avoir une meilleure perception de son environnement tangible… Preuve que l’homme était une créature absurde et mal conceptualisée. Mais là n’était pas la question, il serait idiot de déconcentrer le lecteur à un instant clé de l’aventure, alors que la conclusion arrive fatalement.

Isaac revoyait le début de transformation qui l’avait tant surpris le mois dernier, l’augmentation affolante de la pilosité sur ses bras, les ongles qui s’affinent et se courbent. Il lui sembla bientôt que les mêmes sensations revenaient mais il n’osa pas ouvrir les yeux qu’il avait fermés pour se concentrer, de peur que la peur ne l’empêche de poursuivre. La fourrure s’implantait sur chaque parcelle de sa peau et il lui semblait qu’un million d’épines s’était enfoncé en même temps dans ses membres, son ventre, son dos, son cou et même son visage. Et, loin de se retirer, elles s’enfonçaient plus profondément. Il serra les dents avec l’impression de passer sous un rouleau compresseur. Ce n’était pas possible, il allait forcément mourir écrasé. La douleur était atroce. Elle le ramenait à des images insoutenables de crâne brisés, d’os fissurés, d’entrailles arrachées, tout ça en même temps. Et, un liquide chaud peu encourageant coula sous son nez, le long de ses lèvres. Alors c’était fini ? Il allait faire une attaque cérébrale ? Non, il ne devait pas y penser, ou ce serait la fin de tout, le tombeau assuré, pour un gosse de quinze ans qui s’était cru plus fort que ses maîtres. Vous connaissez l’histoire de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf ? Il allait peut-être connaître le même sort, mais à l’échelle humaine. Oui, il en revenait à ces histoires dégoutantes, un dixième de secondes seulement, parce qu’il devait impérativement se vider l’esprit et se concentrer sur l’adorable petit rongeur qu’il s’apprêtait à devenir et qu’il aurait la chance de faire évoluer en forêt s’il survivait. Mais il survivrait. Il suffisait de se laisser aller, comme lorsqu’on se retrouvait piégé dans les tentacules d’une plantes carnivores, plus on se débattait, plus vite on était étranglé et avalé, alors que si on restait tranquille… Hum… L’exemple n’était pas le plus pertinent mais il s’efforça cependant de le suivre, et de tranquilliser son esprit malgré cette douleur qui le plongeait dans le délire le plus complet. Et, soudain, ce fut comme si quelque chose l’aspirait d’un coup vers le sol et qu’il faisait une chute vertigineuse de plusieurs mètres de haut. Il rattrapa son cœur du bout des lèvres et se retrouva à quatre pattes par terre sur un sol gigantesque.


Voilà, c’était terminé ? Mutation réussie ? Le gène x était en lui ? Sa fourrure n’était pas très rousse. Il avait conservé sa couleur naturelle, et elle était visiblement d’un noir éclatant. Au moins, il gardait sa dignité. Etre roux, même sous une forme animale, restait une tare. Il avança de quelques pas sur le sol humide. Son corps tremblait comme celui d’un nouveau-né et il ne se sentait pas en sécurité. Un bruissement dans les fourrés le fit bondir sur le tronc et il entreprit l’ascension de l’arbre pour se poser sur la première branche. C’était une sensation très étrange. Son ouïe plus développée rendait cet environnement gigantesque terrifiant. Mais il devait s’habituer à cette nouvelle forme, monter plus haut et bondir de branche en branche… Ce qu’il s’était plu à imaginer ces dernières semaines s’annonçait plus compliqué que prévu. Même s’il n’avait pas le vertige, il craignait de se rater en s’élançant sur la branche d’à côté. Comment faisaient donc les animaux pour ne jamais tomber ? Ils évaluaient les distances à l’instinct, ils connaissaient la portée de leurs sauts. Mais lui, qu’en savait-il ? Cette aventure lui rappelait les métamorphoses de Merlin l’Enchanteur et les bonds incertains de son disciple Moustique dans le film de Disney. Certes, ses références n’étaient pas d’un registre très élevé, mais il faisait comme il pouvait. Ce n’était pas sa faute s’il avait été élevé avec la télévision pendant que ses parents travaillaient !
Il escalada l’arbre jusqu’à la cime, en s’efforçant d’aller de plus en plus vite. C’était amusant finalement. Au bout de quelques minutes, il arrivait déjà à courir d’une branche à l’autre en bondissant sur de petites distances et en effrayant les oiseaux qui couvaient leurs œufs sur des nids de brindilles.

Ses premières tentatives de saut d’un arbre à l’autre manquèrent de précision. Son grimoire stipulait qu’il fallait s’abandonner à son instinct d’animagus. Or, ce n’était pas suffisant au début. Il découvrait son corps comme un oiseau qui apprend à voler pour la première fois. Certains réussissent du premier coup, d’autres se ratent et se font croquer par les prédateurs sur la terre ferme. Il en allait probablement de même pour les petits écureuils... Et il serait idiot de finir son périple sous les crocs d’un renard. En visant le pin qui lui faisait face, il rata sa cible et se rattrapa de justesse sur une branche un peu plus basse. Sans se décourager, il recommença et atterrit sur la branche trop étroite qui faillit le faire basculer dans le vide. La suite de l’exercice se passa plus tranquillement. Il se retrouva une heure plus tard au fond de la forêt interdite et revint sur ses pas sans rencontrer la moindre difficulté, comme s’il lui était tout naturel de gambader entre les feuillages… Une fois la technique assimilée, l’expérience était vraiment grisante. Il retrouvait tous les éléments de ses rêves, la vitesse et le flou vert et or des ramures qui défilaient devant ses yeux. En quelques balancements, Isaac pouvait rejoindre le sommet du plus vieil arbre de la forêt. C’était comme dominer le monde, à l’échelle ridicule d’un écureuil. Il avait envie d’hurler quelque chose, n’importe quoi, mais les pauvres couinements qui s’échappèrent de sa mâchoire évincèrent très vite cette idée. Il redescendit à vive allure et essaya de cueillir une pomme de pin pour ronger ses pignons. Dans ses moments d’absence, il lui était arrivé d’en avaler sous forme humain, et il avait bien évidemment tout recraché en reprenant connaissance la seconde suivante. Mais cette fois, ce serait probablement différent.

La pomme de pin tomba. Ses mouvements restaient trop erratiques, il aurait besoin d’entrainement, et comme le jour déclinait il se résigna à rejoindre le sol à son tour. Le serpentard se laissa glisser le long de l’écorce. L’inquiétude s’empara à nouveau de lui lorsqu’il retrouva le tapis mousseux de la forêt. Il devait reprendre son apparence humaine rapidement. Mais, même en y pensant très fort, rien ne se produisit. A quoi ressemblait-il au fait ? Ces heures dans la peau d’un rongeur lui avaient fait perdre la moitié de sa mémoire. Il se posa quelques minutes contre une racine pour recomposer la vie folle et trépidante d’Isaac Deniel et, peu à peu, il se sentit grandir et la fourrure lustrée laissa place à une peau hâlée. Il avait même réussi à garder ses vêtements ! Enfin presque… Pour une raison qu’il n’expliquait pas, ses baskets avaient disparu dans un trou noir entre les deux métamorphoses. Il remarqua aussi que ses ongles ressemblaient toujours à des griffes mais un petit effort de concentration supplémentaire effaça le dernier signe de son animalité. Visiblement, tout s’était bien passé, il était en vie, sous la forme d’un jeune homme de cinquième année qui venait de gagner un don secret. L’aventure était terminée et il avait reçu son bonus xp ! Enfin… bref. Il se releva péniblement. La tête lui tournait, il se trouvait anormalement grand tout à coup. Mais, il réalisa que la forêt ne l’effrayait plus. Il pouvait regagner le parc sans redouter l’attaque d’une fouine ou d’un renard. Bon, il pouvait aussi tomber sur une araignée géante ou un cocatrix mais ce n’était qu’un détail, il était trop fatigué pour y penser. Il avait réussi, c’était le principal. A présent, il pouvait rentrer et se coucher. C’était une excellente conclusion à cette merveilleuse journée. Au lieu de crier victoire, Isaac se contenta d’un bâillement. Il traversa le parc sans un regard pour ses camarades qui s’étonnèrent pourtant de le trouver en chaussettes et s’engouffra dans la salle commune des Serpentard, où il rejoignit son dortoir, se roula en boule sur son lit et s’endormit. Les rêves avaient un goût de sève, des éclats de lumière perçaient l’ombre verte et il bondissait, encore, et encore…


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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] EmptyMer 25 Mai - 14:20:29

Charmante petite bestiole, Ange la trouverait très mignonne titeuple
C'est tout bon je valide I love you
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MessageSujet: Re: Isaac Deniel - Animagus [Validé]   Isaac Deniel - Animagus [Validé] Empty

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