Nom : Lightman
Prénom : April Rose
Age de votre personnage : 29 ans du 4 février
Poudlard / UMA
Poste souhaité : Professeur de DCFM
Age du posteur (en HJ) : 20 ans
« Lundi 4 janvier 1999.
J’y suis. De retour à Poudlard après 11 ans sans y poser un orteil. Enfin si on exclut l’entretien du mois dernier. Aujourd’hui, c’est mon premier cours. Je n’ai pas peur, je sais bien que je suis plus féroce que tous ces gosses réunis. Gryffondor me manque. Cette année va être géniale. »
April posa sa plume et sourit. Doucement, elle souffla sur l’encre pour la faire sécher plus vite et referma le livre qu’elle glissa dans sa bibliothèque, entre divers ouvrages sur la magie noire, les créatures maléfiques, les sorts de protection et tout ce qui concernait sa discipline. Les défenses contre les forces du mal englobaient une multitude de domaines, d’idées, de compétences. Il fallait connaître un peu l’histoire, connaître le monde animal, celui des êtres doués d’intelligence, connaître les sorts, bref, s’intéresser à tout ce que la magie avait à offrir. Difficile d’enseigner ça sans parler du reste. Et c’est ce qui rendait le tout aussi intéressant. On faisait le lien entre des matières que l’on aurait pu croire inutiles, au premier abord. C’était mettre la connaissance, l’évolution et la magie au service de l’homme et de son bien-être. C’était faire rentrer du plomb dans les têtes blondes qui assisteraient à ses cours.
Finalement, ça n’avait pas été si dur que ça. Elle se souvenait encore de Poudlard. Elle se souvenait de la lettre qui lui avait ouvert les portes du château et du monde magique. La gamine de moldus, puisque c’est ce qu’étaient devenus ses parents avec cette histoire, avait pu faire ses premiers pas dans le monde de la magie quelques mois seulement après l’anniversaire de ses onze ans. Elle était entrée dans un monde torturé, sombre mais merveilleux. Un monde qui lui semblait n’avoir aucune limite. Et ça avait été le début d’une grande histoire. Elle se souvenait du Poudlard expresse et de son tout premier suçacide, du trou dans la langue qui lui avait arraché des larmes, faisant rire un garçon un peu plus vieux qu’elle. David. Son premier ami sorcier, son premier amour. Elle se souvenait de l’arrivée à Poudlard, de la répartition. Du moment précis où elle avait été répartie à Gryffondor. Pour son courage, son envie de découvrir le monde entier et toutes ses merveilles, et son sens du jeu. April Lightman la petite sorcière au blason sang et or. Les premiers jours, David l’avait fait marcher, lui faisant croire que puisqu’elle était chez les lions et lui chez les blaireaux, ils ne pourraient pas s’entendre. Elle avait bu ses paroles et caché son chagrin, crédule. Pour ça, elle n’avait pas changé. Elle avait souvent trop confiance pour penser qu’on pouvait lui mentir. Et si le temps lui avait appris des choses, ça n’était pas la prudence. Tout ce qu’elle avait acquis, c’était l’habitude d’attendre quelques secondes avant de parler, juste par automatisme.
Enfin. Poudlard et Dave avaient formé la jeune fille au fil des repas, des matches, des bals et même des cours. Elle était devenue une vraie petite magicienne, de celles qui ne laissent jamais leur baguette, quelque soit le motif. Elle avait travaillé dur, passionnée par ce monde un peu bizarre, et elle avait fait de son mieux pour prouver aux siens, ces moldus un peu obtus, qu’elle n’était pas un monstre de foire. Et puis après tout, c’était le deal avec ses parents. Elle allait dans son collège un peu spécial si elle voulait, à la condition qu’elle ramène de bonnes notes. Ça n’était pas parce que ses matières étaient un peu étranges qu’elle devait se la couler douce.
Les premiers temps, elle avait voulu être joueuse de quidditch. Puis éleveuse de dragons, puis alchimiste, bref, tout ce qui était réellement très particulier et magique. Elle voulait être marginale dans son monde un peu à part. Et elle avait retrouvé ses esprits, avait choisi une voie plus classique, quelque chose qui la ferait marcher dans les clous, un peu. April avait toujours été comme ça. Elle plaçait en premier ce qui était bon pour elle, ce qui la faisait vibrer et faisait d’elle la sorcière qu’elle voulait être. Elle avait de l’ambition. Pas les vues mesquines d’un serpent prêt à tout pour arriver à ses fins, non. Elle, elle voulait juste être quelqu’un d’accompli. Alors elle avait choisi. Elle avait sélectionné les matières les plus importantes pour son avenir professionnel, sage, déterminée. Rien ne résistait aux rouges et or. Et avec l’état du monde magique, qu’y avait-il de mieux que le métier d’auror ? April avait passé la cinquième année et les deux suivantes entourée de livres. David avait ri, quand il l’avait vu faire ça pour les BUSEs. Il lui avait dit qu’elle ne tiendrait jamais l’année entière en étant aussi studieuse. Mais pour que le savoir entre dans ce crâne de piaf, il fallait utiliser les grands moyens. Ils avaient tous deux eu leurs examens, avaient brillé, et David était parti à l’Uma, laissant sa protégée se préparer seule pour les ASPICs.
Ensuite… Ensuite il y avait eu mille et unes choses. April n’avait pas vraiment aimé l’Uma. D’une part, parce que le collège écossais lui manquait, d’autre part parce qu’elle ne pouvait pas attendre d’entrer dans la vie active. Elle voulait de l’action, elle voulait aller botter les fesses de tous ces grands mages ténébreux. Elle voulait croquer du méchant au petit déj’. Mais on lui mettait des bâtons dans les roues en l’obligeant à suivre un cursus universitaire. Le seul point positif, c’est qu’elle retrouvait son ami. David n’avait pas changé, si l’on excluait le fait qu’il s’était fiancé. Ce détail insignifiant mis à part – de toute façon, elle avait fait le deuil de ses sentiments depuis longtemps, Dave était le même blaireau insupportable et merveilleux. Il l’avait guidée, aidée, épuisée. Il l’avait harcelée pour qu’elle s’inscrive à tous les séminaires, lui avait donné ses anciens cours, pour qu’elle obtienne de meilleurs résultats. Mais le contrat avec ses parents étaient rempli, et elle n’étudiait plus que pour elle. Alors tant qu’elle atteignait son objectif, elle ne se fatiguait pas plus que nécessaire. Que ça plaise à David ou non.
Finalement, elle était sortie de l’Uma et entrée au ministère. Elle n’avait pas douté une seule fois, ce n’était pas son genre. Elle s’extirpait d’une structure pour en intégrer une autre, toujours précédée par David. Il avait deux ans d’avance sur elle, toujours. A Poudlard, à l’Uma, au bureau des Aurors… il était toujours là. Son mentor et son meilleur ami. Le type le plus fiable qu’elle connaisse. Il ne l’avait jamais abandonnée… Enfin. April faisait donc ses premiers pas de chasseuse de mages noirs dans un monde que l’on croyait libéré du pire des fléaux, tout ça grâce à un mioche et à une cicatrice douteuse. Peu à peu, elle s’était détachée de David. Elle avait 25 ans, il en avait 27, était marié et père d’un petit garçon de quatre ans dont elle était la marraine : Abel. Elle l’appréciait toujours en tant qu’ami, mais ils n’avaient pas les mêmes objectifs. Quand il rêvait de famille, elle pensait aux missions, à l’aventure, au danger. Elle avait même fini par intégrer une organisation secrète, un groupe de combattants œuvrant pour le bien.
L’Ordre du Phénix.
April avait 26 ans et les moins bornés, les moins peureux étaient maintenant conscients que le Mage Noir suprême, celui que l’on ne nomme pas sous peine de mourir dans d’atroces souffrances – un genre de Bloody Mary, pour faire simple, n’était pas tout à fait mort. Soutenue par William, un vieil auror aigri, elle était entrée dans les rangs de l’Ordre, prête à fait de son mieux pour les siens. Elle était une combattante, elle n’avait pas l’intention d’attendre que les autres luttent pour elle. Le temps passait, et elle se frayait un chemin au ministère, se faisait une place au sein de l’Ordre. Elle enchaînait les missions, jubilant quand elles gagnaient en péril et en importance, ravie de pouvoir être utile. Elle servait. Finalement, c’était ça le plus important. Elle ne voulait pas avoir un nom, même si ça n’était pas pour lui déplaire. Ce qu’elle voulait, c’était faire des choses, aider. Et elle y mettait tout son cœur. Début mars 96, elle fut envoyée en mission en Transylvanie, à la fois pour le ministère et pour l’Ordre du Phénix, sans que les premiers soient au courant de l’implication des seconds. L’aventure, les secrets, c’était excitant, et April n’hésita pas une seconde avant d’emprunter le réseau de portoloins.
Là bas, elle passa trois mois. Elle y fit la rencontre d’un barman moldu assez charmant : Jules. Rapidement, elle se lia d’amitié avec lui, lui confiant ses sentiments sans pour autant lui parler de sa véritable identité, de sa mission, de sa nature. Il lui offrait un cocktail fruité quand elle était fatiguée, un whisky quand elle était blessée, sans jamais lui poser de questions. Pour lui, comme pour tous les autres, elle était April O’Toole. Mais ce genre de choses importait peu. Finalement, elle retrouva l’Angleterre, abandonnant tout ce qu’elle avait connu là bas, disparaissant simplement, sans une explication, sans un adieu. C’était une mission, elle ne pouvait pas perdre de vue ses objectifs.
Ah, sa vie avait été fascinante, trépidante ! Mais maintenant, c’était fini. Voldemort avait été défait, et l’Ordre n’avait plus lieu d’exister. Avec la perte de son clan, elle avait perdu son goût pour les grandes batailles. Avec l’année passée, elle avait perdu son amour pour le ministère. Elle avait de toute façon pris une année sabbatique pour se consacrer uniquement à l’OdP. Maintenant, ce congé s’était transformé en démission, et elle avait pris quelques mois pour savoir ce qu’elle allait faire de sa vie. Jusqu’au déclic, lorsqu’elle lut dans la gazette qu’un poste s’était libéré à Poudlard, celui de DCFM. C’était évident. C’était pour elle. Un retour aux sources, sans perdre de vue sa passion. Après tout, ses notes dans cette discipline avaient toujours été excellentes. Elle s’était battue pour défendre son monde contre les forces du mal, alors elle connaissait le sujet. Et plus que tout, la fin de la dernière guerre avait démontré que c’était là que naissaient les vrais combattants, que c’était le plus précieux du monde magique. Elle ferait une enseignante hors pair !
Mi-décembre, elle s’était présentée au château, avec sa plus belle robe de sorcière. Une robe grenat, assez épaisse, avec une lourde capuche. Elle avait posé un premier pied dans le hall comme au ralenti, levé les yeux vers le plafond, observé les spectres. Puis le brouhaha avait fait éclater sa bulle imaginaire, et elle s’était retrouvée au milieu d’une foule d’adolescents. Elle s’était faufilée jusqu’à la salle commune des Gryffondors d’abord, et était restée en arrêt devant le tableau de la Grosse Dame.
« Si vous ne me donnez pas le mot de passe, je ne peux pas faire grand-chose jeune péronnelle. »
« Je ne veux pas rentrer. » Elle sourit « Je ne suis plus élève ici. Je suis April. J’ai été dans cette maison… »
« Vous pensez que je me souviens de tout le monde ? J’en vois passer des visages, pas toujours très corrects d’ailleurs. Alors si vous pensez que je connais tous leur nom… »
« Je croyais oui. Désolée. Je viens pour le poste de professeur de DCFM. »
« Et ? Que voulez vous que j’y fasse ? »
« Rien. J’avais envie de le dire à quelqu’un, c’est tout. Je vous reverrai bientôt. »
La peinture parla encore, mais April n’écoutait plus. Elle se dirigea tout droit vers le bureau de la nouvelle directrice, ravie de revoir le visage sévère de celle qui lui avait enseigné la métamorphose et été sa directrice de maison pendant sept années. Elle était à peine arrivée devant la porte quand un petit homme rond dans un cadre doré l’interpella.
« Vous pouvez rentrer, elle vous attend. »
April obéit et poussa la porte. La vieille McGonagall attendait, figée derrière son bureau, son regard perçant rivé sur l’ancienne rouge et or à travers ses petites lunettes. Après une seconde d’hésitation, April s’avança et son regard se posa sur un homme assoupi dans un cadre, au milieu d’une multitude d’autres tableaux. Dumbledore. C’était bizarre, de le voir comme ça…
« Je viens pour le poste d’enseignant de défense contre les forces du mal. Je suis April Rose Lightman, ancienne gryffondor, ancienne auror et… »
Elle fronça les sourcils. Elle avait failli parler de l’Ordre. Tout était fini, et McGo et elles avaient toujours été dans le même camp, mais elle ne pouvait se résoudre à parler de ce qu’elle avait dû taire pendant des années. La directrice savait bien qu’elle avait fait partie de l’OdP, de toute façon.
« … et voici les notes obtenues aux BUSEs, ASPICs, et épreuves de fin d’étude. J’ai une recommandation de William Montrose aussi, du bureau des aurors. »
Elle hésita, esquissa un sourire gêné et reprit la parole, ses yeux chocolat ne quittant la directrice que pour jeter de furtifs coups d’œil au tableau de Dumbledore.
« C’est un peu beaucoup mais je veux prouver que je suis motivée. »
« Pourquoi voulez vous enseigner ? »
« Parce qu’il faut former les nouvelles générations, leur apprendre à devenir des adultes. »
Pas une hésitation. C’était la première chose qui lui était venue à l’esprit. Ça n’était pas trop cliché, pas trop altruiste. C’était simple. Mais McGonagall ne se laisserait pas acheter par une simple petite phrase.
« Et concernant votre âge ? »
April hésita, puis sourit. Elle s’était préparée pour l’entretien avec William et David, et les deux aurors lui avaient posé un maximum de questions dérangeantes pour qu’elle soit certaine de ne pas être désarçonnée. Alors cette question ne lui faisait pas peur. Elle savait exactement comment répondre. C’était de toute façon plus diplomate que le « T’es une gamine, tu vas te faire massacrer non ? » de William. Ce type était vraiment un auror de base…
« Je suis jeune, c’est vrai. Mais on entre dans une nouvelle ère, et je pense que mon âge me permet justement de comprendre ça beaucoup mieux que d’anciens professeurs un peu trop conservateurs qui ne verraient pas les élèves tels qu’ils sont. On a tous vu ce qui s’est passé l’an dernier, et les années d’avant. Loin de moi l’idée de vouloir remettre en place tout l’ordre établi, mais il me semble qu’il faut être proche d’eux pour les aider à faire les meilleurs choix. J’ai les mêmes diplômes que n’importe qui d’autre. Je n’ai peut être pas passé ma vie à étudier, mais j’ai de l’expérience sur le terrain, et mes notes, le fait que je sois vivante prouvent que je sais de quoi je parle. »
Après une nouvelle hésitation, très brève, elle baissa les yeux.
« Ils ont tous vécus, comme nous, une année particulièrement sombre. Certains en sont morts, d’autres sont blessés, se sont renfermés sur eux-mêmes, ont abandonné la magie. Je sais ce qu’ils vivent. Je sais ce que c’est d’avoir peur. Et il n’y a pas mieux placée pour les aider à remonter en selle, pour les aider à affronter ce qui les attend. J’ai beaucoup étudié, beaucoup appris. Toute l’année dernière, j’ai été aux côtés des autres membres de l’Ordre, et je n’ai rien manqué de ce qui se passait ici. Il y a des élèves qui ont vu beaucoup plus que ce qu’ils pouvaient tolérer, tout ça parce qu’on ne les a pas assez bien préparé. Je ne dis pas que ce n’est que la faute de leurs enseignants passés, mais il faut être lucide. Nous sommes là pour les encadrer, pas pour leur bander les yeux quand ils sont en danger. J’ai de l’autorité, de l’assurance. Croyez-moi, je ne me laisserai pas marcher sur les pieds. Et je comprendrais qu’ils doutent de moi. Mais ils finiront par comprendre que je suis aussi capable que n’importe lequel de leurs anciens professeurs. Ils doivent apprendre, et c’est bien pourquoi je compte les aider. «
L’entretien se poursuivit encore un moment, et April avait quitté le Château. Maintenant, elle allait donner son premier cours. Mais avant, elle avait encore quelque chose à faire.
« J’ai eu le poste. Vous allez me voir plus souvent maintenant. »
La grosse dame ronchonna et April sourit.
« Merci. »
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