Et ça continue, encore et encore... [Jon']

Suite de ça, dans le parc

Au moins, Jonathan reconnaissait ses talents. Certes, la saison n'était pas idéale pour une pluie improvisée, mais de ça, il s'était rendu compte lui-même. Le Celte n'avait pu retenir un sourire en voyant qu'enfin, il faisait tomber le haut. Bon, ça ne dura pas longtemps, peut-être parce qu'il était à l'extérieur et qu'il n'avait pas envie de s'exhiber. Certains étaient moins à l'aise avec leur corps que d'autres. Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle commune, l'ex-Poufsouffle se tourna vers Jon'.

"On ne peut franchement pas rester comme ça, viens."

Et il lui prit, comme il put, avec toutes ces affaires, la main, pour l'entraîner vers les escaliers. Lorsqu'ils parvinrent au premier étage, Kael dirigeant les opérations, ils s'arrêtèrent devant la porte de la chambre n°5. Après avoir ouvert, à l'aide de sa clé, l'ex-Poufsouffle y entraîna Jonathan, avant de fermer la porte. Puis, n'y tenant plus, et après avoie jeté son débardeur dans un coin de la pièce, et en ayant au préalable sortit, avec difficulté, sa baguette de sa poche, il retira son jean, et alla dans la petite salle de bain attenante pour le déposer sur le bord de la baignoire. Et tout ça, il le fit en parlant. Parce qu'on ne l'arrêtait pas de causer.

"Je partage la chambre avec Neville. Tu te rappelles ? Il est sympa, mais on a pas beaucoup d'atomes crochus. Jusqu'à ce qu'il tue le serpent de Voldemort, on s'est toujours demandé s'il n'avait pas été réparti dans la mauvaise maison..."

Lorsqu'il revint dans la chambre, trois secondes plus tard, il tenait dans chaque main une serviette. Les deux étaient à lui, bien sûr, il ne se serait pas permis de piquer celle de son roommate. Il en jeta une à Jon', avant de lui-même commencer à se sécher. Bien entendu, sans son jean, il portait un boxer, trempé lui aussi, et noir. Pour une fois qu'il n'était pas blanc. Totalement indifférent, le Celte se frictionna allègrement les cheveux, tout en expliquant, d'une voix un peu tremblante, non pas à cause du froid, mais du fait que ça secouait.

"Mon lit, c'est celui du fond. Evite de te vautrer dans l'autre, quand même..." dit-il, avant d'interrompre son geste, et d'adresser un clin d'oeil à Jon'. "T'as pas de chambre ici, toi, j'ai remarqué... T'habites pas assez loin pour dépenser de l'argent ici ?"

Si jamais son camarade avait envie de s'installe sur le campus, finalement, Kael se demandait s'il serait possible qu'il vienne dans sa chambre... Après tout, Ron était seul au-dessus, ça ne devrait peut-être pas déranger Neville d'aller avec lui... Ou une autre chambre... Pas qu'il voulait se débarrasser de lui, non, loin de là l'idée, mais c'était quand même mieux de partager avec quelqu'un qu'il appréciait plus, non ? Debout au milieu de la pièce, la serviette sur les épaules, le Celte attendait. Et il se rendit compte qu'en fait, il avait un peu froid. Monter le chauffage et prendre une bonne douche, voilà ce qu'il lui fallait.

L'avantage d'avoir une chambre sur le campus, c'est que l'on peut s'y rendre à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. C'était bien plus pratique pour étudier, en encore mieux si, comme Kaelir, on finissait trempé jusqu'aux os. Quand la main de l'ex-Poufsouffle attrapa celle de Finch, ce dernier ne piffa mot et se laissa guider dans les couloirs de l'UMA. Il n'avait qu'une vague idée de là où se trouvait le bâtiment avec les chambres, et était parfaitement incapable de dire laquelle était celle de Kaelir. Le vice-président ouvrit la porte et le fit entrer, avant d'enlever ses vêtements gorgés d'eau et de lui lancer une serviette. Jon l'attrapa au vol (réflexe ?) et sécha ses cheveux en vitesse.

-Je me souviens de lui. Il a l'air cool. Un peu timide peut-être ?

Une fois les cheveux secs, Jon' profita de la chaleur de la pièce pour retirer son t-shirt et entreprit, à l'aide d'un sortilège, de sécher le vêtement. Ce serait sans doute plus rapide que d'attendre que Merlin ne le fasse pour lui. Il était debout, mais Kaelir lui précisa tout de même qu'il valait mieux de pas se rouler sur le lit de Neville, ce à quoi Jonathan répondit par un sourire en coin. Le clin d'oeil du Celte était assez éloquent comme ça. Jonathan eut bientôt fini de s'occuper de son haut, qu'il remit aussitôt, avant de jeter un autre sortilège sur son jean : ce serait sans doute plus long, mais tout aussi efficace. Et puis, ce n'était pas tant le jean mouillé que le fait d'être mouillé qui le gênait. Il releva la tête et observa la chambre, cherchant un élément de décoration qu'il pourrait attribuer à l'un ou l'autre des colocataires, sans grand succès, puis se tourna vers Kaelir, qui était désormais en boxer. Cette fois-ci, avoir le teint mat ne le sauva pas, et les joues de Jonathan prirent une jolie teinte rosée. Mais le jeune homme lui posait une question sur son logement...

-J'habite deux quartiers plus loin, j'ai pas vraiment de problèmes pour venir, et mes parents sont partis. J'ai la baraque pour moi tout seul.

En fait, les parents du jeune sorcier se séparaient : son père était en voyage d'affaire et sa mère avait quitté le domicile familial quand Alexander, son petit frère, avait fait sa rentrée à Poudlard, en troisième année. La maison des Finch était donc un véritable désert, où Jonathan évoluait d'une pièce à l'autre sans vraiment savoir quoi faire. Il aurait pu loger à l'UMA : il avait largement de quoi se payer une chambre et personne ne le lui aurait reproché, mais, comme la maison était vide, cela revenait au même.

Jon' se souvenait de Neville. Il pouvait passer inaperçu au début, mais il s'était avéré qu'on le voyait comme le garçon joufflu et maladroit qui a fini par suivre Harry Potter. Car Neville avait été présent à la fin de leur Cinquième Année au Ministère de la Magie, lors de cette bataille contre les Mangemorts au Département des Mystères, qui s'était soldée par la mort de Sirius Black, le criminel notoire injustement accusé, et par la révélation aux yeux du monde, sans aucun conteste, que Lord Voldemort était revenu. Puis Neville avait poursuivi, avec beaucoup, dont Kael lui-même, l'Armée de Dumbledore durant la Septième Année, celle qui venait de s'achever, pour lutter contre le joug des Carreaux. Et enfin, il avait prouvé, c'est ce que disait la légende, qu'il était un vrai Gryffondor en tirant l'épée du fondateur de sa Maison du Choixpeau magique pour décapiter le serpent du vil Mage noir. En fait, c'était un héros, lui aussi, à sa manière. Pas comme Harry, bien sûr, mais quand même.

L'ancien Poufsouffle avait suivi le regard de Jonathan, qui observait la chambre. Vrai qu'il n'avait pas vraiment pris le temps de personnaliser les lieux. A part le drapeau breton accroché au-dessus de sa tête de lit. Son camarade ne semblait pas plus chaud que ça à se mettre à l'aise comme lui. Pudique, certainement. On ne pouvait pas lui en vouloir, hein ? Et à propos de regard, il ne put s'empêcher de sourire lorsque Jon' se rendit compte que le Celte était en boxer et rougit. Oh, on aurait cru qu'il ne s'était jamais trouvé dans ce genre de situation. Entre mecs, ça avait bien dû lui arriver, non ? Profitant de changer de sujet, il informa qu'il habitait non loin de là, à deux quartiers. Ca devait quand même faire une trotte à pieds. Mais en fait, ça devait être le genre de chose courante pour ceux qui ne vivaient pas en internat. Soit la majorité de la population étudiante du monde, en fait.

"Une baraque pour toi tout seul ? La chance ! Tu dois pouvoir t'éclater, faire tout ce que tu veux..."

Le rêve, avoir une maison pour soi, rien que pour soi. Kael se voyait organiser une grosse chouille, déjà. Avec la magie, les éventuels dégâts pouvaient être réparés, et on pouvait recommencer. Pas de parents sur le dos, manger ce qu'il veut, faire ce qu'il veut... Sortant de sa rêverie, il jeta sa serviette dans un coin et s'assit sur son lit. Jonathan était occupé à sécher son jean.

"Besoin d'un coup de main ? Tu te facilites pas la tâche à le garder sur toi, tu sais."

Malgré lui, il avait affiché un petit sourire, et se rendit compte qu'il ne parvenait pas à l'effacer. S'étendant sur sa couette, il s'étira, avant de se mettre sur le ventre, la tête du côté du pied du lit. Mains jointes, à plat, la joue posée dessus, il regardait Jonathan.

"Comment tu sais que t'es gay ?"

Et pan, la question qui tue. Mais le Celte se posait franchement la question, parce que Jon' avait eu l'air troublé à chaque fois que son regard tombait sur le corps dénudé de son camarade. Etait-il juste gêné ? Pourquoi avait-il l'air de se dire que ce n'était pas bien de juste regarder ? Après tout, ils s'étaient embrassés... N'avait-il pas envie de... découvrir plus ? D'où la question. Comment était-ce venu, comment Jonathan s'était-il rendu compte de son homosexualité ?

Ce souvenir de Neville, en soit, n'était pas vraiment un exploit. Depuis quelques temps, le jeune homme était carrément célèbre. Bon, peut-être pas autant qu'Harry Potter, mais c'était déjà pas mal en soi. Beaucoup d'étudiants avaient choisi de soutenir l'Ordre du Phénix, et ce n'était pas vraiment surprenant. La lutte entre le Bien et le Mal, c'était motivant ! Jonathan, lui, n'avait pas participé à l'effort de guerre de l'Armée de Dumbledore. Il n'avait pas non plus rejoint le camp ennemi. Il s'était contenté de passer entre les gouttes. Pas par lâcheté, mais il avait déjà d'autres problèmes à régler et ne se serait jamais permis de mettre son petit frère en danger. Peut-être était-il un peu trouillard sur les bords, finalement...

Pour sa part, il admirait ceux qui avaient choisi de combattre. Il regrettait la mort de certains d'entre-eux, comme beaucoup d'autres. Mais hélas, il ne pouvait pas changer le passé. Et même si c'était le cas, qu'aurait-il fait ? Sans doute rien de plus que la première fois.

Kaelir sembla surpris d'apprendre qu'il vivait seul dans une maison. C'était particulier, il fallait bien le dire. Mais Jon' n'y avait pas vraiment vu les mêmes occasions que le vice-président. Certes, organiser une fête aurait été formidable, mais encore fallait-il avoir des gens à inviter, et ça, c'était bien moins probable. Kaelir avait l'air de trouvé la situation vraiment agréable : la liberté totale ! mais il ignorait sans doute que tourner en rond dans une maison vide n'était pas très plaisant.

-S'éclater seul, c'est impossible... Mais bon, on devrait bien pouvoir faire quelque chose grâce à ton génie créatif, non ?

N'y voyez-là aucune proposition malsaine... A moins que vous ne soyez très proche de Jonathan. En fait, le jeune homme se disait que Kaelir, lui, aurait sûrement une idée pour meubler la baraque, puisqu'il avait une imagination particulièrement fertile. Et puis, ils étaient des sorciers ! Tout (ou presque) était possible !

Kaelir s'assit sur le lit et lui proposa de l'aider avec son jean ce qui, par contre, n'aida pas Jonathan à se départir de sa gêne. Ses joues déjà bien rosées virèrent au cramoisi l'espace d'un instant, et Finch hésita entre maudire le vice-président et ... et vous ne saurez pas la suite, jeunes lecteurs : l'esprit d'un Serdaigle, c'est bien trop tordu pour vous !

-Tu crois ? ironisa-t-il gentiment.

Si Kaelir était parfaitement à l'aise, ce n'était, hélas, pas son cas.
Le sortilège, relativement efficace, avait bien aidé le jeune sorcier qui était, désormais, presque sec. Il annula le sort et rangea sa baguette sans sa poche avant de s'asseoir à côté du Celte qui, lui, c'était allongé. Et là, une question à laquelle il ne s'était pas attendu lui tomba dessus. Pris entre l'envie de rire et tirer la langue à Kaelir, il lui fit un clin d'oeil.

-Tu sais, sept années en internat, ça aide à se fixer. Et puis, si je ne l'étais pas avant, tu m'excuseras mais, notre petite conversation et ton numéro de charme auraient largement suffit.

Bon, d'accord, ça n'aurait peut-être pas suffit sur un hétéro particulièrement convaincu, mais Jonathan, lui, n'avait pas eu besoin de s'embarrasser de toutes ces interrogations.

-Et toi, tu n'es pas vraiment décidé, c'est ça ?

[HJ : désolé du retard, panne internet hier et semaine chargée...]

L'enthousiasme de Kael concernant le fait de vivre seul dans une grande baraque n'était visiblement pas partagé par Jonathan. Parce que s'éclater seul, c'était impossible. L'ex-Poufsouffle n'était pas forcément d'accord, après tout, en tant que fils unique, il avait bien dû se débrouiller. Mais si son camarade, lui, ne l'était pas, les situations de solitude avaient donc dû être trop rares dans sa vie pour qu'il réfléchisse à un moyen de s'amuser. Ou peut-être, tout simplement, n'était-il pas du genre à trop s'amuser. Ce qui avait dû être le cas jusque là, puisqu'il restait seul dans son coin. Mais maintenant qu'il était à l'UMA, il n'allait pas avoir le choix, puisqu'il avait rencontré le Celte.

"Mon génie créatif ? Woh, pas besoin. Tu sais, je suis sûr, sûr et certain, même, que si tu veux faire un truc dans ta maison, y en a beaucoup qui vont venir. Parce que c'est trop cool ! Hors de l'UMA, pour une soirée, avoir un lieu à soi, c'est carrément la classe ! Tu vas te faire une super réputation !"

Ca y est, il était reparti. Ne sachant pas, mais alors pas du tout, comment était la maison, c'est son imaginaire qui lui en fit une description. Il voyait déjà les décorations magiques, le buffet débordant de mets et boissons, les lumières dans le jardin, pouvait servir de piste de danse, la musique à fond...

"Et tant pis pour les voisins !" s'exclama-t-il, à voix haute. Avant d'expliquer : "Mon génie créatif est à fond."

Puis le soufflé retomba, et Jonathan refusa l'offre, sans vraiment le dire. Aha, il n'était pas à l'aise avec son corps, ce qui pouvait aisément se comprendre. Les complexes étaient monnaie courante, et certains n'avaient jamais même montré leur corps, n'ayant, du coup, pas de retour de quelqu'un d'autre... et seul leur avis comptait sur la question. Triste. Alors que Jonathan s'asseyait sur le lit, le Poufsouffle répondit :

"Ouais, je crois..."

Et puis, il posa la question. Il ne savait trop comment allait réagir Jon', et ce dernier lui fit un clin d'oeil. Au moins, il semblait se débloquer un peu de ce côté, au niveau des questions qui pouvaient être gênantes. Ainsi, c'était durant ses années à Poudlard, le fait de dormir dans la même chambre que quatre autres mecs, qu'il s'était fixé. Le Celte réfléchit quelques secondes à ça... Est-ce que ça avait joué pour lui ? Après tout, il avait une des petites copines, et les dortoirs n'étaient pas mixtes... La suite de la réponse le fit sourire. Ainsi, il n'en aurait pas fallu beaucoup pour que Jonathan s'en rende compte. Mais surtout, il perçut autre chose, dans ces dernières paroles. Et il garda cet autre chose pour après. Après la question de son ami.

"Pas décidé ? Hey, qui sait, peut-être qu'au contraire, je suis décidé. Peut-être que j'ai choisi les deux." dit-il, en faisant un clin d'oeil à son tour, et en se redressant.

Attrapant le bras de Jon', il le tira vers lui, pour que ce dernier se retrouve allongé. Et pour la deuxième fois en peu de temps, il s'installa sur son torse. Sauf que, cette fois, le Celte était moins vêtu. Mais ça, c'était le cadet de ses soucis. Il avait eu l'élément de surprise, mais surtout, il espérait que l'ancien Serdaigle n'allait pas se débattre tout de suite, parce qu'il avait quelque chose à lui dire, à lui demander. Se penchant en avant, il approcha sa bouche de l'oreille de Jonathan. Et il lui murmura :

"Tu serais pas amoureux, toi, par hasard ?"

La déduction ? Oui, à partir de ces quelques mots, "notre petite conversation et ton numéro de charme auraient largement suffi". Se reculant un peu, pour voir la tête de l'ex-Bleu et Bronze, leurs visage étaient à une vingtaine de centimètres l'un de l'autre, et Kael avait les mains posées sur le torse de Jon', les fesses sur les abdos. Mais il n'était pas complètement assis, il n'allait quand même pas l'étouffer, ça aurait été bien dommage !

Des gens viendraient si il organisait une fête ? Kaelir semblait drôlement confiant. Jonathan, lui, était plutôt perplexe. Mais qui ne tente rien n'a rien, comme on dit... Toujours était-il qu'il aurait besoin d'aide pour monter un tel plan, et qu'un coup de main du vice-président ne serait pas de refus. Kaelir donnait l'impression d'être lui-même assez motivé. Un point positif.

-Tu as un plan ?

Plein d'espoir, Jonathan envisageait une multitude de possibilités, essayant en vain de deviner ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Kaelir... Le jeune homme devait bien avoir un petit quelque chose en tête ! Jon' en aurait mis ses deux mains à couper. Mais il restait difficile de se prononcer en si peu de temps...

Kaelir sembla un peu déçu, l'espace d'un instant, mais Jonathan ne chercha pas à approfondir ce côté-là de la discussion : à quoi bon ? Et puis, ce n'était pas comme si le Celte loupait quelque chose... Déjà que chez-lui, Jonathan ne traînait pas en boxer alors dans la chambre de quelqu'un d'autre ! C'était... impensable. Mais l'ex-Serdaigle n'était plus très sûr de ses propres limites, depuis les derniers évènements dans le parc. Enfin, pour le moment, il n'était pas trop chaud. Dommage.

Avoir choisi les deux ? Là, ça devenait intéressant. Jonathan trouvait ce point de vue intriguant, mais tout à fait honorable. Il aurait pu poser une question si, soudainement, Kaelir ne lui avait pas grimpé dessus. Pour l'effet de surprise, il n'y avait pas à dire, le Celte était le meilleur ! Le souffle court, une multitude de questions se bousculant dans sa pauvre petite tête, Jonathan entendit la question de son ami. Murmurée à l'oreille, il avait tout de même réussi à l'entendre, malgré le sang qui battait à ses tempes. Une fraction de secondes, il songea à Neville et à la surprise qu'il aurait s'il entrait dans la chambre à ce moment-là. Pauvre Neville... Mais l'interrogation de Kaelir était parfaitement justifiée. Jon', crétin, arrête d'envoyer des signaux comme ça !! Cependant, il était déjà trop tard. Heureusement, Kaelir ne semblait pas perturbé plus que ça, et Jonathan se dit que, peut-être, il ferait bien d'en profiter.

-Ose me dire que ça te dérange...

Vingt centimètres. Ca fait quoi, vingt petits centimètres ? C'est rien du tout ça ! Aller Jon', tu peux le faire ! Tu as juste à dégager un bras, comme ça, voilàààà, à passer la main derrière sa nuque et à le pencher gentiment vers toi. C'est pas dur, tu vois ! Et maintenant, vas-y tu l'emb...! Jonathan Finch, ou comment censurer son propre instinct. Cette petite voix dans sa tête était bien pratique pour lancer la manoeuvre mais, après, elle devenait carrément gênante. Surtout que Jon' savait parfaitement quoi faire. Il attira Kaelir à lui, se redressa sur un coude et l'embrassa. Merlin, que Neville n'entre pas maintenant !

Un plan ? Bien sûr qu'il avait un plan ? Si l'idée avait l'air de laisser Jonathan perplexe, rien que le fait qu'il pose la question montrait qu'il voulait bien tenter l'expérience d'organiser quelque chose chez lui. Le Celte n'avait encore jamais rien organisé chez les autres, mais il avait son idée sur la manière de faire. Il faudrait un peu de temps pour préparer, certainement aussi pour inviter, mais si Jon' était chaud, ça pouvait le faire. Il n'y aurait plus qu'à trouver une date. Un samedi soir, par exemple. Idéal pour loquer comme des sacs le lendemain, toute la journée. Le dimanche, meilleur ami des gueules de bois.

"Si ça te branche, ça peut se faire ! Avec un minimum d'encadrement, bien sûr, que ta maison soit pas complètement dévastée... Le genre je m'occupe de la musique, la déco, éventuellement faire un peu de place, et chacun ramène un truc. Y a moyen de faire un truc géant, sans les parents !"

Les préoccupations des deux garçons passèrent à tout autre chose, ensuite, alors que le Celte était perché sur Jonathan. Il aimait bien cette position, parce que quelle que soit la réaction de son camarade, il pouvait tout voir, tout sentir, tout entendre. D'abord, il parut un peu alarmé d'avoir ainsi trahi ses pensées. Ensuite, il sembla se dire... après tout, pourquoi pas ? La question qu'il posa, qui n'était pas vraiment une question, n'appelait pas forcément de réponse. Et la seule qu'apporta Kael fut un petit sourire entendu. C'est que finalement, il ne se laissait pas démonter, l'ancien Serdaigle. Le Celte ne bougeait pas. C'était à Jon' d'agir. Glissant sa main derrière la nuque de vice-prèz, il l'attira vers lui, se redressant un peu, alors que leurs lèvres entraient en contact. L'initiative, à nouveau, venait de lui.

Le baiser se prolongea, alors que leurs langues rejoignaient la partie. Le Celte fut le premier à rompre l'instant, sans pour autant s'écarter. Les deux visages demeuraient proches, très proches l'un de l'autre. Sa bouche glissa lentement le long de la joue de Jonathan, jusqu'à son oreille, dans laquelle il murmura, d'une voix dans laquelle on percevait son sourire :

"Oh, non, je n'oserais pas..."

Puis il quitta sa position, pour s'étendre sur le dos, la tête sur son oreiller, les bras reposant nonchalamment de chaque côté de son corps. Jambe droite pliée, il glissa son pied gauche sous le dos de Jon', au niveau des reins. La tête dans les nuages, il le regardait, se demandant ce qu'il ressentait, ce qu'il allait faire. A aucun moment il ne pensait à Neville, le colocataire qui pouvait entrer à tout moment. Sa seule préoccupation allait vers Jonathan.

"T'embrasses super bien, dis donc !" lança-t-il alors, sans quitter sa position.

C'était tout lui, trouver le moyen d'apporter autre chose à la situation, l'ambiance. Et il se tut à nouveau, curieux de connaître la suite, qu'il laissait à Jonathan. Ce dernier pouvait partir, parler d'un autre sujet, continuer, la balle était dans son camp, et le Celte n'avait pas l'intention de la lui prendre. Parce que le seul moyen de savoir, c'était de laisser venir, dans ce cas-là. Et si ça ne marchait pas, et bien, il irait à l'assaut des réponses qu'il cherchait.

Les idées de Kaelir pour faire une fête étaient vraiment bien trouvées. Il avait même songer à ne pas démolir la maison. Un bon projet en perspective, à n'en pas douter. Et puis, une fête de temps en temps, qui a-t-il de mieux ? Avec de l'alcool et de la bonne musique, ça allait être une vraie fête de pro ! Et, sans les parents, c'était un avantage à ne pas oublier. D'ailleurs, reviendraient-ils en jour ? Jonathan commençait à se poser la question, ces derniers temps. Mais après tout, en quoi cela le concernait-il ?

Kaelir ne le repoussa pas : loin de là, en vérité. Le vice-président n'avait rien contre l'idée de se faire embrasser par le rédacteur-en-chef : tant mieux ! La situation devenait un peu plus confortable pour Jon' a mesure que le temps passait : y avait-il un premier quart d'heure dans ce genre d'histoire ? Le Celte changea de position pour s'allonger (plus confortable sans doute ?) et glisser un pied sous les reins de Finch, qui avait le cerveau en ébullition : impossible de s'en servir désormais. Au moins, il n'avait plus les joues rouges et commençait à être un peu plus à l'aise, ce n'était pas trop tôt ! Il se demandait ce à quoi Kaelir pouvait bien penser, ce qui allait arriver, pourquoi il était allé si loin... Oh ! Il ne regrettait rien. Mais il ne savait plus trop où il en était. Le Celte le troublait, peut-être même plus qu'il ne voulait bien l'admettre.
Inutile de signaler que la réplique de Kaelir le prit par surprise et l'acheva complètement. Décidément, l'ex-Poufsouffle avait un don pour dire tout ce qui lui passait par la tête.

-Je te retourne le compliment !

Jonathan, bras croisés derrière la nuque, observait le plafond, le regard dans le vague. Il avait pas mal de questions à poser, mais ne savait pas si Kaelir y répondrait, et encore moins si les réponses lui plairaient... Mais, pour être fixé, ne fallait-il pas qu'il se lance ?

-Et toi, t'as quelqu'un en vue ?

Le ton se voulait neutre, mais Jon' n'était pas certain d'être parvenu à ses fins. D'ailleurs, comment aurait-il pu en être sûr ? Mieux valait ne pas trop espérer... Si la journée était agréable, être optimiste pourrait bien gâcher l'ambiance, ce qu'il ne souhaitait évidemment pas. Kaelir avait le campus entier à sa merci, alors pourquoi lui ? Pourquoi l'ex-Serdaigle le plus barbant de l'histoire de Poudlard ? Encore un mystère qu'il n'était pas prêt d'élucider.

Jonathan lui retourna le compliment. Est-ce que c'était par politesse, parce qu'il le pensait vraiment, ou parce qu'il n'avait rien trouvé d'autre à dire ? Le Celte, de sa position, voyait le profil de Jon', qui fixait le plafond. La réplique l'avait fait sourire, mais il semblait que son ami ne se sentait pas de reprendre une initiative. Deux fois, il avait embrassé le Celte. Chose qui avait dû lui paraître au-dessus de ses forces, et il devait douter sur ses capacités à entreprendre, encore. L'ex-Poufsouffle, de son côté, se demandait ce qui se passait. Est-ce qu'il était attiré par ce garçon peu sûr de lui ? Ce qu'il savait, c'est qu'il n'avait pas envie, lui, d'être le premier à tenter, parce qu'il voulait savoir, d'abord, ce que l'ancien Serdaigle, lui, pouvait faire.

La question qui suivit ne fit qu'élargir son sourire. Son regard glissa du visage de Jon' vers la gauche, le long de son torse, et s'arrêta sur sa propre jambe, dont l'extrémité disparaissait sous son camarade. Il avait plusieurs possibilités de réponses. Il pouvait dire qu'il n'avait pas été insensible au charme de Charlie, par exemple. Mais était-ce vraiment ce qu'attendait Jonathan ? Non, il y avait une autre option, formulée de façon ambigüe. Retirant son pied, doucement, il plia la jambe. Les cuisses en V, il voyait toujours l'ex-Aigle. Puis, des orteils, il lui titilla la hanche, avant de les glisser sous le t-shirt, qu'il fit légèrement remonter.

"Oui, j'ai quelqu'un en vue. Mais la vue est un peu bouchée." dit Kael, l'air de rien.

Une fois les abdos de Jon' découverts, il y laissa son pied, réchauffé par le séjour prolongé au creux des reins. Se rapprochant, sans changer de position, il le mit à plat, la plante sur le ventre. Avant que son autre pied n'entre en scène, immédiatement après. Se servant de ses orteils comme de doigts, il attrapa le bas du t-shirt, laissé à mi-torse, et le fit poursuivre sa remontée. Puis il posa ce pied à côté du premier. Avec une particularité, par rapport à l'autre : celui-là n'avait pas été réchauffé...

"Faudra que tu m'invites chez toi, que je voie ce qu'il y a à faire..." lâcha-t-il, les yeux à nouveau au plafond.

Etait-ce vraiment un changement de sujet ?

L'offensive de Kaelir eut beau surprendre Jon' (pourquoi son t-shirt remontait-il soudainement ?), il n'en fut pas aussi traumatisé qu'il l'aurait cru. Certes, il était un peu déboussolé, mais était-ce déplaisant pour autant ? Non. Autant jouer avec le feu pouvait être dangereux, autant le résultat était bien plus amusant qu'un autre. Et puis, la compagnie du vice-président était agréable. Il n'avait pas voulu semer le doute dans l'esprit de son camarade en lui retournant le compliment : loin de lui une telle idée. Mais Jonathan avait encore pas mal de progrès à faire quant à la manière de se faire comprendre... Constatant avec un sourire la réponse de Kaelir et les efforts de ce dernier pour le déshabiller, l'ex-Aiglon se dit que, peut-être, il y avait plus simple.

-Faut le dire si tu veux un coup de main.

Il s'assit sur le lit et retira son t-shirt, tout en se demandant comment lui, Jonathan Theodore Finch, pouvait être en train de faire un truc pareil. Pour lui, il avait l'avantage d’avoir fait plusieurs années de Quidditch, et d'avoir donc une légère musculature (qui, malheureusement, faisait pale figure face à celle de Kaelir). Il avait toujours autour du cou sa vieille médaille : un porte-bonheur qui pendait au bout d'une lanière de cuir, plutôt un grigri d'ailleurs, mais dont il ne se séparait jamais. Un peu superstitieux ? Sans aucun doute. Jon' ne croisait pas les couverts, ne posait jamais un chapeau sur un lit, n'ouvrait pas son parapluie dans une maison (encore aurait-il fallu qu'il en ait un) et ne passait pas sous les échelles. Il se méfiait des gros chiens noirs et croyait (dur comme fer) à la divination. Bref, pas vraiment le sorcier le plus pragmatique qui soit.

-Quand tu veux !

Ramener Kaelir à la maison ? Quelle bonne idée ! La maison était peut-être vide, mais elle n'en était pas moins accueillante, pour peu qu'elle eut des gens à accueillir. Et la présence du Celte permettrait de prendre un peu de bon temps, aussi bien pour organiser la fête que... oh zut ! Ca ne vous concerne pas, bande de curieux ! L'occasion pour le vice-président d'en savoir plus sur l'Anglais et pour Jon', celle d'être en terrain connu. Mais avait-il vraiment besoin de cela ?

-Tu comptes quand même pas pioncer à une heure pareille ?

Ca, c'était parce que Kaelir ne bougeait plus et qu'il regardait le plafond depuis (un peu) trop longtemps au goût de Jonathan. Une manière comme une autre de tenter d'attirer l'attention du Celte... Pas très brillant, mais que pouvait-on espérer de plus de Finch ? Un éclair de génie ? S'eut été trop demander. Mais, était-ce seulement une manière d'attirer son attention ? -Aïe ! Tu deviens un peu ambigu Jonny ! Tu devrais peut-être être un peu plus explicite, histoire que Kaelir comprenne ce que tu lui veut... -Tais-toi ! Je ne veux plus t'entendre ! Tu m'empêches de réfléchir ! - C'est de ma faute maintenant ? Tu peux pas assumer un peu Finchy ?

Dans une tentative désespérée de faire taire cette petite voix horripilante, Jonathan leva les yeux au ciel, l'air abattu. Ce qui pouvait tout aussi bien passer pour un désespoir profond face au calme inquiétant du Celte...

Si Jonathan n'eut pas trop l'air de savoir quoi faire face à l'attaque des pieds du Celte, sa soudaine réaction eut le don de surprendre -agréablement, ça va de soi- ce dernier, puisqu'après s'être redressé en signalant qu'il n'y avait qu'à demander pour un coup de main, il retira son t-shirt, lui-même ! Est-ce qu'il n'était pas en train de forcer sa nature ? Lui qui avait été si prompt à le remettre tout à l'heure. Si on devait comparer la musculature des deux jeunes hommes, Kael avait certainement l'avantage, mais il n'avait pas de mérite, puisqu'il pratiquait, à ses heures perdues, l'un des sports les plus à même de le faire travailler ses muscles. Le Quidditch était peut-être moins éprouvant de ce côté, mais il permettait de s'entretenir, et ça se voyait sur Jon'. Le regard du Celte s'était un instant posé sur l'espèce de grigri. Un genre de truc pour les superstitieux, peut-être. Bizarrement, ça ne l'étonnait pas !

La proposition suivante fut acceptée avec enthousiasme par Jonathan : l'ex-Poufsouffle pourrait aller quand il voudrait chez son camarade. Là encore, il était un peu surpris que ça suscite autant d'engouement chez Jon', puisque ce dernier s'était surtout montré un peu réservé la plupart du temps qu'ils avaient passé ensemble. Mais là, il avait bien l'air de se dérider. Ca n'allait peut-être pas durer. Alors qu'il était étendu, les yeux au plafond, le Breton fut tiré de sa rêverie par son camarade, certainement soucieux que l'attention lui soit plus accordée. Ce qui fit sourire franchement Kael. Il se redressa sur les coudes, alors que son ami avait levé le regard au ciel, avec une drôle d'expression, comme si quelque chose n'allait pas. L'ancien Jaune et Noir se mit en tailleur, juste à quelques centimètres de Jonathan, et il lui posa une main sur l'épaule.

"Hey, y a quelque chose qui va pas ?"

Du moins, de ce côté, il avait bien vu. L'enthousiasme avait plutôt été de courte durée. Sans laisser à son camarade le temps de faire quoi que ce soit, il l'attira vers lui pour le faire s'étendre, et lui s'allongea à côté, sur le flanc. Il n'y avait pas beaucoup de place, sur ce lit une personne, mais peu importait. Là, Kael se rendait vraiment compte qu'il avait un garçon, torse nu, à sa merci, dans son pieu. Et que ce n'était pas, mais alors, pas du tout, pour lui déplaire. Appuyé sur son coude, la tête sur la main droite (Jon' était du côté mur), il tendit la main gauche pour attraper le pendentif.

"C'est pour chasser les mauvais esprits ?" demanda-t-il, retrouvant son espièglerie.

Ses doigts lâchèrent le porte-bonheur et il posa sa main à plat sur la poitrine de Jonathan. Puis, il glissa jusqu'aux abdos, qu'il dessina du bout de l'index. L'occasion de voir s'il était chatouilleux ? Peut-être. Mais la réaction, là, risquait d'être très intéressante. C'était son instinct qui le guidait. Ou presque, parce qu'il luttait aussi contre d'autres choses à tenter, qui étaient peut-être un poil trop poussées pour cette première fois à deux.

Si quelque chose n'allait pas ? Bien entendu que cela n'allait pas ! Cette saleté de petite voix le harcelait alors qu'il n'avait rien demandé à personne. Et, s'il était un peu plus à l'aise, il était toujours en terrain inconnu, légèrement perdu. Mais que répondre à Kaelir ? Qu'il avait envie de s'étrangler pour faire taire cette voix qui refusait de le laisser tranquille ? Qu'il ignorait où tout cela allait les mener ? Dur... Mais le vice-président était déjà passé à autre chose. Se retrouvant allongé, Jon' n'eut pas vraiment le temps de se poser plus de questions : la main gauche du Celte venait de se fermer sur le porte-bonheur, curieux de savoir de quoi il s'agissait.

-T'es pas loin du compte. Je l'ai depuis que je suis tout petit, et je ne l'ai jamais enlevé. Je sais pas... des fois qu'il m'arrive quelque chose...

L'art de se discréditer soi-même. Mais c'était la vérité. Jon' n'avait jamais retirer l'objet de son cou, craignant que le sort de s'acharne sur lui. Kaelir comprendrait-il que ce n'était pas de la folie ? L'esprit méfiant et paranoïaque de l'Anglais avait besoin de se raccrocher à quelque chose, et ce quelque chose, c'était ce fameux porte-bonheur. Sans, il n'aurait peut-être même pas quitté sa maison. La main du Celte glissait sur la peau de l'ex-Serdaigle, qui frissonna. Il n'était pas chatouilleux, mais cela ne l'empêcha pas d'apprécier le contact de Kaelir. Il ne cherchait plus à savoir ce qui pouvait bien se passer dans la tête du vice-président : trop compliqué. Et puis, cela perdait en spontanéité. Après tout, ce n'était pas un drame de se laisser aller, non ?

Un ex-Poufsouffle et un ex-Serdaigle dans la même pièce, s'était donc ça que cela donnait, constata Jon' avec un sourire amusé. Décidément, ses sautes d'humeur commençaient à devenir préoccupantes. Enfin, ce n'était pas sa faute ! C'était... c'était... c'était la vie ! Songeant que, peut-être, son attitude devait sembler bizarre (entre le grigri et le caractère changeant, il demanda :

-T'as pas de trucs particuliers toi ?

HJ : désolé pour le temps que j'ai mis et la qualité du post... j'ai des problèmes internet à la maison... :s

Kael fut presque déçu de voir qu'il n'y eut aucune réaction significative de Jonathan au contact de son doigt glissant sur sa peau. Mais au moins, si ça lui avait déplu, il l'aurait certainement montré, non ? Le Celte avait presque visé juste, avec son histoire de mauvais esprits. Le grigri n'avait pas quitté le cou de l'ancien Serdaigle depuis des années, au cas où, comme il le disait, il lui lui arrivait quelque chose... Et il ne précisa pas ce que pouvait bien être ce quelque chose qu'il craignait... Ca devait forcément avoir un rapport avec la mauvaise fortune, comme un porte-bonheur type fer à cheval ou trèfle à quatre feuilles, censé assurer la chance, ce genre de choses...

La question suivante surprit quelque peu Kael, dont les idées s'étaient un peu envolées, et qui dut revenir au présent. Des trucs particuliers ? Quel genre de trucs particuliers ? Des superstitions ? Des peurs ? Des objets fétiches ? Là, pour le coup, c'était quand même vague... L'ex-Poufsouffle avait cessé le ballet tactile de sa main, qui était à présent posée dans le mince espace entre les deux jeunes hommes. Il se passa quelques secondes avant qu'il ne réponde, sur un ton amusé :

"Je sais pas... Je suis nanopabulophobe, ça compte comme un truc particulier ?"

Jon' n'ayant probablement jamais entendu le terme de sa vie, la tête qu'il fit à ce moment-là fit Kael éclater de rire. Basculant sur le dos, il rencontra un problème de taille : celle du lit. Aussi, il quitta le confort de la couette sur laquelle il était étendu pour la dureté du sol. Mais, comme monté sur ressors, il se remit sur pieds aussitôt, mains sur les hanches, style Super Man.

"Wow, ça va, je l'ai fait exprès."

Puis, désireux, quand même, d'éclairer la lanterne de son ami sur la signification de cette phobie dont peu, très peu de gens avaient connaissance, il se rassit sur le lit, en tailleur, les fesses tout au bord.

"Ca veut dire que j'ai la phobie des nains de jardin à brouette." dit-il, très sérieusement.

Ce qui était assez difficile, même si c'était la vérité. D'ailleurs, après avoir parlé, il ne put qu'afficher un petit sourire, qui devint un nouveau rire. Et dans la foulée, il se remit, comme plus tôt, à cheval sur Jon', les bras levés, poings fermés, en signe de victoire. Victoire sur quoi, aucune idée.

"J'en ai marre d'être le plus fort..." fit-il, baissant les bras, affichant un air de lassitude jouée.

Et il s'allongea de nouveau, à côté de Jonathan, serré contre lui, sur le dos.

La phobie des nains à brouettes ? Décidément, Kaelir ne cessait de le surprendre ! Enfin, il était vrai que ces drôles de créatures étaient loin d'être attirantes.

-Oui, ça compte.

Les nains de jardins (avec ou sans brouettes) n'avaient jamais eu ce genre d'effet sur Jonathan. Peut-être était-ce parce qu'il n'en avait jamais vraiment côtoyé. En tout cas, si c'était de ça que Kaelir avait peur, il en ferait son affaire ! Ce n'était pas une petite statuette en céramique qui allait avoir raison de môssieur le vice-président, et encore moins s'il avait un certain rédacteur en chef sur les talons...

Les pirouettes du Celte avaient repris et, l'espace d'instant, Jon' cru à un accident. Mais bien vite, la voix de l'ex-poufsouffle lui assura qu'il s'agissait d'un geste tout à fait maîtrisé. Kaelir semblait tellement à l'aise que s'en était déroutant. Mais bon, chacun sa personnalité. L'énergique Kaelir n'en avait cependant pas finit, et Jon' ne réprima même pas le sourire qui s'étirait sur ses lèvres. Le Celte avait la bougeotte. Et une certaine tendance à le prendre pour un perchoir. Mais bon, quel mal y avait-il à cela ?

Le Celte soupira, visiblement déçu. Il s'allongea à côté de Jonathan qui ne comprenait pas très bien tout ce qui se passait, mais qui avait, cette fois-ci, définitivement renoncé à toute logique, à toute compréhension. Plus il cherchait à comprendre, moins il était à l'aise, et plus Kaelir semblait le trouver lassant. Alors, on court-circuite le cerveau et on reboot !

-Marre d'être le plus fort ? Mais bon sang Kaelir, si tu n'étais pas le plus fort, je serai encore à cauchemarder sur Britannia !

A cette pensée, Jon' grimaça. Britannia. Et les potions. De quoi donner au jeune homme plus d'un motif de se pendre.

-Et puis, ne va pas me dire que ça ne t'as pas amusé de me faire tourner autour du pot tout à l'heure. Je ne te croirai pas. Je ne suis pas bête à ce point.

Du moins, il l'espérait.
S'appuyant sur le coude, il se tourna vers Kaelir, un sourire sournois au bout des lèvres. Il avait bien envie de faire un truc stupide, mais ce n'était pas dans ses habitudes de se lancer à l'aveuglette. Peut-être y avait-il vraiment un début à tout ? Enfin, avant toute chose, mieux valait savoir à quoi s'en tenir.

-Est-ce que je peux savoir ce que tu attends de moi, ou est-ce que je suis supposé être devin suite à nos cinq années chez Trelawney ?

Kael allait bien finir par faire tourner Jon en bourrique, à force de bouger, lui donner le tournis. Son camarade n'avait qu'à faire quelque chose, aussi ! Depuis un bon moment, il n'y avait que lui qui agissait, essayait de mettre un peu d'animation dans la discussion. Aussi, c'est la raison pour laquelle il s'était à nouveau étendu. Il sourit à la remarque concernant Britannia. Ainsi, d'après Jonathan, c'est parce qu'il était le plus fort que tous les événements s'étaient enchaînés jusque là ? Si jamais il n'avait pas récupéré le parchemin, les deux garçons n'auraient peut-être pas commencer à parler. S'il n'avait pas été joueur, ils ne se seraient jamais... embrassés. Et voilà qu'ils étaient dans sa chambre. C'est vrai que la perspective était bien mieux qu'un cours de potions.

"Tu marques un point." nota le Celte, sans quitter le plafond des yeux.

La remarque suivante fit s'élargir son sourire. Ca, oui, il avait pris son pied à chercher Jon' depuis tout à l'heure. Ca avait égayé son après-midi, qui ne s'annonçait pas aussi riche. Passant une main derrière sa tête, l'autre posée sur son ventre, il revint simplement sur la dernière phrase :

"Ah bon ? Ah, oui, tu étais à Serdaigle, c'est normal."

Là, il avait parlé très sérieusement. Il sentit, plus qu'il ne vit, son ami se tourner pour s'appuyer sur un coude, vers lui. Ah, prenait-il une initiative ? Pas trop tôt. Mais l'élan fut coupé, parce qu'il y avait quand même une incertitude sur ce qu'il avait l'intention de faire. L'ex-Poufsouffle ne bougea pas. Il attendait. Ah, et la question posée était plutôt bien trouvée. Et en fait, Kael n'était même pas sûr de la réponse. Il tourna la tête, légèrement, pour regarder Jon' dans les yeux.

"Cinq ? Oh, quelle horreur, je n'ai pas fait autant. La Divination, c'est vraiment pas pour moi. Après, si tu n'es pas devenu devin, c'est dommage..."

Il affichait de nouveau un petit sourire malicieux. La main négligemment posée sur son ventre le quitta, et de l'index, il toucha le nez de l'ancien Serdaigle.

"Tu veux savoir ce que j'attends ? Que tu fasses quelque chose. N'arrête pas tes pulsions, surtout pas..."

Sa main, de nouveau, glissa, d'abord entre les pectoraux de Jonathan, puis jusqu'au nombril, avant de se retirer, pour se poser sur son propre ventre, dans sa position de départ. Maintenant, s'il ne se passait rien, ça n'était vraiment pas faute d'avoir essayé.

Que faire face à Kaelir ? Quelque chose. avait répondu le Celte. Jon' fronça les sourcils, amusé.

-Quelque chose... n'importe quoi ?

Le geste de Kaelir lui répondit. Jonathan comprit alors que, visiblement, le Celte se moquait éperdument de ses états d'âmes. Aller Jon', lance-toi ! Le jeune homme ne se posa pas de questions. Il préférait jouer, lui aussi.

-Est-ce que c'est pour ça que tu tenais tant à ce que j'enlève mon jean tout à l'heure ? L'averse dans le parc, c'était juste pour ça ?

Conscient de ne pas faire vraiment avancer les choses, Jonathan se mordit la joue pour ne pas rire. Si Kaelir pouvait manœuvrer aussi longtemps pour un jean, qu'est-ce que c'était pour les choses importantes ! Il attrapa l'oreiller et le plaqua sur le Celte avant de s'asseoir sur sa proie. Un petit interrogatoire et on passerait aux choses sérieuses... Après tout, l'aiglon avait la curiosité chatouilleuse, et là, ça le démangeait vraiment. Kaelir comprendrait. Du moins, il l'espérait.

-Est-ce que ça t'arrive souvent de faire venir des inconnus dans ta chambre, comme ça ?

Il pressait l'oreiller sur le Celte mais pas trop fort, histoire de ne pas le tuer. Un sourire malveillant éclairait néanmoins son visage. Jouer. Jouer. Jouer. tout cela résonnait joyeusement dans sa tête. Il se pencha un peu, et fixant Kaelir dans le blanc des yeux, ajouta :

-Fais attention, parce qu'il se pourrait que je ne partage pas.

Un sourire lui mangeait tout de même le visage, comme si la perspective l'amusait. L'oreiller retrouva sa place et Jonathan en profita pour jeter un oeil envieux aux abdos de Kaelir.

-Tu me dégoûtes.

Il se passa une main dans les cheveux et soupira. C'était injuste. Terriblement injuste. Mais en même temps, aurait-il été plus à l'aise avec le physique du Celte ? Non. Et puis, il s'aimait bien quand même. Il se connaissait depuis longtemps, mine de rien. Assez pour savoir qu'il était capable du meilleur comme du pire.

-Vu que tu es vice-président, est-ce que tu fais dans la promotion canapé ?

Le rouge lui monta immédiatement aux joues, mais il l'ignora. Il voulait qu'il fasse quelque chose ? Jonathan préférait proposer que de se jeter à l'eau de peur de se mouiller. Quoique, techniquement, il était déjà mouillé. Alors, autant se lancer !

-C'est une proposition que se discute. T'en penses quoi grand chef ?

Le Jonathan Finch qu'il était d'habitude aurait eu du mal à se reconnaître. Mais le sourire mutin et le ton amusé était bien le sien.

Kael ne répondit pas à la première question. Jonathan y répondait très bien tout seul, et s'il demandait ça, c'est qu'il devait bien avoir quelques idée. Le Celte ne bougea même pas, il était simplement dans l'expectative. A côté, il pouvait presque sentir bouillonner le cerveau de l'ancien Serdaigle. Et vu la pertinence des interrogations qui suivirent, ça lui réussissait plutôt bien, de laisser aller un peu son esprit et de réfléchir aux... 'bonnes' choses. Ca décrocha un sourire à l'ex-blaireau, qui tourna légèrement la tête, mi-énigmatique, mi-amusé :

"Oh, c'est possible..." dit-il, juste avant -enfin !- de se prendre une attaque surprise à coup d'oreiller.

En deux temps trois mouvements, et même moins, Jon' avait plaqué le coussin sur Kael, avant de prendre place sur l'ensemble. Argh, prisonnier. S'il avait vraiment voulu, l'ancien Jaune et Noir se serait libéré, mais il était trop heureux de l'initiative pour s'en défendre. Il avait ôté la main de son ventre à temps, pour ne pas qu'elle soit bloquée, et l'avait jointe à l'autre, derrière sa tête. Là, le panorama était plutôt sympathique, puisqu'il avait une vue dégagée sur la totalité du torse, du ventre dénudés de Jonathan. Si la musculature était moins développée que la sienne, l'ex-Poufsouffle savait que son camarade n'avait pas grand chose à lui envier non plus. Lui aimait bien être un peu plus bâti que la moyenne, mais il n'était pas sûr que ça aille à tout le monde. En tout cas, l'Aigle était très bien comme ça.

L'oreiller le pressant un peu, le Celte comprit qu'il allait subir la méthode forte, du genre, un interrogatoire un peu musclé. Il ne se débattit pas, et se retint de rire à la première question. Il tenta de répondre, ou fit mine, mais ses paroles se résumèrent à quelques mots inarticulés. De toute manière, son bourreau n'avait pas terminé. Et les dires suivants, cette fois, n'avaient rien de risible. Aha. Des inconnus, souvent ? Non... Mais soudain, Kael imagina Jon' clairement montrer qu'il ne partageait pas. Non, vraiment, ça ne devait pas être son genre, et puis, de toute manière, jusque là, il était... le seul.

"Promis, juré, pas d'autres..." fit l'ex-Blaireau, mimant la reddition.

L'ancien Serdaigle retira ensuite l'oreiller, et le Celte vit son regard s'attarder un peu sur ses abdos. Et ça le dégoutait. Là, la réponse fut un petit rire. Accompagné d'une tape, du plat de la main, sur les fameux abdos.

"Oh, à ce point ?" demanda-t-il, avec un sourire amusé.

Ce qui vint ensuite amena des réactions diverses chez les deux jeunes hommes. A peine Jon' avait-il eu l'audace de parler de 'promotion canapé' qu'il en devenait tout rouge, mais il sembla ne pas vouloir céder à la gêne. Kael, lui, haussa les sourcils. Jonathan rentrait-il trop dans le jeu, ou débordait-il ? Pour le coup, l'ex-Pouffy était surtout surpris, parce que lui-même n'était pas allé jusqu'à utiliser des termes pareils. Les sous-entendus et les gestes avaient suffi. Mais dans sa poitrine, le rythme des battements de son coeur semblait avoir doublé.

"Qui se discute ? Bien sûr, je propose une table ronde pour en parler un peu..."

Quelles que soient les circonstances, le Celte ne perdait jamais son ironie. Vraiment tout type de circonstance...

"Vous êtes... surprenant, monsieur Finch." ajouta-t-il, en se redressant, comme il put, sur les coudes.

Mine de rien, son ami faisait son poids ! Tel qu'il était placé, il aurait pu lui attraper le col, mais... il n'en avait pas. Et puis, pas envie de casser la chaîne du grigri.

"Je n'ai jamais pratiqué ce genre de chose, mais après..."

Phrase laissée en suspens. Jouant des abdos, Kael se redressa suffisamment pour passer ses mains autour de la taille de Jon'. Et en rebasculant en arrière, il l'entraîna avec lui. Pour l'embrasser franchement, alors que sa main droite glissait jusqu'à la limite du jean.