Il ne savait pas exactement comment il s'y était pris, mais il avait réussi, contre toute attente, à convaincre Lucy Ann de sortir de son trou. Certes, il lui avait un peu forcé le bras, il l'avait assaillie de beaux yeux piteux, il lui avait dit que ça lui ferrait du bien, il lui avait juré qu'ils seraient prudents. Puis, par dessus tout, il lui avait témoigné de sa confiance en Blanche et Andrzej. Manu savait certainement que s'il leur demandait de ne parler à personne de leur réconciliation, ils ne le ferraient pas. Ses hypothèses furent confirmées lorsqu'il les croisa tous les deux pour les inviter à la soirée; ils ne diraient rien à personne. Le Gallois avait évité avec précaution de citer la raison de cette discrétion forcée, mais aucun des deux ne chercha vraiment à le savoir. En fait, il était bien fier de son coup. Blanche n'avait pas encore eu l'opportunité de rencontrer sa belle, bien qu'il la lui mentionna à quelques reprises, et cela faisait bien trop longtemps qu'il n'était pas sorti boire avec Andr'. Celui-ci avait d'ailleurs été l'un de ces principaux partenaires de beuverie après son engueulade mémorable avec sa belle Anglaise. L'ambiance ne serait certainement pas la même que précédemment mais il était tout de même bon de le voir en dehors du contexte scolaire.

Bref, cela s'annonçait bien.

Le brun avait complètement vidé son dortoir à l'université. Il pouvait officiellement dire qu'il logeait dans son nouvel appartement au cœur du Londres sorcier, à quelques pas à peine du Chemin de Traverse. C'est donc sans hâte qu'il se prépara devant le miroir de sa chambre, attachant paresseusement les boutons de sa chemise noire. Il s'était fraichement rasé, sortant à peine de la douche. Le Gallois se regardait discrètement dans la glace alors qu'il terminait de se vêtir, glissant ses doigts dans ses cheveux encore un peu humides. Il avait presque l'air d'un gentleman. Il sourit à cette pensée, attachant la boucle de la ceinture qui retenait ses pantalons d'un gris cendré. Manu savait pertinemment qu'il était un gentleman, c'est ainsi qu'on l'avait élevé, mais pour une fois, le look s'agençait à la personnalité.

Le brun se chaussa, enfila son manteau de cuir brun, son écharpe verte puis, après s'être assuré que Carys – son lapin – avait suffisamment de nourriture, il sortit de l'appartement et verrouilla la porte d'un simple sort. Il rangea sa baguette et entama la courte marche qui le séparait du Chaudron Baveur.

Lucy Ann avait tenu à les rencontrer là-bas, il n'avait pas insisté. Il avait déjà été chanceux qu'elle accepte son offre... Puis, d'une certaine façon, il comprenait pourquoi elle serait angoissée d'aller à son appartement, toujours hantée par cette idée que quelqu'un la suivait pour lui faire du mal. Le jeune Perks soupira doucement, chassant le plus promptement possible cette ombre de son esprit.

Il n'eut pas le temps de s'en faire bien plus longtemps, les lumières du Chaudron brillaient déjà sous ses yeux. Emmanuel entra dans l'auberge, trouvant sans peine son amie dans la mer de gens. Elle rayonnait, comme toujours. Le brun s'avança jusqu'à la table où Blanche était assise, esquivant les quelques ivrognes titubants qui lui servaient d'obstacles. Une fois suffisamment près d'elle, le gallois glissa ses bras contre ses épaules et l'enlaça par derrière, la jeune femme toujours assise. Bien entendu, qu'il avait fait exprès de garder son manteau encore froid...

« Coucou toi... », dit-il, ponctuant sa phrase d'un baiser contre la joue.

Une fois qu'il l'eut suffisamment torturée, il se dégagea et prit place à ses côtés, retirant son manteau et son écharpe. Le Gallois observa Blanche du coin de l'œil et souligna, un sourire taquin aux lèvres:

« Si tu ne convertis pas Andy à la monogamie avec ce chemisier, je crois que son cas est sans espoir. »

Il était joli, son chemisier... Mais il s'agissait d'Andrzej. C'était tout dire.

Après avoir fait quelques courses, Andrzej rentra à son appartement et fila sous la douche pour se préparer pour la soirée. Ce n’était pas rare que le russe aille ainsi boire un plusieurs verres avec Manu, bien qu’il fallait quand même reconnaître que cela faisait un moment que les deux amis n’avaient pas fait une virée ensemble. Par contre, cette fois-ci ils seraient accompagnés de deux charmantes jeunes femmes. Quoique le slave avait intérêt à ne pas faire du gringue à Lucy Ann... Il avait parfaitement compris que c’était la propriété privée du Gallois et, même si le brun avait peu de scrupules à draguer une sorcière déjà prise, il n’était pas du genre à piquer la copine d’un ami. Ça serait plutôt déplacé de sa part et d’autant plus ridicule de se fâcher pour une broutille pareille...

Fin prêt, le soviétique s’admira dans la glace. Sa chemise blanche était légèrement ouverte, laissant entrevoir un collier qui ne le quittait que rarement et, une fois n’était pas coutume, il portait un jean moldu. Andrzej n’était pas très friand de ce que ces gens-là avaient à offrir – à vrai dire, il s’en fichait pas mal – mais Youri l’avait convaincu. Son ami d’enfance était un fin connaisseur de toute les créatures bizarres et donc aussi des moldus – à chacun ses tares – et il l’avait initié à leur mode que peu à peu le brun adoptait. Si ça mettait en valeur ses atouts, pourquoi s’en priver ?

Avec un petit sourire, Andrzej réalisa que c’était pratiquement une soirée entre deux couples, bien que l’un deux n’était pas encore formé et que l’autre était secret. Il ne savait plus trop ce qu’il en était exactement entre Manu et Lucy Ann. Les deux étudiants semblaient être les experts d’un je t’aime moi non plus, sortant ensemble, se séparant et remettant le couvert encore avant de reprendre leur jeu infernal. Autant le russe aimait batifoler de fille en fille, ne restant jamais très longtemps avec la même, autant le gallois semblait quant à lui tenir fortement à la jeune Miss Donovan. En y repensant, il ne l’avait jamais d’ailleurs vu avec une autre fille. Apparemment, les deux étaient de nouveau ensemble mais c’était un secret. Le slave ne comprenait pas pourquoi ils en faisaient un tel mystère maintenant mais après tout ils faisaient ce qu’ils voulaient et ce n’était pas lui qui allait les trahir.

Quant à l’autre invitée de leur petite soirée, il ne s’agissait de nulle autre que de l’innocente Blanche, la jolie damoiselle que le soviétique avait dans sa ligne de mire depuis quelque temps. Ce n’était pas vraiment son genre de femme, il préférait d’ordinaire les filles plus entreprenantes, celles qui voulaient exactement la même chose que lui, le sexe sans attache. Cependant, c’était un petit challenge qu’il s’était lancé et il comptait bien réussir à la séduire. Donc, même s’il n’y avait rien encore entre eux, Andrzej était certain que quelques heures passées autour de plusieurs verres auront raison de la vertu de la française...

Enfilant sa veste, le russe sortit enfin de son appart’ et transplana directement dans une ruelle qu’il connaissait bien, à deux pas du Chaudron Baveur. Il était pour ainsi dire un habitué des lieux avec toutes les soirées qu’il y passait. Très vite, Andrzej rentra dans le bar et salua Tom. Il y avait déjà pas mal de monde mais le brun repéra de suite ses amis et alla les rejoindre.

- Hey, salut vous deux ! Vous n’avez pas fait des bêtises en mon absence, j’espère ? blagua le russe..

Sans plus attendre, il s’installa à côté de Blanche et retira sa veste. Bien sûr, son regard fut ensuite irrémédiablement attirée par le décolleté de la blonde, ce qui par conséquent fit naître un grand sourire sur le visage du slave. La soirée s’annonçait sous de bons auspices. Malgré sa coiffure sage, la jeune fille s’était enfin lâchée sur sa tenue vestimentaire. Il n’y avait encore rien de révolutionnaire mais il pouvait enfin avoir une vue un peu plus plongeante sur les attributs cachés de la demoiselle. Elle s’était finalement décidée à succomber à ses avances...

Lorsque Manu avait commencé à lui parler de cette rencontre estudiantine au chaudron baveur, elle l’avait vu venir gros comme trois pâtés de maison, et la réponse était déjà toute formulée dans son esprit avant même qu’il termine sa première phrase : Non.
Non, il était hors de question qu’elle se rende dans un lieu publiquement fréquenté avec de jeunes imbéciles dont les capacités de raisonnement seraient fortement altérées par la boisson… Ca sentait le plan foireux à 10 miles.

Cependant, elle ne savait pas trop comment, il avait quand même réussi à l’embobiner, à force de pseudo-arguments enrobés dans ses yeux doux et ponctués par quelques bisous… Elle s’était faite avoir comme une bleue, offrant à peine plus de résistance qu’une petite mamie devant son teckel réclamant le gras du jambon.

Bref, toujours était-il que maintenant, elle devait s’y rendre… Et comme elle devait rencontrer une demoiselle, une super amie de son homme si elle avait bien compris, elle se devait d’être présentablement à la hauteur, histoire de ne pas jouer au torchon et à la serviette. Bon, il y avait bien un autre, le don juan de l’est, mais qu’elle se ramène en guêpière ou en haillons, il ne lui accorderait pas la moindre attention, ce qu’il n’avait jamais fait pendant leurs deux années de cours communes.

Elle dut donc faire l’enchainement compliqué épilation-douche-shampooing-brushing-maquillage-coiffage-habillage, dans l’ordre en plus, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des temps immémoriaux, sous le regard narquois de son chat qui semblait lui dire « Alors, dur de reprendre une vie sociale hein ? ». Bon, il pensait certainement plus à ses croquettes qu’autre chose, mais ça n’empêchait pas la jeune femme de reporter ses angoisses sur lui, après tout il était aussi là pour lui servir de bouc émissaire !

Après avoir essayé plusieurs tenues qui avaient toutes connues le sort tragique de roulage en boule sous le lit, elle opta finalement pour une petite robe noire toute simple, pas très décolletée mais relativement courte, qu’elle agrémenta par des bas violets et des bottes à talons noires. Ensuite, elle dut constater que les tests habillages successifs avaient ruinés sa coiffure, et laissa donc son insupportable chevelure vivre sa vie sur ses épaules.

Elle fit ensuite le trajet d’un pas nerveux, la conscience pas franchement tranquille, telle une ado qui faisait le mur pour aller en boîte et qui craignait les représailles si elle se faisait choper les autorités supérieures. Il ne lui restait donc plus qu’à croiser les doigts et les orteils pour que ça ne soit pas le cas !
Après de retrouvailles en demi-teinte avec son cher et tendre devant le Chaudron Baveur, mi-excitée mi-nerveuse, ils allèrent s’installer à l’intérieur et elle put enfin apercevoir la fameuse demoiselle.

L’espace d’un imperceptible instant, elle se figea telle une statue, écarquillant les yeux devant ce qu’elle jugeait être un subtil mélange de Laura et Mary Ingalls aux débuts de la petite maison dans la prairie.
*Gosh, mais elle a 12 ans ou quoi ?* pensa la sorcière en réalisant d’un coup qu’elle allait ENCORE se sentir vieille, étant donné qu’à une année près, elle aurait pu enseigner les soins aux créatures magiques à cette première année. Enfin bref, elle était peut-être jeune mais ce n’était pas de sa faute, elle allait donc essayer de ne pas se braquer, de rester sympathique et souriante…

Jusqu’à ce que son homme prononce les deux mots « Andy » et « monogamie » dans la même phrase. N’y tenant plus, elle éclata de rire, ce qui ne dura pas longtemps lorsqu’elle s’aperçut que ce n’était pas une blague. Se raclant la gorge, elle tenta de reprendre une attitude sérieuse.

Hum, je suis désolée, mais il y a des concepts comme ça auxquels j’ai un peu de mal à me faire… Andrzej monogame, c’est comme les chocogrenouilles sans sucre, ça serait pas pareil, tenta-t-elle de plaisanter en s’installant.
A peine avait-elle terminé sa tentative humoristique que la chocogrenouille-sans-sucre-mais-qui-ne-le-savait-pas-encore arriva, et elle le salua d’un air compatissant.

*J’espère au moins que tu sais que tu viens d’entrer dans un traquenard… Ou non, finalement, ça n’en sera que plus drôle*

Les hostilités n’avaient pas encore commencé que l’anglaise se sentait déjà mal à l’aise, ayant envie de prendre la main de son homme mais ne pouvant pas, essayer de lancer une conversation brillante mais ne parvenant pas à desserrer la mâchoire… Bref, il lui fallait une occupation, quelque chose pour lui occuper les mains et les lèvres. Son homme ne pouvant pas lui servir dans cette noble cause dans un lieu public, et ne souhaitant pas indisposer tout le monde d’entrée de jeu avec la fumée de ses cigarettes, elle héla le serveur pour lui commander 4 bierraubeurres.

Enfin, demandez quand même à mes camarades s’ils veulent autre chose, mais ramenez-en quand même quatre, au pire ça me fera de la réserve ! fit-elle en réalisant qu’avec ce type de breuvage elle avait plus de chance de tuer sa vessie avant de s’enivrer. Enfin bon, elle ne pouvait pas attaquer direct au firewhiskey quand même, ça faisait pas sérieux…

La Française jouait tranquillement avec une de ses tresses, essayant d’ignorer gentiment un homme assis plus loin dans l’endroit, qui essayait d’attirer son attention. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il voulait, mais d’après ce qu’elle croyait, ce n’était rien qui était moralement acceptable. Donc elle détournait le regard, et observait plutôt la sortie, croisant ses doigts en souhaitant qu’un des compagnons arrive rapidement.

À ce moment précis, la blonde fut surprise par quelqu’un qui l’enlaça par derrière, mais le pire fut très certainement la froid. Il avait gardé son manteau, ce vilain Gallois! Blanche ne put qu’exprimer une crainte de surprise, frissonnant en agrippant les mains de Manu, pour essayer de doucement le dégager. Il déposa un baiser sur sa joue, qui la fit sourire, mais pas oublié qu’il était en train d’essayer de la transformer en glaçon.

« Manuuuu, t’es méchant là…. » Dit-elle, soupirant de soulagement lorsqu’il se dégagea.

Elle frissonna puis sourit à Manu, remarquant alors Lucy Ann. Comme elle était contente de finalement rencontrer la copine –enfin, elle n’était pas certaine que c’était sa copine, il lui avait de ne pas en parler à personne- de son cher ami. Blanche lui adressa un joli sourire, mais son sourire sembla se figer un peu lorsqu’elle entendit le commentaire d’Emmanuel sur son chemisier. Ses joues se teintèrent rapidement de rouge, tandis qu’elle se disait intérieurement qu’elle aurait vraiment dû s’habiller autrement. La demoiselle fronça un peu les sourcils, l’air inquiète et lorsque Lucy Ann se mit à rire, à la pensée d’une telle personne célibataire, la jeune femme exprima aussi un petit rire nerveux.

Elle devait avouer se sentir très légèrement offusquée, bien qu’elle se doutait que la demoiselle n’avait pas rit méchamment. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si Lucy avait tout d’abord pensé ainsi parce qu’elle croyait que Blanche n’était pas du tout suffisamment mignonne pour attirer l’attention du slave. Blanche se mordit un peu la lèvre, baissant légèrement le regard. Elle laissa cependant ces pensées de côté pour le moment, apercevant le dit Russe se faire un chemin jusqu’à eux.

La blonde sourit doucement à Andrzej, une de ses mains venant nerveusement jouer avec sa tresse droite, tandis que Lucy Ann commandait des bièrraubeurres. C’était certainement une bonne façon de commencer la soirée, plus doucement qu’avec les trucs les plus forts. Elle ne s’y connaissait pas tellement toutefois, l’alcool n’avait jamais été une de ses préoccupations principales. La demoiselle regarda un peu l’étudiant assis à côté d’elle, se rendant bien vite compte que son fameux chemisier avait captivé son attention. Elle se mordit la lèvre, essayant un peu de détourner l’attention de celui-ci.

« Alors, ça va? Qu’est-ce qu’il y a de neuf? » demanda-t-elle, plus qu’heureuse de voir le serveur revenir vers eux avec les bièrraubeurres.

La jeune femme prit un des verres, en prenant déjà une gorgée. Elle était stressée et cela lui arrivait très rarement. Elle devenait toute tendue et se mettait à déblatérer sur des sujets qui n’intéressaient guère la majorité des gens. L’étudiante observa un peu les trois autres, se disant qu’ils s’étaient mit jolis eux-aussi pour la soirée. Emmanuel était chic, il avait l’air plus vieux qu’il ne l’était vraiment, Lucy Ann portait une simple robe noire, mais avec style et Andrzej était aussi habillé simplement, mais le tout semblait coller à lui-même.

Blanche détourna le regard quelques instants, souriant en voyant que l’homme qui l’a reluquait plus tôt semblait avoir décidé d’essayer d’attirer d’une autre demoiselle. C’est que ça la mettait mal à l’aise de se sentir observée de tout plein d’angles différents. Elle se sentait déjà observée par l’étudiant assis à côté d’elle, ce n’était vraiment pas nécessaire que d’autres gens la regardent. Blanche jeta un regard à Manu, accompagné d’un sourire taquin, puis elle lui tira la langue, comme une fillette faisant la grimace à son frère.

Emmanuel sentit tout de suite que Blanche s'était tendue après le commentaire qu'il avait fait au sujet de Andy. Cela le mit tout de suite un peu mal à l'aise. Bien entendu, pour lui, la réputation du russe n'était qu'un simple fait dont tout le monde était au courant, même le concerné. Et il n'avait jamais vraiment senti Andrzej gêné par les dires de ses escapades amoureuses. Mais il sentait clairement que Blanche avait trouvé cela de trop, et cela ne fit que confirmer ce dont ils avaient parlés à quelques reprises; elle était amoureuse de lui. Pour une figure fraternelle qui connaissant Andy encore mieux que ses amantes, c'était un cauchemar. Combien de fois les deux jeunes hommes avaient-ils passé la soirée à boire et à parler de femmes? Heureusement pour le russe, celui-ci n'avait jamais encore parlé de la blonde avec lui, c'était sans doute mieux pour sa santé. Autant il adorait la compagnie du slave, sa personnalité parfaitement complémentaire à la sienne, il ne voulait pas du tout qu'il pose ses pattes sur Blanche. Elle était bien trop douce, gentille et innocente pour se faire prendre dans le jeu de ce Dom Juan. Oui, il était possessif, mais Blanche était un peu comme de la famille. Et la famille, c'est important.

Le Gallois adressa donc un tendre sourire à son amie en lui caressant doucement l'épaule d'une main, juste avant que le russe fasse son entrée. Il sourit à celui-ci, lui serrant franchement la main.

« Bien sûr que non, Andy. On t'attend toujours pour faire des bêtises », dit-il en ponctuant sa phrase d'un clin d'œil à l'attention du slave.

Il n'en lui fallu pas beaucoup pour qu'il remarque l'attention particulière qu'il portait au chemiser de la Française, ou plutôt ce qui se trouvait tout ce léger tissu. Sa mâchoire se tendit un peu à cette seule pensée, sa main, par réflexe, se posant contre la cuisse de sa bien aimée, comme si ce contact l'empêcherait de dire à Andy qu'il n'appréciait pas qu'il regarde sa bonne amie comme un morceau de viande dans lequel plonger ses dents. Mais il respira, détendant son étreinte contre la cuisse de sa belle Anglaise, la caressant ensuite doucement. C'était Andrzej tout craché, il ne pouvait rien y faire. Et si Blanche se jetait dans la gueule du loup, ce n'était pas son problème. Mais cela allait surement être à lui de ramasser les morceaux lorsqu'elle aurait le cœur brisé.

L'arrivée de la Bieraubeurre détendu tout de suite l'atmosphère. Le Gallois prit l'une des choppes dans ses mains et l'éleva vers ses compagnons, grand sourire aux lèvres.

« À nous, parce qu'on le vaut bien », dit-il avant de prendre une longue gorgée du liquide sucré.

Il déposa la choppe sur la table avant de reprendre la main de Lucy Ann dans la sienne, toujours sous la table. Il était heureux qu'elle soit venue, sa présence lui faisait toujours beaucoup de bien. Puis elle était belle, mille gargouilles. Elle avait l'air plus en santé, elle avait l'air satisfaite d'être ici, même s'il avait dû utiliser ses talents de manipulation pour sa convaincre. Il voyait toujours cette lueur morte au creux de ses prunelles, mais elle lui semblait mieux, presque à l'aise. Il sourit à cette pensée avant de croiser Blanche du regard, qui l'accueilla d'une grimace. Il prit un air faussement offusqué avant de lui renvoyer son geste, lui cognant doucement le pied du sien.

Le jeune homme prit une autre gorgée de la boisson alcoolisée puis regarda chacun de ses compagnons.

« Ça fait du bien de tous vous voir, sincèrement... »