L’emblème de la milice pourpre était posé à son vêtement, comme un symbole de l’autorité suprême. Autorité dont il avait commencé à se servir indubitablement, traçant les premiers signes de méfiance dans le regard des élèves, attirant les sombres regards sur lui-même, ainsi que sur ses sœurs et faisant retentir sur le nom familial, une consonance proche du pouvoir, de la puissance, voire de la malfaisance…

Midnell… Un vendu, un allié des Carrow, un futur mangemort. Ca, c’étaient les bruits qui couraient. Mais de tout ça, il s’en moquait bien maintenant… Il avait un fragment de ce pouvoir qu’il convoitait sans relâche. Et ce soir, suite à une discussion entendu alors qu’il se cachait dans l’angle mort d’un couloir, il avait décidé d’appliquer la surveillance maximum… Et de se servir de tout ses pouvoirs.

Alors que certains élèves n’allaient pas tarder à s’endormir, ou rester encore un peu dans les couloirs pour discuter, avant le couvre feu décrété par les Carrow. Il s’était décidé à aller hanter la salle commune comme un fantôme chapardeur… A commencer par le second dortoir qu’il allait fouiller de fond en comble, histoire de savoir si les gens qui y dormaient, ne risquaient pas d’aller poser des affiches interdites dans l’école… Mais à qui allait-il faire croire ça ? Il n’avait envié cette place que pour le pouvoir qu’elle lui offrait, il avait jeté les responsabilités depuis bien longtemps aux oubliettes… Seuls les Carrow pensaient qu’il allait leur obéir, comme s’ils étaient leur animal, mais non… Il allait se servir de ce pouvoir pour faire toute chose de répréhensible, pour manipuler les masses, pour aller là ou les autres n’avaient pas le droit d’aller. Sa venue ici, et surtout dans ce dortoir en particulier, n’était donc en rien, du au hasard. Car il y avait Alix qui y dormait. Et cette histoire de photo l’emplissait de curiosité en même temps qu’elle l’emplissait de crainte. Il allait pouvoir savoir si Alix avait gardé la photo qu’il lui avait envoyée. Il n’en avait pas discuté avec lui et le doute subsistait. Que pensait-il ? Que ressentait-il ? C’était un garçon, mais qui était plus que troublant… Eliad connaissait son adoration des femmes, mais il se savait impulsif, et ce garçon avait réveillé en lui, des sentiments contre nature.

Des sentiments interdits, des choses qui ne se faisaient pas…

Arrivé dans le dortoir, il s’acharna sur le lit d’Alix, ouvrant la taie d’oreiller, la remuant, faisant de même pour les draps et la couette. Sous le matelas peut-être… Il trouva la photo… Mais dérangé aussitôt par le bruit de quelqu’un qui approchait, il rangea la photo dans la poche arrière de son jeans.

« Alix ! »

Il ne s’était pas attendu à le voir là, dés maintenant. Par contre son hostilité apparente envers son insigne n’était pas une surprise… Et les Carrow lui avait appris à faire face à toutes formes d’hostilité…

« Sache que j’ai tout les droits ici, et tu n’as que le droit de te taire et d’obéir. Où as-tu mis les éléments de la résistance, je sais que c’est toi qui les gardes, ne me mens pas, on t’a déjà dénoncé… »

La vérité était tout autre, mais il lui fallait bien une raison de sa présence ici pour ne pas avoir à évoquer la lettre.

Alix était en peignoir serré, mais ce n’était pas tant la vue de ça qui le perturbait à nouveau… Plutôt celle de voir l’eau dégoulinant de ses cheveux et retombant sur son visage… Il attrapa Alix par le col.

« On a tous les pouvoirs, n’oublie jamais ça, alors le seul qui va dégager ici, c’est toi… Mais seulement quand j’en aurais fini avec toi et ce n’est pas prêt d’arriver. »

Il poussa Alix sur le lit, lui intimant l’ordre de ne pas bouger pendant qu’il achevait de fouiller ses affaires. Et notamment son coffre, qu’il ouvrit sans ménagement pour tout contrôler.

Eliad s’était agenouillé pour pousser au plus loin ses investigations. Sans lever le moindre regard vers Alix qu’il avait pris plaisir à pousser comme un vulgaire objet, il prenait soin de sortir toutes les affaires du coffre et les entassait devant lui en pile indistincte. Vêtements ou objet, il cherchait tout. Il cherchait le moindre morceau de papier, regardait sous les cadres si rien n’était dissimulé. Bien sur derrière lui, Alix n’avait attendu pour bouger. Mais même là, il ne lui prêtait aucune attention. Qui sait ce qu’il pouvait lui venir à l’idée pour détourner son attention… Et en bougeant comme cela, il montrait clairement qu’il n’était pas tranquille. Il tournait en rond, comme un animal piégé. Il avait peur. Et cela confortait Eliad dans son idée qu’il était au bon endroit au bon moment…

« Je trouverais des choses sur toi, Alix. Que tu le veuilles ou non. Tu es plus qu’un mannequin même si tu ne te décris que comme ça… Tu es un résistant j’en suis persuadé. Tu as finalement réussi à vaincre la peur qui était en toi pour braver l’autorité… Bravo, vraiment. Mais maintenant c’est terminé, le jeu est fini, et je n’ai plus de temps à perdre. »

Une fois le coffre vide, il se mit à chercher un possible double fond. Mais il ne fallait pas rêver, il n’y avait absolument rien. Alors il se leva, et méprisant, donna un coup de pied dans les affaires du jeune garçon. A défaut de le pousser au sol une fois de plus, il devait lui montrer qu’il contrôlait la situation et pas lui. Lui montrer que quoi qu’il fasse, il avait d’ores et déjà perdu. Parce qu’il devait présenter un coupable aux Carrow pour justifier son entrée dans la milice, parce qu’il devait montrer son autorité à Alix, comme aux autres élèves, et parce qu’il n’était jamais revenu auprès d’Eliad après que ce dernier lui ait envoyé la photo…

« Ce que je cherche ? Voilà ta première question intelligente, Alix. Je cherche des preuves, et ce genre de choses. Je fais partie de la milice pour combattre ceux qui veulent instaurer le chaos dans une école qui n’a actuellement, vraiment pas besoin de ça… Sans compter les maladies qui atteignent les individus, et les sangs mêlés, qui à tort, se sentent négligés et ramenés à l’écart… »

Il s’était relevé et il toisait maintenant Alix, toute sa stature contre sa petite taille. Pour quelqu’un qui n’avait que quatorze ans, il n’était pas naïf, mais le manipuler s’avérait toujours des plus plaisants. Eliad avait l’impression de lire en lui comme dans un livre, comme s’il prévoyait ses actions. Le plus amusant était aussi de le faire sortir de ses gonds, attendre que ses émotions explosent comme une centaine de pétards. Le rendre instable, lui faire perdre la tête. Lui faire peur. Le combattre. Le frapper à plusieurs reprises. Ou l’inciter à attaquer le premier. Son esprit analysait la situation entre eux deux.

Et ce fut Alix qui attaqua le premier en parlant de la situation gênante qui les unissaient. Eliad laissa un silence planer. Avec les Carrow, cette photo, même s’il ne s’était rien passé derrière, lui ferait automatiquement perdre sa place et le reléguerait au même rang que les sangs mêlés. Non pas qu’il les détestait, mais leur situation peu enviable le générait pour gérer les affaires familiales. Les personnes qui venaient au manoir seraient vite au courant de ce fait, et ils le lui reprocheraient. Il ne pouvait se permettre de tout perdre. Il n’avait pas la possibilité d’échouer. Mangemort, puis membre de la milice. Ne pas échouer signifiait passer du coté des puissants. Dommage que c’était ceux là même qui voulaient entraîner le plus de personnes dans la mort.

« Non, je ne l’ai pas rencontré. J’ai juste reçu cette photo un jour, et je te l’ai renvoyé. Ne me demande pas pourquoi, dis moi juste ce que tu en penses… Tout ce que tu penses de cette soirée lointaine… »

C’était le moment de vérité pour eux deux. Même si Eliad ne désirait pas une réponse claire, car il n’attendait rien au final. Avec les Carrow, leurs rapports ne changeraient sûrement pas. Il n’était plus qu’un résistant qu’il fallait confondre… Et pour ça, il devait être bien sur qu’Alix soit dans le dénouement le plus total, et qu’il ne puisse plus rien lui cacher. Alors toujours en silence, ses mains à tâtons sur le tissu, il défit la ceinture qui retenait son peignoir, le laissant glisser lentement le long de son corps, et dévoilant…

Qu’Alix ne pouvait plus rien lui cacher.

Alix avait réussi à se couvrir d’un drap malgré sa surprise. Il cachait sa nudité par une main malhabile, alors qu’Eliad savourait sa courte victoire. A le voir ainsi effrayé par la peur, il s’imaginait lentement, prendre possession de son corps et le faire se mouvoir à sa convenance. Le faire devenir simple pantin, relié à des cordes, alors que son esprit serait paralysé par la crainte. Une vision intrigante de la manipulation amoureuse sans doute… mais sans aucun amour.

« Je ne le crois pas, non… Je ne suis même pas certain que tu sois bien un résistant. Il n’y a pas spécialement de rumeurs qui t’accusent Alix, mais contrairement à ce que tu dis si bien, je n’écoute pas les rumeurs des autres. Tu n’es pas forcément ce que les autres pensent de toi, Alix… Ni une tapette, ni une fillette… Mais je ne suis pas les autres, moi je me fie à ce que je vois dans ton regard. Et j’y vois tellement de choses… Et tu ne me dis pas tout. Tu accuses la boisson, alors que tu ignores sans doute ce que tu voulais vraiment… Peut-être n’étais-je qu’un élément déclencheur. Tu devrais y réfléchir sérieusement, la vie est si courte pour passer à coté de certains moments. »

Eliad s’empara alors d’un foulard traînant dans la pile de vêtements, qu’il avait fouillé seulement quelques instants avant. La nudité d’Alix se révélait maintenant gênante pour Eliad. Comment continuer à ressentir la force qu’il avait en lui alors qu’il était debout et sans la moindre protection. Si quelqu’un débarquait, la situation allait vite devenir gênante… Mais que lui importait, il était encore tôt, les autres élèves n’allaient pas venir… Alors sous le regard endormi des personnages des tableaux, il enroula le foulard autour du cou d’Alix. Soigneusement, sans tirer, sans infliger de souffrance. Ses mains habiles faisant un nœud derrière sa nuque, puis s’amusant à faire glisser l’écharpe le long de son torse, avant de la remettre droite et la tenir d’une seule main. Comme… S’il s’était agi d’une laisse.

« Madame Carrow ? »

L’étonnement laissa rapidement la place à l’amusement, et Eliad sourit.

« Depuis quand est-elle devenu madame Carrow ? Depuis quand l’aimez vous à ce point là pour lui montrer du respect ? Je n’ai jamais été dupe, et je n’ai pas envie de l’être. Si tu aimes les personnes du même sexe que toi, je ne serais peut-être pas là pour t’en empêcher… Dis moi, Alix… As-tu déjà eu un amant masculin ? »

Ses questions devaient être embarrassantes au plus haut point pour Alix… Et pourtant, il prenait un certain plaisir à les poser. Observant le jeune garçon tituber sur ses fondations au fur et à mesure qu’il le poussait dans ses derniers retranchements. Il observait une fois encore ses cicatrices qui étaient apparues après sa soudaine nudité. Il y en avait tellement. Les tortures qu’il avait subies auraient démoli l’esprit de plus d’une personne… Et pourtant il était là, bien présent. Mais il se cachait, et refusait de se montrer nu. Peur ? Pudeur ? Pourquoi ne pas se montrer totalement nu devant Eliad. Etait-il bien un homme ?

« Pervers ? Ne me force pas à te faire regretter tes paroles. Je connais les règlements des Carrow à la lettre et je choisis moi-même la manière dont je décide de les appliquer. Et tu pourras parler et dire tout ce qui s’est passé ici, personne ne te croira. Je représente l’autorité ici et tu dois m’obéir. »

« Et comme tu le dis si bien… les personnes de mon rang ont toujours dépassé les tiennes… »

Eliad tira brusquement sur le foulard qui emprisonnait le cou d’Alix et il l’amena à lui, comme pour continuer de le soumettre. Cette fois-çi, ses lèvres s’étaient fortement rapprochées de sa nuque, il ne restait plus au milicien, qu’à tourner la tête, fermer les yeux et… lui murmurer à l’oreille :

« L’araignée sur mon blason ne signifie qu’une chose… Je vais tisser une toile autour de toi, et je vais petit à petit me servir de tes craintes, peut-être même parler de ton sentiment envers les hommes, si tu vois ce que je veux dire… Mais tout cela peut-être évité. Il ne te reste que peu de temps pour parler. Dénonce quelqu’un de la résistance, Alix. Montre ta bonne foi à l’égard des Carrow puisque tu sembles tant les respecter. Aide moi à détruire la résistance. Tu peux le faire, et ainsi entrer à mon service… Tu me renseigneras sur les activités de la résistance, et je t’assure que personne ne sera jamais au courant que tu m’auras aidé à les traquer. Et surtout… Les tortures des Carrow cesseront aussitôt que tu entreras à mon service. Et n’est-ce pas ce que tu souhaites le plus, Alix ? »

Eliad passa une main sur une cicatrice, se faisant adroit, léger. Il s’attendait à ce qu’Alix détourne sa main avec fureur. Mais peut-être qu’il n’en ferait rien au final, par peur de laisser tomber à nouveau ce drap qui le cachait…

La nuit s’était avancée de quelques minutes. Combien de temps tiendraient-ils tout deux avant que quelqu’un n’entre dans le dortoir et ne les découvre ainsi ? Alix risquait beaucoup, mais un milicien pouvait risquer plus encore. Un châtiment corporel avec des cicatrices sur la peau, n’aurait été que le minimum. Et pourtant… Il ne lui demanda pas de se rhabiller, prenant des risques, comme il en prenait toujours plus. Comme avec le photographe du lac qui avait révélé son insouciance. Là, il perdait toute notion de prudence, alors qu’une goutte de sueur ou ce qui avait été une larme, perlait sur le corps d’Alix… Et qu’une excitation étrange se reflétait en lui. Pas encore assez visible, sauf si Alix baissait soudainement les yeux, encore que… C’était caché. Pourquoi cette étrangeté soudaine. Il n’y avait rien de vrai là dedans, Alix n’était qu’un ennemi, tout comme les autres. Ils voulaient détraquer l’école. Ecrire des messages indigents… Pourquoi sa féminité en lui suscitait-il autant d’intérêt dans sa tête. Si ce n’était pas son cœur qui parlait, c’était un désir inavouable.

Il fit la sourde oreille à tout ça, se contentant de caresser encore les cicatrices, prenant le temps de sentir les os à vif, un corps fin dans un esprit malade. Oui, malade… Il fallait être fou pour ne pas obéir aux règles écrites par l’autorité en vigueur, et même Dumbledore autrefois avait été un rédacteur de règles.

« Pourquoi ne respectez vous pas tout simplement le règlement mis en place par les Carrow ? Il est là pour votre sécurité, et si jamais c’est le couvre feu qui vous gène, vous n’avez qu’à venir rejoindre nos rangs… Nous recrutons… Pour le bien être et la sécurité de tous. Ce n’est pas faire qu’obéir, c’est aussi participé à l’ordre… Tu dis que tu vas m’aider dans ma tache, mais tu mens. Tu trembles, tes lèvres ne cessent de gigoter alors même que tu ne prononces aucun mot. Je ne suis pas stupide. Ne me force pas à te faire ravaler tes mensonges, car je n’aurais aucune pitié pour toi. Je n’en aie jamais eu pour personne. Tout comme mon père n’en a jamais eu pour moi. »

Leurs visages étaient si proches maintenant. Il suffisait qu’un seul fasse le geste… Mais il n’y avait pas de boissons cette fois pour les désinhiber. Et la colère qu’éprouvait Alix le mettait en garde. Le déconcertait même. Mais a force de jouer avec son autorité, Alix allait finir par y perdre bien plus qu’un drap…

« Tu as un sacré courage quand même… Oser briser sa baguette… Je comprends qu’elle t’en veuille. Je te rassure, ce n’est pas quelque chose que je te reprocherais. Je sais ce que c’est que de se défendre… J’ai connu pareille situation et j’ai aussi perdu la partie… »

Il se rappela son combat contre Bellatrix. S’il n’y avait pas eu de brisures de baguette, le combat avait aussi été inégal. Tout comme son recrutement chez les mangemorts d’ailleurs. Autant de traces laissées… Autant de coups reçus. Autant de victimes…

« Tu trouves que j’ai l’art de séduire ? Ou celui d’être séduit ? »

Et il embrassa Alix sur la bouche, un baiser fin et léger mais qui se répéta plusieurs fois, prenant le jeune garçon de vitesse. Il était impossible de décrire ce qu’il avait ressenti sur le moment, il avait surtout agi par simple impulsivité. Comme une envie trop longtemps retenu. Ca n’était pas sur qu’il ait vraiment aimé ça, mais en tout cas, il l’avait fait.

« Maintenant tu peux te rhabiller, je t’ai assez vu… »

Il avait commis cet acte étrange… Pourquoi ne disait-il pas que c’était aussi un acte abominable ? Il n’aurait jamais pensé tomber dans ces travers là. Ce n’était pas lui, ce n’était pas sa façon d’être. Alors qu’Alix devait commencer à se rhabiller, il se détourna pudiquement pour le laisser faire.

« Tu ne dois pas oublier que tu travailles pour moi dorénavant… Je viendrais te voir aussi souvent que cela me sera nécessaire. Et n’importe où, n’importe quand. Et à ce moment là, tu auras plutôt intérêt à avoir des renseignements à me fournir…Une personne à arrêter, un coup qui se prépare, n’importe quoi. Mais quelque chose de valable. »

Le dos toujours tourné, il inspira profondément. Il s’en était fallu de peu pour qu’il étrangle Alix avec sa propre écharpe, et qu’il fasse surgir sa colère profonde. Ou seulement qu’il tente d’étouffer sa honte et sa peur… Une fois de plus.

Lorsqu'Alix acheva de se rhabiller, Eliad l'écouta une dernière fois sans vraiment répondre, et il quitta ce dortoir pour rejoindre le sien.

A quoi jouait donc Eliad? Il n'avait d'autre choix que de laisser ce dernier continuer de se faire plaisir en caressant ses plaies, lesquelles semblaient agrafées à jamais sur son corps aux courbes si sveltes, peut-être un peu trop même. Ses hanches fines n'avaient selon lui, aucun intérêt; il n'y avait que la peau sur les os, et des blessures sur la peau... Ah ça devait bien l'exciter ce petit pervers de caresser un corps d'adolescent blessé parce que martyrisé par ses chers maîtres. Le chien de la milice devait se plaire, être dans son élément là où la tristesse régnait. On devinait que la silhouette pas encore totalement développé d'Alix était belle avant, avant tout ça... En vestige de son ancienne perfection, les lignes droites et parfaitement dessinées demeuraient fidèles mais ces dernières étaient cachées par des cicatrices qui ne partiraient que si on le laissait enfin se reposer.

Alix crut enfin recevoir une réponse à sa question en ce qui concernait le comportement d'Eliad. Ce dernier parla encore, de ses fichues règles... Comment ça facile à les écouter? Mais c'était une dictature!!! Les droits de l'homme aussi étaient un ensemble de règles que les Carrow ne respectait pas eux. Avec prudence, l'adolescent répondit.

-C'est sûr que vous respectez toutes les lois, toi à commencer par le droit à l'intimité, au respect et à la différence, et tes maîtres respectent-ils les droits de l'Homme en torturant des enfants?

Eliad venait de dire que son père n'avait pas été tendre avec lui; voilà donc ce qui était la réponse qu'attendait Alix. Peut-être que son comparse avait été maltraité? Ce n'était pas impossible, comment savoir? Après tout, la violence nait souvent de la violence n'est-ce pas? Ou alors avait-il apprit les choses de cette façon? Mais selon Alix on pouvait se faire son propre jugement et résister à sa famille... Reporter son ressenti sur les autres n'était pas une excuse.

-La pitié? Je ne sais pas ce que c'est, on ne m'en a jamais porté Eliad; j'ai l'habitude.

Le beau-père d'Alix, et pire son frère adoptif ne l'avaient jamais porté dans leur coeur, le premier se contentait d'insultes sur sa présumée homosexualité et sa féminité exacerbée, le second n'avait pas hésité à le frapper ou jeter des sorts; pro-mangemort à fond; pourquoi aurait-il donc pitié d'Eliad à son tour? Celui-ci n'était qu'un criminel, quelque soit ses excuses.

Pourtant, son aîné lui apparaissait aussi sous un autre angle. Il n'arrivait pas à passer pour une gentille fillette trop fragile pour être bonne à quelque chose aux yeux d'Eliad. D'un côté ce n'était pas pour l'arranger, de l'autre c'était inconsciemment flatteur. Enfin quelqu'un remarquait son immense volonté et sa force intérieure. Il ne savait plus trop quoi penser de cette rencontre entre violence et douceur, car il y en avait un peu malgré tout... Malgré les paroles blessantes, l'humiliation de sa nudité, ces caresses sur ses plaies appuyaient à peine, légères et sans douleur, le soulageant même un petit peu; lui arrachant un frisson qui ressemblait à un peu de plaisir. Après n'avoir reçu que des coups, il fallait comprendre aussi que son corps réagisse aussi bien, surprit mais flatté de recevoir enfin un peu de tendresse.

C'est vrai qu'Eliad savait reconnaître ses qualités, comme son courage. C'était peut-être idiot mais Alix lui était reconnaissant de ses paroles sur son courage face à Carrow, peu de personnes lui l'avaient dit... En même temps peu le savaient; mais qui ferait allusion à son agression belle et bien connu elle quoique camouflée pour une autre explication? Isaac n'avait pas été quelqu'un d'attentionné il faut bien le dire, il l'avait aidé mais en le brusquant, en le forçant à se bouger, ce n'était pas une mauvaise chose mais les compliments faisaient du bien parfois.

Lorsqu'Eliad parla de l'art de séduire, le jeune Serpentard reprit conscience, il essaya de se défaire de son aîné et de ses caresses sous lesquelles le temps s'était assoupit. Cependant comment s'échapper quand on ne possédait nulle force physique? Son corps n'était qu'un traître, galvanisé par les caresses d'Eliad, il en voulait plus, quitte à se "prostituer"; c'était inconscient, son esprit dictateur n'avait aucun droit à la parole cette fois, lui qui parvenait à dicter ses règles, à passer par dessus les règles de la physique qui auraient dû, en ce moment, faire de lui une loque humaine coincée à l'hôpital ne savait résister à cette trop fragile carapace qui était née pour la douceur, la délicatesse. Une belle fleur exotique qui ne possédait pas d'épines visibles, comptant sur sa beauté pour s'attirer la protection... Voilà ce qu'était ce corps qui se prostituait sous son regard posé ailleurs, sur un autre monde alors que ce dernier répondait sans trop s'en rendre compte aux baisers de son aîné. Le premier qui lui fut volé exacerba sa colère, il parvint à s'éloigner un peu après avoir été prit de vitesse.

-Commence par les respecter toi-même, les règles de tes chers Carrow... Et n'embrasse pas un garçon, c'est mal, tu le sais pourtant!

Oui, pourtant... Lui aussi savait qu'Eliad était un ennemi, une personne qu'il était sensé haïr, pourtant à ce même baiser qui les liaient il répondit, replongeant à chaque demande, fermant même les yeux sous la douceur de l'acte... On aurait pu abuser de lui sans problème en cet instant; tellement il était heureux de recevoir un peu de tendresse, même s'il y avait une connotation sexuelle à cette trêve. Oui, il n'avait que 14 ans physiquement, mais bien plus mentalement, et tout était bon pour passer un peu de baume sur son corps martyrisé. Cela ne l'empêcha pas de changer d'attitude lorsque les paroles claquèrent de nouveau dans l'air... Drôle de jeu, auquel Alix lui-même jouait malgré lui. Ce qui importait n'était plus leurs idéaux différents, ça ce n'était qu'une excuse pour le voir plus souvent, Alix en était intimement persuadé. N'empêche que se sortir de ce guêpier n'allait pas être facile, il faudrait faire appel à toutes ses capacités, sa ruse, franchement, il ne savait pas comment échapper à Eliad. Voilà un ennui en plus sur ses frêles épaules. Se gardant de répondre pour ne pas donner une raison au Serpentard de rester là-il le haïssait de nouveau et de toute son âme d'ailleurs.- il se rhabilla en vitesse, n'ayant même pas dans l'idée de se sécher les cheveux, les laissant donc dégouliner sur son tee-shirt.

Le métisse s'effondra finalement sur son lit sans pleurer... Il avait d'abord peur que Eliad l'entende et ensuite, son corps ne semblait plus posséder de larmes tant elles avaient coulé. Alix avait au moins évité le pire, soit la découverte de rares indices dans sa chambre, Eliad était persuadé qu'il était résistant mais n'avait pas de preuves. Recroquevillé, encore horrifié par le viol de son intimité et la situation, plus encore peut-être par sa réaction de "prostituée" qui l'avait fait apprécier ce moment de promiscuité physique. Il s'endormit finalement, totalement dérouté, ayant oublié tout ce qu'il était sensé faire après sa douche, quelle heure il était et bien d'autres choses.

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