Looking for Caly (Prio Caly, Cherry, Malcolm)

Leur décision avait été prise dès le jour du match ; le plan machiavélique était prêt, seul le temps pour l'exécuter avait manqué. Les vacances étaient arrivées sans que les deux Lions vengeurs aient pu mettre leurs menaces à exécution ; à la rentrée de janvier, ils s'étaient mis d'accord pour réaliser leur projet à la première occasion, qui s'était présentée dans la seconde moitié du mois. Ce samedi-là, leur future victime avait l'intention (elle l'avait dit à quelques pas d'eux) d'aller réviser sa métamorphose au bord du lac ; l'endroit était idéal, avait songé William qui, d'un signe de tête, s'était assuré que Cherry était bien sur la même longueur d'onde que lui...

Ils s'étaient retrouvés sur le perron du château, leurs capes et écharpes bien serrées pour lutter contre le froid mordant de ce mois de janvier ; le ciel était clair, mais un vent du nord glacé transperçait les vêtement et faisait frissonner. Sans méfiance, Calypso était passée devant eux, et ils avaient fait de leur mieux pour avoir l'air innocent ; à distance raisonnable, ils avaient suivi la Serdaigle, et étaient allés s'asseoir à quelques mètres d'elle, dissimulés par un fourré, en attendant le bon moment.

Une rumeur persistante disait que Calypso était dopée, mais les deux Lions savaient pertinemment – et c'était encore pire – qu'il n'en était rien ; elle était tout simplement très douée au Quidditch, et sa performance avait méchamment miné le moral de l'équipe de Gryffondor. D'où une vengeance, échafaudée en direct dans les tribunes, le jour du match, pour lui faire payer cette adresse insolente... Rien de bien méchant, William n'était pas un adepte de la violence ou de l'humiliation, mais juste un genre de blague de potache destinée à faire descendre un peu la Serdaigle de son piédestal... et surtout à rendre leur moral aux joueurs de l'équipe, qui avaient fini par considérer la poursuiveuse bleue comme invincible. Une fois passée entre les griffes de Cherry et William, elle aurait perdu une bonne part de son prestige...

Un groupe de filles de sixième année s'attarda un long moment au bord du lac, interdisant toute action aux deux vengeurs, mais Calypso ne bougeait pas. De leur place, ils ne voyaient que son dos et sa tête penchée sur son travail ; tandis qu'ils surveillaient les alentours, le calamar géant vint montrer un peu ses tentacules à la surface, et William murmura à Cherry :

-Tiens, le calamar... Il paraît qu'il a failli manger une élève tombée à l'eau, l'autre jour... T'imagines la mort atroce ?

Il avait entendu parler de cette histoire, sans savoir réellement quand elle avait eu lieu et qui avait été l'infortunée qui avait failli servir de repas à l'énorme bestiole. Peut-être Cherry en savait-elle davantage ?

Après un bon moment d'attente, mes filles se levèrent, ramassèrent leurs affaires, et, trop lentement au goût de William, quittèrent les lieux. Il ne restait plus qu'eux et Calypso au bord du lac... Le rouquin vérifia pour la dixième fois que sa baguette magique était bien dans sa poche, et chuchota :

-Prête ?

Il adressa un clin d'oeil à sa complice avant de passer à l'attaque, et tous deux sortirent du fourré, les mains aux poches, se dirigeant résolument vers la studieuse Calypso.

Un vent glacial frappait sans relâche les joues déjà rosies par le froid de Calypso, la refroidissant de plus en plus. La fillette restait pourtant assise obstinément dans le froid hivernal, ses mains emmitouflés dans d’épais gants de laine tenant fermement un gros bouquin qu’elle avait emprunté à la bibliothèque. La bleue et bronze en avait eu assez de l’atmosphère étouffante du château et de l’ambiance sinistre qui y régnait. Aussi, quand elle avait vu que la neige avait enfin cessé, elle avait aussitôt saisi l’occasion. Elle allait faire ses révisions dehors, à l’air pur et frais. Cependant, l’aiglonne avait fait une petite erreur de calcul et aurait dû choisir un endroit plus abrité. Au lieu de ça, elle s’était installée près du lac. Malgré ses vêtements chauds, la rouquine se gelait donc un peu mais la vue était belle et reposante, et le clapotis régulier des tentacules du calamar géant formait un agréable bruit de fond. De plus, on avait beau dire mais le froid était revigorant et il n’y avait rien de tel pour motiver quelqu’un à travailler. Un contrôle de métamorphose se rapprochait dangereusement et Calypso avait intérêt à réviser sérieusement si elle voulait avoir la note optimale, d’autant plus qu’il y avait encore des notions qui lui échappaient. Aussi, armée de ses livres et de ses notes de cours, la rousse essayait d’oublier la morsure du vent pour se concentrer sur les métamorphoses inter-matériaux.

De toute manière, elle n’était pas la seule à braver les basses températures pour rester près du lac. Il y avait non loin d’elle un groupe de filles plus âgées, bien que celles-ci n’étaient pas venues pour travailler. Au contraire, elles parlaient et riaient fort, ce qui gênait d’ailleurs un peu la gamine. Levant la tête, la rouquine les observa un instant avant de se replonger dans son livre avec un petit sourire. Finalement, ce n’était pas grave. Au moins, cela lui permettait d’oublier un peu ses petits problèmes. La vie de la jeune Tealsdale n’était pas facile depuis le bal de Noël. Non seulement il y avait eu sa rupture d’avec Christopher mais en plus il y avait maintenant cette stupide rumeur comme quoi elle s’était dopée pour le match de quidditch contre Gryffondor. A tous les coups, c’était quelqu’un de jaloux qui avait confondu sa potion anti-peur avec une drogue quelconque. Cependant, cela faisait vraiment bizarre d’être soudain traitée de junky...

Soupirant, la seconde année se replongea dans sa lecture. Comment pouvait-elle d’ailleurs s’apitoyer sur elle-même alors qu’il y avait tant d’élèves qui subissaient la torture tous les jours dans cette école ? Ses problèmes étaient dérisoires par rapport aux leurs. Fouillant dans son sac, la rouquine en ressortit un parchemin et un stylo moldu – bien plus pratique pour la prise de notes en extérieur – et commença à se faire une fiche pratique pour son contrôle. La tête penchée sur son travail, Calypso ne se rendit même pas compte que les autres filles quittaient les lieux, la laissant ainsi toute seule au bord du lac, et encore moins que deux ombres menaçantes se dirigeaient vers elle.