Le mois de décembre était déjà bien entamé et apportait son lot de neige, de décorations de Noël et d’enthousiasme au vu des vacances qui approchaient à grands pas. C’était au moins ça de gagné parmi les mornes journées se succédant dans ce Poudlard dominé par les Carrow, et où les Serpentard n’avaient jamais autant régné en maîtres. Lucretia, sang-mêlée née d’un père Moldu, n’échappait pas aux sarcasmes et autres discriminations en cours. Elle s’y rendait chaque matin d’un pas traînant et faisait en sorte de passer le moins de temps possible en dehors de sa Salle Commune : pour une fois depuis bien longtemps, c’est là qu’elle s’y sentait encore le mieux accueillie. Elle tentait donc, au fur et à mesure que Noël approchait, de reprendre un peu du poil de la bête auprès de ses camarades de Maison et de penser aux vacances qui les attendaient d’ici peu de temps. Cependant, quelque chose trottait dans la tête de la Jaune et Noire, et commençait à occuper de plus en plus de place dans son esprit puisque les journées d’une Poufsouffle terrée dans sa Salle Commune n’étaient guère très remplies… quelque chose qui venait s’ajouter aux récents évènements qui secouaient le monde des sorciers, quelque chose qui commençait à la préoccuper presque autant que le décès de Dumbledore… celui de son amie Jemiah Tails, il y avait déjà quelques mois de cela. Lucretia avait bien sûr ressenti le choc sur le coup mais n’avait finalement pas bien pris le temps de réaliser l’évènement, trop absorbée par les cours et ses tentatives (ratées :/: ) de BUSE, puis par ses vacances d’été bien trop ponctuées par les conflits familiaux pour avoir le temps de penser à autre chose. Ce ne fut donc que lors de cette légère accalmie, qui n’allait sûrement pas durer certes, que le quotidien de la Jaune et Noire commença réellement à se teinter de deuil. En outre, elle avait la désagréable impression qu’elle était à peu près la seule à se soucier de la disparition de son amie. Au fond, elle ne pouvait peut-être pas en vouloir aux autres, ils avaient tous en cette sombre période pas mal de choses à gérer émotionnellement. Mais ce matin là en se levant, Lucretia décida qu’il fallait tout de même marquer le coup. Avant que la Salle Commune ne soit pleine à craquer de sapins et autres décorations, la Poufsouffle choisit un endroit de la pièce légèrement en retrait, calme, pour y installer un mémorial.
C’est ainsi que, quelques heures plus tard en début d’après midi, une petite table était dressée près de la fenêtre, recouverte d’un drap blanc et de toutes sortes d’objets inutiles ayant appartenu à Jemiah Tails : sa baguette magique, soigneusement replacée dans son coffret, son Eclair de Feu, une cravate encore toute poilue du jour où elle avait tenté de la transformer en rat, engendrant un échec cuisant ainsi qu’une folle aventure sur un bateau pirate mais ça c’t’une autre histoire, un morceau de porcelaine provenant probablement des toilettes qu’elle adorait faire exploser, une flasque de madère, une pipe gainée façon cuir croco (Lucretia ne l’avait jamais vue fumer mais toujours est-il qu’elle l’avait trouvée dans sa valise), un rouleau de papier toilettes et une vingtaine de cheveux blonds-verts en vrac. Un peu en retrait de tous ces objets, légèrement surélevée au moyen d’une petite pile de livres, trônait une photo de la Poufsouffle, portant l’inscription sur son cadre :

« Jemiah Tails, décédée bien trop jeune dans un monde bien trop cruel. Avis aux jeunes filles, n’allez pas vous promener toute seule dans les ruelles le soir ! Vous risquez de vous faire Avadakédavriser très fort ! Et pas touche au balai (de toute façon c’est un vulgaire Brossdur 11, l’aspect d’Eclair de Feu c’est juste parce qu’elle aimait bien le tuning), ni à la baguette (de toute façon elle n’est pas fiable, se conférer pour preuve à la cravate ci-dessous), merci. »

Lucretia Ulwarth admira son travail et s’attarda quelques minutes sur le portrait de Jemiah qui tenait une Bièraubeurre dans une main, et qui secouait vivement l’autre en lui faisant signe de venir se joindre à elle pour boire un coup au beau milieu de débris de toilettes explosées. Un sourire de nostalgie se dessina alors sur le visage d’Ulbidule tandis qu’une larme commençait doucement à traverser sa joue. C’est alors que, sans savoir pourquoi, ni d’où lui venaient ces paroles totalement improvisées sur le moment, la Jaune et Noire se mit à fredonner en reprenant une mélodie de chanson Moldue qu’on lui chantait lorsqu’elle était plus jeune :

Elle s’appelait Jemiaaah…
C’était une jeune Pouffyy
Elle était mon idoleuh !
Et moi j’avais quinze aaans…

Cette pauvre écoleuuh
Pour éduquer cette blonde
Avait mis dans l’affaireeuh
Jusqu’à ses sièges de toileeetteuh…

Moi j’avais dans la têteuh
D’en faire une grande préfète
Pour passer le flambeau
Et rendre gloire aux blaireaaaux.. .

Et croyant à sa chanceuh
J’envoyai Jemiah Tails
Par un beau dimancheuh
S’promener à Pré-au-Laaard…

« Je sais, dit Kaeeleuh
Que Jemiah m’épousera »
Mais après la ruelleuh…
Avada Kedavraaaa….

Quand le vétérinaireuh…
D’un seul coup l’achev…

**Gné ? oO oulà je dis n’importe quoi là…**

AHEM !
Elle s’appelait Jemiaaah…
C’était une jeune Pouffyyy
Elle était mon amiiiieuh
Et moi c’est Lucretiaaa…


…

**C’était quand même pas si mal, faudrait que j’la note et que j’apprenne la guitare pour accompagner… Euh… c’est moi où jme sens observée depuis tout à l’heure ?... **

Samedi. Une nouvelle semaine pourrie, placée sous le signe des Carrow, venait de s'achever à Poudlard. Malgré ses velléités rebelles, Kael n'avait encore lancé aucun vrai mauvais coup contre l'horrible trio qui dirigeait l'école de sa main noire. Et pourtant, ça n'était pas l'envie qui lui manquait. Non, ce qui lui manquait, c'était un ou une partenaire, qui pourrait l'accompagner dans ses démarches bordelogènes. Mais peu de gens étaient suffisamment motivés -ou fous, c'est selon- pour oser s'attaquer à l'autorité en place, aussi injuste et arbitraire soit-elle.

Le samedi matin était une occasion de traîner au lit. Certes, il y avait des devoirs, mais après avoir enchaîné cinq jours de cours, le Celte pouvait bien s'autoriser à commencer le week end tranquillement, dans son lit. Pas de réveil pour le tirer d'un sommeil réparateur. Pas de nécessité de quitter le confort de ses couvertures pour se traîner, sac sur l'épaule, jusqu'à une salle de classe froide et pleine d'élèves bruyants. Les douze coups de midi sonnèrent. Figurativement, bien sûr. Et dans la tête de l'ancien Préfet, l'heure tilta. Il ouvrit un oeil, puis l'autre.

"Pfff... J'ai vraiment pas envie d'me l'ver, là..." marmonna-t-il, pour lui-même, à la fois dans sa barbe et dans sa langue paternelle.

Roulant sur lui-même, il manqua de choir de son plumard, s'arrêtant à la limite. Effectuant le même mouvement, mais en sens inverse, il retrouva sa position allongée sur le dos. Son regard vague observait la tenture de son lit à baldaquin. D'un souple mouvement, fluide, mettant ses reins à contribution, il repoussa les draps à ses pieds. Comme à son habitude, il ne portait qu'un boxer. Sa tête bascula sur le côté et la porte de la salle de bains.

"Ouarf, flemme..." poursuivit-il, alors que l'idée d'un jet d'eau brûlante fondant sur sa tête blonde lui traversait l'esprit.

Finalement, il posa les pieds au sol, poussant un petit "Gniiii" au contact de la pierre froide (le tapis était de l'autre côté, bien sûr) et ouvrit son armoire. Il prit un jean noir, un t-shirt jaune et passa un pull par dessus. Après avoir ajouté à sa tenue chaussettes et chaussures, il alla directement jusqu'à la grande salle, en vue de déjeuner. Il mangea rapidement, sans pour autant ne pas se rassasier, puis il retourna dans sa salle commune.

Une voix qui chantait attira son attention alors qu'il arrivait près de la cheminée. Dans un coin de la pièce, une table avait été dressée. Lucretia Ulwarth, ancienne Préfète de son état, chantait, reprenant la mélodie d'une chanson moldue. Le Celte écouta avec attention et capta le nom de... Jemiah. Il s'approcha légèrement et remarqua l'installation dans son ensemble. Un portrait de Jemiah, justement, trônait sur table, entourée d'objets lui ayant appartenu. Puis il entendit son nom. Et sans chercher à les retenir, il sentit des larmes couler le long de ses joues.

Il chercha un fauteuil à tâtons et s'assit sur l'accoudoir, faisant toujours face à cet hommage. Cela faisait plusieurs mois que la capitaine de l'équipe de Quidditch avait été assassinée, mais Kael se rendait compte que le souvenir était toujours fort, présent, indélébile. Il resta muet, à contempler la photographie. La jeune fille blonde, avec ses célèbres mèches vertes, invitait à ce qu'on la rejoigne, Bièraubeurre à la main. Il renifla, peut-être un peu bruyamment, et détourna le regard. Ca en devenait presque insupportable. Finalement, il se leva et vint se placer juste à côté de Lulu.

"Merci... Merci pour elle." dit-il, en s'essuyant les yeux avec sa manche.

Et il n'ajouta rien, admirant, simplement.

Les doutes de Lucretia sur une présence autre que la sienne dans la pièce se confirmèrent lorsqu’elle entendit un reniflement sonore derrière elle. Elle reconnut dans son champ de vision Kaelir lorsqu’il fut à son niveau, sans détourner son regard vague du portrait de Jemiah, comme perdue dans ses pensées. Lorsque son ami la remercia, un petit sourire se dessina malgré tout sur ses lèvres.

- Oh… de rien. C’est le moins qu’on puisse faire pour elle…

Elle posa une main qui se voulait réconfortante sur l’épaule de Kael, tandis qu’elle se demandait avec un peu d’appréhension et de gêne s’il avait entendue sa petite chanson improvisée dès le début. De plus, une étrange sensation l’habitait : elle avait l’impression que ce n’était pas assez, que ce mémorial était loin d’être à la hauteur de l’hommage que Jemiah méritait qu’on lui rende. Elle aurait aimé pouvoir faire autre chose… aller casser un siège de toilettes en son honneur par exemple… mais autant dire qu’avec les Carrow, cela lui vaudrait bien plus qu’une retenue…

Elle resta ainsi silencieuse durant un bon moment. D’ordinaire, ce genre de long silence la gênait quelque peu. Mais dans la situation présente, il était le bienvenu. C’était un de ces rares silences de recueillement, reposant et respectueux.

Une main autre que la sienne vint bientôt se poser à son tour sur l’autre épaule de Kael, ce qui donnait un peu l’impression qu’il allait se faire embarquer au poste . Lucretia tourna enfin la tête et vit qu’il s’agissait d’Eternity Jones, la jeune fille de 7ème année qu’elle avait rencontrée à la fête de rentrée dans cette même salle. A son tour, elle fit part à ses deux camarades de ses condoléances, et souligna, comme pour confirmer les pensées de Lucretia, que Jemiah méritait amplement cet hommage. Elle sourit de nouveau, puis murmura à son intention ainsi qu’à celle de Kaelir un simple :

- Merci.

Tandis qu’elle s’apprêtait à se replonger dans la contemplation du portrait de Jemiah, dont les saluts de la main et les sourires enjoués savaient malgré tout lui réchauffer le cœur, Eternity reprit la parole et encore une fois, elle semblait avoir lu dans les pensées de Lucretia comme dans un livre ouvert…

Citation :

"Tu veux venger sa mort ? Faire en sorte qu'elle ne soit pas morte en vain ? Faire en sorte que sa lutte continue ? Il ne faut pas se laisser abattre, nous pouvons le faire... Tous ensemble ! Lutter contre l'oppression de Rogue et des Carrow. Je suis d'origine moldue, je n'ai pas cherché à le cacher, et je ne veux pas être persécutée et me laisser marcher sur les pieds ! Ensemble nous pouvons faire quelque chose, avec tous ceux qui sont dans notre situation, tous ceux qui ont perdus un proche, tous ceux qui ne supportent pas l'idée que Poudlard devienne un repère de racailles."

Lucretia, estomaquée, resta immobile durant quelques secondes, puis se tourna lentement vers Eternity pour la regarder avec des yeux ronds comme des cerceaux de Quidditch. Non pas qu’elle fut étonnée des paroles de sa camarades, mais au contraire parce que celle-ci venait de traduire parfaitement ce qui, dans l’esprit de Lucretia, formait de vagues idées que la mélancolie et le découragement avaient jusque là empêché de se formaliser en mots. Avant que la cinquième année n’ait pu répondre, son aînée sortit alors une Bièraubeurre d’on ne sait où (car rappelons le, le seul alcool présent sur ce mémorial se trouvait dans la main de feu Jemiah Tails, bien au chaud dans son portrait ), après tout, la septième année avait peut-être atteint un niveau de métamorphose suffisant pour faire apparaître des chopines bien fraîches de nulle part (Lucretia se scotcha alors dans un petit coin de son cerveau le post-it fictif « lui demander comment elle fait »), bref, Eternity leva son verre et prononça l’ultime phrase qui remit les feux aux poudres dans le cœur de Lucretia.

Citation :

"A Jemiah Tails, pour que sa mort ne soit pas vaine et que son combat continue !"

- A JEMIAH TAILS ! s’écria-t-elle alors. Euh… attends.

Elle se dépêcha d'aller s’emparer de deux verres ainsi que de la carafe de jus de citrouille entreposés sur une table un peu plus loin à l’intention des Poufsouffle et apporta un verre à Kael, tout en levant le sien pour l’entrechoquer avec la chope d’Eternity.

- Eh bien, on ne s’est pas énormément parlées la dernière fois qu’on s’est vues mais on peut dire qu’on est sur la même longueur d’ondes, toi et moi… cela fait des semaines que j’ai ce rêve, plus ou moins refoulé, d’engager une lutte sans merci contre cette bande de dictateurs ! Après tout, McHenry et Craig s’en étaient bien sortis contre Ombrage il y a deux ans ! Enfin bien sûr ils n’avaient pas prévu qu’il y aurait Carrow et sa clique cette année pour les attendre au tournant… Mais si on veut faire quelque chose, on peut ! Ne serait-ce que pour Jemiah ! Ne serait-ce qu’au nom des Moldus et de tous leurs descendants, tout aussi nobles que les autres ! Et puis, la revanche qu’on a à prendre contre les Serpentard, de toute façon, elle ne date pas d’hier, elle…

Lucretia respira un grand coup. Une lueur d’espoir venait enfin de renaître en elle.

- Eternity… je suis à fond avec toi il nous faut un plan d’action, très vite.

Kaelir quant à lui ne s’était pas encore exprimé sur le sujet mais Lucretia était plutôt confiante quant au fait qu’il partagerait les mêmes convictions…

Kael ne quittait pas le portrait des yeux. Il avait espéré oublier, passer outre, et il pensait l'avoir fait, jusqu'à maintenant. En fait, le souvenir de sa petite amie était toujours présent. Il sentit la main de Lucretia sur son épaule.

- Oh… de rien. C’est le moins qu’on puisse faire pour elle…

Il lui adressa un sourire humide, abandonnant du regard la photo pour la première fois depuis qu'il l'avait vu. Mais l'appel était trop fort, et ses iris bleus se reportèrent sur l'image, qui montrait que Jemiah était encore vivante, dans les esprits, dans les coeurs. Tous deux restèrent silencieux un moment, avant que l'ancien Préfet-en-Chef sente une autre main sur son épaule. Il ne regarda pas qui était là, il la reconnut à la voix :

"Je suis sincèrement désolée, je ne la connaissais pas très bien, mais de ce que j'en sais, elle mérite amplement qu'on lui rende hommage."

Le Celte tourna la tête vers elle, lui adressant le même sourire humide qu'à sa camarade ancienne Préfète.

"Merci."

C'était sincère, alors ça suffisait amplement. Alors, quelque chose d'inattendu rompit l'ambiance. Eternity prit la parole, avec ferveur :

- Tu veux venger sa mort ? Faire en sorte qu'elle ne soit pas morte en vain ? Faire en sorte que sa lutte continue ? Il ne faut pas se laisser abattre, nous pouvons le faire... [...] tous ceux qui ne supportent pas l'idée que Poudlard devienne un repère de racailles.

Le Celte n'avait plus gardé les yeux fixés sur Jemiah. Son attention avait été captée par les paroles de la jeune fille. S'il avait encore l'esprit dans le brouillard, à cause de l'émotion, il avait bien enregistré chacun des paroles de sa camarade de Septième Année. Sans que personne ne sache d'où elle venait, une bouteille de Bièraubeurre apparut dans la main d'Eternity.

- A Jemiah Tails, pour que sa mort ne soit pas vaine et que son combat continue !

A Jemiah Tails...

- A JEMIAH TAILS ! Euh… attends.

Kael, intrigué, tourna la tête vers Lucretia. Mais celle-ci avait disparu. Comme ça. Il la repéra alors, près d'une table, en train de remplir deux verres de jus de citrouille. Pour trinquer, avoir quelque chose à boire était quand même bien mieux. Il prit le verre que lui tendait Ulbidule et le leva. Le coeur y était à moitié. En fait, il lui fallait un peu plus. Et ce fut la Cinquième Année retapante qui parla à son tour :

- Eh bien, on ne s’est pas énormément parlées la dernière fois qu’on s’est vues mais on peut dire qu’on est sur la même longueur d’ondes, toi et moi… [...] Et puis, la revanche qu’on a à prendre contre les Serpentard, de toute façon, elle ne date pas d’hier, elle…

Quel moulin à paroles, en fait. Elle avait réussi à faire sourire Kael, pas un sourire triste. Après avoir repris sa respiration, elle ajouta :

- Eternity… je suis à fond avec toi Yeux il nous faut un plan d’action, très vite.

Kael but son verre d'une traite. Il se sentait requinqué. Aussi, il entama son discours à son tour :

"Oui, vous avez raison. Faut pas s'laisser abattre. J'sais que c'est pas c'qu'elle aurait voulu, que j'me morfonde, qu'on soit tous à penser à elle en pleurant et en gémissant, en parlant d'la misère de c'foutu monde. Non, il faut s'battre, il faut montrer à ces enflures de Carrow, à cette espère de serpillère de Rogue qu'ils sont pas les bienvenus à Poudlard. Faire des petits coups, ça sert à rien, même s'ils trouvent pas les responsables, ça s'ra que des piqûres de moustiques, c'est chiant, mais on finit par oublier. Nan, il faut un gros événement, de la casse..."

Il avait des idées de lieux... La Grande Salle, c'était du déjà vu. Les couloirs, non. Non, ce qu'il fallait...

"Tant pis pour Pince, mais à mon avis, foutre le bordel dans la biblio, balancer les bouquins, faire tomber les étagères, ça peut les rendre furax."

C'était une mesure assez importante, des livres risquaient d'être abimés, le soutien ne serait pas forcément là, surtout de la part des Serdaigles...

"Ou pendant un cours. J'aurais dû l'faire avec Jaina, mais malheureusement, ça s'est pas fait... Pendant un cours d'un des Carrow, quitte à être puni, torturé, rien à foutre, faut marquer le coup."

Niveau soutien, là, il y en aurait.

"Page et William seraient d'accord. Pas sûr qu'ils fassent partie du groupe, mais ils nous soutiendraient."

D'autres idées de gens, il n'y pensait pas encore. Là, il était dans une euphorie d'action, de faire quelque chose. Il adressa un regard déterminé à Jemiah.

*Pour toi.* pensa-t-il.

Jusqu’à maintenant, et depuis que Kael l’avait rejoint, le moral de Lucretia commençait à remonter en flèche. Tout ce qu’elle ruminait depuis des mois depuis la mort de Jemiah, tout ce qu’elle gardait pour elle par peur de la censure et des représailles, toute son amertume et ses rêves d’action, s’exprimaient enfin par les mots, de manière fluide, entre elle, Kaelir et Eternity. Se sentir ainsi entourée, et voir qu’il existait réellement des personnes qui partageaient ses opinions, lui réchauffaient le cœur à l’en brûler presque.

Kael était à nouveau en train de parler et machinalement, Lucretia ne cessait de hocher la tête tellement ses propos étaient en parfaite adéquation avec ce qu’elle pensait. Elle ressemblait ainsi à un de ces chiens en peluche que les Moldus mettaient sur la plage arrière de la voiture et pour qu'ils remuent la tête en tirant la langue, mais elle s’en fichait. L’excitation la submergea tellement lorsque le celte suggéra un plan d’action dans la bibliothèque que ses yeux devinrent humides. En revanche, la perspective d’aller directement provoquer les Carrow en cours lui faisait un peu peur… c’est vrai quoi, après tout, la Poufsouffle n’avait jamais rien fait de vraiment téméraire dans sa vie… ça allait être une grande première… mais qu’à cela n’tienne !

- Aah oui là je dis OUI ! Tu as tout à fait raison Kak… Kaelir Je pense même que, comme je le disais il y a quelques jours à Lellia, ce serait la classe si chaque Maison y mettait du sien, à sa manière… Sauf les Serpentard bien entendu, sur qui l’on ne peut pas compter pour faire de la résistance, mais si on est trois Maisons à s’unir contre Serpentard, les Carrow et Rogue, ça aura déjà un sacré poids ! Mais bon, pour l’instant, il s’agit de se concentrer sur ce que nous pouvons faire nous, les Poufsouffle. Et ton idée de la bibliothèque, j’adore !

Elle s’interrompit pour réfléchir un peu, lorsqu’Eternity prit la parole, visiblement moins enthousiasmée par cette idée.

Citation :

"Pour la bibliothèque, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, je ne pense pas que les Carrow ou même Rogue accordent une quelconque importance aux livres de la bibliothèque. N'oublions pas que ce sont eux nos cibles principales, et pas les autres profs, et certainement pas les élèves. Quant à foutre le bordel dans les cours, je suis entièrement d'accord, interrompre les cours des deux mangemorts me semble être un très bonne idée."

- Et bien… disons que pour la bibliothèque, ce ne serait effectivement pas très pertinent de foutre le bazar juste pour foutre le bazar… il faudrait qu’il y ait un minimum de message là dedans, par exemple, on pourrait renverser toutes les étagères et garder les rayons relatifs à l’étude des Moldus ? Histoire de bien montrer que eux aussi, et tous ceux qui en sont issus, méritent le respect, et qu’il faut que les Sang-Pur descendent de leur piédestal ! Quant à aller directement perturber les cours des Carrow… pourquoi pas, mais il faut que nous gardions bien en tête qu’il faudra sûrement en assumer les conséquences, c’est extrêmement risqué et il faudra que ce soit soigneusement préparé, et que ça ait un but, pas juste venir cracher des insultes puis se faire prendre et passer le reste de l’année en invalidité physique… >< ce serait bête pour la suite… Et par ailleurs, je suggère qu’on fasse ça en priorité dans le cours d’Alecto, Etude des Moldus… elle doit sûrement leur apprendre des horreurs et il faut qu’on montre bien notre désaccord par rapport à ça…

Une voix que Lucretia ne connaissait pas encore se fit alors entendre derrière elle.

Citation :

« II ne faut pas que la censure arrive à nous faire taire ! Diffuser le message auprès de tous : il y a encore de l’espoir ! Et lutter contre les Carrows… juste pour montrer qu’ils n’ont pas encore gagné… même si le combat est inégal… il faut y croire… »

Prise d’un nouvel élan d’enthousiasme à ces paroles, la cinquième année se retourna et vit un jeune garçon assis seul à un pupitre, et qui venait visiblement d’interrompre ses devoirs pour céder à la tentation irrésistible de se mêler à eux. Tandis qu’Eternity s’empressait de lui répondre, en l’avertissant bien du danger que son implication pourrait représenter, Lucretia adressa à ce dénommé Dominic un large sourire afin de lui inspirer confiance et lui témoigner sa gratitude face à cet élan de solidarité.

Elle écouta ensuite Eternity qui, cette fois, suggérait d’attribuer un nom, un signe de ralliement, à leurs futures actions. Lucretia se mit à chercher avec elle. Automatiquement, son esprit cherchait quelque chose de… chevaleresque d’héroïque… La première pensée qui lui vint alors à l’esprit fut celle d’un film Moldu qu’elle avait vu pendant les vacances d’été chez ses parents lors d’un après-midi où elle ne savait quoi faire… pas très cinéphile, c’était probablement le seul film de chevaliers qu’elle avait vu dans sa vie, d’ailleurs. Elle y repensa donc et suggéra sans réfléchir plus longtemps :

- NNNI !!!

Elle attendit un peu, mais s’apercevant que cette exclamation risquait de n’avoir aucun sens aux yeux de ses camarades, elle s’empressa de reprendre :

- Euh… jsais, pas, c’est bien « Ni », non ? ça pourrait être notre cri de ralliement… me d’mandez pas pourquoi…

Elle se tourna alors vers Dominic, histoire de détourner l’attention au cas où sa suggestion ferait un David Bivas bide.

- Quant à toi Dominic, tu es en première année si je ne me trompe pas ? Bienvenue à Poufsouffle, avec un peu de retard certes et merci de te sentir aussi impliqué dans notre lutte mais comme dit Eternity, fais bien attention à toi… il faut bien garder en tête que nous prenons des risques énormes en nous opposant à ces vermines… mais si tu as bien conscience de cela et que tu es toujours prêt, alors, je ne saurais que te conseiller de nous rejoindre !

Puis, sentant qu’il allait falloir tout de même faire avancer les choses tôt ou tard, l’ex-préfète tenta de faire le point, aussi bien pour elle-même qu’à l’intention des autres :

- Bon… ça ferait que pour le moment, nous sommes quatre. On pourrait certes recruter encore du monde… Mais comme l’a dit Eternity, les petits groupuscules ne sont pas forcément une mauvaise chose, pas vrai ? Et regardez Page et William, ils n’étaient que deux… Et si l’on attend trop… Bref, je pense que rien ne nous empêche de commencer à agir dès maintenant, ou du moins, à préparer quelque chose de solide. Qui est pour aller se faire une grosse bataille de livres à la bibli ?

Elle leva immédiatement sa main, avant d’ajouter :

- Et qui est pour préparer une intervention musclée dans un cours des Carrow ?

Elle garda sa main levée, et, bien qu’elle se mit à trembler légèrement, s’efforça de garder un visage toujours aussi déterminé en attendant la réaction des autres.

Kael décida d'écouter les avis de ses deux camarades représentantes de la gente féminine en la noble Maison d'Helga Poufsouffle. La démocratie était de mise, ainsi que l'égalité des sexes, la parité, et tout et tout. Donc il était normal que chacun puisse prendre la parole et être écouté. Lucretia, tout d'abord, montra son enthousiasme, suite aux paroles du Celte. Puis le premier sujet mis sur la table fut la bibliothèque. Ce fut l'ex-Préfète qui s'exprima la première, en disant simplement qu'elle adorait l'idée. Puis vint le tour d'Eternity, qui elle émit des réticences quant à s'attaquer à cette pièce en particulier, tout simplement parce que la cible concernait plus les élèves et les autres professeurs que Rogue et les Carrow en particulier... Ce qui n'était pas faux, à y réfléchir.

"Mmmmm..." mmmma le Septième Année, dans une belle imitation d'un agent secret.

En revanche, la fille aux cheveux violets était emballé par un attentat en cours. Ce qui somme toute paraissait logique. Lucretia reprit la parole. Un vrai moulin quand elle s'y mettait, celle-là. Approuvant les dires d'Eternity, elle proposa une solution : prendre pour cible tous les livres, sauf ceux relatifs à l'Etude des Moldus. Ah mais c'était une idée, ça ! Tout le monde souffrirait un peu de la dégradation de la bibliothèque, mais c'était un coup fort, et les professeurs pourraient certainement réparer les dégâts en un tournemain. Ensuite, Lululbidule proposa de mettre le bazar au cours de la Carrow...

"Ton idée de tout démolir sauf les rayons sur les Moldus, c'est super ! Comme ça, on fait d'une pierre deux coups, en menant une action forte et en leur montrant que les Moldus sont importants pour nous. Pour le cours, oui, elle raconte des horreurs. J'y suis allé, elle considère les Moldus comme des bêtes dangereuses, stupides, portées sur la violence... Par exemple, elle a fait une démonstration de combats de coqs. Comme si les sorciers -elle s'est pas regardée- n'étaient pas capables d'horreurs..."

Le Celte imagina un instant la grosse moche, sans sa baguette, dans une cage avec un loup ou un gros chien. Pourrait-elle être encore plus moche qu'elle ne l'était déjà après s'être faite défigurer par un clebs ? Une voix qui ne provenait d'aucun des trois se fit alors entendre. Du même mouvement, Lulu, Banania et lui se retournèrent vers un élève de Première Année. Dominic Newbury.

Kael acquiesça gravement aux paroles d'Eternity. S'impliquer dans ce mouvement anti-Mangemorts était risqué. Il fallait donc bien être conscient de ce que ça représentait et des conséquences qui pouvaient en découler. Lorsque Banania eut terminé, le Celte mit une main sur l'épaule du jeune garçon.

"Il faut plus que de l'envie, dans cette histoire. Il faut agir. Si tu te sens prêt à agir, nous le serons tous, et nos actions auront l'impact que nous voulons leur donner."

Eternity embraya ensuite. Un nom, une signature, pas de chef. Tout à fait, il fallait que chacun ait des responsabilités, sans qu'aucun ne soit au-dessus. La démocratie, je vous dis. Lulu proposa immédiatement un cri étrange, "ni". Personne n'eut le temps de vraiment avoir une réaction, ou pas, puisqu'elle s'adressait déjà à Dominic, réitérant les avertissements. Enfin, elle parla d'action.

"Pour, et pour !" s'exclama Kael en levant la main.

Puis il la baissa presque aussi sec.

"Donc, un nom... Nous sommes quatre... Pourquoi pas... les Mousquetaires ? Ou... Je sais pas... Les Black Badgers ? Ca fait BB en initiales... Et ça peut faire une signature, comme ça."