The end has no end [Mcgween's sister]

"Demain, 18h00, volière".

Il lui avait glissé ça du ton le plus neutre qu'il avait, en passant à côté d'elle, tandis qu'elle débarrassait son plateau à la cantine. Plateau encore bien rempli, pensa t il entre deux coups d'oeil. Mais le temps, pas maintenant. Il était reparti comme un fantôme.
Il ne savait pas vraiment pourquoi il lui avait demandé de venir, surtout qu'après le bal, le froid était devenu de l'eau glacée qui s'échappe entre les doigts et qu'on ne peut retenir. Le blond remuait entre ses neurones ce qu'il lui restait à faire et qui fixerai l'affaire, remuant entre ses doigts une petite broche.

Et il était là, comme un con, le cul posé entre les déjections de pigeons soit disant évolués, à remonter son écharpe verte le plus haut possible, et se demandant si la brume qui sortait d'entre ses lèvres gercées n'était que de la fumée ou des nuages de froid. Va pour les deux.

En décembre, fait pas très chaud.

Il maudit en silence les oiseaux qui avaient des plumes pour se réchauffer, alors que nous, animaux stupides n'avons que quelques poils de ci de là.

On remue encore la broche.
Il s'attarda dans le ciel. Alors qu'il n'y voyait rien. Il se dit, que là, il aurait bien aimé se penché au bord de la fenêtre, et se transformer en papillon.

Il entendit des pas. Il se leva tout de suite, autant être dans une position pas trop humiliante. Mais rien, les pas repartaient.
Gabriel soupira de s'être bougé pour rien, et resta debout. Le ciel était noir, à cette heure ci. Pas encore le noir intense de la nuit, mais le bleu qui s'est plongé dans le goudron. Pas facile de voir grand chose, mais une espèce de lanterne était accrochée entre les grosses poutres en bois, et sa lumière vacillante coloriait la pièce en ombres jaunes et oranges.
D'autre pas se firent entendre. Plusieurs, qui passèrent. Et un des sons se rapprocha.

Le blond se demanda un instant comment faire dégager un intrus si il se pointait là, à cette heure ci. Les pas gravissaient les marches, et la touffe blanche apparue.

C'aurait été plus facile, un intru, en fait.

Son visage était beau. Peut être la couleur de la lanterne, qui le faisait ressortir comme ça. Elle était belle, les cheveux long, aussi. Mais elle devait se les peler en jupe.
Et ses yeux...

"Pourquoi sont ils si différent des miens ? " souffla un élan de tristesse.
" Parce qu'ils n'ont pas vus les mêmes choses."

Elle avait le visage fermé, sur ses gardes.

Allait.

On tire encore une taffe de la clope, on sert la broche, et on respire.

La nuit était tombée. En sois, cela n'avait rien d'extraordinaie, c'était même prévisible. Après tout, il n'y avait rien d'autre de plus prévisible que la nuit succédant au jour, et le jour à la nuit. Mais cette nuit, Kelsey n'observerait pas les étoiles depuis sa modeste fenêtre magique du dortoir. Ou bien, pas non plus en fraude depuis la tour d'Astonomie. Non. Enfaite, elle n'y allait plus à cette Tour. Elle n'y allait plus depuis sa petite visite chez Rogue. Elle ne s'était jamais fait prendre, sur le long chemin entre les cachôts et la dite Tour. Mais, depuis que le réglement s'était fermement imprégré dans son esprit, elle ne prenait plus de risque. Aussi, l'heure et le lieu de rendez-vous n'arrangeait pas la gamine. Pourquoi diable avait-il décidé d'aller à l'extérieur du château par ce froid, et après l'heure de sorties autorisées ?! Encore, au château, ils pouvaient se ballader jusqu'à 20h, mais l'extérieur c'était à 18h pétante qu'il fallait rentrer !

Et puis, c'était quoi encore cette façon de faire ? Lui glisser ça en vitesse alors qu'elle se levait de table, sans même lui laisser le temps de le regarder en face. MAIS QUELLE CRUAUTE ! En elle avait passé la nuit à cogiter, roulant de droite à gauche sur son matelas en se tenant la tête dans ses mains, pour éviter de la cogner contre le mur de pierre, tout en criant au supplice dans sa tête, histoire de ne pas réveiller les pestes de son dortoir. Surtout qu'en plus ! Pas moyen de revoir sa tronche de cake dans les couloirs ou dans la Salle Commune ! MAIS !!! GROS DEBILE ! C'était encore l'heure de jouer à cache-cache après ça ? C'était encore l'heure après ce qu'il avait osé lui infliger au bal ?!

Pestant tout en traversant le parc comme une ombre, se dissimulant dans les formes des arbres à la moidre alerte, Kelsey maudissait encore son frère. Une petite douleur se fit ressentir sur les dernières côtes gauche, et tout en posant la main dessus par réflexe, la gamine resserra sa cape autour de son cou pour protéger son visage. La tour n'était plus qu'à quelques mètres. Une ombre s'en échappant obligea la gamine a attendre qu'il fusse hors de vue pour commencer à monter les marches. Elle prit alors son temps, essayant de se calmer et de réfléchir posément. S'il prenait ENFIN contact avec elle, c'était qu'il voulait quelque chose, non ? Qu'il avait besoin de ses services, ou alors qu'il cherchait à la blesser, comme au bal, où il ne lui avait même pas laisser le temps de reprendre contenance pour essayer de le regarder normalement, et à la rigueur avoir une conversation basique et simple entre eux. Non. Il n'avait voulu que la blesser, sachant pertinemment que sa présence aurait gaché sa soirée. Et ce soir, il voulait l'achever c'est ça ? Lui donner sa bénédiction qui n'avait plus lieu d'être mais lui balancer dans la figure une réplique cinglante et piquante à souhait ?

Passant enfin l'arcade servant de porte d'entrée, l'albinos jeta un regard froid tout autour d'elle, cherchant à repérer l'ombre humaine qui lui avait donné rendez-vous. Pour peu que cela soit enfaite un piège et qu'il ait prévenu les Carrow... arf. Elle aurait peut-être du se montrer plus prudente et ne pas venir. Mais alors, l'ombre de son frangin se détacha et Kelsey le vit. Il tenait un truc dans sa main, et la regardait un peu bizarrement, comme si la voir le blessait, tirait sur sa clope avant de la jeter. Et l'idée que sa précence puisse faire souffrir un minimum Gab, peu importe pour quelles raisons, cela réchauffait l'orgueil de la gamine qui avait été beaucoup trop écrasé ces temps-ci.

Elle ouvrit alors ses lèvres bleus, cachant ses frissons par le froid et gardant toujours sa main sur ses côtes endoloris, par habitude désormais.

-Tu me veux quoi ?

Ses yeux vides auraient peut-être pu la tuer elle, s'il l'avait regardé ainsi.

-Tu me veux quoi ?

Le blond plissa les yeux en une moue un peu triste.
Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle lui saute dans les bras en frottant son visage au sien, avec innocence, en lui écrasant les côtes en un '' Gaaaaab ! Pourquoi tu m'as appelée si taaaaaaard ? Me suis fait du souci gros crétin !! '', comme avant.

Pourtant, il aurait espéré. Il avait espéré.

Il se décrocha du mur en silence. Maintenant, c'était une attitude blasée qu'il avait. Comme une peine empaquetée au fond des prunelles. Une peine qu'on assume, et qu'on traîne parce qu'on ne peut et n'a plus le courage de s'en débarrasser.
Il jeta encore un coup d'oeil par le trou entre les pierres grisâtres, colorées par la lanterne.

" Si je saute de cette hauteur, je me transformerai peut être vraiment en papillon, et je pourrai partir très loin. Ne plus jamais les revoir. Personne."

Il serra encore un peu la broche dans sa main, à se faire mal.
Elle ne s'était pas vraiment approchée. Et il avait respecté sa distance minimale en avançant d'un seul pas.

Il passa un doigt endolori de froid sur la broche, en caresse, et la tandis, paume ouverte vers sa soeur.

- Te rendre ça.

Une petite broche en fer, aux reflets dorés polis par le temps et l'usure, en un G assez chiadé. Assez belle.

Cadeau de Kelsey. Elle avait à peu près la même avec un K.

Il ne voulait pas s'en séparer, ooooh que non. Et ce n'était pas le seul cadeau qu'elle lui avait fait, bien sur. Mais celui la...

G. Pour Gabriel, évidemment.

C'était stupide, mais c'était comme si.... Comme si elle le reconnaissait. Tu es G. Tu es Gabriel, tu es mon frère, tu existes. Pour moi tu existes.

Il ne voulait pas s'en séparer, mais ça faisait un peu mal de le voir.
Juste un peu mal.

Le coeur explose encore et encore.

Juste un peu.

- Ca sert plus à rien de le garder. Je te le rend. Garde le tiens.

Pour moi tu existes toujours.

Il s'avança d'un pas. La réplique de la gamine avait fait son effet, l'espace d'une demi seconde, le temps qu'elle puisse remarquer ce regard un peu triste qui eut tôt fait de devenir plus vide, refoulé. Comme celui de Kelsey. Alors, elle ressemblait à ça ? Non. Elle pouvait pas inspirer autant la pitié pas vrai ? Elle ne semblait pas si désespérée hein ? Non, non. Elle n'était pas désespérée voyons ! Pourquoi le serait-elle après tout hein ? Hein, pourquoi ? Pour-quoi ? Et pourquoi détournait-il le visage rapidement vers la fenêtre la plus proche ? Il voulait dire quoi par ce geste ? "Ce soir je me suicide, je voulais juste voir ton visage une dernière fois" ? Et pourquoi se suiciderait-il après tout ? Oui, c'était lui qui avait disparu de la circulation du château, lui qui esquivait Kelsey, lui qui se terrait quelque part, clope au bec depuis presque 4 mois.

Mais l'enfant n'eut pas plus de temps pour se tuer les neurones à la bataille, il tendait déjà sa main vers elle, un objet brillant dedans, et la phrase allant avec.

-Te rendre ça.

L'albinos resta en bug dessus, le regard étonné, vrillé sur le petit bijou qu'elle identifiait. La broche qu'elle lui avait offerte il y a longtemps, à un Noël. Le temps se suspendit alors, et le coeur de Kelsey eut l'une de ces piques qu'elle fuyait tant. Elle avança de plusieurs pas pour voir de plus près si ses yeux ne la trompaient pas, et ce fut avec une mine de plus en plus effrayée qu'elle se rapprochait et constatait, qu'effectivement, il ne voulait plus être son frère. Il reprit la parole.

-Ca sert plus à rien de le garder. Je te le rend. Garde le tiens.

Elle releva alors les yeux toujours horrifiés vers lui et le fixa dans les yeux. Dire que malgré sa protection forgée depuis ces derniers mois, elle n'avait pu s'empêché d'être rassuré au Bal, en le voyant, tout comme la veille il lui avait adressé la parole pour trois mots. Elle avait été rassuré de le savoir vivant. L'angoisse de se demander s'il vivait toujours ou si son corps pourrissait quelque part dans le vieux château l'avait bien trop hantée la nuit, lorsque le vent soufflait trop fort dans les arbres et que la nuit était trop silencieuse pour faire de ce bruit, une plainte. S'il lui rendait ce cadeau, c'était qu'il ne voulait plus d'elle n'est-ce pas ? C'était qu'il n'avait plus besoin d'elle, qu'il ne voulait plus entendre parler d'elle. "Ca ne sert plus à rien" ? Comme si, il était temps d'arrêter de se prendre pour des jumeaux, comme s'ils ne l'étaient pas, en réalité. Mais Kelsey... Que pouvait-elle faire sans lui ? Déjà 4 mois étaient bien trop pénibles, mais... pouvait-elle l'oublier ? Cette main tendue devant elle, était-ce une invitation à aller bruler la broche comme on brule une lettre venant d'une personne qui nous était désagréable ? Est-ce que son frère n'était qu'un être méprisable en réalité ?

Qu'est-ce qu'il attendait d'elle ? Déglutissant difficilement, Kelsey resta les yeux fixés sur le bijou et se contenta de murmurer :

-C'é-c'était un cadeau... Je ne reprends pas ce que j'offre.

Elle tendit alors ses deux mains en tremblant vers celle de son frère. Elle ne pouvait plus cacher qu'elle avait froid, ni que ses côtes lui faisaient de plus en plus mal au fur et à mesure que sa respiration se saccadait de plus en plus vite. Elle posa ses deux mains gelée sur celle de son frère, et lui fit refermer sa main sur la petite broche. Le contact avec l'autre main gelée lui noua le ventre. L'odeur du tabac froid dans les narines. Cette odeur de pomme qui provenait de ses cheveux. Cette fulgurance de sensations qui lui avait manqué lui firent baisser de nouveau la tête et tentant tant bien que mal de ne pas pleurer, elle resta les mains appuyés sur celle de son frère et marmonna faiblement, la voix remplit de trémolos impossible à nier, tout comme il était inutile d'ignorer ses larmes commençant à monter.

-J-je suis contente que tu sois vi-vant Gabriel... A-Alors, je ne vois pas p-pourquoi je devrais te considérer c-comme mort...Ga-garde la, fais-en ce que tu veux... Jette la derrière mon dos si ça te chante... Mais, je veux pas te reprendre ça. Je peux pas.

Elle resserra ses petit doigts autour de la main de son jumeau, attendant qu'il explose de rage et ne jette la broche par la fenêtre ou contre le mur tout en lui hurlant dessus les pires injures qu'il connaisse.

-C'é-c'était un cadeau... Je ne reprends pas ce que j'offre.

Gabriel la regarda alors. Bien sur, ses yeux étaient depuis tout ce temps posés sur elle, mais c'est comme si son regard blasé et vide était happé par ces paroles, et qu'il la voyait vraiment. Ou simplement, la regardait-il.

Elle avait l'air mal.
Oui, moi aussi j'ai mal frangine, que veux tu, on est les chefs d'orchestre de notre propre tragédie.
A ce stade, il pensait qu'elle allait repartir d'aussi sec par là où elle était arrivée, tournant les talons entre la paille, sa cape volant, rabattant sa capuche sur ses long cheveux blancs pour s'évanouir dans le noir.

Mais non.

Elle avait levé des mains un peu tremblante vers lui, et avait posé ses doigts glacés sur les siennes, appuyant dessus pour qu'il renferme la broche entre ses doigts puant le tabac. Elle baissait la tête, et sa frange lui couvrait le visage. Il ne pouvait voir que ses lèvres se tordre, et ses joues se crispées en luttant pour ne rien laisser sortir.
Gabriel fronça les sourcils, sans vraiment oser bouger. Il devait parler ? Pour dire quoi ? Il n'osait même pas respirer, de peur de brûler le moment.
C'était trop beau pour être vrai. Mais il sentait l'étincelle d'espoir lui nouer la gorge.
"Arrête de faire du mal, elle reviendra jamais, arrête, arrête ! ''
Mais il ne pouvait pas détacher le regard de la petite chose blanche qui lui agrippait la main, comme pour s'y retenir. Et elle prit sa respiration, déjà tremblante pour articuler difficilement quelques mots.

-J-je suis contente que tu sois vi-vant Gabriel... A-Alors, je ne vois pas p-pourquoi je devrais te considérer c-comme mort...Ga-garde la, fais-en ce que tu veux... Jette la derrière mon dos si ça te chante... Mais, je veux pas te reprendre ça. Je peux pas.

Elle parlait faiblement, et les soubresaut dans sa voix rendait son discours confus. Mais, il pense, il avait comprit.
Il aurait préféré ne rien voir, peut être. Ne rien comprendre.
Ne pas sentir ses larmes qui se battent pour ne pas s'écraser au sol, et tous les mots qu'elle garde terrer dans un coin de sa gorge.

Et là.
Seulement là.
A cet instant précis.
Il comprit.
Et se sentit horriblement con.

Il s'était monté la tête. Tout seul. Comme un grand. Alors qu'il se rabâchait que c'était elle qui l'avait abandonné, il s'est plus que tout persuadé de ça. Sa raison lui hurlait qu'il avait mal comprit ce que sa soeur venait de lui dire, et qu'il ne fallait pas espérer, mais il la fit taire à coup d'acide dans la gueule.
Il en avait assez de se taire, de mâcher ses angoisses avec curiosité quand la clef de ses problèmes est juste en face de lui.

Elle baissait toujours la tête, n'osant pas la relever, et quelques gouttes de sel s'écrasaient sur le sol.
Tu as honte ?

Les sourcils du blond se froncèrent en une moue triste, et il agrippa le poignet qui maintenant les doigts gelés autours des siens. Kelsey redressa ses yeux humides sous la surprise, et avança en ouvrant les yeux de surprise quand Gabriel l'attira à elle sans ménagement.

''Je ne nous laisse pas le temps de réfléchir, peut être qu'il vaut mieux. On devient con quand on réfléchit trop".

Il l'entoura de ses bras, et la serra contre lui. Très fort. Très très fort, si fort qu'il songea un instant que sa cage thoracique allait exploser dans son corps blanc. Il voulait la cacher, la garder, la mettre dans son propre corps, l'ingurgiter pour ne plus jamais la quitter. Des tonnes de phrases lui repassaient en boucle dans la tête, et des tonnes d'images aussi.

Des questions sans réponses, aussi. Des questions en suspend qui font mal, parce qu'on a peur de la réponse, mais Gabriel ne voulait pas les poser maintenant.

" Pas tout de suite, pas maintenant, je veux profiter encore un peu".

Il avait enserrer ses épaules d'un bras, et avait posé son autre main sur sa tête, lui nichant le nez dans son propre cou.
Il aurait aimé expliquer. Expliquer tout. Expliquer pourquoi il a eu mal.
Mais regarder sa souffrance dans les yeux lui fou un coup de poing dans le bide, et lui met sous les yeux toutes les fois depuis ces 3 derniers mois où il n'a pas été là pour elle, plutôt que l'inverse.
Il essaya d'articuler, mais a chaque fois qu'il voulait ouvrir la bouche, il l'a refermait et voulait respirer encore un peu le parfum de ses cheveux. Encore et encore.

Je veux m'assurer que tu es bien là avant.

Et finalement, il réussit à le sortir. Ce putain de mot, le nez caché dans ses cheveux.

-........... Je suis désolé..

3 mois. Il a mit 3 mois à sortir. Il sentit sa gorge se nouer.

Gardant la tête baissée, Kelsey ne la releva que lorsqu'elle sentit ses poignets être coincés sous la poigne de son frère. Malgré qu'elle s'était attendu à ce genre de geste, avec une baffe qui suivrait ou un quelconque crachat au visage, ses yeux ne purent cacher sa surprise. Et ils s'aggrandirent encore plus lorsqu'il l'attira à lui violemment, la basculant en avant sans qu'elle ne puisse bien prendre appuie sur le sol crasseux. Les dernières gouttes glissèrent le long de ses joues, le flot humide s'étant interromput suite au geste innatendu. Ce n'était pas vrai hein ? Il ne la serrait pas dans ses bras ? Il ne calait pas son visage contre son cou et ne respirait pas profondemment son odeur à elle, pas vrai ? Tout comme cette odeur de pomme et cette flagrance de miel ne chatouillait pas ses narines qui cotoyaient de près les mèches blanches et courtes de son frère. N'est-ce pas ?

Un bras la collait à lui par les épaules et l'autre main alla se nicher dans ses cheveux détachés et glacés par le vent. Et alors, une fois bien serré, Kelsey ferma ses yeux dans une moue douloureuse, passant ses propres bras autour du corps de son frère et le serrant plus que son être contre elle. Il resserra aussi son étreinte et Kelsey ne pu étouffer un petit cri, ses côtes la ramenant douloureusement à sa faible condition. Il était bien mieux portant qu'elle. Bien plus fort. Et cela lui faisait plaisir. Il était en bonne santée. C'était l'essentiel. Ils restèrent ainsi collés l'un à l'autre, respirant chacun l'odeur de l'autre pour se la réapproprier, se dire combien elle lui avait manqué. Cette odeur de tabac froid. Posant ses paupières closes contre la nuque de son jumeau, quelques goûtes finirent de glisser le long de son cou et des joues de la gamine, se répartissant sur les deux corps comme de la colle.

L'enfant sentit alors son double prendre plusieurs goûlées d'airs, cherchant à faire dire quelque chose. Puis les mots sortirent tandis que son nez venait respirer une dernière fois l'odeur de ses longs cheveux.

-........... Je suis désolé..

Le coeur de l'enfant s'emballa et elle gémit un borborygme de suppliciée, manifestant son bonheur en une nouvelle crise de larme. Elle resserra son étreinte tout en soufflant entre deux hoquets :

-C'est moi... Je t'ai fais du mal... j'aurais pas dut dire tout ça ce jour là...

Les réminiscences de la conversation horrible passée au bord du lac remontèrent à la surface de l'esprit de la gamine. Elle plaqua alors ses lèvres contre la nuque de son double et déposa des petis baisers tout en continuant de pleurer à flot inninterrompue.

-Tu m'as... tant manqué frangin...

Pourquoi, dans cette étreinte retrouvée, j'ai l'impression, qu'un jour quelque chose de terrible nous arrivera.
Quelque chose d'horrible.
Quelque chose qui nous brisera.

Pourquoi ai-je l'impression, à peine te voila revenue qu'un jour, tu repartiras ?

Et ne reviendra jamais.

Le blond passa ses doigts entre les mèches bien peignées de Kelsey, respirant son odeur. C'est dingue, il aurait juré la connaître par coeur, mais 3 mois d'absence on suffit pour lui faire oublier tout ces petits détails. Ou plutôt lui faire redécouvrir l'habituel. Un sillon chaud lui traversa le coup, et il comprit a sa respiration sifflante que ce sont les gouttes de sel qui s'échappent de ses grands yeux. Il resserra un peu sa prise sur le corps blanc. Elle était tellement frêle, il aurait put la briser en deux d'un simple faux mouvement. Il peut toujours.

Pourquoi les belles choses sont elle si fragiles ?

Il se dit, que d'un sens, il était heureux qu'elle pleure maintenant. Car il était là pour la consoler. Combien de fois a t il été absent quand elle avait besoin de lui ?

Et lui qui s'était répété que c'était une ingrate sans cœur.
Ahaha, pour le coup, il s'est prit la plus magistrale des baffes. Et elle n'a même pas eu à lever la main. De simples larmes et son monde s'écroule.
Pourquoi ?
Elle baragouina des suppliques, le nez toujours fourré dans son cou.

-C'est moi... Je t'ai fais du mal... j'aurais pas dut dire tout ça ce jour là...

" Ce jour là" lui repassa en mémoire. Et sa gorge se noua. La douleur se ravive, et la chose noire susurre délicieusement à l'oreille.
" Elle t'as abandonné une fois, elle peut le refaire, tu sais ? ''
Et la vérité tomba lourdement. Il n'avait qu'elle. Elle et elle seule.

Si elle le lâche, encore une fois, à tout jamais, qu'est ce qu'il fera ?

C'est effrayant comme pensée.
" Pars pas, pars pas, pars pas, pars pas. Pourquoi tout s'écroule toujours autours de moi ? Pourquoi ? "

Sa sœur l'inondait de baisers alors qu'il fixait, les yeux grands ouverts le mur de pierres pâles en face de lui, à la couleur dansante au gré de la lanterne.

-Tu m'as... tant manqué frangin...

Ses yeux s'agrandirent encore. Il avait l'impression de sentir sa pupille se rétrécir, et son visage se décomposer. Ses joues se crispèrent, en même temps que ses lèvres se tordaient. Les sourcils se froncent et les yeux ne se décollent pas du mur. Ils s'agrandissent un peu plus, et l'afflux d'eau lui empourpra les joues. Il sentit le sang pulsait au ralentit dans tout son corps, et ses mains tremblèrent un peu malgré lui. Ses genoux aussi.

Il en avait assez.
Assez.

Il ne voulait plus être si grand, il en avait assez de relevez le menton à chaque remarques désagréable à son passage, assez d'essuyer les humiliations, assez de devoir porter tout ça.
Il ne voulait plus être si grand.

Ses genoux plièrent jusqu'au sol sans alerter le reste du corps. Les rotules heurtent le béton, et le visage grimace de douleur. Il s'était sentit glisser, comme s'il fondait. Il se liquéfie sur le sol.

Ahaha.
Quel gros naze.
Kelsey, regarde un peu comme je suis en réalité.

Il agrippa la jupe de sa soeur, la tête ostensiblement baissée. Son coeur battait beaucoup trop vite. Les larmes affluaient dans les yeux grands ouvert, rivés sur la pailles éparpillées sous son regard, mais aucune larmes ne tombaient.

"Je veux pleurer, je le veux, c'est un ordre ! ''

Même son corps ne lui obéis pas. Les mains ne veulent pas s'arrêter de trembler.

- Pars pas Kel'. Pars plus. Pars plus jamais. J'pourrai pas supporter si tu pars encore une fois. Je peux pas. Je peux plus. Tes la seule.

Les mots étaient précipités. Depuis trois moi qu'il les ruminait, ils sortent tous en même temps.

Tes la seule, frangine. La seule qui me considère comme un être humain. Pas comme un corps dénué d'esprit. Tes la seule qui me regarde.
Je veux bien affronter le monde, mais pas tout seul. Pas tout seul.

Sa lâcheté lui procura une bouffée de honte qui lui brouilla la vue.

Pourquoi ai je l'impression qu'à peine retrouver tout ce que j'ai s'effondre entre mes doigts comme un château de carte bancale ?
Mais le spectacle doit continuer.
Merde.

Le temps sembla comme figé après la déclaration de Kelsey. Elle continua de le serrer contre elle tout en sentant le flot de ses larmes diminuer. Sa respiration se calma également et ses côtes lui firent même un peu moins mal. Mais c'était sans prendre en compte le fait que son frère tombait à genoux sur le sol de la volière. Il glissait, son étreinte se relachant pour au final se concentrer sur ses poings, au niveau de la jupe de Kelsey, qui froissait le tissu avec force. Il était tombé sans prévenir, et ses genoux avaient fait un craquement bizarre en heurtant le sol. Paniquée, la gamine ne pue que regarder son frère baisser la tête en serrant les poings à en trembler. Avant d'écouter avec malaise ce que marmonnait son double à ses pieds.

-Pars pas Kel'. Pars plus. Pars plus jamais. J'pourrai pas supporter si tu pars encore une fois. Je peux pas. Je peux plus. T'es la seule.

Un faible sourire triste de compréhension naquit sur les lèvres de l'enfant et quelques larmes affluèrent alors qu'elle se mettait à genoux, ajustant son visage à la hauteur de celui de son jumeau. Elle posa une main sur sa tête, lui caressant les cheveux blancs avec tendresse, l'autre main se posant sur la joue pour remonter le visage vers le sien.

Regarde moi Gab. Regarde nous.

Elle posa son front contre celui de son indéfectible frère en le fixant dans les yeux.

-Je ne partirai plus. On restera ensemble... pour toujours. Je suis là, Gab.

Elle essuya les légères larmes des yeux vairons en face des siens. Elle ne demanderait plus rien, n'attendrait plus rien de son frère que sa présence à ses côtés. Elle le soutiendrait, elle le protégerait, elle sera toujours à ses côtés. Toujours. Toujours.

Et si elle tombait... et si elle se fracassait au sol ?

Une petite voix résonna dans sa tête, lui soufflant qu'elle ne tomberait que si Gab le déciderait. Mais qu'en aucun cas, elle n'aurait le droit de tomber avant. Pour toujours.

Souriante, elle lui colla un baiser sur la joue encore un peu mouillé avant de lui prendre la main et de l'inciter à se lever.

-Tu viens Gab ? On va rentrer au chaud... ?

Merlin, ce "on" bénit des Cieux. Il sonnait comme une sucrerie sur les lèvres de l'enfant. Cette bulle les enveloppant, eux, uniquement eux. Et personne d'autre. Pour toujours.