Vol (d'inspection) au dessus d'un nid de collègiens

La pelouse de vol sur balais, Percy n'y était pas retourné depuis un siècle.

*Quatre ans, en fait.*

Il n'avait jamais été particulièrement à l'aise sur un balai, bien qu'il aimait l'objet. Après tout, un balai, c'est droit, obéissant, réglementé... Percy était sûr que s'il devait se réincarner en une chose, ce serait un balai...

*Alors... Celle que je dois inspecter a pour prénom Friday ? Ridicule ! Ses parents ont dû trop lire Robinson Crusoë ! Pourquoi pas un nom de chiffre ou de ville, pendant qu'on y est !*

Perceval Weasley, oubliant qu'il a un nom de personnage de roman arthurien, pestait contre cette manie d'appeler ses enfants avec des prénoms qu'il jugeait ridicule. C'était une marque d'imagination et de fantaisie, ce qu'il détestait.

*Si un jour j'ai une fille, je l'appellerais Molly. Et un garçon... Perceval Junior !*

Depuis Pénélope Deauclaire il y a cinq ans, il n'avait plus eu de petite amie, mais il ne désespérait pas de trouver une sage jeune fille qui adorerait l'écouter parler de l'épaisseur des fonds de chaudron, un de ses thèmes favoris.

Faisant quelques pas, il regarda ses parchemins et sa fidèle plume à compte-rendu, sagement posée dessus, près à s'animer et à écrire à chaque pensée magique de son maître.

*Friday Ylee'n... ancienne joueuse de quidditch internationale, devenue prof à seulement vingt-six ans... J'ai dû forcément la voir jouer lors des matchs de Quidditch à Poudlard. il me semble même qu'elle était batteuse à Gryffondor... Je devais être en 1ère année quand elle était en 5ème, donc j'ai dû la voir jouer trois ans... Mais il est vrai que je retiens plus les noms des gardiens et des attrapeurs que des cogneurs !*

Cependant, il avait le vague souvenir d'un petit bout d'adolescente, où on se disait à chaque fois que le cognard allait l'aplatir avant de voir avec surprise que la fille avait réussi à le renvoyer, et toujours dans la bonne direction. La batte semblait parfois plus grande qu'elle !

*De toute façon, elle ne se rappelera pas de moi, je n'étais qu'un petit pour elle, et aucun de mes frères n'était de son année. Bill a un an de plus et Charlie, un an de moins !*

Par contre, on avait prévenu le jeune assistant du ministre que le look de la prof de vol était un peu... spécial.

*Comparé à ce que j'ai vu à l'université avec le prof de magie noire, je doute qu'elle me surprenne ! Ce qui m'inquiète le plus, ce sont ses cours. Entre jouer au quidditch et enseigner le vol, il y a un pas énorme ! Et une jeune prof ne doit pas oublier de ne jamais faire ami/ami avec les collègiens. Là-dessus, je serais inflexible !*

C'est drapé dans ces principes que Percy attendit Friday Ylee'n, droit et strict, les cheveux roux au vent, comme un balai vertical planté dans le sol.

Le mois décembre c’est toujours juste horrible. Le froid, la neige, le vent, parfois c’est même les trois à la fois. Pour les joueurs de Quidditch c’est l’enfer. En fait, c’est pile le moment ou les doigts commencent à fusionner avec le balai à force de rester geler au manche. Ben ouais, même si Friday était prof à présent, elle continuait à s’entraîner le soir avec différentes équipes internationales. Ca sert le transplanage. Seule dans les vestiaires, quelques temps avant un de ses cours, Ylee’n ne voulait pas sortir. Ben ouais, un rouquin planté au milieu du chemin avec une plume qui ne cessait de gigoter ça devenait flippant. Enfin, vous l’avez bien compris, la brunette était courbé en face du trou de la serrure et espionnait ce qui semblait être un représentant du ministère. Et ça ne sentait pas bon. On en avait vu beaucoup des gens du ministère et s’ils étaient là c’était juste pour inspecter. Enfin, juste, le mot est mal utilisé. La joueuse professionnelle soupira longuement. Faire semblant qu’elle était terriblement malade ? Non, impossible, elle finirait tout de même par se faire inspecter. Faire bonne impression ? Haha. Ce n’était pas dans ses cordes. Soudain, elle se regarda dans un miroir tout sale. C’était une punk, une rebelle, une jeune femme qui ne savait pas encore faire ami ami avec son âge d’adulte. Or Friday savait très bien que tout ça n’allait pas très bien avec la politique du Ministère de la Magie. Ca craignait grave en fait.

Mais quand faut y aller, faut y aller. Nen mais depuis quand Friday c’t’une chochotte inh ? Elle a toujours dit ce qu’elle pensait, quand elle le pensait. Et c’est pas un petit rouquin du Ministère qui allait lui faire peur. Sauf que le problème c’est qu’elle aimait vraiment son boulot. Ses petits élèves à elle . Mais ne paniquons pas, si ça tombe l’homme roux allait complètement tomber sous son charme itout itout ! Ou pas en fait. Mais y’avait aucune raison pour qu’elle perde son poste inh. Prenant son courage à deux mains, elle respira un bon coup et poussa la porte du vestiaire privé. Immédiatement le vent la percuta brusquement. Elle haïssait le mois de décembre. Le rouquin était là, au milieu du terrain, l’air un peu naïf mais pourtant très sûr de lui. Friday fronça les sourcils. Fallait pas paniquer, tout allait bien se passer, très bien se passer. La brune mit alors sa capuche et enfonça ses mains dans son sweat-shirt noir, avec un air bougon sur le visage. Comme à son habitude elle était vêtu de noir, rangers et slim. C’était elle ça, et si ça ne plaisait pas à Mr Roux, ben tant pis.

Arrivée à la hauteur de son « inspecteur », la joueuse professionnelle essaya de sourire tant bien que mal. Elle tendit alors la main.

« Bonjour ! Je suis Friday Ylee’n … vous êtes ? »

Bon début, pas mal. Les présentations, de la politesse. Parfait tout ça. Elle attendait une poignée de main, quelque chose qui lui fasse comprendre qu’elle n’était pas en face du grand méchant loup. Quoi que, c’était assez dur d’en douter.
Alors la petite brune resta plantée là, une main qui commençait doucement à se refroidir, attendant une quelque réaction de son interlocuteur. Il allait sûrement lui poser des questions sur sa façon d’enseigner puis assister au cours des premières années qui démarrait dans une petite demi-heure. Discrètement, l’Irlandaise croisa les doigts de la main qui n’était pas tendue.

Malgré le froid, Percy ne bougea pas, pour montrer son invincibilité face au climat, son sérieux, son intransigeance, sa...froideur.

*Il faut que je me fasse respecter !*

La professeur n'était pas en retard, mais pour Percy, tout être arrivant après lui était de fait, condamné à ne pas être considéré comme étant à l'heure. Pour lui, Plus on était en avance, plus on prouvait son sérieux.

Enfin, il la vit. Une petite chose noire, ressemblant vaguement à un être humain s'approchait de lui et le jeune assistant du ministre ne douta pas qu'il s'agissait de sa future vict... de celle qu'il devait inspecter.

*Quels habits ! Elle est plus vieille que moi, et c'est moi l'adulte ! J'ai l'impression de me retrouver devant une collègienne !*

La taille et l'habit donnaient effectivement cette impression, le jeune Weasley la dominant de toute sa taille, mais le visage qu'il vit n'était pas du tout celui d'une adolescente. Elle lui tendit la main. Percy n'esquissa pas un geste, droit et strict.

*Nous ne sommes pas là pour copiner. Qu'est-ce qu'elle s'imagine ? Quel genre déplorable !*

Ne se fiant qu'aux apparences, le jeune Weasley la catalogua immédiatement comme une éternelle-ado-ayant-voulu-être-prof-pour-se-donner-l'illusion-de-ne-pas-vieillir. Cette soi-disant Peter Pan au féminin lui parla :
« Bonjour ! Je suis Friday Ylee’n … vous êtes ? »

*Au moins, elle se présente.*

"Perceval Weasley, assistant du ministre." Percy bomba un peu le torse pour faire sentir son importance. La modestie n'était pas sa qualité première.

Puis, il lui présenta les papiers ministériels avec son ordre de mission.

"Comme vous le savez, je dois assister à vos cours et j'ai toute latitude pour juger si vos cours et vos propos sont fidèles aux nouveles lois ministérielles. Ceci n'est aucunement une sanction. Dans sa mansuétude, le ministère ne fait ces inspections que pour lever le doute et les inquiétudes sur votre personne et pour que le monde magique vous renouvelle sa confiance."

Son discours était appris par coeur. La "mansuétude" et la "confiance" était loin d'être à l'ordre du jour du ministère, et tout le monde le savait. Ce mensonge ne trompait jamais ceux qui les écoutait: ils risquaient leur place, voire pire s'ils se révélaient pro-ordre du Phénix. Ce n'est pas une sanction, effectivement. C'est pire.

"Tout d'abord, si vous me le permettez... comme si elle avait le choix... J'aimerais vous poser quelques questions. Pourriez-vous m'indiquer votre pureté de sang, votre âge, où vous avez obtenu votre baguette, et depuis quand vous êtes professeur ?"

La plume-à-compte-rendu du jeune arriviste se planta sur la feuille, prêt à obéir à l'ordre de son maître aux yeux cerclés de lunettes d'écailles.

C’est ça les jeunes maintenant, ils veulent tous se montrer grands, vieux, adultes. Peuh. Un drap de conneries tout ça. On est mature dans la tête, pas dans le physique. Friday regarda son interlocuteur. Quel âge avait-il ? 22 ans ? 23 ? Il ressemblait déjà à un vieux shnock en costard cravate. Ca craint, ça craint, ça craint. Mais la jeune enseignante ne dit rien, et laissa sa main droite. Malheureusement, le rouquin ne la lui serra pas. Ylee’n resta de marbre. L’échange allait être froid, de toute évidence. Elle rangea sa main dans sa poche et lança un regard de glace à l’assistant du ministre. Perceval. On a pas idée à appeler son gosse comme ça. Vraiment. La punk laissa alors son esprit vagabonder, elle l’imagina avec un gros baggy tout délavé et craqué, une chemise rouge non repassé avec quelques trous, et les cheveux tous décoiffés. Peut-être qu’il aurait pu être mignon, qui sait. La jeune femme voulu soupirer et s’enfuir en courant, quitter ce fichu « entretien ». Le ministère, elle en avait rien à battre. Et en plus de cela, il fallait qu’il lui « renouvelle » sa confiance. Peuh. C’était eux qui étaient corrompus comme on ne savait pas quoi, avec Ombrage à la tête d’un truc anti-moldu. Ca puait le mangemort à des kilomètres à la ronde près de leur fichu ministère.

Quelque part, c’était peut-être pour ça qu’elle avait choisi d’enseigner à Poudlard. Pour aider les jeunes. Bien sûr, elle enseignait le quidditch et non les potions malheureusement, son avis avait très pu d’importance. Mais si elle pouvait égayer les jours des élèves de cette école, ce serait déjà pas mal. Pureté du sang. Friday se demanda ce que ça pouvait avoir avec son côté pédagogue, mais soit. Elle ne répondit pas tout de suite pourtant. Non pas qu’elle souhaitait faire sa rebelle jusqu’au bout mais elle se demanda si elle avait en face d’elle un mangemort.
Certainement pas. C’était un rouquin, un pion dans un trop grand échiquier. On devait se servir de lui à tous les coups. Pauvre gars. Ca devait être quelqu’un de bien. Ou alors c’était quelqu’un de bien, et ça ne l’est plus. La brunette passa sa main dans ses cheveux courts et noirs. Elle n’avait pas honte de son sang. Mais vu comment se comporter les sangs-purs, il y avait de quoi vouloir cracher sur la pureté de son sang. Fichu sangs-purs.

« Pourquoi ? Le ministère n’a pas confiance en moi ? … Laissez tomber. Je suis une sang-pur. Je suis d’ailleurs passé au ministère avec toute la paperasse. Faudrait peut-être communiquer entre vous. Soit. J’ai eu ma baguette chez Olivander, ça aussi je l’ai dis à Madame Ombrage. J’ai vingt-six ans, et je suis enseignante ici depuis septembre, soit depuis quatre mois. »

La jeune femme lança un regard sur la plume du rouquin. Elle l’aurait bien écraser avec ses rangers. Elle aurait craché dessus, comme elle aurait craché sur l’assistant du ministre. Fuck le ministre. Bon c'est vrai que ses paroles n'avaient pas été très polies, mais elle s'en fichait. En effet, Friday bouillonnait. Une inspection c’est tout à fait normal, tous les profs doivent y passer dans leur carrière, mais de manière si sèche, si… Ca se voyait de toute façon, que le gars roux n’était pas objectif. A tous les coups il l’avait déjà mis dans un lot de personne genre : ne savent pas quoi faire de sa vie. Ouais, les joueurs de quidditch sont juste là pour amuser les galeries.
Ylee’n regarda le rouquin, d’autres questions allaient sûrement filer, c’était son job après tout. Voir les gens qui n’ont rien à faire dans le monde magique. Soit tous les gens bien généralement. Ouais, y’avait qu’à voir la prof d’étude des moldus. Quelle bande de mangemorts.

De toute évidence, la jeune professeur était en colère de l'attitude froide et hautaine de l'assistant du ministre. *Elle est aussi insolente que son habit le laissait supposer... Comme d'habitude, Percy, tu ne te trompais pas.*

Sa plume à compte-rendu notait dès que la jeune rebelle parlait :

Friday Ylee'n,
- sang-pur apparemment peu fière de l'être,
- remet en cause la cohérence du ministère,
- confirme avoir reçu sa baguette chez Ollivander
- confirme avoir été convoquée par madame Dolorès Ombrage et s' être rendue à la convocation.
- A 26 ans
- Enseigne depuis la rentrée 1997.
- Regarde son inspecteur d'un oeil mauvais et d'une bouche grimaçante.

Relisant ce qu'il avait noté, le jeune Weasley regarda plus attentivement la jeune femme. Il se sentit un peu soulagé qu'aucune batte à cognard ne traînait dans les parages...

*Reste objectif, Percy. Tu n'as pas à avoir peur de cette petite femme.*

La plume à compte rendu, reliée aux pensées de son utilisateur, nota :

- A la même taille que la mère de l'inspecteur, et probablement un caractère pire.
- A manifestement envie d'étrangler l'inspecteur avec des barbelés, en plus rouillés, et pour finir chauffés à blanc.

*Stupide plume !*

Reprenant un air sérieux, il mit la main sur la trop obéissante plume à compte-rendu pour l'empêcher de continuer à gratter sur le parchemin.

"Excusez-moi, euh... problème technique !"

Il mit quelque temps à arrêter la plume qui continuait inlassablement d'écrire les pensées de son propriétaire:

- A envie d'arrêter la plume à compte-rendu
- Se sent ridicule, devant la prof, de lutter contre un stupide ustensile.
- Se demande s'il va rester crédible après ça. Probablement non.

*C'est la première et la dernière fois que j'utilise un engin pareil ! Quand je pense que le vendeur m'a affirmé qu'il était simple d'utilisation...*

Réussissant à soulever la plume du pachemin, et affectant un air détaché malgré la plume, brûlant d'écrire combien son propriétaire estimait s'être fait avoir, Percy Weasley tenta sérieusement de continuer son questionnaire.

"Pourriez-vous me dire comment vous en êtes-vous venu à demander ce poste à l'ancien directeur de Poudlard, et pourquoi ce poste, en particulier malgré vos talents indéniables au quidditch ?

Le ministère est ravi de l'abnégation dont vous faites preuve, quand on fait le comparatif entre le fort salaire de joueuse et celui, assez faible, de professeur.

D'autre part, n'y aurait-il pas un autre poste que vous auriez désiré et pourquoi, selon vous, il ne vous a pas échu ?

Enfin, le ministère souhaite savoir si vous comptez rester longtemps dans le professorat, si vous vous entendez bien avec le nouveau directeur et ses adjuvants, et si vous apportez votre concours face aux séditions diverses des élèves."

Cette fois, il lâcha sa plume, heureuse de retrouver son parchemin, et attendit la réponse de la professeur.

Y’avait un léger bug. En effet le rouquin semblait tout d’un coup perdre les pédales, ou plutôt, sa plume à compte-rendu faisait des siennes. Pendant un instant Friday se dit qu’il la regardait d’un œil mauvais mais que ses pensées ne devaient pas être si méchantes que ça. Puis finalement, après une seconde et demi de mure réflexion, elle se dit qu’il travaillait pour le Ministère. Il n’était donc pas quelqu’un de bien. Malgré tout, il restait quelqu’un de rigolo.
Problème technique. La brune eut bien du mal à ne pas se tordre de rires. Si elle ne faisait pas si bonne impression, l’assistant du Ministre lui, semblait un peu paniqué à présent. Ylee’n mit sa main devant sa bouche et pouffa légèrement. Ouais. Le gars était roux, la vingtaine, il se prenait pour un grand, maintenant il passait pour un imbécile. C’était ça de jouer dans une cour bien trop importante. Mais la joueuse de Quidditch ne dit rien, pas la peine d’aggraver les choses. Pourtant, elle aurait bien aimé jeter un petit coup d’œil sur les notes du rouquin. Elle était curieuse rien de plus.
Elle se remit alors bien droite, les mains sur les hanches. Le petit problème technique semblait bel et bien réparé, et le roux avait reprit cet air sérieux qui donnait tant envie de vomir à Friday.

Weasley prit alors la parole, lui posant un bon nombre de questions. Même si la jeune enseignante se demandait à quoi ces questions pouvaient bien servir, une nouvelle fois elle ne dit rien. Attendant que le rouquin ait réellement terminé. Friday fit claquer sa langue sur son palais, signe d’impatience et de mécontentement. De toute manière, il n’y avait pas trente-six solutions. Elle allait devoir subir cet interrogatoire jusqu’au bout et faire son cours avec ce mécréant à côté d’elle. C’était ainsi, la nouvelle politique, le nouveau Ministère, le nouveau Poudlard, le nouveau monde de la magie. On n’était plus libre. La petite femme haussa les épaules et respira un bon coup avant de prendre la parole avec un ton le plus calme possible, ce qui était relativement difficile.

« C’est hyper simple. Je voulais être prof de vol sur balai, tout d’abord parce que j’adore le Quidditch, ça vous le savez, mais aussi parce que… les élèves sont nuls. Non mais c’est vrai. Certains ont même peur du souaffle. Même si mon objectif n’est pas de les faire voler comme des rois, j’aimerai qu’ils sachent au moins tenir sur un balai. Puis il y a quelques mois j’ai appris que Bibine avait quelques problèmes ou je ne sais pas trop quoi. Bref, qu’elle n’assurait plus ses cours. J’ai sauté sur l’occasion. Et Dumbledore m’a offert le poste. »

La punk avait grandement appuyé sur le nom de l’ancien directeur, étant donné que le rouquin n’avait pas osé, ou n’avait pas voulu le citer. Ouais. Friday elle l’adorait le vieillard blanc. Il était méga cool, même lorsqu’elle était encore à Poudlard, malgré ses nombreuses retenues, il avait toujours été gentil. Allez savoir pourquoi. C’était une perle ce mec. Une perle perdue.
Ylee’n se retint de soupirer, lança un petit regard vers l’assistant du Ministre et reprit doucement la parole :

« Mmm. Je ne sais pas si vous le savez, mais je suis encore joueuse de Quidditch. Je m’entraîne avec Les Faucons de Falmouth le soir et le week-end. Quand il y a des matchs je suis remplaçante. Je me rends parfois au Luxembourg pour m’entraîner avec l’équipe nationale. Et puis surtout, je suis en contact avec l’entraîneur des Harpies de Holyhead. Lorsqu’il y aura un poste de batteur de libre, il est pour moi. Je n’ai donc pas totalement arrêté ma carrière de joueuse. Mais ça ne m’empêche pas de vouloir rester comme professeur ici. D’ailleurs, ce poste m’enseigne beaucoup, sur les techniques d’apprentissage et la meilleure façon de progresser. Je pense que c’est vraiment utile pour moi d’enseigner. J’espère que les élèves pensent pareil, que je suis une bonne prof quoi. Donc en gros. Je compte rester à Poudlard encore longtemps. Enfin, si on me le permet évidemment. Et pour info. Aucun autre poste ne m’intéressait Monsieur Weasley. »

Friday aurait voulu gueuler un « dans tes dents rouquin. » Mais elle n’en fit rien. Elle se contenta de maintenir le regard froid de son interlocuteur. Attendant la suite des évènements. Elle ignorait l’heure qu’il était, et quand est-ce que la cloche allait sonner pour que le cours des premières années commence. Discrètement la joueuse professionnelle croisa les doigts pour que sa torture soit bientôt terminée. C’est pas de tout ça, mais les discussions intenses avec un rouquin, ce n’était vraiment pas son truc. Surtout quand il faisait copain copain.
C’est alors qu’elle se rendit qu’elle avait zappé une question. La plus importante certainement. Rogue, les Carrow, les élèves. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien dire. « J’emmerde le nouveau directeur et ses potes mangemorts. J’aime le fait que certains élèves osent se rebeller contre ces pourritures. » Nen ça le faisait vraiment, vraiment pas. Elle serait virée sur le champ. Relativisant, elle se dit qu’elle devait en dire le moins possible justement.

« Et bien… J’ai peu de rapports avec Monsieur Rogue et ses… adjuvants comme vous dites. Pour le moment y'a pas de souci. Quant aux élèves… ils font ce qu’ils veulent. Je ne suis pas là pour les juger. Je suis prof. C’est tout. Dans mes cours tout se passe bien, le reste ne me regarde pas. »

Elle tenta de sourire. En vain. Malgré tout elle baissa la tête et joua avec les cordons de son sweat. Sa réponse n’était sûrement pas parfaite, mais elle avait dit ce qu’elle pensait… plus ou moins.

Les réponses de la jeune prof de vol sur balai ne contentait pas vraiment l'assistant du ministre qui fronça les sourcils de concentration pour que sa plume à compte rendu écrive correctement ce qu'il pensait sans rajouter de pensées vagabondes ou exagérées. *Ce n'est tout de même pas une plume qui va faire la loi.*

Ce n'est tout de même pas une plume qui va faire la loi...

*Zut ! Concentrons-nous !*

- Utilise un langage qui se veut branché, comme "hyper". - 10 points.
- Dévalorise les élèves en les traitant de "nuls" et tente ensuite de faire croire que les élèves disent qu'elle est une bonne prof. -20 points.

*Cela dit, c'est vrai que la plupart sont mauvais... Je ne me souviens pas qu'on était aussi mal à l'aise, à mon époque. Allez, retirons-lui 15 points seulement.*

- A insisté sur le mot "Dumbledore", s'enorgueillit manifestement de l'avoir connu. - 10 points.

- Reconnaît partager son emploi du temps avec celui de joueuse remplaçante. Se vante de faire bientôt partie des Harpies.- 5 points.

*C'est vrai qu'elle en a le profil...*

- Appelle l'inspecteur "Monsieur Weasley" + 30 points. Avec un mépris évident... - 50 points.

- Prétend n'avoir aucun souci avec la direction actuelle, + 10 points.
- Ne contrôle pas ses élèves en dehors de son cours, - 30 points.
- Dit que tout se passse bien dans ses cours *et je suis tenté de la croire* + 50 points.

Le jeune rouquin relit ses notes et son système de notation- ouvertement copié sur les points à poudlard, mais qu' il croyait être original.

On en est à - 30 points... Pas terrible !

Le tâtillon Perceval remarqua une faille dans lequel il voulut s'engouffrer.

"Mademoiselle, si vous le permettez, j'aimerais quelques précisions avant de continuer mes questions. Dans tout ce que vous me dites, vous ne me parlez presque jamais des élèves, ou alors en termes peu flatteurs.

Vous avez déclaré vouloir le poste parce que les élèves étaient "nuls", ce sont vos propres mots, vous reconnaissez continuer la compétition, au risque d'être blessée et de ne pas pouvoir assurer vos cours avant longtemps. On regrettera que vous ne fassiez pas plus de cas de vos élèves qui risquent donc de souffrir d'une discontinuité dans les cours, car enfin, ce n'est pas à vous que j'apprendrai que le quidditch est très dangereux.
Vous avez dit que ce poste "vous" enseignait beaucoup, mais ce n'est pas de vous dont il est question, c' est de ce que vous pouvez leur apprendre. Les élèves devraient être le point central de votre réflexion, et non un moyen de vous améliorer.

La dernière chose que vous avez dite est même très grave. Vous ne vous occupez pas de vos élèves en dehors de vos cours ? Vous voulez dire que si vous voyez un de vos collègues en difficulté, ou un élève en danger, vous ne bougeriez pas parce que vous estimez que ce n'est pas votre rôle ? Sans avoir étudié à fond la pédagogie, j'ai suffisamment de bon sens pour me rendre compte que vous pensez à vous avant de penser à ce qui devrait vous préoccuper en priorité."

En réalité, la consigne du ministère était très simple : recenser ceux qui pourraient aider ou non les Carrow et Rogue. Par "collègues en difficulté", la référence était explicite.
*Et il est très clair qu'elle ne les aidera pas...*

Dès que le rouquin reprit la parole, Friday sut que ça alalit très mal se passer, du moins pour le reste de l’entretien. Elle, être égoïste ? Si elle l’était vraiment elle aurait démissionné tout de suite après que Rogue fut nommé comme Directeur de l’école. Entre les deux protagonistes de ce topic, la brune pensait être la plus sensée et la moins prétentieuse. C’est vrai quoi ! Comment pouvait-il l’accusait elle alors que lui parlait comme un vieux aristocrate de soixante-dix ans alors qu’il n’en avait à peine vingt ! Oh oui, elle aurait voulu l’étrangler, le tabasser, le mettre en charpie. Mais rien. Pourtant, elle serrait fort les poings et elle bougea la tête pour faire craquer son cou. Il avait de la chance l’assistant du Ministre qu’il n’y ait pas de batte à l’horizon. La jeune femme se promit que si elle le verrait dans la rue elle lui cracherait à la figure. C’était une vermine, un partisan des mangemorts, un Con. Avec un grand C.

** Quelques précisions. Mon cul. Il veut me faire ch*er. **

Mais Ylee’n devait rester calme, sinon elle partirait illico presto. Quoi que, vu par quoi Poudlard était fréquenté à cet instant, ça ne lui ferait pas beaucoup de mal.
Avoir le poste parce que les élèves étaient nuls ? Trois solutions. Soit il avait mal compris. Soit elle s’était mal exprimé. Soit c’était vraiment un con. Bien que la joueuse de Quidditch penchait pour la troisième solution elle se devait de réexpliquer. Avec beaucoup de calme. Apparemment pas de suite car le rouquin avait décidé d’enchaîner les reproches. Elle fit mine de prendre la parole, mais il continua, la brune referma la bouche. Comme quoi il n’était pas question d’elle, gnagnagna. La jeune enseignante ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ô Ciel. Lui seul pouvait l’aider à s’évader.
Friday se mit alors à trembler légèrement de colère. Oui, c’était quelqu’un d’assez impulsif en fait, or là elle ne pouvait pas faire grand-chose. Quoi qu’un bon coup dans la gueule de ce jeunnot ne ferait de mal à personne. Sauf à sa petite maman qui devait être à ses pieds pour lui cirer les pompes tous les matins.

** Ne pas faire mine de vomir, surtout pas. **

Comment ça elle ne s’occupe pas des élèves en dehors des cours ?! Ah nen mais là c’était décidé. Weasley était un con. Mais il était jeune, il pouvait être pardonné. Il ne connaissait pas à la vie d’adulte. Ylee’n se consola en se disant qu’il avait l’air d’une tarlouze.
C’en était trop. Une accusation à tord. Ok elle s’était peut-être mal exprimée au début, mais en aucun cas elle avait dit qu’elle ne s’occupait pas des élèves en dehors des cours. Et c’était quoi ces conneries avec le fait de se blesser au Quidditch. Elle ne continuait pas la compétition. C’était n’importe quoi !
Elle allait le tuer. C’était décidé. Son corps se mit alors à trembler un peu plus sous l’effet de la colère. Pas taper. C’était quand même l’assistant du Ministre. L’Irlandaise serait mise à coups sûrs à Askaban pour avoir faire ravaler la langue à un petit con.
La petite femme fit alors craquer ses doigts, plongeant un regard noir dans les yeux prétencieux du rouquin. Les premières années seront contents. Ils assisteraient à un vrai match. De catch. Mais ce ne sera pas du cinéma.

« Vous n’avez rien compris. Et je pèse mes mots. ** Tafiole. ** Je vais reprendre point pas point vos quelques précisions. Premièrement je ne continue pas la compétition. Je m’entraîne. Car vous êtes assez intelligent – j’espère – pour comprendre que si l’on entretien pas un savoir on le perd. Le Quidditch c’est pareil. Il faut travailler pour apprendre, réussir et ne pas perdre ce que l’on a acquis. Ensuite, j’ai dis que j’étais remplaçante dans une seule équipe. Encore une fois, vous n’êtes pas sans savoir qu’un remplaçant ne joue pas tout le temps. Enfin. Je pense être assez douée pour ne pas me scratcher sur le sol avec un balai. Mais on n’est pas à l’abris d’un quelconque accident, je vous l’accorde.

Deuxièmement, je vous ai dis que le fait d’enseigner cette matière m’apprenait beaucoup, et c’est le cas. Mais c’était juste pour vous montrer que je n’aimerais enseigner aucune autre matière. Je pense pouvoir apprendre beaucoup aux élèves. Les bases certes, mais la façon de jouer, les réflexes, la coordination entre le balai et le joueur mais je ne peux tout vous expliquer, pour cela il faudrait que je parle à un professionnel du Quidditch. D’ailleurs. Vous n’êtes pas là pour contrôler ce que je fais dans ma matière n’est-ce pas ? Ce qui vous intéresse c’est mon comportement. Ma façon d’être. Donc dans le cas où vous faites un mauvais rapport sur moi j’peux porter plainte contre discrimination envers les punks ? Génial ! »

Complètement idiot. Mais la joueuse de Quidditch venait de remarquer que si c’était réellement un inspecteur venant ici pour voir son talent d’enseignant, de pédagogue, et d’entraîneur de Quidditch pour bambin, ce serait un joueur de Quidditch qui serait là. Car comme l’avait si bien dit le rouquin : Il n’avait pas étudié à font la pédagogie : soit il n’y connaissait rien.

« Hm Hm. Non mais c’est vrai, vous avez-vous-même dit que la pédagogie n’était pas votre truc. ** PAF. DANS TA FACE DE RAT. **
Je disais donc. Je n’ai pas dis que je ne m’occupais pas des élèves en dehors de mes cours. Vous avez sûrement ml entendu, je ne vois que ça comme raison. J’ai dis que les élèves pensaient ce qu’ils voulaient. Vous voyez ? Liberté d’expression, d’opinion, tout le tointoin. Si certains n’aiment pas le nouveau personnel, ils ont tout à fait le droit. Ce ne serait pas les premiers à faire la rébellion, n’est-ce pas ? Et évidemment que si un élève se trouvait en danger je le sauverai ou du moins j’essayerai du mieux que je peux !

** Non mais faut vraiment être bête pour penser le contraire. Quoi que, s’il sympathise avec les Carrow il devrait se réjouir de la souffrance des élèves. **

Enfin. Avouez que certains n’en mènent pas large en matière de Quidditch. »

Sur ces dernières paroles, la petite jeune femme regarda avec un œil insistant le rouquin. Oui, lui devait être particulièrement nul. Quoi que, vu comment il était coincé, il pourrait être bon. Etant donné qu’il avait vraiment un balai dans le c*l.
Après ça, Friday soupira doucement. Comment allait-être la suite de la conversation ? L’enseignante se doutait que Weasley allait reprendre ses paroles et chercher la petite bête qui clochait. Foutu Ministère. Foutu Rouquin. Qu’elle monde de brun en ce moment, vraiment.

Le jeune assistant du ministre leva un sourcil de mécontentement et d'incrédulité devant les paroles du professeur.

*Moi ? Je n'ai pas compris ?*

Personne ne lui avait dit ça depuis ses 5 ans, lorsqu'il avait essayé de lire les contes de Beedle et qu'il avait interprété à sa sauce le conte de la souche qui gloussait...

- sous-entend que l'inspecteur n'est pas intelligent alors que c'est un génie : - 50 points !

Puis, elle tenta de l'embrouiller avec des termes techniques. mais Perceval Weasley se vantait de comprendre parfaitement tout les termes théoriques du Quidditch. C'était pour la pratique qu'il pèchait un peu...

*Porter plainte pour discrimination envers les... punks ?? c'est quoi un punque ? Surement un terme du quidditch que je ne connais pas...*

"Si vous avez un mauvais rapport, miss Ylee'n, vous ne pourrez en prendre qu'à vous-même, que vous soyez une "punque" ou non. D'ailleurs votre statut de quidditch *C'est sûrement ça, punque! Ce doit être un mot pour dire "remplaçante"! Ce que tu es intelligent, Percy !* n'a aucune incidence sur vos cours, ce serait votre pédagogie et votre façon de vous habiller que je trouve tendancieuse, vu le statut de professeur que vous avez.

Vous devez montrer l'exemple aux élèves qui viennent, vous avez une aura de grande batteuse. Vous ne pouvez vous habiller aussi négligemment et parler aussi insolemment, sinon les élèves vont se sentir autorisés à en faire autant. C'est de la pédagogie élémentaire, car si je ne l'ai pas étudié à fond, je l'ai tout de même travaillé.
*Bon, en réalité, j'ai lu de vieux livres dessus, mais elle n'est pas censée le savoir !*

- L'inspecteur ment un peu pour asseoir son autorité: - 20 points

*Eh !*

"Quant à la liberté d'expression et d'opinion, elle s'arrête quand elle nuit aux autres, et j'ai entendu dire que dans le collège, beaucoup d'élèves nuisent aux cours des Carrow et contestent l'autorité du Directeur. Sans parler de pamphlets anti-ministère. On ne peut rêver meilleur abus de cette liberté. Que ferez-vous si vous êtes témoin de cette rebellion envers l'autorité légitime du monde des sorciers et de Poudlard ? "

*Nous voilà au coeur du sujet...*