Une dette à solder [Josh] [Terminé]

[Ars, j'espère que ça te convient, n'hésite pas à demander un edit au besoin]

Il se dégoûtait lui-même.

Comment avait-il pu en arriver là ?
Question rhétorique. Il le savait évidemment. C'était sa propre erreur qui le poussait à descendre dans les entrailles du Ministère aujourd'hui. Et Edward n'était pas du genre à fuir ses responsabilités. Il avait failli, et il en assumait les conséquences. Depuis un petit moment déjà d'ailleurs. Sa gaffe à Ste Mangouste avait coûté la vie d'une innocente, et il se détestait bien assez pour son incompétence ce jour là. Certes, il ne l'avait pas tuée mais c'était presque pire. Il lui avait ôté toute raison, toute conscience. Il était un parfait salaud. Ce que Vawdrey se faisait une joie de lui rappeler. Avec raison d'ailleurs.

Autre conséquence, un nez cassé, une arcade abîmée, une paire de lunettes à changer. C'était mérité. Un froid distant, une animosité non dissimulée. Il ne niait pas que c'était justifié. Mais il en avait assez d'encaisser et d'assumer. Ses propres remords le taraudaient bien assez. Et, quoi qu'il en dise, il ne détestait pas Vawdrey. Le pauvre type ne lui avait pas demandé de lui prendre sa mère. Lui-même aurait assurément réagi de la même manière, peut-être même plus violemment.
Mais il était temps de faire quelque chose. Il ne pouvait pas laisser la situation pourrir. Quand bien même cela ne rachèterait pas sa faute, Edward espérait que le geste qu'il allait accomplir ce soir pourrait peut-être apaiser l'amertume du ténébreux médicomage. L'incompréhension et l'injustice seraient toujours présentes, mais au moins, Edward espérait que les deux hommes pourraient à nouveau se parler face à face, sans qu'il ait à faire un séjour forcé à Ste Mangouste ou sans avoir à baisser le regard plus bas que terre. Il voulait au moins pouvoir regarder au niveau de ses genoux, ce serait déjà un mieux.

Il n'empêchait que pour se racheter auprès de Vawdrey, il allait devoir faire une nouvelle entorse à son code personnel. Lui qui prônait la droiture, il allait devoir falsifier des documents officiels...

Arsène l'avait pris entre quatre yeux au Square Grimmaurd quelques jours auparavant... Mole avait craint une nouvelle mise au point musclée, mais finalement, Vawdrey, d'un calme qui ne présageait rien de bon pour Ed', lui avait expliqué qu'il avait besoin de ses services. Il n'avait pas eu besoin de demander. Edward était son débiteur ad vitam eternam, et il ne demanderait aucune rétribution pour ce service rendu. Le brun espérait seulement qu'en accédant à la requête du Médicomage, leurs relations se détendraient quelque peu.

Voilà donc pourquoi Edward se détestait cet après-midi, car il savait qu'il allait devoir se compromettre pour racheter une autre faute.

Ruminant ses pensées, l'Oubliator se rendit compte qu'il venait d'arriver au niveau des archives. Par Merlin, lui qui avait pris l'escalier pour rallonger le trajet, la descente lui avait parue bien trop courte.
Prenant une profonde inspiration, le binoclard frappa à la porte portant une petite plaque dorée indiquant les Archives.

Derrière un bureau l'attendait un jeune homme qui devait avoir son âge, affairé dans ses papiers. Ed' se racla la gorge pour attirer son attention.

- Hum hum... Excusez-moi... Je viens pour consulter des documents...

Bravo Edward, quelle entrée fracassante ! Aux archives, c'est certain qu'on y vient pour faire un Bridge !

- C'est dans le cadre d'une affaire pour mon service... Mole, Edward Mole, je suis Oubliator...

Il devenait courant qu'on arrive dans les archives avec l'idée de toucher à ce qui s'y trouvait. Ce qui un an auparavant n'était que des faits rares s'était accrus en nombre depuis peu, comme si le retour du Seigneur des Ténèbres réveillaient a Communauté sorcières sur un problème qui n'avait pourtant jamais cessé d'exister. Oui, une bonne part des sorciers du pays étaient intolérants. Après la précédente guerre contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, on aurait pu se dire que le Ministère tâcherait de régler le problème, mais à l'évidence, le système était trop pourri de l'intérieur. La population ne s'inquiétait que maintenant des problèmes que ça causait. Évidemment, c'tait un peu tard.

Loin de ces considérations, Josh travaillait comme tous les jours. Depuis quelques temps toutefois, il prenait un moment pour vérifier les arbres généalogiques que contenaient ses archives. A une ou deux reprises, on avait cherché à les modifier et il finissait par devenir extrêmement méfiant. Le service rendu à Lawrence n'apaisait pas sa paranoïa, loin de là. Tous n'étaient pas, comme le Directeur du Département de la Justice Magique au courant de ses quelques activités extra-ministérielles. C'était une chance, d'ailleurs, car Azkaban l'aurait accueillie depuis bien longtemps sinon.

- Hum hum... Excusez-moi... Je viens pour consulter des documents...

Le bruit de la porte qui s'ouvrait avait déjà capté l'attention du brun. Le fait qu'on s'adresse directement à lui, et bien plus timidement qu'à l'accoutumée l'avait vite extirpé de sa recherche minutieuse. Assis face au bureau de la grande pièce, à quelques mètres de l'entrée, il n'avait même pas à chercher l'homme qui s'adressait ainsi à lui.

- C'est dans le cadre d'une affaire pour mon service... Mole, Edward Mole, je suis Oubliator...

Bien. L'autre avait eu l'intelligence de ne pas tourner autour du pot trop longtemps avant d'exposer la raison de sa visite. Josh ne comptait plus le nombre de fois où il devait arracher à ses interlocuteurs le motif de leur présence dans son antre. A croire qu'il était honteux de consulter des archives. Ce qu'il ne comprenait pas vraiment cependant, c'était ce qui motivait un Oubliator à venir ici pour son travail. Le brun s'était toujours dit qu'il s'agissait davantage d'un métier de terrain, mais peut-être fallait-il parfois faire quelques recherches pour modifier la mémoire de quelqu'un.

Il ne demanda pas.

« Très bien. »

Dans le même temps où il reculait sa chaise et se levait, Josh avait répondu à l'homme. L'autre, peut-être un peu plus vieux que lui, ne savait visiblement pas comment se comporter ici. Rien d'étonnant en soi. Certains allaient même jusqu'à fouiller sans chercher à savoir ce qu'ils avaient le droit ou non de faire. Comme ce n'était pas le cas cette fois, la patience du maître des lieux était assez loin de s'effriter. Son ton d'ordinaire neutre, froid était relativement aimable, pour une fois.

Une fois arrivé devant l'oubliator, il s'arrêta, le temps de l'inviter à le suivre.

« Je vous emmène en salle de lecture. »

Celle-ci se situait juste à côté de l'entrée. La porte en bois, identique à celle qui menait aux archives se trouvait juste à côté de celle-ci, entre elle et les escaliers menant au second étage des archives. Lorsqu'il ouvrit la porte et laissa passer l'homme, celui-ci put observer la pièce, assez grande, qui ne contenait qu'une table, quelques chaises, des pupitres et des lumières magiques. Les murs de pierre n'étaient recouverts par rien, Josh ayant jugé peu utile d'y mettre quoi que ce soit pour le peu de visiteurs qu'il recevaient et le temps qu'il passait ici. L'ensemble paraissait, du coup, peu chaleureux.

« Je vous laisse vous installer. Que vous faut-il, comme documents ? »

Il les lui apporterait ici, pour veiller à ce qu'il ne sorte avec des archives avec. Les vols aussi étaient réguliers, les tentatives du moins. De fait, si sa première mesure de précaution avait été l'aménagement de cette pièce, il avait fini par y installer quelques sorts de sécurité dont l'un, entre autre, lui permettait de voir ce qui se passait dans la pièce. Les Moldus avaient parfois de bonnes idées que les sorciers snobaient. Josh était cependant ouvert à tout et l'idée des caméras de surveillances l'avait vite charmé...

L'homme, qui devait sans nul doute être l'archiviste -quel sens aigu de l'observation Aloysius Edward Mole- leva le nez de ses papiers. L'intelligence pétillait dans les yeux de l'homme, et celui-ci ne se répandit pas en diatribes inutiles. Un simple "Très bien" ponctua la demande d'Edward. Tant mieux. Il n'aurait pas à épiloguer. Des phrases courtes, pas d'embarras, pas de questions, cela lui convenait à merveille. L'archiviste était peu loquace et ce n'était pas pour déplaire à l'Oubliator. Lui qui avait du mal à mentir aurait dû véritablement se faire violence.

Il ne se fit pas prier pour suivre l'employé et hocha la tête en silence avant de lui emboiter le pas. Edward s'étonna de n'être encore jamais venu aux archives de son propre travail, lui qui avait pourtant visité la plupart de celles des universités de Grande-Bretagne, sans compter celles de la bibliothèque nationale... magiques comme moldues d'ailleurs.

La salle était d'une sobriété monastique, et le trentenaire en fut étonné. D'ordinaire, les salles de lectures étaient relativement ornées, et surtout, au sein même du ministère de la magie, il se serait attendu à un peu plus d'apparat. Mais après tout, le Ministère devait allouer ses crédits ailleurs, et la décoration ne lui manquerait pas de toutes façons. Il était ici par obligation, et plus vite il s'en irait, mieux il se porterait, déco ou pas.

- J'aurais besoin des documents concernant la famille Vawdrey. Généalogie éventuelle, actes de décès, de mariage....

Edward hésita à glisser une justification, mais il préféra rester aussi laconique que son interlocuteur. S'il ne lui posait pas de question, il n'aurait pas à se justifier. Et comme l'homme ne semblait pas bavard, avec un peu de chance, ça passerait. Il se contenta donc d'écrire le nom du Médicomage sur un parchemin pour qu'il n'y ait pas méprise sur l'orthographe, et le tendit à l'archiviste, avant de commencer à s'installer.

Des actes de naissance et mariage sur les Vawdrey ? Josh resta quelques secondes immobile, fixant l'Oubliator comme s'il allait parvenir à lire au-travers lui, comme si son regard – assez fuyant d'ailleurs – lui livrerait tous ses secrets. Pourtant, force était de constater qu'Edward ne disait rien, attendant patiemment que l'homme fasse son travail et aille lui apporter ce qu'il réclamait. Et l'archiviste, d'ailleurs, finit par hocher la tête positivement pour signifier qu'il avait bien compris la demande. Il ouvrit la bouche, une fois, puis la referma. Sa question était déplacée. De toute façon, l'autre ne pourrait sans doute pas lui répondre. Alors, lorsqu'il la rouvrit, ce fut simplement pour lâcher deux mots, faire comprendre qu'il allait faire son travail.

« Très bien. »

Sans une parole de plus, sans un soupçon d'intérêt supplémentaire, il attrapa le papier auquel il ne jeta qu'un œil distrait. Vawdrey. Il n'y avait aucun doute possible, il s'agissait bien de la famille à laquelle il pensait. Pourtant il ne commenta pas, fit simplement demi-tour et sortit, agrémentant sa réponse précédente d'un :

« Attendez-là. »

La porte se referma derrière lui, seule bien entendu. Le brun bifurqua immédiatement et emprunta le grand escalier à se droite, montant jusqu'à la mezzanine où il n'avait pas l'occasion de venir bien souvent. Ici étaient entreposés tout ce qui concernait les vivants et membres du Ministère passés, entre dossiers de personnel et actes de naissance, mariage, décès et autres papiers administratifs. Il ne lui fallut pas très longtemps pour parvenir à trouver ce qu'il cherchait et, lorsqu'il revint en salle de lecture, ce fut les bras presque ballants. Il n'y avait pour ainsi dire pas grand chose, juste quelques chemises avec des parchemins et un vague soupçon de généalogie. Il déposa le tout sur la table.

« Je n'ai pas trouvé grand chose. J'espère que ça vous suffira. »

Mais sans attendre de réponse – de toute façon l'autre n'avait pas le choix, il retourna à son travail au bureau, où il resta un bon moment sans regarder l'heure qui tournait. Classer, tamponner, écrire, tout ceci prenait plus de temps qu'il n'y semblait, malgré l'activité particulièrement ennuyeuse, même pour lui. Finalement, une pile de parchemins à remettre à leu place se constitua et se fut en revenant des rayonnages qu'il se souvint de son visiteur, présent et silencieux.

Curieux de voir ce qu'il faisait, il sortit d'un tiroir du bureau – une fois qu'il y revint - un miroir d'une trentaine de centimètres de longueur et d'une quinzaine de largeur. A voix basse, il énonça alors une formule simple, baguette toujours rangée. Il n'y en avait pas besoin pour un sort si basique. Ce qu'il vit ne lui parut pas particulièrement louche, mais par acquits de conscience plus qu'autre chose, il tapota trois fois sur l'objet, prononça une nouvelle formule et le film revint en arrière, trois fois plus vite que dans la réalité.

Là, les sourcils froncés, le regard bien plus sérieux et la main crispée sur le miroir dans sa main, il observa l'homme toucher aux documents originaux, plutôt qu'en recopier le contenu sur un parchemin vierge. Il reposa donc l'objet de surveillance dans le tiroir après l'avoir désactivé et il se leva de sa chaise où il s'était à nouveau assis pour faire sa surveillance. Quelques longues enjambées plus tard, il ouvrit la porte. Son visage n'avait rien perdu de sa colère et ce fut la voix froide qu'il parla, ne laissant guère de doutes à l'oubliator : il savait parfaitement ce qu'il avait fait.

« Puis-je voir les parchemins que je vous ai apporté ? »

Edward sortit ses affaires avec un soin méticuleux, tenant presque de la maniaquerie. L'Oubliator n'était pas de ceux qui ne supportent pas qu'un parchemin ne soit pas placé perpendiculairement sur un bureau, mais il restait d'un naturel ordonné. Pourtant, cette tendance était poussée à son extrême en cet instant, car c'était une manière pour le brun de masquer le stress qui commençait à le gagner. Il était dans la place. Mais il était face à un homme qui semblait aimer son métier, et qu'il allait duper. La culpabilité revenait par vagues et menaçait de le submerger. Aussi prenait-il son temps, ses gestes lents et maîtrisés lui évitant de laisser trembler ses mains.

Lorsqu'il eut terminé, il planta son regard dans celui de son vis-à-vis, qui semblait songeur. Mais celui-ci, une fois de plus, s'abstint de tout commentaire, et partit remplir sa tâche. Edward remercia Merlin en son for intérieur. Il était pour une fois chanceux que son collègue ne fit pas montre d'une curiosité déplacée. L'homme quitta la salle de lecture dans l'instant, laissant Edward seul avec ses doutes et ses craintes. l'Oubliator mit à profit les quelques instants dont il disposait pour se préparer mentalement à sa tâche. Il faudrait qu'il soit efficace et rapide. L'archiviste ne devait se douter de rien. Il avait amené tous les ustensiles qui étaient susceptibles de l'aider dans sa tâche de falsification. Plume calligraphieuse, encre correctrice, vieillisseur de papier et aspirateur à fautes... Tout avait soigneusement été camouflé dans du matériel de calligraphie classique, et, associés à ses parchemins vierges pour la prise de note, ne devaient pas attirer l'attention de l'employé.

L'homme à lunettes ne tarda pas à revenir avec quelques documents et Edward, fidèle à la conduite qu'il tenait depuis le début de l'entrevue, décida de rester sobre et ne força pas même un sourire, de peur de paraître trop hypocrite et d'éveiller le doute chez l'archiviste. Celui-ci ne demanda pas son reste et retourna travailler à son bureau. Lorsque la porte se referma, Mole poussa un soupir de soulagement. Il était dans la place, enfin.

Ne souhaitant pas traîner plus qu'il ne le devait en terrain "dangereux", l'Oubliator commença rapidement à consulter les documents apportés par son collègue. Fort heureusement, il y en avait peu. Un arbre généalogique commencé, quelques actes de mariage... Il y avait du travail pour falsifier tout cela proprement, d'autant plus que l'Oubliator, s'il était expert en son domaine, n'était guère doué pour les travaux manuels. Sa maladresse légendaire avait toujours transformé en fiasco ses tentatives d'arts plastiques, mais aujourd'hui, il allait faire un effort. Nécessité faisait loi, et il allait devoir se montrer bon. Car si la supercherie était découverte, non seulement il serait loin de rembourser sa dette, mais en sus Vawdrey comme lui seraient dans de beaux draps. Il ne devait donc pas échouer.
Prenant une profonde inspiration, le brun étala donc les différents documents devant lui, en les classant par type de modification nécessaire. Ici c'était un simple nom de famille à modifier, là c'était une branche d'arbre à gommer...

Concentré, le jeune homme se mit au travail. Il ne vit pas le temps s'écouler. Tellement absorbé par sa tâche, il ne pensa pas même à jeter des regards inquiets autour de lui pour vérifier la sécurité. Ce n'était pas très avisé, mais d'un autre côté, il n'en était que moins suspect. De temps à autre, il prenait des notes sur ses parchemins vierges pour donner le change, mais revenait bien vite au travail sur les originaux. Ce qu'il faisait le révulsait. Lui, le rat de bibliothèque, avait la nausée rien que de penser qu'il falsifiait d'authentiques documents d'archives. Il modifiait la vérité ! Et pourtant, il le fallait. Il avait d'ailleurs presque terminé...

Quand la porte de la salle s'ouvrit à la volée. Le coeur du brun manqua un battement. Allons, ce n'était qu'une fausse alerte, n'est-ce pas ? Il allait continuer à jouer la comédie et... Son regard croisa celui de l'archiviste. Une colère froide s'y devinait. Pas besoin d'être devin. Il savait. Edward pâlit dans la seconde, crispa sa main sur la plume calligraphieuse qu'il tenait encore, et balbutia quelques paroles incompréhensibles... C'était fichu.

- Euh... Jejeje.. Enfin il... Je... Hum... Bl...

L'homme à lunettes déglutit tandis que l'autre se rapprochait, réclamant ses documents.

- Je... Vos documents ? Euh... Ooooui...

Quel pleutre il faisait. Il...

- Stupéfix !

L'éclair avait déjà frappé l'archiviste. Celui-ci s'écroula au sol sans qu'Ed' ne comprenne que c'était lui qui venait d'agir. Tremblant, l'Oubliator regarda, les yeux écarquillés, sa baguette tremblante, pointée sur l'employé du Ministère. Quand avait-il échangé sa plume contre la tige de bois ? Quand avait-il seulement songé à attaquer l'homme ? La panique gagna l'Oubliator qui resta quelques instants interdit devant son acte, ne parvenant pas à réaliser la situation. Puis tout s'accéléra, et Mole eut un haut le coeur. Ca ne se passait pas *du tout* comme prévu. En quelques enjambées, il atteignit la porte de la salle et la verrouilla. Il était temps de réparer ses bévues. Plus que temps. Le binoclard revint bien vite s'assurer que l'employé ne s'était pas blessé en tombant. Il était toujours inconscient mais ne présentait aucune blessure visible.

Fiévreux, le brun coucha l'homme dans une position plus confortable avant de se précipiter vers la table sur laquelle trônaient ces maudits documents. Il se hâta de finir les modifications et laissa ensuite tout en plan, comme s'il était en plein travail.
L'esprit diablement intelligent de l'ancien Serdaigle s'était mis en marche, et tandis qu'il finissait les falsifications, avait trouvé une solution pour le tirer de ce mauvais pas.
Le plus dur restait à faire. Remontant ses manches, l'Oubliator s'agenouilla auprès de l'archiviste inconscient, et pointa sa baguette sur sa tempe. Il allait se détester plus encore. Il allait se maudire jusqu'à la fin de ses jours pour ce qu'il allait faire. Il allait tenter de minimiser la casse. Se concentrant, le binoclard ferma les yeux et murmura les incantations. Il se sentit étonnamment plus calme. Etait-ce parce qu'il allait enfin pratiquer ce pour quoi il était doué ? Très doué même ? La force de l'habitude le rendait enfin serein. Il était maître de lui-même, pour une fois.
Une dernière inspiration, et il se laissa partir. Cette sensation de glissement... Le léger courant d'air froid qui parcourt la nuque... Les volutes de fumée qui se dessinent lentement et se précisent... Ce qu'il y avait de bien, c'était que les souvenirs étaient on ne peut plus récents, et qu'ils étaient par là-même très précis. Edward murmura quelques mots pour revenir quelques dizaines de minutes en arrière, et étudia les derniers faits et gestes de l'archiviste. Lorsqu'il parvint à isoler le moment où Josh l'avait percé à jour, l'Oubliator leva sa baguette et se mit à l'ouvrage.

Non, il ne l'avait pas vu falsifier les documents. Edward avait seulement... renversé son pot d'encre sur ses parchemins de travail. Mais les documents originaux étaient-ils touchés ? Il devait s'en assurer en allant sur place dans l'instant. Oui, c'était un bon scénario. Quant à la suite... En arrivant, il avait pu constater que les dégâts se limitaient aux parchemins d'Edward, et que tout allait bien sur les originaux. Ils étaient parfaitement saufs. Pas d'inquiétude à avoir. Il les avait pris en main et... un malaise. Un méchant malaise.

Mettant fin à sa plongée dans les souvenirs de son infortuné collègue, Edward revint à la réalité. Il avait essayé de ne faire que des modifications mineures. D'une il ne voulait pas "agresser" l'employé qui faisait simplement son travail, et surtout, plus il compliquait les choses, et plus l'opération était difficile. Il ne fallait pas que l'archiviste s'aperçoive qu'Edward était allé trifouiller sa mémoire. Sinon, ce serait une fois de plus un échec assuré. Nouvelle sensation de froid, et Mole se retrouva dans la salle de lecture. Il termina la mise en scène en renversant de l'encre sur la table et ses parchemins, éparpilla quelques originaux au sol, et revint aux côtés de l'employé, avant de murmurer d'une voix rauque un "Enervatum".

- Par Merlin, vous allez bien ? Parlez moi !

Mine inquiète de circonstance, tapotage sur les joues...

- Vous revenez à vous, enfin... Vous m'avez fait une de ces peurs ! Vous êtes coutumier des malaises ?

[ Message rédigé plus rapidement qu'aucun autre depuis mon retour sur le Mimi. Une pause s'imposait effectivement XD J'ai vaguement anticipé, j'espère que ça te va. ]

L'homme face à lui était pâle. Le message était passé aussi vite qu'il l'avait escompté et, malheureusement, l'Oubliator ne lui apporta aucune preuve de son innocence. En lieu et place, il bafouillait, visiblement gêné ou apeuré de s'être laissé surprendre. Les lèvres de Josh ne formaient plus qu'une ligne mince alors qu'il attendait, la main toujours sur la poignet alors que l'autre bras se trouvait tendu devant lui. Que le châtain se dépêche donc, il ne comptait pas y passer sa journée et les balbutiements de l'autre l'agaçaient.

La baguette, il n'eut qu'à peine le temps de la voir. Ses yeux s'agrandirent imperceptiblement et ce fut la chute au sol. Brutale. Douloureuse. Noire. Quand il ouvrit les yeux, ce fut pour trouver au-dessus de lui le visage inquiet du châtain. Que s'était-il donc passé ? Josh referma les yeux, nonobstant la question de l'homme pour tenter de remettre de l'ordre dans ses souvenirs. Il se rappelait pertinemment être arrivé dans la pièce, inquiet et furieux. L'autre avait renversé de l'encre et l'archiviste avait craint pour les documents qu'il avait apporté. Ensuite...

Il rouvrit les yeux et marmonna quelque chose en se redressant en position assise, avant de se masser un peu le cuir chevelu. Il faudrait installer des tapis dans cette pièce. Il chassa immédiatement cette considération de son esprit avant de regarder autour de lui. Divers parchemins étaient éparpillés autour de lui et l'autre restait là à s'inquiéter au lieu de s'en soucier. Ravalant un juron bien senti, Josh tenta de se remettre debout et alla directement s'asseoir sur une chaise, ignorant délibérément son ancien condisciple.

« Occupez-vous plutôt de ce qui traine au sol, au lieu de vous soucier de moi. » siffla-t-il, alors qu'un Andy miniature apparaissait dans sa tête pour lui souffler que peut-être, un jour, il devrait songer à s'inquiéter pour sa personne avant de s'inquiéter pour ses chères archives.

Il le chasse d'un geste de main et baissa un peu les yeux sur la table, essayant de se souvenir pour de bon de ce qui s'était passé. L'autre lui avait montré les documents, impeccables. La tête lui avait tournée et à son réveil, il s'était retrouvé étendu au sol. Une colère sourde s'empara de lui, sans trop savoir si c'était contre lui-même ou contre l'autre qui avait assisté à un moment de faiblesse de sa part. Une chose qu'il ne s'autorisait déjà pas lorsqu'il était seul. Et depuis quand était-il sujet aux malaises ? Il n'était pourtant pas malade et n'avait jamais fait d'hypotension. Qui plus est, il s'était nourri (comme quinze, quoi que son physique malingre laissât penser).

« Que s'est-il passé ? »

S'étant finalement rendu compte du silence qui avait envahi la salle de lecture, Josh avait fini par poser la question. La première qui lui était venue à l'esprit, comme si l'autre allait avoir des réponses qu'il n'avait pas. C'était probable, cela dit, puisqu'il s'était évanoui. Combien de temps était-il resté par terre ? Sans doute peu de temps. L'autre avait l'air trop inquiet pour avoir fait autre chose pendant sa perte de conscience. Là où le brun aurait terminé de s'occuper de ses affaires avant de s'inquiéter de l'état de la personne dans les vappes, l'autre semblait se montrer plus humain.

Et puis soudainement, une question incongrue lui apparut. Lui qui n'était plus très au fait de ce qu'il convenait de faire à force de se comporter comme un ours mal léché se demanda s'il y avait quelque chose de poli à dire dans un telle situation. Un merci ? Un navré de vous avoir inquiéter ? Oui, peut-être bien ça. Un sourire désabusé apparut furtivement sur ses lèvres. Il avait du heurter le sol plus fort qu'il ne le pensait pour se poser tant de questions. Pourvu que l'autre n'ait pas la bonne idée de chercher à l'envoyer à Sainte Mangouste.

A peine eut-il penser à cela qu'il levait un regard inquiet vers l'Oubliator. Il n'allait quand même pas oser, n'est-ce pas ?

Après quelques instants qui parurent interminables à l'Oubliator, son collègue revint à lui, en marmonnant des propos inaudibles. Même s'il jouait la comédie, Edward était soulagé de le voir à nouveau conscient. Bien sûr, ce n'était qu'un simple stupéfix mais... Le brun était pétri de culpabilité pour ce qu'il venait d'infliger à cet homme qui, finalement, était une victime. L'archiviste se redressa, renvoyant Mole aux papiers plutôt qu'à sa petite personne. Edward fit des yeux ronds, un peu décontenance par la demande de son vis-à-vis, mais ne protesta pas. Il ramassa les parchemins qui parsemaient le sol tandis que l'autre homme semblait reprendre doucement ses esprits.
Edward n'était pas inquiet quant à la qualité de son "travail". Il était doué quant il s'agissait de triturer les mémoires... C'était son job après tout. Mais c'était la première fois qu'il utilisait ses talents dans un but... intéressé.

Allons, se raisonna le trentenaire. C'était pour la bonne cause. C'était pour Vawdrey. Et pour solder sa dette.

La question de l'archiviste ne le prit pas au dépourvu cette fois. Il savait exactement quoi lui répondre.

- Eh bien, je... Ma maladresse a encore frappé, j'en ai bien peur. J'ai renversé de l'encre sur mes brouillons. Par chance, les originaux sont intacts. Mais j'imagine que vous devez avoir un système de surveillance quelque part, fit-il en désignant murs et plafond, car vous êtes arrivé bien vite...

Mole prit un instant pour déposer soigneusement les parchemins sur le coin du bureau qui n'était pas souillé d'encre, puis releva le nez vers son collègue.

- Vous avez voulu vous assurer que les archives n'avaient pas été touchées, mais lorsque vous avez été pris d'un malaise semble-t-il. Vous m'avez fait une de ces frousses... Heureusement, vous n'êtes pas resté inconscient bien longtemps.

Tout en parlant, l'Oubliator poursuivait son rangement, remettant ses affaires dans son sac et nettoyant l'encre à l'aide de sa baguette et d'un sortilège de nettoyage informulé.

- Je suis heureux et soulagé de voir que vous allez mieux. J'espère que vous ne vous êtes pas fait trop mal... Vous êtes sûr que ça ira ?

En temps normal, Ed' aurait proposé à l'infortuné de l'accompagner à Ste Mangouste, mais en l'occurrence, il préférait éviter de livrer son collègue à un médicomage trop curieux. sait-on jamais, ils pourraient bien trouver que quelque chose clochait, et Edward n'avait vraiment aucune envie que sa petite manipulation soit découverte. Certes, la retouche était très mineure mais tout de même.

- Bon eh bien... Si vous êtes remis, je ne vais pas vous déranger plus longtemps, j'avais tout juste terminé... Je vous remercie encore pour votre aide et... merci.

Souhaiter un bon rétablissement aurait été stupide. Il avait officiellement fait un malaise, il n'avait pas attrapé la peste gobeline non plus. Avec un sourire timide, Edward prit congé.

[HJ : fini pour moi ! Si besoin que j'édite un truc, n'hésite pas I love you

Merci à toi d'avoir accepté ce topic, je me suis bien amusée !]

L'autre ne lui apprenait finalement rien de bien nouveau. Les souvenirs de Josh avaient restitué fidèlement la scène et rien ne semblait s'être passé sans qu'il ne s'en souvienne. Bien. Il avait vu quelques personnes ne pas se souvenir tout à fait de tout, si ce n'était pas son cas, il en était soulagé. Et, effectivement, il se détendit un peu, les yeux rivés sur l'Oubliator avec peut-être un soupçon moins de dureté au fond des pupilles.

Il était toutefois étrange de voir l'autre s'inquiéter pour lui. Alors lorsqu'il lui demanda s'il se portait bien et ne s'était pas fait trop mal, Josh resta quelques secondes silencieux, avant de hocher positivement la tête pour rassurer le châtain. Il n'avait rien, sinon une certaine curiosité sur ce qui avait bien pu causer son malaise.

« Ça va bien, merci. »

Le ton un peu contrit qu'il avait employé ne laissait pas deviner le soulagement qui s'était emparé de lui en voyant que l'autre ne comptait pas lui faire rencontre un médicomage de gré ou de force. Ce genre de comportement l'énervait bien vite. Il n'était pas en sucre, tout fragile qu'il paraisse. Peut-être que l'autre l'avait compris, en tout cas il semblait désireux de partir.

Dans un coin de son esprit, le brun classe Edward dans la catégorie des hommes biens, mais à ne pas ramener près de ses précieux parchemins. Trop maladroit.

« Je vous en prie. J'espère que vous avez trouvé tout ce que vous vouliez. »

Sans plus un regard pour l'autre qui de toute façon quittait les lieux, il entreprit de ranger les documents qu'il avait apporté, jetant un œil attentif pour repérer la moindre trace d'encre qui n'y était pas auparavant, mais l'autre n'avait visiblement pas menti. Les archives avaient été épargné. Les pensées de Josh quittèrent donc la sphère des archives pour se concentrer sur d'autres considérations, plus terre à terre.

Pourquoi s'était-il évanoui, lui qui était théoriquement en pleine santé et ne se sentait pas spécialement fatigué ? La question ne lui quitta pas l'esprit de la journée.

[ Voili voilou, c'est court, mais c'est clos. Je me suis bien amusé aussi, c'est marrant de martyriser Josh niarkhéhé

Merci à toi pour ça XD ]