Skein traversait l'unique couloir reliant les chambres au repaire. La galerie était mal éclairée, seules quelques bougies accrochées aux murs diffusaient des lueurs non finies. Après le rituel d'initiation, il était parfaitement détendu. Malgré les lourdes valises qu'il portait, ses muscles faciaux étaient décontractés et ses paupières soulagées. La cinquième porte à gauche, lui avait dit le mangemort. J'y arrive. J'y suis. Une porte marron en bois, composée de quatre ou cinq planches verticales, d'une poignée noire et d'un verrou losangique de la même couleur. L'ensemble luisait. C'était luxueux et modeste à la fois. Voldemort fournissait bien ses serviteurs. Hum... Voldemort... Skein entra dans la chambre. Que dire sur lui ? Il ne s'intéresse pas à moi. Alors je ne lui porte pas d'affection. Point barre.
[*voix de femme robotique* Votre réflexion de la journée est terminée.]

Skein ferma la porte, puis la verrouilla avec un sortilège de réclusion. Il laissa tomber ses valises puis s'adossa contre le rectangle luisant, et sourit. Il était vraiment en forme. Il observa la chambre. Elle était petite et chaleureuse. Elle contenait un lit en bois, dont les draps étaient blancs et roses - faut virer le concierge -, d'une armoire en bois sombre, et d'un petit bureau du même matériau, déjà plus clair. Mais il n'était même pas accompagné de sa traditionelle chaise. God. Voldemort embellirait l'extérieur pour mentir sur l'intérieur et ce, afin d'attirer le plus de monde possible dans un apparent château qui n'est autre qu'une toile d'araignée ? Ralala. Skein posa ses valises. Il se demanda un bref instant si il devait plier puis ranger ses fringues dans l'armoire, mais alors vraiment un très court instant. Ridicule. Il n'est pas dans mes manières de m'affairer à la réalisation d'une organisation futile. Un point noir passa sous son nez. Un moustique. Skein fut rapide comme un caméléon, et en une demi seconde l'insecte fut saisi par deux doigts blancs qui le malaxèrent, puis son cadavre fut éjecté par une pichenette.

- Bien.

Tout était parfait. Skein ouvrit sa valise, et en sortit un tableau. Il l'accrocha au dessus du bureau. Et le contempla. Sur un fond bleu marine, se tenait un animal élégant. C'était une sorte de chat, avec de longs poils mouchetés. C'était Brassetout le Kneazle. Skein l'adorait. C'était SON chat. SA divinité à lui. Le mangemort poussa un soupir de bien être en le contemplant. Il lui manquait. Alors, une idée inhumaine le traversa pour la première fois. Et les poils de sa nuque de hérissèrent d'horreur. Et si, à cause d'une erreur de sa part, Voldemort décidait de se venger sur le chat, pour faire souffrir Skein ? Après tout il était Legilimens, et il comprendrait bien vite l'amour que le mangemort lui portait. Ce dernier porta ses mains à sa bouche, et se crispa de terreur. Si il y a bien un sujet sur lequel je suis sensible, c'est Brassetout. En fait, c'est sûrement mon seul point sensible. Mais le visage du mangemort débutant se détendit. Voldemort ne fera rien à Brassetout, ou il aura affaire à lui.

- BIEN, répéta Skein comme pour chasser un problème intrusif et déconcertant qu'il avait conclu de manière baclée pour ne plus avoir à le réfléchir, puisque rien qu'y penser le traumatisait.

Chut, c'est fini.

-------

Par la suite, le mangemort installa ses affaires. Un scrutoscope au coin du bureau ; on sait jamais. Peut être que Voldemort est un danger ? Pour Brassetout, oui. Pas pour moi. L'angoisse reprit. C'est bon, j'ai compris, j'achèterais un miroir à double sens que je placerais chez moi, afin de vérifier que Brassetout aille bien. De toute façon j'ai fait confiance à la voisine, une sorcière veuve de bon sang, pour qu'elle s'en occupe. Il ne peut rien lui arriver. L'angoisse se calma un peu. Skein était désespéré de la facilité avec laquelle ce sujet pouvait le désarmer. Il fallait qu'il oublie. Il sortit un parchemin et commença à écrire ses motivations. Perturbé.