Chassez le naturel, il revient au galop [libre]

Depuis son adolescence, Harlan n'avait jamais remis les pieds dans l'Allée des Embrumes. C'était un lieu malsain, ou lui-même pouvait passer inaperçu ; mais il l'évitait depuis toujours. La seule et unique fois qu'il y était entré, il en était ressorti victime d'un sectumsempra. Ce jour-là avait très certainement été le pire de toute sa vie, jusqu'à présent.

C'était une après-midi d'octobre. Il faisait des courses avec son frère aîné, Frankie. De petites emplettes, tout ce qu'il y avait de plus banal. Ce jour-là, son frère s'était fait tué dans cette sombre ruelle. Aucun témoin de cette violente agression. Harlan n'avait pas vu le visage encapuchonné qui lui avait lancé le sort de mutilation. Il s'était retrouvé aveuglé par le sang et les larmes, seul, le cadavre ensanglanté de son frère à ses genoux. La première chose qu'il aurait été tenté de faire était de s'enfuir, mais au lieu de cela, il avait perdu un temps précieux à essayer de traîner le corps sur le pavé trempé. Le criminel s'était échappé, graciant Harlan du même sort funeste. Alors le gamin avait courut, courut jusqu'au Chemin de Traverse, prévenu le premier marchand croisé sur la route. La dame avait appelé les secours et avait amené le garçon chez son voisin, médicomage, qui l'avait soigné pour ne pas qu'il ait de cicatrices. De cela Harlan lui était reconnaissant. Mais il avait juré de se venger, pour Frankie, et pour sa mère qui avait terriblement souffert de perdre un fils. Mais si Harlan avait été envoyé à Poufsouffle, vous pourrez deviner que ce n'avait pas été pour son courage. Jeune, il était le pire trouillard imaginable. Pas très noble, mais c'était ainsi. Se venger lui avait paru obligatoire après cela, mais irréalisable. Il n'avait jamais rien fait... Et quand il venait à y repenser, il s'en voulait terriblement.

Bien des années étaient passé à présent. Leur mère était morte depuis belle lurette, se laissant mourir de chagrin, renfrognée dans sa petite vie minable, à se morfondre d'être seule et délaissée. En tout cas, Harlan l'avait délaissée, il ne pouvait nier cela. Il avait, par la suite, longtemps redouté qu'elle vienne troubler son esprit et hanter ses rêves. Et elle l'avait fait. Harlan ne savait pas si ses craintes l'avaient rendu fou au point de voir sa mère flotter au dessus de son lit, ou bien si ce n'était que simple hallucination due à l'alcool. Mystère total et angoisse permanente pour le jeune homme qu'il était. Et par Dieu sait quel mystère, le professeur avait décidé de retrouver ses vieux démons, là où tout avait commencé.

Il arriva dans l'Allée sombre, complètement tétanisé. Soudain et bref, un flash : la tête de sa mère, cadavérique et congestionnée par l'agonie, qui le fixait. Harlan hurla sans vraiment réaliser qu'il n'était pas seul. Tous le regardèrent, interloqués ; mais les gens qui occupaient leurs journées à errer dans ces lieux maudits ne devaient guère se préoccuper de tels cas de démence. Harlan se définissait lui-même comme un dément, agité de tics, de spasmes asthmatiques et de crises de colère régulières... Il ne le disait à personne. D'ailleurs, il fallait envisager de se soigner, maintenant qu'il avait du travail. Le travail, c'est la santé, disait-on dans le jargon moldu. Harlan espérait retrouver enfin cette satanée vigueur qui l'avait quitté depuis bien longtemps.

Il se sentait étrangement perdu, loin de tout, et loin de se douter que quelqu'un de malfaisant pouvait l'aborder à tout moment. Et alors, qui des deux serait le plus effrayé ?

Friday Ylee’n aimait les sensations fortes. C’était un fait. Elle aimait s’amuser à faire des choses bizarres pour certaines gens, mais elle, ça l’éclatait totalement. Alors, ce matin, la jeune enseignante avait pratiqué un sport pour aveugle. Oui, c’était un ancien ami sorcier de la fac qui lui avait parlé de ça. Un amoureux des jeux moldus, travaillant au ministère à présent. Bien que Deck était le genre de mec à faire chier tout le temps et qui ne savait pas s’occuper tout seul, Friday lui était reconnaissante de l’avertir dès qu’il découvrait un jeu moldu marrant. Et ça pour être marrant, ça l’était oui ! Donc, ce matin, très tôt, la joueuse professionnelle s’était rendue dans une salle de sport moldue avec son ami, et ils avaient demandé à jouer pour essayer, bien qu’ils ne fussent pas moldus. Les gens n’étaient pas nombreux, et l’entraîneur les avait accueillis bras ouverts. C’était génial d’après Ylee’n. Rester à genoux sur des tapis mous. Avec un bandeau plus noir que noir sur les yeux, et attendant que la petite balle armée d’une clochette passe près de vous. Ainsi, vous aurez peut-être la chance de marquer un but. Friday s’était amusée comme une folle et s’était malgré tout, prit deux moldu dans le ventre, et au moins cent cinquante fois la balle à clochette. Mais c’était malgré tout rigolo. Après le Krav-Maga, elle avait découvert ce jeu, dont elle ne connaissait même pas le nom. Vous vous en doutez, après trois heures d’entraînement dur, la jeune femme s’était inscrite, heureuse de vivre. Mais. Friday s’est révélée s’investir à fond dans le sport. Ainsi, elle avait demandé à garder le beandeau noir sur ses yeux.

« Siouplé Monsieur ! Je vais me balader cette après-midi. Il faut que j’apprenne à développer mes autres sens. Pour mieux jouer. »

Le gros monsieur poilu avait sourit, du moins c’est ce qu’elle avait cru, et l’avait congédié avec un gentil d’accord. Merveilleux. Ylee’n était donc maintenant armée d’une canne, et d’un ridicule bandeau noir sur les yeux. Elle touchait le sol grâce à la canne, et ses oreilles lui servaient beaucoup. Elle riait toute seule. Oui, c’était marrant de se prendre des gens en pleine tronche. Des gens désiraient même l’aider à traverser la rue ! Comme quoi, des gens sympa, ça existe. Puis, comme prévu, la jeune enseignante s’était retrouvée au chemin de traverse. Oui, c’était le meilleur endroit pour se balader finalement. Dans le monde des sorciers. Bien heureusement, elle n’était pas tombée sur quelqu’un qu’elle connaissait, sinon la honte quoi. Déjà qu’avec son jean rentré dans ses rangers noires, et un sweat à capuche les gens ne la prenait pas pour une sorcière, mais là, ça allait être pire. Bref.

Friday continua sa petite balade en cette merveilleuse après-midi où il ne pleuvait pas. C’était une chance d’ailleurs parce que sinon elle aurait pu moins bien développer ses autres sens. Elle se concentrer sur le toucher et l’ouïe. Oh oui, elle prenait ce sport et ce nouveau loisir bien à cœur, trop même.
Soudain. La jeune sorcière se retrouva dans une allée qu’elle ne connaissait pas. Oui, elle avait arpenté le chemin de traverse toute son enfance et adolescence, surtout la rue du magasin de Quidditch. D’ailleurs, c’était le vieux qui travaillait là qu’elle voulait voir, mais apparemment c’était mort. Ylee’n sentait le froid dans son cou. D’un geste brusque elle voulut retirer son bandeau. Mais non. Il fallait être courageuse jusqu’au bout. C’est alors qu’elle entendit un cri. La joueuse professionnelle sursauta vivement et tourna la tête en direction du cri. En fait, elle ne savait même pas si elle « regardait » au bon endroit. Elle marcha dans cette direction, et à sa grande surprise, elle ne se mangea pas de mur. Mais une personne. Elle toucha le bras de cette personne. Celle-ci semblait angoissée. Du moins, c’est ce que croyait Ylee’n.

« Madame ? Est-ce que ça va ? »

Il faudrait encore quelques jours pour travailler l’ouïe inh.

Harlan fit un pas en avant, les mains se crispant sur les pans de sa veste. Il s'arrêta, et marcha à nouveau de quelques pas. Puis il fut comme secoué par un hoquet et se plaqua, dos au mur, complètement terrorisé. Il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, regarda frénétiquement dans toutes les directions. Ses yeux se posèrent sur des fenêtres minuscules et sombres aux carreaux brisés ou aux rideaux rabattus, également sur les murs vieillis, sur le pavé trempé tellement semblable à celui qu'il avait vu maintes années auparavant. Un frisson lui parcourut l'échine et ses jambes faillirent se dérober sous son poids. Il hoqueta à nouveau et resta ainsi, écrasé contre le mur abîmé par le temps, à haleter et à prier pour un peu plus de forces. Il aurait voulu prendre ses jambes à son cou. Trouillard, il l'était certainement resté. Mais à ce jour, il était peut-être temps de passer à autre chose, de surmonter ce qui se mettait en travers de son chemin, ne croyez-vous pas ?

Il se décolla du mur avec autant de difficulté qu'une mouche essayant d'échapper à la toile collante de l'araignée. Malgré ses protestations intérieures, il avança encore, et encore un peu. S'arrêta. Il aurait pu faire cela des heures durant. Juste pour ne pas aller trop vite. Les gens passaient devant lui comme s'il avait été totalement invisible, et finalement ce n'était pas pour lui déplaire. Les regards noirs, moqueurs, rieurs, étonnés, effrayés ; tous ces regards là, il en avait assez reçu. C'était assez. Alors qu'il se persuadait de rentrer dans la foule des capuches mouvantes, un choc le propulsa légèrement en avant. Le professeur faillit perdre l'équilibre mais se rattrapa au mur qu'il longeait depuis le début. Il se retourna, prêt à se défendre si besoin il y avait. Il aspira soudainement l'âcre odeur d'ozone de la foudre à venir, car il ne s'attendait pas du tout à voir ce qu'il avait sous les yeux.

Plus de peur que de mal, ce n'était qu'une jeune femme. L'air le plus espiègle qu'on ait jamais vu trônait sur son visage - mais c'était peut-être à cause du bandeau noir qui lui barrait délibérément les yeus. Harlan resta ainsi à contempler la dame, comme si c'était une créature très, très rare. Aucun autre son ne sortit de sa bouche. Il ne savait pas trop que dire, en fait. Pardon, peut-être. Mais la jeune femme parla la première. Une phrase qui blessa un tant soit peu Harlan dans son estime. Madame, qu'elle avait dit ? Avait-il une voix si aigue que cela lorsqu'il était effrayé ?

Il ne broncha pas, voulant parler mais ne pouvant décocher un mot. Cette situation était en fait assez comique, et l'enseignant eut une soudaine envie de rire. Il sourit, se contint pour ne pas éclater, et adressa enfin la parole à la jeune femme. Il ne s'en rendit pas compte, mais il ne se souciait plus tellement de ce qui pouvait l'observer ou de qui se trouvait dans cette foutue ruelle. Et puis, comme sûr de lui, il lança :

- Hey, mais dites-moi... J'vous connais, vous, non ?

Au fond, il espérait quand même que la femme reconnaîtrait une voix masculine. Il voulut lui demander de retirer, au moins temporairement, son bandeau. Mais après tout, ce petit échange pouvait se révéler intéressant, si elle ne pouvait pas le voir. Elle ne jugerait pas, ne se moquerait pas, ou quoi que ce soit. Ils parleraient. Et si cette étrange créature et lui, comme il lui semblait bien, se connaissait de quelque part, ce ne pourrait être que bonne compagnie.

Friday ne voyait rien, même pas le bout de ses pieds. C’était marrant d’ailleurs, puisqu’elle comprenait presque ce que pouvait ressentir les aveugles. Bon bien sûr ce n’était pas tout à fait pareil puisqu’elle pouvait retrouver la vue d’une seconde à l’autre. Elle s’était donc postée devant une personne, c’était une personne qui venait normalement, tout juste d’hurler. Mais lorsque cette personne parla, et ben elle n’avait pas l’air tout à fait angoissé. C’était un homme de plus est. Ylee’n rougit. Mais comme elle ne voyait rien, elle ne savait pas si elle avait adressé la parole à la bonne personne. Malgré tout, son interlocuteur venait de commettre une erreur. Enfin non, pas pour la mini star du Quidditch. Mais il venait tout juste de poser une question. Et malheureusement (ou pas) pour lui Friday allait mettre en route son moulin à parole. Elle sourit, laissant voir ses dents blanches, et secoua doucement ses cheveux courts, une sorte de préparation à la discussion ouais.

« Eeeh bien. Peut-être. Je m’appelle Friday Ylee’n. J’ai 26 ans. J’ai étudié à Poudlard, à Gryffondor. Je suis enseignante à l’UMA et aussi à Poudlard d’ailleurs. J’enseigne le Quidditch. Je suis une mini star, j’suis même passé dans un magasine sorcier parlant de Quidditch. Ouais. J’ai joué dans quelques équipes, au poste de batteuse. Certains disent que j’suis douée, mais j’m’entraîne énormément. Je suis brune normalement, sauf que j’me teins les cheveux en noir, j’ai un style vestimentaire qu’on pourrait appeler ‘punk’. Mmmm. Quoi d’autre ? Ah oui. Derrière ce bandeau j’ai les yeux marron. J’suis pas aveugle inh ! C’est juste que je pratique un sport pour aveugle, alors là j’essaie de me concentrer sur mes autres sens. Magique inh ? Ah. Et je déteste qu’on me vouvoie. Parce que je suis jeune, pure et innocente. Et toi ? Au fait, tu ne vois pas une femme morte de peur autour de toi. J’ai cru entendre quelqu’un crier. Faudrait p’tet l’aider la pauvre. »

Inconsciemment, Friday tourna la tête à droite et à gauche. Bien entendu, elle ne voyait rien, vieux réflexe. Enfin, elle regarda droit devant elle. Elle ignorait si elle regardait le monsieur ou ailleurs, mais elle faisait des efforts. Elle frappa alors le sol à l’aide de sa canne. Il était humide. Du moins c’était ce qu’elle croyait.

« Au fait, j’suis où ? »

Eh oui. Ca c’était une très bonne question parce qu’elle ignorait complètement l’endroit où elle se trouvait. Espérant qu’elle était toujours dans le monde magique, Friday se redressa. A cause de la canne elle avait mal au dos. Ben ouais. Elle ne considérait pas le bâton comme aide à la vue. Mais comme appui alors forcément. La joueuse professionnelle toussota légèrement. L’ambiance lui semblait sale, pauvre. Elle ne reconnaissait en aucun cas le chemin de traverse. Bon maintenant, étant donné qu’elle ne voyait rien, elle pouvait se tromper inh, ce n’était pas impossible.
La jeune enseignante ne savait pas si elle devait enlever son bandeau noir ou pas. Certes il lui grattait un peu les yeux, mais ça ce n’était qu’une question d’habitude. Les gens devaient la prendre pour une parfaite idiote. Encore ça, elle s’en fichait pas mal, les autres, peuh. Bref, elle essaya de cligner des yeux. En vain. C’était vraiment pas facile d’être aveugle. En plus, il faisait froid, et la punk ne se sentait pas vraiment en sécurité. Non pas à cause de l’homme à qui elle parlait. Mais plutôt de l’atmosphère en général. Rha. Si seulement elle avait ses yeux. Sauf qu’il fallait rester courageuse. C’était son but de la journée.

Friday passa ensuite sa canne derrière son dos. Une sorte de dossier pour elle. Ben ouais, les aveugles ils se fatiguent vite inh. Faut essayer de compatir un peu.

A peine eut-il posé la question, à peine eut-il demandé s'ils se connaissaient bel et bien, la jeune femme délia sa langue et commença à parler à l'allure d'un sombral en plein vol. Harlan esquissa un sourire, pensant que ce n'était que pour le faire marcher, mais la belle continua. A débiter encore et encore. Notre jeune professeur resta muet et incrédule, se demandant si elle se rendrait compte de quelque chose s'il tentait une fuite en douce. Mais non, il ne pouvait pas. Ses principes lui ordonnaient de surveiller ce petit bout de femme. Elle avait les yeux bandés, était habillée en moldue, et se trouvait, certainement sans le savoir, dans la sinistre Allée des Embrumes. Il ne pouvait décemment pas se résoudre à l'abandonner en pareille situation.

Apparement, elle ne comptait pas en rester à son nom, prénom, cursus scolaire et profession. Elle se mit à parler de comment ceci, et comment cela. Et il s'est trouvé que finalement, elle avait dû passer par là. A vrai dire, Harlan ne l'écoutait que d'une oreille. Cet endroit lui fichait une trouille bleue, et une migraine commençait à lui ensorceler les tempes. Il n'avait pas la tête à écouter la vie d'une inconnue, pas là, pas maintenant. Il était venu pour retrouver la vérité, et pour pouvoir mettre un nom sur un visage fantôme, sur le visage d'un assassin. Pas écouter une gamine. Néanmoins, il ne dit rien, et la laissa finir. Si d'ici cinq minutes elle n'avait pas terminé, il se déciderait alors à poursuivre son chemin comme s'il ne l'avait jamais vue.

S'il avait bien comprit, la jeune Friday pensait toujours que c'était le cri d'une femme qu'elle avait entendu. Sans se l'avouer, il ne voulait pas dire que c'était lui-même qui avait produit ce son à consonnance féminine.

- Non, ne vous... Pardon, ne t'inquiéte pas. La dame n'a rien. Son brave mari est venu la chercher et tout le monde est content.

Il se gratta le front de son index, baissa les yeux et reporta à nouveau son regard émeraude sur elle. Elle était tout de même attachante, avec son bandeau sur les yeux et son grand sourire de petite fille. On aurait dit qu'elle s'apprêtait à jouer à chat avec une bande de copains. Sans aucune arrière pensée, il la jaugea de haut en bas. Il pouvait se le permettre, et se le serait permis même si elle avait pu le voir faire. Elle portait un jean, des rangers... Une vraie warrior, cette petite. Il pensa fugitivement qu'elle se défendrait certainement mieux que lui dans un pareil endroit, mais chassa cette idée en vitesse.

Il ne savait pas tellement comment enchaîner cette difficile conversation. Il jeta un coup d'oeil autour d'eux, histoire de voir si tout allait bien. Friday lui demanda où diable ils se trouvaient.

- Ah, mais... Tu ne sais même pas où tu es ? Je pensais que si tu jouais à un jeu d'aveugle, c'est que tu avais quand même un certain sens de l'orientation. Ou alors t'es complètement inconsciente... C'est plutôt ça, non ?

Il la regarda à travers le bandeau, comme si elle aurait pu le voir.

- L'Allée des Embrumes. Je crois que t'as dû dévier à partir du Chemin de Traverse. Je veux bien te raccompagner cette fois-ci, mais à l'avenir, fais attention à où tu mets les pieds, c'est compris ?

Il lui attrapa le bras pour la ramener à la rue principale, où seules trônaient des boutiques comme Ollivander, Mme Guipure ou Fleury & Bott, où Miss Ylee'n serait en totale sécurité.

La dame n’avait rien, Friday soupira. Tant mieux. Ben oui, c’était une femme gentille la Friday, elle faisait attention à tout. Malgré tout, elle était toujours dans le noir. C’était rigolo. De plus en plus la mini star du Quidditch sentait des choses qu’elle oubliait. Le vent frais, les pieds qui traînent sur les pavés. Tout ça, quand on a des yeux on ne le sent pas, ou du moins c’était le cas de Ylee’n.
C’est alors que l’inconnu, parce qu’il restait un parfait inconnu inh, pisque la jeune enseignante ne connaissait pas son nom., l’insulta. Ben ouais carrément. Il lui dit qu’elle n’avait pas le sens de l’orientation. Ok, Friday prenait vite la mouche, mais quand même. Elle leva les yeux au ciel, ou plutôt la tête parce que les yeux ça restait une chose difficile, puis elle essaya de prendre la parole. Finalement elle ne put pas, puisque l’homme venait de continuer à parler. Faire attention où elle mettait les pieds. Fufufu.

« Hé Mère Thérésa. J’m’en fiche d’être dans l’allée des embrumes ou pas. J’ai pas peur. Si quelqu’un m’attaque j’lui sers une prise de Krav-Maga en entrée, un coup de pied dans l’entre jambe en plat et en dessert… mmm… J’lui écrase le pied. Ouais. Sauf si bien sûr j’reçois un coup de massue sur la nuque, ça sera d’autant plus compliqué. Quoi que… tu pourras me défendre inh ?... Non en fait, t’as pas la carrure d’un défenseur. Humpf. Pardon. »

Elle rit légèrement. Elle venait de poser sa main sur le bide de l’inconnu. C’était pas un corps d’athlète ça, c’est sûr. Car oui, même si Friday était quelqu’un de féminine, c’était une petite femme musclée. Même sur ses bras, ça se voyait qu’elle était batteuse.

« Hébééé ! T’as la main froide ! Tu sors du frigo ou quoi ? Attends non. T’as la main chaude. Quoi que. Je sais pas en fait. C’est ça à force de plus voir, on doit se concentrer sur autre chose. Et j’te signal, que si j’suis là c’est pour apprendre à être aveugle. »

Ah ben ouais, la vie était tout à fait différente. L’inconnu l’emporta elle ne savait pas où. En fait elle s’en fichait pas mal. Elle se concentrait sur d’autres choses, les bruits, les choses qui trônaient autour d’elle. C’était marrant. D’ailleurs, elle pouffa. Jusqu’au moment où elle se prit le pied dans un pavé et failli tomber à la renverse. Mais les reflexes de joueuse de Quiddittch étaient là. Oh yeah. Elle laissa échapper un petit cri de surprise et se redressa tranquillement. Même aveugle son côté maladroit ne l’avait pas quitté, loin de là. Ylee’n soupira doucement.

« Je connais toujours pas ton nom inh. »

C’est vrai ça ! Quand on est poli, on dit comme on s’appelle. C’est la moindre des choses non ? Or monsieur qui voulait raccompagner gentiment Friday ben y’avait pas dit son nom. Oh le malotru ! Ahah. A peine cette insulte passa à travers l’esprit de la petite brune, elle pensait à l’élève aveugle. Ceres. Pauvre fille inconsciente. C’est ça inh les idiots. Il faut de tout pour faire un monde après tout.
Soudain, Friday s’arrêta de marcher, et elle plaça sa nouvelle rencontre en face d’elle.

« Attends, j’vais essayer deviner qui t’es. »

Bon c’est vrai que sa voix ne lui disait rien, mais faut jamais baisser les bras. Ylee’n baissa la tête posa les mains sur les cheveux de l’homme.

« Aloors. Tu as les cheveux courts, même pas bien coiffés. Tu n’as pas les yeux globuleux. Un gros nez. Des lèvres euuh.. normales. Des oreilles normales aussi. Un peu décollées non ? Tu te sers jamais d’une pince à épiler pour tes sourcils. Heeu. T’es mal rasé. T’es pas musclé au niveau du torse, pas trop d’abdos eeeet… J’irai pas voir plus bas, même si ça me tenterait bien! niarkhéhé

»

Ben oui, quand même. Un peu de tenue ! Surtout en pleine rue !
Friday avait effleuré tous les endroits qu’elle venait de citer. Elle avait senti, après si c’était vrai ou pas, ça n’avait aucune importance. Toujours est-il qu’elle visionnait le visage de son interlocuteur dans sa tête. Et qu’elle ne savait pas qui il était. Chouette ! Un nouveau keupin ! Quelques secondes plus tard, la joueuse professionnelle plaça ses mains sur ses hanches et releva la tête vers ce qui lui semblait être le visage de l’inconnu.