Tu veux un dessin ? [Pv: Valère]

Sa longue cape fluide recouvrant ses épaules, Ella s'avança à travers le grand Hall d'un pas altier. Le bureau du concierge était désert lorsque la demoiselle passa devant avant de tourner à l'angle du couloir en direction des escaliers menant aux sous sols. De toute manière Valère devait la rejoindre la bas un peu plus tard, elle était peut être légèrement en avance, mais cela aurait sans doute parut un peu louche qu'une élève se rende dans les catacombes en compagnie du concierge de l'UMA. Seule au moins, elle pouvait facilement prétendre qu'elle cherchait les cuisines ou autre, elle ne manquait pas d'excuses, c'était l'avantage.

Quand la ténébreuse faisait quelque chose, elle ne le faisait pas à moitié, c'était une qualité qu'on pouvait lui reconnaître; et la belle prenait pas son travail d'éclaireur à la légère. Cela faisait déjà pas mal de temps qu'elle descendait régulièrement dans les sous sols afin d'explorer tous les recoins des catacombes dans le soucis de découvrir d'éventuels passages secrets. On ne pouvait pas non plus lui reprocher son manque de discrétion, l'étudiante s'assurait en principe d'être seule pour faire son exploration, pourtant le meilleur moyen de ne pas se faire remarquer n'est pas temps faire toujours en sorte de ne pas être vu mais d'avoir l'air naturel. L'Allemande avait d'ailleurs croisé deux fois la même fille, qui devait probablement pensé qu'elle avait un abonnement aux cuisines de l'université ou alors qu'elle voyait quelqu'un en cachette, enfin rien de vraiment passionnant ou qui pouvait susciter un intérêt quelconque.

Son rapport sur les catacombes étaient presque terminé, cependant si la Ténébreuse avait pensé qu'il serait ingénieux de réaliser un plan détaillant non seulement les sous sols mais la totalité de l'université ~~au cas où le Seigneur des Ténèbres aurait besoin d'un dessin~~. Cependant le travail demandé était colossal, alors si l'ex Serpentard avait pour habitude et principe de ne comptait que sur elle même et préférait travailler seule, elle pourrait bien faire une exception. Connaissant vaguement Valère Araley du repère où elle avait du le croiser une fois ou deux, et sachant qu'il occupait la même position hiérarchique, à savoir un éclaireur chargé d'espionner au sein de l'UMA, Ella lui avait touché un mot au sujet de ce projet et il s'était avéré qu'il en avait eu lui aussi l'idée. Les deux mangemorts avaient ainsi décidé de travailler ensemble à l'élaboration de ce plan pour le Seigneur des ténèbres (non sans en faire une copie préalable_c'est du moins ce qu'Ella avait en tête..) Le tout serait bien évidement largement réalisé à grand renfort de magie, et de sortilèges complexes pour que n'importe qui ne puisse pas la lire..

Descendant alors dans l'entrée des catacombes l'étudiante s'arrêta à l'angle du premier couloir où le surveillant devait la rejoindre. La perspective de collaborer avec lui ne lui déplaisait pas, Valère était un homme intelligent et pas franchement désagréable à regarder.. :sifle: ~~ça changeait de ce vieux cracmol hideux de Rusard qui sévissait toujours à Poudlard en courant sans cesse derrière son chat~~ La belle n'eut que quelques minutes à attendre avant d'entendre des bruits de pas qui se rapprochaient dans le couloir...

« Je serais vous, jeune homme, je ne m'attarderais pas ici. »

Le sorcier qui avait parlé attrapa le livre que tenait l'adolescent dans une main et jeta un coup d'oeil à la couverture par simple formalité tandis que l'élève ainsi interpellé relevait des yeux éberlués sur les doigts voleurs qui s'étaient emparés de son bien.

« L'ancienne Magie, Théorie et Art de la protection... »

Murmura l'homme aux épaules carrées, qui dominait de sa haute stature le jeune adulte. Ce dernier avait reprit contenance, maintenant qu'il avait reconnu celui qui n'était autre que Valère Araley, le séduisant surveillant et éducateur de l'Université.
« Oui, Monsieur. Ca n'est pas très scolaire, mais... »
La couverture claqua comme un coup de fouet quand l'héritier Araley referma le livre relié et qu'il reposa son regard d'or étincelant sur le jeune homme. Un fin sourire dessina ses lèvres et ses traits si aisément malléables se fendirent d'une expression ironique.

« En effet, cela ne fait guère partie de votre programme scolaire, Monsieur Bradley. En revanche, il fait partie de ce dernier de se montrer à ses cours de Magie Noire, non ? Si je me souviens bien... »
Valère fit mine de regarder sa montre en relevant la manche droite de sa chemise de soie noire.
« ...ce cours a lieu exactement à cette heure-ci, pour les étudiants de la filière Élite de votre promotion... Il serait vraiment dommage que vous ratiez votre diplôme pour une bête envie de lecture, n'est-ce pas ? »

Le dénommé Bradley se releva du banc sur lequel il s'était installé (qui se révéla être à l'origine son sac de cours, au moins était-il doué pour la métamorphose) et tendit la main pour récupérer ce que Valère lui avait prit, tout en prononçant un « Oui, Monsieur » qui sembla bien peu sincère à l'ancien Serpentard.

« Vous viendrez le récupérer à mon bureau, Monsieur Bradley. J'ai des choses à vous dire. En attendant, j'aimerais que vous vous rendiez à votre cours comme l'étudiant appliqué que vous êtes. La magie noire n'est peut-être pas votre fort mais croyez-moi, son étude vous sera indispensable dans la voie vers laquelle vous souhaitez vous engager. »

La voix du Mangemort était douce, mais ferme, comme à chaque fois qu'il s'adressait à un de ces jeunes sorciers qu'il devait recadrer. Son sourire et ses yeux en amande, dénués de la moindre trace de mépris ou de désapprobation n'enlevaient rien à son autorité, qui émanait de lui comme une aura écrasante. C'était un don naturel, chez lui, de savoir se faire obéir et respecter sans faire montre de la moindre agressivité. La violence et l'impulsivité étaient des défauts rabaissant, deux pestes qui contrôlaient l'individu et le refoulait à la place d'animal, gouverné par ses bas instincts, plutôt que d'Homme civilisé. Chez les Mangemorts, rares étaient ceux qui adhéraient à ce principe, en particulier chez les jeunes recrues à peine entrées dans l'âge adulte, comme ce James Kirkby, mais cela n'empêchait pas Valère de s'y maintenir, lui qui était homme à ne pas être influencé et surtout pas par les mauvaises moeurs. Néanmoins, un petit sourire en coin malsain apparut sur le visage du sorcier tandis que l'étudiant lui tournait le dos pour rejoindre sa classe et il ne put s'empêcher de souffler, pour lui même....

« Ça n'est pas la magie blanche qui te sauvera du Seigneur des Ténèbres, mon garçon... »

A ce moment, Bradley bifurqua et disparut, sans entendre la menace implicite qu'avait murmuré celui qui venait un instant plus tôt de lui offrir de si sages conseils. Valère sortit sa baguette magique, fit transplaner le livre vers son bureau, et descendit à pas souples les étages qui le séparaient des catacombes. Il n'avait pas que cela à faire, de s'occuper des maniaques de sortilèges de grand-mère, de ceux qui se révulsaient d'horreur d'une simple référence à la magie de la Puissance : les impurs. Si au moins il avaient un peu d'ambition... Mais non, ils préféraient se contenter de ce qu'offrait leur Académie sans chercher à aller voir du côté de la vraie magie, des grands mystères qui ne demandaient qu'à être découverts par les méritants, vers la voie de la grandeur. Cette espèce là prouvait qu'il y avait élite et suiveur, que comme dans toute société celle magique ne dérogeait pas à la règle. En parlant d'impurs, à l'heure qu'il était, Miss Schwarz devait déjà l'attendre, mais cela n'avait guère d'importance. Il préférait ne pas être vu en sa compagnie de manière trop prolongée pour éviter les soupçons de toutes sortes, et, plus il lui laissait de temps pour se diriger vers les souterrains de l'UMA, moins ils avaient de chances de voir un curieux faire le rapprochement entre leur descente respective. Non seulement cela aurait été mauvais pour leur couverture, mais plus grave encore : Araley n'aurait pas supporté qu'une rumeur infâme sur ce qu'ils avaient bien put faire à l'abri des regards ne circule. L'étudiante n'était pas dépourvue de charme, c'était certain, mais il n'aurait pas supporté qu'on s'imagine que lui, l'héritier d'une des plus grandes famille de sorcier, soit soupçonné de fricoter avec du sang-mêlé. Bien sur, celle là était mangemort, mais il n'empêchait que son sang avait été souillé.
L'écho de ses pas retentirent dans les marches puis ne tarda pas à se réverbérer sur les murs de vieilles pierres des catacombes. Son maintien et la grâce féline de ses mouvements donnaient à celui qui l'observait l'impression que le mangemort, tel un prédateur, prenait tout son temps pour se mouvoir. Pourtant, en l'espace de quelques courtes secondes, il avait parcourut le premier long couloir qui le menait au lieu de rendez-vous qu'il avait fixé avec la jeune étudiante. Comme il s'y attendait, elle était déjà là.

« Bonjour, miss Schwarz. »

Dit-il d'une voix basse et douce, un peu hautaine. Il lui offrit cependant le plus agréable de ses sourires, tandis que ses yeux chrysocales striés de vert se plongeait dans ceux tout aussi jolis de sa complice. Passionné par tout ce qui était beau, Valère se plut à y rester quelques secondes de plus qu'il n'aurait été normalement nécessaire, nageant parmi les reflets des iris chatoyantes de la jeune femme, que les torches flambant dans le couloir illuminaient de maints reflets.

« Comment vous portez-vous ? Bien j'espère, car nous avons peu de temps pour faire beaucoup. »

Lança-t-il avec son habituelle verve que les étudiants lui connaissaient si bien, non sans relever un regard au dessus de la tête de la demoiselle Scwharz teinté de cynisme. Malgré ce qui aurait put paraître être une remarque, ses mots n'étaient que simple taquinerie. Il en savait assez sur Ella par le biais de son dossier scolaire et de ce qu'il avait vu d'elle dans les couloirs de l'UMA et du repaire pour savoir qu'on ne pouvait lui compter la paresse parmi ses défauts. Il la savait minutieuse, appliquée dans ce qu'elle entreprenait, bref, avait les traits d'une perfectionniste et en étant lui-même un, Valère considérait cela comme une vertu. C'était d'ailleurs pour cela qu'il n'avait guère rechigné à collaborer avec elle, outre le fait qu'ils avaient le même grade et le même dessein : celui de faire de l'UMA un lieu déshabillé de tous ses secrets pour le Seigneur des Ténèbres.

Tournant la tête pour accueillir l'arrivée du surveillant, Ella se laissa distraire un instant, ses iris de jade suivant la démarche fière et souple du sorcier. Le surveillant savait se faire respecter et s'imposait, c'était certain. Cette parade l'amusait autant qu'elle faisait naître un sentiment d'amertume. Nul doute que Valère était fier de son rang et de son statut_ qui ignorait qu'il venait d'une longue lignée de sorcier ? _et s'il y avait bien une chose que la demoiselle pouvait jalouser c'était la pureté du sang. Bien sur elle s'était empressé d'éliminer toute la branche impure de sa famille, mais son sang restait souillé. Qu'importe qu'elle garde farouchement cette information secrète, la plupart des mangemorts étaient bien entendu au courant.. Cependant, contrairement à bon nombre de mangemort, Ella n'accordait à la pureté du sang qu'une importance relative, elle ne supportait pas qu'on puisse lui reprocher une quelconque impureté et sur ce prétexte s'estimer supérieur à elle, autant chez les autres, elle n'en avait pour ainsi dire rien à faire.. Il fallait dire qu'en règle générale, elle ne prêtait pas un grand intérêt à autrui. Aurait elle pu être une tueuse froide et sans coeur autrement ? Et puis l'obsession de la pureté du sang menait parfois à la consanguinité dont ne résultaient la plupart du temps que des attardés mentaux.. Est ce vraiment mieux ? D'autre part, le Seigneur des Ténèbres lui même n'était il pas de sang mêlé ? Preuve que les plus puissants sorciers ne sont pas nécessairement ceux dont le sang est le plus pur. Les paroles de Valère ne tardèrent pas à la tirer de sa rêverie, elle n'était pas là pour se livrer à de réflexions stériles, mais un travail long et fastidieux les attendaient.

- Bonjour Monsieur Araley.

Répondit la jeune femme d'une voix égale et courtoise. Qu'importe que le sorcier soit plus âgé ou qu'il ait davantage de pouvoirs ici à l'UMA, elle comptait bien traiter avec lui sur un pied d'égalité. Il fallait savoir qu'Ella n'acceptait de s'incliner devant une seule personne, le Seigneur des Ténèbres, et parce qu'elle n'avait pas vraiment le choix n'est ce pas ? Evidemment, la ténébreuse avait choisit de devenir mangemort, mais encore une fois tout n'était qu'une question d'intérêt. La demoiselle n'était pas du genre à vouer un culte à qui que ce soit ou à se laisser marcher sur les pieds. Et honnêtement, être surveillant n'était pas le plus prestigieux des métiers, même s'il s'agissait d'un poste stratégique pour l'espionnage. Le mangemort enchaîna alors avec le rituel habituel, lui demandant si elle se sentait d'attaque, soulignant avec un cynisme dont la demoiselle se délectait, la quantité de travail qui les attendait. Ce n'était pas comme si Ella n'avait pas l'habitude, le Seigneur des Ténèbres était plutôt du genre exigeant et il valait mieux se montrer à la hauteur. La belle ne souhaitait pas spécialement servir de défouloir.. Une esquisse de sourire se dessina alors sur les lèvres vermeilles de l'Allemande qui répliqua en soutenant le regard flamboyant de son vis à vis:

- L'efficacité n'est pas un problème, n'est ce pas ? Serions nous encore là si nous étions des incapables ?

Ella n'avait pas même prit la peine de répondre la question, en réalité qu'importe qu'elle se porte bien ou non ? L'héritière des Schwarz était ici pour un objectif précis point barre. Le Seigneur des Ténèbres voulait que les choses avancent et attendait des résultats, il ne s'encombrait pas de bons à rien. Aussi la jeune mangemort comptait bien lui fournir dans les plus brefs délais son plan détaillé de l'université de magie et un rapport irréprochable. Cela serait immanquablement un avantage non négligeable en vue d'une attaque. Son regard vert pénétrant vrilla celui du séduisant éducateur, avec une expression indescriptible. Peut être pensait il en savoir pas mal à son sujet ? Mais au fond, cet homme qui prétendait la juger, ne savait en réalité par grand chose sur elle, que connaissait il de ses motivations, ses ambitions, ses loisirs et ses goûts ? Paradoxalement, la personne qui la connaissait le mieux était certainement Jeremy, elle n'aurait pas su expliquer pourquoi elle parvenait à se sentir proche de lui et lui accorder sa confiance, comme s'il existait un lien entre eux. C'était absurde quand elle y pensait.. D'ailleurs pourquoi diable y pensait elle ?! Chassant de son esprit ses pensées parasites, incohérentes, complètement stupides et hors propos, la demoiselle reporta son attention sur Valère, lui adressant un sourire charmeur avant d'ajouter sur un ton malicieux:

- Ne perdons pas de temps avec les préliminaires. Par quoi voulez vous commencer ?

Ella était le genre de personnalités qui plaisait à Araley. Autant que sa froideur, sa sûreté et sa franchise transparaissaient d'elle par tous les pores de sa peau, aussi bien que par l'éclat de ses yeux de pierreries vertes. Il n'y avait guère besoin pour l'homme de discuter des heures durant avec un individu pour cerner les dominantes de sa personnalité, autant que pour se faire un jugement sur leur potentielle entente. Pour le cas présent, Valère ne se faisait guère de soucis sur leur collaboration. La seule ombre au charmant tableau que représentait l'étudiante était son sang hélas souillé.

Un sourire enjôleur éclaira ses traits polaires à l'entente de la répartie de la demoiselle. Un point pour elle, elle savait analyser la teneur d'un propos pour parvenir à placer la répartie qui valait ces derniers. Chez les gens de son âge, il était rare de trouver une personnalité assez stable pour ne pas faire sauter son propriétaire de réplique en réplique, comme un chien faisait des cabrioles devant son Maître dans l'espoir de l'impressionner. Le sorcier ne trouva pas nécessaire de répondre et se contenta d'élever le regard dans le lointain, pensif, comme si les deux complices avaient tout le temps du monde pour les réflexions ainsi que pour achever leur travail. Il fallait dire que Valère n'était jamais pressé, même dans l'urgence. Rien ne valait une bonne analyse de la situation et en l'instant présent, l'esprit de Valère s'était déjà mit à travailler sur la meilleure technique de travail à élaborer afin d'achever un maximum de labeur en un minimum de temps. Car plus tôt leur mission serait remplie, plus tôt Valère pourrait avoir le privilège d'obtenir de plus grandes responsabilités au sein de missions plus dangereuses... Gagnant par la même occasion plus de respect encore par ses pairs, du même fait : plus de pouvoir sur leur communauté.
Ce fut la question de la belle étudiante qui coupa le jeune Mage dans ses élucubrations. Il tourna son visage dans sa direction et un halo de malice transparut sur son visage, mais il reprit rapidement son sérieux. Toujours avec les même gestes lents et gracieux qui le caractérisaient, Valère ouvrit un pan de l'un des habits qui couvraient son torse et glissa une main dans sa poche intérieure pour en sortir un long morceau de parchemin vierge.

« Savez-vous pratiquer un sortilège de Retranscription, Mademoiselle Schwarz ? »

L'héritier Araley tendit poliment le bout de parchemin à la Mangemort mais n'en sortit pas de second pour lui. En revanche, il avait attrapé sa baguette en chêne et la pointait maintenant sur le bout de parchemin qu'il tapota de trois coups légers.

« L'exercice est un peu compliqué, car il ne demande pas la concentration passagère qu'impose la formulation d'un sortilège commun, mais un effort permanent, sans le soutien des mots pour concentrer et diriger le flux magique. Il consiste à dessiner ou écrire non pas par le biais de la main et de la plume, mais directement par la pensée. Voyez plutôt. »

Le Mangemort leva sa baguette en direction du mur derrière Ella et ses yeux se posèrent sur elle. Sans que Valère n'ait l'air de se concentrer outre mesure sur ce qu'il était en train de faire, le sortilège s'exécuta et l'on put très rapidement voir apparaître à même la roche grise un trait comme gravé depuis des décennies, puis un deuxième, puis d'autres qui s'assemblèrent et se courbèrent pour représenter bientôt la silhouette d'une femme. La Mangemort avait été gravée avec un réalisme troublant dans les catacombes, dans chacun des détails de son expression, jusqu'à la mèche de cheveux qui rebiquait faiblement quelque part dans sa chevelure. Il laissa le loisir à la Miss Schwarz de se mirer un instant puis, d'une courbe de l'avant-bras et de sa baguette, fit disparaître toute trace de son sort.

« Bien sûr, nous n'aurons guère besoin d'une telle précision pour un simple plan, cela demandera moins d'effort et je ne doute pas un instant de votre réussite. Cependant, si une erreur transparaissait sur le parchemin durant le tracé de votre plan, vous n'aurez qu'à user d'un Evanesco. »
Le Surveillant adressa un sourire à sa cadette et abaissa le bras qui tenait son arme.

« Je vous propose de tracer ainsi le plan des catacombes sur parchemin ou, à votre guise, une description de chaque couloir et de ses caractéristiques de cette manière. Je ferais de même pour l'un ou pour l'autre. Cela sera bien plus rapide que si nous nous ennuyions d'une plume et d'encre, ou même d'ustensiles d'écriture enchantés qui risqueraient de s'user et de faire des erreurs.
J'avais pensé que nous pourrions nous séparer, mais je ne trouve finalement pas que cela soit la meilleure idée. Deux pairs d'yeux valent mieux qu'une, et nous devons être à l'affût du moindre indice qui permettrait de dénicher un passage inconnu ou une faiblesse dans les parois qui serait exploitable.
Qu'en pensez-vous, Mademoiselle ? »

Son regard où une vague interrogation se lisait se planta dans celui de sa complice et il attendit une réponse de sa part, sans redouter un avis différent. Il trouvait que cette solution était la meilleure et serait la plus efficace et, meneur dans l'âme, n'attendait pas de l'étudiante qu'elle prenne les devants avec une idée plus brillante. Ne lui avait-elle, d'ailleurs, pas laisser les rennes en l'invitant à décider de ce par quoi ils commenceraient ?

Le jeune femme observa le surveillant quelques instants dans l'attente d'une quelconque réponse ou réaction de sa part. Le sorcier semblait plongé dans ses pensées, le regard vague avant de reporter son attention sur la ténébreuse, répondant à sa question de manière détournée. Il tira un parchemin d'une poche intérieure en lui demandant si elle savait utiliser un sort de retranscription. Si l'étudiante avait en effet entendu parler du sortilège, elle n'avait jamais eu à s'en servir et n'était pas certaine de son utilisation. La demoiselle s'efforçait de se souvenir de quoi il était question car elle se voyait très mal avouer à Valère qu'elle ignorait comment il fallait s'y prendre pour le lancer.

Alors qu'elle restait silencieuse, saisissant entre ses doigts fin le parchemin vierge en se demandant vaguement ce que son collaborateur attendait d'elle, le séduisant concierge ne la laissa pas se creuser les méninges plus longtemps et lui expliqua en détail de quoi il s'agissait tel un maître à son élève, avant de terminer par une démonstration. Curieuse et intéressée, l'Allemande se retourna alors en s'écartant d'un pas pour détailler sa propre image imprimée dans la paroi de pierre. La représentation était parfaite au détail près, mis à part que par rapport à un miroir son image en était inversée.. Presque machinalement la ténébreuse passa une main dans ces cheveux carmins pour arranger une mèche d'un geste désinvolte, avant de reporter son attention sur le mangemort qui reprit la parole pour définir la manière dont il convenait de procéder selon lui alors que l'image disparaissait.

Que ce soit recherché ou non, Ella se sentait mise en position d'infériorité, forcée d'admettre que sur ce point Valère en savait bien plus qu'elle et cela, bien qu'aucun reproche ne lui soit adressé et qu'il ne semblait pas s'attendre à une plus grande maîtrise de sa part, ne lui plaisait pas du tout pour la simple et bonne raison que la ténébreuse avait horreur qu'une situation puisse échapper à son contrôle. Elle n'en laissa cependant rien paraître, se contentant d'être attentive pour remédier aussi rapidement que possible à cette ignorance concernant le sortilège de retranscription. Une chance que l'étudiante apprenait très vite. La ténébreuse hocha simplement la tête en signe d'accord, tout en fixant des iris émeraude le parchemin vierge. Tracer un plan de cette manière ne devait pas être bien difficile. Quand au reste pourquoi donc se seraient il donner rendez-vous s'il s'agissait ensuite de se séparer ? Dans ce cas, autant y aller indépendamment chacun de leur côté. Comme la demoiselle ne trouvait rien à redire à la manière de procéder proposée par son aîné, la belle répondit alors d'une voix parfaitement neutre qui ne trahissait aucune émotion:

- Cela me convient..

Sans plus attendre, la ténébreuse s'avança de quelques pas dans le couloir, tenant toujours le parchemin dans une main, la baguette dans l'autre. Il était inutile de s'attarder davantage à tergiverser et surtout elle ne comptait pas rester passive et attendre que Valère prenne toutes les initiatives et lui dise ce qu'elle doit faire en jouant le rôle de la parfaite femme soumise. Il ne fallait pas pousser Voldy dans les orties non plus. Elle aurait bien aimé trouver quelque chose à redire juste par principe, mais bon, elle n'allait pas non plus se plaindre que le surveillant ait de bonnes idées.. T_T S'efforçant de reprendre un tant soit peu les choses en main, la Ténébreuse se tourna alors vers le sorcier pour l'inviter à lui emboîter le pas.

- Commençons par ici.. Il vaut mieux procéder de manière systématique pour être sur de ne rien oublier sans avoir à vérifier plusieurs fois..

Au fur et à mesure qu'elle avançait la ténébreuse scrutait chaque détail de la paroi, chaque pierre qui pourrait dissimuler un quelconque indice trahissant la présence d'un passage, un travail fastidieux en somme. Elle n'avait pas fait 5 mètres qu'un reflet sur le mur sur la droite attira son attention. Fronçant légèrement les sourcils, l'Allemande s'en approcha en tâchant de distinguer quelque chose. La paroi à cet endroit semblait un peu bizarre comparée au reste du couloir et la Ténébreuse décida de faire part de son observation à son collègue tout en approchant sa main droite pour voir ce qu'il en était.

- On dirait qu'ici la paroi est.. Ella s'apprêtait à dire différente, mais elle n'eut pas besoin d'achever sa phrase car sa baguette, sa main et bientôt tout son bras était passé au travers du mur inconsistant comme s'il n'y avait pas de mur du tout, ce qui en fait été le cas.. En guise de conclusion, elle ajouta comme dans le prolongement de sa phrase: une illusion..

C'était le moment de s'essayer au nouveau sortilège.. Pointant sa baguette sur le parchemin, l'étudiante se concentra pour visualiser le plus précisément possible l'espace alors que des lignes
commencèrent à prendre forme sur le papier, redessinant les murs du couloir et l'ouverture présente. Elle compléterait le plan au fur et à mesure. Ella contempla son oeuvre un instant, ce n'était vraiment pas du grand art, mais au moins la dimension sur le plan étaient exactes et le tracé droit et régulier. Pour un premier essai on pouvait dire que ce n'était pas mal, maintenant si Valère voulait un tableau de maître, il n'avait qu'à le faire lui même.. Après un bref instant de réflexion, la ténébreuse eut alors une idée qui permettrait sans nul doute de faciliter le travail de recherche et se tourna de nouveau vers son collègue.

- Nous pourrions déjà utiliser un sortilège de révélation au cas où il y aurait des passages dissimulés par des moyens magiques, vous ne croyiez pas ?

L'entreprise de la jeune femme tira un sourire à l'héritier Araley. Il l'observa faire quelques pas de sa démarche cadencée dans le couloir et lancer un semblant d'instructions qui tiraient de l'évidence. C'était cela plus qu'autre chose qui lui avait tiré une mimique quelque peu condescendante, tandis qu'Ella lui tournait encore le dos. Il sentait chez la jeune femme un désir de liberté et d'indépendance qui se couplait mal avec le caractère dominant de son collègue. Elle n'avait guère d'autre choix que de n'en rien laisser paraître, car aux paroles réfléchies du Mangemort, il n'y avait rien à redire. Sa seule solution revenait alors à prendre à son tour les devants et à lancer quelques banalités dans le but de penser qu'elle aussi maîtrisait la situation. Il y avait un bon point dans tout cela, la sorcière démontrait malgré tout sa capacité à prendre une décision et à se lancer sans hésitation dans le travail qui lui était demandé sans se contenter de baisser les bras et de suivre, comme en étaient seulement capables la plupart des femmes. Valère n'aimait pas beaucoup la gente féminine, mais moins encore les représentantes qui peuplaient les bras fonds de cette catégorie...

Oui, commençons par là, c'était logique en soit, mais Valère se contenta d'acquiescer aimablement et d'agiter sa baguette dans le vide. Rien ne se passa, mais il savait qu'à des kilomètres de là, sur le secrétaire qu'il avait installé dans sa chambre au repaire, un long rouleau de parchemin allait se remplir de notes et de descriptions.
Trois pas derrière Ella, il se concentrait sur les détails des murs ainsi que du sol, de l'ambiance qui coulait dans l'air comme un parfum délicat à peine discernable. Il recherchait la moindre force magique du lieu qu'ils traversaient, à l'affût d'une protection ou d'un sortilège de camouflage, quoi que se soit qui pussent les induire en erreur. L'apprenti Mage avait un talent fou en la matière, si bien qu'il avait eu le choix d'entrer avec simplicité au Ministère en tant que briseur de sort mais il avait, pour des raisons à la fois personnelles et complètement tactiques, préféré un poste sans prestige à l'UMA plutôt qu'une belle carrière qui lui auraient ouvert, pourtant, bien plus de portes. Cela avait été un choix intelligent, bien que très dur à assumer pour son Orgueil.

Un laps assez court de temps s'était seulement écoulé lorsque Valère saisit la première vibration magique dans l'air. Le jeune homme s'immobilisa presque en même temps que l'universitaire qui elle, pivota sur sa droite. Il avait sentit, elle avait vu. Elle glissa une main, puis un bras à travers le mur sans que ce dernier ne serve d'obstacle à son passage. Le mur, comme venait de le constater la Miss Scharwz, n'était qu'une illusion. Un sourire éclaira le visage de Valère, qui s'approcha et murmura une formule magique. Il fit faire quelques mouvements complexes à sa baguette et lentement, le mur s'estompa tel un mirage pour faire apparaître un vieil escaliers aux marches de pierres noires de poussière. Elle, pendant ce temps, faisait apparaître la « drôlerie » du couloir sur le parchemin que le Mangemort lui avait confié.

C'était déjà un bon début pour les deux complices, mais une ombre se profilait aux yeux de Valère : Ella n'était pas assez prudente. Qui savait ce qu'aurait put cacher un tel trompe l'œil ? Ici, dans une Université, les chances de tomber sur un piège mortel était certes moindre (bien que certains étudiants étaient enclins à faire des blagues plus que douteuses) mais dans la réalité, beaucoup de sorciers avaient trouvé une mort aussi bête que tragique en fourrant leur bras ou d'autres parties de leur corps, d'ailleurs, dans des passages secrets aux origines inconnues. Il s'apprêta à lui dire lorsque la jeune femme fit une proposition pleine de bon sens, mais qui ne manquait pas de complications : celle d'utiliser un sort de révélation pour dénicher les passages secrets.

« Bonne idée en un sens, mais cela ne nous garantit pas l'apparition de tous les passages peut-être présents à cet étage... Certaines entrées secrètes sont camouflées de ce sort lui-même. Ainsi, ils peuvent faire apparaître les pièges qui auront été installés en dernier lieu. »
Déclara-t-il de son éternel ton calme, le regard rivé devant lui comme s'il percevait déjà les potentiels dangers auxquels ils se risquaient.
« A ce propos, nous sommes ici probablement en sécurité, quoi que rien n'est jamais certain, mais j'ose espérer que vous n'êtes pas aussi imprudente pendant les autres missions dont vous avez la charge... »

Son regard se posait sur Ella cette fois, tandis qu'il arborait un port aussi inflexible que le ton qu'il avait employé. Sa voix, loin d'être méprisante, avait malgré tout ce quelque chose de froid qui, tourné contre une personne, se révélait plus méprisant et plus cruel et que si elle avait vraiment cherché à l'être. Sa sincérité sans fioritures déchirait l'air comme la glace que les plus basses températures faisaient emporter aux vents d'hiver.

« Vous avez de bien jolis bras, ne les perdez pas... »

Ajouta-t-il, avant d'adresser un sourire à la belle jeune femme.
Il fallait avouer que Valère était un homme excessivement prudent. L'action était avec lui quelque chose de finement préparé et orchestré à la seconde près, si bien que son sens du devoir prédominait sur ce que beaucoup de Mangemorts appelaient le plaisir de la chasse. Valère, lui, avait très peu de plaisirs si ça n'était la puissance que lui conférait sa maîtrise sur les choses. Et sa prudence était une vertu sur le chemin pavé de sang qu'il se construisait. Il suffisait de voir avec quel brio il s'était placé hors de tout soupçons lorsqu'il avait par vengeance fait avaler des germes d'une forme virulente de dragoncelle à son frère et lorsqu'il avait à distance rendue folle à la mort son épouse. A ces moments, la prudence avait été la pièce maîtresse de son jeu de vengeance exaltant.

« Protégez-nous, Mademoiselle Schwarz. »

Lui susurra-t-il, avant de lever sa baguette de chêne au dessus de sa tête.

« Occultus Appareo ! »

L'air sembla faire une vague visible à l'oeil. Comme une goutte d'eau entraînait des vaguelettes de plus en plus denses, le sort de révélation d'Araley se propageait à partir de sa baguette et s'éloignait d'eux à l'affût des secrets des catacombes, des passages occultés et oubliés depuis la construction du bâtiment, des failles mal rebouchées.

L'illusion masquant le passage secret n'était qu'un simple et très vieux enchantement, probablement du même style que celui qui cache aux moldus le quai 9 3/4.. Il n'y avait là aucune trace de magie noire, elle en était certaine, elle l'aurait sentit dans le cas contraire, des mauvaises vibrations ou une aura plus sombre dégagée par les lieux, ou simplement un pressentiment l'en aurait averti. Le commentaire de Valère cependant lui tira un sourire amer. Bien sur qu'elle savait qu'en ce qui concernait la magie, il n'était guère prudent de tester un phénomène quelconque avec sa main ou son bras. Une des raisons pour laquelle, elle avait d'abord touché le mur au moyen de sa baguette pour s'assurer qu'il n'y avait rien de dangereux.. Bien sur, elle aurait pu se tromper, mais à l'évidence son jugement était bon, puisqu'elle n'avait rien. De quel droit le mangemort la jugeait elle ? D'ailleurs quelle imprudence aurait elle bien pu commettre sachant qu'ils étaient dans une école de magie ou des centaines d'élèves allaient et venaient, dont certains avaient sans nul doute déjà rencontrer ce passage par hasard et qu'aucun accident n'avait été à déplorer ici. D'une voix qui ne trahissait aucune émotion, Ella répliqua avec un ton légèrement ironique:

- Ne vous en faites pas pour moi monsieur Araley, je suis une grande fille.

La ténébreuse n'avait en effet nul besoin de recevoir des recommandations ou des conseils de qui que ce soit, elle savait ce qu'elle faisait, du moins en était elle convaincue. La belle savait prendre ses responsabilités et avait bien trop de fierté pour supporter que quelqu'un lui dise ce qu'elle devait faire ou pas. Ses parents avaient essayé et cela ne leur avait pas réussi.. Qui plus est personne ne l'avait jamais soupçonnée, donc elle se débrouillait plutôt bien.. Et puis, il n'y avait pas grand chose dont Ella avait peur, elle n'était pas dépourvue de ressources et parvenait toujours à se sortir des situations les plus délicates. Le dessin se poursuivait de lui même pendant ce temps, formant le tracé avec son esprit au fur et à mesure qu'elle découvrait les lieux. Le surveillant prit l'initiative de lancer le sortilège qu'elle avait mentionné, faisant vibrer l'air autour d'eux tandis que la magie révélait les éventuels passages dissimulés. Toujours sur ses gardes, la ténébreuse s'avança sa baguette levée devant elle prête à réagir au cas ou le sortilège activerait d'autres sortilèges de protection ou des pièges éventuels.. Cependant ce sort restait de le moyen le plus simple de découvrir ce qui les attendaient.

A priori, l'enchantement ne produisit rien du tout, rien de visible du moins. Jetant un coup d'oeil à son collègue, Ella s'enfonça un peu plus loin dans les catacombes à ses côtés sans cesser de tracer le plan sur le parchemin avec une application sans faille. Les autres passages dissimulés, si tant est qu'il y en ait, devaient être plus loin. Les couloirs s'enchaînaient, se croisaient, tournaient comme un véritable dédale qu'elle retranscrivait fidèlement sur le parchemin grâce à la magie. Les parois dans lesquelles étaient conservés les squelettes humains ne semblaient guère solides et l'étroitesse du couloir n'inspiraient pas vraiment la jeune femme.

Son regard se posa sur une fente dans le mur qui était apparue grâce au sortilège. Elle devait sans nul doute cachait un passage obstrué depuis plusieurs siècles. Son attention parfaitement éveillée ne tarda pas à réaliser que le sort avait fragilisé l'ouverture qui ne tenait certainement que grâce à la magie. Soudain, quelques pierres s'effondrèrent dans un bruit sourd dans la galerie, entraînant avec elles autant de terre et de poussière, alors qu'Ella eut à peine le temps de réagir par réflexe, bloquant Valère en se reculant d'un pas tout en parvenant à maintenir l'éboulement grâce à sort de lévitation. Bien sur, le passage étant resté caché, personne n'avait jamais pu restaurer les vieilles catacombes qui commençaient immanquablement à tomber en ruine. L'Allemande se retrouva coincée contre le sorcier, bloquée par les décombres du passage obstrué. Bien qu'elle n'avait pas vraiment chercher ce contact, elle pu s'empêcher de le trouvait agréable. Valère avait bien une tête de plus qu'elle, et dégageait une odeur assez forte, très virile. Histoire que les deux mangemorts ne meurent pas écrasés, Ella fit en sorte de maintenir le sortilège. Ce passage pouvait être considéré inaccessible et la demoiselle ne tenait pas à succomber dans un accident stupide en poursuivant les investigations. Plongeant son regard dans celui du sorcier, la belle esquissa un sourire impossible à cerner et susurra:

- Il ne serait sans doute pas très sage de s'aventurer plus loin..

S'il y avait un sous entendu dans sa phrase ce n'était pas vraiment innocent.

Si vous pensiez que Valère trouvait un certain plaisir à toucher à la fierté de ses pairs, vous avez raison. Un sourire un brin narquois traversa son visage pâle et malgré la tentation, il n'ajouta rien de plus. Inutile de pousser tout de suite la jolie sang-mêlée dans les plus profonds retranchements de son Ego, tous deux avaient mieux à faire et bien plus important. Le Seigneur des Ténèbres n'accepterait pas un échec pour une mission aussi banale et l'héritier Araley non plus. Plutôt déposer le masque aux pieds de son Maître et briser lui-même sa baguette plutôt que de souffrir de la honte qu'engendrerait la remise d'un rapport incomplet. Aussi, loin de se laisser aussi distraire que son apparence relâchée et détendue le permettait de le croire, le Mangemort demeurait parfaitement concentré sur ce qu'ils leur restait à faire.

Lorsque son sortilège ne sembla avoir aucune des réactions escomptées, pas même le déclenchement d'un sortilège de protection, il suivit Ella à travers le dédale de couloirs. Malgré leur attention, les deux complices ne trouvèrent rien d'autres qu'une série de murs gris et identiques où le seul changement était, parfois, l'irrégularité du sol. Son intérêt comme celui de l'étudiante furent attirés qu'au bout de longues minutes par l'apparition d'un couloir sinueux aux murs en partit construit à l'aide de crânes humains. Il s'agissait assurément là de l'entrée vers l'aile la plus ancienne de l'Université, les restes du bâtiment sur lesquel la grande école d'études avancées avait été construite. Les murs ici étaient rapprochés, et si la demoiselle devant lui n'avait guère trop de soucis à se faufiler entre eux, l'étroitesse posait plus de soucis à Valère qui, s'il n'était pas de ces sorciers à la musculature particulièrement imposante, avait la carrure d'un homme bien fait. Tout en déplorant la poussière et les toiles d'araignées qui s'agrippaient au tissu élégant de son costume, il ne put s'empêcher de s'amuser en imaginant la petitesse de la génération qui avait put traverser ce lieu sans avoir l'impression que les murs allaient finir tôt au tard par se coller les uns aux autres et écraser leurs visiteurs. L'air lourd et chargé d'humidité n'arrangeait en rien les choses. Heureusement, si comme pour la plupart du commun des mortels, une pointe de claustrophobie sommeillait en le sorcier, elle n'était pas assez présente pour le gêner dans son exploration.

Les deux mangemorts eurent bientôt d'autres préoccupations que la mauvaise qualité de l'oxygène et le manque d'espace. En effet, Ella qui se trouvait toujours devant lui venait de s'arrêter et Valère s'approcha afin d'observer par dessus l'épaule de cette dernière ce qui avait éveillé son attention. Dans un réflexe propre à tout bon sorcier, Araley releva légèrement sa baguette magique au moment même où quelques pierres tombèrent aux pieds du duo. C'était une faille branlante qui venait de s'écrouler un peu plus, certainement fragilisée par le sortilège qu'avait lancé plus tôt Valère. Un sourire satisfait glissa sur les lèvres de ce dernier : le dédale révélerait-il enfin un passage intéressant ? Gêné par Ella, il n'eut guère l'occasion de chercher à désobstruer davantage l'ouverture car d'une façon ou d'une autre, sa baguette se retrouvait toujours pointée dans le dos de la jeune sorcière, rendant son utilisation impossible. Il n'en eut guère besoin de toute façon, car à ces quelques pierres succédèrent un éboulement complet si bien qu'en un temps record, la belle étudiante et son surveillant se retrouvèrent collé l'un à l'autre, entourés par un mur de pierres et une brume de poussière toxique. Seuls les réflexes d'Ella leur avaient évité de finir écrasés sous les décombres.

Valère retint son souffle tandis qu'un nuage de particules brunâtres s'élevaient jusqu'à leurs narines. Le corps d'Ella contre lui, s'il était loin d'être désagréable amoindrissait le moindre de ses mouvements, à un tel point qu'il ne pouvait qu'avec difficultés glisser une main dans la poche de son plastron afin d'en sortir un mouchoir pour se protéger des atomes suffoquant qui agressaient ses poumons. Le regard des deux mangemorts se croisèrent, celui d'Ella, songeur et mystérieux et celui de Valère qui tanguait entre un mélange d'ennuis et d'amusement ; la remarque de la demoiselle tira une mimique amusé au surveillant. Il avait parfaitement saisit le sous-entendu et l'homme qu'il était n'y resta aucunement indifférent. Ses yeux en amande se plissèrent légèrement tandis que le sorcier baissait la tête jusqu'à l'oreille de l'étudiante. Dans un mouvement qui avait quelque chose de prédateur, il huma le parfum qui se dégageait de la chevelure rougeoyante de la belle élève.

« Vous pensez vraiment ? Je vous croyais plus impétueuse que cela... »

Murmura-t-il, les lèvres près de son cou, avant de relever le bras qui tenait sa baguette. Dans son mouvement, le mangemort ne put faire autrement – si, du moins, l'envie lui avait prit – que d'effleurer la hanche de la sorcière.

« Têtenbulle. »

Prononça-t-il, et le sortilège s'opéra sur la Miss Schwarz. Il fit de même pour lui, bien qu'avec un peu plus de difficultés pour pointer son arme dans sa propre direction.

« Au moins nous aurons un air respirable... Tant qu'il y a encore de l'air. »

La situation était tout de même fâcheuse quand on envisageait le fait que la moindre pierre déplacée risquait d'emmener les autres avec elle si le sortilège d'Ella ne résistait pas. Il n'y aurait pas de mort plus humiliante et stupide que celle-ci pour Valère, qui n'imaginait donc même pas cette funeste finalité. Néanmoins, il leur fallait trouver une solution plutôt que de croupir ainsi. Un sort d'expulsion était risqué, compte tenu du bruit que cela occasionnerait. Impossible pour eux de faire preuve d'indiscrétion dans leur situation. Si leur couverture n'en prendrait pas un coup pour si peu, le corps administratif de l'UMA risquerait tout de même de s'inquiéter sur les raisons de l'apparition de leur cloître improvisé et des motivations qui les avaient fait errer l'un en compagnie de l'autre dans le labyrinthe obscur des catacombes. Restait la solution de l'evanesco, mais Valère n'était pas certain de parvenir à faire disparaître le mur de débris en une seule fois, Ella devrait donc tenir encore un peu.

« Je propose un evanesco, mais vous devrez maintenir encore un peu le sortilège de lévitation au cas où. »

L'héritier Araley baissa à nouveau les yeux sur Ella à la recherche d'une quelconque approbation. Il n'attendit cependant pas qu'elle développe son avis, la seule solution à ses yeux était de tester et... Adviendra que pourra.
Tout en se calant contre le mur, Valère attira à lui d'un bras la belle rousse afin de se libérer un peu d'espace. Ainsi, son bras droit était un peu plus libre. Il pointa sa baguette vers l'effondrement et prononça la formule qui, peut-être, les sauverait d'une asphyxie prochaine. Un pan de pierre entier s'évapora mais aussitôt, les pierres qui n'étaient maintenant que par leurs congénères et non le sortilège de la demoiselle Schwarz tombèrent avec fracas et prirent place exactement à l'endroit où les autres venaient de disparaître, si ça n'était un peu plus près encore des deux complices.
Le déblayage allait être un peu plus long que prévu...

« A force, nous en viendront bien à bout, à moins que vous ayez quelque chose de plus efficace à proposer. »

Il y avait bien la métamorphose, mais ça n'était guère la spécialisation du sorcier, qui était de loin meilleur en magie noire et en sortilèges et envoûtements qu'en métamorphose. Aussi, il ne se sentait pas de changer la pierre en golem qui, lui, leur ouvrirait définitivement le passage...

Si la situation aurait semblé particulièrement comique si cela était arrivé à quelqu'un d'autre. Coincé au beau milieu des catacombes par un mur de pierres sur le point de s'écrouler et de les écraser si elles n'étaient pas maintenu par le sortilège de lévitation.. Ce serait quand même que les catacombes deviennent aussi leur tombeau et que leur squelette viennent compléter la jolie collection qui s'était accumulée au cours des siècles.. La poussière d'ailleurs commençait à lui piquer les yeux et l'empêchait de respirer correctement mais la ténébreuse avait assez de discipline pour maintenir le sortilège sans quoi ce serait une mort imminente qui les attendait. Ella n'envisageait d'ailleurs même pas cette possibilité, certaine qu'ils trouveraient le moyen de s'en tirer. Elle parvint même à esquisser un sourire mutin lorsque le surveillant releva son sous entendu en affirmant qu'il la pensait plus impétueuse que cela, cependant ce n'était pas le moment le mieux choisit pour se laisser distraire et la ténébreuse réfléchissait à un moyen de se sortir de là sans que tout leur tombe sur la tête.Le sortilège de têtenbulle de Valère était plus que bienvenu, d'autant plus qu'Ella ne pouvait le faire elle même, obligé de concentrer son énergie dans la lévitation des lourdes pierres. Exécuter deux sortilèges en même temps n'était pas une affaire aisée, si tant est que ce soit possible

Approuvant l'idée de Valère, l'étudiante se contenta de confirmer d'un signe de tête qu'elle était prête, le laissant tenter l'expérience. Le sortilège de disparition atteignit les pierres les plus proches qui s'évaporèrent aussitôt tandis que d'autres désormais non soutenues s'effondrèrent aussitôt, prenant leur place et réduisant encore plus si c'était possible l'espace libre où se tenaient les deux sorciers collés l'un contre l'autre. Ella eut juste le temps de conjurer un nouveau wingardium léviosa pour limiter l'éboulement des pierres situés juste au dessus d'eux mais rien de plus. La situation était critique. Elle n'allait pas continuer à faire voler ses stupides pierres, mais dans l'immédiat elle n'avait pas eu le temps de réfléchir à quelque chose de mieux. Serrée contre le sorcier, la belle avait la main gauche posée sur le torse du sorcier, son visage près de son cou, tandis que l'autre tenait la baguette avec un champs de visée considérablement réduit. Il fallait bien admettre que cette proximité physique était loin d'être désagréable et Ella en profitait allègrement. Etait ce un mal ? Alors qu'une idée se profilait dans l'esprit de la belle, inspirée par le sortilège de têtenbulle, Ella tenta tant bien que mal de se tourner pour avoir plus de liberté de mouvement, frôlant ainsi le corps de Valère sans cesser de maintenir le sortilège. L'affaire n'était pas aisée mais la ténébreuse parvient à dégager son bras afin de se procurer une liberté de mouvement juste suffisante pour ce qu'elle projetait de tenter.

- Ne bougez pas, je vais tenter quelque chose...

Si la métamorphose n'était pas la matière de prédilection de l'étudiante elle en avait cependant une certaine maîtrise et ici de toute manière c'était surtout sa virtuosité pour enchaîner les sorts qui allait lui servir. Soulevant les pierres aussi haut que le plafond le permettait pour se laisser le temps de la manoeuvre, la jeune femme mis fin à son sortilège pour conjurer dans la foulée une sorte de sphère autour d'eux de telle manière que les pierres qui la traversait se changeaient en innocentes bulles de savon. Un sortilège assez complexe combinant métamorphose et enchantement, mais terriblement efficace. Au moins, le problème de cet effondrement ininterrompu était réglé, voilà une bonne chose de faite. Pourtant, les deux sorciers restaient encore coincés par l'imposant bloc de pierre qui obstruait le passage et empêcher d'avancer dans un sens comme dans l'autre. Ella avait bien une idée pour dégager un passage, mais elle n'était pas certaine du résultat et avant de risquer de provoquer un nouvel éboulement, elle préférait avoir l'avis du surveillant.

- On pourrait peut être essayer un simple réducto qu'en dites vous ?

Un soupir d'impatience s'extirpa des lèvres du Mangemort. Si l'expérience l'avait amusé un temps, elle commençait à présent à l'exaspérer. Rester enfermé parmi des pierres qui menaçaient d'un moment à l'autre de lui broyer les os, en aussi agréable compagnie put-il être n'était pas pour amuser longtemps un homme qui avait mieux à faire que de se trouver victime de l'usure des murs d'une piètre université. Heureusement pour la patience mise à mal du sorcier, Ella eut la bonté de prendre le relais. Son intervention, en revanche, ne fut pas miraculeuse, mais au moins avaient-ils à présent une protection contre l'éboulement. Les pierres qui disparaissaient en bulle de savon légères étaient remplacées par de nouvelles, qui, après avoir à leur tour subit l'enchantement, étaient encore remplacées par de nouvelles, et encore jusqu'à ce que la chute se stabilise. Quelques trous par-ci par-là témoignaient qu'au delà de ce mur infranchissable se trouvait encore le couloir. Au moins n'avait-il pas été complètement rebouché, c'était une chance, car jusqu'alors, ni Valère ni Ella n'en avaient eu le cœur net.

« Un reducto ? Et bien, essayons, il n'y a rien de mieux à faire. »

Soupira Araley avec une lassitude apparente. Le sorcier leva le bras dans un mouvement où se mêlait flegme et dédain, et informula le sort de réduction en direction des pierres les plus hautes. Aussitôt, ces dernières se réduisirent, avant d'être remplacées par de nouvelles. Son bras décrivit une ligne verticale jusqu'au sol et, suivant la magie que conduisait Valère, la rocaille rapetissa à vue d'oeil. Et les dernières pierres qui s'étaient écroulées sur celles qui avaient subit l'enchantement finirent à la hauteur d'un simple muret. Facile à enjamber, pour un homme tout du moins.

« C'était une idée parmi tant d'autres... Elle a cependant l'avantage d'être efficace. »

Commenta-t-il, trop fier pour faire le moindre compliment direct à une sang-mêlée. Il enjamba aisément le tas de pierres gisantes et attrapa Ella par le bras afin de l'aider à passer à son tour. Par galanterie, car il ne doutait pas que la demoiselle était très capable de se débrouiller toute seule.
Une fois cela fait, le greco-irlandais s'épousseta puis jeta un coup d'œil aux alentours. Le reste du couloir n'était plus obstrué, mais les murs semblaient si branlants qu'il aurait fallut se parer d'idée suicidaires pour oser s'y aventurer.

« Inutile de continuer dans ce sens, c'est bien trop dangereux. »

Commenta Valère pour combler le silence et, surtout, faire comme si rien ne venait de se passer. Mieux valait continuer l'exploration ailleurs, aussi le Mangemort indiqua d'un geste de la main à Ella de le suivre. La baguette en avant, il traversa de nombreux couloirs. L'un se terminait dans un cul de sac, et entourés de crânes humains, les deux sorciers durent faire demi-tour. Un autre était aussi mince que celui où les complices avaient été misérablement coincés entre les pierres, mais Valère s'y engagea malgré tout. Prudemment, cependant, mieux valait éviter une nouvelle péripétie de ce genre.
Bientôt, le duo d'éclaireurs arrivèrent devant deux embouchures, qui partaient chacune perpendiculairement au couloir qu'ils avaient emprunté. L'un montait en pente délicate, laissant supposer qu'il remontait vers une pièce supérieure, ou... vers l'extérieur. Valère n'avait jusqu'alors jamais aperçu un quelconque passage qui menait de l'extérieur aux catacombes de façon directe, sa curiosité en fut piquée. Était-ce bien ce qu'il supposait ? En se retournant, l'héritier Araley adressa un regard interrogateur à la jeune femme qui le précédait.

« Ce couloir-ci pourrait enfin être une découverte intéressante, qu'en pensez-vous ? Je vous laisse l'honneur d'en décider. »

Un demi-sourire aux lèvres, Valère attendit qu'Ella prenne la décision ou non de grimper la pente, ou de prendre le couloir qui s'enfonçait sous l'université par la gauche.

Non mais sérieusement, qui avait fait les fondations de cette fichue université ? Les murs et le plafond des catacombes était dans un état lamentable, à moitié en ruine pour une grande partie, sans parler des fuites responsable de l'humidité des parois. La ténébreuse en avait plus qu'assez d'être coincé au milieu des veilles pierres instables et des crânes humains, tout ceci était grotesque. Non mais vraiment, être à moitié enterrée au milieu des décombres et être obligée d'arpenté des couloirs poussiéreux et sentant la moisissure, même si la compagnie était charmante, n'était définitivement pas fait pour elle. Qu'est ce qui lui avait prit de choisir les catacombes pour son rapport d'éclaireur franchement ? Mais il ne fallait pas décevoir le seigneur des ténèbres et nul doute que leur projet de faire un plan des sous sols serait fort utile. Ella n'avait pas fait ce choix par hasard. Heureusement cependant que le sortilège de réduction dont elle avait eu l'idée eut l'effet escompté, réduisant la taille de la caillasse en libérant ainsi un passage.

La demoiselle offrit une main fine aux ongles impeccables au sorcier afin que celui ci l'aide à franchir la barrière de pierres sans glisser ou déraper sur un caillou. De fins escarpins à talons haut n'étaient pas les chaussures idéales pour jouer les exploratrices. Prenant appui sur le bras de son collaborateur, la belle enjamba les débris puis jeta un récurvite sur elle même pour se débarrasser de la poussière sur ses vêtements et dans ses cheveux. Il fallait dire qu'elle n'avait pas trop envie de ressembler à un ramoneur. La ténébreuse ne fit aucun commentaire sur l'incident qui était désormais clos et se contenta d'acquiescer d'un bref signe de tête à la remarque de Valère tout en prenant soin de regarder dans une autre direction pour ne pas croiser son regard. Mieux valait faire comme si rien ne c'était passé et oublier cet épisode grotesque. La jeune femme s'appliquait à répertorier au fur et à mesure chaque couloir et chaque bout de mur présent avec un soin particulier pour n'omettre aucun détail. Elle commençait à bien maîtriser le sortilège et le réaliser de manière presque mécanique à présent.

Après encore bon nombres de couloirs parcouru sans autres incidents notables, le plan commençait à prendre forme sur le parchemin autrefois vierge. Tout ça avait de la gueule. Il ne restait que quelques passages à explorer pour achever de remplir la feuille pour ne pas laisser de grandes zones blanches. Les deux complices arrivèrent finalement à une bifurcation devant laquelle Ella s'arrêta, avec d'un côté un couloir étroit qui semblait s'enfoncer dans les profondeurs des sous sols de l'UMA et qui n'inspirait pas vraiment la jeune femme et l'autre, remontant lentement en pente douce. De toute évidence, Valère semblait de son avis. Une découverte intéressante.. Oh ils n'allaient sans doute pas découvrir la caverne d'Ali Baba, mais il était en effet fort possible que ce soit un passage vers le hall ou peut être l'extérieur du bâtiment. Toujours est il, qu'elle n'avait pas à décider de quoi que ce soit, ils iraient voir de toute manière car mieux valait restait enterré sous les décombres et mourir asphyxié ici que de rendre un rapport incomplet au seigneur des Ténèbres. Avec son air huppé habituel, la belle répliqua sur un ton pouvant paraître assez froid et cassant mais son apparente attitude sévère était démentie par une ébauche de sourire au coin des lèvres..

- Contentons nous de faire un rapport complet, le Seigneur des ténèbres jugera de ce qui est intéressant ou non.

L'étudiante s'engagea donc dans le couloir suivie de près par le surveillant, elle ne savait pas trop où ce passage allait déboucher mais son intuition lui disait qu'ils devaient à présent être en gros au niveau du sol. Le chemin était étonnamment long et étroit et à l'arrivée le plafond était si bas, qu'il fallait se pencher pour ne pas toucher. Le couloir ne débouchait pas sur une porte mais se terminait par un petit escalier au sommet duquel se trouvait un petite trappe qui au vu de son état ne devait pas servir tous les jours. D'ailleurs la quantité de terre et de saletés incrustées, accumulées au fil des ans laissait penser qu'elle n'avait pas été utilisée depuis des siècles. Croisant une fraction de seconde le regard du mangemort, la jeune femme leva sa baguette décrivant un mouvement souple du poignet en murmurant un "Homimum Revelio" afin de vérifier qu'il n'y avait aucune présence humaine dans les environs hormis eux deux. Peut être est ce un excès de prudence à la limite de la paranoïa mais Ella ne tenait pas à ce que quelqu'un les voit et si jamais ce passage débouchait au milieu du hall, il aurait été assez louche que Valère et elle débarque tout d'un coup de nulle part sous les yeux de plusieurs étudiants. Par chance, les environs étaient vides de toute présence humaine si l'on se fiait au sortilège.

Reculant d'un pas, la ténébreuse leva sa baguette pour dégager la trappe et l'ouvrir à l'aide d'un sortilège, avant d'être éblouie par la vive lumière du soleil pénétrant par l'ouverture. Passant prudemment la tête par le passage, l'étudiante scruta les environs reconnaissant le dos de l'université. Ainsi donc ce passage reliait les sous sols directement au parc.

- Pratique pour pénétrer en douce au sein de l'établissement... bien que demeure le risque de se faire prendre par le surveillant général.. n'est ce pas Monsieur Araley ?

Tout en prononçant ces quelques mots avec un sourire espiègle, la jeune mangemorte n'oublia pas de reporter fidèlement ce passage sur le parchemin dont le plan pratiquement terminé occupé tout l'espace. Une fois son tracé achevé, la belle tendit le papier au sieur Araley à la manière d'une élève rendant un devoir à un professeur dans l'attente d'un jugement de sa part avec l'hypocrisie de ceux certains d'obtenir une excellente appréciation.

- Je crois qu'il ne nous reste plus qu'un couloir à explorer ?

Elle ne croyait pas, elle en était sure, mais cette formulation donnait à Valère l'illusion d'être le maître de la situation; il faut toujours laisser croire aux hommes que se sont eux qui maîtrisent tout.

Le mangemort suivit la Miss Schwarz à travers le couloir étroit et couvert de toiles d'araignées qui s'accrochèrent aux épaules et aux manches de son costume. Il n'avait guère répondu à la provocation feinte de la jeune femme, trop occupé à formuler un paragraphe complet à propos de l'état des lieux, et de ce que les deux complices avaient découvert jusqu'alors. Bien peu de choses, et le formuler de manière à ce que l'information paraisse utile demandait un minimum de concentration au sorcier. Offrir au Seigneur des Ténèbres un parchemin dénué de la moindre information intéressante attiserait Sa colère à juste titre, que cela soit de la faute de ses partisans ou non. A la tête des Mangemorts, Valère estimait qu'il ne réagirait pas d'une façon différente. Inutile d'envoyer des hommes en mission si leurs yeux ne savaient analyser ce qu'ils voyaient d'une façon avisée.
La chance tourna en leur faveur à l'embouchure de la pente qu'ils avaient emprunté. Penchés en avant, les deux sbires découvrirent un escalier menant à une trappe ancienne, qui ne semblait plus avoir été poussé depuis bien des lustres. Une sortie cachée, enfin. Il devraient tous deux faire en sorte de la faire demeurer secrète au yeux du reste de l'établissement le plus longtemps possible, où qu'elle mène. Et l'intuition de Valère alliée à son sens de l'orientation lui faisait pressentir qu'elle menait vers l'extérieur. Peut-être que cette partie des catacombes avaient tenu autrefois le rôle de cachette. Ou peut-être cela était-il une ancienne sortie aujourd'hui simplement oubliée. Il faudrait que, le cadastre en main, Valère vérifie cela afin de s'assurer que cette trappe ne soit pas officiellement inscrite quelque part. Grâce à son poste, il obtiendrait aisément ce renseignement.

Tandis que le semi Grec réfléchissait à ces détails, Ella s'assurait de son côté à ce que personne ne demeure dans les parages. Cette vérification faite, elle ouvrit d'un sortilège la trappe qui grinça douloureusement sur ses gonds, avant de libérer un flot de lumière blanche et aveuglante. D'une main, Valère se protégea du rayon agressif, puis escalada rapidement les escaliers afin de noter l'emplacement exact de cette sortie par rapport au parc. Ils ne se trouvaient pas très loin des serres. Parfait, cela permettait une entrée discrète au sein de l'université. Peu d'élèves et de professeurs s'attardaient dans les environs, si l'on excluait Sigmund Bachelard.
D'un mouvement de baguette, Valère referma la trappe. D'un autre, il lui fit prendre l'aspect des pierres environnantes. On était jamais assez prudent. Ainsi, l'escalier semblait purement et simplement condamné, seuls les mangemorts sauraient ce qu'il se trouvait au delà des apparences. Un sourire satisfait s'accrocha à ses lèvres lorsqu'il s'en fit la réflexion. Sourire qui s'accentua à la pique de la belle Ella.

« Un risque que l'ennemi devra se garder de prendre... »

Répondit-il d'une voix suave, avant d'emprunter les marches en sens inverse. Il ne leur restait plus qu'une dernière destination, et les deux sorciers en auraient terminé de leur mission d'éclairage. Valère espérait que cette dernière satisferait le Seigneur des Ténèbres, qui savait récompenser ceux qui Lui prouvaient leur aptitude à œuvrer pour la Cause. Des rêves de grandeur flottèrent un instant dans la tête du jeune Mage noir, tandis qu'en silence, les complices s'infiltraient dans la pénombre du dédale.
Le long couloir défilait, identique à ceux qu'ils avaient déjà parcourut. Bientôt ils arrivèrent à une nouvelle intersection. D'un côté, un escalier descendait dans les profondeurs des sous-sols et des traces de pas leur indiquaient que ce passage avait été par de nombreuses fois emprunté. D'un lumos, Valère éclaira une pancarte fraîchement installée – en comparaison au décor que les deux jeunes gens avaient eu le plaisir relatif d'observer – qui indiquait les cuisines. De l'autre, un couloir qui menait vers leur point de départ. Enfin, en face d'eux un chemin s'enfonçait dans la nuit et menait jusqu'à une porte vermoulue par le temps.
A pas feutrés, l'héritier Araley s'approcha. La clenche de la porte demeura inopérante sous sa poigne, mais un sort la fit céder. A l'intérieur de la pièce la pénombre semblait plus profonde encore que dans le reste des couloirs, et l'air plus chargé de cette odeur de moisissure qui leur piquaient les narines depuis une longue demi-heure.

« Cette pièce ferait un bien médiocre lieu de réunions secrète, n'est-il pas... »

Murmura Valère, plus dans le but de briser le silence que d'échanger réellement des banalités. On ne dirait pas de lui qu'il était de mauvaise ou de froide compagnie.
Le sorcier s'avança de quelques pas dans la pièce et leva sa baguette éclairée au dessus de lui dans le but d'apercevoir le maximum du contenu de la salle sans trop s'y enfoncer. Des cafards couraient sur le sol, effrayés par la lumière tandis que des araignées de bonne taille tissaient leur toile au plafond. Il y vivait là le plus répugnant des écosystème. Des rideaux de part et d'autre d'une fenêtre artificielle à la magie depuis longtemps éteinte semblaient animés d'une vie qui leur était propre et malgré l'obscurité, Valère devina qu'un nid de Doxys s'y était réfugié. Pour le reste, il ne s'agissait guère plus que d'un atelier à l'abandon, dont l'établis, immense, croulait sous la poussière et les fioles au contenu pour la plupart asséché par les années.

Au moment même où il parlait, une araignée qui semblait en bonne voie pour grossir jusqu'à ressembler à une Acromentula tomba sur son épaule. Valère ne prit pas la peine de la chasser, s'il l'avait vu, du moins. Une trappe à sa gauche avait attiré toute son attention. Close par des lourds barreau entrecroisés d'acier, une vague odeur de mort s'en échappait. L'homme s'approcha d'un pas, puis de deux, et la lumière du lumos avala la noirceur de la fosse. Au fond y gisait nombre de squelettes dont Valère ne pouvait affirmer la provenance, humaine ou animale.

« Go háirithe caoin... »

Commenta-t-il pour lui-même, un air ironique peint sur son visage que la maigre lueur rendait pâle comme la mort. L'image nostalgique de la crypte du château O'Araly vint flotter au bord de son esprit, avec cette fosse similaire, renfermant les corps d'anciens ennemis du clan Araley, ou de traîtres démasqués.

« Cela me rappelle des souvenirs...! »

Argumenta-t-il, oubliant Ella et leur mission d'éclairage l'espace de quelques secondes.

* Particulièrement raffiné...

D'un oeil critique la ténébreuse observa le travail du mangemort pour dissimuler la trappe aux yeux du plus grand nombre. Naturellement une personne avisée et attentive pourrait à l'instar d'eux même déjouer le sortilège sans se laisser berner par la magie opérante. Mais qui prendrait un tel soin et suspecterait qu'un tel stratagème avait été mis en place ? Ella doutait sincèrement que les membres de l'ordre emploient leur temps à dénicher des passages secrets dans les sous sols de l'UMA, d'où l'opportunité pour les mangemorts d'utiliser ces failles en se montrant plus futé et calculateur. En fait, l'allemande songea un instant avec dérision qu'il y avait plus de chance pour qu'un idiot dans le genre Livious Sulivan découvre le passage par hasard, mais dans ce cas il n'y avait rien à craindre, car il ne se souviendrait sans doute même plus de l'endroit où il se trouvait.

Une fois le passage soigneusement camouflé, les deux sorciers revinrent sur leur pas, retournant vers les profondeurs lugubres des catacombes pour s'engouffrer dans un couloir qui avait jusque là échappé à leur inspection. Laissant derrière eux la porte menant aux cuisines, l'étrange duo emprunta une porte vieillie et en bien piteux état, le genre d'endroit qui n'inspire guère confiance et où en principe on évite de mettre les pieds. L'ouverture céda sous le maléfice de Valère qui pénétra le premier dans la salle. La ténébreuse, restée en arrière, se força à emboiter le pas du surveillant au prix d'un immense effort de volonté et de self contrôle. En effet, outre la poussière et la moisissures, le sol, les murs et chaque recoin était infesté de cafards, araignées et bestioles en tout genre, qui pullulaient joyeusement dans ce lieu renfermé. Le teint livide, Ella s'efforçait tant bien que mal d'ignorer sa phobie pour les arachnides, se collant plus que nécessaire à Monsieur Araley, craignant même d'en écraser une par mégarde (non par répugnance de la tuer mais par dégoût)

Le demoiselle ne répondit rien à la pique de l'éducateur sur l'état des lieux, préférant garder les lèvres bien serrées, et même crispées pour éviter de geindre, de crier ou Merlin sait quelles autres réactions stupides et décrédibilisantes au possible qu'elle pourrait avoir. Même si sa respiration saccadée la trahissait, l'allemande souhaitait éviter de passer pour une peureuse et une chochotte aux yeux de monsieur Araley, qui visiblement n'en avait rien à faire des araignées et autres bébêtes qui grouillaient là dedans. La belle s'avança de deux petits pas prudents et précautionneux, les doigts tant crispés sur sa baguette que ses ongles s'enfonçaient dans sa paume sans qu'elle n'y prenne garde, l'autre main froissant presque le parchemin. Evidemment ce qui devait arriver arriva, une espèce de mygale énorme tomba du plafond juste sous les yeux de la ténébreuse, à quelques centimètres d'elle pour atterrir sur l'épaule de Valère. Cette fois en revanche, Ella ne put s'empêcher de bondir en arrière, les traits de son visage crispés par la peur et le dégoût contre laquelle elle luttait depuis le début.. Aucun son n'avait franchi ses lèvres, ce qui était déjà pas mal.

Par réflexe, la mangemorte avait levé instinctivement sa baguette, braquée sur l'araignée pour s'en protéger, avant qu'un éclair vert ne fuse de son arme, passant à deux doigts du sorcier, pour envoyer l'arachnide raide morte sur le sol. Il fallait reconnaître que la ténébreuse pouvait être bien vive et avoir la baguette facile, surtout lorsqu'elle était dans cet état. Elle avait tout de même lancer un impardonnable, certes c'était sur une araignée mais tout de même. Quelques centimètres à côté, elle aurait pu tuer Valère, même s'il y avait effectivement peu de chances qu'elle se loupe d'aussi près on est jamais à l'abri d'un faux mouvement. L'aragna eximae aurait certainement été plus adapté mais il est difficile de réfléchir normalement quand on a peur, et puis c'était de toute façon parfaitement efficace xD La phobie était débile, irrationnelle et ridicule et Ella se haïssait pour ça.. Le regard vert perçant de l'Allemande se posa avec dégoût sur le cadavre de l'araignée, qu'elle n'aimait guère plus que la bête vivante. Elle le contourna largement sur la pointe des pieds, avant de s'en éloigner, en allant vers un endroit un peu moins chargé en toile d'araignée et où la présence de ses habitantes se faisait moins dense..

- C'est répugnant..

Lâcha la ténébreuse en guise d'explication pour le maléfice qu'elle venait d'exécuter, tâchant de se donner une contenance comme si son geste avait été parfaitement normal. Si elle s'était écouté, la demoiselle ne se serait pas contentée d'un seul maléfice mais aurait fait pleuvoir toute une ribambelle d'avada jusqu'à que toute les araignées aient rendu l'âme, toutefois, Ella n'en fit rien, conservant simplement sa baguette parfaitement immobile, prête à réagir au cas où une autre araignée déciderait de lui tomber dessus .

Désireuse d'en finir au plus vite avec cette pièce maudite, la ténébreuse réalisa une fois de plus la retranscription des lieux sur son parchemin où le plan des catacombes apparaissait désormais dans son intégralité à différent niveau. C'était fait. Il ne restait plus qu'à peaufiner le rapport et il serait prêt à être délivré au Lord. Satisfaite, Ella ne se fit pas prier pour quitter les lieux sans prendre la peine de consulter Valère, s'il se sentait chez lui au milieu des cafards tant mieux pour lui. Lorsqu'elle eut regagné le couloir, la ténébreuse se retourna vers son complice, elle s'arrêta sur le côté de la porte pour l'attendre, ne sachant pas vraiment comment conclure cette entrevue..

Il était toujours doux pour l’héritier Araley de se remémorer d’une quelconque façon quelques uns de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence, qu’ils soient sombres comme la vue d’un cadavre au fond d’une fosse ou empreint d’une félicité propre à un moment de bonheur intense. Du moment que ce souvenir était relié au château de sa famille, héritage vieux de plus de deux mille ans et patrimoine de la culture sorcière. Le Mangemort était particulièrement attaché à ce domaine, comme tout aîné de la patrie d’un Araley. Un jour, cet édifice symbole de la grandeur de cette famille descendante d’un roi celte, lui appartiendra. Ce jour là, il pourra cacher tous les cadavres de traîtres ou d’imméritants dans la fosse comme bon lui semblera. Personne n’aurait jamais le toupet de fouiller le château d’une aussi noble et puissante famille Irlandaise, il en était plus que convaincu. A la mort de son père, il aurait la puissance absolue. Il chasserait Nelle et Ulter pour faire du château son repaire et son territoire, incontestable et incontesté. Le jour approchait, la santé déclinante de son père le lui signifiait. Ce ne serait peut-être qu’une question d’années. Quoi que, il avait l’intuition que son géniteur serait capable de résister à la mort jusqu’à ce qu’il se soit assuré que la pérennité de la famille resterait pleine et entière à son trépas. Ce qui signifiait une épouse et un enfant légitime pour Araley Junior.

C’était précisément à ce stade de sa réflexion qu’un éclair vert éclaira la pièce et qu’un souffle glacé, un souffle de mort, caressa le creux de son cou sans le toucher. Ses cheveux noir de jais flottèrent un instant, emportés par la bise cruelle, tandis qu’une petite forme tombait à quelques centimètres de sa chaussure cirée, raide, inéluctablement morte. Il fallut une longue seconde à l’homme pour comprendre cet étrange phénomène, pourtant, avec une vitesse et un réflexe qu’il n’avait absolument pas contrôlé il avait relevé sa baguette et s’était tourné vers l’origine du jet de lumière.
Un sortilège impardonnable. Ella venait de lui lancer un sortilège impardonnable...! Une lueur de colère féroce éclaira le regard du surveillant. Non, elle ne lui avait pas lancé à lui : avec raideur, Valère tourna la tête en direction de la chose informe gisant sur le sol. Elle avait tué une araignée qui avait eut le malheur de se nicher sur son épaule sans se douter de ce que lui réserverait se faisant le destin. Le sort de mort n’avait pas été dirigé contre lui, mais ce fut tout comme. Un malencontreux faux mouvement l’aurait tué, aussi rapide aurait-il put être à la réaction : un avada kedavra bien lancé était imparable. Pour une minable araignée, c’était un risque inconsidéré qu’avait prit Schwarz. C’était intolérable, elle avait risqué la vie si précieuse d'un des plus grands nobles du Royaume-Uni sans considération. Avait-elle la moindre capacité mentale, pour s’emporter tellement face à un simple nuisible ?
À la réflexion qu'elle eut, un sourire qui ressemblait plus à un rictus traversa le visage fort assombrit du mangemort. Ses yeux émeraude striés de jaune semblèrent mépriser Ella. Si la noblesse de son sang ne le protégeait pas de tels écarts de comportements, il l’aurait volontiers attrapé par le col de sa robe et balancé dans les oubliettes, non sans lui avoir briser une baguette qu’en tant qu’impure, elle ne méritait pas vraiment. Et preuve en était, à présent, par l’usage qu’elle en faisait !

« Je suis d’accord avec vous, il y a certaines choses qui sont infâmes, et qui méritent à ce prix tout juste leur place sur Terre. »

Lança-t-il d’un ton glacé, dénué de toute cette galanterie doucereuse dont il faisait preuve jusqu’alors vis-à-vis d’elle. Le charme de la belle rousse était brisée, la sorcière s’était avilie et retombait au rang de sang-mêlé, de sbire inférieure à lui en tous points. Dommage pour une créature si jolie d’apparence. Mais elle n’était plus qu’une coquille vide, l’âme n’y était pas. Il la laissa s’esquiver sans suivre ne serait-ce que du regard son mouvement. Ses yeux s’étaient fixé sur le cadavre de l’araignée. Il dut retenir un frisson glacé de le parcourir, en pensant que ce qui l’avait touché n’était passé qu’à quelques millimètres de sa gorge. D’un mouvement sec de la semelle, il fit disparaître le corps dans les oubliettes et se retourna vivement vers la sortie.

Le sombre sorcier réapparut d'un flottement de cape dans le couloir à peine plus hospitalier des catacombes. Ses yeux sévères se posèrent directement sur sa complice, qu’il jaugea ainsi d’un air dur un court instant. Son aura de charme et de charisme semblait à présent lourde comme l’atmosphère à l’approche d’un orage. Et c’était bien un orage que contenait Araley, qui ne pouvait souffrir ce genre d’évènements, qu’il considérait comme une agression réelle.
Il s’approcha d’un pas sûr de la jeune femme puis avec un mélange de fermeté et de douceur, lui attrapa le menton pour se pencher sur son visage.

« ...À ce titre, je vous conseille de ne plus jamais réitérer ce genre de choses si la situation ne vous y oblige pas et si cela peut me menacer directement. Je risquerais autrement de me rappeler de quel genre vous êtes et ce que mon devoir doit à l’encontre de gens... aussi effrontément impulsifs que vous... Méfiez-vous, je ne suis pas un de vos camarades d’école... »

Son index frappa doucement la joue pâle de la ténébreuse, puis Valère se redressa et la laissa plantée là, sans lui laisser le temps de lui répondre. Il savait que ce qu’il venait de dire risquait de ne pas faire d’Ella une amie, mais il n’en avait cure. Elle méritait de se faire remettre à sa place et il en avait parfaitement le droit.

« Apprenez à vous maitriser ! »

Lâcha-t-il d’un ton qui sembla plus léger et de ce fait ô plus combien méprisant, avant de disparaître au détour d’un couloir.