~ Virée nocturne ~ [libre]

Elle était à Londres depuis seulement quelques jours et déjà elle ressentait le mal qui régnait de toute part, ce sentiment de ne pas être à sa place, les gens qui ne voulaient plus sortir, ces rues si larges et pourtant si vides, qu'était donc cet homme pour être ainsi craint par tous ?
Elle se rendit alors compte que des États-Unis, on ne se rendait pas compte du malheur qui accablait ce monde. Elle était sortie de son hôtel pour s'aérer un peu l'esprit, cette ambiance pesait déjà lourdement sur elle et sur son état d'esprit. Elle avait enfilé une robe simple de sorcière de couleur noire, ses cheveux étaient lâchés et recouvraient partiellement son visage, une cape noire en soie sur ses épaules et son capuchon sur sa tête, elle marchait dans les rues du chemin de traverse, les pensées ailleurs, loin d'ici et du mal-être qui recouvrait les pavés sur lesquels ses talons résonnaient.
Elle observait les vitrines fermées, elle avait oublié qu'il était si tard, peut être 23h ou même minuit, mais elle avait toujours adoré se promener en pleine nuit et sentir le calme autour d'elle. Elle ne se rendait peut être pas compte du danger qu'elle courrait à marcher à une heure si tardive dans ces ruelles. Mais son besoin de liberté était bien trop grand, elle avait besoin de sentir que cette nouvelle vie dans cette ville n'allait pas la changer à jamais, qu'elle n'avait pas comme devoir de survivre, mais bel et bien celui de vivre, elle voulait se rassurer, voir encore un espoir dans ce cahot ambiant.

Elle s'arrêta devant une boutique de poupée magique et elle sourit, elles étaient si belles et si majestueuses, toutes avec leurs mains saluaient les gens même s'il n'y avait qu'elle comme spectatrice ce soir. Elle baissa son regard, si désolé pour ces gens et reprit sa marche, après quelques minutes, elle arriva près d'une ruelle plus étroite sur un panneau on pouvait y lire : Allée des Embrumes, quel nom étrange pour une allée, elle l'observa légèrement, tout avait l'air plus sombre ici, pas seulement parce qu'il faisait nuit, mais la chaleur semblait avoir quitté cet endroit, comme le peu d'espoir qui restait encore à cette ville, elle fit un pas en avant pour entreprendre la découverte de cet endroit, puis un autre pas et elle était déjà en train de marcher sur ces pavés, même le son de ses pas semblait différent ici, comme si le côté humain et vivant qu'ils pouvaient représenter n'avaient plus lieu ici.

Elle observa les devantures des boutiques ainsi que les noms de celle-ci, quel mal si étrange pouvait régner ici ? Elle connaissait un quartier similaire dans sa ville natale qu'était New York, mais même là-bas, elle pouvait toujours sentir une lueur d'espoir, dans cette ville qu'était Londres, elle avait de plus en plus de mal à la ressentir, elle était si gênée à présent d'y vivre, comme si sa place n'avait jamais été ici et ne le serait jamais.
Elle aurait peut-être dû choisir une autre ville, maintenant elle avait même peur d'être tuée à cause de ses origines comme les gens d'ici, est-ce que sa grand-mère maternelle qui était une moldue causerait sa mort ? Est-ce qu'elle devrait justifier de ses origines, est-ce que le fait d'être américaine ferait d'elle une personne à abattre ? Elle tremblait déjà de peur à l'idée qu'on lui demande des comptes sur sa vie, sa famille et ses origines, est-ce qu'ils allaient fouiller dans son passé, cette idée la fit s'arrêter net dans sa marche, est ce qu'ils allaient découvrir ce qu'elle avait fuit ?
Elle se retourna sur elle pour rechercher les quelques lumières venant du chemin de traverse, depuis combien de temps se trouvait elle dans cette allée étrange ? Assez longtemps pour ne trouver aucune des lumières accueillantes du chemin de traverse.
Elle croisa ses bras pour se réchauffer, le froid était si infiltrant ici. Elle commença à se diriger de nouveau vers le chemin quand un bruit de métal l'a fit se retourner, elle sortit sa baguette pour lancer un sort « lumos » pour essayer d'en voir un peu plus. Elle soupira de soulagement en découvrant un chat noir la fixer de ses yeux orange, l'animal miaula puis disparut en galopant gracieusement vers un trou dans le mur. ' Franchement Evey, la prochaine fois que tu voudras entreprendre une petite escapade dans les rues londoniennes, rappelle-toi de ne plus jamais revenir dans cette allée, elle donne vraiment la chair de poule ' Elle resta pourtant quelques instants à observer ce trou par lequel le chat avait disparu, il était si étrange...

"C'est dégueulasse !"
"Mange ça, t'auras rien d'autre !"
"C'est de la merde ! T'as autant de goût qu'une Bombabouse !"
"C'est la même chose que d'habitude ! Tu manges ça et c'est tout !"
"Et ton cul, banane !"

Mathias, cette fois, ne répliqua pas. Comme toujours depuis qu'il avait récupéré Haddock, il abandonna la joute verbale. Ca ne mènerait nulle part. Pourquoi, mais pourquoi Sia avait-elle voulu avoir un chartier ? Et pourquoi, Merlin, pourquoi le lui avait-elle laissé en le quittant ?

Mathias avait tout de même une solution, qu'il finissait par employer à chaque fois. Et pour tout dire, il l'avait piquée à Deryn, lorsque celle-ci lui avait rendu la créature. Attrapant sa baguette posée sur la table basse, il la pointa sur Haddock.

"Silencio."

A force, le chartier n'était plus surpris. Il tenta tout de même de dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa gueule. Le jeune homme soupira, reposant sa baguette pour attraper la télécommande, et ainsi baisser le son, qu'il avait monté pour couvrir les plaintes de Haddock, de la télévision.

Mais il n'y avait rien d'intéressant ce soir à l'écran. Mathias jeta un oeil à l'heure, au-dessus de la porte menant à sa chambre. 21h49. Il n'était pas très tard, il pouvait bien aller faire un tour. Sous le regard stupéfait de l'animal muet, l'aîné des fils Sullivan se leva pour se rendre dans la pièce voisine. Il ouvrit son placard pour en sortir un pantalon noir, une veste noire également, ainsi qu'une cape noire.

Une fois vêtu, il était tout à fait présentable, contrairement à d'habitude. La seule touche de couleur n'était pas visible : son caleçon jaune et rouge. Et hormis le fait qu'il était resté torse nu sous la veste, rien ne pouvait choquer outre-mesure. Après avoir bouclé la cape, il retourna dans le salon, éteignit la télé et attrapa ses clés.

"Si t'as faim, tu manges ce que t'as. Je ne sais pas quand je reviens."

Ignorant le regard lourd de reproches de Haddock, Mathias quitta l'appartement, après avoir mis un chapeau haut-de-forme, verrouilla et descendit l'escalier de l'immeuble. Parvenu dans la rue, il se laissa guider par le hasard de ses pas. La cape l'enveloppant totalement, il avait sa baguette magique dans la main droite. La main gauche, elle, manipulait comme habituellement un jeu de cartes.

Inconsciemment, Mathias avait marché vers un lieu qu'il connaissait : le Chemin de Traverse. Lorsqu'il se décida à lever la tête, il vit l'enseigne du Chaudron Baveur. Il entra dans le pub, salua le tenancier, Tom, et passa dans la petite cour arrière. Il passa le mur de briques et s'avança dans l'allée d'ordinaire peuplée, même à ces heures tardives.

"M'sieur ! M'sieur ! Siouplait ! J'ai pu rien ! Je..."

Ah. Voilà qui risquait d'arriver de plus en plus, avec la potentielle multiplication de ces mendiants de la magie. Mathias s'écarta légèrement, évitant la femme. Il n'avait pas les moyens de l'aider. Et même s'il les avait eus, il n'était pas sûr qu'il l'aurait secourue.

Passant à proximité de l'Allée des Embrumes, il y jeta un coup d'oeil. Alors qu'il détournait la tête, une lueur lointaine accrocha son attention. Il y avait quelqu'un, là-bas. Mathias n'était pas d'un naturel curieux. Mais là, il sentait qu'il n'y avait pas vraiment de danger. Ou alors, son instinct lui jouait des tours.

Après un court instant d'hésitation, il s'engouffra dans la sombre ruelle. Pointant sa baguette devant lui, il en alluma l'extrémité grâce à un sort informulé. La source de lumière qu'il avait aperçue grossissait à mesure de son avancée, et il se trouva finalement devant une jeune femme. Celle-ci était arrêtée devant un trou dans le mur. Et avait l'air déplacée dans le décor.

"Vous êtes perdue ?" demanda-t-il, sans abaisser sa baguette.

Sa question laissait planer l'ambigüité sur ses propres intentions. Pourquoi ne pas s'amuser un peu, avant de lui dire qu'il n'était pas un Mage noir ?

Evey était toujours en train d'éclairer le trou dans lequel le chat était entré. Il avait les extrémités étrangement dessinées, cela ressemblait surtout à un sort perdu lors d'un duel. Elle se redressa alors fixant droit devant elle, là où l'allée des embrumes semblait ne jamais prendre fin. Combien de duels voyait-elle par jour ? Combien de sorciers se battaient ici ? Et surtout, combien de mages noirs vivaient entre ces murs ? Elle ferait peut-être bien de déguerpir rapidement d'ici, si elle ne voulait pas finir en pâté pour chat. Elle recula d'un pas pour faire machine arrière quand le chat sortit la tête du trou une nouvelle fois, alors de nouveau elle orienta sa baguette pour l'éclairer, ce chat avait quelque chose d'étrange, un animagus peut-être ? Si c'était le cas, elle devait partir rapidement, elle recula pour observer une lueur s'approcher, une personne arrivait. Elle était coincée, elle observa impassible la lumière grossir vers elle, et lorsque l'homme fut face à elle, elle pointa sa baguette sur lui pour l'éclairer et l'observer.

"Vous êtes perdue ?"

Quelle question ! Est-ce qu'elle semblait perdue ? Si elle semblait perdue alors il penserait sans doute qu'il pourrait venir la tuer là, sans que personne ne s'en inquiète. Seulement bien sûr, si c'était un mage noir, mais par les temps qui courent on peut se demander, qui n'est pas mage noir ? Elle avait parfois l'impression que « cette maladie » semblait contaminer les Anglais.

Elle sourit légèrement, essayant de détendre l'atmosphère, ou plutôt essayant de se détendre, sa baguette tenue fermement dans sa main au cas où un sort de désarmement lui serait lancé, pensant fortement à un sort informulé prêt à être lancé pour se protéger d'un quelconque sort, du moment bien sûr qu'il ne s'agissait pas d'un sort impardonnable.

Son regard toujours perdu sur l'homme, elle continuait à l'observer, essayant d'imaginer qui, il pouvait être, et s'il était une personne dangereuse, bien sûr de l'extérieur, il ne semblait pas l'être, mais est-ce que tous les mages noirs ressemblaient à des mages noirs ? Elle avait de gros doutes là-dessus.
Enfin, elle prit son courage à deux mains, et s'avança d'un autre pas vers lui, elle baissa légèrement sa baguette pour n'éclairer que le torse de l'homme et non plus son visage, elle savait que cela pouvait être gênant d'avoir une lueur en plein dans les yeux.

- Pas vraiment, je m'apprêtais à retourner au chemin de traverse, j'ai seulement suivi un chat ici.

Bon, bien sûr elle s'était engouffrée ici sans aide du chat, mais le chat l'avait retardée et elle trouvait plus facile de résumer l'histoire ainsi, même si maintenant que la phrase avait été prononcée, elle trouvait stupide de venir dans cette allée à cause d'un simple chat, l'homme la prendrait certaine pour une dingue sortie tout droit de ses livres, mais après tout, c'était tout à fait elle, alors...

- Et vous ? Que faites-vous ici à cette heure ?

Était-ce bien intelligent de poser cette question à un parfait inconnu ? Car finalement, pourquoi est ce qu'il viendrait dans cette allée à cette heure, si ce n'est pour faire un trafic illégal. Cette pensée ne la rassura pas vraiment.

Impassible, Mathias attendait une réaction. Et vit qu'elle souriait. Pas un sourire franc, mais plutôt le genre de sourire qu'on adresse quand l'ambiance est un peu lourde et tendue, dans un lieu tel que l'Allée des Embrumes. Mais cela n'émut pas l'ancien Serpentard, dont la baguette était toujours levée, mais dont l'extrémité avait perdu en luminosité, simplement parce qu'un éclairage plus puissant aurait été stupidement inutile. Elle fit alors le premier pas, littéralement, s'avançant vers lui en abaissant sa baguette.

"Un chat ?"

Le langue-de-plomb tendit alors le bras sur sa droite, pour observer l'ouverture dans le mur. Il n'y avait pas la trace d'un animal. Les seuls êtres vivants présents, c'étaient eux-mêmes, la jeune fille curieuse et le vagabond en haut-de-forme. Et même si un représentant de la race féline s'était trouvé quelques instants auparavant dans les parages, il n'était plus là, et il n'était pas rare que de tels animaux traînent dans les coins sombres... Reportant son attention sur son interlocutrice, il sourit pour la première fois, lorsqu'elle l'interrogea sur sa présence en ces lieux.

"Ici, précisément, je parle avec vous."

Jouer sur les mots, quelle simple façon de se divertir. Rejetant légèrement son chapeau vers l'arrière, révélant ainsi, derrière ses lunettes, le tatouage sur son oeil droit, les deux traits verticaux, il répondit plus sérieusement :

"Je passais, simplement, lorsque j'ai aperçu de la lumière..."

Il désigna la baguette allumée de l'étudiante.

"Alors je me suis demandé qui pouvait bien, à cette heure avancée, avoir l'idée de se faire remarquer dans le plus mal famé des passages londoniens..."

En effet, tous ceux qui passaient la nuit dans l'Allée des Embrumes le faisaient en général pour être discret. S'éclairer et manifester ostensiblement sa présence n'était pas très prudent, ni même très intelligent...

"L'endroit n'est pas fréquentable, aussi permettez-moi de vous raccompagner vers le Chemin de Traverse."

Remettant son chapeau droit, sa baguette dans la main droite, il présenta son bras gauche à la jeune femme.

"Vous m'avez l'air bien jeune, et il serait fort dommage qu'il vous arrive quelque chose, surtout par les temps qui courent..."

Il avait beau être passé par Serpentard, il n'en était pas moins galant. Certes, la flatterie pouvait aussi être assimilée à une méthode toute serpentesque, mais elle pouvait également être sincère, de temps à autre. Et puis dans cette situation, rien n'avait encore vraiment été dit.

"Vous avez de la chance d'être tombée sur moi, mes intentions ne sont en rien semblables à celles des habituels rats qui passent dans ces bas-fonds du monde magique..."

Un petit coup pour lui.

"Les jolies jeunes femmes peuvent être des cibles privilégiées si jamais elles s'aventurent sur le territoire de la racaille."

Enfin, le premier compliment non masqué venait de sortir... Mathias était un incorrigible séducteur dans l'âme...

Elle l'observait avec une petite pointe de curiosité, essayant de voir comment il allait réagir à sa piètre excuse.

"Un chat ?"

Oui bon d'accord, c'était totalement nul, mais allez trouver une idée dans une allée pareille avec un inconnu qui vous pointe sa baguette sur le visage, c'était pas vraiment le moment le plus propice à l'imagination !
Il semblait chercher l'animal avec sa baguette et puisque celui-ci était parti, elle était certaine qui la prendrait réellement pour une folle, qu'allait-il croire ? Au mieux que c'était une dégénérée qui croit voir des animaux partout, au pire que c'était une fille de débauche. A bien y réfléchir, elle préférait peut-être être considérée comme une fille de débauche.

"Ici, précisément, je parle avec vous."

Et, elle avait à faire à un petit comique, est-ce que la situation n'était déjà pas assez humiliante pour elle, si sa mère avait été présente, nul doute que Evey l'aurait entendue crier sur elle avec toute sa sympathie habituelle.

Quand son tatouage apparut enfin à ses yeux, elle fronça les sourcils pour finalement loucher dessus, quelle drôle d'idée d'en faire un à cet emplacement, ce n'était pas vraiment ce qu'il y avait des plus discrets. Evey aussi en avait un, un tatouage magique qui reposait à sa cheville lorsqu'elle était debout et qui se trimbalait partout lorsqu'elle était couchée. Elle se demandait encore quelle chose l'avait piquée lorsqu'elle se l'était fait faire.

"Je passais, simplement, lorsque j'ai aperçu de la lumière..."
"Alors je me suis demandé qui pouvait bien, à cette heure avancée, avoir l'idée de se faire remarquer dans le plus mal famé des passages londoniens..."

A l'entendre parler, elle jurerait qu'il était en train de la traiter d'idiote. Elle pencha sa tête pour l'observer avec une petite pointe de dédain. Ne pouvait-il pas venir à son esprit qu'elle était étrangère et que cette allée bien que dégoutante n'avait pas immédiatement représenté un danger pour elle et qu'étant une jeune fille totalement innocente sur toutes les coutures, il ne lui était pas venu à l'esprit qu'allumer sa baguette constituait un crime impardonnable ?

"L'endroit n'est pas fréquentable, aussi permettez-moi de vous raccompagner vers le Chemin de Traverse."

Lorsqu'il lui tendit le bras gauche, elle se dit que finalement il n'était peut-être pas si mauvais que ça, même s'il portait ce genre de vêtement, peut-être qu'il était le genre de garçon à vivre encore chez sa mère et à se laisser habiller par elle, elle qui suivait encore la mode des années... A bien regarder les vêtements de l'homme, elle se demanda en quelle année cet accoutrement pouvait bien être à la mode...
Elle lui sourit finalement de cette manière angélique et innocente, pour prendre son bras et avancer avec lui vers ce chemin de traverse.

"Vous m'avez l'air bien jeune, et il serait fort dommage qu'il vous arrive quelque chose, surtout par les temps qui courent..."

Elle se rendit alors compte, qu'elle n'avait toujours pas ouvert la bouche, c'était peut-être un peu malpoli de le laisser ainsi faire la conversation.

- Je suis plutôt de votre avis, mais je pense aussi savoir me défendre.

Et elle savait que comme tout homme se croyant fort, beau et majestueux, il prendrait cela avec plaisanterie, parce qu'une jeune fille de son âge ne pouvait absolument pas se défendre à ses yeux.

"Vous avez de la chance d'être tombée sur moi, mes intentions ne sont en rien semblables à celles des habituels rats qui passent dans ces bas-fonds du monde magique..."

Ses intentions ? C'était vague ça, ses intentions pouvaient être nombreuses, la raccompagner gentiment jusqu'à sa chambre d'hôtel, entrer dans sa chambre d'hôtel, faire plus ample connaissance, ou bien d'autres choses encore. Seulement, le visage de Evey ne changeait pas, elle gardait ce regard paisible et sans crainte, comme si elle s'était toujours sentie en confiance pendant sa longue vie.

"Les jolies jeunes femmes peuvent être des cibles privilégiées si jamais elles s'aventurent sur le territoire de la racaille."

Elle releva son regard sur lui lentement, venait-il de la complimenter ? Un léger sourire en coin apparut sur son visage.

- Alors, il est fort heureux que je sois tombée sur vous, et non sur une de ces racailles. Et quel est le nom de mon chevaleresque sauveur ?

Ses yeux noirs étaient toujours posés sur lui, comme si elle essayait de trouver une faille, passant outre ses couleurs mal assorties et s'arrêtant sur ce tatouage si étrange.

[C'est libre, non ? Je m'invite \o/]

"Liiiiiviiiious."

Livious venait d'entrer dans la boutique d'animaux magiques de l'allée des embrumes. Le vendeur, une de ces vieille connaissance, l'accueillit avec un bon gros sourire de crapaud baveux. Le jeune auror vint lui serrer la main. Si vous voulez un secret, le jeune homme hésita longuement sur la façon dont il fallait saluer ce vendeur, lui grattouiller le cuir chevelu ou bien lui dire bonjour de loin. En effet, il n'avait rien à envier à la laideur des bestioles qu'il vendait et sa voix montait désagréablement dans les aigus à chaque fois que le son I se manifestait. Il était venu voir le vendeur juste avant l'attaque de poudlard et il était temps qu'il récupère les bestioles qu'il avait commandé avant de...Avant de...Avant d'être recherché par les mangemorts, peut être ? Et que l'Allée des embrumes devienne réellement trop dangereuse pour lui.

Il entra dans la remise, la boutique était vide depuis un moment, en effet, il était venu chercher ses bestioles assez tard, de façon à ne croiser pas trop de monde qu'il connaissait. Il n'y a que des ennemis pour trainer dans les rues à cette heure là. Non, rien ne sert de chercher une logique dans les propos stupide, de ce jeune homme stupide qui tenait à présent entre ses bras un stupide bocal rempli d'eau. Le vendeur, avec une louche, préleva deux bestioles dans le liquide d'origine et les mit dans le bocal de Livious.

Il serait peut être grand temps que je vous explique de quoi il s'agit.
Peut être.
Et bien en fait...
Livious avait attrapé la même maladie qu'Hagrid, à un stade moins avancé. C'est à dire qu'il se passionnait par les animaux magiques les plus rares et souvent les plus imprévisibles. Là, il avait entre les bras, deux magnifiques bébés poulpes fluorescents femelles. Oui. Tout ça.
Mais avouons une chose, c'est que les deux petits poulpes étaient adorables et changeait de couleurs avec le temps. C'était adorable. Livious était aux anges. Il sortit, le bocal caché dans son chapeau haut de forme, sous sa cape. Il ne l'avait pas mis à l'intérieur entièrement (de peur qui se brise dans la dimension de poche) mais le tenait caché en dessous pour que des éclats de lumières ne s'en échappe pas. Il y avait donc une grosse bosse sur le devant de sa cape absolument pas discrète.
Il pourrait se transplaner immédiatement mais il avait peur de l'effet sur les bestioles.

Il marchait donc dans la rue déserte.Il y croisa même un couple.

"Les jolies jeunes femmes peuvent être des cibles privilégiées si jamais elles s'aventurent sur le territoire de la racaille."

Il était sûr de reconnaitre cette voix. Il se tourna presque dans un réflexe vers l'homme, il était pas trop mal fringué pour le Sullivan à qui appartenait cette voix. Cette drague lourde et précieuse lui appartenait bien par contre.

"Mathias ?!"

Par Merlin ! Et la bosse, il allait se poser des questions. Et sa présence ici, comment se justifier devant Papa Mathias ? Livious, par un mouvement de poignet assez rapide fit glissé le bocal et le chapeau dans son dos.

"Avant que tu demande...Euhhh. Je suis ici car...Je...Suivais un chat. Oui, voila. J'ai vu un chat passer et je regardais où il allait. Je retournais d'ailleurs sur le chemin de Traverse. "

La vieille excuse du chat, ça marchait presque toujours. Il remarqua la jeune fille à coté de son frère et fit une légère révérence, la prenait pour la nouvelle copine de Mathias.

"Je suis plutôt de votre avis, mais je pense aussi savoir me défendre." avait-elle rétorqué, arrachant un petit sourire à Mathias.

Et c'est ainsi que l'improbable couple fit route vers le Chemin de Traverse, elle lui tenant le bras, lui gardant un oeil sur le passage au cas où une inopportune interruption viendrait se présenter à eux.

"Alors, il est fort heureux que je sois tombée sur vous, et non sur une de ces racailles. Et quel est le nom de mon chevaleresque sauveur ?"

Mathias s'apprêtait à répondre, lorsque quelqu'un eut l'amabilité de le faire pour lui :

"Mathias ?!"

Dans la demi-seconde qui suivit, le susnommé ajouta :

"Oui... En effet, Mathias, Mathias Sullivan."

Il s'était à la fois adressé à Evey, car il était encore à la conversation, et à l'inconnu qui avait prononcé son prénom. D'abord stupéfait, le Langue-de-Plomb constata que le jeune homme n'était autre que son frère ! Celui-ci, d'ailleurs, anticipa toute remarque :

"Avant que tu demandes... Euhhh. Je suis ici car...Je...Suivais un chat. Oui, voila. J'ai vu un chat passer et je regardais où il allait. Je retournais d'ailleurs sur le chemin de Traverse."

Un chat ?? Comment, lui aussi ?? Etait-ce donc le soir des chats ? Un représentant de la race féline avait-il organisé une réunion pour ses semblables ? Mathias remarqua la petite révérence, son frère aussi était galant. Il aurait été fier si...

"Tu as vu un chat ? Il se trouve que la demoiselle ici présente également..."

Faisant un pas en arrière, il désigna le frangin, puis la jeune femme.

"Mon frère, Livious, et mademoiselle..?"

Et oui, avec ça, il ne connaissait pas son nom, à elle. Rencontrer Livious, comme ça, dans l'Allée des Embrumes ! Et précisément ce soir ! Non, il devait y avoir botruc sous souche.

"Tu me caches quelque chose, toi." annonça-t-il, en pointant Livious du doigt.

Levant un peu sa baguette, il éclaira son frère, cherchant la faille. Comme il le connaissait, la vieille excuse du chat restait une vieille excuse, et il y avait autre chose.

"Pardonnez-moi pour le retard que nous prenons sur le chemin du retour..." glissa-t-il à Evey, pour la faire patienter un peu, alors qu'il attendait une explication de Livious.

Pourquoi, Merlin, fallait-il que leur père se soit trouvé être un mauvais père, laissant à son aîné la responsabilité de... son frère, qui traînait le soir dans l'Allée des Embrumes ! S'il n'avait pas eu un minimum le sens des responsabilités, que seraient devenus ses deux jeunes frères ? Sans une mère, décédée, et un père, à qui l'emploi ne convenait pas ?

Mathias ôta son chapeau, qu'il garda dans une main, sa baguette dans l'autre, et croisa les bras. Certes, Livious était majeur, désormais, mais il avait intérêt à rendre des comptes à son aîné, lui qui s'était chargé du rôle de père. Un minimum de reconnaissance n'était pas de refus !