« McCandless j’ai du boulot pour vous ! Faites pas cette tête vous avez eu trois mois de vacances. Le dossier Schwartz»

Il se foutait de sa gueule ? Le dossier était froid comme un macchabée… C’était histoire de la coller aux chiens écrasés et trouver une excuse pour empêcher sa réaffectation au service actif ou quoi ? Elle ce qu’elle voulait c’était les sections d’interventions, envoyer deux trois mangemorts illico presto faire bisous bisous avec les détraqueurs et puis basta.

Son supérieur direct était un être acariâtre et myosine. Une combinaison très clairement insupportable surtout quand il comparait votre hospitalisation forcée en soin des blessures magiques avec le club med. Dans ses circonstances, il fallait juste se mordre très fort la langue et penser à un champ de betteraves. Non pas un lieu agréable, ni désagréable qui pourrait ramener à la surfaces des sentiments humains…Non un champ de betteraves. Fade, sans intérêt, froid. Parfait.

« J’sais qu’le vieux CoincePorc aurait fait du meilleur boulot que vous mais il a été tué dans un accident de balais…Collision avec un Magnard à Pointe. Autant vous dire qu’il n’en restait plus grand-chose. Le dossier ayant disparu, vous reprenez l’enquête. Et pas de connerie, ils étaient de la maison. »

Une légère inclinaison des sourcils indiqua clairement à la jeune femme qu’il ne plaisantait pas et que si elle ratait le coche, elle se retrouverait aux archives pour les cinquante années à venir…Et puis, si elle était restée sur le carreaux, il y’a trois mois, elle aussi aurait aimé que l’on s’occupe de ses bourreaux.

Franz et Julia Schwartz. Deux aurors. Deux morts. Une maison qui a pris feu instantanément et une centaine de moldus à surveiller… Pourquoi y’avait il ce symbole morbide flottant au dessus de la maison ? Et ses pauvres gens qui travaillaient aux impôts, qui ne faisaient de mal à personne ? Franz et Julia Schwartz. Les deux visages qui avaient rejoint le mur des victimes du lord noir. Deux de plus, deux de moins…A force, Remy commençait à se blaser sérieusement. Surtout quand vous rendez malheureusement compte que vous auriez très bien pu y être aussi affiché sur ce mur. Un sourire éclatant collé éternellement au visage et des parents pour vous pleurer.

Elle sentait encore la douleur ramper sous sa peau, certaine nuit, et ses plaies se rouvrir…Décidément, le sortilège de Rictusempra était loin d’être de la rigolade et les mois qu’elle avait passé à torturer les médicomage de Sainte Mangouste en témoignait. Avec du recul, elle en éprouvait du remord.

« Bienvenue à la maison Rem ! »

Lui, c’est gueule d’amour, alias Tobias Todd, le don juan de l’unité. Il avait passé l’année précédente à tenter de la mettre dans son lit, jusqu’à ce qu’il la voit couverte de plaie ouverte et béante à l’hôpital. Depuis, il avait du mal à dissocier cette image de la pétulante jeune femme au regard vif qui s’asseyait en face de lui. Il semblait presque nerveux pour le coup…ou était passée sa gouaille presque inhumaine. Le jeune homme fixait le dossier comme une poule un renard. Il siffla entre ses dents :

« Fait attention à toi… Y’a un truc de pas clair avec cette histoire. »

Pas clair…logique on parlait de mangemort…pas qu’elle en soit surprise vu que son boulot était justement de leur faire manger la poussière par les trous de nez avant de leur éclater les dents une par une sur le macadam. Autant certains apprentis mangemort ou autre mage noirs avaient des griefs contre l’amour, l’égalité, la fraternité ou tout simplement l’humanité, autant quand on est quelqu’un d’équilibré qui s’étaient vu se transformer en découpe de bœuf, on avait de quoi avoir une haine viscérale pour ce genre de nuisible…Surtout quand la femme que vous aimiez c’était tirée pour une autre à cause de ce regrettable « accident ».

« Merci pour ce renseignement Todd…Je suis sûre que ça me sauvera la vie. T’as d’autres conneries à ajouter où je peux commencer à travailler ? »

Avec l’énergie du désespoir, la jeune femme avait repris le dossier à zéro, ce qui signifiait, recontacter les oubliators, les réparateurs de catastrophes magiques, les brigades d’intervention et tout le toutim. Une seule personne manquait à l’appel : la fille. Elle s’était renseignée. 19 ans, ancienne serpentarde décidée à rentrer au bureau des aurors. Peu de contact avec sa famille depuis une certaine fugue. Les informations étaient maigres mais tout de même…Que deux aurors se fassent dézinguer par des mangemorts au cours d’une intervention, cela restait du domaine de la banalité mais chez eux, cela demeurait presque impossible. Les systèmes de sécurité étaient tels qu’il demeurait presque impossible de les localiser, sauf si on savait qui était le gardien du secret et que l’on arrivait à le faire chanter ou le mettre dans son camp.

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Mai 1997
Demeure des Shwartz

Le village était morne. Comme tous les villages de ce style d’ailleurs. La campagne rendait le monde gris, les gens gris et la vie y était mortelle. Soyons clair. Remy était une fille de la ville et de la montagne…mais la rase campagne britannique la rendait chèvre…et ce fut l’une des raisons du pourquoi elle s’empressa de rejoindre le point de rendez vous.

*Par le chaudron à trois pattes, ils vont arrêter de me regarder ces bouseux ?*

Soit, Remy était une jolie femme mais ce n’était pas une raison pour observer ses six heures comme un biologiste étudierait une drosophilia melanogaster . Surtout que pour une fois, heureuse de se retrouver loin du monde sorcier, elle avait troqué sa cape sombre et sa robe de sorcier pour un jeans et un trench coat afin de supporter la fraîcheur particulièrement vive de cette matinée.

Elle avait contacté la jeune Shwartz par hibou prioritaire, il y’a de cela une semaine. La convocation étant officielle, l’élève était exempté de cours ce jour là et pouvait donc s’y rendre. Si ce n’était pas le cas, autant vous dire que l’orpheline aurait plus qu’une auror en colère à se coltiner. Derrière elle, les ruines d’une maison qui avait pu être une belle propriété mais qui sous cette forme à moitié effondrée avait le faste d’une grange à foin.

Et les cloches sonnèrent la naissance d’une nouvelle heure…

Une convocation officielle. Comme si Ella n'avait que ça à faire de se rendre sur les lieux du crimes pour répondre aux questions d'une idiote d'auror incompétente qui avait décidé de réouvrir le dossier après plusieurs mois.. Seulement la demoiselle pouvait difficilement refuser de s'y rendre, non seulement ce serait suspect et surtout les aurors risquaient de ne pas la lâcher dans ce cas.. Inutile de préciser que la demoiselle n'avait aucune envie d'y aller, quelle perte de temps ! Et dire qu'elle allait devoir rattraper une journée de cours pour se rendre à ce rendez vous et raconter encore un tissu de mensonges en jouant la comédie ! D'ailleurs pourquoi donc le service des aurors réexaminait il ce dossier ? Avait il une piste ? des soupçons ? Sur elle ?? Non.. impossible.. Ils voulaient sans doute son aide car elle était la fille unique de Franz et Julie Schwarz..

Agrafant sa longue cape noire sur ses épaules par dessus une élégante robe de la même couleur avant de transplaner dans le village où résidaient ses parents. Le temps était toujours gris et frais, seuls quelques villageois traînaient dans la rue, regardant la nouvelle venue avec un intérêt curieux. Désireuse d'en finir le plus vite possible, la belle hâta le pas en direction du lieu de rendez vous, se préparant mentalement à devoir faire front à toutes les questions qu'on allait sans doute lui poser. La première chose qui frappa la jeune femme fut les ruines de ce qui avait été sa maison.. l'Allemande aurait préféré que Sven ne fasse pas tout brûler, certes elle avait l'assurance sur la baraque et qu'elle n'avait que faire de cette maison mais c'était son héritage quand même.. Enfin, on pouvait toujours faire reconstruire.. Son regard de jade se posa alors sur une femme assez jeune, immobile sur le trottoir d'en face semblant attendre, ce devait être l'auror. Inspirant une fois, Ella s'approcha de la jeune femme le visage impénétrable, désireuse d'en finir au plus vite.

- Bonjour, je suis Ella Schwarz.. lança la jeune demoiselle avec un ton poli et officiel, inutile d'en faire trop, de toute façon l'auror devait bien se doutait qu'elle n'avait aucun plaisir à être ici et il était inutile de le cacher.

Son jeu parfait d'actrice avait commencé, la ténébreuse était à présent cette fille en deuil, troublée par le fait de revenir dans cet endroit où elle avait grandi, désirant aider si elle le pouvait et partir au plus vite. La dernière fois qu'elle était venue, ses parents l'avait accueilli à bras ouverts et elle les avait assassiné de sang froid, avant de quitter la maison en flemme. Quelle sensation étrange.. Pas que la maison ou ses parents lui manquaient non, depuis sa fuite elle avait gagné son indépendance et n'avait pas besoin d'eux le moins du monde. Enfin avec sa facilité à mentir, elle n'aurait aucun mal à faire illusion, comme toujours.

- Si je peux vous être utile en quoi que ce soit.. Avez vous découvert quelque chose sur les coupables ?

L'étudiante détailla la jeune auror avec un intérêt poli, attendant sa réaction pour s'adapter en fonction. Il semblait improbable qu'elle puisse avoir des soupçons, non Ella restait convaincue que l'enquête en était au point mort. Cette mission était un succès, un double meurtre parfait sans indice autre que la signature des mangemorts. Or le ministère avec tous ses aurors se montrait toujours aussi incapable de trouver les fidèles du Lord présent en son sein même..

Cheveux rouge sang, yeux vert…Longue cape et robe de sorcier. Pas de doutes, voilà la cible. Enfin la gamine. Fallait dire qu’elle n’avait pas encore changé de look la gosse, ça faisait très Poudlard. Enfin techniquement elle s’en foutait. Ce n’était pas son job et au final ça ne lui apporterait de plus dans sa vie que de s’attacher à ce genre de considération…et ce n’est pas ça non plus qui lui rendrait son poste.

« Remy McCandless, je suis chargé de l’enquête sur le meurtre de vos parents ».

Elle était d’ailleurs persuadée que son interlocutrice s’était attendue à un homme. Avec un prénom comme le sien, elle s’était habituée à ce genre de réaction. Un léger froncement de sourcil ou un tressaillement d’un muscle…Ici, rien ne transparaissait. Tellement rien qu’elle en aurait presque eu la chair de poule.

Elle fourra ses mains dans ses poches et se tourna vers la maison. Son regard se perdit dans les cendres avant qu’il ne se recentre sur l’objet de ses interrogations.

« Si je peux vous être utile en quoi que ce soit.. Avez-vous découvert quelques choses sur les coupables ? »

L’auror haussa les épaules avec une moue désabusée. Autant être directe tout de suite. La jeune femme avait le droit à la vérité. Elle ne pouvait d’ailleurs lui offrir que cela, la vérité.

« La vérité c’est que la personne en charge de ce dossier est malheureusement décédée et qu’au vue de la disparition ô combien mystérieuse des documents qui relataient des évènements, j’ai dû reprendre l’enquête à zéro et donc vous interrogez à nouveau. »

Elle fit une pause, laissant le temps à la personne d’en face de digérer l’information. Puis elle reprit.

« J’ai fait ce que j’ai pu, mais les données qu’il me reste sont assez partielles et ne peuvent constituer des éléments solides pour le moment. »

La chasseuse de mage noir resta très droite, et n’esquissa pas le moindre mouvement avant qu’elle ne lâche :

« Et quitte à être honnête avec vous, je ne suis pas ravie qu’on m’ait balancé sur cette enquête. C’est une sorte de punition. Mais rassurez vous, je ferai bien mon boulot et je coincerai les salopards qui ont fait ça. Parce qu’attaquer une famille, dans sa maison, la nuit, c’est une attitude lâche. J’ai risqué ma peau, mademoiselle Shwarz…mais je savais contre qui je me battais et je savais que j’allais me battre. C‘est la vie de soldat.»

Plantant son regard acier dans celui émeraude de l’étudiante elle continua :

« Tout cela pour vous dire que n’ai aucun intérêt personnel dans cet histoire mais que c’est bien pour cette raison que je vais faire tout mon possible pour coincer cette bande de pantins grotesques et consanguins. »

Remy soupira.

« Aviez vous une quelconque connaissances d'activités anormales autour de la maison dans les semaines précédents l'accident ? Vos parents étaient ils inquiets ? »

Habillée entièrement dans un accoutrement de moldu, l'auror probablement fière de ses origines, estimait peut être que revêtir une cape comme tout sorcier risquait d'attirer l'attention de la communauté non magique ? Quelle idée de devoir cacher son statut de sorcière, c'était ridicule, enfin Ella n'était pas ici pour juger cette nouvelle recrue du département des aurors. Remy McCandless, tel était son nom, ses parents s'attendaient probablement à mettre au monde un garçon, mais ça encore c'était le dernier de ses soucis et la demoiselle ne laissa pas transparaître un quelconque signe trahissant la surprise ou l'étonnement. Sa présence ici était liée à une raison bien précise: aider à l'avancement de cette enquête. Ella allait donc s'arranger pour ne dire rien de plus que ce que les aurors devaient déjà savoir tout en montrant toute sa bonne volonté et sa coopération.

La ténébreuse acquiesça d'un simple signe de tête, parfaitement neutre. Evidemment, que ferait cette Remy ici si elle ne s'occupait pas de l'affaire du meurtre. En revanche, la séduisante jeune femme ignorait que le décès de le personne chargée précédemment de l'enquête et fronça légèrement les sourcils, un geste pouvant être interprété de diverses manières en réalité. S'agissait il d'un nouveau meurtre ? L'auror en question aurait il mis la main sur un indice aussi improbable que cela puisse sembler ? Ella en aurait été informé pourtant, pouvait il alors s'agir d'un simple accident ? Enfin quoi qu'il en soit, Remy ne réussirait pas davantage à trouver le coupable_ les coupables devrait elle dire_ que son prédécesseur, quand bien même elle l'avait sous les yeux. L'auror ne tarda d'ailleurs pas à lui avouer qu'elle ne disposait pas d'assez d'indices pour avancer dans les investigations, quel dommage n'est ce pas ? Il semblerait aussi que la jeune femme éprouvait le même plaisir à être ici que la mangemorte elle-même, mais remplirait sa mission consciencieusement. Finalement ces deux femmes que tout opposait avaient deux points communs..

L'Allemande ne pouvait qu'admirer la détermination et le sérieux de cette femme, dans un sens Ella aurait certainement fait pareil à sa place, n'accomplissait elle pas chacune de ses missions avec le même soucis de la perfection ? Même si dans ce cas, c'était peine perdue.. La détermination aussi forte soit elle n'a jamais fait apparaître de preuve.. Hochant une nouvelle fois la tête pour témoigner son approbation, l'étudiante répondit d'une voix égale, gardant son expression impénétrable.

- Je vous remercie.. J'apprécie de voir que vous prenez cette affaire à coeur et que vous ferez votre possible pour arrêter les monstres qui ont fait ça.

Affichant un sérieux à toute épreuve, la ténébreuse trouva pourtant l'expression de pantins grotesques et consanguins tout à fait amusante, sans n'en laisser rien paraître. C'était donc cela l'idée que Miss McCandless se faisait des mangemorts ? Dans un sens, elle n'avait pas tout à fait tord, mais cela correspondait surtout à l'idéal de grandes familles pro-sang pur où les héritiers se mariaient entre eux pour préserver la pureté du sang, il ne s'agissait pas nécessairement de mangemorts, un amalgame que beaucoup font qui est une erreur grossière en vérité. Peu de fidèle du mage noir sont véritablement des sang-purs, et quand aux relations des dits mangemorts, elle ne sont pas tout à fait conforme à la cause.. La punition de James Kirkby pour ses rapports homosexuels avec Grim est un bon exemple.. Et honnêtement Ella se moquait bien que ses amants d'un soir soit des sang purs ou des sangs de bourbe.. :sifle: Enfin à quoi bon la détromper ? Ce profil arrangeait bien la demoiselle finalement, en tant que jeune femme indépendante de sang mêlé, elle en était on ne peut plus éloignée.. Il suffisait qu'elle prenne sur son orgueil et laisse passer l'insulte, de toute manière elle ne se sentait pas concernée par la description..

Après ce flot de paroles vaseuses on en arrivait enfin à la raison de la présence de l'héritière des Schwarz ici, à savoir si elle connaissait des choses qu'elle aurait du ignorer. Sa réponse était toute faite. Simulant un air peiné, la jeune lady répondit avec un ton légèrement gêné pour parfaire sa comédie.

- A vrai dire.. cela fait près de 6 ans que je ne suis pas revenue ici.. Adolescente je ne m'entendais pas bien avec mes parents et j'ai fugué chez mon oncle lorsque j'avais 13 ans.. Bien sur, je voulais revenir mais... Si j'avais su qu'ils allaient.. ajouta la jeune femme avec une voix hésitante trahissant l'émotion dans l'intonation, tout un art. Enfin si elle avait pu tromper ses propres parents avec ses mensonges cela n'avait rien d'étonnant..

- Je crois que le pire c'est de savoir que je vais devoir vivre avec ça..

Ella détestait plus que tout devoir jouer les victimes, mais pour être crédible, elle n'avait guère le choix. Reprenant ensuite d'une voix plus déterminée et décidée, Ella poursuivit:

- Tout ce que je sais, c'est que mes parents ont toujours protégé la maison avec divers enchantements et elle était aussi sous le secret du fidélitas.. Je n'ai ,en revanche, jamais su qui était leur gardien.. J'ai pensé qu'il devait s'agir d'un de leur ami au service des aurors, mais je ne suis sure de rien...
J'aimerais vous aider davantage, mais j'ignore comment ça a pu se produire..

La jeune femme avait simplement hoché la tête. Cela ne lui donnait guère d’information. Tous les aurors bardaient leur maison de sortilèges, certains même, comme le vieux Fol Œil devenait totalement paranoïaque….Pour ce qui était d’avoir un gardien, la jeune femme n’avait pas assez de contact avec l’extérieur pour vouloir véritablement confier ce terrible secret. C’était sûrement la raison de ses constants déménagements, de son manque d’attache… Elle avait appris à en avoir guère besoin de toute manière.

« Nous connaissons la procédure. Etre auror, c’est un peu comme vivre sous couverture toute sa vie. Cela ne laisse guère de place à l’improvisation. Auriez vous par hasard, des noms d’amis proches, de confidents… Je comprends que vous n’aviez plus de contact avec vos parents depuis de nombreuses années mais le sortilège de fidelitas date de l’installation dans cette demeure. J’imagine que celle-ci est antérieure à votre naissance. »

Enfonçant les mains dans ses poches pour la énième fois de la journée en fronçant les sourcils. Si le chef avait voulu la coller au fond du trou, il n’aurait pas trouvé mieux que cette affaire. Des impasses. Une ruelle dérobée et un cul de sac. Quand elle pensait saisir une piste, tout se dérobait, se délitait. Elle en devenait folle.

« Pour ce qui est des amis aurors de vos parents…aucun d’entre eux n’ a fait mention d‘un quelconque pacte de fidelitas…Et je n’en voit aucun qui ait pu être responsable de ce carnage…De même que sans soupçon fondé, je ne peux les passer sous véritsarum ou autre procédé visant à avoir rapidement une réponse à mes questions…Nombreuses. »

Il était inimaginable pour Remy, qu’un membre du bureau ait pu se joindre à l’ennemi. C’était crédule mais elle leur faisait confiance,un confiance parfois aveugle. Il ne fallait pas croire qu’elle les adorait mais il lui était possible de remettre sa vie entre les mains de n’importe lequel de ses collègues, même gueule d’amour, malgré son penchant pour la drague. Ils étaient une famille. Bizarre, hétéroclite, avec son lot de tête à claque, l’oncle râleur, le beau gosse, la lesbienne asociale et cynique, la blonde, la maladroite, le pro, le killeur, le fonceur… mais aucun d’entre eux n’aurait pu tuer de sang froid l’un de ses camarades. Si l’on commençait à parler comme ça, on commettait des erreurs. On regardait derrière son dos pour surveiller son collègue. Avoir peur de l’extérieur oui mais pas peur de faire confiance…Le serment de fidelitas demandait plus que de la confiance, il demandait un abandon de soi à l’autre…des deux parties.

« Si le ou les assassins pensent avoir effectué le meurtre parfait, je leur rétorquerai que tous le monde fait des erreurs…et même si cela me prend du temps, je la trouverai, soit elle si infime. »

La détermination n’avait peut être jamais apporté de preuve mais elle aidait à en trouver. Personne n’était parfait et ceux qui pensait l’être, du haut de leur arrogance, se retrouvait tôt ou tard mis à bas de leur piédestal avec une prompte rapidité.

« Je vous le promet… Je les coincerai. Un crime ne doit pas rester impuni. »

On lui avait déjà posé la question du pourquoi elle ne lâchait jamais l’affaire. Remy n’avait jamais vraiment su. Comme le pitbull il fallait qu’on l’abatte pour qu’elle puisse ranger ses crocs, ses griffes et autres trucs coupants qu’elle sortait de temps à autre. Peut être l’épée de Damoclès qui lui pendait au dessus de la tête depuis sa naissance, qui faisait qu’elle allait peut être mourir dans une dizaine d’année. Il fallait être utile, mettre le temps qui lui était alloué à construire quelque chose de grand.

« En tout cas, si vous avez le moindre problème, vous pouvez passer au bureau. Nous sommes une grande famille et nous ne laissons jamais les nôtres dans le besoin ».

Si elle avait eu conscience de laisser entrer le loup dans la bergerie ? Absolument pas. Et puis, elle n’avait aucune raison de croire que sous ce côté victime, se cachait une psychopathe mangemorte. De plus que Remy ne faisait que proposer ce que le vieux CoincePorc avait déjà dû lui dire quelque mois plus tôt.

« J’ai entendu dire que vous vouliez nous rejoindre une fois vos études terminées… »

Elle ne comprenait pas cette recrudescence de demandes pour être auror. C’était un boulot affreusement dur. Il n’y avait pas super héros. Il fallait vous lever le matin pour voir des viscères, des êtres déformés, des apparitions que même vos pires cauchemars vous épargnent. Si Remy avait choisi cette voix, c’était par pur déni de sa vie. Elle se savait condamnée à plus ou moins long terme… Chez les aurors, il n’y avait pas de perspective d’avenir, surtout depuis que le « Saigneur » des Ténèbres étaient revenus… Le plus grand sociopathe depuis Ted Bundy avec en prime une armée de toutou à sa solde.

Comment elle considérait les mangemorts ? En grande partie comme un ramassis de faibles et de lâches à qui on avait donné des joujoux mortels. Des personnes incapables de raisonnement. En somme, pour avoir étudié l’histoire moldue, la jeune femme avait l’impression de subir les assauts d’un Hitler sorcier.

- Et bien.. il me semble que mes parents s'entendaient très bien avec Monsieur Rupert Dursang, je crois bien qu'il est auror également..

Rupert Dursang… Ce nom lui disait vaguement quelque chose… Peut être l’avait -elle croisé un jour… Il fallait dire qu’avant sa blessure, elle était plutôt du genre à éplucher la presse moldue, persuadée que certains évènements inexpliqués, certains crimes atroces, ne pouvaient être commis sans l’aide précieuse d’un élément sorcier. Remy n’était pas assez dupe pour penser que les moldus étaient sourds, aveugles et muets… De ce fait, on ne pouvait pas dire qu’elle avait beaucoup de liens avec les autres membres de son département…Ca c’était avant que le sort lui apprennent à jouer en équipe.

*Rupert Dursang… *

Irritée par le fait de ne pouvoir remettre un visage sur ce nom, elle sortit un bloc de papier vierge et un stylo bille avant d’inscrire le patronyme d’une écriture nerveuse. Oui, l’auror n’avait jamais réussi totalement à ce faire aux parchemins et à la plume… Pour elle rien était plus efficace qu’un stylo bille, surtout pour ce qui était d’écrire vite et bien, sans bavure.

-Bon, je me renseignerai sur lui…Je verrai bien ce que je pourrais en tirer.

Elle ne voulait pas se réjouir trop vite…Dans cette affaire, les cul-de-sac étaient tellement nombreux que ça en devenait presque invivable. Bientôt, elle demanderai à classer l’affaire, fautes de preuves. On mettrait le crime sous le nom mangemort et ça serait fini. De toute façon, ils étaient tous voués à finir dans ses filets non ? Du moins le pensait elle.

S’avançant avec grâce au milieu des décombres, comme si elle avait été une banshee ou autre créature qui évoluait dans des lieux morbides, la jeune femme tentait de s’imprimer de la configuration des lieux. On avait retrouvé les corps, calcinés, peu reconnaissable, mais seul un crétin pouvait penser qu’il les ferait disparaître totalement par les flammes. Les chairs brûlaient, les os moins bien. Remy s’était habituée à l’atmosphère pesante des lieux de crimes… Il y avait comme une aura, un goût de sang. Ici, juste les cendres, et un ciel gris….A ce demander quand finissaient l’un…Surement là où la grande bâtisse incendiée se découpait tel un oiseau de mauvaise augure sur les nuages.

- Y avait il des accès de sortie secret ? Les assaillants étaient-ils obligés de passer par la porte d’entrée ?

Logiquement, l’un des premiers enchantements que l’on effectuait était une protection d’antitransplanage. Sinon c’était comme inviter Lord Voldemort lui-même à une garden party pleine d’opposant. Autant dire que sous leur couverture, les deux macchabée n’étaient pas évident à trouver. Le ministère ne faisait d’ailleurs pas un trop mauvais boulot pour le coup. Stage d’intégration à la culture moldue, permis de conduire, équipement complet de la maison. Histoire que vos voisins curieux ne se posent pas de questions si vous cuisiniez une dinde rôtie pour le repas de Noël sans four.

Si les soupçons de l’étudiante étaient fondés, il faudrait qu’elle demande la permission d’utiliser le veritaserum…Idée qui lui passerait bien vite, quand elle apprendrait qu’il était mort. Rien ne pressait de toute manière, il était hors de question d’envoyer un hibou au ministère quand elle y serait dans la journée.

« Les effets personnels de vos parents ? Bien entendu. J’ai peur qu’il n’en reste pas grand-chose mais je vous les ferais porter. »

Elle avait de la peine pour la gamine. Au cœur « pur », la compassion. Même si la justice se devait d’être froide, la jeune femme n’avait jamais cessé de ressentir cette émotion.

« Permettez moi de vous adresser mes plus sincères condoléances… J’étais dans l’incapacité de les exprimer au moment de cet évènement tragique.

Remy avait marché dans son histoire, elle aurait une surprise lorsqu'elle se rendrait compte que le bonhomme était mort et qu'elle ne disposait plus d'aucun indice pour poursuivre l'enquête. En réalité Ella regrettait simplement de ne avoir de pigeon à qui faire porter le chapeau, une personne dont elle aurait pu se venger, mais l'expérience démontrait qu'il valait mieux agir ainsi, avec des fausses pistes on peut toujours rebondir et avancer, mieux valait donc qu'il n'y ait pas d'indices du tout. La ténébreuse réfléchis un instant pour apporter une réponse à l'auror concernant les entrées possibles, d'après ce qu'elle en savait, la résidence n'avait jamais compté le moindre passage secret. D'ailleurs, Ella avait étudier les différentes possibilités qui s'offraient à elle pour ce meurtre, elle aurait pu attirer ses parents hors de la maison, mais dans ce cas, ils auraient été d'autant plus sur leur gardes, et en raison du sortilège d'anti-transplange, le meilleur moyen d'entrer dans la maison était la porte, c'est pourquoi elle avait mis en place toute cette mise en scène..

- Il y a une porte à l'arrière de la maison pour accéder au jardin, mais la propriété étant protégée par un sortilège d'anti-transplanage cela semble impossible.. Je ne vois que deux moyens, la porte d'entrée ou le réseau des cheminées..

La piste du réseau des cheminées était parfaite, dans la mesure où c'était de loi la plus probable pour expliquer comment Franz et Julia avaient pu être tué dans le salon, les agresseurs ayant donc du entrer à l'intérieur de la maison avant de passer à l'action. Qui plus est, pour vérifier cette piste il faudrait interroger tous les sorciers travaillant dans ce service se qui était mission impossible. On pourrait jamais être sur de savoir si certains mentent ou pas, et avec de plus en plus de mangemorts infiltrés au ministère cela compliquait la donne.. En clair c'était l'idéal, car la piste de la porte d'entrée impliquait que les agresseurs connaissaient les aurors, sinon ceux ci ne les auraient jamais entré comme cela était le cas, ce qui réduisait assez le champ de recherche..

Les gens gentils sont tellement facile à influencer, ils voient les autres toujours meilleurs qu'ils ne le sont, aussi l'auror au grand accepta avec gentillesse de lui rendre les affaires que ses parents avaient laissé au bureau; sans doute la considérait elle comme une pauvre enfant orpheline frappé par le malheur, preuve que sa comédie avait l'effet escompté. Par ailleurs, s'il y avait une chose que l'Allemande jugeait particulièrement stupide c'était les condoléances, cette pitié que les gens témoignent, comme s'ils pensaient pouvoir aider à porter le deuil représenter sans doute l'une des coutumes les plus insensées, mais il fallait bien faire avec n'est ce pas ? Se forçant à faire un timide sourire à la jeune femme, Ella acquiesça, répondant par un simple:

- Merci.

L'étudiante s'avança parmi les décombres, il y avait des cendres partout, recouvrant le sol et les vestiges des meubles à la manière d'un tapis argenté. Les dommages étaient irréparables, le mieux sera encore de tout raser et reconstruire, ou pas.. Peut être qu'elle vendrait simplement le terrain, l'argent la ténébreuse n'en manquait pas c'était le moins qu'on puisse dire et la demoiselle n'avait que faire d'une maison dans ce village isolé. Pour être tranquille et se cacher c'était une chose, mais cela n'entrait pas dans les considération de l'héritière. Les deux femmes progressaient dans ce qui fut le salon, la scène ou le meurtre avait eu lieu.. L'escalier de marbre conduisant aux chambres à l'étage demeurait intact, une des chose qu'Ella n'avait pas eu le temps de faire était d'aller jeter un coup d'oeil pour voir ce qu'était devenue sa chambre, ses parents avaient ils tout laissé en place au cas où elle reviendrait ou utilisaient ils la pièce à un autre usage ? La ténébreuse était curieuse de la savoir, son côté sentimental sans doute Elle verrait cela plus tard peut être, en supposant qu'il reste quelque chose à voir..

Comme la séduisante mangemort se frayait un chemin au milieu des cendres aux côtés de l'auror_cherchez l'erreur_ , une poutre du plafond céda soudain dans un craquement sonore accompagné d'un déluge de poussière, manquant de s'abattre sur les deux personnes en visite. Alerte, l'Allemande se recula d'un bond en retenant Remy pour éviter qu'elles ne soient écrasées sous les décombres en s'exclamant:

- Attention !

Ella avait crié sans vraiment réfléchir, mais le fait est que cela aurait fait assez louche que l'auror chargée de l'enquête meure accidentellement en sa compagnie sur le lieu du crime. Alors même si la ténébreuse se moquait pas mal que l'auror soit blessée ou pire, elle venait peut être de lui sauver la vie, comble de l'ironie non ? Son instinct avait parlé pour elle de toute manière.