Deryn,


J'ai bien lu ta lettre, et je dois tout d'abord t'avouer que je suis surpris du ton que tu y emploies. Je ne vois pas ce qui pourrait m'avoir à ce point offensé pour que je persiste, trois semaines plus tard, à t'en tenir rigueur... Certes, ton insistance à vouloir me prouver à quel point Sullivan est merveilleux a quelque chose d'agaçant, mais j'en ai pris mon parti et je ne m'en forrmalise plus. Nous ne nous entendrons jamais, tu le dis toi-même, et je devine qu'il est difficile d'être entre les deux ; pour ma part, je tiens avant tout à t'épargner, et tu avoueras que je ne parle guère de lui ; chaque fois que le sujet a été abordé, c'était- pardonne-moi- de ton fait. La légendaire sagesse de Rowena est assez présente en toi pour que tu comprennes : ne m'en parle plus, et ce n'est pas moi qui remettrai le sujet sur le tapis... Au demeurant, je me porte toujours mieux lorsque Sullivan est loin de moi, tant physiquement qu'en pensée.

Assez parlé de ce monsieur, d'ailleurs, puisque nous ne devons plus en parler. Tu sembles avoir accordé à notre discussion beaucoup plus d'importance que moi-même, d'où mon étonnement. Ta fatigue ne m'avait pas échappé, et pour tout te dire, cette discussion m'est très vite sortie de la tête... Ne crains donc aucune rancune de ma part (d'autant que tu pourrais bien en éprouver aussi à mon endroit) et tranquillise-toi : je serai jeudi en huit à l'heure habituelle, au laboratoire de potions, pour poursuivre notre travail. Je ne sais pas encore sur quelle potion nous pourrons travailler, mais puisque tu me laisses le choix, je te recontacterai par hibou pour que tu puisses t'organiser.

Si je dis que je serai là jeudi en huit, et non ce jeudi, c'est que je suis actuellement confiné chez moi pour cause de maladie. J'ai contracté une dragoncelle, sans gravité à mon âge, mais le guérisseur que j'ai vu m'a conseillé de m'isoler car la maladie est très contagieuse et (tu le sais mieux que moi) peut être dangereuse pour des personnes fragiles. Le gros de la crise est passé, et je me porte désormais assez bien pour pouvoir travailler... Je regrette d'ailleurs d'avoir manqué le cours de métamorphose ; il me semble, d'après ton récit, avoir été bien intéressant. Ma « quarantaine » s'achève ce dimanche, je reprendrai donc les cours lundi, et j'accepte avec plaisir de prendre tes notes pour rattraper ce cours. Ne t'embête pas à me les envoyer, je les recopierai lundi (un hibou peut toujours se perdre, et tu as sans doute besoin de ton cours pour réviser... les examens approchent dangereusement !)... Merci en tout cas pour ta proposition.

J'espère t'avoir pleinement tranquillisée, sur tous les points... Nous pourrons en reparler de vive voix à mon retour en cours, lundi, si tu le souhaites. Sinon, considère que de mon côté, l'affaire est classée.

Je te remercie pour ta sollicitude et te fais toutes mes amitiés.