Amertume... Nostalgie... Rancune peut-être?

Ambre arrivait de la Grande salle. Elle s'était discrètement éclipsée au début du dîner, profitant de l'euphorie générale... Qu'est ce qui l'avait poussée à s'enfuir ainsi, au bord des larmes? Son meilleur ami... Mathias. Qu'avait-il dit? Qu'avait-il fait? Oh rien... Il était juste incapable de la percer à jour, alors que depuis 4 ans qu'ils se connaissent, elle n'a jamais pu porter les yeux sur lui comme on les porte sur un ami. Elle avait assisté, en silence, comme toujours, à ses déboires amoureux avec Nervia, sachant pertinemment qu'elle ne ferait pas le poids avec son handicap. Celui-ci pesait terriblement lourd face à Mathias. La petite indienne aurait tout donné si elle avait pu prononcer un seul mot en la présence de son camarade de maison, pour qu'il la regarde différemment.

Toujours était-il qu'elle n'en pouvait plus. Ses amies en Inde, à l'Ashram, l'avaient pourtant avertie contre l'Amour avec un grand A... Ils lui avaient pourtant bien dit qu'elle n'avait pas le droit, qu'elle ne devait pas tomber amoureuse, qu'outre les problèmes sentimentaux que ça lui attirerait à elle, cela attirerait le deshonneur sur ce qu'il lui restait de famille, et poserait des problèmes à l'Ashram... Elle avait pourtant acquiescé lorsqu'on lui avait dit de ne pas s'approcher des garçons, de baisser les yeux si elle venait à en croiser un, et surtout, de ne pas leur parler... Ambre avait déjà fait un écart en parlant à Mathias, elle l'avait su dès l'instant où il était apparu dans la grande salle, désemparé, à la recherche de son ami, et qu'elle lui avait proposé son aide. La petite indienne l'avait su, mais elle n'avait pas pu lutter contre cette petite voix qui lui disait qu'elle devait y aller, qu'elle devait lui parler, attirer son attention...

Mathias l'avait dès lors adoptée comme grande amie... Mais à cette période, Ambre était bien trop petite pour comprendre ce qui lui arrivait à elle... D'autres garçons lui avaient tourné autour, comme William, pour qui elle avait une estime sans bornes, mais dont elle ne partageait alors pas les sentiments, et qu'elle avait donc repoussé... La petite indienne ne savait pas jouer avec les sentiments des autres. Mais elle qui se targuait de se connaître par coeur, et de tout contrôler en elle, Ambre ne comprenait pas cette douce chaleur qui l'envahissait chaque fois que Mathias se trouvait dans les parages, ce sentiment que tous ses soucis s'envolent dès qu'elle entendait sa voix, l'impression de se noyer dans les grands yeux du Français, l'impossibilité de se concentrer sur autre chose que sur lui lorsqu'il était absent... Oui, la petite indienne était profondément amoureuse de lui, mais elle n'a fini par le deviner que plus tard, et s'est refusée à formuler l'idée, la pensée qu'elle puisse être tombée amoureuse ainsi.

Ce n'est que lorsqu'elle avait suivi l'histoire de Mathias et Nervia, de loin, sans intervenir, qu'elle s'était rendue à l'évidence qu'elle ne pourrait rien faire contre cela, qu'il était inutile de tenter de nier ce qui se tramait en elle. Ambre avait alors pris la décision de ne rien dire à personne, afin de ne pas gêner le couple... Mais là, après 4 ans que cela la rongeait de l'intérieur, sa vie avait fini par perdre de sa saveur... Oh non, la petite indienne n'était pas "dépressive", et ne le serait jamais, elle était bien trop arc-boutée sur sa carapace pour cela. Mais elle venait de craquer, alors que le couple s'était installé juste en face d'elle. Cela partait d'un bon sentiment, Mathias voulait avoir sa meilleure amie près de lui, en même temps que celle qui avait envouté son coeur. C'était compréhensible, et Ambre avait tenté, tant bien que mal, de faire bonne figure... Pourtant, cela n'avait pas duré bien longtemps... Elle avait craqué, et sentant les larmes lui brûler les yeux, elle avait quitté précipitamment la Grande Salle, tout droit vers la volière, qu'elle était presque certaine de trouver vide à cette heure...

La petite Indienne était donc installée sur une fenêtre, la tête appuyée contre la vitre, et laissait, pour la première fois de sa vie, libre cours à son chagrin. Un flot ininterrompu de larmes dévalaient ses joues, laissant des trainées brillantes sur sa peau café-au-lait que les derniers rayons du soleil en train de se coucher vinrent caresser au travers de la vitre...

Gabrielle tourna à gauche. Elle ralentit le pas, hésitante...Bien qu'elle soit à Poudlard depuis des mois, la jeune fille ne connaissait toujours pas le château.
Elle inspira une grande bouffée d'air frais, profitant de la fraîcheur de la fin de journée. Victime de sa maladresse légendaire, elle fit tomber le livre qu'elle venait d'emprunter à la bibliothèque. La Serdaigle se baissa pour le ramasser, lorsqu'une voix aigu, et malheureusement familière, la fit sursauter. "Oh, non, pas elle, pas elle, pas elle...", se murmura-t-elle à elle-même. Mais Tear arrivait en courant derrière elle, essoufflée.

"-Gaby ! Tu ne t'arrêtes même plus quand on t'appelle ? ironisa la Poufsouffle, la respiration haletante.

-Hum...répondit simplement la blonde.

-Tu lisais quoi ? demanda Tear en désignant le volume que Gabrielle tenait.

-Oh, euh, un truc sur la divination...bredouilla-t-elle en montrant le titre. Je viens de le prendre à la bibliothèque, il y en a plein si tu veux, ajouta-t-elle.

-La divination ?Mais tu es en première année Gaby ! Et moi aussi je te rappelle...

-Et alors ?souffla-t-elle, un sourire moqueur aux lèvres.

-C'est maintenant que je comprends pourquoi on n'est pas dans la même maison...répliqua sèchement la brune.

-Moui...Sûrement."

Tear continua ainsi à parler, interrompu par les rares "Oui, oui", "Hum..." ou "Ah bon ?" de la Serdaigle. En réalité, celle-ci n'écoutait rien, mais cru entendre que sa camarade se plaignait de tous ses professeurs. Gaby songeait plutôt à la lettre qu'elle venait d'écrire à son père. Elle réalisa que c'était la première fois qu'elle était vraiment sincère avec lui, où elle ne mentait pas sur son bonheur. Etait-ce parce qu'elle se sentait vraiment chez elle dans cette école, ou bien parce qu'elle s'y était habituée ?Au fond, ça n'avait aucune importance. Elle était heureuse, point. La jeune fille s'était toujours posé trop de questions, et décida que, pour une fois, elle ne commettrai rien qui puisse nuire à son bonheur.
Tout en continuant son monologue, Tear commençait à grimper les escaliers. Enfin une occasion de se débarrasser d'elle ! pensa Gabrielle. Elle n'avait jamais su mentir, mais quelle importance ?

"-Tear ?Euh, je vais à la Tour des Serdaigles...On se revoit bientôt ?"

Celle-ci répondit par un grognement, apparemment mécontente. Gabrielle savait qu'elle n'était pas convaincue, mais elle s'en fichait éperdument. La jeune fille fit donc demi-tour et prit le chemin de la salle commune, même si ce n'était pas là-bas qu'elle devait se rendre. Elle devait en effet aller à la volière, histoire d'envoyer cette fameuse lettre. Réalisant que prendre le vrai chemin de la Tour des Serdaigles était inutile car la Poufsouffle ne savait pas où elle se trouvait, elle changea encore de direction. Quelques couloirs et escaliers plus tard, la blonde arrivait enfin à destination. D'habitude déserte, Gaby aimait cette pièce. Bien qu'une odeur pestilentielle flottait dans l'air, être entourée d'oiseaux lui faisait du bien. Eux avaient quelque chose que les humains n'avaient pas. La liberté sans doute...Mais ce jour-là, la jeune Serdaigle ne trouva pas la salle déserte. Il y avait en effet une élève, plus âgée qu'elle. Gaby ouvrit la bouche pour la saluer, mais la referma quand elle vit le visage inondé de larmes de la fille.

La tête appuyée contre la fenêtre, regardant droit dans les yeux son reflet, la petite Serdaigle laissait couler ses larmes. C'était curieux cette sensation, il lui était tellement étranger de se voir dans un tel état qu'elle avait l'impression que ce n'était pas elle qu'elle regardait pleurer. Ambre, ne s'était jamais laissée aller ainsi... Jamais. Trop fière pour laisser qui que ce soir percer sa carapace et mettre à jour la vraie elle. Seul Mathias la connaissait véritablement, bien que lui non plus n'ait jamais vu couler les larmes salées de la petite indienne... Mais lui, c'était pour une toute autre raison : en sa présence, il lui semblait impossible d'en ressentir le besoin... Quoique, cette fois-ci, dans la grande salle, l'idée qu'elle puisse, par ses larmes, le mettre mal à l'aise l'avait poussée à fuir. Elle avait bien senti le regard de son ami lui bruler la nuque, mais elle ne s'était pas retournée, afin qu'il ne s'aperçoive de rien...

La volière autour d'elle, l'odeur reconnaissable entre milles de cet endroit, et son atmosphère calme, les voix appartenant aux deux demoiselles de première année, les piaillements des hiboux sentant l'odeur du chagrin, la fraîcheur nocturne qui s'engouffrait par une autre fenêtre ouverte... Tout cela se mélangeait, mais ne parvenait pas à percer l'espèce de bulle de tristesse au centre de laquelle se trouvait Ambre. Celle-ci ne vit pas non plus sa jeune camarade de maison entrer dans la volière.

La petite indienne tentait de s'agripper désespérément aux tendres souvenirs de la cuisine de l'Ashram, dans laquelle elle passait le plus clair de son temps... Elle se souvenait de son tout premier chagrin d'amour... A cette période, elle était bien trop jeune pour savoir de quoi il s'agissait, de quoi elle souffrait... C'était le jeune Adwait, un autre orphelin de l'ashram... Ils étaient arrivés ensembles, presque au même moment, à la différence près que lui était enfant unique, et que c'était ses parents qui l'avaient abandonné sur les marches de l'ashram... Depuis, ils ne s'étaient pas quittés, et un jour, le jeune Adwait perché sur les épaules d'une des femmes de la maison, avait pointé un doigt sur Ambre, et déclaré avec la spontanéité qui caractérise la candeur des enfants de son âge : Moi, un jour je me marierai, mais ça sera avec cette petite fille!
Et son perchoir de lui répondre le plus naturellement du monde: Non, Adwait, tu ne peux pas te marier avec cette petite fille, car elle est promise à quelqu'un d'autre...
Ambre s'était alors enfuie, les larmes aux yeux, et s'était réfugiée dans la cuisine, dans le sari de la cuisinière, sa confidente...
Depuis ce jour, jusqu'au départ d'Ambre pour Poudlard, elle n'avait plus quitté la cuisine, lieu de tous les parfums, de toutes les saveurs, et de tous les mélanges possibles... Ses yeux voyaient alors cet endroit comme un lieu magique, et avait appris nombre des secrets de la cuisinière...

Dieu qu'elle aurait voulu, à cet instant, pouvoir boire de nouveau de cette décoction au goût étrange que lui avait fait boire la cuisinière lorsqu'elle était si malheureuse... Cela aurait peut-être allégé sa peine...

Les larmes continuaient de dévaler ses joues, inlassablement, jusqu'à ce qu'elle ait pleuré toutes les larmes de son corps... Alors, elle pleura à sec, et l'on dit que c'est plus douloureux, comme d'accoucher après avoir perdu les eaux... Ambre ne cherchait même pas à se calmer, à dissimuler sa faiblesse à la fillette dont elle venait tout juste de réaliser la présence. Celle-ci dévisageait son aînée, sans dire quoi que ce soit. La petite indienne semblait la regarder sans la voir, être très loin, très très loin du petit corps frêle qui pleurait dans la volière...

[HRP/ Navrée, je manque un peu d'inspiration en ce moment, et en plus, je n'avais pas vu que tu avais répondu.... ]

Gabrielle n'était pas vraiment sûre que sa camarade l'avait remarquée. Elle serrait sa lettre dans sa main, la froissant, se servant de l'autre se remonter son sac sur son épaule.
Toujours tournée vers la vitre, son aînée continuait à déverser un flot de larmes. La jeune Serdaigle ne pouvait pas s'empêcher de la dévisager de ses grands yeux bleus Sûrement d'origine indienne, l'adolescente avait de longs cheveux ébènes que beaucoup lui auraient envié, une peau mâte couleur café, et de grands yeux noirs inondés de larmes. La blonde l'avait déjà aperçue dans leur salle commune et savait qu'elle était en quatrième année. Elle était pourtant si petite et semblait si fragile que Gaby ne l'aurait jamais deviné.
Cette dernière hésitait : devait-elle intervenir ? Le problème qui tourmentait sa camarade ne la concernait certainement pas. Se mêler des affaires des autres ne lui ressemblait guère, mais poussée par une curiosité dévorante, elle murmura d'une voix douce en s'approchant prudemment :

"-Tout va bien ?"

Son ton était le plus rassurant possible. Voir son aînée ainsi la désolait, et Gaby se doutait bien qu'elle ne pourrait rien faire. Âgée de trois ans de plus qu'elle, pourquoi sa camarade aurait-elle envie de se confier à elle ?

Ambre finit par réaliser la présence de la fillette qui venait de faire irruption dans la volière... Il semblait que celle-ci avait réussi à percer la bulle qui enveloppait son ainée... Les deux élèves se regardaient déjà depuis un moment lorsque la cadette décida de faire un geste : elle s'approcha prudemment de son aînée, et à la manière que la fillette avait de s'approcher, Ambre su qu'elle faisait de son mieux pour trouver les bons mots, et pour ne pas sembler envahissante ou déplacée... il était clair qu'elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre, que l'état d'Ambre la chagrinait, sans qu'elle sache ce qu'elle pouvait ou avait le droit de dire ou faire...
Elle brisa cependant le silence, d'une voix tendre, mais hésitante:

"-Tout va bien ?"

La question, cependant eut un effet étrange sur la jeune Indienne. Elle connaissait beaucoup de gens qui se seraient offusqués de l'inadéquation de cette question dans de telles situations, puisqu'il était clair comme de l'eau de roche que "tout n'allait pas bien"... Mais elle fit l'effet, pour Ambre, d'une bouée jetée à un homme à la mer... La petite Indienne s'y agrippa... Outre cela, elle y voyait autre chose: une opportunité pour sa fierté légendaire de faire une pirouette et de retomber sur son séant à défaut de ses pieds...
Par cette question, Gabrielle lui avait ouvert une porte, et Ambre, s'y engouffrant, chercha son petit calepin noir sous sa robe de sorcière...

... HORREUR... Elle ne l'avait pas... Elle ne pouvait donc pas communiquer par écrit, et il était évident qu'elle n'était actuellement pas en état d'utiliser la télépathie comme moyen de communication... Ambre, pour la première fois de sa vie, se sentit totalement démunie, face à sa cadette qui la regardait toujours, espérant une réponse positive, qui ne viendrait pas... La petite Indienne se leva, pour tenter de retrouver un minimum de contenance, et regarda Gabrielle, navrée de ne pouvoir prendre part à une conversation qui s'annonçait cruellement unilatérale...

L'Indienne ne répondit pas. Elle semblait désarçonné par cette question.
Maintenant que la jeune Serdaigle y réfléchissait, demander à sa camarade si elle allait bien était d'une stupidité effarante. C'était évident qu'elle allait mal et le fait que son aînée n'ai pas répliqué immédiatement l'étonna...
Pestant contre sa bêtise, Gabrielle attendait une réaction de la part de son aînée. Cette dernière regarda sa cadette quelque secondes avant de fouiller dans sa robe. La blonde l'observait sans prononcer un mot.
Que cherchait-elle ? Gaby n'en n'avait aucune idée et n'osait pas demander, sûre qu'elle ne ferait qu'empirer la situation....
Au bout de quelques instants, l'Indienne abandonna ses recherches, une expression horrifiée sur le visage.
Sa cadette n'y comprenait absolument rien et devinait qu'elle arborait une expression interrogatrice.

L'adolescente se leva lentement, et lança à Gaby un regard plein d'excuses, comme si elle ne pouvait rien dire...Dans un état d'incompréhension total, la blonde envisagea de laisser son aînée tranquille...Après tout, elle n'avait rien à voir avec cette histoire, et sa camarade jugeait sûrement son comportement déplacé...

"-Je suis désolée..Je n'ai pas à me mêler de tes affaires, ça ne me regarde pas...Si tu veux, j'envoie ma lettre et je pars, proposa-t-elle, penaude."

Gaby montra alors sa lettre froissée à son aînée. Elle poussa un bref soupir avant de la lisser à l'aide de la paume de sa main...

Ambre la regardait toujours, totalement démunie, et réalisa qu'elle avait du donner la mauvaise image, car sa camarade de maison changea totalement d'expression. Tout d'abord, elle avait prit un air gêné, et la petite indienne supposa qu'il s'agissait de sa question. Elle commença par chercher un moyen de lui faire comprendre que ça n'était pas grave, que ça l'amusait plus qu'autre chose...
Mais Gabrielle changea alors de nouveau d'expression: elle était désolée, elle pensait clairement avoir dérangé Ambre et franchi les limites de sa liberté... Effectivement, c'était le cas: elle avait bien franchi les limites de ce qu'Ambre considérait comme privé... En revanche, en ce qui concernait le dérangement, la petite Indienne n'avait curieusement pas l'impression d'avoir été dérangée. Pourtant, d'habitude, outre le fait qu'elle ne se serait jamais abaissée à pleurer ainsi devant quelqu'un, elle n'aurait pas apprécié le fait que sa camarade fasse intrusion dans sa vie privée, et dans son espace vital... Cependant, la situation était curieusement différente, Ambre se prit à apprécier sa présence.
C'est alors que Gabrielle ouvrit et balbutia:

"-Je suis désolée..Je n'ai pas à me mêler de tes affaires, ça ne me regarde pas...Si tu veux, j'envoie ma lettre et je pars, proposa-t-elle, penaude."

Ambre écarquilla les yeux, et fit signe que non. C'était déjà un début. Au moins, son interlocutrice comprendrait qu'elle avait tort... Quant à converser ensuite, il allait falloir trouver quelque chose...
La jeune indienne épousseta distraitement sa robe de sorcière, puis, la souleva, et réitéra l'opération sur le saree blanc qu'elle portait en dessous. Pendant ce temps, elle réfléchissait: Tout d'abord, il fallait que Gabrielle comprenne qu'Ambre ne pouvait pas parler. Elle ouvrit la bouche, et pointa un doigt vers l'intérieur, puis, elle haussa les épaules en signe d'impuissance.

Gabrielle s'apprêtait à tourner les talons pour sortir de la Volière lorsqu'elle vit les grands yeux noirs de sa camarade s'écarquiller quelques secondes. L'Indienne afficha une expression résignée avant de tourner la tête de gauche à droite pour indiquer à sa cadette que sa présente ne la gênait pas.
Étonnée, mais rassurée, la jeune Serdaigle adressa un sourire timide tandis que son aînée époussetait sa robe. Lorsqu'elle eut fini, l'Indienne pointa un doigt en direction de sa bouche ouverte, avant de hausser les épaules.
Surprise, Gaby ne savait pas comment réagir. Que voulait-elle lui dire ? La première année fronça les sourcils pour montrer à son aînée qu'elle ne comprenait pas...Soudain, elle prit la parole, murmurant presque, avec un ton compatissant : :

"-Oh ! Tu ne peux pas parler, c'est ça ? demanda-t-elle, désolée."

L'adolescente hocha la tête, apparemment heureuse que Gabrielle ait enfin saisit le problème.

"-Je suis désolée, j'aurais dû comprendre plus tôt, c'est entièrement de ma faute...bredouilla la blonde."

Cette dernière resta un moment sans rien dire ni faire. La situation la mettait plutôt mal à l'aise...Elle n'avait jamais rencontré quelqu'un comme sa camarade, et ne savait comment réagir. Tout à coup, une idée lui vint.
Gaby attrapa son sac, qu'elle avait laissé sur le pas de la porte, et prit appui sur le rebord de la fenêtre. La jeune fille fouilla dedans et dénicha ce qu'elle cherchait. Elle sortit donc une plume, un flacon d'encre et un carnet dont elle se servait pour faire ses brouillons de devoirs. Satisfaite, la Serdaigle tendit le tout à sa camarade avant se refermer sa besace.

[HRP : désolée, j'ai mis un peu de temps à répondre, je serai moins longue la prochaine fois ^^"]

Ambre crut un instant que son petit mime n'avait pas eu l'effet escompté, car sa camarade affichait un air désolé, et alors que la jeune indienne se creusait la cervelle pour tenter de trouver un autre moyen de faire passer son message, le visage de Gabrielle changea à nouveau d'expression, et elle s'exclama:

"-Oh ! Tu ne peux pas parler, c'est ça ? demanda-t-elle, désolée."

La jeune indienne sourit, bien que ça n'était pas approprié, au vu des conclusions qui venaient d'être tirées, et hocha la tête. Oui, ce fut pour elle un certain soulagement, mais qu'avait-il bien pu lui passer par la tête pour qu'elle oublie ainsi son carnet de velours noir qu'elle emportait habituellement toujours partout avec elle... Ambre réalisa alors qu'elle l'avait oublié dans la grande salle, avec le reste de ses affaires... Elle leva les yeux au ciel, et secoua la tête lorsque sa camarade s'excusa...

La gêne de Gabrielle n'échappa pas à son aînée, fine observatrice. Elle le comprenait, sa camarade était jeune, et ne s'imaginait probablement pas rencontrer une élève muette dans une école de sorcellerie... Elle posa une main rassurante sur son épaule, pour tenter de dissiper le malaise.

C'est alors que Gabrielle sembla avoir une nouvelle illumination, puisqu'elle plongea dans son sac afin d'en tirer une plume, un encrier ainsi qu'un carnet, semblable au sien. Ambre sourit: exactement ce dont elle avait besoin! Cela simplifierait nettement le contact !! Elle lui sourit, et prit le tout. Ouvrant le carnet, elle entreprit d'écrire, aussi vite qu'elle le pouvait, d'une écriture fine et penchée, de style calligraphique:

-Tu n'as pas à t'excuser, ça n'est heureusement pas écrit sur mon front! Je suis Ambre, Ambre Nocis, en quatrième année... Toi, tu dois être en première année, c'est bien ça? Je suis navrée de l'état dans lequel tu m'as trouvée, ça n'est pas dans mes habitudes...

Ambre se relut rapidement, puis tendit le carnet à sa propriétaire.

Gabrielle prit le carnet que sa camarade lui tendait. La première chose qui la frappa, c'était son écriture si distinguée, fine et penchée qu'elle aurait adoré avoir.
Gênée, la jeune Serdaigle eut le réflexe de serrer les autres pages du cahier de manière à ce que son aînée ne puisse pas voir son écriture maladroite.
En effet, elle n'avait jamais écrit à l'aide d'une plume avant d'entrer à Poudlard, et ça se ressentait lorsque l'on voyait ses parchemins parsemés de tâches d'encre et de ratures.
Gaby lut rapidement ce qui était marqué sur le carnet :

"-Tu n'as pas à t'excuser, ça n'est heureusement pas écrit sur mon front! Je suis Ambre, Ambre Nocis, en quatrième année... Toi, tu dois être en première année, c'est bien ça? Je suis navrée de l'état dans lequel tu m'as trouvée, ça n'est pas dans mes habitudes..."

Gabrielle eut un sourire triste et se félicita d'avoir emporté son cahier de brouillon. La communication allait ainsi être grandement facilitée. Le blonde s'apprêtait à écrire une réponse à son tour lorsqu'elle se souvint que c'était inutile, voire déplacé.
Elle hésita quelques secondes et décida de ne pas aborder le sujet des problèmes d'Ambre. Gaby avait des dizaines de questions à lui poser, mais c'était à sa camarade de choisir si elle voulait lui parler ou non de ses soucis et du fait qu'elle ne pouvait pas parler.

"-Oui, moi je suis en première année. Je m'appelle Gabrielle, mais appelle moi Gaby, comme tout le monde...dit-elle d'une voix douce."

La jeune fille mit son carnet dans les mains d'Ambre et attendit sa réponse.