*Quand le déshonneur est public, il faut que la vengeance le soit aussi…*

D’une lancinante amertume, cet adage n’avait cessé de hanter Narcisse depuis qu’il avait égaré Pénombre au détour d’un mauvais baiser, le soir du Bal de Noël…
Deux jours s’étaient écoulés depuis qu’il l’avait poussée à l’inconcevable, depuis qu’elle avait commis l’irréparable en s‘abandonnant à ce garçon discret mais non moins pervers dont il ne connaissait guère plus que le nom ; Bower…
Deux jours lors desquels la moindre de ses vagabondes pensées trouvaient immanquablement le chemin de la vengeance, un plat qu’il n’avait ni la patience ni l’envie de déguster froid.

*Soit, ce sera une riposte… Œil pour œil…*

Néanmoins, aussi brûlant que fût son désir de vengeance, aussi bouillante que fût sa haine, le jeune sorcier demeurait lucide et ne pouvait empêcher que s’opposât à ses ardeurs une certaine prudence. Que connaissait-il de son rival, sinon qu’étant plus âgé, il ne pouvait être que plus expérimenté que lui, et peut-être pire encore, qu’il était d’une étoffe digne de mériter la préférence de Pénombre… Autant d’éléments qui, dans la perspective d’un violent affrontement, se révélaient plutôt inquiétants et amenuisaient indubitablement, aussi doué fût-il, ses chances de victoire. Autant de raisons, donc, de préférer combattre dans le secret, de ne pas se risquer publiquement à un second déshonneur.

*Et puis, en cas de victoire, il ne sera pas trop tard pour rameuter la foule…*

Narcisse, après avoir soigneusement évité, deux jours durant, de croiser les deux moitiés du traître couple, s’était résolu à affronter son rival, à le défier dans un duel dont l’issue, quelle qu’elle serait, mettrait un terme définitif à leur différend.
L’adolescent voyait dans ce défi l’occasion d’une véritable purgation, une lutte lors de laquelle chaque coup infligé, ou reçu - peu importait - aurait à la fois la vertu d’un juste châtiment et d’une douloureuse catharsis. Il avait besoin d’éprouver la terreur et la souffrance, autant que le plaisir et le ravissement, pour chasser toute l’amertume qui noircissait son cœur.
Ce combat serait son exutoire !

Il était allé trouver Ultan alors qu’il veillait seul, un soir, dans la Salle Commune des Serpentards. Perspicace, son aîné n’avait eu besoin d’aucuns mots pour comprendre la nature du court entretient que Narcisse avait entamé d’un « Bower… » proprement acide.
Dans une solennelle sobriété, les deux jeunes hommes avaient convenu d’une heure, puis d’un lieu, sans prendre la peine de discuter des règles de leur affrontement : il était manifeste, dans la mesure où il en allait de leur honneur, que tous les coups seraient permis.

*La salle de classe désaffectée, au sud des cachots… Dix-neuf heures…*

La salle commune était presque déserte lorsque Narcisse s'y était présenté. Ultan était assis dans un fauteuil qu'il avait approché de la cheminée, et son regard reflétait les flammes dansantes se mouvant avec grâce dans l'âtre. Il n'avait pas levé la tête en entendant son nom. Il savait qu'Anasar le cherchait, qu'il voulait concrétiser leur rivalité. Le Septième Année n'avait rien à prouver. Pénombre avait fait un choix. Mais refuser un duel n'était pas imaginable. Son honneur était en jeu, et l'honneur, c'était quelque chose qu'il tenait en grande valeur. La conversation ne dura pas longtemps, mais un rendez-vous avait pu être fixé, pour le lendemain. Dix-neuf heures.

Et ce jour, Ultan le passa comme chaque jour, ses pensées loin de la rencontre qui l'attendait le soir-même. Il se rendit cependant plus tôt que d'habitude dans la Grande Salle, pour y prendre un dîner léger, et il fit un détour par son dortoir, pour s'y changer, sur le chemin de la salle de classe abandonnée. Il laissa sa robe de sorcier et se vêtit entièrement de noir, chemise et pantalon. Puis, l'heure approchant, il alla au point de rendez-vous.

Tout à fait détendu, et faisant rouler sa baguette de saule, il parcourut le couloir froid en peu de temps et trouva la porte entrouverte. Narcisse était déjà présent. Pressé d'en découdre. Tant mieux. Plus vite ça serait fini, mieux ça serait. D'ordinaire, Ultan préférait faire durer, mais il allait affronter un élève de sa propre Maison, pour une raison qu'il jugeait... futile.

"Anasar..." salua-t-il, ironiquement, un fin sourire peint sur son pâle visage.

Puis il s'appuya nonchalamment sur le mur, à droite de la porte, sans cesser de faire tourner sa baguette. L'initiative ne venait pas de lui, donc, il allait simplement attendre le top départ. Et ça n'allait pas être simple pour Narcisse, oh non...

[hj : c'est un peu court, mais c'est pour ne pas le faire trop durer non plus...]

[HJ : Précisions et règles :
Post totalement HJ, je serai arbitre extérieur sur ce topic, comme demandé par les deux adversaires. Nous utiliserons grosso modo les règles du fight club pour arbitrer votre duel. A savoir que nos avons déterminé l'initiative par MP (différemment du FC), mais que la suite se jouera de la même manière. Je vais vous décrire précisément le lieu du combat, et vous posterez tour à tour. Je n'interviendrai que si j'estime que le combat doit cesser (un des combattants trop blessé etc...) et jugerai du vainqueur selon le barème du FC. Sinon, libre à vous de décider de le terminer quand vous le souhaitez.
Le système d'action secrète est également valable, à savoir que vous pouvez m'envoyer votre action secrète tant que l'adversaire n'a pas posté, et si les conditions que vous avez "prédites" sont réalisées dans le post adverse, vous avez le droit à votre action de réaction pour esquiver/parer avant de contre attaquer.

Initiative :
L'initiative est donnée à Ultan Bower qui a choisi le chiffre 4. Narcisse, tu avais choisi le 2, et comme la valeur "arbitre" était fixée à 8, c'est Ultan le plus proche, il sera donc le premier à agir.

Le décor de l'affrontement :
Les deux jeunes hommes se sont donné rendez-vous dans une salle de classe désaffectée au sud des cachots. C'est une salle plutôt grande, capable de contenir une bonne quarantaine d'élèves pour des travaux pratiques. La forme de la salle fait penser à celle d'une petite chapelle : une grande pièce rectangulaire, haute de plafond constitue l'espace principal, et en son extrémité Est, un volume "en cul de four" (la partie arrondie d'une chapelle où il y a l'autel ) termine le volume. il n'y a pas de fenêtres dans cette pièce, les cachots étant sous terre, et aucune fenêtre magique n'a été aménagée. Les murs de pierre froide sont couverts de poussière et de toiles d'araignée. Près de la porte d'entrée en bois, un escalier colimaçon très étroit en bois vermoulu permet d'accéder à une petite coursive qui s'appuie sur le mur nord et court jusqu'à l'abside Est (la zone arrondie ^^). Le bois y est en fort mauvais état, et il est difficile de savoir à première vue si la structure est capable de porter le poids d'un élève. Du haut plafond descendent trois antiques lustres, sur lesquels subsistent quelques rares bougies, noyées sous les toiles d'araignée, une fois de plus. Les lustres couleur bronze sont retenus par des cordes tressées qui pendent du plafond et sont arrimées au mur sud à des anneaux rouillés. Les noeuds semblent bien serrés, mais la corde est assez ancienne, et a subi les affres du temps, ne bénéficiant plus de sa souplesse et sa solidité d'antan. A l'ouest, trois petites niches voutées, accueillant des vases chargés de fleurs mortes prêtes à tomber en poussière. Visiblement, personne n'est venu ici depuis fort longtemps.
Le sol de la salle est couvert de plancher pour la majeure partie, mais les angles sud ouest et sud est ont été arrachés, et laissent apparaitre quelques mètres carrés de terre battue. Dans la pièce, des débris de bois sont amoncelés au centre, et on devine çà et là un pied de table, un dossier de chaise...
Dans l'abside trône ce qui ressemble à un bureau de professeur, posé sur une petite estrade de bois composée de deux marches, semblant être le seul vestige encore intact témoignant des cours qui se déroulaient ici jadis. Le plateau de bois est totalement libre, mais dans les tiroirs traine encore un peu de matériel d'écriture et de vieux parchemins jaunis. Un livre aux pages cornées et dont l'encre a coulé, le rendant illisible, constitue tout le contenu du placard de gauche du bureau.]

Pas simple ? Et encore... Si Ultan n'avait pu refuser ce duel, question d'honneur, il gardait en tête qu'il devait se faire plus discret cette année que lors des précédentes, afin de ne pas se faire remarquer avant son entrée dans le cercle fermé des partisans du Seigneur des Ténèbres porteurs de Sa marque. Mais ils étaient dans un endroit isolé, reculé, la porte, malgré son ancienneté, étoufferait certainement les bruits venant de cette immense pièce, et les murs étaient suffisamment épais pour contenir d'éventuels échos... Pas de quoi se faire remarquer, donc. Et une occasion de montrer à Narcisse qui d'entre eux était le plus fort.

Ultan, adossé à son mur, n'attendit un geste de son adversaire que durant à peine une demi-douzaine de secondes, puis il fit quelques pas vers lui, le bras tenant sa baguette le long du corps, l'objet pointé vers le sol. Il s'arrêta à quelques mètres de son camarade Vert et Argent et, lentement, il exécuta le rituel salut précédant les duels. Avant de s'incliner -un fin sourire ironique élevait légèrement les coins de ses lèvres- il annonça, d'une voix calme :

"Je n'ai rien à te prouver, Anasar. Seul mon honneur est en jeu. Que ce duel reste entre nous, quelle qu'en soit l'issue."

Puis il inclina la tête. Seulement la tête. Le respect des règles ayant toujours été une perte de temps, il n'allait pas s'y plier complètement, surtout que rien ne l'y avait obligé, si ce n'est pour montrer à Narcisse qu'il était ridicule de s'affronter ainsi...

"Tu peux toujours en parler à Pénombre mais... elle est maîtresse de son choix."

Le Septième Année fit un pas en arrière, et sa baguette fendit l'air. Une immense langue de feu s'en échappa pour fuser vers le Quatrième Année, dans le but de le ligoter. Après cette attaque, Ultan regarda de nouveau ce qui l'entourait. Rien ne lui permettrait de se mettre à l'abri. Il se recula un peu et, près à répliquer ou attaquer de nouveau, observa le résultat.


[hj : désolé pour la longueur, mais l'inspi me manque en ce moment et je n'ai pas envie que ça traîne trop non plus, depuis le temps ^^"]