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 Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin)
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MessageSujet: Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin)   Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin) EmptyDim 7 Sep - 16:08:44

Nous étions en octobre. C’était une belle fin d’après-midi. Le soleil qui s’assoupissait lentement dardait ses derniers rayons flamboyants et une douce chaleur tombée du ciel d’automne se mouvait entre les corps, caresse voluptueuse qui incitait les paresseux de fin de journée à s’étendre plus longuement sur l’herbe ambrée. Un silence reposant s’écoulait sur le parc et les abords du grand lac, ponctué seulement par les clapotis de l’eau, les murmures ou rires légers deci delà. Allongée près d’un vieil arbre, Apolline se perdait dans la contemplation des myriades de reflets ocrés qui habillaient les eaux sombres. La petite Poufsouffle, entourée de livres de cours et de parchemins, était venue se réfugier dans ce petit paradis de solitude pour la première fois depuis son arrivée à Poudlard. Cherchant une excuse pour se dérober à l’invitation de l’une de ses camarades qui lui proposait une partie d’échec, elle avait prétexté qu’une montagne de devoirs et de leçons à apprendre lui pesait sur les épaules depuis quelques jours, et elle s’était rapidement éclipsée de la salle commune.

En temps normal, Apolline n’aurait jamais refusé un moment de détente partagé avec une amie, mais un moment passé à la volière lui avait fait perdre sa bonne humeur coutumière, comme bien souvent lorsqu’elle quittait le repaire des rapaces endormis ou qu’elle les voyait envahir les hauteurs de la Grande Salle durant les heures de repas. Car durant ses moments là, elle trépignait d’impatience en vain, le cœur plein d’espoir à l’idée que peut-être, une lettre qui lui serait destinée tomberait du ciel ; mais jusqu’à aujourd’hui, la déception et la tristesse restaient toujours des vainqueurs tenaces. Ainsi Apolline n’avait pas de nouvelles de ses parents, ni de sa maison si ce n’est celles qu’elle se rassurait à inventer pour trouver les raisons de ce silence et l’excuser, ou que des domestiques attentionnés lui faisait parvenir de temps en temps.

Dans l’insouciance et la naïveté de ses onze années d’existence, elle souffrait à sa façon de l’absence de relation avec ses parents. Apolline savait défendre l’inexcusable, incapable de blâmer les coupables, les seuls reproches suggérés étant ceux qu’elle se destinait à elle seule. Même si la petite n’osait se poser trop de questions, effrayée à l’idée de réveiller d’obscures vérités, elle se demandait toutefois pourquoi ses camarades jouissaient du privilège d’être choyés alors qu’elle en était privée. Ses regrets se muaient en colère destinée encore une fois, aux mauvais fautifs. Puis la colère cédait la place à l’envie, l’envie engendrait la tristesse et finalement, la petite se consolait en se disant que de toute façon, elle avait la chance d’avoir des parents pour s’occuper d’elle et de ses besoins, alors que d’autres en était injustement privés. Et puis ils l’aimaient, comme tous les parents adorent leurs enfants ! Son père l’avait bien accompagnée sur le quai de la gare le jour de la rentrée ! Seulement voilà, certains sont plus démonstratifs que d’autres… Mais les sentiments sont bien là depuis toujours, uniques, précieux et immuables… Non ?

Roulant sur l’herbe fraîche et humide, face au ciel bleu pâle et aux nuages rosés, Apolline avait l’impression de se trouver devant la vitrine d’une confiserie, et elle observait les formes incertaines de ces gros flocons avec envie. Elle plongea une main dans son sac et en sortit un petit sachet à l’intérieur duquel se bousculait des Chocoballes, ses bonbons préférés. De nouveau la fillette se perdait dans la contemplation du parc, oubliant ses soucis pour penser à de meilleurs songes. C’est pourquoi elle ne prêta guère d’attention aux légers bruissements qui annonçaient l’arrivée d’un intrus...

Et quelques secondes plus tard... une petite bestiole velue et rapide comme l’éclair s’agrippait à ses cheveux, avec force de petits couinements et soubresauts survoltés qu'accompagnaient les cris de surprise et les gestes amples d’Apolline - qui tentait vainement de se débarrasser de cette chose poilue et baveuse ! Ses petites pattes s’agitaient de chaque côté de son visage. Si elle n'avait pas été tant occupée à se débattre, à crier
« Mais qu’est-ce que c’est ?!? Qu’est-ce que c’est ?!? », aveuglée par ses prunelles qui s’abritaient derrière leurs paupières à chaque coup de la bestiole, Apolline aurait compris que ces membres tendus désignaient le sachet remplis de délices à la mousse de fraise qu’elle agrippait nerveusement. C’est d’ailleurs à ce moment là que la créature, impatiente, bondit du sommet du crâne de la fillette pour s’accrocher à son poignet. Celle-ci donnait de vigoureux coups de poing sur le sachet tout en enrobant de sa bouche baveuse la main fermée de sa victime. De nouveau surprise et surtout écœurée, Apolline agita son bras quelques instants avant de laisser tomber sa prise.

Elle put enfin observer et découvrir l’identité de son agresseur. La fillette recula par méfiance et tout en reprenant sa respiration, ses grands yeux écarquillés fixaient une sorte de grosse touffe de poils qui s’empiffrait des bonbons éparpillés sous son regard ahuri. Elle s’attendait à un animal aux airs plus féroces ! Car c’était un petit être à l’étrange couleur ocrée ou bien argentée, avec de grands yeux limpides comme des miroirs qui s’agitait face à elle. Ses pattes étaient minces et un peu trop longues par rapport au reste de son corps rond et velu. Il semblait ne pas avoir de bouche lorsqu’il n’avait rien à y engouffrer alors que celle-ci paraissait d’une taille démesurée quand il dévorait des poignées de bonbons. On pouvait même apercevoir deux rangées incomplètes de dents arrondies comme des cailloux ! En fait, Apolline le trouvait assez mignon malgré ses sécrétions importantes de salive… Elle s’apprêtait d’ailleurs à essuyer sa main qui en était recouverte lorsqu’un détail attira son attention.

En observant la substance baveuse qui dégoulinait sur son poignet, elle s’aperçut que celle-ci possédait une très légère teinte rosée ponctuée par des sortes de minuscules cristaux aussi fins que du sel… ou du sucre. Intriguée par cette possibilité, Apolline abandonna méfiance et prudence puis glissa dans sa bouche un de ses doigts enrobés pour goûter cette découverte. Une délicieuse saveur sucrée enveloppa ses papilles ! Agréablement surprise, elle se tourna vers sa nouvelle rencontre, puis son regard se posa sur son sac… Il était toujours rempli de bonbon. Aussi, elle se dirigea vers la créature, fouilla rapidement à l’intérieur de sa sacoche et en sortit un second sachet qui contenait cette fois des Patacitrouilles. A la vue de nouvelles friandises la petite bête sautilla à ses pieds, les pattes en l’air, en poussant des grognements d’envie.


« Doucement ! » fit Apolline ; et elle s’agenouilla prudemment, laissa s’approcher la touffe de poils et lui confia les sucreries oranges. La fillette osa tendre sa main vers le petit intrus qui la renifla deux secondes avant de se consacrer de nouveau à son repas. Ses doigts fins se posèrent sur la fourrure de l’animal, douce et légère comme une poignée de plume. Finalement rassurée et apaisée, Apolline savoura cet instant surprenant et inattendu. Mais quel était ce petit animal ?
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin)   Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin) EmptyMer 15 Oct - 15:39:09

La fin des cours déversait toujours son lot de violence dans les couloirs. Les élèves, épuisés, énervés, prisonniers d’une discipline méprisée depuis les premières heures de la matinée, laissaient libre cours à leurs pulsions. Les plaisanteries de mauvais goût et les vengeances personnelles fusaient de tout côté, narguant les interdits du règlement. Lorsque Dame nature vous avait affligé d’un physique ingrat, d’origines peu considérées, d’une personnalité pâle, effacée ou trop différente pour être appréciée, il fallait filer droit, courber les épaules, éviter les regards. Les cibles ordinaires étaient trop mal assurées pour affronter le monde la tête haute et les prédateurs fondaient sur elles sans hésiter. Les sacs craquaient, les parchemins s’embrasaient dans les mains, les dents s’allongeaient, les oreilles s’étendaient, les sourcils s’unifiaient… Tout était bon pour humilier des êtres fragiles, exclus, oubliés au fond des classes, isolés, comme des pestiférés. Mervin connaissait très bien cet odieux sentiment d’exclusion. Sa première année à Poudlard avait été un véritable enfer, où les brimades remplaçaient les pluies de souffre. Il était le gallois, le roux, le paysan, l’arriéré, l’attardé, la « serpillère » des Gryffondor, un bâtard insignifiant pour les Serpentard. Il n’était rien, un étudiant de plus, de ceux que l’on préfèrerait éviter, le camarade dont on fuyait la compagnie, le petit vert qui devait prendre sur lui toutes les traîtrises de sa maison. Il était une proie facile, accommodante pour les rouge et or. Sans le soutient inattendu d’un Poufsouffle de son année, il n’aurait peut-être pas poursuivi ses études. Son père aurait compris, et il aurait eu toute sa vie pour pleurer son échec, sa faiblesse, sa lâcheté. Mais, un jour, un fier justicier avait fait front pour lui, en osant s’interposer entre deux Gryffondor de troisième année et lui, sans raison, gratuitement. Si la consternation et les restes ténus de sa fierté brisée ne l’avaient pas retenue, il se serait jeté à ses pieds. Il l’avait redressé, remis en état en lui accordant ses égards. Il suffisait souvent de peu, et le peu était bien caché derrière la masse de possibilités. Sa reconnaissance était infinie, et les sourires discrets qu’ils s’échangeaient encore aujourd’hui ne trompaient personne.

Oui, il mesurait le malheur des élèves persécutés. Il les mesurait en silence, derrière les forts, ceux qui se gaussaient de leur sort, et s’appliquaient à le dégrader. Devait-il les arrêter ? Leur rappeler qu’il avait un jour vécu cette situation ? « Mais combien de temps Mervin ? Toi, tu étais différent, tu valais mieux. Il n’y a pas de secret. Ce n’est pas la pitié des autres qui t’as permis de t’intégrer en moins d’une année. », lui disait-on lorsqu’il le sous-entendait. Et il n’insistait pas. Pourquoi démentir ce qui était plaisant à entendre ? Il ne valait pas mieux que les autres, sa faiblesse était devenue un atout parce qu’il était plus malin, plus lâche, plus méprisable sans doute. Ainsi, il se taisait, ne contrariait personne et assistait au triste spectacle. La tranquillité de la conscience n’était rien à côté d’une bonne place. Il avait réussi, tant pis pour les autres. Cependant, cette conclusion vacillait trop souvent. Les visages larmoyants le touchaient.

- Tu y es peut-être allée un peu fort non ? hasarda-t-il timidement alors qu’une Serdaigle s’enfuyait en se couvrant le visage.
- Mervin, tu es ennuyeux ! soupira la vert et argent qui venait de lancer le maléfice. Tu as bien vu sa tête ? Elle était déjà complètement défigurée, alors un bouton de plus ou de moins n’alertera pas beaucoup les autres…
- Sans doute…
Et sa rébellion s’arrêtait là. Pathétique n’est-ce pas ? Il avait trop peur d’être renié pour affirmer son opinion. C’était un luxe qu’il réservait aux forts. Les faibles, eux, devaient s’acclimater pour survivre. Il s’était élevé selon cette logique, toujours dans l’ombre, toujours recherché par quelques caractères en mal d’autorité. Il était l’oreille attentive, le bon conseiller, l’ami généreux et désintéressé, celui qui, sans se laisser manipuler, se maniait facilement, et, surtout, une aide inestimable pour les devoirs. Le contexte scolaire avait été la clef de sa réussite. Studieux et savant, il avait commencé par infiltrer les groupes d’études, et signifier que son réseau de connaissances n’était pas à négliger. Il n’y avait rien de tel qu’un « Tu veux de l’aide ? » aimable pour se glisser dans les faveurs d’une personne et l’inciter à vous contacter la prochaine fois. Il ne fallait pas se faire d’illusions, Mervin était loin d’être un exemple de bons sentiments. Tout n’était jamais complètement gratuit, quoiqu’il en parût.

Il n’aimait pas beaucoup ses comparses, et ses silences se traduisaient dans son langage par des désaveux muets. Il n’était pas assez effacé pour approuver de vive voix ce qui l’écœurait. La sensibilité était, selon lui, un bien trop précieux pour être traîné dans la lie du mensonge, c’était ce qui vous rendait humain, au sens générique du terme. Lorsque le comportement de son « cercle d’amis » devenait insupportable, il s’écartait et se ressourçait au contact de la nature. Aux abords de la forêt, tous ses maux s’effaçaient. L’automne était une saison merveilleuse. Il aimait sentir la douce caresse du soleil sur sa peau, et le souffle vivifiant d’un vent frais qui poussait jusqu’à lui les fragrances délicates de la terre humide, des feuilles en décomposition, et la chaleur des arbres. La nature qui se mourrait était plus perceptible que jamais. C’était un dernier adieu, avant l’absence de l’hiver, et il le savourait à plein poumon, en songeant avec nostalgie à ses virées en forêt, à son drapé orangé, aux courses folles avec Aedd dans les feuilles colorées et à l’indémodable cueillette des champignons. Il serait aussi possible d’évoquer certains animaux, et quelques pratiques plus techniques, connues des jardiniers et des paysans, mais le but de ce texte n’est pas de se perdre dans des descriptions bucoliques. Mervin rêvait éveillé, furieusement tenté par l’appel de la forêt interdite, qu’il connaissait assez bien, malgré son nom. On ne retient pas un enfant sauvage comme lui en agitant quelques créatures effrayantes. Son domaine n’était pas exempt de créatures dangereuses. Il les connaissait, ne craignait pas de les croiser, même les centaures le toléraient. Loin des Hommes, il quittait sa façade et les vices que lui avait inculqué la société. Il retrouvait en quelque sorte sa pureté. C’était une idée chimérique, mais il s’y accrochait résolument, comme beaucoup de rêveurs avant lui.

Cette parfaite osmose, cette sérénité retrouvée fut cependant troublée par les cris d’une petite fille. Qu’était-ce ? Une nouvelle attaque ? Les assaillants prenaient manifestement un mal à malin plaisir à terroriser cette pauvre enfant, mais les rires étaient absents. Intrigué, il quitta son siège de racines et s’approcha du bruit d’un pas furtif. Il ne pensait secourir personne, sauf, peut-être, si le danger s’incarnait dans une créature sauvage. Or, le petit animal qui parut aux côtés d’une adorable fillette blonde n’avait rien de féroce. Les éclats de voix s’étaient tus, et la poufsouffle amadouait le chapardeur avec des friandises. Ils formaient un tableau charmant, loin des querelles qui secouaient le château à cette heure. Un indicible soulagement dénoua la gorge de Mervin. Sa main pâle glissa le long du tronc sur lequel elle s’était appuyée, il posa un genou sur l’herbe fraîche et contempla la scène. Il ne voulait pas troubler la bulle sucrée qui enveloppait la créature et l’enfant. Quel était le nom de cette espèce d’ailleurs ? Elle n’était pas très commune en Grande-Bretagne mais elle était connue pour se nourrir exclusivement de sucre, et sécréter une sorte de glucose qui pouvait entrer dans la composition d’un certain nombre de friandises sorcières mais qui, à l’état pur assurait une obésité aussi rapide que précoce.


- Oh je te déconseille d’y goûter…, lança-t-il malgré lui.

Il se redressa et s’approcha doucement pour ne pas effrayer la créature, bien qu’elle fût peu farouche. Un léger sourire étirait son visage émacié. Et, malicieux, il précisa :


- Si tu veux garder la ligne du moins. - Il se pencha pour observer la petite bête de plus près. – Par contre, si tu veux obtenir des bonbons à la saveur inégalable, profites-en pour récupérer un peu de salive dans une fiole. C’est une denrée plutôt rare, que les meilleurs confiseurs du Chemin de Traverse t’envieraient. Mais si je me souviens bien, selon les légendes locales, ce petit glouton n’apparait qu’aux enfants. Je n’en avais encore jamais vu…

Sa voix douce, marquée d’un accent inattendu s’évanouit dans le lointain de son regard. Ces connaissances appartenaient à une époque passée. Il les tenait probablement de son père, mais il ne pouvait plus les situer, et, jusqu’alors, il avait dû se contenter d’imaginer la créature. Les mots étaient venus d’eux-mêmes, comme attirés par cette enfant qu’il ne connaissait pas, et poussés par l’enthousiasme incompréhensible d’observer une espèce peu connue.
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MessageSujet: Re: Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin)   Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin) EmptyDim 7 Déc - 20:32:23

[hj: voilà enfiiiiiiiiin une réponse qui a tant tardé! Mmmh je sens que ce sujet va progresser à une vitesse folle! Suspect ]

Apolline adorait les animaux et les créatures en tout genre. Son enfance était entourée des souvenirs épars de ses compagnons à trois ou quatre pattes attentionnés qui avaient su lui apporter, avec beaucoup plus de clairvoyance que les adultes, l’affection et la sincérité dont elle avait besoin. Arrivée à Poudlard, Apolline avait su rapidement se consoler de leur absence ; son chagrin s’était perdu au gré de ses nouvelles rencontres, de ses nouvelles habitudes, de sa nouvelle vie. Mais la découverte de cette drôle de créature faisait resurgir dans sa mémoire des anecdotes poussiéreuses qui esquissèrent l’ombre d’un sourire nostalgique sur ses lèvres pâles.

Elle se rappela la fois où son grand-père, revenu d’un voyage en Inde, lui avait offert son perroquet Moineau, un drôle d’oiseau étonnamment gourmand qui avait failli rendre l’âme un jour où il avait débusqué un sachet de patacitrouilles… Après avoir frôlé la mort, il n’avait plus jamais reparlé. Il y avait aussi son chat Beurrefrais (ainsi nommé à cause de la couleur de son ancien pelage) qu’elle avait adopté lors de son neuvième anniversaire, malheureuse victime d’un méchant cousin qui, le trouvant très moche, lui avait jeté un sort et l’avait rendu encore plus moche. C’était surement le seul chat vert de toute la Grande-Bretagne et Apolline, secrètement, en était assez fière, bien qu’elle exécrait l’usage de la magie sur les animaux (sauf bien sur, quand il s’agissait de les soigner). Des histoires comme celles-ci peuplaient sa mémoire et son imagination et elles provoquaient toujours des éclats de rires amusés dans les couloirs de Poudlard.

Apolline observait pensivement sa nouvelle petite bestiole lorsque celle-ci s’interrompit un bref instant, signalant une présence que la fillette n’avait pas remarqué. Elle releva la tête. Un Serpentard de cinquième année se tenait debout devant elle. La surprise plus que la méfiance brillait dans son regard. Voilà un étrange comportement… Les Verts et Argents n’avaient pas la réputation d’être très ouverts aux rencontres entre les élèves des autres maisons. Et généralement, lorsque l’un de leurs vétérans abordait les petits nouveaux, ça ne présageait jamais rien de bon… Il n’y avait plus qu’à espérer pouvoir s’en sortir sans trop de honte ni de larmes. Mais bien que la petite sorcière voulut se montrer froide et distante comme l’exigeait le code de bonne conduite de Poudlard quand les Serpentards étaient dans les parages, se furent plutôt la timidité et la curiosité qui résonnèrent dans sa voix lorsqu’elle s’adressa au jeune-homme.

« Qu’est-ce que tu me veux ? »

Ses joues se colorèrent d’une légère teinte rosée à peine les dernières syllabes envolées. Apolline n’avait encore jamais engagé de conversation avec « les grands garçons »… C’était déjà bien assez difficile avec ceux de son âge ! Et encore ! Il n’y avait pas de discussion qu’elle ne pouvait échanger avec eux sans moqueries, railleries ou autres taquineries. Elle ne comprenait pas pourquoi les rapports entre garçons et filles étaient si compliqués… Certaines choses demeuraient encore de véritables mystères… Et la présence de cet inconnu en faisait partie.

Il ne semblait pas empreint de malveillance et en quelques secondes, Apolline abaissait les derniers remparts de sa vigilance. Mais surtout, les conseils du jeune-homme attirèrent vivement son attention. Visiblement, il paraissait très bien renseigné sur le petit animal qui remuait maintenant dans le fond de son sac à la recherche d’autres friandises. Et lorsque le jeune-homme lui apprit que la liqueur sucrée et délicieuse de la créature pouvait créer de succulentes saveurs, ses yeux pétillèrent d’envie et de gourmandises, tandis qu’un sentiment de vive satisfaction anima son visage à l’idée qu’elle détenait un trésor que tous les confiseurs s’arrachaient.

« Vraiment ? Alors c’est fabuleux ! »

Apolline avait eu un cours de potion plus tôt dans la journée ! Dans son sac tintaient deux fioles vides que son nouveau compagnon remuait en cherchant des bonbons. D’une poche, la fillette sortit un nouveau sachet de sucreries que flaira tout de suite la créature. Elle lui en donna quelques uns puis se tourna vers le jeune érudit :

« Puisque c’est la première fois que tu en rencontres un… Tiens ! Tu verras, c’est très amusant de le nourrir ! »

Et elle fourra une poignée de berlingots colorés dans la main du jeune-homme avant d’ajouter :

« Mais comment doit-on s’y prendre, pour prélever de sa salive ?»
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin)   Gourmandise, découverte et nouvelle rencontre. (PV Mervin) EmptyLun 12 Jan - 23:27:08

La terre humide ployait légèrement sous son genou, les marques du sol s’imprimaient sur son pantalon, mais il ne s’en souciait pas. Il était idiot d’attacher de l’importance à son apparence aux abords d’une forêt. Les règles de bienséance s’oubliaient au contact de la nature et ses camarades l’avaient déjà vu dans de pires états. Un jour, Rusard avait même refusé de lui ouvrir les portes du château. Il avait dû lui promettre de nettoyer toutes les traces de boue qu’il laisserait sans l’aide de la magie pour éviter de passer la nuit dehors, à la merci d’une pluie glacée. Vaincu par la bonne volonté désarmante de son incorrigible terroriste des parquets, le vieil homme avait abandonné la partie en prononçant le sempiternel : « Mais je vous préviens, c’est la Dernière fois Monsieur Caerwyn, la Dernière ! » et Mervin de répondre avec un sourire amusé : « La prochaine fois je ferai plus attention c’est promis ! ». Rusard aimait se répéter. Le Serpentard ne comprenait pas pourquoi tant d’élèves le craignaient. Son caractère très unilatéral, plus invariable qu’intraitable, ne débordait ni d’ingéniosité, ni d’intelligence. On l’influençait facilement, en ravalant sa fierté. Ses rencontres avec le concierge étaient toujours pleines de compromis. Il suggérait la punition en suivant sa logique afin d’imposer ses conditions. Avec le temps, il avait même obtenu d’utiliser un sortilège pour effacer les traces de ses « crimes ». Face à Rusard, jouer à plus malin n’avait rien d’un défi. Habitué à subir ses remontrances, Mervin était presque déçu de ne pas tomber sur lui lorsqu’il s’aventurait dans le hall trempé de la tête aux pieds, dégoulinant de terre, de végétaux, voire de sang. Les plantes épineuses et les animaux blessés n’étaient pas tendres. L’année dernière, il avait affolé des premières années de Poufsouffle en leur demandant de tourner la poignée de la lourde porte d’entrée à sa place. Il ne pouvait pas, ses mains étaient à moitié déchiquetées. Il avait essayé de secourir un cocatrix enlisé dans un marais, mais cette créature était tellement stupide qu’il avait manqué d’y laisser ses avants bras… Les alentours sauvages de Poudlard opposaient le Lord gallois à de nombreux périls, qu’il minimisait trop souvent. Mais, parfois, ils vous réservaient de belles surprises, comme la découverte d’une créature encore inconnue, et l’émerveillement touchant d’une enfant.

Son approche, bien que silencieuse, avait alerté le petit animal. La petite fille, attirée par le regard de son nouveau compagnon et par le son de sa voix, s’était retournée, surprise. Un instant Mervin regretta d’avoir troublé cette jolie rencontre. N’était-il pas de trop ? Un grand garçon de quinze ans ne pouvait pas rivaliser avec une petite boule de poils gloutonne. La première année s’amusait bien toute seule, ses mises en gardes allaient l’ennuyer. Il la sentait sur ses gardes. La magie était rompue à cause de lui. D’instinct, la plupart des élèves se méfiaient des Serpentard. Il fallait toujours leur prouver d’une manière ou d’une autre que, non, tous les vert et argent ne se sentaient pas obligés de vous lancer des insultes à chaque fois qu’ils ouvraient la bouche. Ces préjugés devenaient lassants, et le rouquin les évitait autant que possible en s’accommodant du sectarisme des siens. Ses relations étaient dans sa maison, il n’avait aucune raison de s’en écarter pour aller voir ailleurs. Là n’était pas son intérêt, et il n’aimait pas se moquer, parce qu’il n’avait jamais eu la prétention de valoir mieux que les autres. Même son Sang lui faisait honteusement défaut. Toute intimidée, la fillette lui demanda ce qu’il lui voulait. La formule se voulait distante. C’était une réaction assez intelligente, qui lui épargnait un mouvement de panique malvenu. Elle dressait une faible barrière. Il la balaya d’un sourire bienveillant, et ne put retenir une pointe d’ironie :


- Je viens en paix…


L’enfant sembla l’accepter. L’inquiétude ambiante se dissipa, et, sa passion pour les créatures porta ses paroles. Il n’avait pas l’impression de se montrer déplacé. Ce genre d’informations plaisait généralement aux plus jeunes. Son enfance s’était délectée des récits de ses parents. Les mots le reliaient à son enthousiasme d’antan. Rien n’était plus réjouissant qu’un auditeur réceptif, à qui l’on pouvait transmettre une part de rêve. Il avait réussi à tourner tout l’intérêt de la jaune et noire sur son discours. L’histoire de la petite créature éveillait sa curiosité candide. Son visage s’illumina lorsqu’il évoqua sa délicieuse propriété. Oui, la salive de cette petite chose valait très cher. N’était-ce pas une aubaine d’ailleurs ? Le professeur Slughorn allait l’adorer s’il lui en apportait un flacon. Mais, il valait encore mieux garder l’ingrédient de côté et le proposer à un aspirant favori en cas de besoin… Il ne songeait qu’au coût de la denrée rare. Ses conceptions enfantines étaient loin derrière lui. La promesse d’une friandise exquise n’arrivait plus qu’à le faire sourire avec nostalgie. Dans un passé fané, une réalité déformée par la naïveté les choses les plus simples devenaient fantastiques, les rêves les plus fous se réalisaient avec un peu d’imagination. Le regard brillant de la petite blonde portait encore les traces de cette douce époque, qu’il avait oublié sans s’en rendre compte. Il avait évolué, comme tout le monde, mais les adultes parlaient encore des belles illusions de l’adolescence. Il se demandait s’il conserverait un souvenir aussi doux de cette époque. A vrai dire, il en doutait très fort.

La Poufsouffle sortit un nouveau paquet de sa poche. Elle était décidément bien équipée ! Au fond, il n’était pas étonnant que la créature se soit montrée à elle et c’était peut-être pour cette raison qu’il n’en avait jamais vu. Les enfants étaient généralement friands de sucre mais il n’avait jamais été très gourmand. On ne risquait pas de le prendre pour un distributeur de bonbons ambulant. La petite boule de poils sortit du sac pour goûter les saveurs qui lui étaient présentées. Puis, la fillette se retourna vers lui et calla des berlingots dans sa paume en l’invitant tout naturellement à le nourrir puisqu’il n’en avait encore jamais vu. Mervin resta bête un instant. L’attention le troublait. C’était si spontané, si gentil…


- Oh… je…


Mais déjà, le petit animal se ruait sur lui. Il éleva la main à temps tandis qu’il essayait de lui escalader la jambe. Un rire léger sortit de sa gorge.


- Eeeh ! Attend un peu espèce de ventre sur pattes. Un seul à la fois !


Il s’agenouilla, et tendit son poing fermé au glouton. La créature le renifla avidement, puis commença à griffer ses doigts sans agressivité pour obtenir la nourriture. Le Serpentard l’observa, amusé, et lui laissa prendre le trésor sucré. Comme sa compagne lui avait demandé quelques précisions à propos de la manière de s’y prendre pour obtenir de la salive, il déclara :


- Tu vois, la salive coule plus abondamment lorsqu’on ne lui donne pas la friandise tout de suite. C’est très simple, il faut garder l’aliment hors de portée et le laisser saliver en maintenant un récipient sous sa gueule. Il me semble que tu as du matériel dans son sac non ? Je vais à nouveau lui présenter un berlingot à poing fermé, et je te laisse te charger du reste d’accord ? J’espère que tu pourras en récupérer un bon niveau. Je crois que s’ils sont rassasiés, ils ne salivent plus, et avec tout ce que celui là a déjà mangé, ça ne devrait pas tarder à arriver… N’est ce pas petit morfal ?


Il posa un regard pétillant sur la créature qui bascula sa tête sur le côté, l’air de réclamer une autre friandise. Il la lui présenta, la main fermée. Et, à nouveau, la petite bête se mit à gratter. Cette fois cependant, il céda moins vite, et en profita pour caresser sa fourrure. Elle était fine et serrée.


- C’est doux !
s’exclama-t-il. Ah… ici moins, notre ami aurait trainé du côté d’une ruche que ça ne m’étonnerait pas. Un vrai petit brigand dis-moi…

Mervin s’adressait une fois de plus à l’animal. C’était là une sale manie qu’il essayait de réprimer avec ses camarades plus guindés de Serpentard, qui ne manquaient pas de lui faire remarquer ses écarts. Mais, il ne craignait pas de surprendre la Poufsouffle en enfreignant ces « codes de bonne conduite ». Il ne surveillait son comportement que si la situation ou la personne l’exigeait.
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