Page avait été impressionnée de voir l'enthousiasme de Revan pour la discipline du professeur Chourave... La première année semblait sincèrement aimer la botanique. La rouquine quant à elle ne pouvait pas en dire autant. Suivant la séance, elle pouvait s'ennuyer ferme ou au contraire trouver le sujet intéressant... Surtout quand ils étudiaient des plantes toxiques ou dangereuses, il fallait bien l'avouer. La tête brûlée qu'était la petite irlandaise se découvrait alors une passion sans borne pour la botanique. Mais ces occasions restaient ponctuelles. Ces derniers temps, ils n'avaient fait que des plantes assez rébarbatives, et la gosse avait envie de renouveau.

La lionçonne avait donc emboité le pas à Revan et s'était dirigée vers les serres, bon gré mal gré.

Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant que papy Sigmund était de retour ! Bien sûr, Chourave était une enseignante sympathique, mais le professeur Bachelard avait un petit côté paternel qui amusait la fillette. Le surnom de "papy Bachelard" avait résonné dans les couloirs de l'école assez rapidement après l'arrivée du vieil homme, et Page trouvait que ça lui allait plutôt bien.
La gosse était donc ravie de voir le retour de l'enseignant. Elle le salua chaleureusement en entrant.

La deuxième année jeta un coup d'oeil dans la serre. Peu d'élèves étaient déjà présents. Elle repéra rapidement Revan et alla s'installer aux côtés de la Rouge et Or.

- Yep, t'as filé à une de ces allures !

Bachelard ne laissa pas ses élèves patienter bien longtemps et lança le cours à brûle pourpoint. Et... Ô Miracle ! L'enseignant leur annonça... Une sortie en forêt interdite ! Chic chic chic ! La gosse faisait des bonds intérieurement. Mais elle se figea bien vite. La forêt... Interdite. Il voulait dire... la forêt qui contenait... des... trolls des montagnes ? Page déglutit en regardant le professeur. Humpf. Pourquoi avait-elle soudainement peur ? Ca ne lui ressemblait pas pourtant. Et puis cela faisant presque un mois que Lou et elle étaient revenues de leur petite escapade... Toutes ses plaies ou presque avaient cicatrisé... C'était de l'affaire ancienne. Il fallait qu'elle surmonte cela. Mais la gosse ne put s'empêcher de laisser glisser son regard dans la classe avec anxiété. La Vipère ne s'y trouvait pas. Page soupira. Il fallait qu'elle y retourne un jour de toutes façons... Autant le faire en pleine journée, et encadrée, non ?

Ayant quelque peu dompté son appréhension, la fillette recentra son attention sur le cours. Quelques réponses avaient déjà été données, mais ça ne coûtait rien de tenter sa chance.

- M'sieur, y a aussi des...

*trolls des montagnes*

- J'veux dire, de l'Ellébore, non ? J'crois ça fait des fleurs...

Lorsque la rouquine détourna les yeux, Revan comprit que quelque chose n'allait effectivement pas. Elle avait d'ailleurs sûrement manqué de tact en posant la question... Impression confirmée en entendant Page toussoter. Elle devait vraiment être secouée, pour réagir de cette façon. Elle soutint le regard de son aînée qui braqua son ses yeux sur elle. Elle savait que Page ne dirait rien. Sa gêne était visible, et la brunette comprenait tout à fait qu'elle n'eut pas envie de dévoiler quelque chose de douloureux comme ça, en plein cours, à une camarade qu'elle ne connaissait que depuis quelques mois. A sa place, elle n'aurait pas souhaité se confier non plus.

Page lui assura que tout allait bien. Compréhensive, Revan lui sourit : elle n'insisterait pas. On avait tous nos secrets, et la gosse n'était pas du tout du genre curieuse. Elle n'aimait pas qu'on se mêle de sa vie, aussi se mêlait-elle le moins possible de celle des autres. Un principe qu'elle garderait toujours.

- Tu crois qu'y aura Hagrid avec nous pour la sortie ? Avec ses gros pieds, il écraserait toutes les plantes, on verrait rien du tout...

Tentative pour parler d'autre chose... Revan se promit de faire comme si elle n'avait rien remarqué de la "faiblesse" de la Préfète Flamboyante. Si un jour, plus tard, les deux fillettes devenaient plus proche, elle pourrait peut-être entendre quelques secrets de son aînée, mais en attendant, elle ne comptait pas lui reparler de ce moment. Reprenant un air naturel, elle répondit, faisant mine de réfléchir :

- Le prof s'évanouirait, je pense... Une chose est sûre, si Hagrid nous accompagne, aucune créature pourra nous bouffer. Il laisserait aucune bestiole nous approcher... Revan fit une pause, pensive, puis reprit : J'aimerais bien voir une licorne, moi. Bon, je sais qu'il y a des trucs plus méchants qu'une licorne dans cette forêt, mais si c'était vraiment dangeureux, le prof proposerait pas de nous y emmener je pense...

Elle espérait avoir dissipé le malaise passager de tout à l'heure, en débitant ainsi ce qui lui passait par la tête. Et puis, elle espérait aussi rassurer un peu la rouquine avec ces paroles, bien qu'elles fussent prononcées innocemment.

Pelotonnée dans un des vieux fauteuils usés de sa salle commune, non loin du feu qui brûlait furieusement dans l’âtre de la cheminée et la réchauffait doucement par la droite, Fabula entamait une sieste digestive bien méritée. Le mois de février était arrivé, et l’on pouvait déjà sentir le château vibrer sous le réveil soudain et l’agitation nouvelle de ses occupants, prémices du printemps prochain. D’abord il y aurait la Saint-Valentin, et ses petits bouts de papiers griffonnés qui feraient dix fois le tour de Poudlard avant d’arriver à leur destinaire ; et ensuite le match de Quidditch qui les opposerait à Poufsouffle et auquel son frère ne participerait même pas. Bref, rien n’allait plus et pourtant les jeux n’étaient pas encore faits. Ils le furent seulement lorsque Fabula se rappela de l’ultime mauvaise nouvelle de la journée : on était mercredi, et on approchait des 14h. Botanique. Vraiment c’était trop cruel. Se rendre dans les serres où se déroulait le cours par ce froid glacial, alors que même les Scroutts à Pétard de Hagrid refusaient de sortir de leurs carapaces sous peine de geler, c’était inhumain.

Elle attendit encore un peu, juste un peu, jusqu’au dernier moment. La salle commune se vidait peu à peu de ses occupants. Une tornade rousse y rentra, remonta jusqu’au dortoir des filles, redescendit quelques minutes plus tard, et disparut derrière le panneau de bois. Toujours de moins en moins de monde. Un peu plus loin, Fabula reconnut Gauvain, nouvelle recrue de l’équipe, ramasser ses affaires à la hâte et sortir à son tour. Presque plus personne. Un soupir. Un autre pour la forme. Et Fabula se leva à son tour. Elle déplia une jambe, puis l’autre, s’étira, s’empara de son sac, échoué au pied du fauteuil, et abandonna la salle des Serdaigle à son triste silence vide. Sept étages et une traversée de parc plus tard, elle était arrivée à la serre n°1 où devait se dérouler le cours. En entrant, Fabula ne fit même plus attention au vieillard barbu qui remplaçait fréquemment le frétillant professeur Chourave. En revanche, elle apprécia nettement le fait que la serre soit plus isolée du froid que ce qu’elle s’était imaginée. Elle se faufila entre les rangées, à la recherche d’une place libre vers le centre : endroit stratégique qui promettait un maximum de chaleur et un minimum de dangers (les tables qui étaient adossées tout le long des parois de la serre servant le plus souvent de supports pour des plantes douteuses ou des engrais pestilentiels).

- Prête pour le match ?

Bachelard finissait de boire son thé tandis qu’elle déposait discrètement ses affaires à côté de Calypso, poursuiveuse souffrant de vertige fraîchement débarquée dans leur équipe. Si les deux aiglonnes ne s’étaient adressées la parole qu’une ou deux fois durant leurs entraînements, Fabula n’avait jamais eu de raison particulière d’éviter la rouquine, aussi ne rechigna-t-elle pas trop à s’installer à côté d’elle. Le vieux débris sénile et lubrique très respectable et cultivé professeur d’université commença son cours. Lorsqu’il fit mention de leur prochaine petite excursion, Fabula leva la tête de son parchemin. Pénétrer dans la Forêt Interdite avait toujours été une de ses grandes ambitions depuis son premier mois à Poudlard. Mais les sanctions du concierge autant que les rumeurs sur les loups-garous l’en avaient jusqu’à là dissuader. Et maintenant, on lui proposait d’y faire un tour en toute légalité et sécurité ? Franchement, que demandait le peuple… Laissant de côté cette nouvelle qui venait d’illuminer sa journée, elle prit à son tour la parole, après que la classe ait pratiquement fini de reconstituer l'herbier de la Forêt Interdite.

- On doit aussi trouver des orties, ou des marguerites… marmonna-t-elle avant de rougir violement. Les seules plantes qu’elle avait réussi à citer étaient de pauvres plantes moldues. De toute façon la Botanique, ça craignait. Ah, et peut-être y a-t-il aussi des Pouf… Puffapod ? ajouta-t-elle avec empressement, en se rappelant cette plante étrange qui se transformait en fleur.

Une autre Rouge et Or, Eve, fit son apparition aux côtés de Revan et de Page. La première année faisait partie de l'équipe de Quidditch, ainsi les trois poursuiveuses se trouvaient réunies. La brunette profita de cette arrivée pour dissiper pour de bon le malaise de la préfète, et répondit d'un air légèrement sadique :

- Oh oui, ou on le regarde se faire piétiner par des centaures...

Après que de nombreux élèves eurent proposé leurs réponses, le professeur reprit la parole. Il attribua généreusement des points et corrigea les erreurs. Revan s'empressa de noter les informations les plus imporantes sur son parchemin, sous forme de tirets rapides. Enfin, le vieil homme annonça le travail à faire : une recherche dans le manuel sur une plante de son choix, et un exposé sur ladite plante. Pas trop difficile... Revan ouvrit son manuel, et chercha une des plantes au pif. La première qui lui tomba sous la main fut la Balsamine géante. Prenant un deuxième parchemin, elle écrivit soigneusement toutes les informations qui lui semblaient nécéssaires. Une fois son travail terminé, elle jeta un regard autour d'elle pour voir où en étaient les autres. Lorsque tout le monde eut l'air d'avoir finit, elle leva timidement la main (autant passer en premier, elle serait débarassée).

Le professeur lui donna la parole, et elle se racla un peu la gorge, consciente de la rougeur que prenait son visage. Prenant son parchemin devant elle, elle commença, tentant de ne pas trop faire trembler sa petite voix :

La balsamine géante provient de l'Himalaya. Son nom scientifique est... (Revan marqua une petite hésitation devant le nom compliqué) Impatiens glandulifera, et elle fait partie de la famille des balsaminacées. Sa taille peut varier d'un mètre cinquante de hauteur à trois mètres. Sa période de floraison s'étale de juillet à septembre. Sa tige est rougeâtre, translucide et très robuste. Ses fleurs sont rassemblée en grappes de 5 à 12, de couleur rose-pourpre, et leur taille va de 2,5 à 4 centimètres. Les feuilles sont allongées, et légèrement dentelées. Les fruits de la Balsamine géante sont des capsules allongées, qui explosent très facilement une fois arrivées à maturation, projetant des graines à plusieurs mètres.
La Balsamine aime les milieux humides tels que les berges de rivières ou de fleuves, les fossés ou les marais. Très envahissante, elle se développe de manière sauvage et sans retenue.
Elle est connue pour ses propriétés antiseptiques, diurétiques, laxatives et émétiques. En grande quantité, elle peut se révéler toxique à cause de sa teneur en minéraux ; elle contient notamment de... (nouvelle hésitation) de l'oxalate de calcium. Son odeur est forte et relativement nauséabonde. Quant aux propriétés magiques, la Balsamine géante est utilisée pour la cicatrisation des plaies, mais il est recommandé de la manipuler avec précaution, parce que comme il a été dit, ses fruits sont particulièrement explosifs, et peuvent expédier des projectiles ressemblant à du plomb lorsqu'ils ne sont pas encore mûrs.
Sa reproduction est annuelle. Elle peut être sexuée (par la projection des graines, donc, ou par dissémination grâce au courant des rivières) ou végétative (par bouturage de tiges ou des racines).

Sur cette dernière note, Revan se tût et se rassit, quelque peu soulagée, et assez satisfaite de son exposé. Elle remit ses parchemins en ordre en attendant que son visage reprenne une teinte normale.

La réflexion de Calypso accrocha un petit sourire aux lèvres de Fabula. Ça, elle l’avait bien remarqué que la rouquine éprouvait quelques difficultés à voler, mais plutôt que d’admirer le courage de sa coéquipière à passer outre sa phobie, comme l’avait fait la majorité de l’équipe, elle était restée indifférente face à son choix, se bornant à lui adresser quelques conseils lorsque cela s’était avérer nécessaire. Calypso ne volait pas mal, elle avait d’ailleurs appris assez rapidement à se mouvoir avec dextérité sur un balai, et bien que les figures aériennes aient encore tendance à la laisser circonspecte elle constituait plutôt un point positif pour leur équipe. C’était tout ce qui importait pour Fabula, et c’était pourquoi elle ne lui avait pas tenu longtemps grief pour cette décision qu’elle avait d’abord jugée un peu imbécile (pourquoi prendre plaisir à lutter contre ses peurs alors qu’on pouvait se contenter de les esquiver ?). Jouer au Quidditch, c’était très bien, mais gagner c’était toujours mieux. Sa réponse, accompagnée d’un haussement d’épaules, ne se fit pas attendre.

- Tu t’en es bien sortie aux entraînements, non ? Il n’y a pas de raison pour que ça se passe différent pendant le match ; reste juste concentrée.

Il ne fallait surtout pas qu’elle commence à se démotiver maintenant. Il ne manquerait plus qu’elle se désiste tiens. Ah les encouragements, qu’est-ce que c’était chiant. Lucy ou Orion étaient plus doués qu’elle pour faire de longs discours enflammés et passionnés, de ceux qui vous électrisent et vous font croire l’espace d’un instant que tout deviens possible (Yes we can). Elle, elle ne pensait pas la moitié du temps ce qu’elle disait aux autres.

Fabula feuilleta plusieurs le chapitre 7 de son ouvrage de Botanique, la joue négligemment appuyée contre la paume de sa main. Les images des plantes vasculaires de la zone tempérée défilèrent, elles se ressemblaient toutes à ses yeux. Après avoir parcouru trois fois le chapitre, l’aiglonne décida d’arrêter son choix sur l’Oxalis des Bois. La plante ressemblait à de la mauvaise herbe avec sa modestie fallacieuse : ramper pour mieux coloniser. Ses propriétés magiques étaient plus amusantes… Une fois qu’elle eut achever son travail préparatoire, elle patienta, laissa quelques mains se lever, quelques élèves répondre, puis prit la parole à son tour, annonçant à Bachelard le sujet qu’elle avait choisi.

- L’Oxalis des Bois, de son nom scientifique Oxalis acetosella, appartient à la famille des Oxalidacées. Elle est aussi connue sous le nom de Surelle, ou encore de Trèfle Aigre.

Avec ses racines, ses tiges sont souterraines, ce qui la rend très envahissante. Ses feuilles ressemblent à celles du trèfle : trifoliolées, velues, d’un vert franc, elles ont en plus le goût acide de l’oseille. Les fleurs de l’Oxalis, le plus souvent de couleur blanche ou rose pâle, sont solitaires sur un long pédoncule. Elles s’épanouissent d’avril à mai. La taille de la plante varie de 8 à 15cm. Ses fruits consistent en de petites capsules contenant de nombreuses graines, et sa dissémination se fait par un mode autochore. C’est une plante hermaphrodite, et sa pollinisation est autogame, ce qui veut dire qu’elle est capable d’autofécondation.

Si, comme pour le règne animal, l’on peut parler de « plantes des ténèbres » pour le règne végétal, alors l’Oxalis des Bois appartient sans conteste à cette dernière catégorie.* Plante de l’ombre par excellence, elle se contracte et se replie dès que la luminosité devient trop forte. Pour la découvrir, il faut se pencher très bas, dans les bois frais ou dans des endroits abrités et humides ; où elle pousse en colonie dans un sol léger et calcaire. Son aire de répartition est circumboréal. C’est une plante basse et rampante assez répandue, mais comme elle reste difficile à découvrir en vue des endroits où elle pousse, elle garde une réputation tenace mais faussée de rareté.

L’Oxalis a cette particularité de mener une existence nocturne, chose peu commune dans le monde végétal. En effet, de jours ses activités et propriétés restent minimes : elle peut à la rigueur prévenir de l’orage qui approche, le cas échéant ses feuilles se redressent. C’est en revanche la nuit qu’elle prend toute son importance : l’oxalis des bois qui sommeillait se réveille et brille, en libérant la lumière que ses feuilles et fleurs ont eu le temps d’emprisonner et de garder en elles.

On retrouve alors autour de cette plante des espèces comme les fées, qui sont attirées comme des moustiques par cette lumière diffuse ; ou les grinchebourdons, insectes volants qui vont se nourrir de se nectar et déposer sur ses fleurs leur mélasse. Les vertus de cette substance, qui rend mélancolique mais soigne parallèlement de certaine forme d’hystérie, ont longtemps été attribuées à l’Oxalis elle-même, jusqu’à ce que Beaumont Marjoribanks (1742-1845, spécialiste en botanique) se perde lors de ses recherches sur les forêts d’Eurasie au XVIIIe siècle et découvre ce trafic nocturne.

En réalité, mais seulement à haute dose, la plante est toxique : les effets varient suivant le sexe, l’âge et la couleur de cheveux du sorcier (les roux ces créatures du diable n’y sont par exemple pas du tout sensible), mais ils provoquent principalement une dilatation de la pupille pendant quelques jours, ce qui va entraîner des éblouissements prolongés chez le sorcier, ou rendent la peau phosphorescente.

A dose raisonnable, ses propriétés magiques permettent au sorcier qui mâche de ses feuilles d’étancher sa soif. L’Oxalis possède plus vulgairement des propriétés diuratiques ou dépuratives.

Lorsqu’elle eut enfin fini, elle regretta furieusement de n’avoir pas sous la main de cette oxalis des bois qui la narguait à présent ; son discours et la gêne qui lui avait chauffée les joues tout du long l’avait assoiffée.


*[HRP]Pour cette caractéristique et pour la grande majorité de celles qui vont suivre (surtout aux paragraphes suivants), je me suis éloignée e l’Oxalis traditionnelle, telle qu’elle est répertoriée par nous, pauvres petits moldus. Il faut dire que j’ai pris assez de liberté pour l’Oxalis magique, mais je l’ai fait à chaque fois en m’inspirant d’un trait de l’Oxalis classique. C’est donc volontairement que j’ai écarté ou modifié certaines informations que j’ai trouvé sur cette plante (par exemple, j’ai inventé cette réputation de rareté, ou je l’ai rendu phosphorescente vu qu’elle avait très peu de besoin en lumière et qu’elle « gardait la lumière en elle », piste donnée), tout en essayant de rester dans la limite du raisonnable dont parlait le grand-père.

En résumé, plutôt que de reprendre une définition traditionnelle de l’oxalis et de lui rajouter quelques vertus magiques, je l’ai légèrement transformée pour que ce soit la plante toute entière qui soit magique. J’espère que cette nouvelle définition ne fera pas trop siffler les oreilles du botaniste attitré du Miroir.[/HRP]

[Réservation de La Douce Amère]


Quoi?! Un exposé, là maintenant tout de suite?!!! maman j'veux rentrer j'suis pas habitué à travailler.
Bon, allez, respire petit, calme-toi, tout va bien se passer. Attends, si en étant débrouillard, doué pour la parlotte, plutôt bon pour analyser une situation tu n'arrives pas à ordonner ta pensée, autant jeter l'éponge de suite et t'enrôler dans la mafia.

Voyons voir, chapitre 7.


Si La Vipérine et Le Cabaret des oiseaux eurent tendance à l'attirer, l'une pour ses propriétés et l'autre pour son nom, ce fut finalement La Douce Amère qui retint son attention. Faisant courir ses prunelles le long des lignes, dévorées avec une attention avide, Balthazar ne pût empêcher un sourire de fleurir sur ses lèvres.

Cela avait été une erreur terrible de se désintéresser de cette discipline qui, il le comprenait soudain, méritait bien de figurer dans le rang des enseignements obligatoires. Incroyable tout ce que l'on pouvait faire à partir de "simples" plantes! Et dire qu'il n'en était qu'au premier cours!

Griffonnant à toute allure sur un parchemin qui ne tarda plus à se trouver ensemencée de l'écriture hâtive du serpentard, qui fut peut-être l'un des derniers à terminer, le garçon sembla satisfait lorsque sa feuille ressembla à un véritable champ de bataille. Prêtant une oreille plus ou moins intéressée à l'exposé de la première élève, le magicien en herbe _comme l'expression devenait soudain appropriée!_ brûlait d'envie de prendre la parole pour briller par un monologue faisant montre de ses facultés intellectuelles sans qu'aucune contestation ne puisse remettre en doute icelles. L'épisode de la mandragore avait été une terrible bévue, néanmoins amoindrie par le fait que cette dernière existait tout de même dans le monde des sorciers. Il se renseignerait plus amplement d'ailleurs à son sujet...


Enfin, la gamine avait terminé!
Un mince sourire étira les lèvres fines de Balthazar. Etait-ce de l'auto-satisfaction, de la fierté ou de la moquerie quant à la très "seyante" teinte empourprée du visage de sa camarde? Peut-être un peu de tout cela ma foi...

Maintenant il s'agissait de ne pas rater son entrée.

Il voulait se lever sans trop de hâte afin de ne pouvoir être taxé de flagornerie ou de servilité empressée... ce qui laissa l'opportunité à une autre satanée fillette de le doubler. Porca Miseria! Il fallut attendre encore une fois pour que le dénommé Angelo puisse prendre la parole, d'un ton qu'il aurait aimé plus grave et imposant, chose impossible lorsque l'on compte seulement 11 printemps. A défaut, ce fut d'une voix juvénile, dénuée de toute trace de chaleur mais trahissant un mélange d'enthousiasme et de... peur? par ses accents italiens plus présents et un très léger vibrato aux débuts de sa lancée.

Si vous le permettez, signore, yaimerais vous parler de La douce amère.

Une très légère pause, avant de se lancer réellement, toujours avec ce fameux accent qui donnait un côté comique à sa façon de prononcer certains noms.

Solanum dulcamara, tel est son nom scientifique. Plous connue sous le nom de Douce-Amère, ou encore Bourreau des arbres, Crève-chemin, Herbe à la fièvre, Morelle grimpante, Vigne de Judas, y'en passe et des meilleures, cette plante fait partie de la famille des Solanaceae. Que sont les Solanaceae?

Très brièvement, oune famille appartenant à l'ordre des Solanales, oune ordre de plantes dicotylédones. On les coultive (cultive) principalement pour leurs fleurs et leurs frouits; en effet, les espèces les plus importantes sont alimentaires, comme la pomme de terre, l'aubergine ou la tomate. Y figoure (figure) aussi le tabac et

Et merde! Je suis perdu dans mes notes... où en étais-je..? Ah non non, je ne vais pas paniquer alors que j'étais si bien parti! voyons voir, ce qui se mange et... ah oui, les fleurs!

... et des fleurs telles que les pétounias (pétunias) ou les Morelles faux-yasmins. (jasmin) Beaucoup de plantes de cette famille sont riches en alcaloïdes et certaines sont très toxiques, comme la belladone ou encore celle qui nous intéresse, à savoir la Douce-Amère.

Ou comment retomber sur ses pattes, façon Balthazar.
Bon, prenons le temps de relire brièvement quelques notes pour ne pas être tout le temps le nez dans le guidon _ou si vous préférez collé à sa feuille sans regarder son auditoire.

Nous pouvons trouver cette plante sous forme de vivace 'grimpante' ou sous arbrisseau sarmenteux à grosses racines char..nues, oui c'est cela, charnues, et longs rameaux herbacés poilous, voloubiles (poilus et volubiles) et très florifères. Dans les deux cas, l'écorce est d'un gris cendré et la Douce-amère fait oune à quatre mètres de hauteur, en tout sens. Le feuillage, cadou.. caduc yé veux dire, et légèrement velou (velu) explore les nouances(nuances) du vert soutenou (soutenu) au vert foncé. Composé de feuilles alternes de 4 à 10 cm, pétiolées, simples, entières et ovale en partie basse, la partie haute de la plante se pare de feuilles trilobées.
Yé ne sais si nous pourrons contempler de douce-amère dans la forêt interdite, étant donné que, malgré oune très longue floraison autogame, celle-ci se situe de la fin du printemps à l'automne, disons entre juin et octobre à peu près. Dourant cette période, nous pouvons admirer 10 à 25 petites fleurs pollinifères à corolle étoilée _1 à 1,5cm pour la corolle_ formée de 5 pétales effilés et recourvés (recurvés) contre la tige, rassemblées sous forme de grappes inclinées.

C'est d'autant plous regrettable que ces fleurs doivent être très jolies, avec leur violet lilas agrémenté de tâches vertes et blanches à la base de la corolle, et d'un jaune d'or pour les anthères saillantes. C'est également à cette époque que l'on peut récolter les frouits (fruits) de la Douce-Amère: des baies, toxiques et ovoïdes attention, de 5 à 8 mm et réounies en grappes pendantes... si elles n'ont pas été mangées par les oiseaux. D'abord vertes et brillantes, ces baies virent au rouge orange à matourité. Elles renferment de nombreuses graines réniformes qui contiennent des alcaloïdes de type atropinique. Yé reviendrais aux particoularités de chaque partie de cette plante oune peu plous tard.

Légère pause, à nouveau_ mais oui quoi, faut bien le laisser respirer ce p'tit! Balthazar avala sa salive, refit le tri dans sa caboche et enchaîna.

Où peut-on trouver cette variété?
Tout simplement dans la ploupart des sols, de préférence frais, pouisque le Solanum Dulcamara déteste la sécheresse. Oune endroit avec oune ombre légère ou mi-ombragé est le bienvenou pour elle, ainsi que le long des cours et des étendoues d'eau, dans les broussailles, les fossés, les haies ou les sous-bois. Il est possible de la trouver oun peu partout en Europe, en Asie occidentale ainsi qu'en Amérique, ce qui n'est pas étonnant outre mesure pouisqu'elle est particoulièrement envahissante, ses graines étant dispersées par oiseaux et ses fragments de racine pouvant prodouire de nouveau plan... sans compter oune croissance rapide!

L'origine de son nom Solanum viendrait dou (du) latin solari, qui signifie soulager; Dulcamara vient également dou latin Dulcis, qui signifie doux, sucré et 'amara' ou 'amarus' qui signifie amer, faisant référence à ses tiges soucrées et amères qui étaient autrefois prescrites en infousion très légère pour ses propriétés dépouratives, laxatives, soudorifiques mais aussi pour ses propriétés antiovoulatoires. (dépuratives, laxatives, sodorifiques mais aussi pour ses propriétés antiovulatoires.)

Selon la médecine mold...ue, la douce-amère est toxique dans son intégralité, aussi bien pour les humains que pour les animaux de compagnie. Elle contient dans son ensemble des hétérosides dont la solanine, soubstances qui peuvent en cas d'ingestion provoquer céphalées, nausées, vertiges, troubles digestifs, de l'hyperthermie, des troubles du centre nerveux, des troubles cardiaques (brachycardie) et respiratoires pouvant entraîner la mort.

Les tiges, l'écorce et les feuilles sont encore de nos jours outilisées dans le monde moldou... heu moldu, pour leurs propriétés antilaiteuses, diurétiques, dépou... dépou... dépuratives!... et laxatives. Elle entre dans la composition de pommade, associée à d'autres plantes dans des potions que les moldus appellent médicaments buvables pour traiter les verroues, les problèmes cutanées tels que...
Un léger temps de réflexion plus tard et le serpentard se corrigea, faisant attention à sa prononciation, du moins pendant un moment.
... yé reprends: les VERRUES, bien sour, pas les verrous, les problèmes cutanés tels que dermatoses, eczémas ou psoriasis, les affections rhumatismales articulaires ou les arthrites, les troubles fonctionnels digestifs, comme dépuratif du foie et en traitement de certains états infectieux.
Les feuilles peuvent être utilisées en cataplasme pour traiter abcès et furoncles.

Un léger sourire, un peu malicieux, reparût sur le visage du garçon, qui n'avait toujours pas fini et semblait monopoliser le temps de parole.

Passons maintenant, si vous le voulez bien, au plous intéressant: les propriétés magiques!
Comme vous avez pou... vous avez pu le constater, les moldus eux-mêmes se sont aperçous des vertus de cette plante pourtant toxique, vertus curatives dans le cadre d'oune bonne outilisation. Il va sans dire que ses pouvoirs ne s'arrêtent pas là.

Cependant, yé tiens à attirer votre attention sour le fait qu'il est possible d'intoxiquer oune boisson ou plat dans le cas d'oune mauvais dosage... avis aux empoisonneurs.

Léger raclement de gorge et le bambin se hâta d'ajouter un rapide "yé plaisantais, signore" avant de reprendre le cours de son exposé.

Si vous laissez infuser très légèrement les tiges dans un breuvage tel que le thé, son amertume sera rehaussée. Les feuilles, oune fois pilées, adoucissent au contraire oune plat trop épicé. Quant aux baies, elles ont une action différentes: si vous les outilisez encore vertes, elles donneront dou piquant et de l'acidité. Oune baie orange évoquera les saveurs des agroumes (agrumes) et sera outilisée de préférence dans les dessert. Quant aux rouges... ah les baies rouges! Elles sont à ouser avec précaution car elles rendent sucré ce qui est salé et doux ce qui est amer tout en indouisant (induisant) oune dépendance quand le plat en question est trop souvent consommé. Attenzione! Pas plus d'oune baie pour 250 grammes, quelle que soit la couleur de la baie, et de préférence couite (cuite) avec le reste des aliments pour que disparaissent les effets secondaires indésirables.

Certains prétendent également qu'oun rameau de morelle douce-amère souspendu au cou prévient les insolations, et que les feuilles de la plante, placées dans un oreiller, dissipent oun chagrin d'amour et aident à retrouver le sommeil.

Fiou, fini! Il allait pouvoir souffler!
Plutôt content de lui-même, le garçonnet se demandait tout de même s'il n'avait rien oublié une fois rassis... mais quoiqu'il en soit il ne fallait surtout pas montrer de doute: ce n'est pas viril du tout, le père de Paolo l'avait toujours dit! Et ce n'est pas avec un père parfaitement digne de son rang so british d'anglais bien-comme-il-faut-donc-bien-frigide-et-coincé que le petit aurait pu s'améliorer ou laisser s'exprimer sa sensibilité.

"Aaah un exposé, chouette, en plus on a le choix de la plante, je vais pas forcément me retrouver avec la plus nulle."

Ouvrant son manuel au chapitre indiqué par le papy professeur de Botanique, Gauvain commença à lire et à prendre des notes pour préparer son élocution. Sa plume grattait déjà pas mal le parchemin pour noter les points importants afin de ne pas passer son exposé à lire le manuel, ce que n’importe quel crétin était capable de faire. Sans être trop technique afin de rester intéressant, il fallait quand même garder un minimum de théorie.

Levant sa main quand il fut prêt, Gauvain se fit envoyer devant la classe pour présenter son travail. Quant il s’agissait de parler, pas de souci !

La lathrée écailleuse, en latin Lathraea squamaria L., fait partie de la famille des Scrophulariacées (Gauvain trébucha un peu sur la prononciation de ce nom abominable).

Cette plante assez rare mesure de 5 à 20 centimètres et pousse au printemps. Ses fleurs sont éventuellement blanchâtres ou plus souvent légèrement rosées, et sont disposées en épi, toutes orientées vers le même côté, et vers le bas.
Le calice des fleurs présente des espèces de poils. Les feuilles sont petites et passent souvent inaperçues. Elle pousse dans la demi-ombre.

Le plus intéressant dans cette plante est sa particularité : elle parasite les racines de certains arbres et arbustes.
En fait, elle pousse sur ces racines, se fixant sur elles, en se nourissant de leur sève, d’où l’image que le professeur Bachelard a mentionnée, la sangsue : comme la sangsue se fixe sur un animal pour sucer son sang, la lathrée se fixe sur les racines et suce la sève.

Il est intéressant de noter que même un parasite suceur de sève a son utilité: en médecine, elle peut être utilisée dans les remèdes contre l’épilepsie.

Et, ayant terminé, Gauvain retourna à sa place dans l'attente du verdict de son professeur.

[HJ : Ah c'est malin ! ^^ toujours des perturbateurs pour ennuyer ceux qui bossent ]

Deux jours s'étaient écoulés depuis le début de cette semaine, et Bangkok avait toujours autant de mal à suivre les cours. Elle n'avait jamais été une tête, assidue et aussi intellectuelle qu'une aiglonne, mais là, elle avait vraiment du mal à se concentrer. Elle avait reçu pendant le week-end un hibou lui apprenant que son petit frère était malade, et ça, ça la perturbait. Comment un si petit bout de sorcier pouvait avoir autant de fièvre ? Et qu'est ce qu'elle ferait, s'il venait à mourir ? Bon, d'accord, son père lui avait bien dit que ce n'était qu'un tout petit rhume sans importance. Un peu normal, le soleil semblait s'être mis en grêve ces derniers temps - non pas qu'il fût absent, il semblait juste avoir oublié de charger ses rayons d'une douce chaleur - et le mois de février était propice aux coups de froid. Mais le bonhomme n'avait que trois mois, et la jeune fille maudissait ses parents qui ne l'avaient pas assez couvert.

Errant dans les couloirs, attendant que les cours reprennent pour l'après-midi, Bangkok ne cessait de grommeler, soupirer, gémir, si bien que la jeune fille avec qui elle avait passé le temps du déjeuner avait fini par prétexter une envie pressante en lui fixant rendez-vous devant les serres de botanique pour leur prochain cours. La lionne avait sourit, pas vraiment dupe, et avait laissé sa camarade déserter, consciente qu'elle n'était pas facile à vivre depuis quelques jours. Elle avait envoyé une chouette à ses parents le matin même, et quand elle était montée à la volière après la première heure de cours de la matinée, profitant d'un temps libre, la petite chouette n'était toujours pas revenue, ce qui avait eu le don d'énerver Bangkok. Résultat, elle avait shooté dans un perchoir, affolant les volatiles qui avaient riposté à grand renfort d'ailes. La gamine s'en était s'en était sortie indemne, mais il avait fallu l'aide d'une autre Rouge et Or pour ôter toutes les plumes de sa tignasse rousse, et d'un joli sort récurvite pour nettoyer sa robe des fientes qui en maculaient les manches. Cela faisait deux heures. La chouette n'était sûrement pas encore revenue, et de toutes façons, l'heure de retrouver ses camarades dans les serres approchait, et la sorcière n'avait pas vraiment envie d'aller galoper jusqu'à la volière.

Du coup, elle avait traversé le parc en direction des serres, frissonnant dans sa robe de sorcière, les doigts crispés sur sa baguette et la tête dans les nuages. Elle avait rejoint la jeune fille qui lui avait faussé compagnie quelques dizaines de minutes avant et l'avait écoutée distraitement, acquiesçant et souriant quand elle captait quelques bribes de ce que racontait sa compagne. Celle-ci ne semblait de toutes façons pas se soucier de l'attention que lui portait Bangkok, absorbée par son monologue sur le subliiiiiime sorcier de quatrième année qu'elle avait croisé en sortant des toilettes. D'un romantisme torride. Les deux jeunes filles étaient entrées dans la serre avec les autres, en Bangkok avait adressé un vague signe de la main accompagné d'un sourire pour saluer sa préfète, avant de se replonger dans ses songes. Elle n'était de toutes façons pas bien décidée à écouter le cours de Botanique. Pas qu'elle n'aime pas les plantes, même si elle n'était pas vraiment passionnée par le sujet : tant que ça sentait bon ou que c'était comestible, qu'est ce qu'elle s'en fichait de savoir si la plante s'appelait truc ou bidule ! Mais les cours du professeur Bachelard étaient plutôt intéressants, et la gamine aimait bien l'écouter parler de telle ou telle fleur. Pas aujourd'hui. Elle n'écoutait pas les questions, encore moins les réponses, et elle se contenta de grignoter pensivement une chocogrenouille qui fondit dans ses mains avant qu'elle n'ait eu le temps de la finir tellement elle prenait son temps. Finalement, sa voisine l'obligea à revenir à la réalité.

- Eh, Bang' ? Tu devrais le faire. C'est pas compliqué, et on gagnera des points.
- Fais-le, toi.
- T'as plus besoin de points, cette semaine.

Ça n'était pas faux. Et plutôt sympa d'y avoir pensé, même, si l'on mettait de côté le ton de reproche sur lequel la phrase avait été dite. Elle écouta le professeur finir d'expliquer, et soupira. Lire le livre, c'était à la porté de n'importe quel gnome, et pourtant, ces bestioles n'étaient pas réputés pour leur intelligence. Le livre, le livre... La jeune fille regarda autour d'elle et couina, avant de se retourner vers sa camarade

- J'ai oublié mon livre. Tu me laisses le tien ?

Son amie acquiesça, et la jeune fille feuilleta le chapitre sept à la recherche d'une plante intéressante. Ah ! En voilà une ! La bal... balsa...

- La balsamine géante provient de l'Himalaya

Oui, c'était celle là ! Bangkok leva les yeux et vit Revan qui commençait son exposé. Plus qu'à trouver une autre plante. La jeune fille écouta sa camarade d'une seule oreille et continua sa recherche. Cabaret, Douce amère, Épilobe... Épilobe ? C'était quoi ce truc ? À part les lobes d'oreille, la jeune fille ne connaissait rien de ce genre. Le sujet attira donc son attention, et elle lut la page plusieurs fois, attendant qu'un silence lui laisse le temps de se lever et de prendre la parole.

- Il a dit quoi à propos de l'épilobe ? Murmura-t-elle à sa camarade.
- Ça se répand très vite je crois.

Bangkok la remercia et se replongea dans la lecture de son bouquin, tentant en même temps d'engager sa conscience en tant que coach personnel.

* Tu peux le faire * songea-t-elle. * Tu te lèves, tu lis, tu te réinstalle sur ta chaise et c'est gagné, les lions gagnent la coupe. Enfin ils auront quelques points de plus en tous cas *

C'était plutôt une bonne chose. La jeune fille apprit par coeur les premières lignes, pour être sûre de ne pas se tromper dès le début, et elle les répéta dans sa tête jusqu'à ce qu'Eve ait fini de parler. Un regard à droite, un regard à gauche, comme pour traverser la rue, et la gosse s'éclaircit la gorge, prête à se lancer.

- Euuuh M'sieur Bachelard, j'me sens pas bien

Non, mais non ! C'était pas vrai ! Bangkok se figea, la bouche grande ouverte, désespérée. Ses yeux se posèrent sur Brooke, qui parlait, puis sur Eve, et elle referma la bouche.

- C'est fichu, Bang', s'amusa sa camarade. Plus qu'à attendre.