CHAPITRE 3
la banque des sorciers
Charlie lui fit traverser toute la rue d’un pas énergique. Il lui posait beaucoup de questions et devant son ignorance, il conclut :
« Bah alors t’es fille de moldus !
- De… Quoi ? demanda Cathy en fronçant les sourcils
- De moldus ! De non-sorcier quoi ! lui expliqua Charlie comme si il s’adressait à une gamine de trois ans.
- Mais oui c’est évident ! reprit Cathy sur le même ton. »
Par chance pour la jeune demoiselle, il ne sembla pas saisir la plaisanterie. Sa susceptibilité paraissait être l’une de ses plus grandes qualités ! Ou défaut, se dit la fillette après un moment de réflexion. La jeune fille tournait et retournait les évènements qui avaient provoqué son arrivée jusqu’ici d’un air dubitatif. Ainsi elle avait atterrit dans un monde de sorcellerie. Bizarrement, cela ne la perturbait nullement, elle était même heureuse de se trouver là, loin de sa mère et de tous ses problèmes. Elle se sentait très calme. Elle regardait ce que son compagnon lui montrait sans y faire attention.
« T’as de l’argent, lui demanda brutalement Charlie. »
Il l’avait ainsi tirée violemment de ses réflexions et elle mit quelques secondes à réaliser ce qu’il lui demandait.
« Je… Oui, je dois avoir pas mal de livres…
- De… quoi ? l’interrogea Charlie avec une moue à mourir de rire.
- Des livres, lui expliqua-t-elle, de l’argent pas sorcier, mol… mul…
- Moldu, fini-t-il à sa place, C’est bon j’suis pas débile non plus ! Bon on va voir s'ils peuvent te changer ça… »
Charlie grimpa les quelques marches du bâtiment devant lequel ils se trouvaient. C’était une bâtisse imposante tout en marbre sur le devant de laquelle était inscrit « Banque Gringotts ». Intriguée Cathy le suivit à l’intérieur.
Tout y était comme l’extérieur, à la fois riche et ancien. Il y avait là un grand nombre de petits personnages rabougris à grandes oreilles qui s’activaient avec des grognements derrière des comptoirs dorés. Elle sentit Charlie mal à l’aise. Il se reprit néanmoins et se dirigea d’un pas décidé vers l’un des guichets.
« Bonjour, dit-il d’une voix qu’il espérait convaincante, Je viens récupérer de l’argent du coffre des Weasleys… Trois gallions.
- La clef, répondit le petit homme sans même relever la tête. »
Charlie déposa une minuscule clef d’or devant lui. La minuscule créature la prit toujours sans relever la tête, et la donna négligemment à un de ses semblables qui se mit en route vers le fond de la salle comme si il avait s’agit de traverser la Russie d’Ouest en Est.
« Et, euh… ajouta le jeune garçon de plus en plus mal à l’aise, il faudrait qu’on change de l’argent moldu… »
A ces mots le petit personnage releva la tête avec une lenteur infinie et jeta un regard de dédain au garçon qui tentait un sourire désespéré.
« Combien ? demanda-t-il de sa voix criarde. »
Cathy fouilla frénétiquement dans la poche de sa veste et en sortit cinq billets de vingt livres. Charlie regarda les billets passés de la main de la fillette à celle du petit homme puis émis un sifflement quand il vit les vingt pièces d’or dans la main de la demoiselle.
« Quand même, lâcha-t-il, euh… enfin je veux dire, se reprit il. »
Mais toute excuse ou explication était inutile car la jeune fille était perdue dans ses pensées.
Elle repensait à ses billets, elle se souvenait très bien comment ils étaient arrivés dans sa poche, la veille. Comme à son habitude, son père était passé chez elle pour marquer la fin des vacances en offrant de l’argent à sa fille. Elle n’en voulait pas, elle aurait voulue lui crier qu’elle préférait mille fois qu’il la serre contre lui, qu’il l’emmène se promener ou simplement qu’il lui dise qu’elle lui manquait. Mais elle avait juste refermé sa main sur les billets qu’elle maudissait déjà. Il lui avait tourné le dos et s’apprêtait à disparaître une nouvelle fois quand sa mère, au comble de son désespoir l’avait arrêté, l’avait supplié, l’avait insulté… Mais le regard bleu, que Cathy lui devait, était resté dur et froid. Il avait balayé d’une giffle celle qui avait été un jour sa lumière et, sans un regard pour la fillette, il s'en était retourné d'où il était venu. Cruel, il ne l’était pas tant, mais indifférent, cela, oui, il n’avait jamais cessé de l’être. Et qui mieux que Cathy savait comme ce sentiment faisait bien plus mal que la colère et même que la haine ! Quand la porte se fut refermée, sa mère entra dans une rage folle et frappa sa fille en pleurant. Celle-ci avait l’habitude et ne chercha même pas à fuir, elle laissa sa mère expulser sa haine sur elle puis elle alla se réfugier dans sa chambre pendant que Madame Kinds retournait à ses bouteilles.
Cathy chassa ses noires pensées pour revenir à ce que Charlie disait, il lui parlait de cette école de sorcellerie qu’il admirait tant ;
« C’est génial que je te connaisse avant d’y aller ! Tu sais c’est la plus grande école de magie qui soit ! »
Il semblait convaincue que Cathy y allait aussi. Qu’a cela ne tienne ! Au point où la jeune fille en était…
« Mais… Euh… On dormira dans les mêmes chambres ? se hasarda-t-elle pour tenter de se remettre dans le sujet.
- Euh… Nnn…Non…balbutia le garçon, les oreilles rose vif, Il y a quatre maisons différentes où sont répartis les élèves et des dortoirs séparés…
- Ah, oui ?
- Oui ! continua le jeune homme exalté, mais c’est la meilleure école en plus ! Et le meilleur directeur au monde ! C’est le plus grand sorcier du monde ! C’est Albus Dumbledore ! »
À l’évocation de ce nom, Cathy sentit un frisson courir le long de son échine. Elle se sentit soudainement nerveuse et se prit à jeter des regards furtifs autour d’elle. Elle ne connaissait pourtant pas cet homme, elle n’avait même jamais entendu son nom.
« Le plus grand sorcier du monde… murmura-t-elle.
- Oui ! répondit Charlie sans même se rendre compte du malaise qu’éprouvait la jeune fille, Avec Harry Potter bien sûr ! »
Cathy se mit inexplicablement à bouillir de rage, ses traits se durcirent d’un coup, ses mains se mirent à trembler et son visage s’assombrie. Elle sentait la haine brouiller son regard. Elle ne voyait plus que du flou.
« Harry Potter, siffla la jeune fille malgré elle.
- Qui est-ce ? demanda-t-elle en se reprenant. »
Toute sa colère avait disparu brusquement pour laisser place à quelques vertiges peu agréables. Elle ne connaissait pas ce Potter plus que le directeur de l’école de magie dont Charlie lui avait parlé. Elle ne comprenait pas cette peur et ce ressentiment violent qu’elle avait ressentit pour l’un et pour l’autre successivement.
« Tu ne connais pas Harry Potter ? Mais c’est grâce à lui que tu es toujours en vie ! Ah oui, je sais, c’est parce que t’es fille de moldus ! C’est ça ?
- Oui, oui…
- Bon et bien tu vois, il y a eut un terrible sorcier… (Il baissait la tête et semblait rétrécir quand il parlait)Il a plongé notre monde dans la terreur et… et l’horreur…Il dominait tout et tous… (Il jetait maintenant des regards dans tous les coins comme si il craignait qu’on ne le surprenne) Mais Harry l’a exterminé ! (Il avait retrouver le sourire)
- Comment ça ?
- Euh… En fait on sait pas trop… Mais en tout cas il avait un an à peine et il l’a réduis en poussière ! Tout ce qu’il lui reste de cet affrontement c’est une cicatrice sur le front !
- Et comment s’appelait il ce mage horrible ? demanda Cathy, vivement intéressée. »
Mais avant que Charlie est put répondre, ce qu’il ne comptait pas faire de toute façon, une voix stridente brisa le calme de la banque.
« Des serpents ! hurlait un petit homme qui revenait du fond de la salle, Dans les sous-sols ! »
Toutes les petites créatures arrêtèrent aussitôt leur travail pour appuyer sur un gros bouton doré devant elles, presque synchroniquement. Aussitôt une dizaine de sorcier dans d’élégantes robes noires pénétrèrent à l’intérieur de la banque. Ils se dirigèrent vers le fond de la pièce. Il y avait là une grande porte de chêne. Des serpents se glissaient dessous de plus en plus nombreux. Ils rampaient vers les clients en essayant de les attaquer. Les sorciers en robes noires sortaient tous une baguette magique qui lançait des éclairs de couleur vers les reptiles. Ils criaient des formules étranges. Un chao total s’était installé dans la banque ; les minuscules créature ratatinés étaient toutes juchées sur leurs bureaux, les clients criaient, s’enfuyaient ou tentaient d’aider les sorciers en noirs. Les serpents ne cessaient d’arriver et avaient déjà fait des victimes. Ils étaient si nombreux qu’on ne distinguait plus qu’une vague verte et grouillante qui avançait dangereusement vers Cathy et son compagnon. Celui-ci réalisa brusquement le danger et voulu l’attirer vers la sortie mais elle glissa et chuta. Elle se retrouva sur le sol carrelé devant un énorme cobra dressé. Elle crut que sa dernière heure était arrivée, de la sueur glacée lui coulait sur le front. La bête resta un moment figée devant elle puis se détourna et frôla la demoiselle sans s’en préoccuper. Elle le suivit des yeux et vit qu’il tentait de mordre une grosse dame qui criait comme une souris. Charlie l’arracha presque du sol et l’entraîna dehors le plus vite qu’il put. Ils coururent pendant dix bonnes minutes puis s’arrêtèrent enfin, essoufflés.
« Sauvés… souffla Cathy.
- Par l’amour d’un cobra pour toi… ajouta Charlie en renâclant comme un bœuf. »
Cathy éclata de rire et fut bientôt suivit dans son fou rire par le garçon. La plaisanterie n’était pas si hilarante mais rire était le meilleur moyen d’évacuer sa peur et de retrouver son calme.